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Full text of "Chronique de Denys de Tell-Mahré, quatrième partie;"

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BIBLIOTHÈaUE 


s^ 


DES  HAUTES  ÉTUDES 

DU  M1NIS1KRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


SCIENCES  PHILOLOGIQUES  ET  HISTORIQUES 


CEIfT-DOUZltKE  nSCIGliLI 

QUATR1ÈUE   PAItTIE   DE    r,A    CHRONIQUE  SYRIAQUE 

DE   DENÏS    DE  TELL-MAimÉ 

PUBLIÉE  d"apBÈS  le  manuscrit  CLXII  DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  VATICANE 

AVEC     UNE    TRADUCriON     FRANÇAISE 

UNE  INTRODUCTION  ET  DF9  NOTES  HISTORIQL'ES  ET  PHII.OI.OCIQIES 

PAR    M.   J,-B.    CHABOT. 


PARIS 

IJBRAIHIE  EMILE  BOUILLON,  ÉDITEUR 

67.   RUE  DK   IIKHKLIKU,   AU   PRFMIKR 
1895 

K 


i  Ô9057 


CHALON-SUR-SAONE,    IMP.    FRANÇAISE    ET  ORIENTALE   DE    L.    MARCEAU 


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CHRONIQUE 


DE 


DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 


QUATRIKMF?     PARTIE 


CHALON-SUR-SAONE,   IMP.    FRANÇAISE   BT  ORIENTALE   DE   L.    MARCEAU 


CHRONIQUE 

DE 

DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 

QUATRIÈME     PARTIE 

PUBLIÉE  ET  TRADUITE   PAR 

J.-B.    eH*BOT 


TRADUCTION    FHAXÇAISE 


PARIS 

IJBUAIlilE  EMILE  BOUILLON,    ftniTKLK 

67,    RUK   DE  RtUMEI.IKl',    AU   PHKMIER 
1895 


Sur  Tavis  de  M.  Ch.  Clbrmont-Ganneau,  directeur  de  la 
Conférence  d'Archéologie  orientale,  et  de  MM.  A.  Carrière  et 
H.  Derenbourg,  commissaires  responsables,  le  présent  mémoire 
a  valu  à  M.  Jean-Baptiste  Chabot  le  titre  à! Élève  diplômé  de  la 
Section  d'histoire  et  de  philologie  de  C École  pratique  des  Hautes 
Études, 

Paris,  le  7  janvier  1894. 


Le  Directeur  de  la  Conférence 
Les  Commissaire»  responsables^  d'archéologie  orientale. 

Signé:  A.  Carrière,  Signé  :  Ch.  Clkrmont-Ganneau, 

H.  Derenbourg. 

Le  Président  de  la  Section, 
Signé  :  G.  Paris. 


«« 


J 


A  MONSIEUR 


CLERMONT-GANNEAU 


MEMBRE  DE  l'iNSTITUT 
DIRECTEUR  d'ÉTUDES   A  L'kCOLE  DES  HAUTES  ÉTUDES 


HOMMAGE  RESPECTUEUX   DE  SON   ÉLÈVE 


INTRODUCTION 


DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 

SA  VIE.   —  SES  ÉCRITS 

/ 

I 

Denys,  patriarche  des  Syriens  jacobites',  auteur  de  l'ou- 
vrage que  nous  publions  aujourd'hui,  figure  au  premier  rang 
parmi  les  écrivains  de  sa  secte  qui  florissaient  au  ix®  siècle. 

Ses  écrits,  —  du  moins  ceux  qui  sont  parvenus  jusqu'à 
nous^  —  ne  fournissent  aucun  renseignement  sur  sa  vie. 
Mais  sa  biographie  nous  a  été  conservée  avec  assez  de  dé- 
tails dans  la  Chronique  ecclésiastique  de  Bar  HébréusV 

Denys  naquit  en  Mésopotamie,  au  petit  village  de  Tell- 
Mahré,  situé  près  de  la  rivière  du  Balikh,  entre  les  localités 
actuelles  de  Er-Rakkah,  l'ancienne  Callinice,  et  de  Hins- 
Maslamab*.  Nous  ne  connaissons  ni  le  nom  ni  la  condition 
de  ses  parents^  ni  même  l'année  de  sa  naissance  que  nous 
devons  placer,  par  conjecture,  vers  la  fin  du  vin®  siècle. 

Il  fit  son  noviciat  dans  la  vie  religieuse  au  monastère  de 
Qen-Nésrê*.  Ce  couvent,  fameux  dans  l'histoire  des  Jaco- 

1.  C'est-à-dire  des  Syriens  monopby sites.  Cf.  Assbmani,  Dissert,  de  Syris 
monophysitis^  passim. 

2.  Bar  HsBRiBi  Chronicon  ecclesiaslicum,  éd.  Abbeloos  et  Lamy.  Loyanii, 
1S72.  t.  ],  coll.  343-386.  —  C'est  toujours  à  cette  édition  que  se  rapportent  nos 
citations  de  la  Chronique  ecclésiastique  de  Bar  Hébréiis. 

3.  Cl.  HOPPMANN.  Z.  D.  M,  b.,  t.  XXXII  (1878),  p.  742,  n.  2. 

4.  Ce  monastère  est  aussi  appelé  couvent  de  Bar  Aphtonius  (Bar  Hbbr., 
Chron.  eccles,,  1, 259). 


X  DENYS  DE  TBLL-MAHRÉ 

bites,  était  situé  près  de  la  ville  de  ce  nom,  cité  très 
florissante  au  moment  de  la  conquête  musulmane,  qui 
n'est  plus  aujourd'hui  qu'une  misérable  bourgade  sur  les 
bords  du  Covaïc,  à  une  bonne  journée  de  marche  au  sud 
d'Alep'. 

Le  monastère  était,  à  cette  époque  troublée,  un  véritable 
centre  de  culture  intellectuelle.  Les  lettres  grecques  surtout 
y  étaient  enseignées  avec  succès.  C'est  là  que  furent  initiés 
aux  connaissances  helléniques  deux  des  hommes  qui  firentle 
plus  grand  honneur  à  la  littérature  syriaque  :  Thomas 
d'Héracloe,  auteur  de  la  recension  du  Nouveau  Testament 
qui  porte  son  nom,  et  Jacques  d'Édesse,  l'auteur  le  plus  uni- 
versel qui  ait  écrit  en  langue  syriaque*. 

Nous  ne  savons  pas  combien  de  temps  Denys  put  jouir  en 
paix  des  loisirs  de  l'étude  à  Qen-Nésrê.  Le  couvent  fut 
détruit  par  un  incendie,  en  815,  et  cet  accident  amena  forcé- 
ment la  dispersion  des  moines. 

Denys  se  retira  alors  au  couvent  de  Mar  Yaqoub,  à 
Kaisoum,  entre  Alep  et  Édcsse',  dans  le  district  de  Sa- 
mosate,  autre  monastère  célèbre  qui  devint  même  plus  tard 
momentanément  le  lieu  de  résidence  du  patriarche  jacobite*. 

Quelques  auteurs  ont  cru,  à  la  suite  d'Assemani',  que 
Denys  avait  aussi  mené  la  vie  religieuse  dans  le  monastère 
de  Zouqcnin,  près  d'Amida.  Mais,  comme  Ta  fait  observer 
Wright •,  la  phrase  qui  a  donné  lieu  à  cette  supposition 
parait  devoir  s'entendre  dans  un  tout  autre  sens.  L'expres- 
sion de  notre  auteur  qui  appelle  ce  couvent  «  notre  monas- 


1.  AssEMANi,  Dissert,  de  Syris  monophys,,  p.  85.  Rittbr,  Erdhunde 
WesUAsien,  XVl  Th.,  V  Abth.,  pp.  1592,  1597. 

2.  Ou  lit  aussi  dans  la  vie  du  patriarche  Julien  (1595)  qu'il  avait  appris  le 
grec  à  Qen-Nésrô,  et  dans  celle  du  patriarche  Georges  (f  790)  qu'il  y  avait 
étudié  les  saintes  écritures  dans  les  livres  syriaques  et  grecs.  —  Cfr.  Assb- 
MANi,  lUbl.  or.  A.  I,  p.  267,  290,  295  et  326. 

3.  AssEMANi,  Dissert,  de  Syris  monophys,,  p.  75. 

4.  Bar  HvAMiAiUS,  Chron.  écries.^  1,  486. 

5.  Bibl,  orient.^  t.  11,  p.  98. 

6.  Syriac  Literature,  nouv.  éd.,  p.  196. 


INTRODUCTION  XI 

tère  »,  signifie  très  vraisemblablement  a  notre  monastère  à 
nous  jacobites  »,  sans  la  moindre  allusion  à  une  relation 
personnelle  entre  l'auteur  et  ce  lieu\ 

C'est  donc  à  Qen-Nésrô  et  ensuite  à  Kaisoum,  que  Denys 
s'adonna  aux  études  historiques. 

Des  troubles  religieux  le  firent  sortir  de  sa  retraite  et 
amenèrent  son  élection  au  patriarcat. 

Le  patriarche  jacobite,  Cyriaque,  était  engagé  dans  une 
vive  controverse  avec  les  moines  de  Cyrrhus  et  de  Goubba- 
Barraya  au  sujet  de  l'emploi  des  mots  pain  céleste  usités 
dans  la  liturgie.  Les  moines  mécontents  refusaient  obstiné- 
ment de  reconnaître  son  autorité  et  s'étaient  choisi  un  pa- 
triarche dans  la  personne  d'Abraham,  moine  du  célèbre  cou- 
vent de  Qartamin,  situé  près  de  Mardin,  en  Mésopotamie*. 

Cyriaque  mourut  en  817. 

Selon  Bar  Hébréus*  les  moines  de  Cyrrhus  et  de  Goubba, 
qui  n'avaient  pas  réussi  à  entraîner  de  nombreux  partisans, 
désiraienteux-mômesprofiter  de  cetévénementpourse réunir 
au  reste  de  la  secte.  Ils  allèrent  trouver  Tanti-patriarche 
Abraham  et  lui  dirent  :  «  Jusqu'à  quand  demeurerons-nous 
dans  le  schisme?  Le  patriarche  Cyriaque  qui  voulait  faire 
supprimer  les  paroles  à  propos  desquelles  nous  nous  sommes 
séparés,  est  mort.  Il  faut  maintenant  nous  réconcilier  avec 
rÉglise.  »  Abraham  leur  répondit  :  «  N'ai- je  pas  moi-môme 
souffert  l'ignominie  à  cause  de  vous?  Attendons  jusqu'après 
l'élection  du  nouveau  patriarche.  Si  on  choisit  (juelqu'un  qui 
emploie  ces  paroles,  ne  fût-ce  qu'une  seule  fois,  que  je  sois 
anathème  si  je  n'abdique  aussitôt  ma  dignité  pour  rentrer 
dans  le  silence.  »  Cet  homme  rusé  et  astucieux  espérait  que 
les  évoques,  dans  la  crainte  de  voir  les  dissensions  se  pro- 
longer, le  choisiraient  lui-môme  pour  patriarche. 

Au  mois  de  juin  de  Tannée  818,  un  synode  de  quarante- 


1.  Voir  ci -dessous,  p.  54. 

2.  Cfr.  AssBMANi,  Dissert,  de  Syris  monophys.f  p.  76. 

3.  Chron.  eecL,  col.  346. 


XII  DENYS  DE   TELL-MAHRÉ 

cinq  évoques  se  réunit  à  Callinice  pour  procéder  à  l'élection 
du  patriarche,  sous  la  présidence  du  maphrian  Basile  I*"". 
Le  maphrian,  qui  avait  son  siège  à  Tagrit,  était  une  sorte  de 
métropolitain  suprême  qui  exerçait  sur  les  diocèses  jacobites 
de  la  Mésopotamie  et  de  la  Syrie  une  autorité  analogue  à 
celle  du  patriarche  sur  les  diocèses  de  l'Occident,  et  presque 
indépendante  de  ce  dernier* .  Abraham  y  vint  lui-môme  avec 
une  bande  de  moines  qui  commencèrent  à  exciter  de  vives 
discussions  au  sujet  des  moU  pain  céleste. 

Le  synode  s'occupa  d'abord  de  cette  question  et  finit  par 
décider  que  chacun  serait  libre  de  réciter  ou  d'omettre  ces 
paroles,  selon  son  bon  plaisir,  sans  qu'il  pût  être  inquiété  au 
sujet  de  sa  conduite  à  cet  égard. 

On  rétablit  ensuite  la  paix  entre  le  maphrian  et  les  moines 
du  couvent  de  Mar  Mattaî,  qui  étaient  aussi  engagés  dans 
une  autre  controverse  dont  nous  parlerons  plus  bas. 

Quand  ces  affaires  furent  réglées,  on  songea  à  procéder  à 
l'élection  du  patriarche.  Chacun  des  évêques  prit  la  parole  à 
son  tour.  Beaucoup  d'entre  eux  déclarèrent  qu'ils  ne  connais- 
saient personne  dans  les  monastères  de  leur  juridiction  qui 
fût  digne  d'être  élu.  Quelques-uns  proposèrent  des  per- 
sonnages célèbres,  entre  autres  un  certain  Mar  Euthonius, 
qualifié  de  Docteur  et  Interprète.  L'évêque  de  Kaisoum, 
Théodore,  prit  la  parole  à  son  tour  :  «  Il  y  a  chez  nous,  dit-il, 
un  frère  du  nom  deDenys  qui  est  venu  du  monastère  de  Mar 
Jean  Bar  Aphtonius,  de  Qen-Nésrô.  Il  y  a  deux  ans  qu'il  est 
près  de  nous  et  nous  savons  qu'il  est  digne  d'être  choisi  pour 
patriarche.  »  L'avis  de  Théodore  prévalut.  Les  évêques 
souscrivirent  à  l'élection  de  Denys  et  donnèrent  leur  con- 
sentement par  écrit,  à  commencer  par  le  maphrian  Basile 
qui  présidait  le  synode. 

Denys  n'avait  point  été  consulté.  Il  était  simple  moine 
et  n'avait  pas  reçu  les  ordres.  Théodore  avait  peut-être 
quelque  soupçon  des  répugnances  avec  lesquelles  le  religieux 

1.  Cfr.  ci-dessous,  p.  8,  n.  S. 


INTRODUCTION  Xltl 

accepterait  la  nouvelle  de  son  élection.  Toujours  est-il  qu'on 
prit  les  précautions  nécessaires  pour  éviter  un  refus  de  sa 
part  et  l'obliger  à  accepter  la  dignité  que  le  synode  voulait 
lui  conférer. 

Denys  nous  avait  retracé  lui-même,  dans  ses  Annales,  le 
récit  de  son  ordination.  Le  fragment  a  été  conservé  par  Bar 
Hébréus*.  En  voici  la  traduction  :  «  Jusqu'à  ce  jour  je  m'étais 
appliqué  à  l'histoire.  Je  n'ai  loué  ni  blâmé  quelqu'un  en 
faisant  acception  de  personne.  Je  cherchais  un  autre  écrivain 
qui  pût  corriger  mes  erreurs  et  transmettre  lui-même  à  la 
postérité  ce  qu'il  aurait  jugé  bon  dans  mes  écrits.  Personne 
ne  me  connaît  mieux  que  moi-même  ;  sans  vouloir  faire  de 
la  fausse  humilité,  je  reconnais  et  confesse  ma  faiblesse  et  mon 
incapacité.  J'étais  le  moindre  et  le  plus  méprisable  des 
hommes.  Cependant,  je  ne  sais  comment,  les  vénérables 
Pères  furent  prévenus,  ou  plutôt  trompés,  dans  leur  jugement 
sur  moi.  Comme  des  hommes  simples,  ajoutant  foi  à  des 
rapports  étrangers,  ils  envoyèrent  deux  moines  courageux  au 
monastère  de  Mar  Yaqoub,  où  je  résidais,  car  les  moines  de 
Qen-Nésré  étaient  dispersés.  Ceux-ci  étant  donc  venus  vers 
moi,  s'emparèrent  de  ma  personne  et  me  gardèrent  à  vue, 
comme  un  malfaiteur,  jusqu'à  l'arrivée  des  évoques  qui  me 
parurent  encore  plus  durs  et  tout  à  fait  sans  pitié.  Je  fus 
conduit  malgré  moi  au  milieu  du  synode,  et,  tandis  que  je 
protestais,  en  pleurant  et  en  me  prosternant,  de  ma  faiblesse 
et  de  mon  incapacité,  ils  se  jetèrent  violemment  sur  moi^  et 
se  levant  de  leurs  sièges,  ils  se  précipitèrent  à  mes  pieds, 
bien  que  je  proclamasse  que  le  sacerdoce  était  chose  diâScile 
à  accepter,  non  seulement  pour  moi,  homme  vil  et  mépri- 
sable, mais  môme  pour  ceux  qui  sont  parvenus  au  sommet 
de  la  vertu.  Il  y  avait  à  craindre  que  je  ne  persévérasse  dans 
mon  refus.  Le  vendredi  ils  m'ordonnèrent  diacre  dans  le 
monastère  du  Pilier*  ;  le  samedi  ils  me  firent  pi  être  dans  le 

1.  Chron.  eccL^  col.  340-351. 

2.  Ou  couTeat  de  Bizooa,  près  de  Callinice. 


XIV  DENYS    DE  TELL-MAHRÉ 

couvent  de  Mar  Zachéo  ;  enfin  le  dimanche  l*'*'août  1129  (818) 
ils  me  promurent  à  l'ordre  parfait  du  souverain  sacer- 
doce, dans  IVglise  métropolitaine  de  la  ville  de  ('allinice,  et 
m'établirent  héritier  et  possesseur  des  sièges,  comme  ils 
disent,  moi  qui  ne  suis  pas  môme  digne  de  dénouer  les 
cordons  des  souliers.  » 
Ce  fut  Théodore,  évoque  de  Callinice,  qui  lui  imposa  les 

mains. 

L'anti-patriarche  Abraham  devint  furieux  en  voyant  ses 
espérances  trompées.  S'adressant  aux  évécjues  de  Goubba- 
Barraya  qu'il  avait  amenés  avec  lui  :  «  Voyez,  leur  dit-il,  ce 
qu'ont  fait  lesévêques;  ils  se  sont  choisi  un  patriarche  dans 
un  couvent  où  la  formule  pain  céleste  a  été  abolie.  Mainte- 
nant donc,  par  la  parole  de  Dieu,  je  vous  prescris  de  laisser 
mon  corps  sans  sépulture  jusqu'à  ce  que  vous  ayez  établi  un 
autre  patriarche  pour  me  remplacer,  et  je  vous  défends  de 
vous  réconcilier  avec  ceux-ci.  » 

Comme  on  le  voit,  les  débuts  du  nouveau  patriarche  ne 
s'annonçaient  pas  sous  des  auspices  favorables. 

Denys,  plein  de  zèle  et  de  bonne  volonté,  entreprit, 
aussitôt  après  son  élection,  la  visite  du  territoire  soumis  à  sa 
juridiction  et  commença  par  la  région  septentrionale.  Il 
essaya  de  ramener  à  l'obéissance  les  habitants  de  la  Cyrrhes- 
tique  qui  avaient  suivi  dans  le  schisme  les  moines  de  la 
capitale.  Ces  derniers  paraissaient  d'ailleurs  beaucoup  moins 
attachés  à  leur  opinion  que  ceux  de  Goubba-Barraya. 

Il  se  rendit  donc  àCyrrhus  où  le  peuple  s'assembla  avec  les 
prêtres  et  les  diacres.  Ayant  appris  qu'il  ne  défendait  pas 
l'usage  des  paroles  :  pain  céleste,  ils  s'attachèrent  à  lui. 
Ce  premier  succès  ne  fut  pas  de  longue  durée.  L'antipa- 
triarche  Abraham  ayant  lancé  une  sentence  d'excommuni- 
cation contre  les  habitants  de  Cyrrhus,  ceux-ci  se  séparèrent 
de  Denys. 

Le  patriarche  quitta  Cyrrhus  pour  aller  à  Antioche,  lieu 
du  siège  patriarcal,  avec  l'intention  de  se  rendre  ensuite  à 
Bagdad  en  traversant  la  Mésopotamie.  Il  lui  fallait  en  effet 


INTRODUCTION  XV 

obtenir  du  pouvoir  civil  un  diplôme  de  confirmation  de  son 
autorité.  Depuis  l'invasion  musulmane,  ces  diplômes  étaient 
indispensables  aux  patriarches  de  toutes  les  confessions.  Ce 
n'était  pas  une  simple  approbation  de  Tëlection  déjà  faite, 
mais  en  même  temps  une  reconnaissance,  ou  plutôt  une  sorte 
de  délégation  de  l'autorité  judiciaire  que  les  évêques  con- 
tinuaient d'exercer,  avec  l'agrément  de  la  puissance  civile, 
dans  les  affaires  litigieuses  des  chrétiens  soumis  à  leur  juri- 
diction. Ces  diplômes  n'étaient  accordés  le  plus  souvent  qu'au 
prix  de  fortes  sommes  \ 

Le  khalife  était  alors  Âl-Ma*moun\  aussi  connu  sous  le 
nom  de  ^Abdallah  III  ;  ce  prince  était  bon  et  tolérant,  protec- 
teur éclairé  des  lettres  et  des  arts.  Il  accorda  sans  difficulté 
le  diplôme  d'usage,  et  le  patriarche  reprit  le  chemin  de  la 
Syrie. 

Les  habitants  deTagrit  avaient  invité  le  patriarche,  lors  de 
son  retour,  à  passer  chez  eux  la  fête  de  Pâques;  mais  le 
maphrian  Basile  avait,  de  son  côté,  écrit  à  Denys  pour  le  dis- 
suader d'accepter  les  offres  bienveillantes  de  ses  diocésains, 
lui  disant  «  que  le  moment  présent,  où  les  chrétiens  venaient 
d'être  opprimés  par  un  récent  édit  de  l'autorité  civile,  était 
inopportun».  Le  patriarche  abandonnant  donc  la  route  de 
Tagrit  etde  Mossoul,  prit  le  chemin  de  l'Euphrate,  gagna 
Circesium,  séjourna  quelque  temps  dans  les  villages  de  la 
région  du  fleuve  Haboura,  et  remontant  ce  cours  d'eau, 
visita  la  célèbre  ville  de  Nisibe  et  la  florissante  cité,  aujour- 
d'hui ruinée,  de  Dara.  Du  village  de  Kepher-Touta,  il 
regagna  Callinice,  pour  saluer  l'émir  *Otman,  gouverneur  de 
la  région.  Il  obtint  de  celui-ci  l'autorisation  de  faire  recons- 
truire le  couvent  de  Qen-Nésrê,  détruit  par  un  incendie, 
comme  nous  l'avons  dit  plus  haut. 

Près  de  Téléda,  aujourd'hui  Hasya  ou  ïJassieh,  dans  le 


1.  Cfr.  Éloge  de  Mar  Ùenha,  par  le  moine  Jean,  publié  par  nous  dans  le 
Journ,  Asiatique^  IX*  série,  t.  V,  p.  131,  n. 

2.  Cfr.  Wbil,  Geschichte  der  Chaliphen,  II,  pp.  200-294. 


XVI  DENYS    DE  TELL-MAHRÉ 

désert  de  Syrie,  sur  la  route  de  IJonis  à  Damas,  se  trouvait 
un  couvent  imporUint  connu  sous  le  nom  de  monastère 
d'Eusebona,  qui  devait  surtout  sa  réputation  au  séjour 
qu'avait  fait  dans  son  enceinte  le  célèbre  stylite  saint 
Siméon.  Les  moines  de  ce  couvent  avaient  embrassé  le  parti 
d'Abraham.  Le  patriarche,  en  regagnant  Antioche,  les  visita 
et  les  ramena  à  l'obéissance. 

A  cette  nouvelle  inattendue,  Abraham  se  rendit  à  Callinice 
près  de  Témir  'Abdallah  Ibn  Tahir  dans  le  but  de  s'assurer 
la  protection  de  ce  dernier.  Denys,  averti  du  fait,  se  rendit 
de  son  côté  près  de  'Abdallah.  Les  deux  adversaires  furent 
introduits  en  présence  de  l'émir  et  admis  à  faire  valoir  leurs 
arguments. 

Bar  Hébréus  raconte  ainsi  l'issue  de  cette  entrevue'  : 
«  Après  beaucoup  de  discours  de  part  et  d'autre,  l'émir  com- 
manda à  l'un  des  siens  de  sortir  et  d'interroger  les  chrétiens 
qui  se  tenaient  à  la  porte,  pour  savoir  quel  était  leur  pa- 
triarche. La  multitude  s'écria:  «  Abraham  n'est  point  notre 
patriarche,  il  n'est  pas  même  chrétien.  »  L'émir  s'emportant 
alors  contre  Abraham  :  «Je  vois  bien,  lui  dit-il,  que  tu  n'es 
qu'un  menteur  et  un  imposteur.  »  Il  ordonna  en  outre  de  le 
dépouiller  des  ornements  patriarcaux  et  le  chassa  en  lui 
disant:  «  Que  je  ne  t'entende  plus  appeler  patriarche.  Va, 
retourne  à  ta  solitude,  et  congédie  les  moines  qui  sont  avec 
toi.  »  Denys  rentra  à  Antioche,  heureux  de  son  succès.  Mais 
les  partisans  d'Abraham  ne  se  tinrent  pas  pour  battus. 

L'antipatriarche  avait  un  frère  nommé  Siméon,  homme 
très  audacieux,  qui  se  chargea  de  rétablir  les  affaires  des 
dissidents,  fort  compromises  par  le  jugement  de  *Abdallah. 

•Ali,  le  gendre  du  Prophète,  avait,  disait-on,  autrefois 
octroyé  un  diplôme  au  monastère  de  Goubba-Barraya,  con- 
cédant certains  privilèges  à  ce  couvent*.  On  tira  le  vénérable 

1.  Chron,  eccL,  col.  356. 

2.  Les  prétendues  concessions  de  diplômes  faites  par  *Ali  sont  très  nom- 
breuses. Voir  une  communication  à  ce  sujet  dans  les  Mémoires  du  Congrès 
des  Orientalistes  de  Genèce  (1894). 


INTRODUCTION  XVII 

parchemin  des  archives  et  on  le  confiai  Siméonqui  se  rendit 
à  Bagdad,  muni  du  précieux  document. 

Il  manœuvra  si  bien  dans  la  capitale,  et  les  partisans 
de  *Ali  furent,  paraîtril,  si  touchés  en  voyant  l'écriture  de 
leur  ancêtre,  qu'ils  lui  obtinrent  de  Ma'moun  un  diplôme 
annulant  la  décision  de  Témir* Abdallah. 

Siméon  revint  en  hâte  à  Callinice,  où  il  réunit  un  grand 
nombre  de  moines.  Denys,  prévenu  des  agissements  de  ses 
adversaires,  y  accourut  aussi  et  plaida  chaleureusement  sa 
cause  auprès  de  l'émir.  Cependant,  'Abdallah,  en  voyant 
le  diplôme  du  khalife  rapporté  par  Siméon,  hésita  quelque 
temps  sur  le  parti  qu'il  devait  prendre.  Il  se  décida  enfin  à 
expédier  lui-môme  un  messager  à  Bagdad.  L'envoyé  revint 
au  bout  de  vingt  jours  apportant  un  nouvel  édit  de  Ma*moun 
annulant  le  diplôme  accordé  à  Siméon. 

^Abdallah  livra  Abraham  à  la  discrétion  du  patriarche. 
Selon  l'ujage  des  jacobites,  le  patriarche  ne  peut  sortir  de  sa 
demeure  sans  être  coiffé  de  la  coussila,  sorte  de  tiare  somi- 
sphérique,  considérée  comme  insigne  de  sa  dignité.  Denys 
se  contenta  d'arracher  la  coussita  qui  recouvrait  la  tête 
d'Abraham  et  chassa  celui-ci  de  sa  présence. 

L'an ti patriarche  retourna  à  Cyrrhus.  Bientôt  il  excita 
de  nouveaux  troubles  parmi  les  chrétiens  de  cette  ville.  La 
nouvelle  en  parvint  aux  oreilles  de  l'émir  'Abdallah  qui  le 
fit  amener,  enchaîné  comme  un  malfaiteur,  et  le  fit  dépouiller 
de  ses  vêtements  en  sa  présence  et  en  celle  de  ses  familiers, 
afin  de  le  couvrir  de  confusion,  dans  l'espoir  qu'il  cesserait 
de  fomenter  la  division.  Malheureusement  pour  Denys,  il 
n'en  fut  rien. 

En  825,  'Abdallah  fut  envoyé  en  Egypte  pour  apaiser  la 
rébellion  de  *Obaidallah  Ibn  as-Sarl\  Il  resta  dans  ce  pays  en 
qualité  de  gouverneur  jusqu'en  827.  Son  frère,  Mohammed 
Ibn  Tahir,  avait  été  nommé  à  sa  place  gouverneur  de  la 

1.  Cfr.  WÛ8TENFELD.  Die  Statthalter  oon  yEgypten,  l  Ablb.,  p.  32  sqq. 
De  Sacy,  Relation  de  C Egypte,  par  Abd-Allatif,  pp.  501-508,  552^57. 


XVIII  DENYS  DE  TBLL-MAHRÉ 

Mésopotamie.  Loin  d'imiter  ^Abdallah  dans  sa  modération, 
il  sipnala  son  arrivée  par  une  violente  persécution  contre  les 
chrétiens.  Les  Édosseniens  surtout  curent  à  souffrir  de  sa 
part.  La  plupart  des  édifices  religieux  qu'ils  avaient  cons- 
truits avec  l'autorisation  des  khalifes  furent  détruits  ou  con- 
vertis en  mosquées.  En  présence  des  maux  qui  affligeaient 
son  peuple,  Denys  se  décida  à  entreprendre  le  voyage 
d'Egypte,  pour  prier  'Abdallah  d'intervenir  près  de  son 
frère  et  de  faire  cesser  la  persécution. 

La  traversée  ne  fut  pas  heureuse.  Une  violente  tempête 
jeta  le  navire  dans  le  port  de  la  ville  de  Tanis  «  qui  est 
comme  une  île  au  milieu  d'un  lac  formé  par  les  branches  du 
Nil  et  la  Méditerranée  ».  Les  chrétiens  de  la  ville,  au  nombre 
d'environ  trente  mille,  l'accueillirent  avec  empressement. 
Le  patriarche  jacobite  d'Alexandrie,  Jacques',  vint  aussi 
avec  des  évêques  le  visiter  en  cet  endroit.  Ils  se  réjouissaient 
de  le  voir,  car  depuis  le  temps  de  Sévère  le  Grand  (f  617), 
aucun  patriarche  d'Antioche  n'était  venu  en  Égyptô. 

Denys  rappela  à  Jacques  un  pacte  d'union,  conclu  autrefois 
entre  les  églises  d'Antioche  et  d'Alexandrie,  par  les  pa- 
triarches de  ces  deux  sièges.  Il  avait  été  convenu  que  les 
lettres  synodiques  du  patriarche  d'Antioche  seraient  lues 
dans  les  églises  soumises  à  la  juridiction  de  celui  d'Alexan- 
drie, et  réciproquement. 

Mais,  observe  Denys  :  «  Nous  avons  constaté  que  chez 
eux  on  omettait  ces  lectures,  parce  que  la  science  des 
livres  était  négligée.  »  Ce  qui  veut  probablement  dire  qu'à 
cette  époque  les  Alexandrins  négligeaient  complètement 
l'étude  du  syriaque,  langue  dans  laquelle  étaient  rédigées  les 
lettres  du  patriarche  d'Antioche. 

De  ce  lieu,  Denys  se  rendit  auprès  de  'Abdallah  Ibn  Tahir, 
dans  un  endroit  appelé  le  Camp  des  Perses.  L'émir,  qui  le 
tenait  en  grande  estime,  l'accueillit  favorablement  :  «  Qu'a- 
vais-tu besoin,  lui  dit-il,  d'entreprendre  ce  voyage  fatigant, 

1.  Cfr.  Rbnaudot,  Hist.  pair.  Alexandr.^  p.  266  et  suiv. 


INTRODUCTION  XIX 

puisque  tu  pouvais  t'adresser  à  moi  par  lettre?  »  Le  patriar- 
che lui  répondit  par  les  compliments  d'usage  et  lui  exposa 
ensuite  la  triste  situation  faite  aux  chrétiens  par  son  frère. 
L'émir,  consentant  à  ses  désirs,  écrivit  de  sa  propre  main  à 
Mohammed^  le  blâmant  de  sa  conduite  et  lui  défendant  de 
molester  le  patriarche  ou  de  léser  les  privilèges  des  églises. 

Encouragé  par  cette  bienveillance,  Denys  voulut  témoi- 
gner sa  reconnaissance  aux  habitants  de  Tanis  qui  l'avaient 
si  bien  accueilli,  en  leur  obtenant  une  diminution  et  une 
répartition  plus  équitable  dos  impôts.  Chaque  habitant  riche 
ou  pauvre  était  taxé  pour  cinq  dinars,  sans  égard  à  sa 
condition.  'Abdallah  statua  qu'à  l'avenir  les  riches  payeraient 
quarante-huit  zouzé,  ceux  de  condition  moyenne  vingt,  et 
les  pauvres  seulement  douze. 

Nous  avons  dit  que  les  habitants  d'Édesse  surtout  avaient 
eu  à  souffrir  de  la  persécution  excitée  par  Mohammed.  Or, 
levèque  d'Édesse,  Théodose\  était  le  propre  frère  de  Denys. 
Il  avait  accompagné  ce  dernier  en  Egypte,  pour  présenter  à 
l'émir  les  doléances  de  ses  ouailles.  «  Il  est  étonnant,  dit  Bar 
Hébréus*,  qu'on  ne  trouve,  dans  les  ouvrages  de  Denys, 
aucune  mention  de  cet  homme,  qui  fut  pourtant  un  savant 
distingué.  Il  avait  traduit  du  grec  en  syriaque  les  composi- 
tions poétiques  du  Tliéolo(]ien*,2i\i  témoignage  du  moine 
Antoine  le  Rhéteur,  dans  son  cinquième  discours  intitulé 
Rhétorique  à  Philoponos,  où  il  vante  sa  connaissance  éten- 
due de  plusieurs  langues.  » 

Le  patriarche  quitta  l'Egypte  et  revint  en  Syrie,  heureux 
du  succès  de  ses  démarches.  Il  espérait  sans  doute  jouir  enfin 
d'un  peu  de  calme.  Il  n'en  fut  rien. 

Les  jacobites  de  Nisibe  avaient  alors  pour  évoque  un 
intrigant  nommé  Philoxène.  L'archidiacre  Nonnus*,  homme 
d'une  grande  piété  et  très  considéré,  l'accusa  de  crimes 

1.  Cfr.  Wright,  Syriac  Literattuv,  p.  203. 

2.  Chron.  eccl.^coX,  362. 

3.  Saint  Grégoire  de  Nazianzc. 

4.  Cfr.  Wrigut,  Syriac  Literature,  p.  205. 


XX  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 

abominables,  devant  un  synode  de  quarante  évoques,  réuni 
dans  la  petite  ville  de  Ris*aln.  Philoxène  fut  déposé. 

Il  se  tourna  dès  lors  du  côté  de  Tan ti patriarche  Abraham 
qui,  on  le  conçoit,  accueillit  avec  empressement  cette  nou- 
velle recrue.  Une  partie  des  chrétiens  de  Nisibe  demeurèrent 
attachés  à  Philoxène  :  de  là  la  division  et  le  trouble  dans 
cette  église. 

Au  commencement  de  l'année  829,  le  patriarche  se  mit  en 
route  pour  Bagdad,  afin  de  conférer  avec  le  sultan  Al- 
Ma*moun  au  sujet  d'un  6dit  motivé  par  les  dissensions  sur- 
venues entre  les  Juifs  à  propos  de  l'élection  de  leur  chef,  édit 
dans  lequel  les  chrétiens  se  trouvaient  impliqués  indirec- 
tement. 

Les  Juifs  avaient  eu  à  élire  leur  chef  de  la  dispersion. 
Ceux  de  Tibériade  avaient  choisi  un  certain  David;  ceux  de 
Babylone  avaient  donné  leurs  suffrages  à  un  nommé  Daniel, 
de  la  secte  des  'Ânanites,  qui  profanaient  le  sabbat  et  obser- 
vaient le  repos  du  quatrième  jour  de  la  semaine.  L'affaire  fut 
portée  au  tribunal  de  Ma*moun.  Le  khalife  rendit  un  édit 
déclarant  «  que  si  dix  hommes  appartenant  à  la  môme  con- 
fession, réunis  ensemble,  voulaient  se  constituer  un  chef 
religieux,  personne  ne  devait  les  en  empêcher,  quelle  que 
fût  leur  religion;  fussent-ils  juifs,  chrétiens  ou  mages  ». 

On  voit  combien  ce  décret  favorisait  le  schisme  et  l'insu- 
bordination. Ce  fut  un  des  principaux  motifs  qui  décidèrent 
le  patriarche  à  entreprendre  le  long  et  dispendieux  voyage 
de  Bagdad. 

Il  y  avait  alors  pour  évèque  jacobite  dans  cette  ville  un 
certain  Lazare  Bar  Sabhtha,  aussi  connu  sous  les  noms  de 
Philoxène  et  de  Basile,  selon  Assemani'.  La  plus  grande  par- 
tie des  diocésains  étaient  hostiles  à  cet  évèque.  Dès  l'arrivée 
du  patriarche,  avant  même  que  celui-ci  eût  pu  obtenir  une 
audience  du  khalife,  ils  déposèrent  entre  ses  mains  une 
accusation  contre  Lazare.  Le  patriarche  promit  d'examiner 

1.  Cfr.  Wright,  Syriac  Literature,  p.  204. 


INTRODUCTION  XXI 

TaSaire  lorsqu'il  serait  de  retour  à  Tagrit,  afin  que  ces  dis- 
cussions entre  les  chrétiens  ne  devinssent  pas  un  sujet  de 
dérision  pour  les  païens,  et  peut-être  aussi  pour  témoigner  sa 
déférence  au  maphrian. 

Le  peuple  impatient  ne  voulut  rien  entendre.  On  multplia 
les  accusations  et  les  preuves  contre  Lazare,  et  le  patriarche 
fut  contraint  de  le  déposer.  Mais  Tévéque  avait  ses  partisans; 
il  s'ensuivit  des  troubles  parmi  les  chrétiens  et  la  chose 
parvint  aux  oreilles  du  khalife.  Naturellement,  les  défen- 
seurs de  Lazare  rendirent  le  patriarche  responsable  de  ces 
divisions.  «Cependant,  dit  Bar  Hébréus^  qui  nous  a  conservé 
le  récit  détaillé  de  l'entrevue  du  patriarche  et  du  khalife,  — 
tiré  probablement  des  écrits  mêmes  de  Denys,  —  cependant, 
Ma^moun,  en  homme  prudent,  ne  voulutpas  molester  un  prélat 
venu  de  loin  pour  le  saluer  et  lui  offrir  des  présents.  Quelque 
temps  après,  il  accorda  une  audience  au  patriarche  qui  eut 
la  permission  de  venir  seul,  sans  les  évéques  de  sa  suite, 
trouver  le  khalife  pendant  que  celui-ci  faisait  sa  promenade 
à  cheval  dans  son  jardin.  Le  khalife  tendit  la  main  à  Denys 
et  lui  dit  :  «  Comment  vas-tu?  Comment  vont  tes  affaires?  » 
Le  patriarche,  après  les  compliments  d'usage,  commença  par 
parler  de  l'affaire  de  Lazare  qui,  bien  que  jugé  légalement, 
condamné  et  déposé,  osait  dire  :  «  Il  y  a  un  édit  qui  permet  à 
dix  hommes  d'entre  nous  de  se  choisir  un  chef.  »  Le  khalife 
reprit  :  «  Nous  avons  rendu  cet  édit  pour  les  Juifs  et  nous 
n'avons  pas  l'intention  de  vous  imposer  de  force  un  prélat.  » 
Le  patriarche  reprit  :  «  Ta  prudence  n'ignore  pas  que  depuis 
le  temps  où  nos  pères  vous  ont  livré  un  grand  nombre  de 
cités,  il  existe  entre  nous  et  vous  des  promesses  et  des 
traités  assurant  que  nos  lois  ne  seraient  point  modifiées  en 
un  sens  défavorable.  La  loi  ne  peut  exister  sans  législateur. 
Or,  nous  avons  une  loi  touchant  l'épiscopat.  » 

Le  patriarche  parla  longuement.  Le  khalife  l'interrompit 
enfin  en  lui  disant  :  «  Les  chrétiens,  et  surtout  vous  autres 

1.  Chron.  eecl,  eol.  36&>872. 


XXII  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 

jacobites,  vous  nous  causez  beaucoup  d'ennuis.  Va-t-en  pour 
aujourd'hui  et  reviens  un  autre  jour.  » 

Une  dizaine  de  jours  après  le  patriarche  aborda  un  des 
familiers  de  Ma'moun,  un  certain  Lazare,  qui  se  chargea  de 

rappeler  au  khalife  sa  promesse.  Le  khalife  répondit  :  «  Qu'il 
vienne  demain.  »  Il  convoqua  en  môme  temps  ses  juristes. 
Ceux-ci  vinrent  avec  empressement.  Ma*mouû  les  interrogea  : 
«  Devons-nous  autant  qu'il  est  en  notre  pouvoir  protéger  les 
évoques  des  chrétiens?  Que  vous  en  semble?  w  Les  légistes 
ré[)ondirent  :  «  Non,  nous  devons  seulement  ne  pas  les  con- 
traindre par  force  à  changer  leur  religion  et  leurs  coutumes, 
pourvu  toutefois  qu'ils  gardent  l'obéissance  et  qu'ils  vivent 
tranquilles,  contents  de  la  paix  dont  ils  jouissent  sous  notre 
gouvernement.  »  Quand  ceux-ci  furent  partis,  le  patriarche 
dit  au  khalife  :  «  Tes  ancêtres,  d'heureuse  mémoire,  ont 
reconnu  notre  patriarcat  et  nous  ont  donné  des  diplômes, 
comme  tu  m'en  as  donné  toi-môme.  Qu'on  ne  porte  donc  pas 
maintenant  une  nouvelle  loi  contre  nous.  »  Le  khalife  lui 
demanda  :  «  Mais  pourquoi  donc  cette  loi  est-elle  plus  oné- 
reuse pour  les  chrétiens  que  pour  ceux  qui  professent 
d'autres  religions?  »  Le  patriarche  répondit  :  «  Les  autres 
se  plaignent  aussi;  mais,  en  outre,  le  pouvoir  des  juifs  et 
des  mages  est  un  pouvoir  temporel,  le  nôtre  est  un  pouvoir 
spirituel.  Chez  eux,  quand  il  est  lésé,  sa  perte  peut  se  com- 
penser au  prix  de  l'or;  chez  nous,  c'est  notre  foi  même  qui 
est  atteinte.  La  preuve,  c'est  que  les  peines  que  nous  pro- 
nonçons contre  les  coupables  ne  sont  point  la  mort  ou  la 
spoliation  des  biens;  mais  s'il  s'agit  d'un  évêque  ou  d'un 
prêtre,  il  est  déposé;  s'il  s'agit  d'un  laïque,  il  est  excommu- 
nié. »  Le  khalife  reprit  :  «  Nous  ne  vous  empêchons  point 
de  déposer  un  coupable  ni  de  le  priver  de  sa  dignité;  mais 
nous  pensons  que  vous  n'avez  pas  le  droit  d'excommunier 
quelqu'un,  ni  de  l'empêcher  de  venir  à  la  prière,  car  ce 
sont  surtout  les  pêcheurs  qui  doivent  prier  Dieu  et  lui  de- 
mander pardon  de  leurs  fautes.  » 
Le  khalife  finit  cependant  par  reconnaître  le  bon  droit  du 


INTRODUCTION  XXIII 

patriarche.  Il  donna  ses  ordres  à  un  juge  nommé  Lazare  : 
«  Examine  Taffaire,  lui  dit-il,  et  si  Tévêque  Lazare  est  vrai- 
ment selon  sa  profession  de  foi  le  sujet  du  patriarche,  qu'on 
exécute  la  sentence  de  ce  dernier.  » 

Le  patriarche  quitta  ainsi  le  khalife  après  avoir  obtenu 
gain  de  cause  et  mérité  des  éloges  pour  sa  constance. 

Ces  choses  se  passaient  au  mois  de  mars  de  Tan  829. 

Denys  demeura  à  Bagdad  jusqu'au  mois  d'octobre.  A  cette 
époque  il  ordonna  un  évoque  pour  succéder  à  Lazare;  puis  il 
reprît  le  chemin  d'Antioche.  Il  passa  par  Tagrit  et  par 
Mossoul.  Sur  ces  entrefaites,  le  maphrian  Basile  étant  mort 
dans  le  monastère  de  Anikia,  près  de  Balada,  ville  située  sur 
leTigre  à  une  quinzaine  de  lieues  de  Mossoul,  Denys  ordonna 
pour  lui  succéder  un  moine  nommé  Daniel,  du  monastère  de 
Bir-Koum,  dans  la  même  région.  Au  mois  de  décembre,  il 
gagna  la  Syrie. 

L'année  suivante  (830),  le  patriarche  ayant  appris  que  le 
khalife  se  trouvait  à  Kaisoum,  se  rendit  dans  cette  ville  pour 
lui  présenter  ses  hommages.  Mais  il  ne  l'y  rencontra  point. 
Ma'moun  était  parti  subitement  pour  Damas.  Le  patriarche 
prit  le  parti  d'aller  le  rejoindre  dans  cette  ville.  Il  lui  fît 
remettre  les  présents  qu'il  avait  apportés  avec  lui.  Le  khalife, 
satisfait,  accueillit  favorablement  Denys.  Il  se  disposait  alors 
à  descendre  en  Egypte  et  donna  ordre  au  patriarche  de 
l'accompagner  dans  ce  pays. 

L'expédition  de  Ma*moui>  était  motivée  par  la  révolte  des 
chrétiens  de  la  basse  Egypte,  connus  sous  le  nom  de  Basmou- 
riks'.  Ils  appartenaient  à  la  secte  des  Jacobites.  Le  dessein 
du  khalife  était  de  leur  envoyer  Denys  comme  négociateur. 
Il  espérait  que  le  patriarche  d'Antioche  aurait  assez  de 
crédit  pour  amener  les  rebelles  à  la  soumission.  Mais  les 
bonnes  intentions  du  khalife  et  les  efforts  du  patriarche 


1.  PocKOKB  dans  la  version  d'Eutychius  (t.  II,  p.  429)  les  appeUe  Bya- 
miUs,  Bimaie,  Byrmades;  Lbquibn,  Oriens  christ,,  t.  II,  p.  1373,  les 
nomme  Baammyrites, 


XXIV  DENYS  DB   TELL-MAÇRÉ 

furent  stérilisés  par  le  mauvais  vouloir  du  général  Aphsin\ 
Celui-ci  fit  la  guerre  à  outrance.  Il  détruisit  lesvillages  des 
chrétiens,  brûla  leurs  vignes  et  leurs  jardins,  tua  un  grand 
nombre  d'entre  eux  et  envoya  les  autres  chargés  de  fers  à 
Antioche,  d'où  ils  furent  expédiés  à  Bagdad. 

Le  patriarche  jacobite  d'Alexandrie,  Joseph*,  s'était  joint  à 
Denys  pour  le  seconder  dans  sa  mission  pacifique.  Ces  deux 
hommes  voyant  leurs  efforts  inutiles  retournèrent  près  de 
Ma'moun.  Denys  déclara  à  celui-ci  que  les  chrétiens  avaient 
été  injustement  maltraités,  et,  avec  la  permission  du  khalife, 
il  quitta  l'Egypte  pour  se  rendre  à  Damas. 

Denys  avait  inséré  dans  ses  écrits  le  récit  de  son  voyage. 
Bar  Hébréus  nous  en  a  conservé  quelques  fragments'.  Ces 
extraits  intéressants  ne  peuvent  que  nous  faire  regretter 
davantage  la  disparition  des  ouvrages  de  notre  auteur. 

Parlant  du  patriarche  et  des  évoques  égyptiens  il  s'exprime 
ainsi  :  a  Nous  les  avons  trouvés  chastes,  sincères,  humbles, 
et  pleins  de  Tamour  de  Dieu.  Ils  nous  reçurent  avec  tant 
d'empressement  qu'ils  nous  rendirent  tous  les  honneurs 
réservés  à  leur  patriarche,  aussi  longtemps  que  nous  demeu- 
râmes parmi  eux.  Nous  avons  cependant  observé  chez  eux 
des  usages  indignes  de  leur  vertu.  Ils  n'étudient  point  les 
saintes  Écritures;  les  moines  surtout  manquent  de  cette 
science.  Ceux  qui  aspirent  aux  fonctions  sacrées  ne  se  préoccu- 
pent nullement  d'acquérir  les  connaissances  nécessaires,  mais 
bien  de  recueillir  la  somme  suffisante,  car,  à  moins  de  deux 
ou  trois  cents  dariques,  personne  ne  peut  parvenir  à  Tépis- 
copat.  Nous  les  blâmâmes  au  sujet  de  ces  choses.  Le  patriar- 
che nous  répondit  pour  s'excuser  qu'il  avait  trouvé  établi 
cet  usage  coupable.  Nous  les  avons  aussi  blâmés  de  ce  qu'ils 
ne  baptisent  point  les  garçons  avant  le  quarantième,  ni  les 


T.  Cfr.  Wbil,  Geschichte  der  Chaliphen y\ll,  246;  Wûstbnpbld,  op.  cit., 
I  Abth.,  pp.  40-43. 

2.  Cfr.  Renaudot,  Hist.  patriarch.  Alexandr,,  p.  279  et  siiiv. 

3.  Ghron.  eccl,,  coll.  375-3S2. 


INTRODUCTION  XXV 

filles  avant  le  quatre- vingtième  jour  aprè§  leur  naissance; ce 
qui  est  cause  que  beaucoup  d'enfants  meurent  sans  avoir 
reçu  le  baptême.  )> 

Denys  ne  décrivait  pas  seulement  les  mœurs  des  régions 
qu'il  traversa,  mais  au.^si  les  monuments. 

«  Nous  vîmes  là,  dit-il,  les  obélisques  d'Héliopolis,  la 
capitale  des  Égyptiens,  dont  Putiphar,  le  beau-père  de 
Joseph,  était  prêtre.  Chaque  obélisque  est  formé  d'une  seule 
pierre,  haute  de  soixante  coudées,  large  et  épaisse  de  six; 
non  pas  d'une  pierre  tendre,  mais  d'une  espèce  de  marbre. 
(Les  trilithes  de  l'autre  Héliopolis,  c'est-à-dire  de  Baalbeck, 
ont  seulement  quarante  coudées  de  hauteur.)  Au  sommet  de 
chacun  d'eux,  il  y  a  comme  une  sorte  de  casque  de  soldat 
en  airain  blanc.  Chaque  casque  pèse  plus  de  mille  livres. 
C'est  pourquoi  les  Arabes,  malgré  leur  avarice,  n'ont  pu 
monter  et  les  enlever,  comme  ils  ont  enlevé  le  colosse  de  l'île 
de  Rhodes,  dont  ils  ont  retiré,  après  l'avoir  renversé  et  brisé, 
trois  mille  charges  d'airain.  Jérémie  avait  prophétisé  du 
Christ  «  qu'il  briserait  les  colonnes  du  temple  du  soleil  ».  Il 
faut  peut-être  entendre  cette  destruction  de  rabolitîon  du 
culte,  puisque  les  colonnes  ne  sont  pas  brisées. 

»  Nous  avons  vu  en  Egypte  ces  pyramides  dont  parle  le 
Théologien  dans  ses  chants.  Ce  ne  sont  pas  les  greniers  de 
Joseph,  comme  quelques-uns  l'ont  pensé,  mais  d'admirables 
édifices  bâtis  au-dessus  des  tombeaux  des  anciens  rois.  Ils 
sont  massifs  et  pleins,  et  non  pas  creux  et  vides.  Nous  avons 
examiné  l'ouverture  qui  existe  sur  le  côté  de  l'une  de  ces 
pyramides  :  elle  a  environ  quarante  coudées  de  profondeur. 
Nous  avons  constaté  que  ces  pyramides  sont  formées  de 
pierres  taillées  superposées,  de  manière  à  former  une  basede 
cinq  cents  coudées  de  long  sur  autant  de  large,  et  dont  les 
assises  vont  en  diminuant,  de  sorte  que  le  sommet  n'a  plus 
qu'une  coudée.  Elles  ont  deux  cent  cinquante  coudées  de 
hauteur.  Chaque  pierre  mesure  de  dix  à  quinze  coudées  en 
tous  sens.  Elles  apparaissent  de  loin  comme  de  hautes  mon- 


tagnes. 


•« 


XXVI  DENYS    DE  TELL-MAHRÉ 

»  J'ai  vu  aussi  une  construction  bâtie  sur  le  Nil,  à  un 
endroit  où  le  fleuve  coule  encore  dans  son  plein  avant  de  se 
diviser  en  quatre  branches.  Cet  édifice  est  comme  une  piscine 
carrée.  Au  milieu  se  dresse  une  colonne  de  pierre  sur  laquelle 
sont  marqués  des  degrés  et  des  mesures.  Quand  le  fleuve 
déborde,  au  mois  de  septembre,  et  que  les  eaux  entrent  dans 
rédifice,  les  préfets  de  la  ville  viennent  chaque  jour  pour, 
observer  combien  les  eaux  ont  monté  sur  la  colonne.  Si  elles 
restent  au-dessous  du  quatorzième  degré,  il  n'y  a  qu'une 
petite  partie  de  l'Egypte  inondée  :  on  ne  sème  pas  de  blé, 
on  ne  perçoit  pas  d'impôt.  Si  elles  atteignent  le  quinzième 
degré,  il  y  a  une  récolte  moyenne  et  l'impôt  est  en  propor- 
tion. Quand  elles  arrivent  à  dix-sept  ou  dix-huit  degrés  les 
moissons  et  le  tribut  sont  complets;  mais  si  elles  vont  jus- 
qu'au vingtième  degré  elles  causept  la  ruine,  et  il  n'y  a  pas 
de  moisson  cette  année-là.  » 

De  nouvelles  difficultés  attendaient  le  patriarche  en  Syrie, 
à  son  retour  de  l'Egypte. 

A  quelques  lieues  au  nord-ouest  de  Mpssoul  se  trouve 
un  monastère  jacobite,  connu  sous  le  nom  de  couvent  de  Mar 
Mattal.  L'histoire  de  ce  couvent,  le  plus  célèbre  de  tous  les 
monastères  de  la  Mésopotamie,  est  intimement  liée  à  tous 
les  événements  de  l'histoire  ecclésiastique  qui  se  passèrent 
dans  cette  région.  Fondé  au  iv*  siècle,  par  un  solitaire  du 
nom  de  Matthieu  (en  syriaque  Mar  Mattai),  il  acquit  promp- 
tement  une  très  grande  importance  \  Lors  des  luttes  et  des 
divisions  religieuses  qui  signalèrent  le  v«  et  le  vi«  siècle, 
après  diverses  vicissitudes  le  couvent  demeura  aux  mains 
des  jacobites.  L'évéque  de  Mossoul  ou  de  Ninive  était, 
d'ordinaire,  le  supérieur  du  couvent  et  y  faisait  sa  résidence. 

Or,  nous  avons  dit  que  le  maphrian  résidait  àTagrit.  Les 
moines  de  Tagrit  avaient  une  église  à  Mossoul.  Comme  ils 


1 .  La  vie  de  Mar  Mattal  est  insérée  dans  la  vie  de  Mar  Behnam  publiée  par 
Bbdjan  [Acta  martyr,  et  Sanct.y  II.  p.  397  sq.).  Nous  l'avons  résumée  dans 
notre  dissertation  :  De  S.  laaaci  Nininitae  oita,  scripiis  et  doctrina^  pp.  4-5. 


INTRODUCTION  XXVII 

relevaient  directement  du  maphrian,  bien  que  demeurant 
dans  le  diocèse  du  métropolitain  de  Mossoul,  ils  refusaient 
de  nommer  ce  dernier  dans  les  prières  publiques.  De  là  une 
querelle  violente  entre  les  moines  de  Mar  Mattaî  et  ceux  de 
Tagrit.  Le  patriarche  fut  obligé  de  venir  en  Mésopotamie 
pour  mettre  fin  à  ces  discordes.  Il  se  rendit  à  Mossoul,  en 
835.  Il  s'efforça  de  satisfaire  les  religieux  de  Mossoul,  qui 
avaient  pour  eux  les  canons  ecclésiastiques,5ans  offenser  ceux 
de  Tagrit,  qui  paraissaient  résolus  à  ne  pas  s'y  soumettre.  Il 
décréta  donc  que  ces  derniers  ne  seraient  tenusde  nommer  le 
métropolitain  de  Mossoul  que  deux  fois  par  an:  le  dimanche 
des  Rameaux  et  le  jeudi  saint. 

Le  maphrian  David  étant  mort  à  cette  époque,  Denys  se 
rendit  à  Tagrit, ordonna  Thomas,  son  successeur, et  retourna, 
en  Syrie. 

Peu  après,  il  entreprit  de  nouveau  le  voyage  de  Bagdad. 
En  833,  le  khalife  Ma'moun  mourut  en  Cilicie,  pendant  une 
guerre  contre    l'empereur  de    Constantinople  \    Son    fils 
al-Mou*ta.sim  lui  avait  succédé  et  venait  de  faire  son  entrée  à 
Bagdad.  Le  patriarche  jugea  prudent  d'aller  offrir  ses  félici- 
tations au  nouveau  souverain.  Il  trouva  à  la  cour  de  ce  der- 
nier le  fils  du  roi  de  Nubie  qui  était  venu  dans  le  même  but. 
L'anti patriarche  Abraham  mourut  en  837.   Sa  mort  ne 
mit  pas  fin  au  schisme.  Les  évêques,  ses  partisans,  fidèles  à 
a  proûiesse  qu'ils  lui  avaient  faite,  se  réunirent  pour  lui 
donner  un  successeur.  Leur  choix  s'arrêta  sur  Siméon,  frère 
d'Abraham,  qui  s'était  signalé parson  habileté  etson  dévoue- 
ment à  la  secte,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  plus  haut.  Le 
peuple,  dit  Bar  Hébréus,  aurait  voulu  revenir  à  l'unité  et  se 
ranger  sous  l'autorité  de  Denys,  mais  ses  chefs  Tentrainè- 
rent.  Philoxène,  l'évéque  déposé  de  Nisibe,  imposa  les  mains 
à  Siméon  qui  se  mit  à  la  tête  des  dissidents. 

Denys  mourut  sans  avoir  eu  la  satisfaction  de  voir  rentrer 
au  bercail  les  brebis  égarées. 

1.  Wbil,  op.  cit.,  II,  p.  293. 


XXYIII  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ 

Ses  dernières  années  furent  abreuvées  d'amertumes  cau- 
sées tant  par  les  dissensions  religieuses  qui  divisaient  les 
chrétiens  soumis  à  sa  juridiction,  que  par  les  vexations  de 
l'autorité  musulmane. 

Une  vie  si  agitée  avait  engendré  dans  l'&me  sensible  et 
compatissante  de  Denys  une  profonde  mélancolie.  Il  en  était 
venu  à  désirer  la  mort  qu'il  regardait  comme  un  bienfait  et 
une  délivrance.  S'adressant  à  Jean  de  Dara^  à  qui  il  avait 
dédié  ses  Annales,  il  lui  écrivait  en  achevant  son  ouvrage": 
((  Il  n'est  pas  nécessaire  de  fatiguer  ton  esprit  par  le  récit  des 
calamités  au  milieu  desquelles  je  passe  les  nuits  sans 
sommeil  et  les  journées  sans  repos.  Je  tairai  les  autres 
angoisses  et  la  multitude  des  souffrances  qui  brisent  mon 
.cœur  et  tourmentent  mon  corps  :  car  un  cœur  attristé  est  un 
ver  rongeur  qui  dévore  les  os.  Je  pleure  et  je  m'afflige  d'avoir 
été  laissé,  à  cause  de  mes  péchés,  pour  boire  ce  calice,  pour 
souffrir  et  pour  avoir  le  cœur  brisé  de  douleur  à  la  vue  des 
peines  et  des  calamités  que  supportent  les  enfants  de  l'Église. 
Chaque  jour  nos  maux  s'accroissent.  Il  ne  me  reste  plus 
qu'une  délivrance:  la  mort,  que  je  souhaite  comme  un  bien- 
fait et  un  bonheur.  »  Telles  étaient  les  dernières  paroles  de 
son  ouvrage.  Il  écrivait  ces  lignes  vers  l'an  844. 

La  mort  qu'il  désirait  ne  tarda  pas  avenir.  Il  rendit  le 
dernier  soupir  le  22  août  845.  Son  corps  fut  déposé  dans  le 
monastère  deQen-Nésré  où  il  avait  passé  les  premières  années 
de  sa  vie  religieuse,  et  qu'il  avait  fait  reconstruire.  Il  avait 
occupé  le  siège  patriarcal  pendant  vingt-sept  ans  et  ordonné 
une  centaine  d'évéques.  Après  sa  mort,  le  siège  demeura 
vacant  plus  d'une  année. 

Les  évêques,  réunis  dans  le  monastère  de  Mar  Sila,  situé 
dans  les  environs  de  Saroug.  lui  donnèrent  pour  successeur 
Mar  Jean,  du  monastère  de  Mar  Zachée,  à  Callinice.  Celui-ci 
reçut  la  consécration  le  21  novembre  846. 

1.  Cfr.  sur  cet  auteur  Wright,  Syriac  Literature,  p.  204. 

2.  Apud  Bar  HEBR^eus,  Chron.  eecL,  coll.  384-386. 


INTRODUCTION  XXIX 


II 


Denys  s'était  appliqué  de  préférence  aux  études  histo- 
riques. Il  écrivit,  sous  le  titre  à! Annales,  un  vaste  ouvrage 
qui  embrassait  la  période  entière  de  l'histoire  du  monde 
depuis  la  Création  jusqu'à  son  temps,  c'est-à-dire  jusque  vers 
l'année  837,  et  peut-être  môme  un  peu  plus  tard^ . 

Il  y  avait  deux  rédactions  différentes  de  cet  ouvrage; 
l'une  plus  longue,  dédiée  à  Jean,  évéque  de  Dara,  semble 
avoir  été  disposée  en  une  série  de  courts  chapitres  portant 
des  titresparticuliers.il  ne  nous  en  reste  que  les  nombreuses 
citations  de  Grégoire  Bar  Hébréus  et  un  fragment  conservé 
dans  le  cod.  cxliv  de  la  Bibliothèque  Vaticane,  publié  par 
Assémani*. 

La  rédaction  plus  courte  a  obtenu  le  nom  de  Chronique. 
Elle  nous  est  parvenue  dans  un  manuscrit,  unique  jusqu'à  ce 
jour,  conservé  à  la  Bibliothèque  Vaticane.  Assémani  le 
décrit  dans  son  Catalogua  Bibliothecœ  Vaticanœ  sous  le 
n^CLxii,  en  ces  termes':  «  Codex  in-folio,  membranaceus, 
pervetustus,  foliis  constans  174,  Syracis  Stronghylis  litteris 
exaratusV  »  Plus  loin,  il  ajoute:  «  Unus  ex  codicibus,  quos 
Moyses  Nisibenus,  cœnobiarcha,  e  Mesopotamia  in  Sce- 
tense  S.  Marias  Syrorum  monasteriumintulit*,  »  et  il  termine 
en  disant:  (ds  codex,  initio  et  fine  mutilas,  ante  annum 
GraBCorum  1S43,  Christi  932,  exaratus.  »  Mais  comme  l'a 


1.  Bar  Hbbr.,  CAro/i.  eccl,,  1,  383-385. 

2.  BM.  Or.,  II,  72-74.—  Cfr.  Cat.  Bibl.  Vat,,  III,  232. 

3.  Tom.  III,  p.  328.  Cfr.  BibL  Or.,  t.  II,  pp.  98-99. 

4.  Tallberg  (p.  11)  fait  cette  remarque  :  «  Liiterae  atronghylaeyiie  quodam 
eerte  nomiDari  possunt;  ad  morem  tamen  aetatum  posteriorum  ita  sunt 
accommodatae,  utperpaucaetantum  modo  formam  vere  antiquam  ostendant.  » 

5.  C'est  en  Tan  932  qae  Moyse  fit  une  ample  collection  de  manuscrits 
pour  la  Bibliothèque  du  couvent  de  Scété.  La  plupart  de  ces  volumes  sont 
aujourd'hui  au  British  Muséum.  V.  Wright,  Cat.  o/syr.  ms.,  préface. 


XXX  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ 

fait  observer  Wright \  aucune  note  du  manuscrit  ne  justifie 
ces  dernières  assertions*. 

Cette  Chronique,  beaucoup  plus  courte  que  les  Annales, 
est  disposée  par  années,  à  la  manière  du  Chronicon  d'Eusèbe. 
Denys  l'avait  dédiée  à  Georges,  chorévéque  d'Amida',  à 
Eutélius,  archimandrite*,  au  périodeute  Lazare,  au  moine 
Anastase,  et  aux  autres  frères  du  couvent. 

D'après  le  témoignage  de  Tauteur  lui-même,  dans  la 
préface  qui  se  trouve  au  commencement  de  la  quatrième 
partie*,  la  Chronique  s'étendait  depuis  le  commencement  du 
monde  jusqu'à  l'année  1086  des  Grecs  (774-775  de  notre  ère). 
Cette  même  préface  explique  la  distribution  de  l'ouvrage  en 
quatre  sections  distinctes. 

La  première  va  depuis  l'origine  du  monde  jusqu'à  Cons- 
tantin le  Grand.  L'auteur  suit,  comme  autorité  principale,  le 
Chronicorum  Canonum  Liber  d'Eusèbe,  mais  il  a  aussi  fait 
appel  à  d'autres  documents  et  y  a  incorporé  des  extraits  de 
V Histoire  ecclésiastique  du  même  auteur,  de  la  Chrono- 
graphie  de  Jules  Africain,  du  Chronicon  Edessenum^ ,  de  la 
Me^arYath  Gassê  ou  Caverne  des  Trésors  \  du  Roman 
d* Alexandre* ,  de  VHistoire  des  Sept  Dormants*,  de  la 
Guerre  juive  de  Josèphe. 

Le  texte  de  cette  première  partie  a  été  publié  de  1848  à 
1851,  par  les  soins  de  TuUberg,  sous  la  forme,  chez  nous 
insolite,  de  trente-deux  thèses  inaugurales  soutenues  par 

1.  Syriac  Literature,  p.  200|  n.  S. 

2.  Voir  de  plus  amples  détails  sur  ce  ms.,  dans  notre  préface  du  texte 
syriaque. 

3.  Cf.  ci-dessous,  p.  %. 

4.  Probablement  du  couvent  de  Zouqenin.  C'est  sans  doute  ce  Mar  Eutal 
dont  il  est  question  dans  la  Chronique.  Cf.  ci-dessous,  p.  86. 

5.  Voir  ci-dessous,  pp.  1-2. 

6.  Cf.  sur  cet  ouvrage  Wright.  Syriac  LiteraturCy  p.  101. 

7.  Ouvrage  traduit  en  allemand  par  Bezold,  Die  SchaUhôhle,  1883.  Le  texte 
Syriaque  a  paru  seulement  en  1888.  Cfr.  Syriac  Literature,  p.  98. 

8.  Publié  et  traduit  en   anglais  par  Budge,  The   Hiftory  of  Alewander, 
Cambridge,  1889.  —  Cfr.  Syriac  Lit.,  p.  139. 

9.  Cfr.  GuiDi.  Testi  Orientali  inediti  ëopra  i  Sette  Dormienti  di  Efeêo  (Reale 
Accad.  dei  Lincei,  ISSdj.—Cf.  Syr,  Lit.,  p.  34,  n.  3. 


INTRODUCTION  XXXI 

autant  de  ses  élèves.  La  collection  de  ces  thèses  a  été  ensuite 
réunie  eu  volume  sous  ce  titre  :  Dionysii  Tellmahhrensis 
Chronici  liber  primus,  e  codice  vaticano  edidit,  illustravit 
O.  F.  Tullberg\  —  Les  extraits  d'Eusèbe  ont  été  traduits  et 
comparés,  autant  que  faire  se  pouvait,  avec  l'original  grec,  la 
version  latine  de  saint  Jérôme  et  la  version  arménienne,  par 
Siegfried  et  Gelzer,  dans  l'ouvrage  intitulé  :  Eusebii  Cano- 
num  Epitome  ex  Dionysii  Telmahvensis  Chronico  petita*. 
Pour  la  seconde  partie,  qui  va  de  Constantin  à  Théodose 
le  Jeune  (374-408),  Denys  s'est  surtout  servi  de  Socrate. 
Cette  partie  ne  présente  pas  beaucoup  d'intérêt,  et  pourrait 
tout  au  plus  servir  à  contrôler  quelques  leçons  douteuses  du 
texte  original  de  l'historien  grec. 

La  partie  la  plus  intéressante  del'ouvrageestcertainement 
la  troisième.  Elle  embrasse  la  période  qui  s'étend  de  Théo- 
dose le  Jeune  à  Justin  II  (408-565).  L'auteur  y  a  suivi  prin- 
cipalement Jean  d'Asie  ou  d'Éphèse,  son  compatriote.  Il  y  a 
inséré  en  entier  la  précieuse  Chronique  de  Josué  le  Stylite  et 
la  Lettre  de  Siméon  de  Beit  Arsam  sur  les  martyrs  Hymia- 
rites.  Ces  différents  ouvrages  ont  été  édités  et  leur  publi- 
cation rend  à  peu  près  inutile  celle  du  texte  de  DenysV 

1.  UpsalsB.  1851,  4«.  —  Cf.  Land,  Johannes  BLschof  con  Ephesos.  pp.  39- 
41.  —  La  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  langues  orientales  vivantes,  à  Paris, 
possède  un  exemplaire  de  cet  ouvrage  formé  de  la  collection  même  des 
thèses.  Voici,  à  titre  de  curiosité  bibliographique,les  noms  de  ceux  qui  ont  con- 
tribué delà  sorte  à  la  publication  de  ce  volume  :  J.  Rosell;  J.  E.  Ligner; 
F-  G.  Ligner;  G.  F.  Koraen;  S.  A.  LeflQer;  A.  F.  Rosengren;  A.  W. 
Ekman;  S.  Brandell;  L.  A.  Wadner;  S.  A.  l^ffler;  H.  L  Rydin;  A.  J. 
Nordenstam;  G.  F.  Koraen;  O.  F.  Bursie;  C  A.  Lindstrôm:  V.  E. 
SchuUz;  S.  D.  Fougberg;J.  L.  Carlberg;!  U.  Sôrensson;C.  F.  Lind- 
gren;  M.  A.  Wendbladh;  A.  M.  Rydberg;  A.  F.  Rosengren;  A.  L.  Moss- 
bcrg;  J.  I  Brodén;  F.  VVallin  (1848);  G.  C  Carlberg;  G  V.  Engeibrecht 
(1849);  S.  S.  Forsgàrd  (1850)  ;  C.  H.  Bergman;  C.  V.  Charleville;  C.  J. 
Sandberg  (1851). 

2.  Berlin,  1884.  —  Cfr.  Gutschmid,  Untersuchungen  ûber  d.  syrische 
Epitome  der  Euacbischen  Canonca  (1886) .  Le  texte  n'a  pas  été  toujours 
fidèlement  traduit. 

3.  Tfie  third  ftart  of  the  ecclesiastical  history  ofJohn  bÎAhop  of  Ephesus 
now  firsi  eded  b.  W.  Cuurton  (Oxford,  1853).  Il  y  a  une  traduction  anglaise 
de  Payne  Smith  (1860)  et  une  allemande  de  Schônfelder(lS62).—  Johannis, 
episcop.    Ephes.,   scripta  historica    quotquot    adhuc  inedita   supersunt. 


XXXIl  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 

Enfin,  la  quatrième  partie,  qui  forme  l'œuvre  originale  de 
l'auteur,  va  depuis  la  mort  de  Justin  II  jusqu'à  l'année  1086 
des  Séleucides  (774-775  de  notre  ère).  C'est  l'objet  de  notre 
publication.  Le  manuscrit  incomplet  s'arrête  à  l'année  1085. 

Assurément,  cet  ouvrage  n'a  pas  l'importance  de  la  Chro- 
nique de  Jean  d'Asie,  et  l'analyse  assez  complète  qui  en  a 
été  donnée  par  Assémani*  diminue  encore  l'intérêt  histo- 
rique qui  s'attache  à  ce  texte.  Cependant,  comme  on  le 
verra,  bien  des  détails,  qui  ne  pouvaient  entrer  dans  le  cadre 
d'un  résumé,  méritaient  d'être  connus  et  publiés. 

Si  les  historiens  n'ont  pas  l'occasion  de  faire  une  ample 
moisson  dans  ce  champ  assez  vaste,  il  n'en  sera  pas  de  même 
des  philologues.  En  eflEet,  dans  le  texte  de  Denys,  outre  des 
constructions  de  phrases  particulières  à  l'époque  de  déca- 
dence littéraire  où  il  vivait  et  dans  lesquelles  l'influence  de 
la  syntaxe  arabe  se  fait  trop  sentir,  on  trouve  aussi  un 
assez  grand  nombre  de  formes  jusqu'ici  sans  exemple,  et 
plusieurs  mots  usités  avec  des  significations  nouvelles  ou 
dont  l'emploi  justifie  des  acceptions  regardées  encore  comme 
douteuses'. 

Pour  ces  motifs  nous  n'avons  pas  cru  devoir  supprimer 
les  longues  et  fastidieuses  digressions  de  l'auteur  ni  les  inter- 
minables lamentations  auxquelles  il  se  laisse  aller  en  parlant 
des  malheurs  qui  accablèrent  la  Syrie  pendant  les  dernières 
années. 


syriace  edidit  J.  P.  N.  Landi  {Anecd.  ayr,,  t.  II).  Cfr.  Syr.  Literat.,  p.  108 
sqq.  —  Chronique  de  Josué  le  StylUe,  éditée  par  P.  Martin,  1876  (dans  le 
vol.  VI  des  Abhandlungen  fur  die  Kunde  der  Morgenlandes);  The  Chronicle 
ofJoshua  the  Stylite,  by  Wright,  1882.  Cf.  Syr.  Liter.,  p.  78.— Guidi.  La 
Lettera  diSimeone  Vcscoro  di  Bet/i-Aredm  eopra  i  Martiri  Omen tt.  (Reale 
Ace.  dei  Lincei;  Roma,  1881). 

1.  Bibl.  Or,,  II.  pp.  98-116. 

2.  Voir  la  préface  du  texte  syriaque. 


INTRODUCTION  XXXIII 


III 


Il  nous  faut  dire  un  mot,  en  terminant,  des  principes  dont 
nous  nous  sommes  inspiré  dans  cette  publication. 

Nous  avons  réuni  dans  la  courte  introduction  qui  précède 
le  texte  syriaque  un  certain  nombre  d'observations  philo- 
logiques destinées  à  compléter  celles  de  Tullberg\ 

Nous  nous  sommes  efforce  de  donner  une  traduction  aussi 
littérale  que  possible,  sacrifiant  volontiers  l'élégance  à  la 
fidélité.  Les  notes  sont  peu  nombreuses.  Nous  nous  sommes 
borné  le  plus  souvent  à  renvoyer  aux  historiens  qui  ont  traité 
les  mêmes  sujets.  Pour  donner  un  commentaire  du  texte  de 
Denys,  vu  la  concision  de  ses  notices  et  l'étendue  des  matières 
qu'il  traite,  il  faudrait  écrire  une  histoire  complète  de  l'Orient 
aux  vi«-vii«  siècles  de  notre  ère.  Tel  n'était  pas  notre  but. 
Nous  nous  sommes  simplement  proposé  de  procurer  à  ceux 
qui  voudront  à  l'avenir  traiter  cette  matière  un  document 
nouveau  et  complet,  en  mettant  au  jour  un  ouvrage  im- 
portant pour  l'histoire  de  la  littérature  syriaque. 

Les  données  chronologiques  de  Denys  sont  pour  la  plupart 
fautives*.  Pour  éviter  de  multiplier  les  notes,  nous  avons 
préféré  les  redresser  d'une  manière  générale  dans  les  tableaux 
synoptiques  qui  font  suite  à  cette  Introduction'.  Nous  ferons 
aussi  remarquer  à  ce  sujet  que  notre  auteur  ne  suit  pas  tou- 

1.  Dans  la  préface  mise  en  tète  de  Touvrage  cité  plus  haut. 

2  Denys  se  sert  dans  le  cours  de  son  ouvrage  de  trois  époques  :  1*  de 
l'époque  du  monde,  depuis  l'origine  jusqu'à  Abraham;  2*  de  l'époque  de  la 
vocation  d*Abrabam  jusqu'à  Constantin;  3°  de  Tëre  des  Séleucides  depuis 
Constantin  jusqu'à  la  fin.  —  Assémaui  fait  observer  {BibL  Or.,  II,  101)  que 
dans  cette  dernière  chronologie,  beaucoup  de  faits  sont  placés  dix  ans  trop 
tard,  ce  qui  pourrait  donner  à  penser  que  l'auteur  se  servait  d'une  ère  spé- 
ciale. Nous  ne  le  croyons  pas.  Nous  pensons  qu'il  faut  attribuer  ces  erreurs, 
soit  aux  indications  erronées  des  sources  auxquelles  l'auteur  a  puisé,  soit 
au  peu  d'importance  qu'il  attribuait,  comme  il  le  déclare  lui-même  (cf. 
p.  2,  s.  f.),  à  la  date  des  événements,  soit  à  la  difficulté  qu'il  avait  d'établir 
une  concordance  exacte  entre  les  dates  des  différentes  ères  (cf.  pp.  11-12). 

3.  Ces  tables  permettront  au  lecteur  de  redresser  les  erreurs  qui  se  rencon- 


XXXIV  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 

jours,  dans  son  récit,  Tordre  chronologique  et  que  certains 
faits,  dont  Tannée  est  déterminée  avec  précision,  sont  rap- 
portés antérieurement  ou  postérieurement*.  Assémani,  dans 
son  analyse,  a  transposé  ces  données,  comme  il  Tavait  fait 
pour  le  texte  même  du  Chronicon  Edessenum*.  Nous  avons 
cru  préférable  de  suivre  le  texte  du  manuscrit'. 

Les  chiffres  en  caractères  gras  insérés  entre  crochets  dans 
la  traduction  indiquent  la  correspondance  des  pages  du  texte 
syriaque.  —  Les  citations  bibliques  sont  indiquées  d'après 
Tédition  de  la  Pesitta^  donnée  par  Lée*.  (Londres,  1826.) 

Nous  remercions  sincèrement  tous  ceux  qui  ont  bien 
voulu  nous  aider  de  leurs  conseils  dans  notre  travail,  et  en 
particulier  M.  le  professeur  L  Guidi,  qui  a  eu  Tobligeance 
de  mettre  à  notre  disposition  sa  propre  copie  du  manuscrit 
du  Vatican*,  et  qui  de  plus  a  pris  la  peine  de  coUationner 
nos  épreuves  sur  ce  dernier  pour  tous  les  points  douteux  et 
spécialement  pour  les  noms  propres. 


trent  dans  la  quatrième  partie  de  la  Chronique.  Comme  Denys  rapporte  un 
certain  nombre  d'événements  qui  se  sont  passés  en  Armônie,  nous  avons 
cru  bon  de  joindre  à  la  liste  des  empereurs  de  Constantinople  et  à  celle  des 
khalifes  un  tableau  chronologique  des  princes  arméniens,  que  nous  avons 
emprunté  aux  Mémoires  historiques  et  géographiques  de  Saint-Martin 
(t.  I,  p.  474)  en  conservant  Torthographe  des  noms  propres  donnée  par  cet 
auteur.  Nous  y  ajoutons  un  tableau  comparatif  des  dates  fournies  par  Denys 
et  Bar  Hébréus  relativement  aux  patriarches  jacobites  d'Antioche. 

1.  Voir  par  exemple,  pp.  10  et  11:  66  et  67. 

2.  Cf.  Hallikr,  Untcrsuchungen  ûber  die  edessenische  Chronik;  Leip- 
zig, 1892. 

'  3.  La  méthode  d'Assémani  a  l'inconvénient  de  faire  disparaître  des  élé- 
ments d'information  sur  les  sources  des  écrivains.  Nous  avons  donc  reproduit 
le  texte  tel  qu'il  se  présente  dans  le  manuscrit,  en  tenant  compte  toutefois  de 
la  transposition  d'un  cahier  entier  et  de  quelques  feuillets  séparés,  due  à 
Vinatlention  du  relieur  (V.  la  préface  du  texie  syriaque). 

4.  Nous  avons  préparé  notre  travail  à  l'aide  du  ms.  285  de  la  Bibl.  Natio- 
nale. C'est  une  copie  du  msc.  du  Vatican  exécutée  à  Rome,  en  1867,  par 
l'abbé  P.  Martin.  Elle  s'arrête  au  fol.  153  b  du  ms.  de  Rome  et  renferme 
beaucoup  d'inexactitudes.  Nous  avons  eu  aussi  à  notre  disposition,  pour  la 
partie  qui  va  du  fol.  153  &  à  la  fin  du  ms.,  une  autre  copie  que  M.  l'abbé 
Graffln  avait  fait  jadis  exécuter  à  Rome,  et  qu'il  nous  a  communiquée  avec 
beaucoup  d'obligeance.  Même  avec  le  secours  de  cette  double  copie,  il 
nous  eût  été  impossible  d'éditer  le  texte  sans  la  nouvelle  collation  que 
M.  Guidi  a  eu  la  bonté  de  nous  faire. 


TABLES  CHRONOLOGIQUES 


'[Voir  ci-dessus t  p,  XXXIII,  n,  3.] 


I.  —  Empereurs  de  CSonstantinople 


LISTE    ET     DATES* 
VÉRITABLES 

Jnstinien  1 527 

Justin  II 565 


Tibère  II 578 


Maurice 582 

Phocas 602 

Héraclius 610 

Héraclius-Constantin. .  641 

Héracléonas-Constantin  641 

Constant  II 641 

Constantin  1 1 1  Pogonat  668 

Juslinien  II  (l^) 685 

Léonce 695 

Tibère  [III]  Apsimare.  698 

Juslinien  II  (2o) 705 

Philippique 711 

Anastase  II 713 

Théodose  III 716 

Léon  III,  Vlèaurien..,  717 
Constantin  IV,  Copro- 

nyme 741 

Léon  IV,  /c  Khazare, .  775 


liste  et   dates* 
d'après  denys 


Justinien 

Justinien  IV  [avec  Ti- 
bère   587 

Tibère  (seul] 590 

Maurice 594 

Maurice  [aliani]  et  Théo- 
dose  son  fils 601 

Phocas 612 

Héraclius 622 

Constantin  le  Jeune  . . .  654 

Constantin 655 

Constantin  [alian] 681 

Justinien 697 

Léonce 707 

Tibère- Apsimare 711 

Justinien  [aliiis] 

Philippique 

Anastase 

Théodose- Constantin. . 

Léon 717» 

Constantin 741 

(Léon  IV) 775» 


1.  Les  dates  sont  ceUes  de  ravènement. 

i.  Cf.  p.  U.  —  3.  Cf.  p.  14  et  p.  28.  —  4.  Cf.  p.  2S. 


XXXVI 


DENYS  DB  TELL-MAHRÉ 


U.  -  Khaliles. 


LISTE  ET  DATES* 
COMMUNÉMENT   ADMISES 


Abou-Beckr 632 

Omar  1 634 

Otman 644 

*Ali 656 

Hassan 660 


LISTE  ET  DATES* 
DONNÉES  PAR  DENYS 


Mohammed 
Abou-Beckr, 
Omar(I)... 
Otman .   ... 


620' 
627 
632 
644 


*Abbas 656 


Omiades, 


Mo'awia  I  . . . 

YézidI 

Mo'awiall. .. 
Merwan  I . . . . 
Abdel -Mélik 

Walid  I 

Soliman 

Omar  II 

Yézidll 

Hiâam. 

Walid  II  ... . 
YézidlII.... 

Ibrabim 

Merwan  II.. . 


• . . . 


661 
680 
683 
684 
685 
705 
715 
717 
720 
724 
743 
744 
744 
744 


Mo'awia 662 

Yézid(I) 677 

Merwan  (I) 681 

*Abd  el-Malik 683 

Walid  (I) 703 

Soliman 712 

Omar  (II) 721» 

Yézid(II) 723 

Hiâam 727 

Walid  (II) 744 

Yézid(III) 744 

Ibrahim 745 

Merwan  (II) 746 


Abbaaaides. 


Aboul-'Abbas  alSaffah    750 

Abou-Djaffar  al-Man- 
sour 754 


*  Abdallah  Ibn  Moham- 
med      749* 

^Abdallah  Ibn  Moham- 
med»      754 


1.  Les  dates  sont  celles  de  ravènement. 

2.  Cf.  p.  5,  U.  21  et  32.  —3.  V.  pp.  14  et  17;  cf.  p.  11.  1.  20.— 4.  Cf.  p.  43. 
-  5.  Cf.  pp.  55  et  62. 


TABLES  CHRONOLOGIQUES  XXXVII 

III.  —  Princes  ▲rméniens. 

Marzbans 
[ou  Gouverneurs  notnmôs  par  les  rois  de  Perse.] 

571.  Vartan,  surnommé  P'hok'hr  (le  Petit)  prince  de  Daron,  de 
la  race  des  Mamigonéans,  prince  indépendant,  soutenu  par 
les  Grecs,  qui  à  la  fin  fut  chassé  par  les  Persans. 

578.  Mihran-Djihrveghon,  Persan,  nommé  par  Chosroèsle  Grand. 

593.  Sempad,  surnommé  Pazmalaghth  (le  Victorieux)  de  la  race 
des  Pagratides,  nommé  par  Chosroès  II. 

601 .  David,  de  la  race  des  Saharhouniens,  nommé  par  Chosroès  II. 

625.  Varazdirots,  fils  de  Sempad,  nommé  par  Chosroès  II. 

Gouoerneura 

[nommas  par  les  Empereurs  de  Coustautinople  et  par  les  Khalifes  de 
Damas  et  de  Baghdad.  appelés  par  les  Arméniens  Osdigans,  et  décorés 
par  les  Empereurs  des  titres  de  Patrice  et  de  Curopalate.] 

632.  David,  ancien  marzban,  nommé  par  Héraclius. 

635.  Troubles  pendant  une  année. 

636.  Théodore,  prince  des  Rheschdouniens,  nommé  par  Héraclius. 

643.  Varazdirots,  ancien  marzban,  nommé  par  Constant  II. 

644 .  Sempad,  fils  de  Varazdirots. 

654 .  Hamazasb,  de  la  race  des  Mamigonéans,  61s  de  David,  prince 

de  Daron,  nommé  par  le  patriarche  et  les  grands  du  pays  ; 

tributaire  de  l'empereur  et  du  khalife. 
659.  Grégoire,  frère  de  Hamazasb,  nommé  par  Mo'awia. 
683.  Troubles  pendant  deux  ans. 
685.  Aschod,  6Is  de  Piourad,  de  la  race  des  Pagratides,  patrice 

tributaire  de  l'empereur  et  du  khalife. 
690.  Nerseh,  prince  de  Schirag,  de  la  race  des  Gamsaragans, 

nommé  par  Justinien  II. 
693.  Abd- Allah,  premier  gouverneur  Musulman,   envoyé   par 

AbdAlmélik. 
695.  Sempad,  de  la  race  des  Pagratides,  frère  d'Aschod,  fils  de 

Piourad;  curopalate,  nommé  par  Léonce. 
704.  Kasem,  gouverneur  envoyé  par  Abd-Almélik. 
717.  Walid,  envoyé  par  le  khalife  Omar. 

727.  Mohammed,  fils  du  khalife  Merwan  I,  envoyé  par  Yézid  II. 
732.  Abd-Alaziz,  envoyé  par  Hescham. 


xxxvni 


DENYS  DE   TELL-MAHRÉ 


737.  Merwan  (depuis  lors  khalife),  envoyé  par  Hescham. 

743.  Aschod,  fils  de  Sahag  [Vasag?]  (Pagratide),  nommé  prince 

des  princes  de  l'Arménie  et  patrice  par  Merwan  II. 
758.  Yézid,  nommé  par  Abou-Djafar-Almansour. 
760.  Sahag,  fils  de  Pakarad,  de  la  race  des  Pagratides,  nommé 

par  Yézidy  déposé  par  Almansour. 
766.  Souleîman,  envoyé  par  Almansour. 
769.  Bekir,  envoyé  par  le  même  khalife. 
778.  Hasan,  envoyé  par  le  khalife  Mohammed-Mahady. 
781.  Les   princes   Arméniens  sont  indépendants  et  sans    chef 

pendant  cinq  ans. 


IV.  —  Patriarches  d'Jjitioche. 

DATE*    DE   LA   MORT 
d*après 


Denyt. 

Pierre  de  Callinice 902 

Julien  I (omitt.) 

Athanase  le  Chamellier 955 

Jean  1 961 

Théodore 976 

Sévère  Bar-Maâka 994 

Athanase  II 1015 

Julien  II 1019 

Elias 1040 

Athanase  III 

Jean  II 

Isaac 1066 

Athanase  (IV)  Sandalaja 

Georges 

Joseph 

Cyriaque 

Denys  de  Tell-Mahré 


Barfaébréoi. 

902 

906 

942 

960 

978 

991 

998 

1019 

1034 

1051 

1066 

1067 

1069 

1101 

1103 

1128 

1156 


1.  Les  années  sont  celles  de  l'ère  des  Séleucides. 


CITATIONS  BIBLIQUES 


[Cette  table  comprend  l'indication  des  citations  textuelles  et  des 
passages  auxquels  il  est  manifestement  fait  allusion.  Comme  l'au- 
teur semble  souvent  citer  de  mémoire,  on  ne  peut  malheureuse- 
ment pas,  d'après  son  texte,  conjecturer  l'état  de  la  recension  des 
Écritures  dont  il  faisait  usage.  Tout  ce  qu'on  peut  affirmer,  c'est 
qu'elle  s'écartait  peu  du  texte  ordinaire  de  la  PeSitta.  —  On  remar- 
quera qu'il  cite  V Ecclésiastique  et  Tobie.] 


Ancien  Testament. 


GBNÈSB 

I.  s,  14 73 

I,  22-24 18 

m,  6 51 

IV 150 

XTiii,  17-20 149 

XLX,  24 71 

EXODB 

▼.9 98 

XX,  12-17 150 

LÉVITIQUB 
XXV,  37 91,151 

DEUTÉRONOME 
▼,16-21 150 

XXIII,  19 92 

XXVIII,  61 143 

XXXII,  7 2,  110 

XXXII,  15 83,  98 

XXXII,  16.  17. . . .     73 

xxxii,  22,  24 128 

XXXII»  46 2 


JOB 

111,24 76.164 

111.25 59,  164 

XIII,  27 142 

XXXIX,  29 112 

I    SAMUEL 

IV 71 

XVI 91 

II    ROIS 

II 21 

XII 57 

I   CHRONIQUES 
XXVllI,  9 147 

PSAUMES 

X.7 151 

XII,  2-3 151 

XV,  4-5 151 

XVII,  4 150 

xviu,  15 112 


xviii,  38,  39,  42.  43     91 

XXXV,  10 77 

XXXVI,  6 35 

xxxvii.  1-2 93 

XXXVII,  21 153 

Lv.  21 133 

Lv,  22 152 

Lviii,  2 151 

Lix,  6 155 

Lx,  3 163 

LXiv,  3-7 155 

LXiv.  79 112 

Lxviii,  22 77 

LXXVI,  10,  11 ... .    142 

LXXVIll,  30 20 

Lxxviii,  46 53 

LXXVIll,  48-49  ...      98 
ijcxix,  1.. .  116,  141 

Lxxix,  1-2 114 

Lxxix,  3-7,9, 10..   116 

LXXXll,  5 19 

LXXXIV,  7 171 

xcii,  6 19 

c,  5 150 

civ,  22-23 45 

cvi,  40-43 116 


XL 


DENYS    DE  TELL-MAHRÉ 


cvii,  27 40 

cix.  16 79 

cix.  17 155 

cxviii,  24 57 

PROVERBES 

XV.  25 93 

XIX,  25. . . .   116,  141 

XXVI,  11 117 

XXIX,  12.  91,141,164 

ECCLÉSIASTE 

1,15 130 

II,  14  ..••••••••     i,X^ 

v,9 125 

XIII,  23 113 


[ecclésiastique 


XIX,  26 


I9A1E 


86] 


I,  11-15 115 

I,  21-23 155 

I,  23-24.  84,  110,  165 

m,  4 155 

III.  4-5 46 

111,9 157 

m,  12 153 

111,1724 132 

V,  25 116 

VI,  13 76 

VII,  18-19 43 

VIII,  15 163 

IX,  17 100 

IX,  21 148 

x,5 43,  142 

X,  5-6 2,  100 

X,  Uf   14  •  .  •  ■  •      •  •  XvAJ 

X,  23 171 

X,  24-25 132 

X,  28 100,  108 

X,  32 100 

XIII,  7 38 

XIII,  14,  21,  22.  . .  168 

XIV,  17 91 

XV,  2   38 

XXI,   •'••      ••••••  f  t7 

XXIV,  1-11. 166 

XXIV,  4 37 


XXIV,  7 169 

XXIV,  16-20 165 

XXIV,  18 173 

XXIV,  19 34,  42 

XXIV,  20 64 

XXVI,  20 132 

XXVIII,  10 171 

XXVIII,  16 163 

xxiz,  9 34 

XXIX,  14 139 

XXXVII,  29,  34. . . .  75 

xu,25 40 

Lvi,  8 27 


OSÉE 


IX,  7-8. . . 

XIII,  8,  15. 

XIV,  1.. . . 


167 
109 
109 


JOËL 


I,  2-4 53.  106 

1,3 110 

1,5,6,7 109 

1,9 169 

1,13,15 33,  132 

II,  2-7 44 

AM03 

IV,  7-8 146 

IV,  9 52 

IV,  10 37,  67 

VIII,  4-7,  10 145 

VIII,  8 33 

IX,  2 163 


ABDIAS 


4. 
6 


163,  167 
....  167 


MICHÉB 

11,1,2 155 

v,9 67 

VI,  12-15 155 

VI,  15 145 

VII,  2-3 154 

VII.6 96 

VII,  15 155 


NAHUM 


IL  4,  11 44 

III.  16 168 


HABACUC 


1,6.... 
L  10  .  .  . 
II,  15,  16 


45 

46 

163 


SOPHONIB 


I.  8,  9,  13,  15,  17.  139 

11,10 139 

111,3-5 155 

111,4 115 

AGGÉB 

I,  9-11 145 

ZACHARIE 

XIV,  6  (t) 159 

JÉRÉMIE 

1.14 40 

IV,  22-23...    1.57,  168 

V,  5-6 157 

VI,  21-25 39 

VII,  33-34 158 

VIII,  1-3. 158 

VIII,  21. 33 

IX,  1. 10 32 

IX,  15 54,144 

IX,  15-16. 142,168,176 

IX,  17 33 

IX,  18, 20-22 32 

IX,  45 136 

XII,  13 51 

XIV,  2-6 31 

XV,  1-4 31,171 

XXIII,  15 176 

XXIV,  10  ... .  34,  176 

XXV,  15 144 

XXV,  15-17 162 

XXV,  27,29-31 162 

XXIX,  17 146 

XXXVIII,  16 163 

XLVUi,  43-44 79 

Li,  46 171 

Li,  58 56 


CITATIONS  BIBLIQUES 


XLI 


LAMENTATIONS 

I,  4.6.9,  10 175 

1.8,10 140 

"»6»7 140 

11,8 56 

11,15.17 143 

m»  49-54 173 


v,2. 
V,  12 


EZECHIEL 


h  12... 
VII,  17 
XII,  8. 
XII,  28. 


175 
143 


133 
38 
98 

119 


DANIEL 


[tobie 


XII,  7 


97 


15] 


Nouveau  Testament. 


s.  MATTHIEU 

VII.  15-19 85 

VII,  5 117 

X.  14 19 

XXII,  37,  39,40...  149 

XXIV,  6 68 

XXIV.  u 158 

XXIV.  16, 19-21...  68 

XXIV,  23.  24,  26. .  .  117 

XXIV,  29 68 

S.   MARC 
XIII.  24 68 


8.    LUC 

IX,  5 

19 

IX.  23 

99 

X,  10 

19 

XXI,  25 

68 

S.  JEAN 

XI,  34 

16 

ACTES 

IL  19 112 

11,20 68 

XII,  23 175 

XX,  29 70,85 


I    CORINTHIENS 

1,19 139 

1    TLMOTHÉE 

VI.  10 125,  147 

HÉBREUX 
L  1,  2 131 

XI,  13 92 

APOCALYPSE 

XIX,  20 124 

XX.  4 104 


•»» 


ERRATA 


Page  IX,  1.  12;  après  Tell-Mahré,  ajoutez  :  «  aujourd'hui  Tell 
el-Menahir,  » 

Page  80, 1.  9;  au  lieu  de  a  Callinice  »,  lisez  :  ((  Qaliqala  ». 


CHRONIQUE 

DE 


DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 


QUATRIÈME    PARTIE 


[Préface'] 


Cette  Chronique  commence  à  l'origine  du  monde  et  court  jusqu'à 
la  naissance  d'Abraham  et  au  royaume  de  Ninus  qui  fonda  Ninive 
et  y  régna  cinquante-deux  ans.  Or,  le  patriarche  Abraham  est  né 
la  quarante-deuxième  année  du  règne  de  Ninus,  au  témoignage 
d'Eusèbe  à  qui  nous  avons  emprunté  les  matériaux  de  cette  his- 
toire jusqu'au  temps  du  fidèle  empereur  Constantin. 

Depuis  cette  époque,  jusqu'à  Théodose  le  Jeune,  nous  avons 
suivi  le  novatien  Socrate*. 

Depuis  Théodose  jusqu'à  l'empereur  Justinien  *,  c'est-à-dire 
jusqu'à  l'an  885  des  Grecs,  nous  avons  eu  pour  guide  saint  Jean, 
évèque  d'Asie  *. 

Depuis  ce  temps,  jusqu'à  l'année  dans  laquelle  nous  sommes 
actuellement,  c'est-à-dire  l'an  1086  d'Alexandre,  158  de  l'Hégire, 
nous  n'avons  trouvé  personne  qui,  à  l'exemple  des  anciens  écri- 
vains, ait  décrit  soigneusement  l'histoire  et  les  cruelles  calamités 
qui  sont  survenues  du  temps  de  nos  pères  ou  du  nôtre,  notamment 
cette  tempête  de  tribulations  [2]  que  nous  avons  soufferte  à  cause 
de  nos  péchés  quand  nous  avons  été  livrés  entre  les  mains  des 
Assyriens  et  des  Barbares. 

1.  Cette  préface  mise  par  Denys  en  tête  de  la  partie  originale  de  son 
œuvre  fait  suite  au  rôcit  précédent,  dans  le  msc,  sans  aucune  interruption. 

2.  Lire  Justin  II.  ->  Voir  page  3,  note  1. 

.3.  La  question  de  savoir  si  l'historien  Socrate  appartenait  à  la  secte  des 
Novatiens  n'est  pas  élucidée.  Le  témoignage  de  Denys  a  donc  quelque 
importance. 

4.  Sur  Jean  d'Asie  ou  d'Éphèse  voir  Wright,  Syriac  Literature,  nou- 
velle édition,  1894,  pp.  102-107.  —  Ouchbsne,  Jean  d'Asie^  historien 
ecclésiastique,  lecture  faite  à  la  réunion  annuelle  de  l'Institut  (25  oct.  Id92). 

1 


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2  CHRONIQUE 

Or,  afin  de  conserver  la  mémoire  de  ces  temps  calamiteux  et  de 
la  cruelle  affliction  que  la  terre  a  soufferte  de  nos  jours  de  la  part 
des  Assyriens, — que  le  Prophète  désigne  quand  il  dit  *  :  «  Assur 
est  la  verge  de  ma  fureur,  le  bâton  de  mon  indignation  est  dans  leurs 
mains;  je  les  enverrai  vers  une  nation  trompeuse  et  je  leur  donne- 
rai des  ordres  touchant  le  peuple  de  ma  vengeance,  »  —  nous 
avons  voulu  faire  connaître  la  verge,  le  bâton  du  Seigneur,  qu'il  a 
livré  à  Assur  pour  châtier  la  terre,  et  qui  est  même  apparu  au  ciel 
pendant  plusieurs  jours  *.  Peut-être  ceux  qui  viendront  après  nous 
trembleront-ils,  craindront  le  Seigneur,  et  marcheront  devant  lui 
dans  la  justice,  de  peur  qu'eux-mêmes  ne  soient  livrés  comme  nous 
aux  mains  de  ce  loup  rapace. 

Il  est  écrit  '  :  a  Transmettez  à  vos  fils,  »  et  encore  *  :  «  Inter- 
roge ton  père  et  il  t'instruira;  demande  à  tes  ancêtres  et  ils  te  racon- 
teront. »  Or,  ayant  parcouru  nous-mêmes  beaucoup  de  pays  et 
n'ayant  point  trouvé  une  histoire  exacte  des  événements,  mais 
seulement  l'annotation  de  quelques  faits  particuliers,  nous  avons 
formé  le  dessein  de  réunir  par  ordre  dans  un  seul  livre,  les  choses 
que  nous  avons  apprises  des  vieillards  témoins  oculaires  ou  que 
nous  avons  vues  nous-mêmes.  Quiconque  trouvera  [ce  livre]  et  le 
regardera  avec  mépris  doit  savoir  que  ces  événements  si  divers  ne 
se  sont  pas  passés  dans  un  seul  lieu,  ni  dans  un  seul  royaume,  ni 
dans  une  seule  région.  Si  donc  il  rencontre  une  autre  chronique  qui 
ne  s'accorde  pas  avec  celle-ci,  qu'il  se  souvienne  que  les  écrivains 
antérieurs  eux-mêmes  ne  sont  pas  d'accord  entre  eux  ;  mais  l'un 
diminue,  l'autre  exagère,  l'un  écrit  sur  l'histoire  ecclésiastique, 
[3J  l'autre  sur  d'autres  sujets. 

Il  importe  peu  aux  hommes  sages  et  craignant  Dieu  [de  savoir] 
si  un  événement  s'est  passé  un  an  ou  deux  ans  plus  tôt  ou  plus 
tard;  mais  il  leur  suffit  de  connaître  les  châtiments  des  générations 
passées  pour  qu'ils  s'éloignent  eux-mêmes  de  l'iniquité  dans  la 
crainte  d'attirer  sur  eux  les  mêmes  fléaux. 

Prends  donc  garde  à  toi  et  crains  le  Seigneur  ton  Dieu,  de  peur 
qu'il  n'envoie  sur  toi  ces  afflictions. 

Nous  commençons  à  l'année  898*. 

1.  Is.,  X,  5-6. 

2.  Allusion  aux  phénomènes  météorologiques  (com<>tes,    étoiles  filantes, 
etc.)  que  l'auteur  enregistrera  plus  loin. 

3.  Deut  ,  XXXII,  46. 

4.  Deut.,  XXXII,  7. 

5.  De  l'ère  des  Séleucides.  Cette  année  commençait  au  1"  octobre  5d6de 
notre  ère. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ 


[4]  L'an  898,  mourut  l'empereur  Justinien  *  et  Justinien  IV 
régna  avec  Tibère-César. 

L'an  901  (589-590),  Justinien  mourut  et  Tibère  régna  seuL 

L'an  902  (590-591),  mourut  le  saint  patriarche  d'Antioche, 
Pierre  •. 

L'an  905  (593-594),  mourut  Tibère.  Il  eut  pour  successeur  Mau- 
rice qui  régna  huit  ans. 

L'an  912  (600-601),  il  y  eut  au  milieudu  jour  de  grandes  ténèbres  : 
les  étoiles  s'élevèrent  et  apparurent  comme  pendant  la  nuit.  Elles 
restèrent  environ  trois  heures,  après  quoi  les  ténèbres  se  dissipèrent 
et  le  jour  brilla  comme  auparavant.  —  Cette  année  mourut  Mau- 
rice. Un  autre  Maurice  et  Théodose  régnèrent  pendant  douze  ans'. 

L'an  914  (602-603),  Narsès,  général  des  Perses  *,  s'empara 
d'Ëdesse  \  Étant  entré  dans  la  ville,  il  fit  saisir  et  lapider  l'évèque 
Sévère*  qui  mourut  dans  ce  supplice. 

L'an  915(603-604),  saint  Athanase  fut  fait  patriarche  d'Antiochç  ^ 

L'an  916  (604-605).  Édesse  fut  prise  •. 

1.  Il  s'agit  de  Justin  II.  La  confusion  entre  les  noms  de  Justin  et  Justi- 
niea  est  chose  habituelle  chez  les  écrivains  syriens.  Le  Justinien  IV  dont 
il  est  question  ici.  n*a  jamais  existé.  Denys  a  adopté  Tau  née  893  comme 
date  de  la  mort  de  Justin  sur  la  foi  de  la  chronique  de  Jean  d'Asie,  qu'il  a 
suivie  dans  sa  troisième  partie.  Nous  avons  dit  dans  notre  introduction  ce 
qu'il  fallait  penser  de  la  chronologie  de  l'auteur.  Pour  la  rectification  des 
dates  le  lecteur  est  prié  de  se  reporter  aux  tableaux  synoptiques  que  nous 
avons  donnés  à  la  suite  de  cette  introduction. 

i.  Pierre  de  Callinice.  —  Voir  Bar  HiiBR.*:us,  Cfiron,  ceci.,  t.  I,  pp.  250 
sqq.  —  Wright,  Syr.  Lit.,  pp.  113-114. 

3.  Il  n'y  a  eu  qu'un  Maurice  qui  régna  vingt  ans.  Théodose  son  fils,  qui 
avait  été  associé  à  l'Empire,  fuUassassiné  avec  sos  frères  par  ordre  de  Phocas, 
mais  Khosroès  II  exploita  habilement  la  rumeur  populaire  qui  voulait  que 
le  jeune  prince  eût  échappé  au  massacre.  Cfr.  Thbophane,  Chronogr.,  ad 
aun.  muadi  6095;  Patr.  graec.  t.  CVIII,  coL  614.  Théo  pu  y  lacté,  lib.  VIII, 
cap.  ult. 

4.  Narsès  était  le  général  romain.  Khosroès  II  devait  son  trône  à  Maurice, 
et  voulut  venger  son  bienfaiteur.  Narsès,  s'allia  avec  le  roi  de  Perse  contre 
Phocas,  s'enferma  dans  Édesse  et  fit  lapider  Sévère  qui  lui  était  hostile. 

5.  Voir  RuBBNS  Duval,  Histoire  cTÉdèsfte,  pp.  222-223,  note  1. 

6.  Voir  R.  Duval,  Histoire  d* Édesse,  pp.  237-238. 

7.  Athanase  ne  succéda  pas  immédiatement  à  Pierre  (ci-dessus  ad  ann. 
90g),  mais  à  Julien.  Cf.  Assbmani,  Bibl,  or.,  II,  333;  Bar  Hbbr.cus.  Chron. 
eccL,  I,  259-260,  note. 

8.  Sot  la  vraie  date  de  la  prise  d'Édesse  (probablement  609),  cf.  R.  Duval, 
Histoire  d^ Édesse,  p.  223,  note  2. 


4  CHRONIQUE 

L'an  923  (611-612),  Maurice  fut  mis  à  mort  avec  Théodose,  son 
fils,  et  Phoeas  régna  huit  ans. 

L'an  928  (616-617).  Tempereur  Phoeas  ordonna  que  tous  les  Juifs 
placés  sous  sa  domination  reçussent  le  baptême  ^  Il  envoya  le 
préfet  Georges*  à  Jérusalem  et  dans  toute  la  Palestine  pour  les  con- 
traindre à  [5]  recevoir  le  baptême.  Celui-ci  descendit  [dans  ce  pays] 
et  réunit  tous  les  Juifs  de  Jérusalem  et  des  environs.  Les  princi- 
paux d'entre  eux  étant  entrés  en  sa  présence,  il  les  interpella  : 
«  Êles-vous  les  serviteurs  de  l'empereur?  »  —  «  Oui,  »  répondirent 
ceux-ci.  —  Il  reprit  :  «  Le  Seigneur  de  la  terre  'ordonne  que  vous 
soyez  baptisés.  »  —  Usgardèriint  le  silence  et  ne  répondirent  pas  un 
mot.  Le  préfet  leur  demanda  :  «  Pourquoi  ne  dites -vous  rien?  w 
L'un  des  principaux  d'entre  eux,  du  nom  de  Jonas,  répondit  en 
disant  :  «  Nous  consentons  à  faire  tout  ce  qu'ordonnera  le  Seigneur 
de  la  terre  ;  mais  pour  la  chose  présente  nous  ne  pouvons  la  faire, 
parce  que  le  temps  du  saint  baptême  n'est  pas  encore  venu.  »  Le 
préfet,  en  entendant  ces  paroles,  entra  dans  une  violente  colère;  il 
se  leva,  frappa  Jonas  au  visage,  et  leur  dit  :  «  Si  vous  êtes  servi- 
teurs, pourquoi  n'obéissez-vous  pas  à  votre  maître?  »  Puis  il  or- 
donna qu'ils  fussent  baptisés  et  les  força  tous,  bon  gré,  mal  gré,  à 
recevoir  le  baptême. 

A  cett«  époque  brillèrent  Jacques  le  Juif  *,  Athanase,  patriarche 
d'Antioche%  Jean,  évêque  des  Arabes*,  Siméon,  [évêque]  de 
Harran  ',  et  Cyriaque  [évêque]  d'Amida  V 

L'an  932(620-621)  les  Arabes  s'emparèrent  de  la  Palestine  et  [de 

1.  Plusieurs  auteurs  attribuent  l'édit  dont  il  est  ici  question  à  Héraclius. 
—  Cfr.  Baronius,  Ann.  ercL,  ad  ann.  614.  l^  nature  de  cette  persécution 
s'accorde  mieux  avec  le  caractère  de  Phoeas, 

2.  Il  y  eut  un  préfet  de  prétoire  de  ce  nom  sous  le  règne  de  Phoeas.  Un 
gouverneur  de   Cappadoce  du  même  nom  fut  mis  à  mort  lors  de  la  cons- 
piration qui  coûta  la  vie  à  la  veuve  de  Maurice  et  à  ses  filles.  S'il  s'agissait 
de  ce  personnage,  l'édit  dont  il  est  question  devrait  être  rapporté  aux  pre 
raiers  temps  du  règne  de  Phoeas. 

3.  Titre  qui  faisait  partie  du  protocole  des  empereurs  de  Byzance. 

4.  Peut-être  faudrait-il  corriger  le  texte  et  lire  Jacques  d'Édesse  ? 

5.  Cfr.  plus  haut,  p.  3,  n.  7. 

6.  «  Arabiae  episcopatus  duplex  fuit,  altor  Arabum  absolute  dictus,  alter 
Taalabensium  seu  Sunitarum.  Prior  sedem  habuit  in  Akula,  aliquaodo 
etiam  in  l$alada;  posterior  in  Hirta  Naamensis.  »  Assbmani,  Disnert.  de 
Syris  monoph . ,  p    65. 

7.  Les  Jacobites  le  regardent  comme  un  saint  et  célèbrent  sa  fête  le  3  janvier. 

8.  Cyriaque  fut  consacré  évêque  d'Amida  en  578  et  mourut  en  6:i3.  il 
rédigea  des  Canons  que  Bar  Hebrseus  cite  souvent  dans  son  Nornocanon. 
Cfr.  Bibl.  or.,  II,  90. 


DE   DENYS   DE    TELL-MAHRE  5 

toute  la  région]  jusqu'au  grand  fleuve  de  TEuphrate.  Les  Romains  se 
retirèrent,  et  passèrent  dans  la  région  orientale  de  TEuphrate  dont 
les  Arabes  se  rendirent  aussi  maîtres. 

Ceux-ci  eurent  pour  premier  roi  l'un  d'entre  eux  du  nom  de 
Mohammed,  celui  qu'ils  appelaient  le  Prophète,  parce  qu'il  les 
avait  détournés  de  cultes  divers,  leur  avait  enseigné  l'existence 
d'un  seul  Dieu,  créateur  de  l'Univers  et  leur  avait  donné  des  lois, 
tandis  qu'ils  étaient  adonnés  au  culte  des  démons  et  à  l'adoration 
des  idoles,  surtout  des  arbres.  Parce  qu'il  leur  enseigna  l'unité  de 
Dieu,  que  sous  sa  conduite  ils  triomphèrent  des  Romains,  et  qu'il 
[6]  leur  donna  des  lois  selon  leurs  désirs,  ils  l'appelèrent  Prophète, 
et  aussi  Envoyé  de  Dieu.  Ce  peuple  était  très  sensuel  et  charnel. 
Ils  méprisèrent  et  rejetèrent  toute  loi  qui  n'avait  point  pour  but  la 
satisfaction  de  leurs  désirs,  qu'elle  leur  eût  été  donnée  soit  par 
Mohammed,  soit  par  tout  autre  homme  craignant  Dieu  ;  mais  ils 
recurent  celle  qui  avait  pour  but  la  satisfaction  de  leur  volonté  et 
de  leurs  convoitises,  lors  même  qu'elle  leur  était  imposée  par  le 
plus  vil  d'entre  eux.  Ils  disaient:  «  Cela  a  été  établi  par  le  Prophète 
et  l'Envoyé  de  Dieu,  »  et  même  :  «  Ainsi  Dieu  le  lui  avait  pres- 
crit. » 

Mohammed  les  gouverna  pendant  sept  ans. 

L'an  933  (621-622),  l'empereur  des  Romains,  Phocas,  mourut,  et 
Héraclius  régna  à  sa  place  pendant  trente  et  un  ans^ 

L'an  934  (622-623),  mourut  Mar  Cyriaque,  évoque  d'Amida,  il 
eut  pour  successeur  Mar  Thomas. 

L'an  937  (625-626),  les  étoiles  du  ciel  filèrent  et  se  dirigèrent 
vers  le  Nord^  semblables  à  des  traits.  Elles  donnaient  aux  Romains 
un  présage  terrible  de  leur  défaite  et  de  l'envahissement  de  leurs 
terres  par  les  Arabes,  ce  qui  en  effet  leur  arriva  très  peu  de  temps 
après,  et  ne  tarda  pas'. 

L'an  938  (626-627),  mourut  le  roi  des  Arabes,  c'est-à-dire  leur 
Prophète,  Mohammed,  et  Aboubekr  régna  sur  eux  pendant  cinq 
ans'. 

L'an  940  (628-629),  l'empereur  des  Romains,  Héraclius,  com- 
mença à  construire  la  grande  église  d'Amida  *. 

1.  Hist,  du  Bas-Empire,  t.  XI,  p.  2. 

2.  A ssemani  rapproche  ce  texte  du  phénomène  dont  parle  Théophane  à 
Tan  23  d'Héraclius,  mais  à  tort.  Théophane  parle  d'une  comète,  tandis  qu'il 
s'agit  ici  d*une  pluie  d'étoiles  filantes. 

3.  Pour  la  chronologie  des  khalifes,  voir  la  table,  à  la  fin  de  l'introduc- 
tion. 

4.  Cfr.  Hist.  du  Baë-Empire,  t.  XI,  p.  158. 


I 


6  CHRONIQUE 

L'an  943  (631-632),  le  roi  des  Arabes,  Aboubekr,  mourut  et  eut 
pour  successeur  'Omar  qui  régna  douze  ans\ 

[7]  L'an  944  (632-633),  l'empereur  des  Romains,  Héraclius,  des- 
cendit à  Édesse.  Un  combat  fut  engagé  à  Gabita*  et  les  Perses  mis 
en  pièces  se  retirèrent  de  la  Mésopotamie. 

L'an  948  (636-637),  les  Arabes  envahirent  la  Mésopotamie^  et, 
après  avoir  taillé  en  pièces  les  Romarns,  leur  chef  Yâdh*  parvint  à 
Édesse. 

L'an  952  (640-6411,  les  Arabes  mirent  le  siège  devant  Dara  et 
attaquèrent  cette  ville.  Il  y  eut  de  nombreux  morts  des  deux  côtés, 
mais  surtout  de  celui  des  Arabes.  Enfin,  un  traité  ayant  été  conclu, 
la  ville  ouvrit  ses  portes  et  dès  lors  personne  ne  fut  plus  tué*. 

Cette  même  année,  ils  assiégèrent  Adabin%  oii  une  grande 
multitude  fut  mise  à  mort  :  jusqu'à  douze  mille  Arméniens  [pé- 
rirent']. 

L'an  953  (641-642),  les  Arabes  s'emparèrent  de  Césarée  de 
Palestine*. 

L'an  955  (643-644),  le  patrice  Valentin',  général  des  Romains, 
vint  pour  combattre  les  Arabes.  Il  fut  saisi  de  crainte  en  leur  prè- 

1.  HUt,  du  Bas-Empire,  l.  XI,  pp.  217  et  220. 

2.  raëiBôc.  Cedrbnus,  ad  ann.  24  Heracl.  (Patr.  gr.,  t.  CXXl,  col.  815). 
ra6r,e5.  Theoph.,  Chronogr,  (ibid.,  t.  CVIII,  col.  691.  —  Cfr.  Histoire  du 
Bas-Empire,  XI,  206,  d.  1).  Bien  que  Tissue  de  la  campagne  ait  été  favo- 
rable aux  Romains,  cependant  Théodore,  frère  d'Héraclius,  fut  défait  dans 
ce  combat. 

3.  Tbéopbane,  au  lieu  de  Djairehy  qui  signifie  proprement  tle^  et  désigne 
la  Mésopotamie,  écrit  constamment  Arménie. 

4<  ^Lc  Assemani  lit  As.  Mais  il  n*y  a  pas  de  doute  possible  sur  l'identité  du 

personnage.  D'ailleurs  la  traduction  du    Jo  par  le  X  surmonté  d'un  point 

est  chose  habituelle  en  syriaque. 

5.  Cfr.  Hist,  du  Bas-Empire,  t.  X,  p.  442.  n.  1;  t.  XI,  p.  2,  n.  1,  et 
p.  269. 

6.  Denys  désigne  sous  ce  nom  Dovin,  capitale  de  l'Armônie  et  résidence 
du  patriarche.  Cfr.  Hist.  du  Bas-Empire,  t.  XI,  p.  334.  Saint-Martin, 
Mém,  sur  l' Arménie,  t.  I,  pp.  119-120;  1I,31>5. 

7.  Les  historiens  arabes  ont  recueilli  d'après  la  tradition  courante  les 
faits  qui  ont  signalé  la  conqucue  de  la  Mésopotamie,  et  les  conditions  de  la 
paix  conclue  avec  les  principalf-s  villes.  Voir  \e  Licrc  da*  conquêtes  des  pays 
de  Beladhoki  (éd.  de  Goeje,  Leyde,  I5i66  ;  pp.  172  sqq.).  Cet  auteur  a  servi  de 
base  à  Ibn  al-Athir  (IT,  pp.  414-417)  et  à  Yâkout  (sous  le  mot  DJcsireh).  Les 
principaux  passages  sont  reproduits  et  traduits  dans  Duvai,,  Hist.  d'Êdcsse, 
pp.  229  sqq. 

8.  ,Hi8t.  du  Bas-Empire,  t.  XI,  p.  266. 

9.  Cfr.  Thkoph.,  Chronogr,,  ad  ann.  m.  6136. 


DE   DENYS    DE  TELL-MAHRÉ  7 

sence  et  prit  la  fuite  en  abandonnant  toutes  les  richesses  qu'il  avait 
avec  lui,  dont  les  Arabes  s*emparèrent. 

Cette  même  année,  Procope  et  Théodore'  firent  une  excursion 
impétueuse  jusqu'à  Batna-Saroug*.  Ils  dévastèrent  et  pillèrent  cette 
ville  et,  s'étant  emparés  de  tout  ce  qu'ils  voulurent,  ils  retournèrent 
dans  leur  pays. 

Le  patriarche  Athanase  eut  pour  successeur  saint  Jean,  son  dis- 
ciple* • 

A  cette  époque  s'illustrèrent  saint  Jean,  patriarche  d'Antioche  ; 
Jean,  évèque  des  Arabes;  Siméon  [évèque]  d'Édesse;  Matthieu, 
évéque  d'Alep',  du  saint  monastère  de  Zouqenin',  et  Mar  Thomas, 
évèque  d*Amida,  du  même  monastère. 

[8]  L'an  956  (643-644),  mourut  'Omar,  roi  des  Arabes.  Il  eut  pour 
successeur  Othman  qui  régna  douze  ans. 

L'an  960  (648^9),  Mo  awia  envahit  Chypre,  et  la  même  année, 
Arade  •  fut  prise. 

L'an  961  (649*650),  mourut  Mar  Jean,  le  saint  patriarche  d'An- 
tioche. Il  fut  enseveli  à  Amida  et  déposé  dans  l'église  de  Saint- 
Mar- Zo  ara'. 

La  même  année,  mourut  saint  Mar  Jean,  évèque  des  Arabes, 
qui  fut  déposé  à  Amida  dans  l'église  de  Saint-Jean-Baptiste. 

Cette  même  année,  mourut  encore  à  Amida  saint  Mar  Siméon, 
évèque  d'Édesse*,  qui  fut  également  enseveli  dans  l'église  de  Mar- 
Zo*ara. 

1.  Théodore  le  Reâdounien.  Cfr.  Hiêt  du  Bas-Empire,  t.  XI,  pp.  332  sqq.  ; 
Hist.  des  guerres  et  des  conquêtes  des  Arabes  en  Arménie,  par  Ghbvond, 
trad.  fr./pp.  5  sqq.;  Saint-Martin,  Mém.  sur  l'Arménie^  II,  p.  336. 

2.  La  Bizrri  de  Procope.  Cette  ville  était  située  au  sud  de  Hiérapolis 
(Maboug),  à  Touest  de  TEuphrate.  Voir  Assbmani,  Diss.  de  monoph.,  p.  107. 

3.  Cfr.  Bar  HEBRiEUS,  Chron.  eccL,  I,  275. 

4.  Cfr.  Bar  HBBRiBUS,  Chron.  eecL,  I,  276. 

5.  Couvent  situé  près  d' Amida,  aujourd'hui  Diarbekir.  Cfr.  Assbmani, 
Bibl.  or.,I,  130. 

6.  "Apa^oc.  —Histoire  du  Bas- Empire,  t.  XI,  pp.  338,339. 

7.  Sur  ce  célèbre  stylite  de  l'Église  jacobite,  voir  Bar  HRORiEus,  Chron. 
ecel.^  I,  206,  et  surtout  Land,  Anecdota  syr.,  t.  II,  pp.  12-22,  où  son  histoire 
est  rapportée  d'après  Jean  d'Asie . 

8.  Siméon  ne  succéda  pas  immédiatement  à  Sévère  (ci-dessus,  ad  ann. 
603).  Deux  autres  évoques,  au  moins,  occupèrent  le  siège  épiscopal  entre  ces 
personnages,  sans  parler  des  évéques  nestoriens  imposés  à  la  ville  par  les 
Perses.  Cfr.  Du  val.  Histoire  d'Édesse,  pp.  237-239.  Assbmani  range  â  tort 
Siméon  et  ses  successeurs,  Cyriaque  et  Jacques,  parmi  les  évéques  ortho- 
doxes. M .  Duval  dit  que  «  l'assertion  peut  être  fondée  en  ce  qui  concerne 
Siméon  «.  Je  ne  le  crois  pas.  Les  Jacobites  n'auraient  jamais  permis  qu'on 
enterrât  un  orthodoxe  dans  un  des  plus  célèbres  de  leurs  couvents. 


i 


8  CHRONIQUE 

L'an  962  (650-651),  Mar  Théodore*  devint  patriarche d'Antioche. 
Ëdesse  eut  pour  évoque  [Cyriaque*]. 

L'an  063  (651-652),  les  Arabes  et  les  Romains  livrèrent  bataille  à 
Tripoli". 

L'an  964  (652-653),  Habib*  envahit  la  Mésopotamie,  et  Procope* 
vint  pour  conclure  la  paix  avec  les  Arabes. 

L'an  965  (653-654),  lempereur  des  Romains,  Héraclius,  mourut 
après  un  règne  de  trente  et  un  ans^;  il  eut  pour  successeur  Cons- 
tantin le  Jeune  qui  régna  un  an. 

L'an  966  (654-655),  ce  Constantin  mourut  et  fut  remplacé  par  un 
autre  Constantin'  qui  régna  vingt-sept  ans. 

L'an  967  (655-656),  mourut  'Othman,  roi  des  Arabes. 

La  discorde  s'éleva  entre  eux,  la  région  fut  agitée  et  le  peuple 
arabe  rempli  de  confusion.  Les  maux  se  multiplièrent  sur  la  terre, 
il  y  eut  du  sang  répandu  en  abondance  parmi  eux  et  par  eux- 
mêmes,  car  ils  ne  voulaient  pas  se  soumettre  à  un  seul  prince; 
mais  chacun  s'empara  du  pouvoir,  tous  désirant  régner.  Un  géné- 
ral du  nom  de  Mo'awia,  qui  était  dans  la  région  occidentale",  ambi- 
tionnait le  pouvoir.  Les  Occidentaux  l'aimaient,  le  choisirent  [9]  et 
se  soumirent  à  lui  ;  mais  la  région  orientale  et  la  Mésopotamie  le  re- 
jetèrent et  élirent  un  autre  général,  appelé 'Abbas%  qu'ils  établirent 

1.  Cfr.  Bar  Hbur.i^us.  Chron.  ercl.,  !,  280. 

2.  Ce  nom  est  ajouté  à  la  marge  dans  le  manuscrit.  —  Sur  Mar  Cyriaque, 
cfr.  Du  VAL,  Ht  st.  dlidense,  p.  240. 

3.  Hist,  du  Bas-Empire,  t.  XI,  p.  368. 

4.  Hist,  du  Bas-Empire^  t.  XI,  pp.  319,  334. 

5.  Cfr.  Thëophanb,  Chronogr.,  ad  ann.  m.  6142. 

6.  Hist,  du  Bas-Empire,  t.  XI,  p.  283. 

7.  Lire  Constant.  L'auteur  passe  sous  silence  Héracléonas.  Cfr.  His^t.  du 
Bas-Empire,  i.  XI,  p.  288,  290,  292. 

8.  La  région  occidentale  :  c.-tVd.  la  Syrie  et  l'Egypte,  par  opposition  à 
la  Mésopotamie  et  à  l'Assyrie  qui  formaient  la  région  orientale.  Ces  termes 
chez  les  écrivains  jacobites  font  ordinairement  allusion  à  la  division  de  cette 
secte  en  deux  grandes  proviuce.s  ecclésiastiques,  dont  l'une  était  soumise  au 
patriarche  d*An(iocbe  et  l'autre  au  maphrian  de  Tagrii. 

9.  C'est  évidemment  *Ali,  qui  est  appelé  ici  *Abbas.  —  Assemani  {Bibl, 
or.,  t.  II,  p.  103)  explique  ainsi  cette  substitution  de  nom  :  «  Verum  quia 
Dionysiusin  Syria  scribehat,  Syri  autem  Maviae,  ut  supra  dixi,  adbserentes, 
memoriam  Ali  ejusque  filiorum  exosam  habebant,  ex  illius  nationis  geoio 
tam  Ali  quam  ejus  filiorum  nomina  e  numéro  Chalipbarum  ejçpunxere 
eorumque  annos  ad  Maviae  principatum  retulerunt.  Abbasi  autem  meminit 
Dionysius,  tum  quia  hoc  nomine  loUi  Ali  familia  apud  Syros  appellabatur, 
tum  quia  unus  ex  flliis  Ali.  Haseni  et  Hosaini  frater,  fuit  Abbasus,  quem 
una  cum  Hosaino,  anno  Hegirse  60,  a  Jazido  Maviae  filio,  int«rfectum 
fuisse  testatur  Abulvalidus.  » 


DE   DENYS   DE   TEL! -MAHRÉ  9 

roi.  Dès  lors  commencèrent  parmi  eux  les  luttes  et  TeSusion  du 
sang.  Ils  rassasièrent  mutuellement  la  terre  de  leur  sang.  Ils  se 
livrèrent  de  nombreux  combats  en  tous  lieux,  et  un  laps  d'environ 
cinq  ans  s'écoula  au  milieu  de  ces  discordes  et  de  ces  luttes. 

L'an  968  (656-657),  une  grande  bataille  fut  engagée  à  Çofa^ ,  entre 
'Abbas  et  Mo'awia,  et  le  sang  coula  en  abondance  de  part  et  d'autre. 

L'an  973  (661-662),  'Abbas  fut  perfidement 'mis  à  mort  par  ses 
grands,  un  vendredi,  tandis  qu'il  était  agenouillé  pour  la  prière. 
Dès  lors  Mo'awia  occupa  seul  le  pouvoir  et  régna  vingt  et  un  ans, 
y  compris  les  cinq  ans  que  durèrent  la  discorde  et  la  lutte  entre  lui 
et  'Abbas. 

L'an  976  (664-665),  mourut  saint  Mar  Théodore,  patriarche 
d'Antioche.  Il  eut  pour  successeur  saint  Mar  Sévère  Bar-Maska*. 

[A  Édesse,  Tévêque  Mar  Jacob  succéda  à  Cyriaque  *.] 

A  cette  époque  brilla  le  Perse  Aaron,  surnommé  l'Interprète 
perse. 

L'an  988  (676-677),  Mo'awia,  roi  des  Arabes,  mourut  et  eut  pour 
successeur  Yézid  qui  régna  trois  ans  et  demi. 

[10]  L'an  990  (678-679),  le  dimanche  trois  du  moisde\nisan 
(avril),  eut  lieu  un  grand  et  violent  tremblement  de  terre  qui  ren- 
versa Batna-Saroug,  ainsi  que  Téglise  Ancienne  d'Édesse.  dans 
laquelle  une  foule  nombreuse  périt. 

L'an  992  (680-681),  mourut  Yézid,  roi  des  Arabes,  et  Merwan 
régna  à  sa  place  pendant  un  an*. 

La  même  année  mourut  Constantin,  empereur  des  Romains,  au- 
quel succéda  un  autre  Constantin  pendant  seize  ans\ 

L'an 993  (682-683),  mourut  Merwan,  roi  des  Arabes;  il  eut  pour 
successeur  'Abd  el-Malik  qui  régna  vingt  et  un  ans.  Sous  ce  règne 
eut  lieu  une  dissension  qui  dura  neuf  ans  pendant  lesquels  les 
Arabes,  refusant  d'obéir  à  un  seul  chef,  ne  cessèrent  de  se  faire  la 
guerre  et  de  répandre  les  maux. 

1.  C'est  le  lieu  appelé  par  les  Arabes  Si  fin  ou  SifTin.  Tbéophane  transcrit 
Sair^piv.  Voir  HUt.  du  Das-Em/nre,  t.  XI,  p.  373,  n.  3.  pour  le  site  exact 
de  ce  lieu. 

2.  Cfr.  BarHkbrvKUS.  Chron.  ercL.l,  282-288. 

3.  Cette  mention  est  ajoutée  à  la  marge  du  ms.  Elle  doit  se  lire  ici.  Cfr. 
Beeue  Critique,  19  juin  1803.  p.  485.  —  Entre  Cyriaque  et  Jacques,  il  faut 
placer  un  certain  Daniel.  Cfr.  Hist,  d'Édesse,  p.  241. 

4.  a  Maviam  Jazidi  et  .•Vbdallam  Zobairi  filios  omittit  Dlonysius  eorumque 
imperii  annos  ad  Mervani  principatnm  refert.  Vide  Tbeophanem  ad  ann. 
CoDst.  Pogonati  15,  ubi  ortos  inter  Arabes  post  Jazidi  obitum  tumultus 
narrât.  »  Assbmani,  Bibl.  or. ,11,  104. 

3.  Hist.  du  Bas- Empire,  t.  XI,  p.  404. 


10  CHRONIQUE 

I/an994  (682-683),  saint  Mar  Sévère  Bar-Maèka  mourut  et  le 
siège  patriarcal  resta  vacant  pendant  cinq  ans,  à  cause  de  la  dis- 
corde des  évèques. 

L'an  999  (687-688),  saint  Athanase  fut  élu  patriarche'. 

L*an  1002  (690-691),  la  paix  régna,  et  toute  la  région  consentant 
à  reconnaître  'Abd  el-Malik  pour  souverain,  il  monta  sur  le 
trône. 

L'an  1003  (691-692),  Abd  el-Malik  fit  le  ra'fl?i7S  c  est-à-dire  im- 
posa les  Syriens.  Il  fit  paraître  un  édit  sévère  pour  que  chacun 
allât  dans  son  pays,  à  son  village  d'origine,  y  faire  inscrire  son 
nom,  le  nom  de  son  père,  sa  vigne,  ses  oliviers,  ses  biens,  ses  en- 
fants et  tout  ce  qu*il  possédait.  Telle  fut  l'origine  du  tribut  de 
capitation  ;  telle  fut  l'origine  [  1 1 J  de  tous  les  maux  répandus  sur  les 
chrétiens.  Jusqu'alors,  en  effet,  les  rois  prenaient  le  tribut  de  la 
terre,  mais  non  des  hommes.  Dès  lors  les  enfants  de  Hagar 
commencèrent  à  imposer  la  servitude  égyptienne  aux  fils  d'Aram. 
Mais,  malheur  à  nous  1  parce  que  nous  avons  péché  les  esclaves 
régnent  sur  nous.  —  Ce  fut  là  le  premier  cens  que  firent  les 
Arabes  •. 

L'an  1014  (702-703).  mourut  Abd  el-Malik,  roi  des  Arabes,  après 
un  règne  de  vingt  et  un  ans,  y  compris  les  neuf  années  de  discorde. 
Walid  régna  à  sa  place  pendant  neuf  ans.. 

L'an  1015  (703-704),  mourut  saint  Athanase,  patriarche  d'An- 
tioche,  auquel  succéda  saint  Mar  Julien  *. 

L'an  1016  (704-705),  il  y  eut  une  grande  et  violente  peste  sur  la 
terre,  de  sorte  que  les  hommes  ne  pouvaient  suf&re  à  enterrer  les 
morts.  Elle  sévit  surtout  dans  la  région  de  Saroug.  Dans  ce  fléau 
soixante-douze  hommes  moururent  dans  le  seul  monastère  de 
Mar  Silas  \ 


1.  Bar  HBBKiBUS,  Chron,  eccles.,  I,  288. 

2.  «  Ta*dil qnod  œquationem  sigoiflcat  ...nuoc  charagium  appellant.  » 
Absbmani,  Bihl.  or,,  II,  104. 

3.  L'assertion  de  Denys  ne  parait  pas  exacte.  Cfr.  Hist.  d'Édease,  p.  228, 
n.  2.  —  C'est  *Omar  qui  établit  dans  les  provinces  conquises  Timpôt  de 
c-apitation.  Bar  HEBR£ua  Taffirme  {Chron.  syr.,  p.  103).  Cbdrbnus  et 
Théophane  sont  d'accord  avec  lui  sur  ce  point.  Assemami  {Bibl,  or,^  II,  104) 
et  Lebbau  [HLst,  du  Bas-Empire,  t.  XII,  p.  23)  ont  donc  tort  de  mettre 
le  fait  en  doute.  On  a  quelques  exemples  de  villes  ou  de  provinces  dans 
lesquelles  les  chrétiens  furent  exemptés  de  cet  impôt.  C'est  sans  doute  ce 
qui  aura  induit  Denys  en  erreur. 

4.  Bar  Hrbrj«:us,  Chron,  eccL,  I,  294. 

5.  Ce  monastère  était  situé  dans  les  environs  de  Saroug.  Cfr.  ci-dessus, 
p.  7,  n.  2. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  11 

L'an  1008  (696-697),  mourut  Constantin,  empereur  des  Romains  ; 
il  eut  pour  successeur  Justinien  qui  régna  dix  ans  *. 

L'an  1017  (705-706),  un  synode  se  réunit  dans  \e  monastère  de 
Mar  Silas.  Les  principaux  membres  de  ce  synode  sont  connus  :  le 
patriarche  Julien;  Thomas,  évêque  d'Amida.  et  Jacques  [évoque] 
d'Édesse,  l'Interprète  des  livres.  Ce  saint  Mar  Jacques,  évèque 
d'Édesse,  est  célèbre  *. 

L'an  1018  (706-707),  mourut  Justinien,  empereur  des  Romains; 
il  eut  pour  successeur  Léonce  qui  régna  trois  ans  '. 

L'an  1019  (707-708),  saint  Mar  Julien,  patriarche  d'Antioche, 
mourut;  Mar  Elias  lui  succéda*. 

[12]  L'an  1020  (708-709),  eut  lieu  un  nouveau  cens  qui  fut  ajouté 
au  premier,  ce  qui  augmenta  beaucoup  les  maux. 

L'an  1021  (709-710),  mourut  saint  Mar  Jacques,  évèque  d'Édesse, 
auquel  succéda  Ma^  n^^i^"' 

En  ce  temps  florissait  saint  Mar  Thomas  le  Stylite,  de  Tela  •. 

L'an  1022  (710-711),  mourut  Léonce,  empereur  des  Romains,  à 
la  place  duquel  régna,  pendant  sept  ans,  Tibère-Apsimare^ 

L'an  1023  (711-712),  mourut  Walid,  roi  des  Arabes;  il  eut  pour 
successeur  Soliman  qui  régna  deux  ans  et  demi. 

L'an  1024  (712-713),  mourut  saint  Mar  Thomas,  évèque  d'Amida; 
Mar  Théodote  lui  succéda. 

Après  Apsimare,  empereur  des  Romains,  Justinien  régna  six 
ans;  après  lui  Philippique  régna  trois  ans;  ensuite  Anastase  deux 
ans,  enfin  Théodose-Constantin  un  an.  Ce  dernier  occupait  le 
trône  lorsque  Maslamah  envahit  le  territoire  des  Romains.  Les 
années  de  règne  de  ces  empereurs  romains  additionnées  ensemble 

1.  Hiat.  du  Bas-Empire,  t.  XI,  p    460. 

2.  Tout  ce  qui  concerne  ce  célèbre  écrivain  a  été  très  bien  résumé  par 
Wright,  Syr.  Lit.,  pp.  141-154.  —  Duval,  Histoire  cCÉdesse,  pp.  241-251,  a 
complété  cette  notice.  On  trouvera  dans  ce  dernier  la  bibliographie  très 
complète  de  Jacques  d'Édesse. 

3.  Hist.  du  Bas-Empire,  X.  XII,  p.  34-38. 

4.  Bar  Hkbr.cus,  Chron,  ecc.l,^  I,  298. 

5.  En  réalité  Habib'  ne  succéda  pas  à  Jacques.  Ce  dernier  ayant  été  obligé 
de  quitter  Tépiscopat  pendant  vingt  ans,  en  638,  il  fut  remplacé  par  hiabib, 
et  à  la  mort  de  celui-ci,  en  708,  il  revint  à  Édesse,  en  qualité  d'évêque  et 
mourut  quelques  mois  après.  Il  eut  pour  successeur  Gabriel.  Cfr.  Duval, 
op.  cit.,  pp.  245  et  253. 

6.  «  Tela  vel  Tela  Mauzalct  urbs  erat  Mesopotamiae  aequali  fere  itinere 
ad  orientem  a  Nisibi.  ab  Amida  ad  septentrionem  distans.  »  Assëmani,  Diss. 
de  Syris  monoph,,  p.  114.  Plus  exactement  entre  Nisibe  et  Édesse.  C'est 
Tancienne  A  n^o/imo/)o//s  Constantina . 

7.  Hist,  du  Bas-Empire,  t.  XII,  p.  47. 


12  CHRONIQUE 

forment  la  somme  de  douze  ans;  cette  supputation  est  faite  à  une 
année  près,  en  plus  ou  en  moins.  Les  Arabes  ne  comptent  que 
les  lunes  et  non  point  les  mois  comme  les  Syriens;  même  la 
plupart  des  écrivains  ne  font  point  de  chronologie  intégrale,  mais 
comptant  seulement  les  années  de  règne,  ils  omettent  les  temps 
de  discorde  entre  deux  règnes.  Quanta  moi,  j'ai  agi  de  même  dans 
ce  chapitre,  pour  que  l'esprit  du  lecteur  ne  soit  point  troublé  *- 

[13]  Lan  1028  (716-717),  Maslamah  pénétra  dans  l'Empire 
romain.  Les  troupes  innombrables  des  Arabes  se  réunirent  et  com- 
mencèrent à  envahir  le  territoire  des  Romains.  Tous  les  pays  de 
l'Asie  et  de  la  Cappadoce  prirent  la  fuite  devant  eux,  ainsi  que 
toute  la  région  du  littoral. 

Ils  pénétrèrent  dans  le  mont  Maurus  *  et  le  Liban,  jusqu'à  Méli- 
tène,  et  sur  le  fleuve  Arsanias*,  et  jusqu'à  l'Arménie  intérieure*. 
Toute  cette  région  était  remarquable  parle  nombre  de  ses  habitants 
et  Tabondance  de  ses  vignes,  de  ses  céréales,  de  ses  magnifiques 
arbres  de  toute  espèce.  Depuis  lors  elle  est  dévastée,  et  ces  contrées 
ne  sont  plus  habitées. 

Quand  l'empereur  vit  cette  multitude  qui  venait  contre  lui  et 
qu'il  apprit  que  son  général,  Léon,  avait  fait  un  pacte  avec  eux, 
son  cœur  trembla  et  ses  mains  faiblirent.  11  abdiqua  le  trône,  dé- 
posa la  couronne  et  se  fit  raser  la  tête.  C'est  en  effet  l'usage  que  si 
un  empereur  romain  abdique,  il  se  fasse  raser  la  tête  et  habite  en- 
suite dans  sa  maison  sans  avoir  de  cour.  Ainsi  fit  celui-ci.  Léon  lui 
ayant  mandé  :  «  Prends  courage  et  ne  crains  pas,  »  il  ne  se  laissa 
pas  convaincre,  mais  il  s'obstina  à  abdiquer  l'empire. 

Or,  ce  Léon  était  un  homme  de  cœur,  fort  et  belliqueux.  Il 
était  Syrien  de  race  et  originaire  de  ces  confins.  A  cause  de  sa  va- 
leur on  l'avait  fait  général.  Par  son  habileté,  il  empêcha  que  la 
terre  bût  le  sang  des  hommes.  Il  fit  un  pacte  avec  Maslamah,  lui 
promettant  de  le  faire  entrer  sans  combat  à  Constantinople.  Celui- 
ci,  confiant  dans  la  promesse  de  Léon,  ne  combattit  plus,  ne  fit 
aucun  captif,  se  dirigea  vigoureusement  vers  Constantinople  et  vint 
mettre   le  siège  devant  cette  cité.  Léon  étant  entré  dans  fl4]  la 

1.  Cfr.    Hist.  du  Bas-Empire,  t.  XII,  p.  60,  83,  91, 102. 

2.  Le  mont  Mauru.s  ou  Montagne  Noire  répond  à  l'ancien  Amauusau 
nord  d'Antiocbe  (Sacimu,  Zur  /i<>t.  Geogr.  ron  Nord-Syrien,  p.  13). 

3.  Les  anciens  appelaient  ainsi  m  une  grande  rivic^requi  se  jetle  dansTEu- 
phrate  »;  c'est  en  réalitô  la  partie  orientale  du  fleuve,  le  Mourad-U-hait 
que  les  Arméniens  nommaient  Aradzani. 

4.  Sur  les  divisions  géographiques  de  l'Arménie,  cfr.  Saint* Martin, 
Mèm,^  I,  17,  23  sqq. 


DE   DENYS   DE    TELL-MAHRÉ  13 

villeet  voyant  que  les  Romains  étaient  désespérés  etque  l'empereur 
avait  abdiqué,  il  excita  leur  courage  :  «  Ne  craignez  point,  »  leur 
dit-il.  Ceux-ci  considérant  sa  bravoure  et  craignant  qu'il  ne  leur 
reprochât  ce  qu'ils  avaient  fait  au  précédent  empereur,  le  prirent 
lui-même  pour  le  faire  empereur  \ 

En  ceignant  la  couronne  impériale,  il  revêtit  aussi  la  force  et  le 
courage.  Il  consolida  le  mur  de  la  ville.  Il  envoya  une  armée  pour 
couper  les  routes  pouvant  livrer  passage  à  une  armée  venant  de 
Syrie;  il  fit  aussi  détruire  le  pont  de  bateaux  et  le  coupa. 

Les  Arabes  et  toute  leur  armée  se  trouvèrent  ainsi  enfermés  comme 
des  prisonniers.  Maslamah  ordonna  de  planter  de  la  vigne,  mais 
une  grande  et  violente  famine  sévit  parmi  eux,  à  tel  points  que 
le  pain  manquait  dans  tout  le  camp  et  qu'ils  mangeaient  leurs 
bêtes  de  somme  et  leurs  chevaux.  Quand  Maslamah  demandait 
à  Léon  :  «  Où  est  le  serment  que  tu  m'as  fait  de  me  faire  entrer  dans 
Constantinople  sans  combat?  »  celui-ci  répondait  tranquillement  : 
((  Attends  quelques  jours  jusqu'à  ce  que  les  grands  de  l'Empire 
me  soient  soumis.»  Ils  restèrent  ainsi  sans  combattre  dans  leurs 
positions  respectives,  les  uns  à  l'intérieur,  les  autres  à  l'extérieur, 
pendant  environ  trois  ans*.  La  famine  s'accrut  tellement  chez 
les  Arabes  qu'ils  mangeaient  leurs  souliers  et  les  cadavres  des 
morts,  et  qu'ils  s'attaquaient  mutuellement,  au  point  que  personne 
n*osait  aller  seul. 

Tandis  que  Maslamah  pressait  constamment  Léon  :  «  Tiens  ta  pro- 
messe, ou  je  combattrai,»  la  nouvelle  arriva  que  le  roi  des  Arabes, 
Soliman,  était  mort  et  que  Omar  [II]  lui  avait  succédé.  Or,  'Omar 
leur  envoya  une  lettre:  a  Sortez  de  là,  de  peur  que  vous  ne  périssiez 
par  la  famine,  vous  et  tout  ce  qui  est  avec  vous.  »  Maslamah,  après 
avoir  reçu  [15]  cette  lettre,  demanda  à  Léon  de  pénétrer  dans  la 
ville  pour  la  visiter.  Il  y  entra  avec  trente  cavaliers,  y  circula  trois 
jours  et  admira  les  œuvres  royales.  Les  Arabes  se  retirèrent  ainsi 
de  là  et  s  en  retournèrent  sans  avoir  rien  fait.  Ils  parvinrent  à  une 
certaine  ville  nommée  Tounou  ^;  le  préfet  de  la  ville  les  voyant 
affamés,  émaciés,  affaiblis,  conçut  du  mépris  pour  eux  et  fit  dire  à 

1.  Sur  l'abdication  de  Théodose  et  ravènemeiit  de  Lôod.  v.  Hist.  du 
Bas-Empire,  l.  XII.  p.  108. 

2.  Le  siège  ne  dura  qu'un  an  et  (ut  levé  le  15  août  718.  Cfr.  Hist.  du 
Bas  Empire,  t.  XII,  p.  123. 

3.  Vraisemblablement  Tyane,  en  Cappadoce.  V.  Thés,  syr.  ad  h.  v.  ~ 
Denvs  parait  rapporter  ici  des  événements  qui  se  sont  passés  au  moment 
de  rinvasion  des  Musulmans.  Leur  retraite  fut  au  contraire  on  ne  peut  plus 
désastreuse.  Cf.  Histoire  du  Bas-Empire,  t.  XII,  pp.  65  et  123. 


14  CHRONIQUE 

Léon:  «  Envoie-moi  une  armée  et  je  les  attaquerai  en  cachette.  » 
Mais  ce  dessein  ne  leur  échappa  point.  Quand  ils  apprirent  qu'une 
armée  venait  derrière  eux,  un  des  chefs  des  troupes  arabes,  un  des 
principaux  d'entre  eux,  appelé 'Abbas,  dit  à  Maslamah  :  «  Donne- 
moi  une  armée,  que  j'aille  au-devant  d'eux  avant  qu'ils  arrivent, 
de  peur  qu'ils  nous  enveloppent  et  nous  fassent  disparaître  de  la 
terre,  et  que  notre  Bn  soit  pire  que  tout  ce  qui  nous  est  arrivé  dans 
cette  route.  »  —  Il  prit  donc  une  armée  considérable  et  alla  au-de- 
vant d'eux.  Ceux-ci  marchaient  en  groupes  séparés,  n'étaient  point 
encore  préparés  au  combat  et  ne  savaient  rien  de  cette  armée  des 
Arabes  qui  venait  au-devant  d'eux.  'Abbas  descendit  avant  eux 
dans  un  grand  pré,  dans  lequel  eux-mêmes  se  disposaient  à  cam- 
per ce  jour-là.  Il  plaça  l'armée  entière  en  embuscade,  dans  des 
fossés  et  des  îlots  de  roseaux  qui  se  trouvaient  là. 

Les  Romains  vinrent  à  leur  tour,  et  descendirent  dans  le  pré,  ne 
sachant  rien  et  ne  s'apercevant  pas  même  de  ce  qui  avait  été  fait 
par  les  Arabes.  Ils  établirent  leur  camp  et  chacun  envoya  sa  mon- 
ture au  pâturage,  comme  c'est  l'usage  dans  l'armée.  Alors  les 
Arabes  sortirent  de  leurs  embuscades  et  des  creux  dans  lesquels 
ils  se  tenaient  enfermés  autour  du  pré.  Au  signal  convenu  entre 
eux,  ils  se  précipitèrent  sur  les  Romains  qu'ils  cernèrent,  et  ils  les 
firent  tous  passer  au  fil  de  Tépée.  Aucun  de  ceux-ci  ne  leur 
échappa.  Or,  les  Romains  étaient  environ  soixante  mille.  Après 
avoir  dépouillé  les  morts,  les  Arabes  retournèrent  vers  leurs  com- 
pagnons. 

[16]  Une  autre  armée  romaine  qui  venait  par  derrière,  ayant 
appris  ce  qui  était  arrivéà  la  première,  fut  saisie  de  terreur  et  s'en 
retourna.  Quant  aux  Arabes,  après  avoir  pillé  et  butiné  tout  ce 
qui  se  trouvait  à  leur  portée,  ils  sortirent  de  cette  contrée  et  vinrent 
en  Syrie. 

L'an  1032  (720-721),  qui  était  la  première  année  de  Omar,  roi  des 
Arabes,  et  la  quatrième  de  Léon,  empereur  des  Romains,  Maslamah 
sortit  du  territoire  de  ces  derniers,  après  avoir  pillé  et  dévasté  toute 
cette  région  qu'il  changea  en  un  désert  aride. 

J'omets  plusieurs  faits  qui  arrivèrent  dans  cette  campagne  pour 
ne  pas  trop  allonger  cette  histoire. 

A  cette  époque  florissaient  le  patriarche  Elias, Mar  nabib,[évôque] 
d'Édesse,  Siméon  de  Harrau  et  Théodote  d'Amida. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  15 


Du  signe  prodigieux  opéré  par  saint  Mar  Habib,  évêque 

d'Édesse. 

«  Dans  le  temps  présent  il  est  bon  de  cacher  le  secret  du  roi, 
mais  il  convient  en  tout  temps  de  publier  et  de  faire  connaître  à 
tout  le  monde  les  merveilles  du  Seigneur  \  » 

Il  ne  sera  point  étrange,  et  les  oreilles  des  auditeurs  ne  seront 
point  froissées,  si  je  rapporte  ici  un  prodige  que  la  puissance  de 
Dieu  a  opéré  de  nos  jours  par  un  de  ses  apôtres. 

Il  y  avait  dans  cette  armée  un  Arabe,  qui,  lorsque  ceux-ci  vou- 
lurent envahir  le  territoire  des  Romains,  vint  loger  au  saint 
monastère  de  Mar  HabiP,  dans  la  région  d'Édesse.  Voyant  que  le 
portier  de  ce  couvent  était  un  homme  craignant  Dieu,  humble, 
bienveillant  et  orné  de  toutes  les  vertus  divines,  il  lui  confia  une 
somme  d'or  considérable  en  lui  disant:  [17]  «  Garde-moi  cela;  si  je 
reviens  vivant,  je  reprendrai  mon  bien;  si  tu  apprends  que  je  suis 
mort,  distribue-le  aux  indigents.  ))  Il  quitta  ensuite  ce  lieu. 

Le  moine  accepta  le  dépôt,  et  ayant  pris  le  trésor,  il  creusa  la 
terre  pour  l'y  enfouir,  sans  faire  connaître  la  chose  à  qui  que  ce 
fût.  Les  Arabes  restèrent  longtemps,  et  après  un  espace  d'environ 
trois  ans,  il  arriva* par  la  permission  du  Créateur,  qu**avant  que 
les  Arabes  sortissent  du  territoire  des  Romains^  le  portier  sortît 
de  ce  monde  troublé.  Mais  il  ne  fit  pas  même  alors  connaître  son 
secret. 

Or,  le  propriétaire  du  dépôt  revint  et  s'informa  de  cet  homme. 
On  lui  dit  qu'il  était  mort.  «  Donnez-moi,  reprit-il,  ce  que  j'ai  laissé 
entre  ses  mains.  ))  —  «  Nous  ne  savons  absolument  rien  de  ce  dont 

« 

tu  parles,  dirent  les  moines  ;  il  n'a  jamais  parlé  de  cela  ni  fait  de 
recommandation  à  quelqu'un  de  nous  en  disant:  J'ai  quelque  chose 
qui  appartient  à  autrui.  » 

Or,  cet  homme  était  puissant  et  il  pressait  vivement  les 
moines  :  «  Donnez-moi  mon  bien,  sinon  je  dévaste  votre  monas- 
tère. »  Comme  il  s'agissait  d'une  somme  considérable,  ils  étaient 
fort  embarrassés.  Le  gouverneur  les  força  de  vendre  tout  ce 
qu'ils  possédaient  et  d'en  livrer  le  prix  à  cet  homme.  Et  si 
cette  somme  ne  suffisait  pas  pour  les  libérer,  les  moines  eux-mêmes 

1.  TOBIK,  XII,  7. 

2.  U  y  avait  plusieurs  monastères  de  ce  nom  en  Mésopotamie.  Le  site 
exact  de  celui  dont  il  est  ici  question  est  difficile  à  déterminer,  car  il  n'en 
est  pas  parlé  ailleurs. 


18  CHRONIQUE 

son  bon  plaisir,  en  s'efforçant  d'anéantir  Tordre  du  Créateur  et 
d'empêcher  le  monde  de  marcher  selon  les  lois  qui  lui  ont  été 
imposées  par  son  auteur. 

Il  ordonna  encore  de  mettre  à  mort  tous  les  hommes  [20]  blonds  ^ . 
Mais  ce  projet  avorta  grâce  au  soin  d'hommes  craignant  Dieu«  et 
il  ne  causa  la  mort  de  personne. 

Il  prescrivit  aussi  qu'on  ne  reçût  point  le  témoignage  d'un  Syrien 
contre  un  Arabe.  Il  fixa  le  prix  [du  sang]  d'un  Arabe  à  douze  mille 
[dinars]  et  celui  d'un  Syrien  à  six  mille  *.  C'est  là  l'origine  de  ces 
lois  perverses. 

Il  commanda  de  couper  aux  voleurs  la  manche  au  lieu  du 
poignet.  Les  Arabes  le  méprisèrent,  lui  et  ses  préceptes. 

L'an  1038  (726-727),  mourut  Yézid.  Il  eut  pour  émirs  en  Méso- 
potamie d'abord  Abourin,  qu'il  chassa,  et  ensuite  Mardas.  Celui-ci 
ayant  été  disgracié  à  son  tour,  Abourin  revint. 

L'an  1039  (727-728),  Hisam,  fils  de  'Abd  el-Malik,  régna  sur 
les  Arabes  pendant  dix-neuf  ans  et  quatre  mois. 

L'an  1040  (728-729),  saint  Mar  Habib,  évoque  d'Édesse,  mourut  ; 
Constantin  lui  succéda'. 

A  cette  époque  brillaient  saint  Mar  Elias  le  patriarche,  Siméon, 
évêque  de  Harran,  Constantin  d'Édesse,  et  Théodote  d'Amida  *. 

Sur  saint  Théodote,  éoègue  d*Amida. 

Ce  saint  Théodote,  évoque  d'Amida,  avait  grandi  dans  la  soli- 
tude et  dans  les  humbles  labeurs  du  monachisme  auxquels  il  s'était 
constamment  adonné,  et  qu'il  aimait  :  c'était  un  homme  pacifique, 
bénin,  et  orné  de  toutes  les  vertus  divines  :  aussi  abdiqua-t-il 
l'épiscopat  de  la  ville.  Il  se  retira  donc  de  son  siège  et,  quittiint  la 
cité,  il  descendit  dans  la  région  de  Dara,  entre  Dara  et  Amida. 
Marchant  sur  les  traces  de  Mar  [21]  Thomas,  de  Téla,  il  se  cons- 
truisit là  une  colonne  sur  laquelle  il  monta.  Il  bâtit  aussi  dans  ce 
môme  lieu  un  grand  monastère  :  celui  même  qui  existe  encore  à 
côté  du  village  appelé  Qalouq*;  c'est  là  qu'il  finit  sa  vie. 

Après  lui  saint  Mar  Cosme  reçut  l'épiscopat. 

1.  Littéralement:  les  hommes  aux  yeiue  bleus. 

2.  Théophane  (ad  ano.  1  Léon.  Is.)  rapporte  ces  éditsà  'Omar. 
1^.  Cfr.  Du  VAL.  fffst.  d'Édesse,  p.  254. 

4.  C'est  un  des  saints  les  plus  célèbres  des  Jacobites.    Ils  honorent  sa 
mémoire  le  16  août. 

5.  AssBMANi  [Bibl.  or,,  11,106,  228)  transcrit  Coluc. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  19 


Sur  saint  Mar  Cosme,  éoêque  cTAmida. 

Ce  saint  Mar  Cosme  était  aussi  un  grand  cénobite  appliqué  à 
toutes  les  vertus  :  aussi  Bt-il  des  prodiges  et  des  miracles  comme 
Élie  le  Tesbite  et  comme  les  premiers  apôtres.  Mais  parce  qu'il 
était  zélé  et  reprenait  les  grands  aussi  bien  que  les  petits,  il  n'était 
pas  aimé  des  seigneurs  de  la  ville,  car  il  leur  reprochait  vi- 
vement, sans  dissimulation  et  sans  faire  acception  de  personne, 
les  œuvres  perverses  qu'ils  opéraient  continuellement;  et  ils  crai- 
gnaient qu'il  ouvrît  la  bouche  pour  les  maudire,  car  c'était  un 
homme  austère.  Ils  n'osaient  pas  s'insurger  ouvertement  contre 
lui;  c'est  pourquoi  ils  excitèrent  les  habitants  des  villages  à 
ne  point  le  recevoir  lorsqu'il  irait  les  visiter,  pour  avoir  par  là 
un  motif  de  le  chasser  de  leur  ville.  Mais  cela  ne  leur  pro- 
fita en  rien,  pas  plus  qu'à  ceux  qui  suivirent  leur  conseil. 

Lors  donc  que,  selon  la  règle  établie  par  les  anciens,  il  partit  vi- 
siter la  région,  ne  sachant  rien  des  embûches  qu'on  lui  dressait,  il 
parvint  à  un  village  nommé  Tell-Dakoum',  dont  les  habitants 
étaient  des  contempteurs.  Quand  il  sonna  la  cloche,  selon  l'usage, 
ceux-ci  se  réunirent  et  ne  voulurent  point  le  recevoir  ;  ils  ne  le  jugè- 
rent pas  môme  digne  de  la  parole  d'un  homme,  mais  ils  lui  en- 
voyèrent dire  par  une  [22]  vieille  femme  :  ((  Va- t'en  honorablement 
et  passe  ton  chemin,  sinon  tu  ne  sortiras  pas  d'ici  sans  avoir  été 
maltraité.  »  Ces  hommes  pervers  «  ne  savaient  pas  et  ne  compre- 
naient pas,  car  ils  marchaient  dans  les  ténèbres  M),  que  la  parole 
de  Notre- Seigneur  à  ses  Apôtres  ne  peut  rester  sans  effet  :  «  Celui 
qui  vous  reçoit,  me  reçoit.  Si  quelqu'un  ne  vous  reçoit  pas,  secouez 
la  poussière  de  vos  pieds  en  témoignage  contre  lui.  On  sera  plus 
indulgent  pour  Sodome,  au  jour  du  jugement,  que  pour  ce  lieu'.  )) 
Le  saint,  instruit  de  leur  malice  par  cette  vieille,  ordonna  à  son 
disciple  de  changer  la  direction  du  char  sur  lequel  il  se  trouvait  et 
de  le  faire  passer  au  sud  du  village.  La  parole  prophétique  *  :  «  Le 
fou  ne  sait  pas  et  l'insensé  ne  comprend  pas,  »  s'accomplit  sur  ces 
misérables. 

Ce  premier  péché  ne  leur  suffit  pas  ;  mais  ils  montèrent  à  la  porte 

1.  ThUaticomum  dans  V Itinéraire  d'Antonio. 

2.  P«.,  Lxxxn,  5. 

3.  Cfr.  Matth.,  X,  14  ;  Luc,  ix,  5  ;  x,  10. 

4.  Ps.,  xcii,  6, 


SO  CHRONIQUE 

de  leur  église  qui  était  placée  sur  la  hauteur  pour  se  moquer  du 
saint  et  voir  ce  qu'il  allait  faire. 

L'homme  courageux,  en  voyant  tout  leur  mépris,  ne  fut  point 
troublé;  mais,  ceint  de  la  foi  et  de  la  confiance  en  son  Seigneur,  il 
continua  sa  route  et  passa  outre.  Arrivé  à  la  limite  orientale  du 
village,  il  fit  arrêter  son  char,  tira  ses  souliers,  et  les  élevant  dans 
la  direction  du  bourg,  les  secoua  sur  lui  en  disant  :  «  Puisque  tu 
ne  reçois  point  ton  évêque,  attends,  idole,  la  colère  de  Dieu  t'attein- 
dra bientôt  et  saas  tarder.  ))  Puis,  continuant  rapidement  sa  route, 
il  passa  au  village  qui  se  trouve  à  l'Orient  et  qui  s'appelle  Tarmil- 
Raba^;  il  venait  en  effet  de  l'Occident. 

C'était  au  temps  de  la  moisson  des  orges  et  aucune  apparence 
de  nuage  ne  couvrait  le  ciel  ce  jour-là. 

La  colère  divine  s*empara  subitement  et  sans  tarder  du  malheu- 
reux village  qui  avait  voulu  être  un  instrument  d'iniquité  entre  les 
mains  des  grands  delà  ville,  [23 J  afin  qu'il  devint  un  sujet  de  crainte 
et  de  terreur  pour  la  contrée  et  pour  tous  ceux  qui  oseat  mé- 
priser leurs  évêques,  et  qu'il  servît  d'avertissement  aux  générations 
futures. 

Il  entra  dans  Tarmil.  Et  voici  que  les  nuées  montèrent  sur  le 
village.  Pendant  que  les  habitants  s'empressaient  çà  et  là,  une 
tempête  et  un  souffle  de  vents  violents  à  renverser  les  montagnes 
s'éleva  contre  lui.  Il  tomba  une  grêle  semblable  à  des  pierres,  qui 
frappa  leurs  vignes  et  leurs  figuiers,  brisa  les  arbres  de  leur  terri- 
toire et  détruisit  dans  leurs  champs  tout  ce  qui  était  vert,  réduisit 
leurs  récoltes  en  poussière,  au  point  qu'on  ne  reconnaissait  pas 
leur  place,  et  dispersa  aussi  leurs  meules,  de  sorte  qu'ils  ne  purent 
les  recueillir  et  que  tout  espoir  de  vivre  fut  perdu  pour  eux. 

Les  contempteurs,  en  voyant  ce  qui  leur  était  arrivé  :  «  Leurs 
paroles  étaient  encore  sur  leurs  lèvres  et  la  colère  de  Dieu  monta 
sur  eux*,  »  comprirent  que  la  colère  de  Dieu  pesait  aussi  sur  eux,  et 
ils  s'éveillèrent  comme  d'un  profond  sommeil,  comme  un  ivrogne 
qui  a  cuvé  son  vin  ;  ils  se  rappelèrent  ce  qu'ils  avaient  fait  à  leur 
évêque  et  reconnurent  que  ce  fléau  leur  arrivait  parce  qu'ils 
l'avaient  méprisé.  Us  furent  d'autant  mieux  confirmés  dans  cette 
opinion  que  le  fléau  n^avait  pas  dépassé  les  limites  de  leur  village. 

C'est  pourquoi  ils  sortirent  tous,  petits  et  grands,  et  s'en  allèrent 

1.  Il  y  avait  un  monastère  dans  un  lieu  appelé  Tarmel,  situé  à  deux 
stades  de  Data  (Assbmani,  Blbl.  or.,  II.  61;.  Mais  ce  lieu  parait  trop  éloigné 
d'Amida  pour  pouvoir  être  identifié  avec  celui  dont  il  est  question. 

2.  Cfr.  P«.,  Lxxviii,  30. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  21 

pieds  DUS,  humblement^  pleurant  amèrement  et  couverts  de  honte, 
jusqu'au  village  où  se  trouvait  Tévèque.  Le  saint  en  les  voyant, 
comme  autrefois  Elisée  en  présence  des  enfants  que  les  ours  dévo- 
rèrent \  fut  profondément  affligé,  surtout  de  ce  que  le  fléau  avait 
détruit  tout  ce  qu'ils  possédaient.  Il  s'en  revint  avec  eux  et  pria 
pour  eux. 

De  cette  manière  Dieu  répandit  sa  crainte  et  sa  terreur  sur  toute 
la  contrée  et  sur  les  grands  de  la  ville,  de  sorte  que,  quand  l'évèque 
quittait  le  village  [24]  où  il  résidait,  les  habitants  des  autres  villages 
venaient  tous,  grands  et  petits,  humblement  au-<levant  de  lui. 


A  saint  Mar  Élie,  patriarche  d'Antioche,  succéda  saint  Atha- 
nase*. 

L'an  1048  (730-731),  Maslamah  franchit  la  Porte  des  Turcs». 
Parce  que  les  Huns,  c'est-à-dire  les  Turcs  *,  étant  sortis  de  leur  pays, 
firent  un  mal  immense  dans  l'Arménie  et  dans  toute  la  contrée 
septentrionale,  Maslamah  marcha  contre  eux  avec  une  armée 
innombrable.  Chaque  année  ils  sortaient  ainsi  et  causaient  de 
grands  dommages.  Il  s'avança  donc  vers  eux  et  eux  vinrent  au- 
devant  de  lui.  Il  leur  livra  bataille  et  en  détruisit  un  grand 
nombre.  Ceux-ci  furent  effrayés,  et  vinrent  à  ses  pieds  lui  de- 
mander la  paix.  Il  la  leur  accorda,  pensant  qu'ils  gardaient  leur 
parole. 

La  même  année,  Maslamah  détruisit  cette  Porte  qui  se  trouvait 
à  l'entrée  du  territoire  des  Turcs,  parce  que,  enfermés  dedans,  ils 
lui  avaient  livré  un  combat;  mais  il  craignit  de  s'aventurer  dans 

1.  //  Reg,t  II- 

3.  Bar  Hebr^ub,  Chron.  eccl.,  I,  299. 

3.  Il  s'agit  da  célèbre  défilé  de  Derbend,  aussi  appelé  la  Porte  de/er,  et 
la  Porte  des  portes  et  Porte  des  Alains  par  les  Arabes.  Les  ArménieDs 
rappellent  Porte  de  Djor  ou  de  Tsour.  Le  nom  de  Portes  caspiennes 
que  lui  donnent  beaucoup  d'auteurs  ne  lui  convient  pas;  il  désigne  proprement 
le  grand  défilé  de  l'ibérie  qui  traverse  la  chaîne  du  Caucase,  des  sources 
du  Térek  à  Tiflis. 

4.  Plus  exactement  les  Khazares  ou  Alains.  Dans  le  récit  de  cette 
expédition  que  Denys  raconte  aux  années  1042  et  1043,  Tauteur  parait  avoir 
confondu  divers  événements  et  il  a  certainement  interverti  l'ordre  chronolo> 
gique  de  plusieurs  faits.  On  trouvera  le  récit  de  ces  campagnes  très  bien 
résumé  par  Saint-Martin  [Hist.  du  Bas-Empire,  t.  Xll,  pp.  165-169). 


22  CHRONIQUE 

la  région  inconnue  qui  appartenait  aux  Turcs,  de  peur  qu'ils  ne  se 
réunissent  contre  eux  et  ne  les  fissent  disparaître  de  la  terre.  C'est 
un  peuple  sans  Dieu  et  ils  sont  mages.  A  cause  de  cela,  Maslamah 
fut  contraint  d'ordonner  la  destruction  de  cette  Porte  des  Turcs  qui 
avait  été  construite  par  Alexandre  le  Macédonien  \  Ils  déta- 
chèrent et  firent  sortir  d'abord  tous  les  chameaux,  puis  les  ânes, 
ensuite  les  ouvriers,  enfin  ils  sortirent  eux-mêmes,  en  jetant 
des  ronces  derrière  eux  dans  tout  le  défilé. 

L'an  1043  (731-732),  Maslamah  rassembla  une  grande  multitude 
[25]  d'artisans,  de  charpentiers  et  d'ouvriers,  fittous  les  préparatifs 
nécessaires  pour  une  construction,  et  alla  réédifier  la  Porte  des  Turcs 
qu'il  avait  détruite  Tannée  précédente.  Après  l'avoir  rebâtie,  il  fit 
avec  ceux-ci  un  traité  confirmé  par  serment,  d'après  lequel  il  était 
convenu  que  personne  d'entre  eux  ne  franchirait  la  frontière  de  son 
allié.  11  revint  ensuite:  mais  les  Turcs  qui  ne  connaissent  point 
Dieu,  qui  ne  comprennent  pas  qu'ils  sont  ses  créatures,  qui  n'ad- 
mettent point  qu'il  y  a  un  Dieu  au  ciel,  ne  tinrent  pas  leur  pro- 
messe. Ils  méprisèrent  Dieu,  se  moquèrent  du  serment,  passèrent 
la  frontière  et  firent  beaucoup  de  mal  dans  la  contrée  qui  était 
hors  leur  territoire. 

Hi5am  envoya  contre  eux  son  général  Girah  '  avec  un  grand 
nombre  de  cavaliers. 

Celui-ci  entra  dans  le  pays  au  temps  de  la  moisson  et  fit  par 
son  passage  beaucoup  de  tort  dans  cette  région,  car  c'était  un  homme 
déréglé.  Se  sentant  fort,  il  n'était  pas  juste;  il  dévasta  les  récoltes 
des  paysans  et  causa  beaucoup  d  autres  maux  aux  pauvres  sur  sa 
route..  Les  habitants  vinrent  se  plaindre  à  lui,  mais  personne 
ne  rencontra  de  soulagement  près  de  lui  ;  et  ainsi,  comme  tout  le 
monde  avait  à  souffrir  de  son  passage,  tous  faisaient  également  des 
vœux  pour  qu'il  lui  arrivât  ce  qu'il  méritait.  Quand  il  livra  bataille 
aux  Turcs,  ces  derniers  tuèrent  une  grande  partie  de  ses  soldats  et 
emmenèrent  un  grand  nombre  de  captifs  dans  leur  pays.  Après 
cela,  il  manda  à  Hisam  de  lui  envoyer  du  secours.  Maslamah 
accourut  derrière  lui  avec  une  armée  immense,  mais  avant  qu'il 
eût  pu  pénétrer  jusqu'à  lui,  Girah  et  toute  son  armée  avaient  été 
exterminés  par  le  glaive  ;  car  les  Turcs  s'assemblèrent  de  tous 
côtés  contre  eux  en  très  grand  nombre  et  les  passèrent  tous  au 

1.  Cfr.  Bau  Hebr.«U8,  Chron,  syr.,  p.  36. 

2.  Djarrah,  Ibu  'Abdallah.  Théopbane  l'appelle  ràpz^^oç,  et  mentionne 
sa  défaite.  —  Cf.  sur  ces  campagnes  Weil,  Gesch.  d.  Chali/en,  t.  ï,  pp.  634 
sqq. 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  23 

fil  de  l'épée.  Personne  n'échappa.  Le  Seigneur  rendit  au  mal- 
faiteur le  mal  qu'il  avait  fait  et  punit  les  torts  qu'il  avait  causés, 
[26]  lui  et  son  armée,  aux  paysans  sur  son  passage.  Tout  ce  qu'ils 
avaient  commis  pendant  la  route  fut  accumulé  à  la  fois  sur  leur 
tète». 

A  rarrivée  de  Maslamah,  les  Turcs  furent  troublés  et  remplis 
de  frayeur,  car  ils  craignaient  sa  renommée  plus  que  son  aspect. 
Celui-ci  leur  livra  bataille,  répandit  leur  sang  comme  l'eau  à  la 
surface  de  la  terre,  et  rassasia  de  leur  chair  les  oiseaux  du  ciel  et 
les  bêtes  de  la  terre. 

Après  les  avoir  taillés  en  pièces*,  il  établit  sur  l'Arménie  Merwan 
Ibn  Mohammed,  —  celui-là  même  qui  régna  plus  tard  sur  les 
Arabes,  —  et  se  retira  en  laissant  auprès  de  lui  une  forte  armée.  Ce 
dernier  causa  plus  de  pertes  [aux  Turcs]  que  tous  ceux  qui  l'avaient 
précédé. 

L'an  1029  (717-718),  il  y  eut  un  fort  et  terrible  tremblement  de 
terre  qui  renversa  en  beaucoup  de  lieux  les  temples,  les  églises  et 
les  grands  édifices,  et  notamment  le  baptistère  et  l'église  Ancienne 
d'Édesse'.  De  grandes  et  vastes  maisons  furent  précipitées  sur 
leurs  habitants  ;  quant  à  celles  qui  résistèrent  et  ne  s'écroulèrent  pas 
dans  la  commotion,  elles  en  gardèrent  les  traces  afin  que  les 
habitants  fussent  remplis  de  crainte  en  la  présence  du  Seigneur 
chaque  fois  qu'ils  considéreraient  ces  vestiges  du  tremblement  de 
terre. 

A  cette  époque  Hiâam  canalisa  le  Zeitoun  \  bâtit  [sur  ses  rives] 
des  villes,  des  châteaux-forts,  de  nombreux  villages  qu'il  embellit 
par  de  nombreuses  plantations  de  toute  sorte.  Il  canalisa  aussi  [la 
rivière  de]  Beit  Balaâ  '  sur  laquelle  il  fit  construire  un  château- 
fort,  et  il  y  fit  planter  des  plantations  de  tout  genre.  Il  canalisa 

1.  La  bataille  fut  livrée  à  peu  de  distance  d'Ardebil.—  Cfr.  Thkophane,  ad 
ann.  m.  6220. 

2.  C'est  au  contraire  parce  que  Maslamah  n*ayait  pu  vaincre  les  Turcs  que 
le  khalife  mécontent  le  remplaça  par  Merwan,  en  731.  Ce  dernier  parvint  à 
soumettre  les  petits  princes  du  Caucase  et  à  repousser  les  Khazares  avec 
lesquels  il  conclut  une  paix  durable. 

3.  Cfr.  HUt.  cTÉdeaae,  pp.  15,  16,  245. 

4.  «(  Zaita  seu  Zeita  oppidum  sezaginta  stadiis  a  Circesio  castro  distans 
memoratur  Zozimo  lib.  3,  cap.  13.  Hinc  fortasse  fiuvio  nomen  inditum.  >i 
AssEM.,  Bibl,  or. y  II,  106. 

5.  Beit  Balasou  Balid,  en  latin  Balissus,  Barbalissus,  village  sur  la  rive 
de  TEuphrate,  dans  la  province  d'Alep.  C'est  sans  doute  cette  partie  du 
fleuve  que  Fauteur  a  en  vue.  —  Cf.  Chronique  de  Michel  le  Grand,  trad. 
LANOLOia,  p.  253. 


24  CHRONIQUE 

encore  le  Hânt  *  sur  lequel  il  fit  construire  des  forteresses  et  des 
jardins  de  toute  espèce. 

De  son  côté,  Maslamah  canalisa  le  Beit  BalaS  et  fit  bâtir  près 
du  fleuve  qu'il  avait  canalisé  des  châteaux -forts  et  des  villas  qu'il 
décora  de  toute  espèce  d'ornements. 

L'an  1040  (728-729),  Néocésarée  •  fut  prise  par  Maslamah  [27]  qui 
emmena  en  captivité  les  habitants  de  cette  cité  et  les  vendit  en 
esclavage  comme  des  bêtes,  à  l'exception  cependant  des  Juifs  qui 
lui  avaient  livré  la  ville.  Ils  s'étaient  rendus  secrètement  auprès  de 
Maslamah  et,  après  avoir  reçu  sa  parole,  ils  dirigèrent  traîtreuse- 
ment son  entrée  dans  la  ville.  Pour  eux,  il  les  fit  captifs,  mais  ne 
les  vendit  point;  il  les  emmena  avec  lui. 

L'an  1045  (733-734),  Soliman*  envahit  le  territoire  des  Romains 
et  s'empara  de  Polozonium  *  dont  il  emmena  tous  les  habitants  en 
captivité.  Voici  dans  quelles  circonstances.  Artabas,  gendre  de 
l'empereur  des  Romains, Constantin*, se  révolta  et  après  s'être  rendu 
maître  de  la  ville  de  Constantinople,  il  ceignit  tyranniquement  la 
couronne  impériale.  Tandis  que  l'empereur  Constantin  marchait 
avec  son  armée  contre  la  multitude  des  ennemis,  il  avait  laissé 


1»  La  rivière  qui  passe  à  oUi  <ians  Tlraq  *Arabi,  près  de  l'Ëupbrate,  Cfr. 

Bibl.  or.f  1112,717.  Bar  Hbbr^us  {Chron,  ayr.,  156,  antepon.)  dit  que 
Nasr  gagna  v  lejïeuce  Hdni  qui  est  près  de  CalUnice  ». 

2.  Denys  seul  fait  mention  de  la  prise  de  Néocésarée.  11  confond  peut-être 
Néocésarée  dans  le  Font,  avec  Côsarée  de  Cappadoce.  Cfr.  Thbopu.  Chro- 
nogr.tdA.  ann.  10  Leonis. 

3.  Fils  du  khalife  HiSam. 

4.  J'ai  conservé  ici  l'orthographe  d'AssBMANi  [TiibU  or,,  II,  106).  D*après  la 
collation  de  M.  Guidi,  le  groupe  de  lettres  Nud-Jud  pourrait  se  lire  iletk. 
Je  ne  puis  identifier  ce  nom  avec  certitude.  Peut-être  est-ce  une  corruption 
de  Paphlagonie.  Soliman  envahit  cette  province  à  Tépoque  indiquée  par 
Denys  et  battit  une  armée  romaine  commandée  par  un  général  du  nom  de 
Constantin.  Ce  qui  appuierait  cette  supposition,  c'est  que  notre  auteur  place 
ces  événements  sous  le  règne  de  Léon.  La  révolte  d'Artabas  n'eut  lieu  que 
dix  ans  plus  tard,  sous  Constantin  Copronyme.  L'identité  entre  le  nom  du 
général  et  celui  de  l'empereur  aura  induit  Denys  en  erreur.  Cfr.  HisL  du 
Bas-Empire,  t.  XU,  pp.  169, 189-197. 

Une  autre  conjecture  non  moins  probable,  c'est  que  ce  mot  traduit  le 
nom  grec '04^1x10 V.  Nous  savons  qu' Artabas  était  comte  du  thème  d'Opsicium 
(Thropu.,  ad  ann.  m.  6232-33)  et  qu*il  était  à  la  tête  des  troupes  de  ce 
thème.  Or,  Denys  dit  précisément  un  peu  plus  bas  que  le  tyran  Artabas  se 
défendait  dans  Constautinople  avec  la  légion  de  Pelozonium.  Assemani 
(toc.  cit.  )  croit  que  c'est  XQ-Castrum  Fcrreum  dont  parle  Théophane  à  l'an  22 
de  Léon. 

5.  Il  était  gendre  de  Léon,  dont  il  avait  épousé  la  fille  Anne. 


DE  DENYS  DE  TBLL-MAI^RÉ  25 

dans  la  ville»  pour  la  garder,  ce  tyran  Artabas  avec  la  garnison  de 
Pelozonium.  Ce  dernier,  oubliant  le  pacte  conclu  devant  Dieu 
avec  Léon,  et  voyant  qu'il  occupait  la  ville,  s'efforça  de  se  rendre 
maître  de  l'Empire.  Celui-ci  donc  occupait  la  ville,  et  l'armée  im- 
périale, avec  Constantin  lui-même,  campait  à  l'extérieur,  tandis 
que  toute  la  légion  de  Pelozonium  combattait  à  l'intérieur  contre 
l'empereur. 

Comme  Soliman  approchait,  Léon  lui  6t  dire  :  «  Ne  viens  pas 
vers  moi  ;  tu  t'exposerais  à  sortir  difficilement  de  mes  mains  ; 
mais  va  à  Pelozonium,  dévaste-la,  renverse-la,  fais-y  tout  ce  qui 
te  plaira,  car  là  personne  ne  te  résistera.»  Il  y  alla,  la  pilla  et  la 
dépouilla  selon  son  bon  plaisir,  emportant  un  butin  tel  que  per- 
sonne avant  lui  n'en  avait  jamais  emporté. 

Léon,  ayant  saisi  le  tyran,  lui  creva  les  yeux  et  priva  de  solde 
l'armée  qui  avait  pris  son  parti*.  [28] 

L'an  1046  (734-735),  Méliklbn  Sebib,émirdeMélitène,  et  'Abd- 
allah al- Batal  vinrent  assiéger  la  ville  de  Synada*.  Tandis  qu'ils 
campaient  dans  les  prés  qui  environnent  cette  place,  une  armée 
innombrable  se  réunit  contre  eux  pour  tirer  vengeance  de  ce  que  les 
Arabes  avaient  fait  l'année  précédente  à  Pelozonium.  Au  moment 
où  les  Arabes  qui  étaient  environ  cinquante  mille  étaient  dans  leur 
camp  sans  méfiance,  les  Romains  les  entourèrent  à  l'improviste  de 
toutes  parts  et  les  firent  tous  périr  par  le  glaive.  Un  petit  nombre 
seulement  échappa,  grâce  au  jour  qui  avait  baissé:  ils  fuyaient  en 
se  défendant  avec  le  glaive,  la  lance  et  l'arc,  et  ils  marchèrent 
toute  la  nuit. 

Des  cinquante  mille  qui  étaient  venus,  cinq  mille  à  peine 
s'échappèrent.  Les  chefs  eux-mêmes  tombèrent  dans  le  combat  ; 
jamais  pareil  malheur  n'était  arrivé  aux  Arabes'. 


A  cette  époque,  il  y  eut  dans  la  région  occidentale  un  séducteur 
qui  trompa  et  perdit  un  grand  nombre  de  Juifs\  Satan,  qui  est  pcr- 

1.  Hisi.  du  BaS'Em/nre,  t.  XII,  p.  197. 

2.  Grande  ville  de  la  Phrygic  dite  Salutaire.  Cf.  Wbil,  Gesch.  der 
Chaliphen,  I,  638,  639. 

3.  Thôopbane  (ad  ann.  22  Leonis)  dit  que  la  bataille  fut  livrée  trepc  tov 
*Âxpofvov,  en  Pbrygie  et  réduit  à  vingt  mille  hommes  la  force  de  l'armée 
arabe.  Il  donne  aux  généraux  musulmans  les  mêmes  noms  que  Oenys: 

4.  Un  récit  analogue  se  trouve  chez  Théophane  (ad  ann.  5  Leonis). 


26  CHRONIQUE 

nicieux  et  malin  dès  Torigine,  s'efforce  toujours  de  tromper  les 
hommes,  non  pas  seulement  quelques-uns,  mais  tous  pareillement, 
quelle  que  soit  ]eur  race  ou  leur  langue,  en  suggérant  à  chacun  ce 
qu'il  sait  lui  être  agréable  et  capable  de  Tinduire  en  erreur.  Il  tire 
son  nom  de  ses  œuvres:  Satan,  en  effet,  signifie  adversaire.  11  ne 
néglige  rien  et  ne  cesse  de  troubler  ou  de  tromper  tous  les  peuples 
dans  toutes  les  générations.  Le  courage  ne  lui  fait  jamais  défaut, 
et  il  n'abandonne  jamais  ses  antiques  méchancetés  qu'il  inventa 
autrefois  contre  le  chef  du  genre  humain  pour  le  perdre.  [29] 

Dans  ce  temps  donc,  il  fit  sortir  de  la  Mésopotamie  un  certain 
homme,  originaire  du  village  de  Phalkat',  dans  la  région  de  Mar- 
din,   et  le  fit  passer  dans  la  contrée  occidentale,  du  côté  du  Beit 

V 

Sammar\  Cet  individu  eut  acc^s  dans  la  maison  d'un  des  princi- 
paux d'entre  les  Juifs,  mais  abusant  de  l'hospitalité  qu'on  lui 
donnait,  il  corrompit  la  fille  de  celui-ci.  Quand  la  chose  fut 
connue  des  Juifs,  ils  le  vouèrent  à  la  mort.  Mais  comme  il  était  chré- 
tien, ils  lui  infligèrent  de  cruels  et  longs  supplices  pendant  les- 
quels il  trouva  l'occasion  de  s'échapper  de  leurs  mains.  Il  songea 
dès  lors  à  leur  faire  subir  toutes  sortes  de  maux.  Étant  parti  de  là, 
il  descendit  au  pays  des  Aramoyé'qui  est  plongé  dans  tous  les 
maléfices  des  incantations.  Là,  il  s'adonna  à  la  magie  et  aux  arti- 
fices diaboliques.  Il  fit  du  progrès  dans  tous  les  arts  mauvais  et  y 
passa  maître.  Quittant  alors  ce  lieu,  il  remonta  dans  la  région  du 
Beit  Sammar.  Il  dit  aux  Juifs  :  ((  Je  suis  Moïse,  celui-là  même  qui 
fitautrefoissortir  Israël  de  l'Egypte,  qui  fut  avec  eux  par  la  mer 
et  le  désert  pendant  quarante  ans.  Je  suis  envoyé  de  nouveau 
pour  le  salut  d'Israël  et  pour  vous  conduire  au  désert,  afin  de 
vous  introduire  ensuite  dans  l'héritage  de  la  Terre- Promise  que 
vous  posséderez  comme  auparavant.  De  même  qu'autrefois  Dieu 
renversa  toutes  les  nations  qui  l'habitaient  pour  que  vos  pères  en 
prissent  possession,  ainsi  encore  il  les  fft*a  disparaître  devant 
vous  pour  que  vous  y  entriez,  que  vous  la  possédiez  comme aupa- 


1.  Ce  nom  désigne  aussi  uo  village  de  la  Sophène  (Land,  Anecd. 
syr.f  II,  225).  Je  ne  trouve  sur  les  cartes  aucun  lieu  avec  lequel  on  puisse 
identifier  celui  dont  il  est  ici  question.  La  disposition  des  signes  dans  le 
ms.  permet  aussi  de  lire  palnit  :=  «  un  certain  »  village. 

2.  Région  sur  la  rive  gauche  de  l'Euphrate,  à  la  hauteur  du  35*  de  lat 
Nord. 

3.  On  trouve  l'expression  Beit  A  rmoyé  employée  pour  désigner  le  pays 
autour  de  Séleucie-Ctésiphon  [Bibl,  or.,  I,  354  et  35S);  je  crois  donc  qu'il  faut 
ici  lui  attribuer  ce  dernier  sens  qui  parait  exigé  par  le  contexte.  On  des- 
cendait,  en  effet,  pour  aUer  du  Beit  Sammar  dans  cette  région. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  87 

ravant,  et  que  tous  les  Israélites  dispersés  soient  réunis  selon  ce  qui 
estécrit'  :  «  Il  rassemblera  les  dispersés  d'Israël.»  Comme  il  leur 
tenait  quotidiennement  un  tel  langage  et  excitait  constamment 
leur  admiration  par  ses  incantations,  ils  erraient  à  sa  suite.  Tan- 
tôt il  les  faisait  circuler  dans  les  montagnes  et  les  précipitait  de  pics 
escarpés  et  les  tuait,  tantôt  il  les  enfermait  dans  des  grottes  et  des 
cavernes  où  il  les  faisait  périr.  [30]  Il  leur  fit  ainsi  subir  beaucoup 
de  mal,  en  tua  et  en  fit  périr  un  grand  nombre.  Il  leur  enleva  aussi 
beaucoup  d'or,  en  leur  persuadant  par  ses  incantations  qu'il  les 
conduisait  dans  le  désert.  Quand  il  fut  rassasié  des  maux  qu'il 
leur  faisait  souffrir  journellement,  il  les  fascina  par  ses  artifices, 
prit  tout  l'or  et  tous  les  biens  qu'il  leur  avait  enlevés  et  s'enfuit 
dans  son  pays. 

Les  Juifs,  revenus  à  eux-mêmes  et  voyant  le  mal  qu'il  leur  avait 
fait  souffrir,  le  poursuivirent  aux  quatre  coins  du  monde,  interro- 
geant e^'informant  de  lui.  L'ayant  enfin  découvert,  ils  le  condui- 
sirent à  rémir  des  croyants,  Hi§am.  Celui-ci  le  leur  ayant  aban- 
donné, ils  lui  firent  subir  des  supplices  et  des  tourments  à 
Babylone  et  finalement  le  crucifièrent.  Il  mourut  ainsi  et  Dieu  lui 
donna  de  la  sorte  la  récompense  qu'il  méritait. 


L'an  1047  (735-736),  Attiq  se  révolta  et  embrassa  la  secte  des 
tiarourites'. 
Lorsqu'il  se  révolta  et  embrassa  la  secte  des  l^arourites,  il  fit 

1.  Is..  Lvi,  8. 

2.  «  Vox  Arurita  ex  syriaca  Arurojuto,  quae  libertat«m  signiflcat, 
d^^ampta  est  :  relictis  eaim  uzoribus  et  bonis.  Arabes  pro  liberiate,  seu  potius 
Ubere,  etabsqueimpedimentis  pugnabant.  Hinc  vox (««».  A rarapud Dionysium 
ex  Arurojuto  sea  potius  iLoijÛ  Hiruto  (quod  libertatem  sonat)  derivata.  » 
AssBMANi,  Bibl,  or.,  II,  108.  Le  môme  écrivain,  à  propos  d*uD  passage  de 
Denys  que  nous  lirons  bientôt,  fait  observer  Tusagedu  mot  A  car  chez  notre 
auteur.  «  Vox  Acar,  dit-il,  non  pro  albo  aut /)uro (ut  ubique  apud omiies  Auc- 
tores),  sed  pro  actione  quam  supra  [cfr.  p.  suiv.]  ex  Dionysio  descripsi 
sumilar.  Portasse  etiam  Aoar  voci  Uchama  (qu8e  nigrum  significat)  ibi  oppo- 
oitur;  nam  Persse  (ut  ad.  ann.  1060  et  1061  videbimus)  nigris  utebantur, Arabes 
albis  :  atque  adeo  iactio  quaelibet,  rebellio,  aut  Arabum  dissidium,  ea  voce 
ab  auetoribus  sequioris  sseculi  exprimitur.  »  {Ibid.)  —  Ces  assertions  sont 
fort  hypothétiques.  Les  origines  de  la  secte  politico-religieuse  des  Harouri- 
tes,  dont  les  partisans  s'opposèrent  si  vivement  aux  Abbassides,  ne  sont  pas 
encore  suffisamment  édaircies. 


28  CHRONIQUE 

comme  les  Arabes  ont  coutume  de  faire  lorsqu'ils  abandonnent  leurs 
femmes  et  tout  ce  qu'ils  possèdent.  Il  s'en  alla  avec  vingt  compa- 
gnons près  de  Sigara*.  Hiâam,  ayant  appris  cela,  commanda  à 
Qaliu  et  à  Zohaïr,  généraux  de  cavalerie  de  Sigara,  de  marcher 
contre  lui  et  de  lui  livrer  bataille.  Ceux-ci,  après  avoir  reçu  cet 
ordre,  réunirent  une  armée  nombreuse  et  sortirent  à  sa  poursuite. 
Ils  le  rejoignirent  dans  le  désert  même  de  Sigara.  Celui-ci  leur  de- 
manda d'attendre  au  lendemain  pour  engager  le  combat.  Comme 
ilsavaientaveceux  une  grande  armée  et  que  les  rebelles  étaient  peu 
nombreux,  ils  les  méprisaient  d'autant  plus  que  la  soif  se  faisait  sentir 
dans  leur  camp,  car  les  eaux  manquaient  dans  ce  désert  et,  de  plus, 
le  jour  baissait.  [31]  'Attiq,  qu'ils  regardaient  en  tout  avec  mépris, 
était  un  homme  courageux  ainsi  que  ses  compagnons  et  il  leur 
avait  fait  cette  proposition  par  ruse.  Lorsque  la  nuit  fut  venue  et 
qu'ils  eurent  mangé  et  bu,  ils  s'endormirent  sans  défiance,  tandis 
que  'Attiq  et  ses  compagnons  prirent  leurs  armes,  tombèrent  sur 
eux  à  la  première  veille  de  la  nuit  et  les  tuèrent  tous.  Le  Seigneur 
tourna  Tépée  de  chacun  contre  son  voisin  et  les  compagnons  de  'Attiq 
passaient  parmi  eux  comme  les  tailleurs  de  pierre  et  comme  ceux 
qui  conduisent  la  charrue.  A  l'exception  de  quelques-uns  qui 
montèrent  sur  leurs  chevaux  rapides  et  prirent  la  fuite,  personne 
n'échappa;  ils  périrent  tous  par  le  glaive.  Les  chefs  de  l'armée  eux- 
mêmes,  Qaliu  et  Zohaïr,  tombèrent  parmi  les  morts. 

L'an  1052  (740-741),  l'empereur  des  Romains,  Léon,  mourut 
après  un  règne  de  vingt-cinq  ans  et  eut  pour  successeur  son  fils 
Constantin  qui  régna  trente-cinq  ans'. 

A  cette  époque,  Hi§an?,  roi  des  Arabes,  fit  construire  un  pont 
sur  l'Euphrate,  en  face  de  Callinice  '. 

L'an  1053  (741-742),  il  y  eut,  un  dimanche,  un  grand  et  terrible 
tremblement  de  terre. 

Toute  la  nuit  de  ce  dimanche,  on  entendit  le  bruit  qu'il  pro- 
duisait, bruit  semblable  au  mugissement  d'un  taureau.  Quand  vint  le 
moment  de  la  messe,  tout  le  peuple  accourut  à  l'église.  Or,  l'église 
de  Maraq*  fut  renversée  par  la  violence  et  la  force  du  tremblement 

1.  ZiYY^P**  ^i^'®  épiscopale  de  la  Mésopotamie  à  l'ouest  du  Tigre,  à  trois 
journées  de  marche  de  Mossoul  sur  la  route  de  Callinice.  Cfr.  Assbmani, 
Dis.  de  Syri8  monophia,^  p.  109. 

2.  HUt.  du  Bas-Empire,  t.  XII,  p.  180. 

3.  Aujourd'hui  Er-Rakka^  sur  l'Euphrate,  non  loin  du  confluent  du 
Balik. 

4.  Village  situé  entre  Nisibe  et  Mossoul  d'après  Yakout.  CIr.  Wright, 
Catalogue  ofsyr,  ms,,  669,  a.  —  Bar  Hrbr.,  Chron,  eccL,  II,  363,   n.  1. 


DE  DKNYS  DK  TELL-MAHRÉ  29 

de  terre  qui  arriva  subitement,  et  elle  écrasa  tout  le  peuple  qui 
s'y  était  assemblé  ;  personne  n*en  sortit  vivant,  excepté  le  prêtre 
qui  offrait  à  ce  moment-là  le  sacrifice.  La  colline  sur  laquelle 
l'église  de  Maraq  était  bâtie  fit  entendre  des  grondements  et  des 
clameurs  pendant  environ  trente  jours.  [32] 

L'an  1054  (742-743),  le  grand  pont  du  Tigre,  près  d'Amida,  fut 
renversé. 

L'hiver  avait  été  dur;  une  neige  abondante  était  tombée  du  ciel 
et  s'était  accumulée  sur  la  terre  pendant  des  jours  nombreux,  de 
sorte  que  toute  chair  approchait  de  sa  fin.  Les  animaux  surtout  et 
les  oiseaux  périrent.  Vint  ensuite  une  température  froide  et  rigou- 
reuse, des  vents  et  de  la  pluie  pendant  longtemps;  la  neige  fondit 
et  la  terre  fut  abondamment  imprégnée  tant  par  les  eaux  dont  elle 
avait  été  couverte  que  par  la  fonte  des  neiges.  Il  y  eut  des  inondations 
dans  tous  les  fleuves,  et  surtout  dans  le  Tigre. 

Dans  ce  fleuve  eurent  lieu  des  ruptures  et  des  débordements 
violents  qui  détruisirent  nombre  d'hommes  et  de  pays.  Il  charria 
beaucoup  de  bois  et  la  poussée  des  eaux  fut  si  véhémente  que  de 
gros  arbres  s'acculèrent  au  grand  pont  et  s'accumulèrent  l'un  sur 
l'autre  jusqu'à  cinq  ou  six  milles  en  amont.  Ainsi,  à  cause  de  la 
violence  du  choc  des  pièces  de  bois  et  de  la  force  de  l'inondation, 
le  pont  fut  brisé  et  renversé  par  les  eaux.  Il  ne  fut  pas  rétabli,  car 
au  moment  où  Hisam,  après  avoir  réuni  des  ouvriers  et  des 
maçons  avec  tout  ce  qui  était  nécessaire  pour  le  reconstruire,  se 
hâtait  de  le  rebâtir,  il  fut  surpris  par  la  mort  et  laissa  l'ouvrage 
inachevé. 

A  la  même  époque  Édesse  fut  aussi  inondée. 

11  y  eut,  en  effet,  une  grande  et  violente  inondation  dans  le  fleuve > 
qui  traverse  la  ville  et  qu'on  appcille  le  DaiQan\  Les  eaux  entrèrent 
en  quantité  dans  la  ville,  de  sorte  que  les  issues  pratiquées 
pour  elles  dans  le  mur  oriental  de  la  cité  furent  obstruées.  Les  eaux 
ne  parvenant  pas  à  renverser  le  mur  revinrent  en  arrière  et,  s'élevant 
d'une  manière  extraordinaire,  elles  se  répandirent  dans  les  places 
de  la  ville  et  détruisirent  toutes  les  boutiques.  Beaucoup  de  maisons 
s'écroulèrent  ;  mais  parce  que  cela  arriva  de  jour,  personne  ne 
périt  dans  Tinondation  :  les  habitants  avaient  fui  en  abandonnant 
leurs  demeures. 

1.  Le  Daiçan  [sauteur,  en  grec  Sxipxoç)  avait  déjà  causé  plusieurs  fois 
de  terribles  ravages  par  ses  inondations.  Justinien  fit  faire  de  grands  travaux 
pour  prévenir  le  retour  de  semblables  malheurs,  mais  ils  furent  inefficacest 
comme  on  le  voit.  Cfr.  R.  Duval,  Hlat.  d*Édease,  pp.  7-9;  et  Thbopuamk, 
Chronogr.^  ad  ann.  24  Leonis. 


30  CHRONIQUE 

[33]  La  rupture  du  canal  causa  aussi  de  grands  maux  dans  toute 
la  plaine  d'Édesse  et  de  Harran. 

L'an  1055  (743-744),  Hiâam,  roi  des  Arabes,  mourut,  et  après 
lui,  Walid  [11]^  régna  huit  mois.  Le  tyran  Yézid,  *Abbas  et 
Ibrahim  qui  étaient  frères,  et  leur  parent  'Abd  al-*Aziz,  les  fils  de 
^addjadj  \  s'élevèrent  contre  lui  et  le  tuèrent  par  le  glaive  près  de 
la  ville  deQoré'. 

Yézid  [III]  régnaaprès  lui  pendant  six  mois,  mais  la  contrée  nelui 
obéit  point  et  il  n'établit  pas  de  gouverneurs  en  Mésopotamie.  A  la 
mort  de  Yézid,  son  frère  Ibrahim  prit  sa  place. 

Cette  même  année,  la  discorde  s'éleva  dans  toute  la  contrée,  à 
cause  de  la  tyrannie  exercée  par  'Abbas  et  son  frère  contre  Walid, 
qu'ils  avaient  mis  à  mort  par  le  glaive.  Comme  ils  régnaient  tandis 
que  la  royauté  ne  leur  appartenait  pas,  les  Arabes  ne  leur  obéirent 
point,  surtout  ceux  de  la  Mésopotamie. 

Cependant  chacun  se  tint  chez  lui  et  veilla  sur  soi .  La  dissension 
et  le  brigandage  régnèrent  dans  toute  la  contrée  et  personne  ne 
pouvait  sortir  de  chez  soi. 


De  la  sécheresse  et  de  la  grande  famine  qui  arrivèrent  aussi  sur 

toute  la  terre  en  ce  temps-là. 

En  ce  temps.  Dieu  envoya  sur  nous  les  plus  cruels  et  terribles 
fléaux  qui  sont  :  le  glaive,  la  captivité,  la  famine  et  la  peste, 
à  cause  de  nos  péchés  et  des  œuvres  mauvaises  que  nos  mains  ont 
opérées. 

«  Quand  même  Moïse  et  Samuel  se  tiendraient  devant  moi,  mon 
âme  ne  pencherait  pas  vers  ce  peuple.  Chasse  les  de  ma  face,  et 
qu'ils  se  retirent.  Que  s'ils  te  disent:  Où  irons-nous?  [tu  leur 
diras  :]  Voici  ce  que  dit  le  Seigneur  :  A  la  mort  celui  qui  [est  destiné] 

1.  Son  neveu,  flis  de  Yézid  II,  flls  de  *Abd  al-Mélik.  —  Cf.  Wbil,  Geêch, 
lier  Chalipheriy  t.  1,  pp.  658  sqq. 

2.  Il  faut  probablement  lire  *Abd  al-'Aziz  Ibn  ^addjadj.  Cf.  Wbil,  Gêëch. 
d,  Chaliphen,  I,  673. 

3.  La  phrase  de  l'auteur  parait  altérée.  Bbrnstbin  observe  que  Walid  II 

périt^  selon  les  auteurs  arabes,  à  un  endroit  appelé  :    n^,   ^^  ^j^    r^ 

Assemani  cite  {BibL  or,^  III,  I,  p.  178)  dans  la  région  de  Marga,  un  monas- 
tère de  Cyrus  dont  le  nom  est  orthographié  «ioA,  et  un  village  du  même 
nom  près  de  Nirba  Barzi  (III,  I,  p.  499).  Cf.  Wbil,  Geach.  d.  Chaliphen, 
I,  p.  670. 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  31 

à  la  mort  ;  aa  glaive  celui  qui  [est  destiné]  au  glaive  ;  [  34]  à  la  famine 
celui  qui  [est  destiné]  à  la  famine  ;  à  la  captivité  celui  qui  [est  destiné] 
k  la  captivité.  J'enverrai  sur  eux  quatre  fléaux,  dit  le  Seigneur  :  le 
glaive  pour  tuer,  les  chiens  pour  déchirer,  les  oiseaux  du  ciel  et 
les  bêtes  de  la  terre  pour  dévorer  et  pour  mettre  en  pièces,  et  je  les 
livrerai  au  tremblement  \  »  Voilà  ce  que  Jérémie,  instruit  par  une 
révélation,  nous  a  laissé.  Lui-m(^me  dit  encore*  :  «  La  clameur  de 
Jérusalem  est  montée  devant  moi.  Les  grands  ont  envoyé  les  petits 
vers  l'eau  ;  ils  sont  venus  aux  citernes  et  n'ont  point  trouvé  d'eau  : 
ils  sont  revenus  leurs  vases  vides,  ils  ont  été  confondus  et  ai&igés, 
et  ils  ont  couvert  leurs  tètes.  A  cause  des  œuvres  de  la  terre  il  n'y 
a  point  eu  de  pluie  ;  les  laboureurs  ont  été  confondus,  et  ils  ont 
couvert  leurs  tètes  ;  les  biches  ont  mis  bas  dans  le  désert,  et  elles 
ont  abandonné  leurs  petits  parce  qu'il  n'y  avait  pas  d'herbe;  les 
onagres  se  sont  tenus  sur  les  chemins  :  ils  ont  aspiré  l'air  comme 
des  dragons  et  leurs  yeux  se  sont  obscurcis  parce  qu'il  n'y  avait 
pas  d'herbe.  »  En  vérité,  toutes  ces  choses  qu'a  dites  le  prophète 
ont  été  accomplies  dans  le  temps  présent. 

Voilà  le  carnage  que  les  armées  des  Arabes  ont  fait  entre  elles. 
Ils  ont  enivré  la  terre  de  leur  sang;  les  oiseaux,  les  bètes  sauvages 
et  même  les  chiens  se  sont  rassasiés  de  leur  chair.  Les  hommes 
se  pillèrent  mutuellement.  La  peste  étend  sur  eux  ses  ravages, 
de  sorte  que  si  quelqu'un  sort  dehors  le  glaive  l'arrête;  s'il  reste 
à  la  maison,  la  peste  et  là  famine  le  saisissent.  On  n'entend  de  tous 
côtés  que  tristesse  et  amertume. 

D'abord,  la  pluie  qui  avait  coutume  de  descendre  sur  la  terre 
pendant  l'hiver  a  été  retenue  et  n'est  pas  tombée.  Toutes  les 
semailles  ont  été  desséchées  et  rien  n'a  germé,  de  sorte  qu'il  y  a 
eu  une  grande  famine  dans  toute  la  région,  à  tel  point  que  le 
froment  monta  à  huit  ou  même  sept  qephizc^  pour  un  dinar  :  et 
cependant  on  n'en  trouvait  pas.  Certains  gouverneurs  envoyèrent 
des  hommes  qui  saisirent  le  froment  partout  où  ils  le  trouvèrent, 
soit  dans  les  maisons,  soit  dans  les  silos,  et  le  consignèrent.  Les 
hommes  étaient  opprimés  par  la  faim  jusqu'à  en  mourir,  surtout  les 
possesseurs  de  froment  qui  n*avaieut  pas  été  soumis  [35]  à  l'épreuve 
de  la  famine  et  dont  les  blés  furent  saisis  par  l'autorité,  de  sorte 

1.  JÉR.,  XV,  1-4. 

2.  JéR.,  XIV,  2-6. 

S.  Il  est  impossible  de  déterminer  la  valear  précise  des  mesures  et  des 
poids  qui  a  beaucoup  varié  selon  les  temps  et  les  lieux.  Bar  HBBRiCUS  {Sehol. 
nd  II  Reg.,  vi,  25)  donne  à  cette  mesure  la  valeur  d'une  charge  d*àDe.  Voir 
Thés,  êyriae.,  sub  h.  y. 


33  CHRONIQUE 

qu'ils  périrent  de  faim.  Dès  lors,  la  famine  se  fit  sentir  aussi  bien 
sur  les  riches  que  sur  les  pauvres.  Elle  s*étendit  également  sur 
toute  la  contrée»  de  sorte  qu'il  n'y  avait  pas  un  lieu  mieux  préservé 
qu'un  autre  de  ses  ravages  :  c'était  partout  la  même  oppression. 
Les  bêtes  sauvages,  de  même  que  les  animaux  domestiques  qui 
vivent  d'herbe,  périrent  parce  qu'il  n'y  avait  point  d'herbe.  Il  y  eut 
donc  une  grande  affliction  sur  les  hommes  et  sur  toute  chair,  à  cause 
de  cette  famine  qui  n'eut  point  sa  semblable  dans  notre  temps,  ni 
dans  le  temps  de  nos  pères.  Les  fontaines  et  les  ruisseaux  firent 
défaut  et  les  fleuves  se  desséchèrent. 

Au  moment  de  la  mort  de  HiSam  les  fléaux  se  multiplièrent 
sur  la  terre.  Tous  les  maux»  et  principalement  la  peste  et  la  famine, 
s'abattirent  sur  nous  à  cause  de  nos  nombreux  péchés. 


De  la  grande  peste  qui  arriva  en  ce  tempa-là*. 

Ici  le  prophète  Jérémie  nous  vient  en  aide  très  à  propos,  lui  qui 
sait  mieux  que  personne  se  lamenter  sur  les  maux  qui  nous  ont 
environnés  de  toutes  parts  :  «  Qui  donnera  à  ma  tète  de  l'eau,  et 
à  mes  yeux  une  fontaine  de  larmes?  et  je  pleurerai  jour  et  nuit  les 
morts  de  la  fille  de  mon  peuple*.  »  Et  encore'  :  ((  Sur  les  mon- 
tagnes je  m'abandonnerai  aux  larmes  et  aux  lamentations,  et  sur 
les  habitations  du  désert  aux  plaintes,  parce  qu'elles  sont  déso- 
lées et  qu'il  n'y  a  personne  qui  y  passe.  Que  nos  yeux  versent  des 
larmes,  que  de  nos  paupières  coulent  des  eaux.  C'est  pourquoi, 
écoutez,  femmes,  la  parole  du  Seigneur;  que  vos  oreilles  saisissent 
le  discours  de  sa  bouche,  enseignez  à  vos  filles  les  lamentations,  et 
que  chacune  apprenne  à  sa  voisine  le  chant  plaintif;  parce  que  la 
mort  est  montée  par  nos  fenêtres,  qu'elle  est  entrée  dans  nos 
demeures  pour  exterminer  les  enfants  dans  les  rues  et  les  jeunes 
hommes  dans  les  places  publiques.  Les  cadavres  des  hommes 
tomberont  comme  le  fumier  sur  la  face  de  la  terre,  comme  l'herbe 
derrière  le  faucheur,  et  il  n'y  a  personne  qui  la  recueille  I  »  [36] 

Qu'il  vienne  maintenant  [le  prophète],  et  qu'il  pleure  non  plus 
sur  un  seul  peuple,  ni  sur  la  seule  ville  de  Jérusalem,  mais  sur 
tous  les  peuples  et  sur  des  villes  nombreuses,  que  le  fléau  a  ren- 

1.  La  peste  ravagea  aussi  l'Occident,  surtout  au  printemps  de  Tannée  748. 
Cfr.  Hist! du^BaaEmpire,  t.  XII,  p.  201. 

2.  JÉR.,  IX,  1. 

3.  JÉR.,'ix,  10,  18,  20-22. 


DE   DKNYS   DE   TELL-MAHRÉ  33 

dues  semblables  à  un  pressoir  en  y  foulant  aux  pieds  et  en  y 
écrasant  sans  miséricorde  leurs  habitants  comme  de  superbes 
grappes;  —  sur  la  terre  tout  entière,  parce  que  le  châtiment, 
comme  le  moissonneur  au  milieu  des  blés  mûrs  sur  pied,  menaça 
et  enleva  tous  les  âges,  toutes  les  conditions,  tous  les  rangs  sans 
acception  de  personne;  —  sur  les  cadavres  en  putréfaction  et 
déchiquetés  [qui  gisent]  dans  les  rues  de  l'univers  entier:  leur  pus 
coule  comme  de  l'eau,  et  il  n'y  a  personne  pour  ]les  ensevelir  ;  — 
sur  les  maisons  grandes  et  petites,  belles  et  agré«ables,  qui  sont 
devenues  subitement  les  sépulcres  de  leurs  habitants,  dans  les- 
quelles tout  à  coup  les  serviteurs  tombèrent  avec  les  maîtres  sans 
que  personne  échappât  pour  tirer  dehors  les  cadavres  de  l'intérieur; 
—  sur  les  routes,  qui  sont  désolées  ;  —  sur  plusieurs  villages  dont 
les  habitants  ont  tous  péri  à  la  fois;  —  sur  les  palais  qui  frémis- 
saient l'un  contre  l'autre;  —  sur  les  chambres  nuptiales  ornées 
pour  les  fiancées,  qui  y  sont  apparues  mortes  subitement;  —  sur 
les  jeunes  vierges  gardées  dans  les  gynécées,  qui  attendaient  les 
réjouissances  de  leurs  noces  et  qui  tout  à  coup  ont  été  conduites 
au  tombeau  ;  —  sur  beaucoup  de  choses  semblables  qui  surpris- 
sent les  discours  et  les  narrations  de  tous  les  rhéteurs  ;  —  sur  ces 
choses,  dis-je,  le  prophète  aurait  raison  de  pleurer  et  de  dire  : 
«  Malheur  à  moi  !  ))  non  à  cause  «  du  brisement  de  la  fille  de  mon 
peuples  »  mais  à  cause  de  la  ruine  de  toute  la  terre  habitée,  et 
de  l'univers  entier  que  la  peste  a  complètement  ravagé  à  cause  de 
ses  péchés.  Il  aurait  lieu  de  se  servir  des  paroles  prophétiques  de 
ses  collègues  :  a  Qu'il  vienne  et  dise  au  reste  de  ceux  qui  ont  sur- 
vécu :  Pleurez,  lamentez- vous,  ministres  de  Tautel  ;  entrez,  passez 
la  nuit  sur  le  cilice,  ministres  de  mon  Dieu,  »  non  «  parce  que 
l'oblation  a  été  retranchée  [37]  de  la  maison  de  Dieu,  »  maisà  cause 
des  hommes  qui  ont  été  retlranchés  du  monde'  ;  et  encore'  :  «  Que 
la  terre  habite  dans  le  deuil,  que  tous  ses  habitants  se  lamentent. 
Appelez  les  pleureuses  et  que  les  chanteuses  de  lamentations  vien- 
nent célébrer  le  deuil  toutes  ensemble,  non  plussur  un  fils  unique,  » 
ni  sur  un  seul  cadavre,  mais  sur  des  peuples  et  des  royaumes. 

«  Par  le  déchirement  sera  déchirée  la  terre,  par  le  brisement 
sera  brisée  la  terre,  par  l'ébranlement  sera  ébranlée  la  terre,  par  le 
chancellement  chancellera  la  terre.  Elle  sera  livrée  au  feu  comme 
un  térébinthe  garni  de  feuilles,  comme  un  chêne  tombé  de  sa 

1.  JÉR.,  VIII,  21. 

2.  Joël,  i,  13. 

3.  Cfr.  JÉR.,  IX,  17;  Amos,  vin,  8. 


34  CHRONIQUE 

base\  »  Toutes  ces  choses  ont  été  accomplies  cUlds  le  temps  pré- 
sent :  les  grandes  commotions  et  les  tremblements  de  terre  vio- 
lents ;  les  armées,  les  guerres,  les  inimitiés  des  Arabes  entre  eux 
au  sujet  du  pouvoir;  la  famine  qui  sévit  tellement  que  dans  la 
région  méridionale  et  orientale  toute  la  population  se  leva  et  se 
répandit  sur  les  contrées  du  Nord  et  de  TOccident;  la  discorde 
avec  tous  les  maux. 

t  J'enverrai  après  eux,  dit  le  prophète,  le  glaive  et  la  captivité, 
la  famine  et  aussi  la  peste  *.»  Toutes  ces  choses  arrivèrent  de  dos 
jours  sans  aucune  exception.  Voici  le  glaive  des  Arabes  [tourné] 
contre  eux-mêmes;  voici  la  déprédation  telle  qu'il  était  impossible 
de  sortir  sans  être  pillé  et  dépouillé  de  son  bien  ;  voici  la  famine 
qui  sévit  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur.  Si  quelqu'un  entre  dans  sa 
maison,  il  y  rencontre  la  famine  et  la  peste,  s'il  sort  au  dehors,  le 
glaive  et  la  captivité  courent  au-devant  de  lui.  De  tous  côtés  ce 
n'est  que  cruelle  oppression,  douleur  lamentable,  souffrance  et 
commotion. 

((  Ils  sont  ivres,  non,  certes,  de  vin,  et  ils  chancellent  non  pas 
d'eau-de-vie'.  »  Les  hommes  commencèrent  à  errer  et  à  circuler 
de  ville  en  ville  et  de  lieu  en  lieu;  ils  trébuchaient  comme  s'ils 
étaient  ivres;  ils  demandaient  du  pain  et  il  n'y  en  avait  point! 
ainsi  que  dit  le  prophète. 

D'abord,  un  grand  nombre  de  chefs  de  familles  commencèrent  à 
tomber  malades  et  à  mourir  de  corruption  du  sang  et  d'ulcères. 
Les  choses  se  passèrent  ainsi  [38]  pendanttout  l'hiver.  On  ne  par- 
venait pas  à  les  ensevelir.  Les  hommes  gisaient  dans  les  places, 
les  portiques,  les  tours,  les  temples,  dans  toutes  les  habitations, 
torturés  par  la  violence  de  la  maladie  et  la  grande  rigueur  de 
la  famine  :  de  sorte  que  le  nombre  de  ceux  qui  périrent  de  faim  fut 
plus  considérable  que  celui  de  ceux  qui  périrent  par  la  maladie. 
Ce  furent  surtout  ceux  qui  avaient  du  pain  à  satiété  qui  furent 
saisis  par  cette  maladie.  Quand  les  jours  devinrent  plus  chauds, 
des  tumeurs  se  manifestèrent  sur  les  malades  qui  commencèrent  à 
tomber  dans  les  places  publiques  comme  du  fumier  à  la  face  de  la 
terre,  et  il  n'y  avait  personne  pour  les  ensevelir!  Cette  peste 
commença  à  sévir  sur  les  pauvres,  qui  étaient  abandonnés  sur  les 
places.  On  les  ensevelissait  avec  honneur,  au  chant  des  cantiques, 
et  on  les  enterrait  convenablement,  et  comme  il  n'y  eut  bientôt 

1.  Cfp.  Is.,  XXIV,  19. 

2.  Jér.,  XXIV,  10. 

3.  Is..  XXIX,  9. 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  35 

plus  de  pauvres,  la  mortalité  sévit  avec  une  telle  violence  sur  les 
seigneurs  des  villages  et  des  villes  que,  quand  les  prêtres  voulaient 
faire  un  enterrement,  on  réunissait  le  matin  dans  un  même  lieu 
cinquante,  soixante  et  jusqu'à  quatre-vingts  ou  cent  cercueils,  dans 
chacun  desquels  il  y  avait  deux  ou  trois  morts  ou  même  quatre 
enfants.  Et  ainsi  tout  le  jour,  sans  trêve  ni  repos,  se  passait  à  ense- 
velir les  cadavres  des  hommes. 

Les  Arabes  couvrirent  la  terre  de  fosses,  et  les  Juifs  pareille- 
ment. Les  tombeaux  des  chrétiens  étaient  tellement  remplis 
qu'eux-mêmes  furent  contraints  de  creuser  la  terre.  Dans  un  seul 
jour,  plus  de  cinq  cents  cercueils  sortaient  par  une  seule  porte. 
Pendant  toute  la  journée  les  portes  ne  servaient  qu'aux  allées  et 
venues  de  ceux  qui  emportaient  les  cadavres:  ils  sortaient,  les 
déposaient  et  revenaient  en  prendre  d'autres.  Alors,  excepté  pour 
quelques-uns,  on  ne  faisait  point  d'office \  tant  à  cause  de  l'instan- 
tanéité de  la  mort  que  du  petit  nombre  [39]  des  prêtres  et  de  la  mul- 
titude innombrable  des  convois. 

Le  matin,  les  prêtres  prescrivaient  que  quiconque  avait  un  mort 
vînt  avec  son  défunt  au  carrefour  voisin,  et  toute  la  région  ou 
le  quartier  s'assemblait  en  cet  endroit.  Les  prêtres  se  divisaient 
ainsi  dès  le  matin  pour  s'en  aller  de  tous  côtés  faire  TofBce  des 
morts  et  les  porter  en  terre  par  groupes.  Il  arrivait  que  dans  un 
seul  groupe  se  trouvaient  réunis  plus  de  cent  cercueils  dans  les- 
quels il  7  avait  plus  de  deux  cents  ou  de  deux  cent  cinquante 
morts  :  car  ils  s'entassaient  les  uns  à  côté  des  autres  sans  relâche 
pendant  tout  le  jour. 

Là,  point  de  distinction  entre  le  serviteur  et  son  maître,  entre  la 
servante  et  sa  maltresse,  entre  l'homme  à  gages  et  celui  qui  le  paie, 
mais  un  même  pressoir  de  perdition  et  de  fureur  était  préparé  pour 
tous  :  serviteurs  et  maîtres  étaient  également  frappés  sans  accep- 
tion de  personne  ;  l'homme  du  peuple  et  les  chefs  tombaient  et 
râlaient  l'un  à  côté  de  l'autre.  Que  chacun  donc  admire  le  décret 
divin  et  soit  saisi  d'étonnement  et  de  stupeur  en  présence  de  ces 
jugements  de  Dieu,  insondables,  incompréhensibles,  incommen- 
surables pour  les  hommes.  Certes,  «  abîme  profond  que  les  juge- 
ments du  Seigneur  *  !  » 

Le  fléau  étendit  sa  main  dévastatrice  sur  ceux  qui  tiennent  le 


1-  Le  sens  paraît  être,  d'après  le  contexte,  tout  à  la  fois  qu'on  n'adminis- 
trait pas  les  sacrements  aux  mourants  et  qu'on  no  récitait  pas  l'office  des 
morts  sur  les  cadavres. 

2.  P«.,  XXXVI,  6. 


36  CHRONIQUE 

pouvoir,  qui  jouissent  de  l'opulence,  ou  qui  se  délectent  dans  les 
grandeurs.  Les  maisons  de  beaucoup  d'entre  eux  demeurèrent  sans 
héritier,  car  il  ne  resta  pas  même  en  elles  un  serviteur  ou  un 
maître.  Les  hommes  abandonnaient  subitement  à  leurs  compa- 
gnons leurs  possessions,  leurs  richesses,  leurs  moissons,  même 
leurs  maisons  superbes.  Combien  de  splendides  et  opulentes  de- 
meures, combien  de  familles  périrent  parce  qu'il  ne  leur  resta  pas 
un  seul  héritier  ! 

La  langue  humaine  est  incapable  d'exprimer  les  calamités  prodi- 
gieuses [40]  qui  survinrent  dans  le  pays  qui  s^étend  depuis  l'Eu  • 
phrate  jusqu'à  l'Occident,  aussi  bien  que  dans  les  autres  villes  de 
la  Palestine,  dans  le  Nord  et  dans  le  Midi,  jusqu'à  la  mer  Rouge, 
de  même  que  dans  le  reste  de  la  Cilicie,  de  la  Lycaonic,  de  l'Asie 
[Mineure],  de  la  Bithynie,  de  la  Lysynie\  de  la  Galatie,  même 
de  la  Cappadoce  :  car  l'oppression  de  cette  cruelle  souffrance  se 
fit  sentir  sur  tout  l'univers.  Comme  la  pluie  qui  descend  sur  toute 
la  terre,  ou  comme  les  rayons  du  soleil  qui  se  répandent  égale- 
ment en  tous  lieux,  cette  peste  se  répandit  pareillement  sur  le 
monde  entier.  Cependant  elle  sévit  davantage  dans  les  pays  précé- 
demment désignés. 

Dans  ces  régions,  des  bourgs  et  des  villages  nombreux  sont  deve- 
nus subitement  déserts,  sans  personne  qui  y  passe  ou  y  demeure. 

Ils  étaient  remplis  de  cadavres  en  fermentation  étendus  sur  le 
sol  comme  le  fumier  sur  la  face  de  la  terre,  sans  personne  pour 
les  ensevelir:  car  il  ne  resta  pas  un  seul  de  leurs  habitants;  eu 
sorte  que  les  hommes  gisaient  au  milieu  d'eux  enflés,  purulents, 
en  décomposition.  Les  maisons  étaient  ouvertes  comme  des  sé- 
pulcres et  leurs  propriétaires  tombaient  en  putréfaction  au  milieu 
d'elles.  Leur  mobilier,  leur  or,  leur  argent,  leurs  biens,  étaient 
dispersés  dans  les  rues  et  il  n'y  avait  personne  pour  les  recueillir. 
On  méprisait  l'or  et  Targent,  les  richesses  étaient  abandonnées  en 
tout  lieu  et  ne  trouvaient  point  de  maître.  Des  vieillards  et  des 
vieilles  femmes,  ornés  de  cheveux  blancs,  qui  avaient  espéré  être 
ensevelis  avec  honneur  par  leurs  héritiers,  gisent  la  bouche  béante 
dans  les  rues,  dans  les  maisons,  dans  les  places  publiques,  se 
crèvent  et  tombent  en  putréfaction.  Des  vierges  charmantes,  de 
belles  jeunes  filles  qui  attendaient  les  hyménées  joyeux  et  l'orne- 
ment de  vêlements  précieux  sont  étendues  découvertes,  pourrissent 
pêle-mêle  et  sont  devenues  un  objet  de  pitié  pour  ceux  qui  les 
voient.  Plût  à  Dieu  que  ce  fût  dans  les  tombeaux  1  Mais,  c'est 

1.  Lydie  {?). 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  37 

dans  les  maisons,  au  milieu  des  rues,  [41]  que  des  jeunes  gens  char- 
mants et  joyeux  sont  devenus  livides,  qu'ils  sont  étendus,  et  que  leur 
pas  se  mêle  à  celui  de  leurs  parents. 

Voilà  ce  qui  est  arrivé  dans  ces  contrées. 

Partout,  ceux  qui  restaient, — en  bien  petit  nombre, — enlevaient 
les  morts,  et  pendant  tout  le  jour  sans  relâche  les  portaient  dehors, 
les  jetaient  comme  qui  jetterait  une  pierre  sur  un  monceau,  puis 
revenant^  en  prendrait  une  autre^  et  sortant  de  nouveau,  irait  la  jeter 
pareillement. 

Beaucoup  manquaient  de  proches:  on  les  voyait  étendus  sur  les 
rues  et  dévorés  par  les  chiens,  car  il  n*y  avait  personne  pour  les 
ensevelir.  Chacun  ne  suffisait  qu'à  sa  propre  maison  :  on  prenait 
même  plusieurs  ouvriers  à  gages,  uniquement  pour  emporter  les 
cadavres  de  la  maison  ou  de  la  place  publique  à  cause  de  leur 
putréfaction.  Et  ainsi  fut  accomplie  cette  parole^:  ((J'ai  fait  monter 
rôdeur  de  leur  putréfaction  à  vos  narines,  »  et  cette  autre'  :  «  La 
erre  a  pleuré  et  elle  s'est  lamentée.  » 

Bientôt  il  n'y  eut  plus  ni  pleurs,  ni  chagrin,  ni  douleur:  car  tout 
homme  frappait  déjà  à  la  porte  du  tombeau.  L'or  et  l'argent  étaient 
méprisés  comme  du  fumier  :  de  sorte  que  s'il  y  avait  sur  les 
épouses  ou  les  vierges  de  l'or,  de  l'argent  ou  des  ornements  pré- 
cieux, personne  n'étendait  la  main  pouren  preniire  quelque  chose, 
pas  même  les  parents  de  leurs  enfants  :  car  ils  estimaient  que 
bientôt  ils  entreraient  avec  eux  dans  la  tombe  et  que  leur  pus  se 
mêlerait  au  leur. 

Et  maintenant,  mes  bien-aimés,avec  quelles  larmes  pleure rai-je? 
Quels  sanglots  me  suffiront?  Quel  brisement  de  cœur,  quel  deuil, 
quelles  lamentations,  quels  gémissements,  quelles  douleurs  seront 
suffisants  quand  je  vois  des  vieillards  et  des  hommes  de  tout  âge 
et  de  toute  taille  abattus  et  étendus  comme  des  cèdres! 

La  grande  miséricorde  de  Dieu  apparut  même  dans  ce  fléau  :  car 
M  s'abattit  premièrement  sur  les  pauvres  qui  étaient  étendus  dans 
*es  rues  des  villes  :  partout  ce  fut  par  eux  qu'il  commença,  [42]  et 
quand  ceux-ci  étaient  complètement  enlevés,  alors  cette  verge 
terrible  se  tournait  contre  les  riches  et  les  seigneurs  des  villes. 

Ces  deux  choses  furent  opérées  par  la  miséricorde  divine,  de 
manière  à  profiter  aux  deux  parties.  D'abord  aux  habitants  des 
villes,  car  ils  montraient  leur  zèle  pour  la  justice  et  retiraient  pour 
leurs  âmes  un  grand  profit  de  leur  sollicitude  pour  les  pauvres, 

1.  Amos,  IV,  10. 

2.  Is.,  xxiv,  4. 


38  CHRONIQUE 

tandis  qu'ils  prenaient  soin  d*eux,  les  ensevelissaient^  s'occu- 
paient de  leurs  convois  et  les  enterraient  avec  grande  douleur,  avec 
soin,  avec  crainte  et  avec  zèle.  Ensuite  [aux  pauvres],  parce  que  si 
le  fléau  les  avait  confondus  avec  les  autres,  comment  aurait-il  été 
possible,  à  cause  de  leur  puanteur,  de  faire  enlever  leurs  ossements 
décharnés  des  rues?  Car  ils  eussent  manqué  de  ceux  qui  pouvaient 
s'en  occuper,  s'il  ne  les  avait  visités  d'abord,  quand  tout  le  monde 
était  sain,  debout  et  valide  :  on  prenait  alors  soia  d'emporter,  pour 
les  enterrer,  ceux  qui  n'avaient  personne  pour  les  ensevelir.  Par  la 
suite,  le  fléau  fit  que  les  puissants  qui  comptaient  sur  des  tombeaux 
et  des  ensevelisseurs,  demeurèrent  sans  sépulcre,  en  sorte  que  pas 
un  seul  d'entre  eux  n'eut  d'office.  Le  fléau,  en  effet,  se  tourna 
vers  les  grands  dès  que  les  pauvres  furent  ensevelis,  et  la  mort  les 
saisit  tous  depuis  le  plus  petit  jusqu'au  plus  grand  :  personne 
d'entre  eux  ne  Testa.  Ceux-mômes  qui  échappaient  à  cette  calamité 
et  n'en' mouraient  point  se  retiraient,  tant  qu'ils  étaient,  en  dehors 
des  villes.  A  la  fin,  ceux  qui  survécurent  furent  frappés  d'une  plaie 
terrible,  celle  des  aines  :  les  uns  d'une  seule,  les  autres  des  deux.Ce 
qui  était  arrivé  aux  morts  avait  lieu  pour  les  vivants.  Ils  étaient  su- 
bitement saisis  de  douleur  [43]  des  aines,  et  aussitôt,  par  ce  signe, 
celui  qui  avait  échappé  à  la  mort  acquérait  la  certitude  de  souffrir 
plus  durement  que  par  une  mort  cruelle.  Les  aines  se  gonflaient, 
se  tuméfiaient  et  se  crevaient,  et  il  se  produisait  des  ulcères  grands 
et  profonds  qui  laissaient  couler  du  sang,  du  pus  et  de  l'eau,  jour  et 
nuit,  comme  une  source.  De  là  une  grande  langueur  dans  laquelle 
ils  restaient  les  uns  un  mois,  d'autres  deux,  cinq,  six  mois  et 
jusqu'à  un  an,  un  grand  nombre  même  deux  ans.  Beaucoup  d'entre 
eux  furent  atteints  pour  toujours. 

Alors  fut  accomplie  la  parole  prophétique  qui  dit*:  a  L'eau 
coulera  de  tous  les  genoux,  »  et*:  «  Tout  cœur  humain  sera  en 
putréfaction.»  et  cette  autre':  «  Sur  toutes  leurs  têtes  sera  la 
calvitie.  » 

Il  en  advint  ainsi  dans  le  temps  présent.  Quiconque  avait  sur- 
vécu à  sa  famille  ou  à  sa  tribu  tombait  dans  cette  infirmité.  Il 
arrivait  que  ses  deux  genoux  laissaient  couler  de  l'eau  et  même  du 
sang  et  du  pus,  jusqu'à  ce  que  sa  tête  devînt  chauve,  et  à  cause  de 
cela,  ceux  qui  avaient  survécu,  en  petit  nombre,  n'étaient  point 
reconnaissables,  à  moins  qu'on  ne  les  reconnût  et  ne  les  distinguât 

1.  ËZECH.,   VII,  17. 

2.  ISAÏE,  XIII,  7. 

3.  ISAÏE,   XV,  2. 


DE   DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  39 

par  leurs  vêtements.  On  ne  pouvait  discerner  les  prêtres  et  les 
moines  :  tous  étaient  devenus  chauves.  Comme  il  en  avait  été  des 
aines,  ainsi  il  en  fut  des  aisselles  et  du  cou.  La  plupart  furent 
promptement  délivrés  de  ce  mal,  d'autres  le  furent  après  un  cer- 
tain temps,  d'autres  en6n  ne  recouvrèrent  jamais  parfaitement  la 
santé. 

Or,  tandis  que  cette  calamité  enveloppait  la  région  de  toute  part 
comme  les  douleurs  de  l'enfantement  oppressent  la  femme  enceinte, 
les  Arabes  ne  cessèrent  point  de  se  combattre  et  de  se  nuire  mu- 
tuellement. Alors  que  Merwan  sortit  de  la  Porte  des  Turcs,  toute 
la  terre  était  troublée  et  agitée.  [44] 


L'an  1057  (745-746),  Merwan  sortit  de  la  Porte  des  Turcs'. 

11  est  écrit  dans  le  prophète  Jérémie'  :  ((  C'est  pourquoi  ainsi  dit 
le  Seigneur  :  Voici  que  je  placerai  des  écueils  à  ce  peuple  :  les  pères 
et  les  fils  y  échoueront  ensemble;  le  voisin  et  son  ami  y  périront.  » 

Toutes  ces  choses  arrivèrent  aux  Arabes,  car  les  frères  et  les 
neveux  tombèrent  dans  les  écueils  par  leur  ambition. 

Les  partisans  de  'Abbas  et  ceux  de  HiSam',  les  fils  de  Walid  et 
les  partisans  de  Merwan,  qui  étaient  frères  et  neveux,  voisins 
et  amis,  se  jetèrent  les  uns  sur  les  autres,  périrent  eux-mêmes 
et  firent  périr  avec  eux  un  grand  nombre  d'hommes. 

Jérémie  a  dit  aussi  à  propos  de  la  sortie  même  de  Merwan*  : 
f(  Voilà  qu'un  peuple  vient  de  la  terre  d'Aquilon  ;  une  grande  nation 
sortira  des  confins  de  la  terre  ;  ils  sont  armés  d'arcs  et  de  lances, 
ils  sont  cruels  et  sans  pitié  ;  leur  voix  est  comme  le  bruit  de  la  mer 
agitée;  ils  sont  montés  sur  des  chevaux  et  sont  préparés  comme 
des  hommes  vaillants  pour  le  combat.  Nous  avons  appris  leur 
dessein  et  nos  mains  ont  faibli  ;  la  tribulation  et  des  douleurs 
comme  celles  de  la  femme  qui  enfante  nous  ont  saisis.  Ne  sortez 

1.  C'est-à-dire  descendit  de  rArmônie,  dont  il  était  gouverneur,  comme 
Doas  l'avons  va  plus  haut,  p.  23. 

2.  JÉR.,  VI,  21. 

3.  Les  Abbassides  et  les  Omiades.  Cette  révolte  de  Mer\van,  qui  combat- 
tait soi-disant  pour  venger  les  enfants  de  Walid  II,  ne  contribua  pas  peu 
à  favoriser  les  progrès  des  Abbassides.  Ces  derniers  tirent  leur  nom  de  *Abbas» 
onde  de  Mahomet  et  père  de  Haschem.  De  là  le  nom  de  Beni-Haschem, 
soas  lequel  ils  sont  quelquefois  désignés. 

4.  JÉR.,  Ti,  22  sqq. 


40  CHRONIQUE 

point  dans  les  champs  et  ne  marchez  point  dans  la  route  à  cause 
du  glaive  des  ennemis.  )>  Et  Isaïe  dit  aussi  en  parlant  d'eux*  :  «  Je 
Tai  suscité  de  Taquilon,  il  viendra  de  TOrient,  il  invoquera  mon 
nom;  ils  emmèneront  les  magistrats  et  les  traiteront  comme  la 
boue  que  le  potier  foule  aux  pieds,  »  et  encore':  «  De  Taquilon  le 
mal  se  répandra  sur  tous  les  habitants  de  la  terre.  » 

Lorsque  Merwan  eut  envahi  la  Mésopotamie  et  qu'elle  lui  fut 
soumise,  il  y  établit  des  administrateurs  dans  toutes  les  villes,  et 
même  à  Mossoul.  Ayant  ensuite  réuni  une  armée  nombreuse,  il  la 
fit  avancer  rapidement  avec  des  ouvriers  et  des  ingénieurs. 

Les  partisans  de  'Abbas  passèrent  à  l'Occident.  Yézid,  qui 
avait  tué  Walid,  mourut  après  un  règne  de  six  mois,  et  [45]  son 
frère  Ibrahim  prit  sa  place. 

Celui-ci,  en  apprenant  que  Merwan  avait  passé  TEuphrate  avec 
une  armée  considérable,  et  que  la  Mésopotamie  lui  était  soumise, 
fut  saisi  de  frayeur.  «  Ils  tremblaient  et  chancelaient  comme  des 
hommes  ivres'.  » 

Il  envoya  d'abord  contre  Merwan  Nou  aim  Ibn  Thabit*,  avec  une 
armée  considérable.  On  rapporte  de  cet  homme  qu'il  avait  soixante- 
dix  (ils. 

Ils  s'avancèrent  doue  l'un  contre  l'autre  et  engagèrent  la  bataille: 
toute  l'armée  d' Ibn  Thabit  fut  détruite  et  mise  en  pièces  en  présence 
de   Merwan. 

Les  partisans  d'Ibrahim  voyant  que  Merwan  avait  triomphé 
dans  ce  premier  combat  furent  saisis  de  crainte  et  rassemblèrent 
des  forces  innombrables,  réunissant  même  le  peuple  des  campagnes 
pour  combattre  avec  la  fronde. 

Les  deux  armées  s'avancèrent  l'une  contre  l'autre,  et  s'étant 
rencontrées,  campèrent  à  *Aïn  Gara*.  Après  de  nombreux  engage- 
ments, et  après  qu'un  grand  nombre  d'hommes  fut  tombé  conti- 
nuellement de  part  et  d'autre,  Merwan  remporta  enfin  la  victoire  et 
tailla  en  pièces  Ibrahim  et  ses  frères  qui  prirent  la  fuite,  ainsi  que 
Soliman,  fils  de  Hi§ara.  Jamais  pareille  bataille  ne  se  vit  dans  le 


1.  Isaïe,  xli,  25. 

2.  JÉR..  I,  14. 

3.  Ps.,  cvii»  27. 

4.  Peut-être  Thabit  Iba  Nou'aïm.  Cfr.  Wkil,  Gesch,  d.  Chaliphen,  i.  ï, 
p.  688,  n.  1.  —  Notre  auteur  n'est  pas  tout  à  fait  d'accord  avec  les  auteurs 
arabes  pour  l'ordre  des  faits  qu'il  rapporte. 

5.  *Aïn  al-Djarr,  entre  le  Liban  et  l'Anti- Liban,  sur  la  route  de  Damas  à 
Baalbek.  —  Cfr.  Wbil,  Gesch.  d.  Chaliphen,  l,  682,  n.  1,  où  oo  discute 
Videntiûcation  de  ce  nom. 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  41 

monde;  jamais  en  aucun  lieu  autant  de  sang  ne  fut  répandu  qu'en 
cet  endroit.  Même  le  peuple  de  la  campagne,  —  plus  de  cinq 
mille  hommes,  —  y  périt. 

Merwan  après  sa  victoire  assiégea  Éraèse,  s'en  empara  et  ren- 
versa ses  murailles.  Il  fit  aussi  retirer  le  cadavre  de  Yézid  de  son 
tombeau  et  le  fit  crucifier  la  tète  en  bas. 

Il  prit  encore,  d'un  certain  Juif,  quatre  cent  mille  [pièces]  d'or. 


Des  porteurs  de  V Église  qui  florissaient  à  cette  époque. 

Après  saint  Âthanase,  saint  Mar  Jean  fut  patriarche  d'Antioche^ 
A  Édesse  florissait  l'évoque  saint  Constantin  ;  à  Flarran,  saint  Mar 
Siméon,  du  saint  monastère  [46]  de  Qartamin  ;  à  Samosate,  un  autre 
Constantin  ;  à  Maipherkat,  saint  Mar  Athanase  surnommé  San- 
dalia,  qui  par  la  suite  devint  patriarche. 

A  Amida,  saint  Mar  Cosme  eut  pour  successeur  Mar  Sabas,  du 
saint  monastère  de  Zouqenin,  situé  dans  le  ressort  de  cette  ville.  Il 
mourutaprès  vingt  ans,  et  Sévère,  du  même  monastère,  lui  succéda. 
Celui-ci  mourut  au  bout  d'un  an  environ,  pendant  l'épidémie, 
tandis  qu*il  visitait  son  diocèse.  On  mit  à  sa  place  un  autre  Sévère, 
du  même  couvent. 

A  cette  même  époque,  un  certain  trouble  eut  lieu  dans  l'Église,  à 
propos  de  saint  Mar  Jean  à  qui  tous  ne  voulaient  pas  se  soumettre. 


Translation  du  trésor  royal  d*  Occident  en  Mésopotamie. 

Merwan,  connaissant  la  perfidie  des  Occidentaux  à  son  égard, 
voulut  amener  le  trésor  royal  en  Mésopotamie.  Les  Occidentaux  se 
soulevèrent  alors  violemment  et  commencèrent  à  se  tourner  contre 
lui.  Sachant  qu'ils  ne  le  lui  livreraient  point  sans  combat,  il  les 
trompa  et  leur  dit:  «  Je  ne  veux  pas  le  conduire  en  Mésopotamie, 
mais  à  Damas,  puisque  c'est  là  qu  est  établi  le  siège  de  la  royauté.  » 

Quand  il  eut  fait  cela,  ils  lui  permirent  de  le  conduire  à  Damas. 
Eux-mêmes  l'accompagnèrent  et  Tintroduisirent  dans  la  ville.  Après 
quelques  jours,  il  les  renvoya  dans  leurs  maisons,  et  deux  ou  trois 
mois  s'étant  écoulés,  au  moment  où  les  Occidentaux  n'y  faisaient 

1.  Cfr.  Bar  Hibraus,  Chron.  eccles,,  l,  306  sqq. 


43  GHRONIQVB 

point  attention,  il  enleva  furtivement  le  trésor  et  le  conduisit  à 
Ijlarran  où  il  vint  lui-même  habiter. 
Depuis  lors  la  guerre  ne  cessa  pendant  tout  son  règne.  [47 J 


L'an  1058  (746-747)  Dahaq,  s'associant  à  la  secte  des  Harourites, 
envahit  la  Mésopotamie  \ 

Merwan  en  venant  en  Mésopotamie  n'avait  pas  encore  trouvé 
trêve  à  ses  maux:  il  lui  surgit  de  cette  terre  de  Mésopotamie  une 
cruelle  épine. 

A  cette  époque  le  tyran  Dahaq,  du  mont  Izala,  et  avec  luiYakoub, 
Haïbari  et  Saqsaqi,  vinrent  engager  de  nombreux  combats  avec 
Merwan  et  tuèrent  un  grand  nombre  de  ses  soldats.  Après  de  nom- 
breux engagements  livrés  en  tous  lieux,  une  violente  et  cruelle 
bataille  eut  lieu  à  Tell-Maârita,  dans  laquelle  Dahaq  périt  avec 
toute  son  armée,  qui  fut  taillée  en  pièces.  Ceux  qui  restaient  prirent 
la  fuite  \ 

L'an  1059  (747-748)  il  y  eut  un  grand  et  violent  tremblement  de 
terre  dans  la  région  occidentale. 

«  Par  l'ébranlement  sera  ébranlée  la  terre,  par  le  chancellement 
chancellera  la  terre  et  elle  sera  agitée  comme  une  cabane  *.  » 

Ces  choses,  et  des  choses  semblables,  et  de  plus  mauvaises 
encore,  ont  été  causées  par  les  iniquités,  les  péchés,  les  malices  que 
nous  commettons  chaque  jour.  Où  pourrons-nous  trouver  la  cause 
de  ces  tremblements  de  terre,  si  ce  n'est  dans  les  péchés  des  hommes  ? 
Est-ce  que  la  terre  se  disloque?  Quand  elle  tremble  et  qu'elle  est 
agitée,  invoque-t-elle  son  artisan  pour  qu'il  vienne  la  consolider? 
Je  ne  le  pense  pas.  Mais  quand  elle  tremble,  elle  proteste  contre  les 
iniquités  qui  s'accomplissent  à  sa  face,  comme  elle  le  fit  voir  une 
fois  clairement  par  le  fait  suivant: 

Il  y  eut  pendant  la  nuit  une  commotion,  et  on  entendait  de  très 
loin  comme  la  voix  d'un  taureau  qui  mugit.  Le  matin  venu, 
révêque  ordonna,  sous  peine  d'excommunication,  que  tout  le 
monde  se  réunît  pour  sortir  en  prière*,  car,  disait-il,  cela  arrive 
à  cause  des  péchés.  Tous  vinrent  donc  à  la  prière,  et  allèrent  en 

1.  Cfr.  Wkil,  Gesch.  d.  Chaliphen,  I,  687-689. 

2.  ISAÏB,  XXIV,  19. 

3.  La  fonction  religieuse  désignée  par  le  mot  Baouta  (petit ion,  prière), 
correspond  dans  l'office  syriaque  aux  Rogationa  des  Latins. 


DE  D^NYS   DE  TELL-MAHRÉ  43 

procession  à  un  temple  dédié  à  la  Mère  de  Dieu,  qui  se  trouvait  en 
dehors  de  la  ville,  «».'est-à-dire  de  Maboug,  [48]  dans  la  région  occi- 
dentale. Ces  gens  étaient  chalcédoniens  \  L^évèque  lui-même  mar- 
chait à  leur  tête.  Comme  ils  venaient  d'arriver  à  l'église  et  qu'ils 
y  étaient  tous  entrés  comme  des  chèvres  dans  la  bergerie,  tandis 
qu'ils  récitaient  tous  ensemble  la  prière,  il  y  eut  tout  à  coup  un 
tremblement  de  teire,  l'édifice  s'écroula  sur  eux  et  les  écrasa  tous 
avec  leur  évéque.  Ils  y  périrent  tous,  et  pas  un  n'échappa  vivant. 
Ils  devinrent  subitement  un  pressoir  de  perdition  et  de  malheur  : 
le  juste  y  périt  avec  le  pécheur. 

L'an  1060  (748-749),  le  peuple  des  Perses'  envahit  la  terre  de 
Syrie,  subjugua  les  Arabes  et  régna  à  leur  place. 

Isaîe  prophétisa  autrefois  sur  ces  choses  en  disant  '  :  «  Voici 
Assur!  C'est  lui  la  verge  de  ma  fureur;  dans  sa  main  est  le  bâton 
avec  lequel  je  frappe.  Je  l'enverrai  vers  une  nation  impie  et  lui 
donnerai  des  ordres  contre  le  peuple  de  ma  colèi-e.  »  Il  dit  encore  *  : 
«  Il  arrivera  en  ce  jour-là  que  le  Seigneur  sifflera  pour  [appeler] 
les  mouches  qui  sont  sur  les  bords  des  fleuves  de  l'Egypte  et  les 
abeilles  qui  sont  dans  la  terre  d'Assur.  Elles  se  reposeront  d^ms 
les  vallées  désertes  et  dans  les  creux  des  pierres.  » 

En  vérité,  ceux-ci  sont  la  verge  de  fureur,  et  le  bâton  qui  frappe 
est  dans  leurs  mains,  comme  dit  le  prophète,  car  ils  portaient 
à  la  main  des  bâtons,  à  l'extrémité  de  chacun  desquels  se  trou- 
vaient des  clous  de  fer,  comme  s'ils  s'avançaient  pour  tuer  des 
chiens. 

11  Les  appelle  aussi  a  mouches  et  abeilles  »  et  à  bon  droit: 
car  de  même  que  les  mouches  bourdonnent,  se  posent  partout, 
produisent  des  vers  et  une  odeur  fétide,  de  même  ceux-ci  étaient 
des  magiciens,  des  voleurs,  des  adultères,  des  assassins  qui,  partout 
où  ils  allaient,  causaient  le  mal,  la  discorde  et  le  trouble.  Ils  s'éle- 
vèrent de  leur  contrée  et  s^avancèrent  en  grand  nombre,  comme  un 
essaim  d'abeilles  qui  parait  méprisable,  mais  ne  retourne  point  [49| 
en  arrière.  Ils  se  réunirent  ainsi  pour  envahir  la  terre. 

1.  C'est-à-dire  partisans  da  concile  de  Cbalcédoine  que  rejetaient  les  mono- 
pbysites,  et  par  conséquent  hérétiques  aux  yeux  de  l'auteur. 

2.  Denys  désigne  sous  le  nom  de  Perses,  les  Abbassides.  Theophanes, 
Chronogr.,  ad  ann.  m.  6240,  les  appelle  Xiooaffav^Tat  et  aussi  Maupocopot 
(vêtus  de  Doir).  C'est  en  effet  dans  le  Kboraçan  et  la  Perse  orientale  que  les 
Abbassides  firent  les  premières  tentatives  de  révolte  contre  les  Omiades  et 
qu'ils  recrutèrent  leurs  troupes. 

3.  ISAÎB,  X,  5. 

4.  IsAîB,  vu,  18  sqq. 


44  CHRONIQUE 

Une  armée  arabe  descendit  contre  eux  près  de  Akoula  '  ;  mais 
elle  ne  put  leur  tenir  tôte  :  ils  la  détruisirent,  et  les  survivants 
prirent  la  fuite  et  se  dispersèrent.  Ils  s'emparèrent  des  armes,  des 
chevaux  et  de  grandes  richesses,  car  auparavant  tous  allaient  à  pied 
et  ne  possédaient  rien  autre  chose  que  les  bâtons  qu'ils  portaient  à 
la  main. 

Joël  a  parlé  d'eux  quand  il  dit*  :  «  Comme  l'aurore  répandue 
sur  les  montagnes,  un  peuple  nombreux  et  fort  se  répandra;  de 
semblable  à  lui,  il  n'y  en  a  point  eu  depuis  le  commencement,  et 
après  lui  il  n'y  en  aura  point  pendant  les  années  des  diverses 
générations.  Devant  sa  face  un  feu  dévorant  :  et  derrière  lui  une 
flamme  brûlante.  La  terre  est  comme  un  paradis  d'Éden  devant  lui  : 
et  derrière  lui,  comme  la  solitude  du  désert.  Il  n'y  a  personne  qui 
lui  échappe.  Comme  l'aspect  des  chevaux  est  leur  aspect;  ils 
courent  comme  des  cavaliers.  » 

Le  prophète  a  raison  de  les  appeler  «  figure  de  chevaux  »,  car  de 
même  que  le  cheval  porte  une  crinière  sur  la  tôte  et  sur  le  cou,  ils 
avaient  une  chevelure  longue,  semblable  à  la  crinière  d'un  cheval. 

Aussi  il  dit  encore  •  :  «  Ils  courent  comme  des  cavaliers,  imitant 
le  bruit  des  quadriges  sur  les  sommets  des  montagnes,  le  bruit  de 
la  flamme  d'un  feu  qui  dévore  la  paille,  comme  un  peuple  fort  pré- 
paré au  combat.  Devant  lui  tous  les  peuples  trembleront,  tous  les 
visages  deviendront  noirs  comme  la  suie  d'une  marmite.  Ils 
courront  comme  des  géants;  comme  des  hommes  de  guerre,  ils 
escaladeront  les  murs.  »  Et  encore  *  :  «  Ils  monteront  dans  les 
villes»  ils  courront  sur  les  murs,  ils  monteront  ciu  haut  des  maisons 
et  entreront  par  les  lucarnes  comme  des  voleurs.  A  sa  face  la  terre 
a  tremblé,  les  cieux  se  sont  ébranlés.»  —  Nahum  aussi  a  dit*: 
«  Leur  aspect  était  comme  des  lampes  de  feu  et  ils  courent  comme 
des  éclairs.  Ils  s'empareront  de  leurs  maîtres,  ils  fléchiront  dans 
leurs  marches,  ils  monteront  rapidement  sur  les  murs  et  se  pré- 
senteront sur  les  créneaux.  »  Et  encore*:  «  Leur  face  à  tous  était 
comme  le  noir  [50]  d'une  marmite.  » 

Non  seulement  leurs  visages  étaient  noirs,   mais  tous  leurs 

1.  Ancien  nom  de  Koufa,  sur  la  rive  oci^identalc  de  TEupbrate  à  cinq 
journées  de  marche  de  Bagdad.  Vide  Bar  HEBRiEUs,  Chron.  cccl.^  II,  111, 
n.  1. 

2.  JoBL,  11,2,4. 

3.  JoEL,  II,  3,  4. 

4.  JoBL,  II,  4-7. 

5.  Nahum,  ii,  4. 

6.  Nabum,  II,  11. 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRK  45 

vêtements,  car  leur  habillement  était  de  cette  couleur.  Pour 
cela  on  les  appelait  [en  arabe]  Me880uàdi\  ce  qui  signifie  noir  [en 
syriaque]. 

Lorsqu'ils  eu rent  su  bj  ugué  la  région  inférieure.  Mer wan  en  voya  de 
nouveau  contre  eux  à  Nisibe  Ibn  Houbeira  qui,  lui  non  plus,  ne 
put  tenir  devant  eux  et  fut  également  taillé  en  pièces.  Alors  'Abdal- 
lah Ibn  Merwan  descendit  et  fut  aussi  vaincu. 

Merwan  vint  lui-même,  et  après  de  nombreux  combats  dans 
lesquels  il  y  eut  des  deux  côtés  beaucoup  d*hommes  tués,  ils  enga- 
gèrent enfin  une  grande  et  terrible  bataille,  et  la  terre  fut  rassasiée 
du  sang  qu'ils  répandirent  en  abondance  à  Beit  Zabê'. 

Merwan,  taillé  en  pièces,  prit  la  fuite.  Son  armée  fut  dispersée; 
et  il  se  réfugia  lui-même  au  delà  de  TEuphrate.  Toutes  les  villes 
se  fermaient  devant  lui,  et  les  Occidentaux  voulurent  le  combattre. 
Dès  lors  il  disparut  et  on  ne  le  vit  plus,  lui  ni  aucun  des  siens. 
Les  captifs  furent  en  partie  mis  à  mort,  en  partie  jetés  dans  les 
fers'. 

Les  Perses,  après  avoir  ainsi  battu  Merwan  se  répandirent  sur 
la  terre,  u  comme  les  loups  du  soir  ou  les  aigles  affamés  » . 

Habacuc  a  prophétisé  d'eux  quand  il  dit*  :  «  Voici  que  je 
suscite  les  Chaldéens,  nation  audacieuse  et  cruelle  qui  parcourt 
rétendue  de  la  terre  pour  s'emparer  des  tabernacles  qui  ne  sont 
pas  à  elle.  Elle  est  formidable  et  terrible;  c'est  d'elle-même 
que  sort  son  jugement,  »  —  en  vérité  ils  se  répandirent  sur  l'étendue 
de  la  terre,  —  «  ses  chevaux  sont  plus  légers  que  les  léopards,  plus 
agiles  que  Jes  loups  du  soir.  Us  voleront  comme  un  aigle  aSamé  à 
sa  pâture.  Tous  viendront  au  butin.  » 

Ce  prophète  les  assimile  justement  aux  loups  du  soir.  Les  loups  en 
effet  [51]  ne  se  montrent  pas  et  ne  peuvent  être  vus  des  hommes  ou 
des  chiens  pendant  le  jour.  Le  soir,  ils  ont  faim,  car  ils  n'ont 
pas  mangé  de  la  journée,  a  Dès  le  lever  du  soleil  ils  se  retirent 
dans  leurs  antres  pour  s'y  coucher  et  l'homme  sort  pour  son  travail 
et  son  labeur  jusqu'au  soir^ 

1.  Cfr.  ci-dessos,  p.  43,  n.  2;  Dozv,  Suppl.,  sub  v.  g^,.,,^ 

2.  C'est-à-dire  sur  les  rives  du  Zab  supérieur,  entre  Mossoul  et  Arbèle  : 
Jj.jlj   ^^   4>J    J^Vl   ^lj(l   Jp   ô^  (Yakout,  II,  904).  Cette  bataille 

mit  fia  à  la  domination  des  Omiades  et  assura  le  triomphe  des  Abbassides. 

3.  Cfr.  Wbil,  Gt^ch.  d,  Chaliphen,  I,  699-702. 

4.  Habac,  I,  6. 

5.  P«.,  civ,  22,  23. 


^ 


46  CHRONIQUE 

De  même  qu'ils  hurlent  quand  ils  sont  affamés,  ainsi  en  était-il 
de  ceux-ci;  ils  criaient  comme  Taiglequi  gémit  lorsqu'il  a  faim,  et 
partout  où  ils  parvenaient,  comme  des  loups,  ils  volaient  les  biens 
des  hommes,  ainsi  qu'il  est  dit  :  «  Tous  viennent  au  butin;»  et 
ailleurs  :  «  Il  insultera  aux  rois,  tournera  les  princes  en  dérision,  se 
moquera  de  toutes  les  fortifications  \  » 

La  prophétie  n'a-t-elle  pas  raison  de  dire  :  «  Il  se  moquera  des 
fortiGcations,  »  puisque  tous  les  murs  des  villes  ont  été  renversés 
par  leurs  mains  et  qu'ils  ont  détruit  tout  ce  que  des  rois  sages  et 
prudents  avaient  fait  à  grands  frais  pour  se  défendre  des  ennemis. 
Elle  dit  :  «Il  insultera  aux  rois  et  tournera  les  princesen  dérision.  » 
Ne  leur  insulte-t-il  pas,  ne  se  moque-t-il  pas  en  détruisant  leurs 
constructions? 

Le  premier  gouverneur  de  la  Mésopotamie  fut  'Âki,qui  fit  un 
édit  pour  obliger  tous  les  Musulmans  à  se  vêtir  de  noir. 

L'an  1054  (742-743),  le  vendredi  premier  jour  de  Kanoun  second 
[janvier],  les  étoiles  tombèrent  du  ciel  et  on  les  voyait  comme  des 
globes  de  feu  qui  couraient  de  tous  côtés.  Elles  présageaient  les 
calamités  qui  sont  venues  par  la  suite  sur  la  terre  :  le  glaive,  la 
peste  et  l'invasion  des  Perses. 

L'an  1061  (749-750),  les  Arabes  prirent  le  blanc». 

Les  Arabes,  voyant  les  maux  que  leur  infligeaient  les  Perses, 
qui  ne  cessaient  de  les  tuer  sans  pitié  comme  des  agneaux,  et  de 
piller  [52]  leurs  biens,  ne  purent  les  supporter  davantage  et  revê- 
tirent le  blanc. 

Il  est  dit  :  R  II  se  moquera  des  rois  et  des  princes,  »  et  encore*  : 
((  L'homme  vil  prévaudra  sur  les  grands,  et  les  misérables  contre 
les  gens  d'honneur.  »  Les  Arabes  prirent  donc  le  blanc,  tuèrent  un 
grand  nombre  [de  Perses],  les  mirent  en  fuite  et  descendirent  dans 
leur  pays. 

Il  y  eut  un  interrègne  d'une  année  entière,  pendant  lequel  la 
discorde  s'éleva,  et  Boraïka  embrassa  la  secte  des  Harourites. 

L'an  1062  (749-750),  les  Arabes  de  Maipherkat  se  répandirent 
dans  la  région  et  commencèrent  à  faire  beaucoup  de  mal  aux  habi- 
tants de  la  montagne  et  de  toute  la  contrée.  Qôré  Ibn  Thabit  monta 
dans  le  canton  de  Qoulab,  s'empara  de  ses  notables  et  en  tua 
sept.  Quand  leurs  frères,  les  habitants  du  canton  de  Phis,  con- 


1.  Hab.,  1, 10. 

2.  Se  révoltèrent;  ou  embrassèrent  la  secte  des  Harourites.  Voir  ci-dessus 
p.  27,  n.  2.  —  Cf.  Hiat.  d'Édesse,  p.  259,  n.  1. 

3.  Cfr.  Is.,  III,  4-5. 


DE  DENYS  DE   TELL-MAHRÉ  47 

nurent  ce  qui  était  arrivé,  ils  se  tinrent  sur  leurs  gardes  de  peur 
d'être  traités  encore  plus  mal.  Or,  il  se  trouva  un  homme  coura- 
geux, fidèle  et  craignant  Dieu,  nommé  Jean  Bar  Dadai,  originaire 
du  village  même  de  Phis,  qui  réunit  tous  les  habitants  du  canton 
de  Phis,  et  leur  parla  en  ces  termes  :  «  Aujourd'hui,  vous  le  savez, 
il  n'y  a  pas  de  roi  pour  venger  notre  sang  des  mains  de  ceux-ci.  Si 
nous  les  laissons  faire,  ils  se  réuniront  contre  nous  et  nous  emmè- 
neront d'ici  en  captivité,  nous  et  tout  ce  qui  est  à  nous.  »  Ceux-ci 
l'écoutèrent  avec  empressement,  s'attachèrent  à  lui  et  l'établirent 
leur  chef.  Il  les  fit  entrer  dans  le  temple  saint  et  leur  fit  jurer,  par 
les  divins  mystères,  qu'ils  écouteraient  tout  ce  qu'il  leur  comman- 
derait, qu'ils  n'agii^ient  point  contre  son  ordre  et  ne  le  trompe- 
raient en  aucune  façon. 

Cet  homme,  fortement  encouragé,  ayant  établi  Dieu  pour  son 
chef,  prit  sa  troupe  et  créa  des  chefs  d'armée  et  des  officiers  qui 
commandaient  à  chaque  groupe  de  mille,  de  cent,  de  cinquante  et 
de  dix  hommes.  Il  établit  des  gardes  [53J  à  l'entrée  de  tous  les 
passages  qui  donnaient  accès  à  la  montagne. 

Or,  vint  un  homme,  nommé  Souda,  qui  promit  à  tous  les  Arabes 
de  Maipherkat  de  leur  apporter  les  tètes  coupées  de  tous  les  grands 
de  la  montagne,  et  de  jeter  les  autres  dans  les  fers.  Après  avoir  fait 
de  telles  promesses,  il  emmena  une  forte  armée  avec  lui  et  s'avança 
vers  eux,  comme  pour  demander  la  paix.  Ceux-ci,  ayant  eu  con- 
naissance de  sa  ruse  trompeuse,  tombèrent  sur  lui  à  l'improviste 
et  tuèrent  un  grand  nombre  de  ses  hommes;  les  autres  prirent  la 
fuite  et  échappèrent,  grâce  aux  chevaux  sur  lesquels  ils  étaient 
montés  ;  ils  rentrèrent  dans  la  ville.  Depuis  ce  moment,  il  leur 
arriva  de  grands  malheurs. 

Les  Arabes  et  les  chrétiens  voulurent,  d'un  commun  accord, 
faire  descendre  le  gouverneur  qui,  depuis  deux  ans,  était  établi 
dans  la  forteresse  de  Qoulab.  Ils  refusèrent  de  lui  obéir  et  se  révol- 
tèrent contre  lui.  Les  Arabes  voulaient  le  faire  descendre  de  peur 
qu'il  ne  se  joignit  aux  habitants  de  la  montagne;  les  Syriens  aussi 
demandaient  son  départ  dans  la  crainte  qu'il  ne  les  trahît.  Celui-ci, 
résistant  aux  deux  partis,  s'établit  solidement  dans  la  forteresse  :  il 
réunit  des  hommes  pervers  dont  il  devint  le  chef  et  descendit  à  la 
télé  de  sa  troupe  pour  ravager  les  villages  et  emporter  le  butin  dans 
la  forteresse.  Il  tomba  à  l'improviste  sur  Eloul  et  Pa§pa§at,  où  il 
commit  toutes  sortes  d'atrocités,  lui  et  son  armée.  Il  jeta  les  habi- 
tants dans  les  fers  et  s'empara  de  tout  ce  qu'ils  possédaient. 

Tandis  que  ces  hommes  faisaient  souffrir  ces  maux  aux  habi- 
tants du  village,  ceux-ci  mandèrent  secrètement  à  Jean  :  «  Accou- 


48  CHRONIQUE 

rez  à  notre  secours,  que  nous  ne  soyons  pas  emmenés  en  capti - 
vite.  »  Jean,  en  apprenant  l'oppression  de  ses  frères,  s'empressa  de 
faire  avancer  rapidement  son  armée  et  de  descendre  vers  eux.  A  la 
nuit,  il  entoura  le  village  dans  lequel  se  trouvaient  [ses  ennemis] 
et  leur  fit  dire  :  ((  Sortez  [54]  du  village,  et  allez  en  paix.  »  Mais  le 
gouverneur  ne  voulut  pas.  Il  se  mit  à  la  tête  de  sa  troupe  et  ils 
sortirent  en  armes  pour  s'avancer  au  combat.  Jean  tomba  sur  lui, 
et  il  périt  avec  son  armée.  Le  Seigneur  tourna  contre  sa  tête  le  mal 
qu'il  avait  fait,  il  le  renversa  en  présence  de  [Jean]  et  il  mourut. 

Il  y  avait  aussi  dans  la  montagne  un  des  notables,  nommé 
Etienne,  fils  de  Paul,  homme  criminel  et  fourbe  qui  foulant  aux 
pieds  le  serment  qu'il  avait  juré  à  Jean,  sur  les'divins  mystères,  lui 
dressait  continuellement  des  embûches.  Il  avait  l'intention  de  le 
livrer  aux  Arabes.  Il  envoya  donc  perfidement  vers  larmée arabe 
et 'Aouph^  vint  le  trouver  avec  une  troupe  considérable  dans  le 
village  appelé  lïazro*.  Il  convint  secrètement  avec  eux  de  faire 
venir  Jean  pour  le  livrer  entre  leurs  mains.  Il  agit,  en  effet,  ainsi 
pour  exécuter  ses  desseins,  mais  Dieu  ne  permit  pas  au  criminel 
d'accomplir  son  désir.  Le  projet  qu'ils  avaient  formé  contre  l'homme 
innocent  retomba  sur  leur  tête  et  ils  remplirent  de  leurs  propres 
cadavres  la  fosse  qu'ils  avaient  creusée. 

[Etienne]  Bt  donc  entrer  'Aouph,  avec  deux  de  ses  compagnons, 
dans  sa  maison  et  les  cacha  dans  une  chambre.  Il  convint  avec 
eux  que,  lorsqu'il  amènerait  Jean,  il  l'introduirait  dans  la  mai- 
son et  qu'eux  sortiraient  alors  de  leur  retraite  et  le  tueraient.  Il  fit 
aussi  placer  l'armée  en  embuscade  sur  le  village  de  I^azro  et  en- 
voya immédiatement  quelqu'un  pour  dire  à  Jean  ce  mensonge  : 
«  Viens  sans  tarder  voir  ce  que  nous  devons  faire,  car  l'armée  nous 
environne  de  toutes  parts.»  Jean  qui  était  loyal  accourut  prompte- 
ment  comme  un  agneau  à  l'immolation,  ne  sachant  rien. 

Comme  il  était  sur  le  point  d'entrer  dans  la  maison  où  on  lui 
avait  tendu  un  piège,  il  se  trouva  là,  comme  par  la  volonté  divine, 
un  homme  fidèle  et  craignant  Dieu,  qui  avait  eu  connaissance  [55] 
de  leur  dessein  et  lui  fit  connaître  la  trahison.  Il  retourna  prompte- 
ment  en  arrière,  et  tandis  que  ceux-ci  attendaient  sa  venue  pour 
accomplir  sur  lui  leur  projet,  il  envoya  une  armée  qui,  avant  que 
les  troupes  qu'ils  avaient  avec  eux  en  eussent  eu  connaissance,  les 
environna  de  tous  côtés.  Aucun  d'eux  n'échappa,  mais  tous  périrent 

2.  Le  oom  est  ici  ajouté  A  la  marge  du  manuscrit.  —  Ce  village  est  situé 
à  Toucst  et  à  environ  20  kilomètres  de  Maipherkat,  sur  la  route  d'Amida. 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  '  49 

■ 

frappés  à  coups  de  lance.  La  chose  n'était  pas  encore  connue 
d'Etienne,  ni  de  'Aouph,  chef  de  l'armée.  Quand  ils  apprirent  ce  qui 
était  arrivé  à  leurs  compagnons,  ils  montèrent  sur  les  chevaux 
rapides  qu'ils  avaient  avec  eux  et  songèrent  à  s'échapper,  mais  ils 
ne  furent  pas  sauvés  de  la  sorte,  car  des  hommes  agiles  se  mirent 
à  leur  poursuite.  Ils  atteignirent  'Aouph  et  ses  compagnons  et  les 
tuèrent  par  le  glaive.  Quant  à  Etienne,  lorsqu'il  vit  que  sa  fraude 
et  celle  de  Satan,  son  père,  était  divulguée,  il  prit  la  fuite,  gagna 
la  ville  et  ne  périt  pas.  Depuis  lors,  saisi  de  crainte,  il  ne  rentra 
plus  dans  la  montagne. 

Depuis  ce  moment,  les  maux  s'ajoutèrent  aux  maux.  Les  habi- 
tants de  la  montagne  et  les  Arabes  s'attaquaient  et  se  tuaient  conti- 
nuellement. Les  montagnards  s^emparèrent  des  défilés  et  on  ne  vit 
plus  aucun  Arabe  dans  la  montagne. 

Mais  une  autre  épine  leur  poussa  de  l'intérieur. 

Un  certain  Ourtéen\  du  nom  de  Grégoire,  s'avança  contre  eux 
avec  une  grande  armée  et  attaqua  les  habitants  des  rives  du  fleuve 
Hara.  Il  en  tua  un  grand  nombre;  il  lit  couper  aux  uns  les  mains, 
à  d'autres  les  membres  :  à  ceux-ci  les  oreilles,  à  ceux-là  le  nez  ;  à 
d'autres  enfin,  il  fit  crever  les  yeux  par  le  feu. 

Les  habitants  du  mont  Çahya'  se  tinrent  sur  leurs  gardes  et  se 
confièrent  à  Jean. 

Dans  les  pays  orientaux,  Boraïka  adhéra  à  la  secte  des  Ilarou- 
rites. 

Dans  la  région  d'Édesse,  'Oubeidallah  Ibn  Boktari*  se  révolta 
aussi  et  fit  beaucoup  de  mal  à  un  grand  nombre  d'hommes,  sur- 
tout à  Beit  Maada,  [56]  dont  il  saisit  les  principaux  habitants  et  les 
fit  rôtir  au  feu  comme  des  poissons.  Pour  s'emparer  de  leur  or,  il 
tua,  emmena  en  captivité  ou  fit  périr  un  grand  nombre  de  per- 
sonnes. Il  dévasta  tous  les  monastères  de  la  région  d'Édesse,  de 
Harran  et  de  Téla,  s'empara  de  tous  leurs  biens  et  fit  mourir,  rôtis 
par  le  feu,  leurs  supérieurs. 

1.  Le  syriaque  Ourtaia.  que  l'on  a  traduit  souvent  par  Ibérien,  désigne 
proprement  les  habitants  du  district  d'Anzîièue.  Cf.  JosuÉ  le  .Siyli tk,  éd. 
Wright.  33.  9  Itrad.,  28,  n.);  No!:lurki%  ZMDG..  xxx,  358»  xxxiii,  163.  — 
V.  ci-dessous,  p.  56,  n.  5. 

2.  C'esl-à-dire  mont  aride.  Nom  propre  d'un  lieu  situé  près  de  la  ville  de 
Halat  sur  le  Tigre.  Cfr.  lUbL  or.,  1,  "iVù;  U.  ij.lxciv,  cj,  127.  218.  —  Ce  nom 
désigne  aussi  d'une  manière  générale  la  partie  méridionale  du  Taurus  qui 
:*e  trouve  sur  les  territoires  d'Arzoun.  de  Maipherkat.  d'Amida,  de  Hanazit 
et  de  Samosate. 

3    Jjii4 


50  CHRONIQUE 

Voici  les  monastères  qu'il  ruina  avec  un  grand  nombre  de  vil- 
lages :  le  monastère  de  Coubê,  le  monastère  de  Resmat,  à  Tispa, 
le  monastère  de  Qatara\  le  grand  monastère  de  Hesmi,  le  monas- 
tère  de  Mar  Lazare,  Beit  Maada,  le  monastère  de  Mar  Habil,  le 
monastère  de  Mar  Miles  %  le  monastère  de  Sanin'  et  de  nombreux 
villages. 

Cet  impie  dirigea  toute  sa  colère  contre  les  monastères.  Satan 
Texcita  aussi  contre  les  églises,  et  il  menaçait  continuellement  les 
couvents  de  TOrient  et  du  Nord,  pour  satisfaire  la  vengeance  du 
diable  son  père. 


Des  trois  hivers  rigoureux  qui  survinrent  Cun  après  Vautre;  de  la 
neige  qui  tomba  pendant  ce  temps  en  abondance;  de  la  destruc- 
tion des  bestiaux^  des  animaux  et  des  oiseaux  qui  périrent  à 
cause  du  grand  froid. 

L'année  même  où  la  guerre  civile  s'éleva,  la  neige  tomba  en 
abondance  ;  elle  s'accumula  sur  la  terre  à  l'épaisseur  de  cinq 
palmes  et  resta  sur  le  sol  pendant  quatre-vingt-dix  jours,  et  dans 
les  plaines,  elle  resta  soixante-dix  jours,  de  sorte  que  toute  chair 
approchait  de  sa  fm.  Beaucoup  de  ceux  qui  avaient  des  bestiaux 
et  du  froment,  après  avoir  épuisé  les  provisions  faites  pour  la 
nourriture  des  animaux,  prirent  le  froment  et  le  donnèrent  aux 
bétes  pour  que  celles-ci  ne  périssent  pas  de  faim;  mais  ils  ne  purent 
sauver  leurs  bestiaux  à  l'aide  du  blé.  Ceux-ci  périrent  comme  des 
sauterelles  et  leur  chair  ne  pouvait  être  mangée  par  les  hommes.  Il 
y  eut  un  grand  froid,  de  la  glace,  de  fortes  gelées.  [57]  Des  ténèbres 
couvrirent  la  terre  pendant  plusieurs  jours,  et  tellement  épaisses 
qu'un  homme  pouvait  à  peine  distinguer  la  route  à  ses  pieds.  Elles 
se  condensèrent  sur  les  arbres,  les  vignes,  les  oliviers,  comme  de 
la  neige,  et  firent  ainsi  beaucoup  de  tort  aux  arbres,  aux  vignes, 
aux  oliviers,  aux  jardins,  de  sorte  qu'il  y  eut  à  peine  quelque  chose 
qui  ne  fût  pas  atteint  par  la  violence  de  la  gelée  et  du  froid. 


1.  Pn^s  d'Amida.  Cfr.  Bihl.  or.,  II,  58. 

2.  Le  texte  porte  Nffgas,  mais  la  confusion  des  lettres  lomad  et  gomal 
étant  si  fréquente  chez  les  copistes  inexpérimentés,  j'ai  cru  pouvoir  corriger 
en  Miles,  nom  d'un  martyr  très  honoré  chez  les  Syriens. 

3.  Probablement  le  monastère  appelé  aussi  Sanoun,  —  Cfr.  Bibl.  or.,  II, 
19,  38.  Cat.  Bibl.  Vatican.,  III,  217;  Cat.  of  syriar  mss.  of  the  British 
Muséum,  649,  706. 


DE   DENYS  DE    TELL-MAHRÉ  51 

Les  fleuves  se  congelèrent  au  point  que  les  cheyaux  pouvaient 
les  traverser  au  galop  sans  que  la  glace  fût  ébranlée  sous  leurs 
pas.  Le  Tigre  lui-môme  fut  pris,  et  une  nombreuse  caravane  de 
chameaux  put  le  franchir  sans  que  la  glace  mollit  sous  leurs  pieds. 
Toutes  les  bêtes  des  champs  et  les  oiseaux  du  ciel  périrent  :  la 
neige,  le  froid,  le  givre  avec  les  embûches,  la  discorde,  la  maladie, 
la  peste,  furent  tels  pendant  trois  années  successives  que  toute  la 
région  septentrionale  approchait  de  sa  fin. 


De  la  famine  qui  survint  en  ces  années^  et  du  peuple  Arménien 

et  Ourtéen  qui  envahit  la  Syrie, 

La  neige  s'étant  accumulée  sur  le  sol  pendant  de  longs  jours,  et 
an  certain  temps  s'étant  écoulé  sans  que  la  face  de  la  terre  apparût, 
tout  ce  qui  avait  été  semé  périt  sous  la  neige.  La  semence  se  cor- 
rompit, fut  arrachée  par  la  gelée  et  se  dessécha.  Quand  la  neige 
disparut,  rien  ne  germa,  excepté  les  mauvaises  herbes  et  les  épines. 
Ainsi  s*accomplit  sur  nous  cette  parole  prophétique^:  a  La  terre 
est  maudite  à  cause  de  toi,  elle  produira  pour  toi  des  épines  et  des 
ronces;  quand  tu  travailleras,  tu  n'obtiendras  pas  qu'elle  te  donne 
les  fruits  de  sa  fécondité;  ))  et  cetta  autre*  :  ((  Vous  sèmerez  du  fro- 
ment, et  vous  récolterez  des  épines,  vous  travaillerez  et  n'en  reti- 
rerez rien;  vous  serez  confus,  privés  de  vos  récoltes.  » 

La  terre,  en  eSet,  nous  a  produit  des  épines,  des  ronces,  des 
buissons.  Au  lieu  de  froment,  [58]  Tivraie  a  poussé  ;  au  lieu  de  l'orge, 
les  ronces;  au  lieu  des  fèves,  des  lentilles,  des  pois,  les  épines. 

Et  lorsqu'il  arriva  que  quelque  chose  germât  et  même  grandît, 
la  rouille  et  le  vent  brûlant  s'abattirent  dessus  et  le  détruisirent. 
Ce  qui  échappa  au  froid,  à  la  gelée  et  au  vent  brûlant,  fut  détruit 
par  le  puceron  et  le  charançon  \  de  sorte  que  si  vous  prenez  dix 
épis  et  les  frottez  dans  vos  mains,  il  ne  s'y  trouve  pas  un  seul 
grain  de  froment.  Ainsi,  à  cause  du  vent  brûlant,  beaucoup  de 
champs  restèrent  sans  être  moissonnés  quoiqu'ils  parussent  dorés 
et  de  belle  apparence,  car  le  poison  qui  était  tombé  sur  eux  était 
rouge;  il  s'y  fixait  comme  le  givre  sur  les  arbres  pendant  l'hiver, 
et  la  couleur  du  froment  fut  également  changée  en  couleur  rouge. 

1.  Gen,^  m,  6. 

2.   JÉRÉM.,  XII,  13. 

3.  Sur  les  différents  noms  d'insectes  qui  se  rencontrent  ici  et  un  peu  plus 
bas,  voir  Tlntroduction  au  texte  syriaque. 


52  CHRONIQUE 

C'est  à  propos  de  6es  choses  que  le  prophète  Amos  nous  inter- 
pelle en  disant^  :  «  Je  vous  ai  frappés  par  le  vent  brûlant,  par  la 
rouille,  par  lagrôle;  la  chenille  a  rongé  la  plupart  de  vos  jardins, 
de  vos  vignes,  de  vos  figuiers,  de  vos  oliviers,  et  vous  ne  vous  êtes 
pas  tournés  vers  moi,  dit  le  Seigneur;  j'ai  envoyé  sur  vous  la 
peste,  j'ai  massacré  par  le  glaive  vos  jeunes  hommes  et  vos  vieil- 
lards, et  j*ai  fait  monter  à  vos  narines  l'odeur  de  votre  pourriture.  » 

Le  froment  se  vendait  cette  année-là  un  dinar  legeribayet  il  vint 
jusqu'à  un  dinar  les  sept  qephuè. 


Des  charançons  et  des  pucerons  dont  la  terre  fourmilla 

à  cette  époque. 

Comme  le  temps  de  la  moisson  approchait,  et  que  tout  le  monde 
attendait  les  gerbes,  la  terre  fourmilla  de  nombreux  insectes  qui 
montèrent  sur  le  froment,  l'orge  et  toutes  les  graminées.  On  ne 
voyait  pas  l'endroit  dévoré,  mais  tous  les  épis  sur  lesquels  ils  s'é- 
taient posés  étaient  perdus,  et  quand  ils  étaient  sur  le  point  d'arriver 
à  maturité,  tout  à  coup  ils  se  desséchaient  et  il  ne  [59]  restait  rien 
autre  chose  que  l'écorce.  11  fut  reconnu  par  des  hommes  expéri- 
mentés qu'ils  suçaient  la  substance  des  épis  qui  perdaient  leur 
force  et  en  peu  de  temps  changeaient  de  couleur. 

On  appelait  ces  insectes  charançons  et  pucerons,  car  ils  n'étaient 
pas  d'une  môme  espèce,  ni  d'un  môme  type.  Celui  qu'on  appelait 
charançon  était  rond  et  de  diverses  couleurs.  Le  puceron  était 
pareillement  rond,  mais  petit;  sa  trompe  était  allongée  comme  celle 
du  moustique  et  même  du  taon,  et  tachetée  de  plusieurs  couleurs. 

Selon  l'opinion  des  sages,  c'est  cette  même  plaie  que  Moïse 
envoya  autrefois  sur  les  Egyptiens,  car  c'était  le  bruchus,le  cynips, 
la  cynomyia.  Ce  tléau  ne  s'attaqua  qu'aux  blés.  Ces  insectes  grim- 
paient sur  les  tiges  du  froment  et  de  l'orge,  depuis  la  racine 
jusqu'au  sommet,  ainsi  que  sur  les  feuilles. 


De  la  chenille. 

11  y  eut  aussi  des   chenilles   nombreuses  qui  ravagèrent  les 
vignes,  les  arbres  et  tous  les  fruits.  Elles  ne  pouvaient  marcher 

1.  Amor,  IV,  î). 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  53 

sur  la  terre  à  cause  de  leur  multitude.  Elles  étaient  répandues  en 
tous  lieux,  car  la  terre  elle-même  les  avait  vomies  et  fait  sortir  [de 
son  sein].  Ainsi  les  vignes,  les  arbres,  les  fruits,  les  semailles  et 
tout  ce  qui  sert  à  la  vie  des  hommes  fut  détruit. 


De  la  sauterelle, 

11  est  écrit  dans  le  prophète*:  «  Il  a  donné  leurs  moissons  à  la 
sauterelle  et  leurs  labeurs  au  bruchus,  »  qui  est  une  sauterelle 
pourvue  de  pattes  et  qui  n'a  point  d'ailes  pour  voler  ou  pour  s'a- 
vancer. Son  ravage  est  plus  grand  et  plus  pernicieux  que  celui  de 
toutes  les  verges  de  colère. 

On  avait  dit  du  puceron  :  «  S'il  tombe  sur  [60]  un  silo  de  blé,  il 
le  détruira.  »  Cela  s'est  justifié,  car  lorsqu'il  tombait  sur  un  champ 
riche  et  prêt  à  être  moissonné,  le  blé  était  perdu.  Au  dehors  [les 
épis]  paraissaient  pleins  et  beaux,  mais  quand  on  les  écrasait  on 
trouvait  l'intérieur  perdu  et  réduit  en  farine.  Si  on  semait  ce  blé  il 
ne  germait  point,  car  il  était  gâté. 

La  région  inférieure  elle-même  ne  fut  pas  exempte  de  cette 
calamité.  La  terre  entière  produisit  la  sauterelle  qui  se  répandit 
et  dévasta  les  semailles,  les  vignes,  les  jardins,  les  arbres  et  toute 
espèce  de  verdure. 

La  prophétie  prononcée  par  le  prophète  Joël  '  s'est  accomplie  sur 
nous  :  «  Écoutez  ceci,  vieillards;  prêtez  l'oreille,  vous  tous,  habi- 
tants de  la  terre.  Est-il  arrivé  chose  semblable  de  vos  jours,  ou 
dans  les  jours  de  vos  pères  ?  Racontez-le  à  vos  fils  ;  et  vos  fils  à  leurs 
fils,  et  leurs  fils  à  une  autre  génération.  Ce  qu'a  laissé  la  chenille, 
la  sauterelle  ailée  Ta  mangé  ;  ce  qu'a  laissé  la  sauterelle  ailée,  la 
sauterelle  sans  ailes  Ta  mangé;  ce  qu'a  laissé  la  sauterelle  sans  ailes 
le  cynips  Ta  mangé.  »  11  nous  arriva  selon  la  prophétie  et  pis  encore  : 
la  neige  et  le  givre  détruisirent  tous  les  arbres,  et  tout  ce  qui  leur 
échappa  fut  enlevé  par  le  vent  brûlant,  la  rouille,  la  sauterelle,  le 
bruchus,  le  cynips,  la  cynomyia,  la  chenille,  en  sorte  que  la  famine 
s'aggrava  sur  les  hommes,  au  delà  de  toute  mesure.  Le  froment 
commença  à  diminuer  dans  les  greniers  et  vint  au  prix  d'un  dinar 
le  geriha  ou  même  d'un  dinar  pour  sept  qephizè;  et  on  n'en  trou- 
vait pas. 


l.  P«.,  Lxxviii,  46. 

2.   JOEL,  I,  2. 


54  CHRONIQUE 


Du  peuple  des  Arméniens  et  des  Ourtéens  qui  envahit  la  Syrie  à 
cause  de  la  famine;  de  la  contagion,  des  ulcères,  de  la  peste  et  des 
diverses  maladies  qui  sr  n*pandirent  sur  la  terre  à  leur  arricre. 

Dieu  envoya  donc  de  grands  fléaux  sur  le  froment,  l'orge,  [61]  les 
vignes  et  tout  ce  qui  sert  à  la  vie  de  Thomme,  à  cause  des  péchés 
et  des  iniquités  que  nous  commettions  quotidiennement;  la  famine 
s'appesantit  sur  toute  la  terre,  et  surtout  sur  l'Arménie  et  le  pays 
des  Ourtéens,  car  toutes  leurs  récoltes  avaient  été  détruites,  et  il 
ne  leur  restait  rien  pour  vivre.  «  Quand  il  le  veut,  il  fait  sécher  par 
le  froid,  et  quand  il  lui  plaît  de  nouveau,  il  humecte  avec  le  feu.  n 
Ici  donc  il  fit  sécher  par  le  froid. 

Toute  l'Arménie  émigra  pour  fuir  la  famine  qui  survint,  et  [ses 
habitants]  envahirent  la  Syrie,  poussés  par  la  crainte  de  mourir  de 
faim,  eux  et  leurs  enfants.  Mais  ils  n'échappèrent  pas  de  la  sorte 
au  fléau.  «  Je  leur  ferai  boire  des  eaux  amères,  je  les  nourrirai 
d'absinthe,  je  les  disperserai  parmi  des  nations  qu'ils  ne  connais- 
saient point;  j'enverrai  après  eux  le  glaive,  la  captivité,  la  famine 
et  la  peste,  jusqu'à  ce  que  je  les  aie.consumés*.  »  L'Esprit-Saint  a 
dit  ces  choses;  et  elles  s'accomplirent  toutes  parmi  eux. 

Ils  sortirent  et  remplirent  la  terre  entière  :  les  villes,  les  monas- 
tères, les  villages,  les  campagnes  ;  ils  vendirent  tout  ce  qu'ils 
avaient  pour  acheter  du  pain  et  causèrent  la  famine  dans  le   pays. 

La  maladie  des  ulcères  d'abord  et  la  dyssenterie,  puis  les  pus- 
tules s'emparèrent  d'eux,  et  partout  on  en  voyait  qui  gisaient  dans 
les  portiques,  les  édifices,  les  églises,  les  tours,  et  en  tous  lieux.  La 
peste  s'empara  aussi  d'eux,  et  il  en  mourut  une  telle  quantité  que 
les  hommes  ne  suffisaient  pas  à  les  ensevelir.  Partout  où  ils 
allaient,  la  main  du  Seigneur  les  poursuivait  pour  les  affliger. 

Ce  fléau  de  la  famine,  des  ulcères,  des  pustules,  s'empara  aussi 
des  Syriens  et  les  consuma,  mais  il  en  périt  plus  de  faim  que  de 
maladie. 

Il  mourut  cette  année-là  dans  notre  monastère  de  Zouqenin,  du 
mal  des  pustules,  quarante-deux  hommes,  sans  compter  les  étran- 
gers. 

Cette  maladie  et  la  peste  s'aggravèrent  en  tous  lieux.  [62] 

1.  JÉR.,    IX,  15. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  55 


L'an  1063  (752-753),  les  Perses  revinrent  dans  le  pays  avec  des 
troupes  nombreuses.  Ils  combattirent  et  vainquirent  tous  ceux  qui 
voulurent  leur  résister.  Ils  firent  de  grands  ravages  parmi  les 
Arabes  de  Mossoulet  de  *Aqoula.  Ils  massacrèrent  grands  et  petits. 

'Abdallah  Ibn  Mohammed  \  frère  du  roi  des  Perses,  attaqua  Bo- 
raîka  près  dç  Dara  et  le  tailla  en  pièces.  Celui-ci  prit  la  fuite. 

'Abdallah  ayant  appris  tout  le  mal  que  les  Arabes  de  Maipherkat 
avaient  infligé  aux  Syriens  de  ce  pays,  et  ce  que  ceux-ci  avaient 
fait,  envoya  des  ambassadeurs  à  Jean  qui  descendit  à  Harran.  Il  le 
reçut  avec  joie,  l'honora,  lui  donna  môme  des  présents,  rétablit 
chef  de  sa  contrée  et  l'y  renvoya. 

Çalihibn  Çabih*,  était  monté  et  avait  pénétré  dans  l'Arménie. 
Il  avait  pris  des  otages  dans  toute  la  montagne  et  les  faisait 
garder  à  Maipherkat  avant  que  Jean  fût  revenu  de  IJarran, 
d'auprès  de  'Abdallah. 

Jean  rapportait  avec  lui  un  écrit  d'après  lequel  on  devait  lui 
donner  les  otages.  A  son  arrivée  [Çalih]  renvoya  toutes  les  femmes 
qui  se  trouvaient  parmi  eux,  mais  parce  que  les  Arabes  de  Mai- 
pherkat lui  avaient  donné  des  présents  pour  qu'il  les  vengeât  de 
Jean  et  de  ses  compagnons,  il  traînait  en  longueur,  disant  :  «  Au- 
jourd'hui ou  demain  je  renverrai  ceux  qui  restent.  »  Ils  restèrent 
ainsi  longtemps  ;  diverses  maladies  s'emparèrent  d'eux  et  beaucoup 
périrent  en  j^rison. 

Il  traîna  ainsi  en  longueur  pendant  longtemps,  car  il  cherchait 
une  occasion  de  faire  périr  Jean  et  eux,  pour  donner  satisfaction 
aux  Arabes  de  Maipherkat.  Or,  Jean  envoya  des  messagers  à 
^Abdallah  qui  était  émir  de  la  Mésopotamie,  et,  le  jour  même  où 
Çalih  se  disposait  à  faire  crucifier  Jean  le  lendemain  matin,  arriva 
un  envoyé  [de  'Abdallah]  qui  le  fit  sortir  de  prison  ;  il  descendit  [63] 
à  Harran  avec  Etienne,  fils  de  Paul.  Dieu  accumula  sur  la  tête 
d'Etienne  le  mal  qu'il  avait  fait;  il  le  frappa  et  il  mourut  là.  Quant 
à  Jean,  il  envoya  une  lettre  et  délivra  promptemeut  tous  ceux  qui 
avaient  été  emprisonnés  comme  otages  par  Çalih. 

L'an  1061  (749-750),  Constantin,  empereur  des  Romains,  sortit 
avec  des  troupes  nombreuses;  il  renversa  et  rasa  jusqu'au  sol 
Mélitëne%  dont  il  chassa  les  habitants  ;  mais  il  ne  tua  personne, 

1.  Il  s'agit  de  Al-Mansour,  qui  succéda  plus  tard  â  Abou'l-Abbas  al-Saffah. 

2.  Ce  personnage  parait  être  Çaleh  Ibn  *Alî,  oncle  du  khalife.  Tbèophanc 
l'appelle  2^aXYj{i.  Cf.  Hist.  du  Bas-Empire,  i.  XII,  p.  232,  n.  2. 

3.  Clr.  Hîst.  du  Bas-Empire,  t.  XII,  p.  209. 


56  CHRONIQUE 

et  ne  leur  enleva  rien  de  ce  qu'ils  avaient;  il  les  fit  seulement 
sortir,  et  les  chassa  de  la  ville.  Us  se  rendirent  tous  en  Mésopo- 
tamie. Quant  à  lui,  il  renversa  les  murailles,  brûla  les  maisons, 
puis  reprit  son  armée  et  revint  dans  son  pays. 

1/an  1^J64  (752-753),  les  Perses  rasèrent  [les  villes.  Les  Perses 
revinrent  une  seconde  fois,  occupèrent  le  pays  et  ses  plac(^s 
fortes,  et  y  régnèrent.  Le  roi  ordonna  do  raser  les  murs  de 
toutes  les  villes  des  Syriens.  Ils  réunirent  donc  des  ouvriers  et  des 
artisans  en  grand  nombre  et  rasèrent  toutes  les  murailles;  ils  brû- 
lèrent les  portes  et  prirent  l'airain  et  le  fer  qui  s'y  trouvaient.  Ce 
que  les  rois  prévoyants  et  sages  avaient  fait  à  grands  frais  pour 
la  défense  contre  les  ennemis,  ceux-ci,  dans  leur  tyrannie,  le  ra- 
sèrent et  le  jetèrent  à  terre.  La  parole  deJérémie  fut  accomplie'  : 
«  Les  murs  larges  seront  renversés,  les  portes  élevées  brûleront 
dans  le  feu,  les  peuples  les  pleureront  inutilement.  »  Il  dit  encore*  : 
«  Le  Seigneur  a  formé  le  dessein  de  détruire  les  murs  de  la  fille  de 
Sion  ;  il  a  lancé  le  cordeau,  il  ne  retirera  pas  sa  main  avant  de 
ravoir  fait  disparaître.  Il  a  jeté  ses  forces  dans  le  deuil,  et  ses  murs 
sont  devenus  déserts.  »  Qu'il  vienne  maintenant,  le  prophète  Jéré- 
mie,  et  qu'il  pleure,  non  plus  sur  la  seule  ville  de  Sion  dont  les 
murs  ont  été  renversés,  mais  sur  toutes  les  villes  de  la  Mésopotii- 
mie  et  de  l'Occident.  Esdras,  le  scribe,  parle  aussi  de  la  destruction 
des  murailles  et  de  ce  serpent  [64]  tortueux  qui  les  a  renversées  : 
«  11  abaissera  les  murs  qui  n*ont  pas  péché  contre  lui.  » 

L'an  1()65  (753-754),  toute  la  région  septentrionale  fut  pillée  par 
Kousan^.  Cet  homme  était  arménien*  de  l'Arménie  IV«.  Après  la  dé- 
faite et  la  fuite  de  Merwan,  il  prit  ses  biens  et  sa  famille  et  entra 
dans  le  pays  des  Romains.  Comme  c'était  un  homme  courageux  et 
brave,  Constantin  le  fit  général.  Cette  année-là,  il  sortit  avec  une 
armée  considérable  et  tomba  sur  le  montÇahya.  Il  fit  captifs  et  pilla 
tous  les  paysans  qui  y  habiuiient,  s'empara  de  leurs  richesses  et  de 
tout  ce  qu'ils  possédaient  et  ne  leur  laissa  absolument  rien  que  la 
vie.  Après  avoir  ainsi  tout  enlevé,  il  rentra  au  pays  des  Ro- 
mains. 

L'an  106G  (754  755),  Kousan  l'arménien  envahit  de  nouveau  la 
région  de  Anzeta"^  avec  les  armées  nombreuses  des  Romains  et  des 

1.  JEU.,  u,  58. 

2.  Thren,^  ii,  8. 

3.  Cf.  Hi'^t.  (lu  Bas-Empire,  t.  XII,  p.  209. 

4.  Sur  les  divisions  géographiques  de  l'Arménie,  Cf.  Saint-Martin, 
Mémoires  sur  l'Arménie,  t.  I,  pp.  23.  91,  92. 

5.  ViHe  du  sud  de  rAniiéuie  dont  le  nom  est  très  diversement  orthographié 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  57 

Ourtéens.  Quand  Aki,  alors  émir  de  la  Mésopotamie,  apprit  cela, 
il  réunit  une  grande  armée  de  Perses  et  d'Arabes,  mit  son  fils  à  la 
tête,  el  renvoya  combattre  Kousan.  Le  jeune  homme  s'avança  avec 
arrogance  et  grande  présomption.  Les  deux  armées  se  rencon- 
trèrent, il  méprisa  ses  adversaires.  La  jeunesse,  en  effet,  est  portée 
au  désordre,  et  comme  elle  est  inexpérimentée  et  n'écoute  pas 
[les  conseils],  elle  tombe  dans  l'abîme  des  maux. 

Des  hommes  âgés,  qui  avaient  grandi  au  milieu  des  combats  et 
qui  connaissaient  les  nombreuses  difficultés  qui  surviennent  dans 
les  batailles,  le  détournaient  et  lui  conseillaient  de  ne  pas  se  pres- 
ser de  combattre  avec  Kouvsan.  «C'est,  disaient-ils,  un  homme  ins- 
truit dans  l'art  de  la  guerre,  vigoureux,  qui  jamais  ne  recule.  De 
plus,  il  connaît  le  pays  et  sa  conformation,  [65j  puisqu'il  y  est  né 
et  y  agrandi.  »  Mais  il  abandonna  le  conseil  que  lui  donnaient  les 
vieillards,  et,  nouveau  Roboam,  [ils  insensé,  il  suivit  l'avis  des 
enfants  qui  avaient  été  élevés  avec  lui  '.  Tandis  qu'il  s'empressait 
de  se  faire  rapidement  une  renommée  illustre,  il  s'acquit  un  nom 
vil,  plein  d'opprobre  et  de  honte  aux  yeux  de  nombreuses  généra- 
tions futures. 

Il  s'avança  donc  avec  empressement,  car  il  voulait  promptement 
tomber  sur  Kousan,  le  faire  disparaître  de  ce  monde  avec  ceux  qui 
raccompagnaient,  faire  des  prisonniers,  piller  et  dévaster, 
puis  retourner  chez  lui  après  avoir  remporté  une  grande  victoire. 
Kousan,  en  voyant  les  mouvements  du  jeune  homme,  gambada, 
ricana  et  mit  la  main  sur  sa  tète  en  disant  :  ((  Voici  le  jour  que  le 
Seigneur  a  fait  pour  tirer  vengeance  des  ennemis.  Allons,  tres- 
saillons d'allégresse,  réjouissons-nous  en  ce  jour\  )) 

Quand  la  bataille  fut  engagée  et  que  les  morts  commencèrent  à 
tomber  des  deux  c6tés,  Kousan  fit  un  eflFort  énergique  contre  les 
Perses  qui  prirent  la  fuite  devant  lui  :  ils  tombèrent  tous  sous  le 
glaive.  [Kousan]  fitde  nombreux  captifs,  pilla  et  dépouilla  les  morts. 
Le  fils  de  'Aki  s'enfuit,  dépouillé  de  tout,  sur  le  cheval  rapide 
qu'il  montait,  et  s'échappa  en  laissant  tous  ses  bagages  aux  mains 
des  Romains.  A  l'exception  d'un  petit  nombre  qui  montaient  des 
chevaux  et  s'enfuirent  en  abandonnant  tout  ce  qu'ils  possédaient^ 
personne  d'entre  eux  n'échappa  au  glaive. 

Tandis  que  ce  jeune  homme  s'empressait  pour  acquérir  la  re- 


par  les  Syriens.  Cf.  Assrmani,  Bibl.  or.,  I,  259,  ii,  lxiv,  m  2,  718,  et  Arta 
Martyr.,  II,  352,  et  Saint-Martin,  Mém.  sur  V Arménie,  t.  I,  p.  93. 

1.  Cf.  //  Reg.,  XII. 

2.  Cfr.  P5.,cxvni,  24 


58  CHRONIQUE 

nommée  et  la  gloire,  il  se  fit  une  réputation  ignominieuse,  à  lui- 
même  et  à  sa  famille  ;  tandis  qu'il  voulait  piller,  dévaster,  faire  de 
nombreux  captifs,  [sa  propre  armée]  fut  pillée,  dévastée,  jetée  dans 
les  fers,  emmenée  en  captivité. 

A  cette  époque,  [parmi]  les  pasteurs  orthodoxes  florissaient  dans 
l'Église  :  saint  Mar  Jean,  patriarche  d'Antioche;  saint  Mar  M ikael, 
patriarche  d'Alexandrie  la  Grande^  ;  saint  Mar  Timothée,  évoque 
[66]  d'Ëdesse;  (Constantin,  évèque  de  Samosate;  Denys,  évèque 
de  Harran  ;  Sergouna,  évèque  de  Mardin;  David,  évèque  de  Dara, 
qui  par  la  suite  devint  patriarche. 

A  Maipherkat  fiorissait  Athanase,  surnommé  Sandalaia,  qui 
bâtit  sur  la  montagne  de  Tell-Besmè'  un  monastère  fameux  qu'on 
appelle  couvent  de  Mar  Athanase;  il  devint,  lui  aussi^  patriarche 
par  la  suite. 

A  Amida  brillait  saint  Mar  Aba,  du  monastère  de  Mar  Habib, 
dans  l'Arzanène.  Saint  Mar  Sévère,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  du  monastère  de  Zouqenin,  se  démit  de  son  vivant  du  gou- 
vernement de  cette  ville,  parce  qu'il  avait  les  yeux  fatigués  et  ne 
voyait  pas  bien.  Mar  Aba  fut  établi  à  sa  place. 

A  cette  époque  était  aussi  célèbre  Jean,  évèque  de  Callinice,  qui 
causa  dans  l'Église  les  troubles  dont  nous  parlons  en  leur  temps. 

A  saint  Mar  Jean,  patriarche  d'Antioche,  succéda  un  certain 
moine  du  nom  d'Isaac',  du  monastère  de  Qartamine.  Il  avait  fixé 
sa  demeure  à  Édesse,  et  parce  qu'il  était  versé  dans  l'alchimie  de 
l'or  et  de  l'argent,  il  avait  obtenu  l'affection  de  ^Abdallah,  émir  de  la 
Mésopotamie,  qui,  par  la  suite,  devint  aussi  roi.  Comme  celui-ci 
voulait  lui  faire  sentir  l'honneur  de  son  amitié,  il  le  fit  élire 
patriarche  d'Antioche  après  saint  Mar  Jean. 

Mais  les  dignités  acquises  irrégulièrement  sont  très  funestes. 
Celui-ci  éleva  beaucoup  son  ami,  et  bientôt  il  le  fit  étrangler, 
comme  Judas. 

Isaac  ne  fut  pas  très  bien  accueilli  par  le  peuple,  et  son  gouver- 
nement ne  dura  pas  longtemps,  car  celui  qui  l'avait  élevé  le  ren- 
versa et  le  fit  périr.  On  ne  sait  ce  qu'est  devenu  [67]  son  corps;  il 
ne  fut  pas  même  digne  d'être  enseveli  par  les  hommes.  Telle  est  la 
belle  récompense  que  Satan  a  coutume  de  donner  à  ceux  qui 
courent  à  sa  suite  en  ce  monde. 

1.  Cbail,  apud  Rrnaudot,  Hlst.  Pair.  Alexandr.,  p.  203,  sqq. 

2.  Tell-Besmô  (colline  des  aromates)  (^e  trouvait  près  de  Deyrik,  à  l'ouest 
de  Mardin.  Cf.  Assbmani.  Diss.  de  Syr,  monoph.,  p.  115;  BarHbbr.  , 
Chron,  Syr.,  398;  Hoffmann,  Auszâge,  etc.,  p.  115,  n.  1046. 

3.  Cfr.  Bak  Hebr.«U8,  Chron.  eccles.,  I,  315  sqq. 


DE   DENYS  DE   TELÏ--MAHRÉ  59 

Le  vénérable  Mar  Athanase  Sandalaia,  évêque  de  Maipherkat,  lui 
succéda\  Mais  idi  non  plus  n'eut  pas  de  longs  jours,  car  il  périt 
promptement  et  mourut,  les  uns  disent  d'une  manière,  les  autres 
de  l'autre;  quant  à  nous,  nous  ne-saous  arrogeons  pas  le  droit  de 
parler  des  choses  secrètes,  mais  nous  les  abandonnons  à  Dieu  devant 
qui  tout  est  clair  et  manifeste.  On  le  prit,  et  on  le  transporta  de 
Harran  à  son  monjistèrè,  où  il  f ut  déposé.  11  eut  pour  successeur 
saint  Mar  Georges,  du  saint  monastère  de  Qen-NéSrèV 


Du  synode  qui  fut  réuni  pour  Vélection  de  Georr/es,  patriarche 
dWntioche,  d  Mahoug,  ville  près  de  CEuphrate,  dans  V église 
de  Mar  Thomas  Apôtre^  hors  la  ville'^. 

Les  nombreuses  difficultés  qui  avaient  eu  lieu  dans  l'élection  du 
patriarche  Isaac  et  du  patriarche  Athanase  Sandalaia,  troublaient 
les  fidèles,  et  beaucoup  d*enfants  de  rÉgliscen  étaient  scandalisés, 
surtout  parce  que  ces  patriarches  étaient  imposés  par  la  puissance 
tyrannique  de  Témir,  mais  aussi  pour  d'autres  causes  qui  suivirent 
et  qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'exposer  dans  ce  livre. 

Après  la  mort  du  vénérable  Athanase,  tous  les  pasteurs  de  la  sainte 
Église  voulurent  s'imposer  un  chef  avant  que  Satan  n'exc.itàt  parmi 
eux  l'amour  de  la 'domination  et  qu'ils  ne  fussent  livrés  aux  mains 
de  la  puissance  tyrannique,  de  peur  que  [68]  la  fin  ne  devint  pire 
que  le  commencement,  et  que  la  division,  la  dissension,  le  trouble 
n'arrivassent  de  leur  temps  dans  la  sainte  Église,  ce  qui  pourtant 
eut  lieu,  car  comme  dit  le  Juste*:  «  Ce  qu'ils  craignaient  leur 
arriva.  » 

Il  ne  firent  point  régner  la  paix  et  la  tranquillité  ;  le  trouble  qu'ils 
redoutaient  les  atteignit  promptement.  Tous  les  pasteurs  Mossu- 
liens,  Mésopotamiens,  et  les  Occidentaux  n'avaient  qu'un  même 
désir;  ils  se  rassemblèrent  avec  empressement,  dans  une  seule 
pensée,  un  seul  esprit  droit,  un  même  accord.  Tous  les  évoques  se 
réunirent  avec  les  hommes  honorables  et  fidèles  dans  la  ville  de 
Maboug,  dans  l'église  de  Mar  Thomas.  Après  qu'ils  eurent  siégé 

1.  Cfr.  Bar  HEBUiCus,  Chron,  eccles.,  I,  319-320. 

2.  Ua  des  plus  fameux  monastère»  de  Jacobites.  Il  était  situé  près  du 
▼illage  de  ce  nom,  à  une  journée  de  marche  au  sud  d'Alep.  Cf.  Assbmani* 
Diss,  de  monoph.,  p.  83. 

3.  Ibid.,  coll.,  320-327. 

4.  Cfr.  Job,  ui,  25. 


60  CHRONIQUE 

un  jour  ou  deux,  et  beaucoup  parlé  entre  eux  (le  beaucoup  de  per- 
sonnes :  Tun  exaltant  celui-ci,  l'autre  le  blâmant,  et  ainsi  pendant 
longtemps,  arriva  ce  qui  suit. 

1 1  y  avait  un  homme  de  Ba'altan^  ,du  saint  monastère  de  Qen-Néârê 
qui  vivait  saintement  dans  ce  lieu,  et  brillait  par  les  œuvres  de  la 
crainte  de  Dieu  ;  homme  connu,  célèbre,  instruit,  zélé  pour  toutes 
les  vertus,  qui  s'appelait  Georges;  il  avait  reçu  Tordre  du  diaconat 
dans  son  monastère.  Tous,  unanimement,  d'un  même  consen- 
tement et  d'une  môme  convention,  tombèrent  d'accord  pour  choisir 
cet  homme.  Mais  il  était  éloigné.  Ils  choisirent  aussitôt  des  hommes 
honorables  qui  se  trouvaient  là,  et  les  envoyèrent  pour  l'amener 
près  d'eux.  [Quand  il  fut  arrivé],  tous  se  présentèrent  à  lui  et  lui 
exprimèrent  leur  adhésion.  Ils  écrivirent  leur  consentement  et  lui 
donnèrent  cet  écrit  après  l'avoir  signé. 

Les  principaux  étiiient  :  Jean,  deCallinice;  Timothée,  d'Édesse; 
David,  de  Dara  ;  Abbas,  d'Amida;  Sergouna,  de  Mardin  ;  Etienne, 
de  yaboura*;  Constantin,  de  Samosate  ;  Cyriaque,  du  Tour 'Abdin  ; 
Dcnys,  de  Harran  ;  Elias,  de  Singar  ;  et  de  la  région  de  Mossoul  : 
Paul,  deTagrit  ;  Zachée,  de  Karma'  ;  Jonas,  [69]  de  Beit  Nouhadra * 
avec  beaucoup  d'autres  ;  parmi  les  Occidentaux,  se  trouvaient  : 
[ligne  en  blanc  dans  le  ms,] 

Ils  écrivirent  donc,  adoptèrent,  signèrent  l'acte,  et  ils  étaient  sur 
le  point  d'imposer  les  mains  à  Georges  selon  la  règle  de  l'Église. 
Mais  Satan,  voyant  que  la  paix  allait  se  faire  dans  toute  l'Ëglise, 
ne  resta  pas  indifférent,  inactif,  oiseux,  tranquille.  11  fit  venir 
promptement  et  amena  là  un  certain  moine  dans  lequel  il  avait 
fait  sa  demeure,  parce  qu'il  ne  pouvait  apparaître  manifestement 
pour  les  troubler,  les  agiter,  élever  des  dissensions  parmi  eux.  De 
même  qu'il  n'a  pas  pu  parler  en  personne  à  Eve,  de  peur  que  sa 
fraude  ne  fût  reconnue  et  divulguée,  de  môme  agit-il  ici.  Là 
il  se  choisit  le  serpent,  entra  et  habita  en  lui,  et  accomplit  par  lui 
tous  ses  desseins.  Ici  il  se  choisit  un  moine  pour  auxiliaire  et 
accomplit  par  lui  tousses  désirs.  Ce  moine  s'appelait  Jean,  et  avait 
habité  la  solitude  aride  de  Aisouma  \  Il  avait  vécu  longtemps 

1.  Village  de  la  région  d'Émèse.  Cf.  Bar  Hebr.,  Chron.,  eccl.^  I,  319. 

2.  L'antique  Circeaium,  au  confluent  de  l'Euphrate  et  du  M&boura. 

3.  Évècbô  situô  au  delà  du  Tigre,  non  loin  de  Tagrit.  Cf.  Assbmani, 
Bibl.  or.,  II,  419;  Land.  Anecd.  ayr.,  I,  84;  Guidi,  ZDMG.,  xuii,  411. 
Suivant  Hoffmann  [Auszdge,  p.  231),  Kermé  sur  le  Zab,  d'après  Aînworth, 
Journ,  Geogr.  Soc,  II,  58. 

4.  Évcchô  situô  au  nord  de  Mossoul,  dans  le  voisinage  de  Marga. 
Hoffmann,  Aussûge  aus  ayr.  Aktcnpers.  Martyr.,  p.  208  sqq. 

5.  La  colline  de  ce  nom  était  située  près  d'Amida  d'après  Bar  HsBiLeuSf 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  61 

dans  l'exil  et,  comme  s'il  avait  connu  Georges,  il  vint  trouver  les 
évéquesdela  Mésopotatnie,  surtout  ceux  de  Qartamine,  etleurdit: 
«  Comment  voulez- vous  constituer  patriarche  un  homme  qui  a 
menacé  de  détruire  votre  couvent  en  disant  :  Si  j'obtiens  la 
primauté  dans  l'Église,  je  ferai  disparaître  de  sur  la  terre  le  nom 
de  Qartamine  et  celui  du  monastère  d'Athanase^?  »  Ce  moine  les 
agita  et  les  troubla  par  beaucoup  [de  propos  semblables].  Eux,  qui 
ne  connaissaient  pas  le  vénérable  Georges,  ajoutèrent  foi  aux  dis- 
cours du  moine,  et  ne  comprirent  pas  que  toute  leur  force  venait 
de  Satan.  lisse  hâtèrent  de  monter  à  cheval,  se  dérobèrent  et  re- 
tournèrent à  leur  pays.  Ceux  qui  restaient,  voyant  leurs  compa- 
gnons partis,  étaient  encore  plus  troublés  et  perplexes.  D'un  côté, 
ils  craignaient  d'exciter  la  division  [70]  et  le  trouble  dans  l'Église  en 
faisant  un  patriarche  en  l'absence  de  leurs  collègues  *  ;  de  l'autre, 
ils  avaient  fait  venir  cet  homilie. 

11  fut  sur  le  point  d'être  dénigré  et  de  devenir  un  objet  de  scan- 
dale dans  le  monde,  parce  que  la  chose  ne  fut  pas  racontée  exac- 
tement par  les  méchants,  surtout  au  loin.  Ceux  qui  restaient, 
voyantque  les  bons,  les  méchants  aussi,  et  surtout  leur  conscience, 
leur  reprochaient  ce  qu'ils  avaient  fait  à  l'égard  de  cet  homme,  le 
firent  venir  et  l'ordonnèrent. 

On  connaît  parmi  eux,  d'entre  les  Mésopotamiens  :  Timothée, 
d'Édesse;  Aba,  d'Amida;  Constantin,  de  Samosate;  Jean,  de 
Callinice,  avec  le  reste  des*Mossuliens  et  des  Occidentaux. 

Ceux  qui  s'en  étaient  allés  auparavant  s'agitèrent  de  toute  ma- 
nière. Quand  chacun  fut  parti  et  retourné  à  son  pays,  Satan  ne 
cessa  point  alors  même  de  jeter  la  discorde  parmi  eux.  Il  les  excita 
de  telle  sorte  que  beaucoup  d'entre  les  Mésopotamiens  s'assemblèrent 
et  se  choisirent  pour  patriarche  Jean,  [évoque]  de  Callinice,du  saint 
monastère  de  Qarqaphta^,  qui,  foulant  aux  pieds  son  adhésion,  sa 
promesse  et  sa  signature,  succomba  à  l'ambition  et  devint  pa- 
triarche. 

Dès  lors  tous  [ceux  qui  portaient]  le  précieux  et  saint  habit  reli- 
gieux tombèrent  dans  les  injures,  le  mépris,  les  malédictions  :  beau- 
coup anathématisant  celui-là  avec  ses  adhérents,  beaucoup  d'autres 
celui-ci. 

cité  par  P.  Smith,  Thés,  syr.,  col.  406.  La  référence  {Citron.  f*yr.,  p.  306) 
étant  inexacte,  je  n'ai  pu  vérifier  ce  passage. 

1.  Cf.  ci-dessus,  p.  58. 

2.  On  pourrait  aussi  traduire  :  «  que  leurs  collègues  repoussaient.  » 

3.  Ce  monastère  était  situé   non    loin    de  Ris'aïn,   dans   la  région    de 
l.iaboura.  Cf.  Bibl.  Stud.  Oxon.^  Ifl,  pp.  60sqq. 


62  CHRONIQUE 

La  discorde  se  prolongea  ainsi  dans  TÉglise  jusqu'à  ce  moment; 
et  depuis  lors  quelles  injures,  quels  opprobres,  quelles  calomnies, 
quelles  malices  n*eurent  pas  lieu  parmi  eux,  jusqu'à  amener 
Temprisonnement  par  le  bras  de  la  puissance  tyrannique  1 

Tels  sont  les  maux  qui  vinrent  sur  r Église  et  les  pasteurs,  par 
le  moyen  de  ce  mauvais  moine  qui  joua  le  rôle  du  serpent  rusé  et 
sinueux,  et  qui  fit  entrer  la  discorde  dans  l'Église  par  ses  discours 
et  ses  conseils. 


L'an  1065  (753-754),  mourut  'Abdallah  Ibn  Mohammed,  roi  [71 J 
des  Perses.  Dès  lors  Abdallah,  son  frère,  et  un  autre  'Abdallah  Ibn 
'Ali,  son  cousin  germain,  se  jetèrent  sur  le  pouvoir.  Depuis  ce 
moment,  il  n'y  eut  plus  qu'effusion  de  sang  et  meurtres  nombreux 
parmi  eux\ 

Les  Occidentaux  et  les  Arabes  de  la  Mésopotamie  suivaient  tous 
Ibn  'Ali,  lui  obéissaient  et  le  voulaient  pour  roi.  Ils  prirent  le  blanc 
et  sortirent  à  sa  suite.  Les  Perses,  au  contraire,  et  les  Khoraçaniens 
marchaient  avec  'Abdallah  Ibn  Mohammed.  Après  avoir  engagé 
de  nombreux  combats  en  tous  lieux  et  répandu  mutuellement 
beaucoup  de  sang  sur  la  terre,  ils  se  livrèrent  enfin  bataille  au 
fleuve  MaSe,  au-dessous  de  Nisibe*.  La  lutte  dura  plusieurs  jours 
et  une  grande  multitude  périt  des  deux  côtés.  Enfin,  'Abdallah  Ibn 
'Ali  fut  battu  par  le  Persan  Abou-Mouslim.  Il  fut  taillé  en  pièces, 
prit  la  fuite  et  périt  le  vingt-six  de  tesri  second  [novembre],  un  mardi 
aux  premières  vêpres  du  mercredi. 

Ibn  'Ali  ayant  été  vaincu,  'Abdallah  Ibn  Mohammed  occupa  le 
trône  pendant  [ ]  années. 

Le  soir  même  de  la  défaite  d'Ibn  Ali,  Dieu  opéra  un  grand  pro- 
dige. Un  gros  météore  effrayant  et  terrible  sillonna  le  ciel  et  l'air 
en  volant,  et  vint  s'abattre  au  déclin  du  jour  au  milieu  de 
l'armée  d'Ibn  *Ali  sous  la  forme  d'un  globe  de  feu.  Les  Arabes  en 
voyant  cela  furent  brisés  et  perdirent  tout  espoir  ;  leurs  yeux  furent 
obscurcis  et  ils  ne  purent  tenir,  car  ils  comprirent  manifestement 
que  cela  venait  de  Dieu  %  et  ils  ne  résistèrent  pas  davantage. 

L'an  1(3G6  (754-755)  les  arbres  produisirent  des  poires,  des  pru- 
nes  et  des  fruits  de  toute  sorte  aux  mois  de  tesri  [oct.-nov.], 

1.  Cf.  Weil,  Gesch.  d.  ChaUphen,  II,  p.  23  sqq. 

2.  IbUi,,  pp.  26-27.  Sur  le  fleuve  Mase,  ou  Masiu.s,  cf.  Tuch,  De  Nino 
urbCf  p.  13,  n.  19. 


DE  DENYS  DE    TELL-MAHRÉ  63 

comme  aa  temps  de  nisan  oa  de  yar  [avril-mai].  Il  y  eut  cette 
aDnée-là  une  récolte  abondante  par  toute  la  terre.  [72] 

L'an  1067  (755-756),  le  mardi  trois  du  mois  d'adar  [mars],  il  y 
eut  au  milieu  de  la  nuit  un  grand  et  terrible  tremblement  de  terre 
dans  la  région  de  la  Mésopotamie.  Trois  villages  près  de  Haboura 
furent  renversés;  la  nombreuse  population  qui  s'y  trouvait  fut 
écrasée  comme  des  raisins  dans  un  pressoir  et  périt.  Beaucoup 
d'autres  pays  furent  aussi  détruits  par  le  tremblement  de  terre  à 
cause  de  nos  péchés. 

«  Par  l'ébranlement  la  terre  sera  ébranlée;  par  le  chancelle- 
meni  chancellera  la  terre,  et  elle  sera  enlevée  comme  une  tente  \  » 
Nos  péchés  sont  capables  de  faire  cela  et  d'ébranler  la  terre  sous 
nos  pas. 

L'an  1070(758-759),  il  y  eut  des  complications  chez  les  Orientaux 
à  propos  du  carême.  Parmi  eux,  les  uns  commencèrent  le  jeûne  le 
dix-huit  de  âebat  [févr.]  et  le  rompirent  le  six  de  nisan  [avr.]  :  les 
autres,  au  contraire,  le  commencèrent  le  vingt-cinq  de  §ebat  pour  le 
terminer  le  treize  de  nisan,  et  tous  les  chrétiens  furent  ainsi  trou- 
blés. Dans  un  lieu  on  célébrait  la  Résurrection,  dans  l'autre  les 
Rameaux;  pour  les  uns  c'était  la  Passion,  pour  les  autres  la 
Pâque.  Il  arriva  même  dans  les  villes  que  dans  une  église  on 
faisait  la  Pâque  tandis  que  dans  l'autre  on  célébrait  les  Rameaux. 
Beaucoup  de  ceux  qui  sont  portés  à  la  gourmandise  ne  jeûnèrent 
que  six  semaines,  ayant  commencé  avec  les  derniers  pour  finir 
avec  les  premiers  ;  beaucoup  d'autres  voulurent  tenir  le  milieu  et 
cela  tourna  à  leur  détriment  à  cause  du  trouble  qui  eut  lieu  :  ils 
commencèrent  avec  les  premiers  et  finirent  avec  les  derniers. 

L'an  1071  (759-760),  au  mois  d'adar  [mars],  on  vit  un  signe 
blanc  dans  le  ciel,  avant  l'aurore,  au  nord-est,  dans  le  signe  qu'on 
appelle  le  Bélier,  au  nord  des  trois  étoiles  les  plus  brillantes  decc'tte 
constellation.  Il  ressemblait  par  sa  forme  à  un  balai.  Le  vingt-deux 
du  mois  il  se  trouvait  dans  [73]  le  Bélier,  à  un  degré  de  la  tête,  à 
deux  des  planètes  Saturne  et  Mars,  un  peu  vers  le  Sud.  Il  y 
demeura  quinze  nuits  jusqu'à  la  veille  de  la  fête  de  la  Pentecôte. 
L'une  de  ses  extrémités,  la  plus  étroite,  tournée  vers  le  Nord, 
paraissait  plus  brillante  à  cause  d'une  étoile  qu'on  y  voyait;  l'autre 
qui  était  large  et  plus  obscure  était  dirigée  vers  le  Sud.  Ce  signe 
allait  peu  à  peu  vers  le  Nord-Est.  Il  présentait  cette  disposition. 


[  Voir  la  figure  dans  le  texte.] 


1.  Is.,  XXIV,  20. 


64  CHRONIQUE 

La  veille  du  mardi  de  la  Pentecôte  [ce  signe]  apparut  de  nouveau 
vers  le  soir,  au  Nord-Ouest  et  resta  vingt-cinq  soirs;  il  allait  peu  à 
peu  vers  le  Sud.  Il  disparut  de  nouveau  et  ensuite  redevint  visible 
au  Sud-Ouest  où  il  resta  également  longtemps. 

A  cette  époque,  il  y  eut  beaucoup  de  dissensions  dans  TÉglise 
à  cause  du  patriarcat.  Les  monastères  orientaux  avaient  élu  Jean 
pour  patriarche.  Mais  les  villes  et  tous  les  monastères  de  la  Méso- 
potamie le  rejetaient.  Les  Occidentaux  et  les  Mossuliens  obéissaient 
à  Georges. 

A  cause  de  cela,  toute  l'Église  fut  troublée. 

L'an  1072(760-761),  mourut  saint  MarTimothée,  évéque  d'É- 
desse.  11  eut  pour  successeur  un  moine  reclus  qui  habitait  dans  un 
village  de  la  même  région,  nommé  Beit  Qidouna\  [74]  Il  s'appelait 
Siméon.  A  cause  de  sa  pureté  et  de  sa  perfection,  parce  qu'il  était 
orné  de  toutes  les  vertus  et  surtout  de  l'amour  des  étrangers  et  des 
pauvres,  tous  les  fidèles  d'Édesse,  du  môme  accord,  demandaient 
unanimement  qu'il  devînt  le  pasteur  de  leurs  âmes.  Ils  ouvrirent 
donc  de  force  sa  cellule  de  reclus  et  l'en  tirèrent  pour  le  conduire 
au  patriarche  Georges,  afin  qu'il  l'établît  leur  chef. 

Mais  comme  cet  homme  aimait  mieux  [vivre  dans]  les  chastes 
labeurs  de  la  solitude  et  la  tranquillité  de  la  vie  monastique  que 
de  devenir  évêque  et  d'être  établi  chef  du  peuple,  il  ne  voulut  pas 
prendre  sur  lui  la  charge  de  l'épiscopat. 

Quoique  le  vénérable  Georges  le  pressât  vivement  et  que  les 
Édesséniens  pleurassent  devant  lui,  il  ne  voulut  pas  accepter.  Ils 
le  prirent  donc  de  force  et  l'ordonnèrent  malgré  lui.  De  plus,  le 
vénérable  Georges  l'adjura  par  le  ciel  et  la  terre,  par  Dieu  et  ses 
anges,  de  ne  point  quitter  sa  ville  ni  son  diocèse  pour  s'en  aller 
ailleurs.  L'ayant  ainsi  obligé  sous  peine  de  nombreux  anathèmes 
à  ne  pas  s'en  aller  et  à  ne  pas  s'enfuir,  ils  le  prirent  pour  le  con- 
duire  à  Edesse.  Tous  les  Edesséniens  sortirent  au-devant  de  lui  et 
le  reçurent  très  solennellement. 

Après  être  resté  dans  la  ville  un  jour  ou  deux  sans  manger 
de  pain  ni  boire  d'f>au,  au  point  que  sa  vie  était  presque  épuisée,  il 
les  supplia  de  lui  permettre  de  sortir  pour  aller  demeurer  dans  un 
des  monastères  de  la  montagne  d'Édesse,  «  car,  disait-il,  J'air  de 
cette  ville  est  trop  lourd  pour  moi  ».  Il  habita  donc  dans  un  monas- 
tère du  sud  de  la  ville,  appelé  «  de  la  Mère  de  Dieu  ». 

m 

Or,  les  clercs  et  les  grands  d'Edesse   montaient  là  chaque  jour 

1   Ce  village  était  situé  dans  le  voisinage  d'Édesse.  Cf.   Assemani,  Bibl, 
or.,  I,  3Î)6,  n.  1. 


DE   DKNYS   DE    TELL-MAHRÉ  65 

pour  le  prier  de  rentrer  et  de  reprendre  [le  gouvernement]  de  sa 
ville;  [75]  mais  lui  ne  voulut  en  aucune  façon  y  consentir.  «  S'il  me 
fallait  mourir  ou  être  crucifié,  dit-il,  je  ne  ferais  jamais  cela.  Pour 
Dieu,  laissez-moi  et  faites-vousun  évt^que  de  qui  vous  voudrez.  » 
Mais  les  Édesséniens,  à  cause  de  leur  affection  pour  lui,  ne 
pouv<iient  pas  même  entendre  cela.  Tout  Thiverse  passa  ainsi  sans 
que  lui  se  fût  décidé  à  rentrer  dans  la  ville,  ou  à  leur  faire  une 
ordination,  ou  à  leur  célébrer  une  fête,  et  aussi  sans  qu'eux  con- 
sentissent à  le  laisser  partir  de  chez  eux,  car  ils  étaient  attachés  à 
lui  ;  même  les  Arabes  et  les  hérétiques  de  la  ville  l'aimaient. 

A  la  fin,  voyant  qu'ils  n'obtenaient  rien,  ils  le  prièrent  et  lui 
dirent:  «  Cherche-nous  un  homme  craignant  Dieu  pour  remplir  à 
ti  place  les  fonctions  del'épiscopat;  mais  toi  tu  ne  t'éloigneras  pas.  » 
Il  ne  voulut  pas  même  consentir  à  cela,  «  Vous  êtes,  dit-il,  un  peuple 
difficile;  choisissez-vous  vous-mêmes  un  évêque  et  ne  m'imposez 
aucun  labeur.  »  Ceux-ci  ne  voulant  pas  qu'il  s'éloignât  de  chez 
eux,  lui  laissaient  la  décision  de  cette  affaire.  Il  n'accepta  pas  non 
plus  cela  ;  mais,  voyant  qu'il  n'obtiendrait  rien  et  qu'il  ne  pouvait 
s'échapper  de  leurs  mains,  il  leur  dit  :  «  Jurez-moi  que  vous  accep- 
terez celui  que  j'amènerai,  et  moi-même  je  ne  m'éloignerai  point 
de  vous.  » 

Ils  tinrent  tous  lui  en  faire  le  serment. 

Or,  il  y  avait  dans  le  saint  monastère  de  Zouqenin,  dans  la 
région  d'Amida,  un  homme  humble,  doux,  calme,  orné  de  toutes 
les  vertus  divines,  qui  s'appelait  Anastase  l'Éthiopien.  Siniéon 
le  choisit,  de  préférence  à  tout  autre,  pour  lui  confier  sa  place,  et 
prit  sur  lui  touU;  la  responsabilité,  lui  rendant  témoignage,  [76]  bien 
qu'il  fût  éloigné.  «  Il  n'a  pas  son  pareil  aujourd'hui  parmi  les 
moines,  »  tel  est  le  témoignage  qu'il  donna  sur  ce  saint  religieux, 
quoiqu'il  ne  l'eût  jamais  vu  personnellement. 

Il  se  mit  donc  à  lui  écrire  d(»s  lettres  insidieuses  ainsi  qu'aux 
vieillards  honorables  de  son  nionasti»re,  comme  pour  demander  à 
le  voir  et  à  parler  avec  lui,  et  il  l'envoya  quérir  par  des  hommes 
respectables. 

Anastase  ayant  reçu  les  lettres  reconnut  qu'elles  étaient  pleines 
d'artifice;  il  ne  voulut  pas  descendre  rt  les  habitants  du  monastère 
ne  le  lui  permirent  pas.  Les  envoyés  montèrent  et  descendirent 
ainsi  beaucoup  de  fois  inutilement.  A  la  fin,  les  moin(*s  l'engagè- 
rent à  céder,  car  les  lettres  et  les  supplications  ne  cessaient  pas,  et 
ils  ne  voulaient  pas  mépriser  saint  Siméon. 

Anastase  descendit  donc  avec  son  disciple  à  Édesse,  et  monta 
près  de  Siméon  sur  la  montagne  où  il  habitait.  Celui-ci  sortit  au- 


5 


G6  CHRONIQUK 

devant  de  lui  et  le  reçut  avec  grande  joie.  Il  envoya  à  la  hâte  dire 
au  clergé  et  aux  grands  de  la  ville,  en  secret  et  sans  que  le  chaste 
Anastase  en  sût  quelque  chose  :  «  L'homme  que  je  vous  ai  promis 
est  venu,  »  Aussitôt  ils  sortirent  tous,  grands  et  petits,  et  montèrent 
près  de  lui  :  ils  virent  AnasUise  et  se  réjouiront  vivement  à  cause 
de  lui. 

Tout  d'abord,  d'un  commun  accord,  ils  le  lièrent,  de  peur  qu'il 
ne  s'enfuît  quelque  part,  avant  qu'ils  lui  eussent  persuadé  [d'accep- 
ter l'épiscopatj. 

Le  chaste  Mar  Anastase,  en  apprenant  ces  choses,  fut  ému  et 
troublé,  la  couleur  de  son  visage  changea  et  il  devint  pâle  comme 
un  mort.  Il  blâmait  hautement  les  habitants  de  son  monastère  dont 
les  conseils  lui  avaient  attiré  une  telle  affaire,  mais  surtout  il  blâ- 
mait le  vénérable  Siméon  lui-même. 

Après  l'avoir  supplié  pendant  longtemps  sans  obtenir  son  con- 
sentement, les  Êdesséniens  prirent  la  résolution  de  l'enlever  de  force 
et  de  le  conduire  au  patriarche  [77]  pour  que  celui-ci  l'ordonnât  ; 
mais  Anastase  ayant  découvert  leur  dessein,  emmena  son  disciple 
pendant  la  nuit  et  retourna  à  son  couvent.  Saint  Siméon  lui-même, 
voyant  que  le  vénérable  Anastase  s'était  enfui,  se  récusa  en  disant 
aux  Edesséniens  :  «  Tout  ce  que  vous  m'avez  demandé,  je  l'ai 
fait;  maintenant  laissez-moi.  »  Il  les  quitta  donc  et  retourna  à  la 
montagne  du  pays  de  Samosate  où  il  habita  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie, 
recevant  les  étrangers  et  les  malheureux  qui  venaient  le  trouver  : 
car  il  était  le  refuge  de  tous  les  affligés.  Il  eut  pour  successeur 

Zacharie,  du  monastère  de' ,  qu'on   (it  descendre  de  sa 

colonne. 

L'an  1075  (763-70^1),  il  y  eut  une  grande  épidémie  sur  la  race 
chevaline  dans  toute  la  contrée.  Cette  épidémie  parcourut  touttî  la 
région.  Elle  commença  aux  confins  extérieurs  de  la  région  et  peu  à 
peu  s'avança  et  se  répandit  sur  tout  le  pays,  (-es  animaux  péris 
saient  en  un  clin  d'<ril,  et  telle  étiiit  la  violence  du  fléau  que  quand 
il  frappait  un  troupeau  de  chevaux  dans  lequ(»l  il  y  avait  trois  cents 
bêtes  de  somme,  lorsqu'on  les  faisait  desctendre  à  Tabreuvoir,  vingt 
ou  trente  y  tombaient  et  y  périssaient,  de  sorte  que  les  vallées  et 
les  collines,  les  torrents  et  les  routes  étaient  remplis  et  infectés  [de 
leurs  cadavres]. 

Cette  épidémie  prenait  la  même  forme  que  la  peste  qui  avait  at- 
teint les  hommes.  Elle  les  saisissait  au  cou,  et  aucun  animal  ne 
supportait  ce  mal  même  pendant  une  heure.  S'il  arrivait  que  l'un 

1.  I^  place  du  nom  est  en  blanc  dans  le  manuscrit. 


•  f*» 


DK   DKNYS   DE    TKIJ-MAIIHE  ()/ 

d'entre  eux  souffrît  pendant  deux  heures  ou  une  demi-journée,  il 
échappait  à  hi  mort;  mais  à  peine  un  sur  cent  de  ceux  qui  avaient 
été  frappés  échappait.  Les  chevaux,  les  niiilt^ts,  h's  Anes  périssaient 
tous,  et  ce  lléau  se  répandit  dans  tous  les  peuples  et  tous  les 
royaunit»s  [78]  de  la  ttUTe,  au  point  que  les  honiines  furent  privés  de 
chevaux.  La  signification  de  ce  balai,  qui  était  apparu  peu  aupa- 
ravant, fut  manifestée  par  le  fait;  il  balaya  le  monde,  comme  le 
balai  balaye  la  maison. 

C'est  aussi  Topinion  des  sages  et  des  hommes  craignant  Dieu 
que  cette  verge  cruelle  devait  être  envoyée  sur  les  hommes,  mais 
que  Dieu  dans  sa  miséricorde,  l'abondance  de  sa  grâce  et  sou 
amour  pour  Thumanité,  la  détourna  des  hommes  sur  les  animaux. 
Nous  avons,  en  effet,  ce  témoignage  que  «  les  animaux  n'ont 
pas  péché  et  n'ont  pas  irrité  le  Seigneur  par  leurs  œuvres  et  leurs 
fautes  ».  Amos  dit^  :  «  J'ai  tué  avec  le  glaive  vos  jeunes  hommes, 
ainsi  que  les  chevaux  pris  comme  butin;  j'ai  fait  monter  à  vos  na- 
rines l'odeur  de  votre  putréfaction,  et  vous  ne  vous  êtes  pas  tour- 
nés vers  moi,  dit  le  Seigneur.  ))  Et  Michée  dit*  :  «  Kn  ce 
jour-lâ,  dit  le  Seigneur,  je  ferai  périr  les  chevaux  du  milieu  de  toi 
et  je  détruirai  tes  chars.  »  En  vérité,  les  chevaux  et  les  chars  dis- 
parurent de  la  terre,  comme  dirent  les  prophètes.  Nos  péchés  ont 
fait  que  les  créatures  privées  de  parole  furent  frappées  à  notre 
place. 

L'an  1072  (7G0-761),  'Abdallah  Ibn  Mohammed,  roi  des  Perses, 
envoya  Ibn  Wahabavec  une  armée  nombreuse  et  des  ouvriers  de 
toute  la  Mésopotiimie  rebâtir  Mélitône  de  Cappadoce,  qui  était 
restée  démoli(î  depuis  qu'elle  avait  été  dévastée  huit  ans  aupara- 
vant'. 11  y  conduisit  un  peuple  et  une  armée,  et  elle  devint  plus 
habitée  et  plus  peuplée  qu'autrefois. 

L'an  1076  (7G1-705),  le  vendn^di  quatre  du  mois  de  Kanoun  se 
cond  [janvier],  les  étoiles  du  ciel  tombèrent.  Au  moment  où  la  nuit 
arrivait  et  où  les  étoiles  commençaient  à  se  lever,  deux  étoiles  sor- 
tirent du  milieu  du  ciel  et  luttèrent  ensemble,  comme  des  hommes 
qui  se  combattent  ou  qui  luttent;  en  combattant  elles  langaicïit  des 
traits  et  descendaient  [79]  vers  l'Orient.  Quand  celles-ci  furent  des- 
<*endues  et  eurent  cessé  de  brilh^r,  toutes  les  étoiles  du  ciel  eonimen- 
f^Tt^tà  filer,  sous  l'aspect  de  sphères  d<^  feu,  dans  toutes  les  direc- 
tions. Elles  tombèrent  ainsi  toute  la  nuit,  et  la  parole  de  notre 

1 .  Amos,  iv,  10. 

2.    MiCHKK,   V,  9. 

3.   Voir  ci-dessus,  p.  55. 


68  CHRONIQUE 

Sauveur  fut  accomplie^  :  «  Le  soleil  s'obscurcira,  la  lune  devien- 
dra [couleur  de]  sang,  les  étoiles  tomberont  du  ciel  et  les  vertus  des 
cieux  seront  ébranlées.  Mais  ce  n'est  pas  encore  la  fin".  »  Que 
celui  qui  lit  comprenne^  et  qu'il  observe  les  choses  qui  arrivèrent, 
par  la  suite,  dans  le  monde,  soit  à  propos  des  agitations  et  des 
discordes  qui  survinrent  dans  rftglise  au  sujet  de  Télection  des 
patriarches  Georges  et  David,  à  cause  desquels  tous  les  chrétiens 
se  brouillèrent;  soit  à  propos  des  oppressions  que  les  hommes 
avaient  à  supporter  de  la  part  de  la  puissance  tyrannique,  ou 
de  la  fuite  d'une  ville  dans  une  autre  ville,  d'un  lieu  dans  le  Heu 
voisin,  d'un  village  dans  un  autre  village. 

11  a  dit  encore*  :  «  Il  y  aura  une  grande  tribulation,  et  elle  sera 
telle  qu'il  n*y  en  a  point  eu  de  semblable  depuis  le  commencement 
du  monde  jusqu'à  nos  jours.  Priez  qu'il  ne  vous  faille  pas  fuir 
pendant  Thiver.  Malheur  à  celles  qui  seront  enceintes  ou  qui  allai- 
teront en  ces  jours-là.  »  Lis,  6  sage,  et  passe  à  la  considération  des 
maux  qui  arrivèrent  par  la  suite  dans  le  monde  et  que  nous  rap- 
portons en  leur  temps.  Quelles  angoisses!  quels  maux!  quelles 
tortures  !  quels  tourments  !  quels  coups!  quelles  fuites!  quels  pil- 
lages! quels  tiraillements!  quels  reniements  des  fils  et  des  filles  ! 
quelles  séparations  des  femmes  d'avec  leurs  maris  !  quelles  famines! 
quelles  maladies!  quelles  pestes!  Considère,  ô  homme  judicieux, 
que  toutes  ces  choses  sont  arrivées  après  cette  chute  des  étoiles  et 
que,  de  plus,  tous  les  peuples,  toutes  les  nations,  tous  les  royaumes 
s'affaissèrent  et  toml)èrent  devant  (*-ette  puissance  tyrannique  en  face 
de  laquelle  personne  n'a  pu  tenir  [80). 


A  cette  époque*,  la  secte  des  Manichéens  de  Harran,  ville  de  la 
Mésopotamie,  devint  un  objet  de  mépris.  Ils  avaient  un  couvent, 
situé  à  un  mille  environ  à  lestde  Harran,  dans  lequel  ils  faisaient 
une  fois  Tan  une  grande  et  cruelle» exécution,  (''est  dans  ce  couvent 

1.  Cfr.  Mattii.,  xmv,  29;  Mahc.  xiii,  24;  Luc,  xxi,  25;  Act.  Apo.^t., 
II.  LU 

a.  Cfr.  Maith.,  \xiv,  6. 

i).  Cfr.   Mattii.,  XXIV,  16. 

4.   Maith.,  xxiv,  21,  20,  lî). 

f).  Il  y  a  ici  à  la  niai'i;e  quelques  mots  illisible^  qui  paraissent  être  un  titre 
«oinnio  ccAix  cjuo  Tailleur  a  coutume  de  uiettre  en  télé  îles  digressions  qu'il 
introduit  dans  son  r6oit  des  événements. 


DE   DENYS   DE   TELL--MAHRÉ  69 

qu'ils  sacrifiaient,  que  l'évoque  de  cette  secte  impie  demeurait,  que 
se  célébrait  leur  grande  fête  et  iju'ils  se  livraient  à  la  divination. 

A  l'approche  de  leur  fête,  ils  ont  coutume  de  s'emparer  d'un 
homme  et  de  l'emprisonner  jusqu'à  l'année  suivante  et,  le  jour  de 
la  fête,  ils  l'immolent,  lui  enlèvent  la  tête,  et  lui  mettent  une 
pièce  de  monnaie  dans  la  bouche,  puis  la  placent  dans  une  niche, 
l'adorent  et  s'en  servent  pour  la  divination. 

Or,  le  jour  de  leur  abominable  fête  arrivait,  et  ils  voulurent  faire 
venir  l'homme  qu'ils  se  disposaient  à  enfermer  pour  leur  servir 
de  victime  à  la  fête  qui  suivrait  celle  qui  allait  avoir  lieu. 

Les  principaux  d'entre  ces  Manichéens  écrivirent  une  lettre  et 
sortirent  sur  la  place  publique  de  H  an-an.  Ayant  trouvé  un  homme 
tel  qu'ils  le  désiraient,  ils  l'abordèrent  et  lui  dirent  :   m   Prends  la 
récompense  que  tu  voudras  et  va  porter  cette  lettre  à   tel  mo- 
nastère,  au   supérieur  du   couvent.    »    Le  malheureux    ignorait 
la  fraude  diabolique  qui  devait  amener  sa  mort.  Il  s'empressa 
d'y   aller,   comme  un  agneau  à  l'immolation.  Il  arriva  prompte- 
mentau  couvent,  s'approcha  de  la  porte  et  demanda  à  ceux  qu'il 
y  trouva  à  voir  leur  supérieur  et  les  pria  de  l'appeler.  Ils  allèrent  en 
hâte  trouver  le  supérieur  pour  lui  dire  cela.  A  cette  nouvelle,  celui-ci 
sortit  promptemeni  et  reçut  l'homme  avec  honneur  et  grande  joie  : 
ce  Viens,  lui  dit-il,  entre,  repose-toi  un  peu,  mange  le  pain,  puis  tu 
prendras  la  réponse  [81]  de  ta  lettre  et  tu  iras  en  paix.  »  Ils  le  firent 
passer  de  chambre  en  chambre,  dans  une  première,  dans  une 
seconde,   une  troisième,  et  par  plus  de  six   ou  sept,  jusqu'à  ce 
qu'ils   arrivassent  auprès   de   l'homme   enfermé  depuis  l'année 
précédente,  qui  était  destiné   à  devenir  leur  victime  à  la  fête 
prochaine.  Ils  lui  dirent:   «  Assieds-toi  là  près  de  cet  homme.» 
Quand  il  se  fut  assis,   l'homme  lui  dit:   ((  Infortuné I  quel  mal- 
heur pour  toi  !   —   Et  pourquoi  ?  »  dit  celui-ci.   L'autre   reprit: 
M  Ils  m'ont  fait  de  même;  quand  je  suis  venu  ici,  j'ai  trouvé  un 
autre  homme  qui  y  demeurait,  et  à  leur  fête,  ils  l'ont  sacrifié.  Voilà 
sa  tète  dans  cette  niche,  avec  une  lampe  qu'ils  allument  devant  ; 
ils  l'adorent  et  s'en  servent  pour  la  divination.   Ils  se  préparent 
maintenant  à  me  tuer  dans  cette  fête;  tu  resteras  à  ma  place 
jusqu'à  la  fête  suivante,  alors  tu  deviendras  toi-même  leur  victime. 
Mais  si  tu  veux  t'échapper  d'ici,  écoute  moi  et  tu  t'en  trouveras 
bien:  Observe  le  moment  où  ils  se  prépareront  à  me  tuer,  tiens- 
toi  à  c6té  de  moi,  et  quand  ma  tête  tombera  à  terre,  prends-la 
promptcment,   répands  mon  sang  et  asperges  en  la  porte.   S'ils 
crient  après  toi,  s'ils  te  supplient,  s'ils  t'offrent  de  nombreux  pré- 
sents, ne  la  dépose  pas  ;  s'ils  veulent  te  saisir,  jette  du  sang  contre 


70  CHRONIQUE 

eux  et  ils  sVloigneroiit  (le  toi.  ))  Celui-ci  fit  i<voc  un  louable  em- 
pressement selon  ce  qu'on  lui  avait  dit.  Il  saisit  la  tête  et  courut 
vers  la  porte.  Les  Manichécïis  le  sii[)pliaient  en  se  lamentant  de 
la  déposer  ;  mais  il  ne  céda  ni  aux  prcjuiesses  ni  aux  exhortations 
cl  ne  recula  pas  devant  leurs  menaces,  car  ils  ne  pouvaient  rappro- 
cher. Emportant  cette  tête  d'un  pas  rapide,  il  alla  trouver  'Ahhas 
qui  était  alors  éïuir  de  la  M('soj)()tamie.  Celui-ci,  en  apprenant  ce 
qui  s'était  passé,  fit  saisir  et  emprisonner  tous  les  Manichéens, 
honnnes,  femmes  et  enfants;  f82|  il  s'empara  de  tout  ce  qu'ils  pos- 
sédaient, leur  inlli^çea  divers  supplices  et  leur  prit  plus  de  quatre 
ou  cinq  cent  mille  mines. 


L'an  107(5  t7Gi-7G5),le  vendredi  quatorze  du  moisd'adar  [mars], 
le  saint  évêqu(î  d'Amida,  Sévère,  quitta  ce  monde  et  fut  enseveli 
dans  son  monastère. 

La  même  année,  un  synode  des  évoques  mésopotiimiens,  mossu- 

liens  et  occidentaux  se  réunit  à  Saroug,  dans  le  village  de^ 

Ils  firent  la  paix  et  l'union  avec  Georges,  qui  devint  patriarche 
après  la  mort  de  Jean,  évéque  de  Callinice,  que  les  Mésopotamiens 
avaient  fait  patriarche.  Dans  ce  synode,  on  déposa  tous  les  évoques 
ordonnés  par  le  patriarche  Jean  ;  non  pas  à  cause  de  la  foi,  mais 
parce  qu'ils  n'avaient  pas  été  ordonnés  selon  Tordre  et  la  loi  divine, 
et  que  les  pays  qui  leur  avaient  été  assignés  ne  les  acceptaient 
point,  et,  pour  dire  la  vérité,  parce  qu'ils  n'étaient  pas  dignes  de 
l'épiscopat,  car  ces  hommes  étaient  des  moines  scélérats,  des  loups 
ravisseurs  qui  n'épargnent  pas  le  troupeau,  de  ceux  que  l'apôtre 
Paul  nous  a  signalés  d'avance'.  Ils  étaient  de  mauvais  arbres  qui 
portèrent  de  mauvais  fruits^  et  les  firent  dévorer  à  l'Église.  Nous 
raconterons  leurs  (cuvres  en  leur  temps. 

Les  Mésopotamiens,  les  Mossuliens,  les  Occidentaux  avec  les 
monastères  et  les  villes  de  leurs  régions  approuvèrent,  dans  ce 
synode,  l'élection  de  Georges.  Les  chefs  et  les  notables  de  ce  synode 
étaient:  Georg(^s,  patriarche  d'Antioche;  David,  évùque  de  Dara; 
Aba,d'Amida;  Sergouna,dc  Marda;  Constantin, de  Samosaté  [83]. 

1.  La  place  de  ce  nom  est  en  blanc  dans  le  manuscrit. 
3.  Cfr.  Mattii.,  vu,  17. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  71 

L'an  1077  (765-76G),  il  y  eut  une  grande  et  nombreuse  réunion 
de  Nestoriens  dans  le  monastère  de  Beit  Kewila  sur  les  monts 
Cardes  ^ ,  pour  célébrer  une  fête,  comme  ils  avaient  coutume  de  faire, 
dans  le  lieu  où  Tarche  se  reposa.  Tandis  qu'une  grande  multitude 
était  réunie  en  ce  lieu,  à  la  pleine  lune  de  tesri  second  [novembre], 
un  éclair  brilla  dans  le  ciel,  le  feu  tomba  et  enflamma  leur 
temple,  le  consuma  avec  le  peuple  qui  était  dedaus,  et  réduisit 
les  pierres  en  chaux. 

Ceux  même  qui  étaient  dehors  n'échappèrent  pas  à  Tincendie 
qui  les  consuma  tous  sans  que  personne  fût  sauvé. 

Plus  de  sept  ou  huit  cents  personnes  périrent  dans  cet  incendie, 
avec  une  multitude  d'animaux.  L'odeur  infecte  de  ce  lieu  allait 
jusqu'à  deux  milles  de  là,  et  pendant  deux  ans  les  hommes  ne  pou- 
vaient approcher  dans  les  environs.  Cet  endroit  qui  avait  été  un  lieu 
de  refuge  contre  les  eaux  du  déluge  pour  les  hommes,  les  bûtes,  les 
animaux,  les  reptiles,  fut  un  lieu  de  ruine  pour  ces  hommes  et 
leurs  animaux,  par  le  moyen  de  la  flamme  qui  descendit  du  ciel. 
De  môme  que  l'arche  d'alliance  ne  préserva  ni  les  prêtres  Ophni  et 
Phinées,  fils  d'Héli,  ni  elle-même*,  de  môme  ici,  l'arche  de  Noé 
ne  préserva  ni  le  temple  bâti  en  souvenir  d'elle,  ni  les  prêtres,  ni 
les  vases  et  ornements  employés  aux  saints  mystères,  ni  ceux  qui 
étaient  à  l'intérieur  du  temple,  ni  ceux  qui  étaient  au  dehors  :  ils 
périrent  tous  dans  un  même  pressoir  de  perdition  et  pas  un 
de  ceux  qui  se  trouvaient  sur  la  montagne  dans  cette  réunion 
n'échappa. 

On  pouvait  voir  les  nues  et  l'air  répandre  du  ciel  une  pluie  de  feu 
et  de  soufre,  comme  celle  que  le  Seigneur  fit  pleuvoir  sur  Sodome  '. 
La  montagne  paraissait  au  loin  comme  la  fumée  d'une  fournaise, 
de  sorte  qu'à  peine  [84]  quelqu'un  put-il  se  sauver  vivant,  et  en- 
core il  n'échappa  qu'à  moitié  brûlé. 

L'odeur  infecte  du  soufre  que  les  nuages  faisaient  pleuvoir  et  de 
rincendie  se  faisait  sentir  jusqu'à  deux  ou  trois  milles. 

Notre-Seigneur  fit  tout  cela  de  nos  jours  au  peuple  nestorien. 

L'an  1Q74  (762-763),  au  mois  d'adar  [mars],  il  y  eut  une  grande 
inondation  dans  le  fleuve  du  Tigre  qui  ravagea  la  province  fron- 
tière*, causa  des  maux  considérables  sur  toutes  ses  rives,  emporta 

1.  Sur  les  diverses  traditions  des  peuples  orientaux  au  sujet  du  lieu  où  se 
serait  reposée  Tarche  de  Noë,  cfr.  Saint  Martin,  Mcm.  sur  l* Arménie, 
t.  I,  pp.  261  sqq. 

2.  Cfr.  I  Sam.,  iv. 

3.  Gen.,  xix,  24. 

4.  On  appelait  Beit  Tafioumê,  ou  province  frontière,  sous  les  Sassaaides. 


72  CHRONIQUE 

des  maisons,  des  moulins,  des  villages,  dos  hommes,  des  animaux 
avec  quantité  de  chos(\s. 

Il  fit  les  plus  terribles  ravages  à  Mossoul  ;  car  il  atteignit  cetie 
vill(;  «^  la  première  veille  et,  en  s'élevant,  passa  sur  trois  faubourgs, 
entraînant  les  maisons,  les  bestiaux,  les  hommes  et  toutes  sorties  de 
choses.  On  voyait  des  barques  et  des  radeaux  qui  naviguaient  au- 
dessus  du  sol.  Les  jardins  de  grands  palmiers,  qui  se  trouvent  là, 
furentcux-mémcs  couverts  par  Tinondation,  et  les  barques  paissaient 
au-dessus  d'eux. 

Il  en  fut  de  même  dans  tous  les  lieux  au-dessous  de  cette  région. 

L'an  1078  (7(iG-707),  toutes  les  armées  des  Perses  et  des  Arabes 
se  mirent  en  mouvement  et  se  précipitèrent  sur  la  région  septen- 
trionale. 

*Abbas,  frère  du  roi,  qui  était  en  ce  temps-là  émir  de  la  Mésopo- 
tamie, envahit  Kdesse,  *Abdin  *  et  Tell-Dakoum  ;  le  général  Hassan 
Ibn  Qa*at'iba,  avec  une  autre  armée,  et  un  autre  général  qui 
commandait  l'armée  royale  et  s'appelait  Ibn  Asa'ad,  remontèrent 
le  Tigre  et  parvinrent  à  Amida  avec  des  troupes  innombrables. 

Tandis  qu'ils  assiégaient  Amida,  ville  de  la  Mésopotamie,  le 
général  de  l'armée  royale  Ibn  Asa'ad  mourut. 

(^ette  armée  était  composée  de  divers  peuples,  différents  d'aspect, 
[professant]  tous  les  cultes.  |85]  Parmi  eux,  les  uns  adoraient  le  feu; 
d'autres  le  soleil  :  le  matin  ils  se  tournaient  et  adoraient  au  levant, 
au  milieu  du  jour  ils  adoraient  au  midi,  et  le  soir  au  couchant; 
d'autres  adoraient  la  lune,  d'autres  les  étoiles,  d'autres  les  che- 
vaux; d'autres  s'étiiient  fabriqué  divers  simulacres  de  toute  espèce 
d'idoles,  qu'ils  portaient  avec  eux  pour  les  adorer,  en  sorte  que  cha- 
cun avait  encore  avec  lui  et  adorait  les  faux  dieux  de  son  pays 
et  de  sa  nation.  Cette  armée  était  un  mélange  de  tous  les  peuples 
et  éUiit  appelée  pour  cela  «  la  Plénitude  royale».  Il  y  avait  en  effet 
parmi  eux  des  Sindhiens-,  des  Alains,  des  Khazares,  des  Mèdes, 
des  Perses,  des  'Aqouléens',  des  Arabes,  des  Kousanites,  des 
Turcs  ;  en  sorte  que  nous  pouvons  dire  que  c'était  un  essaim  de 
sauterelles  de  toutes  les  variétés  *. 

les  OQvirons  de  Nisibe  et  du  Tigre,  qui  formaient  alors  la  fronlièrc  do  l'em- 
pire romain  et  de  l'empire  perse. 

1.  C'est-à-dire  le  Tour  '.Abdin. 

2.  HabiUmts  de   la  rrgion,  appelée  par  les  Syriens,  Senad,  aujourd'hui 
Sindh.  Cfr.  Bar  HKiiuiuiti,  CAro/i.  ^7/v^,  p. 41;  AssEMANi,/^i7;/.  or.,  III,  2, 140. 

3.  Arabes  Koufites.  Cfr.  ci-dessus,  p.  44,  n.  1. 

4.  Tliôophane  dit  que  rette  armée  était  forte  de  80.000  hommes.  Cf.  Htst. 
du  Bas- Empire,  t.  XII,  p.  265. 


DE  DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  73 

Il  se  commettait  parmi  eux  des  pécfiés  sans  nombre  et  de  toute 
espèce;  mais  nous  les  passons  sous  silence  à  cause  de  leur  énor- 
mitê  et  de  leur  abomination,  et  aussi  pour  ne  pas  faire  souiller  la 
langue  du  lecteur  ni  l'oreille  de  ceux  qui  écoutent  :  car  c'est  une 
souillure  pour  la  bouche  de  les  prononcer. 

Je  pense  que  Dieu  les  excita  et  les  fit  sortir  de  leur  contrée  parce 
qu'ils  avaient  abandonné  Dieu  leur  créateur;  et  qu'ils  offraient  à 
des  simulacres  divers  de  créatures,  leurs  semblables,  Tadoration 
qui  n'est  due  qu'à  Dieu  seul.  Au  lieu  de  reconnaître  que  Dieu  est 
leur  créateur  et  de  comprendre  que» c'est  lui  le  Dieu  de  tous  les 
peuples,  dont  la  puissance  existait  même  avant  le  soleil,  qui  or- 
donna: «  Que  la  lumière  soit,  »  et  qui  dit  aussi  :  «  Qu'il  y  ait  deux 
grands  luminaires  dans  le  firmament,  l'un  pour  présider  au  jour 
et  l'autre  pour  présider  [86]  à  la  nuit  '  ;  »  que  lui-même  donna  le  feu 
aux  hommes  pour  l'utilité  de  leur  vie  :  ils  se  sont  fait  des  dieux  de 
ces  objets  et  ils  les  adorent.  «  Ils  l'ont  provoqué  par  des  divinités 
étrangères  et  ils  Tout  irrité  par  leurs  idoles.  Ils  sacrifiaient  aux 
démons  qui  ne  sont  pas  des  dieux,  à  des  dieux  qu'ils  ne  connais- 
saient point  ^)) 

Dieu  les  amena  pour  les  lancer  dans  les  montagnes  du  Nord 
[où  ils  devaient  succomber]  par  diverses  maladies,  par  le  glaive,  la 
peste,  la  famine  et  pour  donner  leur  chair  [en  pâture]  aux  bêtes 
des  champs  et  aux  oiseaux  du  ciel. 

Ils  entrèrent  donc  dans  le  territoire  des  Romains  et  se  disposè- 
rent à  l'envahir.  Ils  trouvèrent  le  pays  qui  est  le  long  des  frontières 
fertile  et  chargé  de  fruits  de  loute  sorte  :  car  c'était  au  mois  d'ab 
[août].  Comme  le  pays  n'étiiit  pas  habité  et  qu'il  éUiit  fertile  en 
arbres,  même  en  vignes,  ces  peuples  barbares  en  trouvant  de 
pareilles  choses  se  précipitèrent  dessus,  beaucoup  plus  qu'il  ne 
convenait,  et  en  mangèrent  d'une  manière  insatiable.  Ils  tombèrent 
alors  en  diverses  maladies,  surtout  dans  la  dysenterie  et  le  ténesme. 
De  sorte  qu'on  pouvait  voir  partout  où  ils  avaient  campé  ou  simple- 
ment passé  des  cadavres  d'hommes  qui  gisaient,  sans  être  ense- 
velis, le  long  des  routes,  sur  les  collines,  dans  les  vallées,  et 
qui  étaient  dévorés  par  les  bêtes  sauvages.  Leur  bétail  mourut 
aussi  ;  les  chameaux  surtout  qu'ils  avaient  fait  venir  à  leur  suite 
périrent,  et  de  cinquante  ou  soixante  qu'un  homme  avait  amenés, 
il  n'en  sortit  pas  cinq  ou  six,  quelquefois  pas  même  un. 

L'armée  entière  étant  entrée  [sur  le  territoire  des  Romains]  vint 

1.  Gen.,  1,  3,  14. 

t.  Deut.,  xxxn,  16-17. 


74  CHRONIQUE 

assi(^fçer  une  forteresse  appelée  Qaniah',  qui  se  trouvait  sur  la 
frontière.  Or,  des  nombreux  ouvriers  qu'ils  avaient  amenés  de 
toute  la  Mésopotamie,  une  partie  îivait  été  laissée  par  *Abbas  pour 
bâtir  la  forttTesse  nommée  Zaïd'  et  une  autre  partie  êliiit  venue 
avec  eux.  'Al)bas  envoya  requérir  les  chariots  arméniens,  [87J  et 
leur  fit  transporter  beaucoup  de  bois  de  cèdre;  il  ordonna  aux  char- 
pentiers d'en  faire  des  machines  qu'il  dressa  sur-le  champ  contre 
la  forteresse  pour  lancer  des  projectiles  dans  l'intérieur.  Les 
Romains  qui  éUiient  dans  la  fortei-esse  élevèrent,  eux  aussi,  des 
machines  à  rencontre. 

Or,  ces  Romains  qui  étaient  assiégés,  se  fabriquèrent  une  arme 
invincible  et  élevèrent  un  raur  inexpugnable,  à  savoir:  Dieu  leur 
créateur,  en  se  disant  :  «  Il  n'y  a  point  de  salut  en  dehors  du 
Seigneur;  il  vaut  mieux  nous  confier  dans  le  Seigneur  que  dans 
un  homme  ou  un  prince.  Certes,  tous  les  peuples  nous  environnent, 
mais  la  puissance  du  Seigneur  les  fera  disparaître'.  » 

Le  chef  qui  se  trouvait  alors  dans  la  forteresse  s'appelait  Ser- 
gius;  c'était  un  homme  doux,  pacifique,  craignant  Dieu,  miséri- 
cordieux envers  les  pauvres.  Ce  témoignage  lui  était  rendu  par 
tous  les  villageois  qui,  étant  entrés  pour  chercher  de  la  garance*, 
tombèrent  par  hasard  entre  les  mains  des  Romains.  Ceux-ci  les 
introduisirent  dans  la  forteresse  ;  en  sa  présence,  ils  furent  rassu- 
rés, et  éprouvèrent  sa  miséricorde,  sa  générosité,  sa  bonté.  Eux- 
mêmes,  devant  nous  et  devant  tout  le  monde,  rendaient  témoignage 
à  cet  homme. 

A  cette  é|X)que,  en  cfTet,  une  cruelle  épreuve  pesait  sur  le  peuple 
des  Syriens.  Ils  n'avaient  point  à  travailler,  parce  que  leurs 
terres  étaient  vendues  par  les  Arabes,  car  ceux-ci  ne  recevant 
pas  le  tribut  qu'on  avait  coutume  de  leur  donner,  vendirent  les 
terres  et  les  grains  et  travaillèrent  pour  eux-mêmes,  de  sorte  que 
tout  trafic  cessa  pour  les  paysans.  C'est  pourquoi  ils  se  rassem- 

1.  To  Kafjidiyov.  Thkoph.  CAro/io<;r.,  ad  an n.  m.  374.—  ViUe  forte  et  très 
ancienne  de  la  Grande-Arménie,  sur  le  bord  do  l'Euphrale  occidentai.  Elle 
portait  du  temps  des  Arsacides  le  nom  de  Ani;  elle  s'appelle  encore  actuel- 
lement Gamacb.  —  V.  Saint-Martin,  ^fé/n.  hist.  et  jfèogr.  sur  V Arménie, 
t.  1,  p.  72  et  siiiv.;  Uhi.  du  Bas-Empire,  t.  XII,  p.  73. 

2.  l.es  Syriens  d(*sij<nent  sous  ce  nom  Kharpcrt  ou  Garperci,  ville  de  la 
Sopbène,  au  sud  du  Mourad-Tcbaï,  au  nord-ouest  d'Amida.  Cf.  Saikt- 
Maiitin,  Mém,  sur  l'Arménie,  t.  1,  p.  95. 

3.  Cfr.  Ps.,  m,  9;  cvii,  8-10. 

4.  La  garance  employée  quelquefois  comme  fourrage  pour  les  animaux 
était  sans  doute  utilisée  comme  aliment  par  les  pauvres  en  ce  temps  de 
disette. 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  75 

blaient  en  troupes  nombreuses  et  s*en  allaient  à  Anzcta  chercher 
de  la  garance. 

Toutes  les  fois  qu'ils  passaient  au  delà  de  la  frontière,  soit  par 
la  négligence  du  gouverneur  préposé  [88]  à  sa  garde,  soit  [qu'il  les 
laissât  faire]  par  avarice  pour  exiger  d'eux,  sans  pitié,  une 
amende,  ils  étaient  saisis  parles  Itomaiiis  qiii  les  conduisaient  à 
(^^amali.  Or,  cet  homme,  quand  il  les  voyait,  usait  de  beaucoup 
de  miséricorde  envers  eux  et  leur  disait:  «  Si  vous  voulez,  restez 
auprès  de  nous;  si  vous  voulez,  allez  en  paix  à  votre  demeure.  » 
Et,  s'ils  s'en  allaient,  il  les  renvoyait  avec  des  provisions  de  route. 
—  En  vérité,  mes  frères,  Dieu  récompensa  cet  homme,  car  il  le 
délivra  des  Assyriens,  lui  et  tous  ceux  qui  étaient  avec  lui  dans 
la  forteresse. 

Il  voyait  qu'une  armée  nombreuse  les  environnait  de  toutes 
parts,  tandis  qu'ils  étaient  eux-mêmes  en  petit  nombre;  que  les 
ennemis,  comme  autrefois  le  grand  échanson  [de  Sennachérib], 
insultaient  à  ceux  qui  se  tenaient  sur  les  murs  en  disant^  :  «  Quel  est 
celui  d'entre  les  peuples  qui  a  pu  échapper  aux  mains  de  'Abdallah 
Ibn  Mohammed?  N'avez-vous  pas  entendu  ce  qu'il  fit  à  Marwan 
et  à  la  maison  de  Hischam?  11  les  a  fait  disparaître  de  la  terre;  où 
est  le  roi  des  Égyptiens?  Et  celui  des  Africains,  des  Nubiens,  des 
Maures?  Où  sont  les  rois  de  l'Arménie,  de  Basan,  de  la  Médie, 
de  la  Perse?  N'avez-vous  pas  appris  ce  qu'il  fit  aux  rois  de  Sindh 
et  de  l'Inde?  Quel  est  celui  de  tous  les  rois  de  la  t<.»rre  qui 
a  pu  arracher  sa  contrée  aux  mains  de  *  Abdallah  pour  que  vous 
puissiez  espérer  vous  échapper?»  Mais,  cet  homme  fidèle  revêtit, 
comme  Ézéchias,  le  casque  de  la  foi,  se  ceignit  de  la  confiance  en 
son  Maître  et  eut  recours  à  la  prière  comme  à  un  lieu  de  refuge. 
Les  cris  de  leur  supplication  émouvaient  même  ceux  qui  étaient  à 
l'extérieur.  Or,  le  Dieu  de  bonté  ne  détourna  pas  l'oreille  de  leur 
prière,  mais  à  cause  de  leur  foi,  il  les  exauça,  et  ne  permit  point 
que  cet  Assyrien  entrât  dans  le  village,  mais  «  il  lui  mit  un  anneau 
dans  le  nez  et  le  fit  retourner  couvert  de  confusion  dans  la  route 
par  laquelle  il  était  venu  '  ». 

Or,  de  quelque  manière  que  les  Perses  combattissent,  [89]  toutes 
leurs  ruses  se  trouvaient  inutiles.  Ils  firent  des  maisons  mobiles 
en  bois  afin  de  remplir  de  poussière  et  de  pierres  le  fossé  qui  était  à 
côté  du  mur;  mais  cela  fut  aussi  inutile:  les  Romains  du  dedans 
jetaient  des  pierres  et  les  lançaient  si  habilement  qu'ils  tuaient  une 

1.  Rabsacès.  Cfr.  //  Reg.,  xviii;  Is..  xxxvi-xxxvii. 

2.  Cfr.  Is.,  XXXVII,  29,  34, 


76  CHRONIQUE 

grande  multitude  de  ceux  qui  étaient  à  Textérieur  et  même  brisaient 
les  machines  des  Perses. 

Comme  il  y  avait  un  des  côtés  de  la  forteresse  par  où  on  pouvait 
monter,  les  Romains  amenèrent  en  cet  endroit  de  gros  bois  longs, 
au  bout  et  tout  le  long  desquels  ils  fixèrent  de  grosses  pierres 
rondes,  et  ils  les  placèrent  sur  le  bord  de  cette  brèche.  Quand  les 
Perses  se  précipitaient  pour  monter,  les  Romains  jetaient  un 
de  ces  bois  qui  les  balayait  tous  en  tombant  et  les  mettait  en 
morceaux. 

Une  nuit,  il  arriva  que  les  Perses,  s  apercevant  que  la  voix  des 
Romains  se  taisait,  se  persuadèrent  que  ceux-ci  dormaient  d'un 
profond  sommeil.  ITne  foule  innombrable  s'élança  contre  eux  ; 
tandis  que  les  premiers  grimpaient  et  montaient  avec  joie,  pensant 
déjà  avoir  emporté  d'assaut  la  forteresse;  les  Romains  qui 
montîiient  la  garde,  les  aperçurent  et  les  tuèrent  avec  grand  cou- 
rage. Ils  lancèrent  aussi  leurs  bois  garnis  de  pierres  qui  balayèrent 
tous  ceux  qui  étaient  en  train  de  monter  et  en  firent  un  monceau 
de  cadavres. 

Toutes  leurs  entreprises  devenaient  ainsi  inutiles  parce  que  Dieu 
aidait  les  Romains. 

Deux  chefs  d'armée  se  séparèrent  enfin  pour  entrer  et  s'avancer 
dans  le  pays  des  Romains,  avec  une  armée  forte  d'environ  cin- 
quante mille  hommes,  afin  de  piller,  de  butiner,  de  dévaster  toutes 
les  possessions  romaines.  Ils  entrèrent  donc;  mais  parce  qu'ils  igno- 
raient le  pays  et  n'avaient  point  de  guide  qui  connût  la  région,  [90] 
ils  ne  voulaient  point  marcher  par  les  chemins  battus,  de  peur  que 
les  Romains  ne  les  découvrissent,  ne  se  réunissent  contre  eux  et  ne 
les  fissent  disparaître  de  la  terre.  Mais  ce  que  dit  Job  leur  arriva'  : 
((  Ce  que  je  craignais  est  venu  sur  moi  ;  ce  qui  me  faisait  trembler 
m'a  atteint.  »  La  colère  de  Dieu  ne  s'arrêta,  ne  se  reposa  point 
avant  de  les  avoir  atteints.  Il  les  fit  monter  comme  s'élève  une 
meule  de  blé  en  son  temps.  «  Et  comme  le  chêne  qui  est  arraché 
par  sa  racine,  '  »  ils  ont  d'abord  été  détruits  par  l'air. 

Leurs  provisions  de  route  s'épuisèrent  et  ils  périrent  de  faim  ; 
ensuite  ils  tombèrent  dans  des  montagnes  arides  et  furent  dévorés 
par  la  soif;  au  moment  où  ils  allaient  périr  de  soif,  eux  et  leurs 
bétes,  sans  que  le  glaive  ou  l'épée  eussent  été  tirés,  ils  descendirent 
dans  un  pré  humide  où  ils  trouvèrent  de  l'eau  à  la  surface  en 
creusant  avec  leurs  lances  :  ils  burent  et  évitèrent  de  mourir  de  soif 

1.  Job,  hi,  26. 

2.  l8.,  VI,  13. 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  77 

eux  et  leurs  bêtes.  Ils  pénétrèrent  très  loin  dans  l'intérieur,  non  pas 
dans  la  direction  de  la  terre  peuplée,  mais  dans  une  région  déserte 
et  aride,  entre  le  territoire  des  Romains  et  celui  des  Arméniens. 
Après  avoir  erré  longtemps  dans  des  montagnes  désertes,  ils  se 
dirigèrent  sur  Césarée  et  trouvèrent  une  région  fertile  et  dans  les 
villages  tout  un  peuple  [de  villageois]  qui  sortaient  et  rentraient 
sans  se  tenir  sur  leurs  gardes.  Or,  ces  soldats  tombèrent  à  Timpro- 
viste  sur  eux,  et  il  ne  se  trouva  personne  pour  leur  résister.  Ils 
pénétrèrent  au  delà  de  Césarée  et  satisfirent  tous  leurs  désirs  dans  ce 
pays.  Us  butinèrent,  pillèrent,  dévastèrent  la  contrée,  ils  condui- 
sirent ses  habitants  en  captivité  et  firent  marcher  tous  les  troupeaux 
devant  eux.  Ils  emportèrent  un  butin  considérable  d'hommes, 
d'animaux,  d'objets  et  d'ustensiles,  môme  de  l'or  et  de  l'argent  en 
grande  quantité. 

Mais  l**ur  joie  n'atteignit  pas  le  comble.  Ils  furent  mesurés  avec 
la  mesure  même  qu'ils  avaient  employée;  ils  remplirent  de  leurs 
propres  personnes  la  fosse  qu'ils  avaient  creusée,  ils  furent  pris 
dans  le  filet  qu'ils  avaient  tendu.  [91J  Le  Seigneur  les  récom- 
pensa selon  leurs  œuvres.  Parce  qu'ils  firent  des  captifs,  ils  furent 
pris  captifs;  parce  qu'ils  pillèrent,  ils  furent  pillés;  parce  qu'ils 
voulurent  posséder  des  esclaves  et  des  servantes,  eux-mêmes  de- 
vinrent esclaves;  parce  qu'ils  voulurent  dévaster  les  terres,  eux- 
mêmes  furent  dévastés  et  devinrent  la  nourriture  des  bêtes  des 
champs  et  des  oiseaux  du  ciel  ;  la  terre  fut  enivrée  de  leur  propre 
sang.  Voici  comment  la  chose  leur  arriva. 

Quand  ils  entrèrent  dans  cette  région,  elle  était  dans  une  grande 
prospérité;  sans  pitié  ni  miséricorde,  ils  la  pillèrent,  la  dévastèrent 
et  enchaînèrent  ses  habitants.  Ils  se  proposaientde  rentrer  en  Syrie 
avec  un  butin  considérable,  une  grande  renommée,  une  victoire 
glorieuse.  Selon  leur  désir,  ils  possédaient  déjà  de  grandes 
richesses,  des  esclaves  et  des  servantes;  et  les  malheureux  ne 
savaient  pas,  —  car  ils  marchaient  dans  les  ténèbres,  —  que  dans 
peu  de  temps  ils  allaient  devenir  captifs  eux-mêmes.  Kn  vérité,  il 
faut  ici  chanter  et  dire^  :  «  Dieu  a  délivré  le  pauvre  et  le  malheureux 
de  celui  qui  l'opprimait  violemment  ;  »  et*  :  «  Il  l'a  arraché  d'entre 
les  dents  et  l'a  retiré  des  profondeurs  de  la  mer.  » 

En  efïet,  les  Perses  se  persuadaient  qu'ils  éUiient  déjà  arrivés, 
qu'ils  entraient  en  Syrie;  ils  ne  craignaient  plus  rien.  Ils  arrivèrent 
à  une  grande  prairie  dans   laquelle  ils  voulurent  camper  et  se 

1.  Cf.  P^.,  XXXV,  10. 

2.  Pa.,  Lzviii,  2t. 


78  CHRONIQIJI-: 

reposer.  Cette  prairie  n'avait  qu'une  issue  et  de  tous  côtés 
elle  se  trouvait  entourée  d'un  ruisseau  qui  se  répand  dedans.  Ils 
campèrent  doncî,  se  reposèrent  un  peu  <H  lâchèrent  leurs  béU.'S  de 
somme;  ensuite,  comme  ils  ne  connaissaient  pas  les  issues  de  cett<î 
région,  ils  voulurent  séjourner  en  cet  endroit.  Alors  Dieu,  qui  ne 
se  détourne  pas  de  ceux  qui  l'invoquent,  (it  arriver  et  amena  un 
général  romain  qui  avait  avec  lui  douze  mille  cavaliers.  Cette  armée 
venait  d'un  autre  lieu  et  d'une  autre  expédition  après  avoir  rem- 
porté une  grande  victoire.  Parvenus  au  pré  qui  se  trouvait  devant 
l'entrée  de  celui  dans  lequel  les  Perses  campaient,  ils  voulurent,  eux 
aussi,  [92]  y  placer  leur  camp  pour  se  reposer,  ignorant  le  danger 
auquel  ils  étaient  exposés  de  l'intérieur;  ils  ne  savaient  rien  de  ce 
qui  s'était  passé  sur  leur  territoire  et  dans  leur  nation,  car  ils 
venaient  de  très  loin.  Quand  le  camp  fut  établi,  quelques-uns 
d'entre  eux  montèrent  sur  le  sommet  d'une  colline  et  aperçurent  la 
grande  armée  [des  Perses]  qui  campait  plus  à  Tintérieur  avec  les 
captifs  et  les  dépouilles  considérables  de  leur  patrie.  Troublés  et 
saisis  de  frayeur,  ils  descendirent  promptement  annoncer  la  chose 
à  leurs  compagnons.  Leur  général  ne  fut  pas  indifférent  à  ce  qu'il 
entendait,  mais  il  en  envoya  d'autres,  —  environ  trois  cents  cava- 
liers,—  pour  examiner  et  voir  si  la  chose  était  réelle  ou  si  ce  n'était 
pas  un  effet  de  l'imagination  des  premiers  à  qui  des  spectres  seraient 
apparus.  Ceux  qui  furent  envoyés  étant  montés  virent  distinctement 
et  firent  connaître  [la  réalité]  au  général  qui  à  son  tour  monta  lui- 
même  avec  quatre  ou  cinq  mille  hommes. 

Quand  les  l*erses  aperçurent  les  Romains,  voyant  qu'ils  occu- 
paient la  seule  issue  par  laquelle  ils  pouvaient  sortir  et  se  trou- 
vant comme  enfermés  dans  une  prison,  leur  cœur  trembla  et  dé- 
faillit, leurs  mains  faiblirent,  ils  chancelèrent  et  titubèrent  comme 
des  hommes  ivres,  et  toute  leur  ardeur  s'évanouit.  Ils  envoyèrent 
f^ux-mémes  des  explorateurs  pour  voir  combien  était  forte  l'armée 
[des  ennemis],  et  s'ils  éUiient  préparés  au  combat,  car  il  y  avait  entre 
eux  une  grande  élévation  et  une  issue  étroite.  Les  messagers  en 
revenant  firent  connaître  la  vérité,c'est  à-dire  que  les  Romains  for- 
maient une  grande  armée  et  qu'ils  étaient  prêts  au  combat.  Les 
Perses  voulurent  alors  traiter  de  la  paix  avec  des  paroles  llatteuses; 
ils  libérèrent  d'abord  tous  les  captifs  qu'ils  emmenaient  et  abandon- 
nèrent toutes  les  richesses  et  tout  le  butin  cju'ils  avaient  pris  :  «  Qu'on 
nous  laisse  seulement  la  vie,  disaient-ils,  nous  sortirons  comme 
nous  sommes  entrés,  sans  rien  de  plus.  »  Mais  les  Romains  n'y  con- 
sentirent point.  Ils  firent  connaître  promptement  la  situation  dans 
les  villes  et  à  d'autres  chefs  de  troupes.  On  amena  une  grande  armée 


DE    DENYS   DE    TELL-MAHRK  79 

qui  se  divisa  en  quatre  parties  et  fondit  sur  eux  par  devant,  par 
derrière,  [93]  à  droite  et  à  gauche.  Comme  c'était  encore  la  nuit,  ils 
se  donnèrent  mutuellement  comme  signal  :  que  quand  ils  descen- 
draient et  seraient  prêts  à  combattre,  ils  sonneraient  de  la  trom- 
pette et  tout  le  peuple  crierait  aussi  unanimement:  «  Kijrie  eleison,  » 
Étant  donc  descendus,  quand  ils  furent  disposés,  ils  sonnèrent  de  la 
trompette  et  tout  le  peuple  cria  aussi  comme  un  tonnerre  :  a  Kyrie 
eleison.  »  Les  Perses  en  entendant  leurs  clameurs  furent  effrayés 
et  devinrent  comme  des  morts,  comme  des  hommes  tués  qui  gisent 
dans  les  tombeaux  ;  leurs  yeux  s'obscurcirent  et  ils  ne  pouvaient 
voir;  leurs  mains  tremblèrent,  et  tout  espoir  de  salut  s'évanouit 
pour  eux;  ils  se  crurent  morts  avant  d'avoir  été  frappés  du  glaive. 
Ils  voulurent  s'enfuir,  mais  ils  ne  le  purent,  car  les  Romains  les 
entourèrent  comme  un  cercle,  et  Dieu  gronda  sur  eux  du  haut  du 
ciel  et  les  bouleversa  en  présence  de  ceux-ci. 

On  doit  remarquer  ici  que  Dieu  se  leva  et  même  opéra  manifes- 
tement le  salut.  Les  lacets  furent  brisés  :  ceux  qui  y  étaient  tombés 
furent  délivrés  et  prirent  à  leur  tour  dans  IdS  filets  ceux  mêmes  qui 
les  leur  avaient  tendus.  Ceux  qui  un  instant  auparavant  se  regar- 
daient comme  maîtres  et  possesseurs  d'esclaves  apparurent  eux- 
mêmes  enchaînés  et  esclaves.  «  Leur  fin  fut  déplorable,  parce  qu'ils 
avaient  oublié  de  faire  le  bien,  qu'ils  avaient  persécuté  le  pauvre, 
le  malheureux  et  celui  qui  a  le  cœur  triste  jusqu'à  la  mort\  )) 

On  se  battit  tout  le  jour,  et  les  Perses  furent  vaincus  par  les 
Romains  qui  leur  infligèrent  une  grande  et  très  violente  défaite.  Les 
Perses  eux-mêmes,  —  c'est-à-dire  ceux  d'entre  eux  qui  échappèrent 
de  cette  bataille,  et  encore  étant  blessés, —  affirmaient  devant  nous 
avec  de  grands  serments,  qu'ils  n'avaient  jamais  vu  ou  entendu 
mentionner  autant  de  sang  dans  un  même  endroit  qu'en  ce  lieu.  Ils 
dirent  que,  dans  cette  prairie,  le  sang  et  les  cadavres  s'élevaient  jus- 
qu'au poitn^il  des  chevaux.  Comme  il  y  avait  beaucoup  d'eau  dans 
le  pré,  le  saftg  n'était  pas  absorbé. 

En  vérité,  il  est  juste  de  dire  avec  le  prophète  :  «  Certes,  Baby- 
lone  est  tombée;  [94]  tous  ses  dieux  sculptés  furent  brisés  et  ne 
secoururent  point  leurs  adorateurs,  »  et  de  répéter  :  «  La  crainte,  la 
fosse,  le  glaive  te  menacent,  Assur  !  Celui  qui  fuit  en  entendant  le 
bruit  de  l'alarme  tombera  dans  la  fosse,  celui  qui  remontera  de  la 
fosse  tombera  dans  le  filet,  celui  qui  s'échappera  du  filet  sera 
dévoré  par  le  glaive*.  » 

1.  Cf.  Pë.,  cix,  16. 

:?.  |8.,  XXI,  9.  —  Jkr.,  XLvm,  43-44. 


80  CHRONIQUE 

Quand  le  jour  approchait  de  son  déclin,  on  n'en  voyait  plus 
qu'un  petit  nombre  :  les  uns  furent  pris  sans  résistance,  le  glaive 
dévora  les  autre».  Radad,  géuf^ral  de  Tarniée,  prit  la  fuite  sur  son 
cheval,  dépouillé  de  tout,  abandonnant  tous  ses  bcOgages  aux  mains 
des  Romains.  Il  ne  s'échappa  avec  lui  qu'un  millier  d'hommes 
environ,  et  encore  blessés.  Il  s'enfuit  à  Mélitène,  après  avoir  eu 
à  livrer  en  route  un  autre  combat  dans  lequel  il  reçut  lui-môme 
trois  coups  d'épée;  mais  il  n'en  mourut  pas.  L'autre  général,  Melik 
Ibn  Touf,  s'enfuit  vers  Callinice  avec  cinq  mille  hommes. 

C'est  ainsi  qu'ils  retournèrent  couverts  de  honte  et  de  confusion 
vers  celui  qui  les  avait  envoyés.  Tous  leurs  bagages  furent  perdus, 
et  ceux  qui  échappèrent  ne  se  sauvèrent  que  dépouillés  de  tout. 

Considérons  maintenant  ce  qui  arriva  à  ceux  qui  assiégeaient  la 
forteresse,  comment  ils  levèrent  le  camp  et  comment  ils  se  retirèrent 
couverts  d'opprobre  et  de  honte  encore  plus  que  leurs  compagnons. 

Les  paysans  qui  amenaient  du  blé  et  de  la  farine  de  Syrie, 
voyant  qu'ils  subissaient  un  tort  considérable  de  ce  transport,  sans 
aucun  profit,  car  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  ce  voyage  était 
plein  de  périls  et  de  pertes,  et  surtout  parce  que  toutes  les  bêtes  de 
somme  avaient  péri,  s'abstinrent  de  leur  conduire  du  blé  et  de  la 
farine;  il  y  eut  donc  parmi  [les  Perses]  une  grande  famine,  et  ils 
furent  sur  le  point  de  périr  à  cause  du  manque  de  vivres.  Le  qcphiza 
montîi  à  trois  zouz  et  demi,  [95]  et  encore  on  n'en  trouvait  pas. 

('ela  dura  environ  vingt  jours,  après  quoi  'Abbas  envoya  en 
Syrie.  [Ses  envoyés]  parvinrent  à  un  grand  marché.  Quand  les 
paysans,  qui  n'avaient  rien  à  faire,  apprirent  la  nouvelle,  le  peuple 
entier  de  la  Mésopotamie,  de  l'Occident  et  de  l'Arménie  intérieure 
se  dirigea  vers  ce  lieu.  Chacun  apportait  ce  qu'il  pouvait,  de  sorte 
qu'il  y  eut  bientôt  là  une  abondance  de  toute  sorte  de  provisions; 
des  marchands,  des  aubergistes,  des  grainetiers  et  d'autres  négo- 
ciants vendaient  du  froment,  de  l'orge,  delà  farine  et  les  autres 
choses  nécessaires  à  la  vie  des  hommes.  Ils  les  accumulèrent  là  eu 
quantité,  comme  des  montagnes,  espérant  amasser  en  peu  de  temps 
une  grande  fortune;  mais  ces  malheureux  qui  avaient  les  yeux  de 
l'int^'Uigence  obscurcis  par  l'amour  de  l'argent,  ne  comprenaient 
pas  que  bientôt  ils  perdraient  eux-mêmes  ce  qu'ils  possédaient,  et 
que  ce  voyage  tout  entier  serait  plein  de  pertes  et  sans  le  plus 
p(»tit  avantage. 

[Les  Perses]  attaquaient  donc  la  forteresse  nuit  et  jour  par  tous 
les  moyens  usités  à  la  guerre  ;  mais  ils  n'obtenaient  jamais  que 
d(»s  pertes,  Uindis  que  la  machine  des  Romains  tuait  chaque  jour 
beaucoup  d'entre  eux.  Or,  *Abbas,  qui  était  miséricordieux,  eut 


DE    DENYS   DE    TELL-MAHRÉ  81 

pitié  de  ces  pauvres  qui  avaient  été  enrôlés  dans  le  service,  et 
voyant  qu'ils  succombaient  sous  les  pierres  de  la  machine  que  les 
Romains  lançaient  de  l'intérieur,  il  rassembla  les  chefs  de  Tarmée 
et  ordonna  que  chaque  jour  un  d'eux  désignât  les  hommes  qui 
devaient  lancer  des  pierres  avec  la  machine,  et  que  les  paysans 
fussent  employés  à  d'autres  travaux,  éloignés  du  danger  de 
mort. 

Le  temps  s'écoulait  et  ^Abbas  disait  :  «  Quand  je  devrais  rester 
ici  dix  ans,  je  ne  m'en  retournerai  pas;  je  m'en  emparerai.  »  Les 
hommes  s'assemblèrent  de  toute  part  et  vinrent  en  cet  endroit. 
Après  avoir  combattu  par  toutes  sortes  de  moyens  de  guerre,  sans 
succès,  ils  en  vinrent  aux  menaces,  se  disant  :  «  Peut-être  ils 
auront  peur  et  nous  ouvriront.  »  [96]  Mais,  comme  l'aigle  rapide 
qui  plane  dans  les  airs  avec  des  ailes  agiles  n'est  point  effrayé  par 
quelque  chose  de  terrestre,  de  même  ceux-ci  ne  craignirent  point. 
A  la  fin,  [les  Perses]  vinrent  à  eux  avec  des  caresses  et  des  exhor- 
tations, pour  leur  persuader  d'abandonner  d  eux-mêmes  la  forte- 
resse et  de  s'en  aller  en  paix,  mais  cela  n'aboutit  non  plus  à  aucun 
résultat,  si  ce  n'est  que  les  assiégés  commencèrent  à  se  moquer 
d'eux. 

Comme  déjà  on  entrait  en  hiver,  et  que  le  froid  commençait  à 
sévir  dans  cette  contrée,  les  Perses  craignirent  d'être  surpris  par  la 
neige,  d'avoir  les  routes  coupées  et  de  périr  là  de  faim  et  de  froid. 
Ils  avaient  peur  aussi  que  des  troupes  se  réunissent  contre  eux  et 
ne  les  fissent  disparaître  de  la  terre,  et  qu'il  ne  leur  arrivât  pire 
qu'à  leurs  compagnons  qui  sortirent  seulement  cinq  ou  six  mille, 
—  et  encore  blessés,  —  de  cinquante  mille  qu'ils  étiiient  entrés. 

Comme  ils  ne  pouvaient  rien  faire,  un  héraut  donna  subitement 
l'ordre  de  monter  à  cheval  et  de  s'en  aller.  QuaiU  aux  marchands, 
aux  aubergistes,  aux  acheteurs  et  aux  vendeurs,  ils  perdirent  en 
un  clin  d'oeil  toutes  leurs  marchandises,  parce  qu'ils  avaientacheié 
et  entassé  sans  mesure  le  froment,  Torge,  la  farine,  et  qu'ils  ne  trou- 
vaient point  de  bêtes  de  somme  pour  leur  faire  traîner  et  emporter 
leurs  denrées.  Comme  la  contrée  était  pénible  à  traverser  pour  les 
bêtes,  les  paysans  leur  faisaient  porter  leurs  charges  jusqu'au  pas- 
sage du  fleuve  appelé  Salqal  et  les  renvoyaient;  une  ou  deux  bêtes 
de  somme  seulement  sur  cent,  passaient  au  nord  du  gué.  Mainte 
fois  il  arriva  qu'ils  louèrent  des  bêtes  pour  ne  pas  faire  passer  les 
leurs,  et  ainsi  on  manquait  là  de  bêtes  de  somme.  Aussi,  quand  le 
héraut  cria  à  l'armée  de  charger,  les  Perses,  voyant  que  toutes  les 
marchandises  des  négociants  restaient,  allèrent  y  mettre  le  feu,  afin 
qu*elles  ne  demeurassent  pas,  de  peur  que  les  Romains  en  descen- 

6 


82  CHRONIQUE 

dant  n'en  profitassent.  Bien  qu'ils  eussent  fait  cela,  il  en   resta 
cependant  beaucoup  {97]. 

Une  autre  armée  s'avança  contre  yaliqala\  Quand  les  soldats  ren- 
contraient des  hommes  qui  portaient  et  amenaient  du  fromage,  de 
rhuile,  du  miel,  des  vêtements  et  d'autres  provisions  pour  l'armée, 
ils  jetaient  leurs  marchandises  et  chassaient  devant  eux  les  hommes 
et  leurs  ânes,  dépouillés  de  tout,  de  sorte  que  ces  pauvres  gens  per- 
daient en  un  instant  tout  ce  qu'ils  possédaient.  Ainsi  tout  le  monde 
subit  des  pertes  et  des  dommages  de  cette  campagne,  môme  les 
ouvriers,  car  'Abbas,  à  son  départ,  ordonna  aux  gouverneurs  placés 
sous  sa  dépendance  de  leur  enlever  le  salaire  qu'ils  avaient  re<;u  en 
entrant,  pour  eux-mêmes  et  pour  leurs  ânes. 

C'est  ainsi  que  'Abbas  leva  le  camp  et  s'en  alla.  Il  descendit  dans 
la  route  par  laquelle  il  était  venu,  couvert  de  honte  et  de  confusion 
avec  des  pertes  considérables. 

Les  autres  troupes  descendirent  vers  Amida  et  le  Tigre,  et  ren 
trèrent  en   Perse.  Les  soldats  étaient  affaiblis,  affamés,  languis- 
sants ;  il  n'en  revint  pas  même  la  moitié,  surtout  des  bêtes  de 
somme  et  des  esclaves  qui  s'échappèrent  pour  se  réfugier  sur  le 
territoire  des  Romains. 

Il  fallait  les  voir  :  autant  ils  étaient  fiers  et  orgueilleux  en  en- 
trant, autant,  en  sortant,  ils  étaient  humiliés,  baissaient  tristement 
la  tête,  absolument  dépouillés  de  tout. 

Le  passage  de  cette  armée  fut  d'un  grand  profit  pour  tout  le  Nord, 
car  ils  y  répandirent  des  zouz,  et  surtout  des  neufs.  Dès  lors, 
quiconque  voulait  fabriquer  des  zouz  le  pouvait  faire  sans  crainte  ; 
les  zouz  neufs  se  multiplièrent  ainsi,  surtout  les  faux.  Cela  causa 
la  perte  des  hommes. 

Toute  la  t*îrre  dg»  Mésopotamie  était  remarquable  par  ses  vignes, 
ses  champs,  son  nombreux  bétail.  Il  n'y  avait  pas  même  un'pauvre 
misérable  dans  un  village  qui  ne  possédât  un  champ,  des  ânes  et 
des  chèvres.  Il  n'y  avait  pas  un  lieu  [98J  plus  ou  moins  cultivable 
qui  ne  fût  ensemencé  ou  planté  de  vignes  ;  même  dans  la  montagne, 
tout  endroit  où  la  charrue  pouvait  passer  était  planté  de  vignes. 
L'avarice  s'empara  d'eux  à  tel  point  qu'ils  usurpaient  tout  ce  qui 
avait  été  donné  par  leurs  ancêtres  aux  églises  et  aux  monastères. 
Il  y  eut  du  blé  et  du  vin  en  quantité.  A  cause  de  l'abondance  des 
récoltes,  les  querelles,  les  disputes,  les  procès  se  multiplièrent  à 

1-  ^tDLï  ^a'is  les  historiens  arabes.  ï.ocalité  à  ideniifter  avec  Erzerouin. 

Cf.  Saint-Mautin,  ;\/r/7i.  /iist.ot  f/éofjr.,  I.  (39;  Bar  Hebr. ,C/«ron.  syr.,  éd. 
Hcdjan.  p.  1-^5.  IJre  au«;si  (^aliqala  au  lieu  de  Callinicp,  ci-dessus,  p.  80,  l.  9. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRK  83 

propos  des  limites,  au  point  que  mainte  fois  ils  en  vinrent  au 
meurtre.  Les  gouverneurs  des  villes  eux-mêmes  furent  sans  auto- 
rité à  cause  des  procès  qu'ils  avaient  entre  eux.  La  terre  fut  rem- 
plie de  pAtres  à  cause  de  l'abondance  des  pâturages. 

Ce  que  nous  venons  d'écrire  a  pour  but  de  montrer  quelle  cala- 
mité envahit  la  terre.  «  Ce  peuple  qui  s'engraissa,  commença  à  se 
montrer  récalcitrant,  oublia  Dieu  son  Créateur,  insulta  le  Dieu  qui 
l'avait  enrichi'.  » 

De  cette  grande  fortune  en  bétail,  en  champs,  en  esclaves  et  en 
servantes,  les  propriétaires  tombèrent  dans  une  telle  misère  qu'on 
voyait  des  hommes  qui  avaient  eu  des  milliers  de  chèvres  et  de 
brebis,  des  champs,  des  chameaux,  des  chevaux,  des  serviteurs 
et  des  servantes,  qui  montaient  sur  des  chevaux  arabes  pendant  que 
leurs  serviteurs  montés  sur  des  mulets  sonnaient  de  la  trompette 
devant  eux,  à  la  manière  des  païens,  qu'on  les  voyait,  dis-je.  eux  et 
leurs  semblables,  porter  leurs  enfants  sur  leurs  épaules,  courbés, 
nus,  affamés,  altérés,  quêtant  de  porte  en  porte  un  morceau  de 
pain,  chassés  d'un  lieu  dans  un  autre  lieu,  d'un  endroit  dans  un 
autre  endroit;  qu'envoyait  des  maîtresses  de  maison  dépouillées, 
abandonnées,  portant  leurs  petits  enfants  suspendus  h  leur  cou, 
languissantes,  errant  de  village  en  village,  de  ville  en  ville. 

Or,  le  blé,  celte  année-là,  après  le  départ  de  l'armée,  se  vendait 
vingt-cinq  et  même  trente  gribè  pour  un  dinar,  le  vin  quarante 
ou  quarante-cinq  kailtè  pour  un  dinar;  [99]  et  toutes  les  autres 
choses  étaient  bon  marché,  car  il  y  avait  en  ce  temps-là  grande 
abondance  dans  le  pays. 

Aussi  commencèrent-ils  à  bâtir  des  édifices  et  à  restaurer  les 
églises. 


Des  discussions,  des  disputes j  des  troubles  qui  eurent  lieu  dans 
la  sainte  Ef/lise  et  parmi  les  paateurSy  en  cette  annre  1078 
(766-767),  principalement  à  cause  de  (ieorfjes,  patriarche  du 
siège  apostolique  d'Antioche. 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  les  évéques  de  la  Mésopo- 
tamie se  séparèrent  et  s'éloignèrent  de  Georges  et  des  (Jccidentaux, 
et  firent  patriarche  le  vénérable  Jean.  Or,  celui-ci  étant  mort,  les 
vénérables  évéques  craignant  Dieu  voulurent  expulser  du  milieu 

1.  Cf.  DetU.,  XXXII,  13. 


84  CHRONIQUE 

d'eux  les  perturbateurs  et  ne  former  qu*un  seul  peuple  obéissant  à 
un  seul  chef,  selon  la  loi  portée  et  sanctionnée  parles  saints  l*t»res. 
Ils  craiguaientaussi  qu'il  ne  survint  quelque  division  ou  trouble  dans 
la  foi  sainte.  Comme  toutes  les  villes  avaient  fait  leur  soumission  à 
Georges,  avaient  mis  sou  nom  dans  les  diptyques,  et  l'aimaient, 
tous  les  évéques  de  la  Mésopotamie  et  les  Occidentaux  finirent  par 
se  réunir  dans  la  région  de  Saroug,  avec  le  vénérable  Georges,  en 
lan  1076  d'Alexandre. 

On  discuta  beaucoup  dos  deux  côtés  sur  toutes  les  questions 
controversées  qui  les  concernaient  mutuellement. 

Le  patriarche  Georges  aimait  mieux  la  paix  que  la  discorde  et  la 
division;  il  ne  voulait  pas  que  de  son  temps  on  changeât  les  règles 
et  les  lois  établies  par  les  cent  cinquante  illustres  Pères,  assemblés 
dans  TEsprit-Saint  à  Constantinople,  qui  sanctionnèrent  et  éta- 
blirent les  patriarcats,  donnant  à  Nectaire  celui  de  Constantinople, 
après  celui  de  Rome;  [100]  à  Timothée  celui  d'Alexandrie,  d'Egypte 
et  de  toutes  les  régions  occidentales  ;  à  Mélèce  celui  d'Antioche  et 
de  tout  l'Orient'.  Craignant  que  la  division  n'arrivât  de  son 
temps  dans  ce  siège  d'Antioche,  il  accepta  et  accorda  tout  ce  que 
demandèrent  les  évoques  de  la  Mésopotamie,  excepté  au  sujet  des 
évéques  ordonnés  par  Jean,  du  monastère  de  Qarqaphta,  qu'ils 
avaient  fait  patriarche.  Il  n'accepta  point  cela  et  n'y  consentit 
pas;  il  voulut  les  déposer  de  tout  ordre  sacerdotal.  Sur  ce,  les 
évoques  de  la  Mésopotamie  se  récrièrent,  parce  que  la  plupart 
avaient  été  pris  dans  des  monastères  célèbres;  mais  cela  ne  put 
contraindre  le  vénérable.  «  Le  sacerdoce,  dit-il,  et  même  Tépisco- 
pat,  sera  donné  à  ceux  d'entre  eux  qui  voudront  aller  dans  les  régions 
inférieures  du  Sagistan  et  de  llarab'.  »  Cela  plut  beaucoup  aux 
évêqiios.  ((  Comment  est-il  possible,  disait  le  vénérable,  que  je 
chasse  de  sa  ville,  pour  le  remplacer  par  un  de  ceux-là,  un  évêque 
qui  est  meilleur  que  moi  et  n'a  pas  été  établi  par  moi?  N'a-t-il  pas 
gouverné  le  diocèse  qui  lui  a  été  confié  selon  toutes  les  pratiques 
de  la  vertu?  NVi  t-il  pas  passé  déjà  trente  ans  dans  l'épiscopat?  Il 
n'y  a  aucune  ville  qui  demande  un  de  ceux-là  ou  qui  Taceepte. 
Que  celui  d'entre  eux  qui  le  désire  et  qui  a  la  crainte  de  Dieu  s'en 
aille  dans  les  régions  inférieures.  »  11  ordonna  que  tous  ceux  qui 
accepteraient  fussent  aidés  par  tout  le  monde  dans  leur  voyage. 

En  vérité,  mes  frères,  si  même  le  vénérable  (îeorges  avait  voulu 


1.  Hremipr  concile  de  Constantinople  en  381  ;cf.  can.  1,2,  3. 
ii.  La  ville  et  le  pas  s  de  Sagistan  se  trouvaient  dans  le  Kboraçau.  Harab 
(=  HarcNM  doit  eue  identiliee  avec  Hérat.  V.  Noei.dekk,  Tabari,  p.  42,  n 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  85 

les  accepter,  il  n'aurait  pu  en  trouver  un  seul  parmi  eux  qui  fût 
digne  de  Tépiscopat,  car  c'étaient  des  hommes  hautains,  orgueil- 
leux, perturbateurs,  chicaneurs,  astucieux,  habiles  à  tenir  des 
discours  pervers,  qui  n'avaient  point  devant  les  yeux  le  jugement 
de  Dieu,  et  sur  lesquels  s'accomplissait  la  parole  de  TApôtre*  :  ce  Je 
sais  que  quand  je  serai  parti  des  loups  cruels,  [101]  sans  pitié  pour  le 
troupeau,  entreront  au  milieu  de  vous;  et  même  du  milieu  de  vous 
surgiront  des  hommes  tenant  des  discours  pervers  pour  attirer  des 
disciples  à  leur  suite.  » 

Notre- Seigneur,  lui  aussi,  parlait  d'eux  quand  il  avertissait  ses 
disciples'  :  «  Gardez-vous  des  faux  prophètes  qui  viennent  à  vous 
avec  des  peaux  de  brebis,  et  ne  sont  au  dedans  que  des  loups 
dévorants.  A  leurs  fruits  vous  les  reconnaîtrez.  Est-ce  qu'on 
recueille  des  raisins  sur  les  épines,  ou  des  figues  sur  les  ronces? 
Partout  arbre  bon  produit  de  bons  fruits,  et  un  mauvais  arbre 
produit  de  mauvais  fruits.  Un  bon  arbre  ne  peut  produire  de  mau- 
vais fruits,  ni  un  mauvais  arbre  produire  de  bons  fruits.  A  leurs 
fruits,  dii-il,  vous  les  reconnaîtrez.  » 

En  vérité,  ceux-ci  étaient  de  mauvais  arbres  qui  firent  goûter 
des  fruits  amers  à  l'Église  et  au  peuple  de  Dieu. 

A  présent  je  vais  montrer  dans  quel  abîme  profond  tomba  le  pays  ; 
mais  que  personne  ne  blâme  le  vénérable  Georges  ni  les  évèques, 
pour  les  avoir  chassés  de  l'Église. 

Pour  moi,  mes  frères,  je  ne  comprends  pas  comment  le  vénérable 
Jean,  qui  avait  vécu  dans  les  pieux  labeurs  de  la  vie  monastique, 
qui  avait  été  naziréen,  qui  était  loué  par  tout  le  monde,  avait 
admis  à  l'imposition  des  mains,  même  pour  la  simple  prêtrise,  des 
hommes  comme  ceux-là.  D'autant  plus  qu'aucune  ville  n'en  avait 
b*»soin.  La  ville  d'Amida  avait  déjà  deux  ou  trois  évêques,  il  en  fit 
encore  un  troisième  ou  un  quatrième  pour  cette  cité.  Or,  les  évêques 
qu'elle  avait  étaient  beaucoup  plus  vertueux  que  ceux  qu'il  ordonna. 
L'un  d'eux  était  Mar  Sévère,  du  monastère  de  Zouqenin,  homme 
célèbre  et  craignant  Dieu,  qui  se  démit  de  la  conduiteMÎe  la  ville 
parce  que  sa  vue  s'affaiblissait,  et  alla  habiter  dans  son  monastère 
jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  On  mit  à  sa  place  Mar  Aba,  du  monastère 
de  Map  Habib.[102]  dansl'Arzanène,  homme  doux  et  humble,  orné 
de  toutes  les  vertus  divines;  de  plus,  àTell  Besmê,  il  y  avait  Ser- 
gouna,  homme  de  Dieu,  du  monastère  de  Mar  Athanase.  C'étaient 
tous  des  vieillards   vénérables   et    saints.    Or,  quoique  la  ville 


1.  Art.  Apost.,  XX,  29. 

2.  Matth.,  VII,  15-19. 


86  CHRONIQUE 

eût  ceux-ci,  il  en  ordonna  d'autres,  dont  un  du  monastère  de 
Harbaz. 

J'écris  ces  choses,  nifs  frères,  parce  que  je  veux  faire  connaître 
les  maux  qui  vinrent  sur  nous  par  la  suite.  Que  personne  oe 
blAme  Técrivain  avant  d'avoir  vu  les  fruits  de  ces  arbres  mauvais. 

«  L'aspect  d'un  homme  fait  connaître  ses  ceuvres,  et  ses  traces 
rendent  témoignage  pour  lui\  »  —  Voici  ces  hommes  et  leurs  œuvres 
devant  eux. 

Quand  le  synode  fut  terminé,  chacun  retourna  à  son  pays.  Le 
vénérable  (îeorges  descendit  à  son  monastère.  Ces  hommes  misé- 
rables, de  leur  côté,  s'en  allèrent  dans  une  profonde  ignominie  et 
une  grande  confusion;  mais  non  pas  comme  des  hommes  qui 
cherchent  à  cacher  leur  honte  et  à  demeurer  oubliés  dans  leurs 
monastères.  Us  remuaient  toute  pierre;  ils  excitaient  et  agitaient 
beaucoup  de  monde;  ils  cherchaient  comment  ils  tireraient  ven- 
geance de  Georges  et  de  ceux  de  son  parti. 

Georges,  ayant  déjà  fait  l'expérience  de  la  chose  et  craignant  que 
ce  qui  était  arrivé  ne  se  renouvelât,  s'en  alla  à  son  monastère  et  prit 
la  résolution  de  ne  point  entrer  dans  une  ville,  dans  un  vilhige,  ou 
dans  un  couvent  à  moins  que  les  notables  du  lieu  ne  vinssent  le 
chercher  pour  raccompagner. 

Il  advint  cette  année-là  que  les  habitants  de  Harran  vinrent  le 
chercher,  à  cause  d'une  dispute  entre  eux  et  leur  évêque.  Quand 
l'affaire  pour  laquelle  il  était  venu  fut  terminée,  les  habitants 
d'Amida  descendirent  près  de  lui  avecMar  Aba,  leur  évèque,  pour 
le  conjurer  de  vouloir  bien  se  donner  la  peine  de  venir  les  visiter. 
Lui,  comme  un  bonpasteur,  accueillit  leur  demande  [103J  et  monta 
avec  eux.  En  passant  par  les  villages  et  les  villes  qui  se  trouvaient  sur 
sa  route,  il  futre<^u  partout  le  monde  avec  honneur. 

Les  habitants  d'Amida  eux-mêmes  vinrent  le  recevoir  en  grande 
pompe,  comme  il  convenait  à  un  tel  homme. 

Il  demeurait  là  depuis  quelque  temps  lorsque  arrivèrent  les  habi- 
tants du  monastère  de  Zouqenin,  c'est-à-dire  tous  les  vieillards 
vénérables  de  ce  couvent  avec  le  digne  Mar  Eutal,  leur  supérieur, 
et  leur  visiteur  Denys,  qui  par  la  suite  devint  évéque  de  Harran. 
Ils  le  conduisirent  à  h^ur  monastère.  Le  vénérable  Georges  désirait 
dej)uis  longtemps  voir  ce  couvent  et  y  prier.  Après  avoir  satisfait 
son  désir  et  joui  de  l'afTection  des  moines  de  Zouqenin,  il  passa  par 
Hani'  et  arriva  à  Tell-Dakouni. 

1.  Cf.  Krrli.,  XIX.  X'(). 

Z.  m  ni,  à  li)  kil.  environ  au  N.  d  Amidj.  Cf.  Saint-Martin,  Mém..  I,  94. 


DE   DKNYS    DK    TELL-MAHRÉ  87 

Quant  il  voulut  se  diriger  vers  son  monastère,  Satan,  qui  est 
l'ennemi  de  tout  bien  depuis  le  commencement,  excita  ses  dis- 
ciples, ceux  qui  sont  ses  suppôts,  qui  ont  rempli  la  mesure  de 
perdition  ;  car,  en  voyant  que  le  patriarche  était  accueilli  par  tout 
le  monde  avec  honneur,  il  comprit  que  la  paix  allait  régner  dans 
rËglise  et  que  le  trouble  et  la  discorde  allaient  disparaître  du  milieu 
d*elle. 

Quelques-uns  de  ces  hommes  dont  nous  avons  parlé  plus  haut 
descendirent  vers  le  roi  et  tinrent  des  discours  méchants  contre 
le  vénérable  Georges  et  contre  tous  les  évéques:  «  Ils  ont  même  dit 
que  c'était  lui  le  roi  et  non  pas  toi,  »  dirent-ils. 

C'est  avec  raison  que  le  prophète  a  parlé  de  ceux-ci  ':  «  Tes 
princes  sont  infidèles  et  compagnons  de  voleurs.  Tous  aiment  les 
présents  et  sont  prompts  à  se  venger.  »  Voici  la  persécution  qui 
enfonce  ses  racines,  qui  montre  sa  ileur  qui  produit  des  fruits  mor- 
tels. Venez  et  voyez  les  arbres,  et  à  leurs  fruits  reconnaissez-les. 

La  colère  du  roi,  en  entendant  ces  choses,  monta  comme  la 
fumée  ;  il  rugit  comme  un  lion  après  sa  proie,  et  envoya  des  mes- 
sagers rapides  et  pleins  d'ardeur  chercher  Georges  fl04]  et  les 
évêques  de  la  Mésopotamie. 

Il  était  encore  à  Tell-Dakoum.  Ils  le  transférèrent  de  là  à  I.larran, 
où  ils  ne  lui  permirent  pas  même  d'entrer  dans  le  monastère;  et 
tous  les  évéques  furent  rassemblés  en  cette  ville.  De  ce  lieu,  ils 
descendirent  près  du  roi,  à  Bagdad,  où  il  demeurait  à  cette  époque. 

11  était  impossible  à  ce  roi,  dès  qu'il  avait  appris  qu'un  homme 
remuait  la  main  ou  le  pied,  dans  toute  l'étendue  de  son  empire,  de 
trouver  le  calme  et  le  repos  avant  de  l'avoir  fait  périr,  que  ce  fût 
un  Persan,  un  Arabe  ou  un  Syrien.  Il  regardait  comme  son  plus 
grand  ami  quiconque  venait  lui  faire  connaître  un  homme  qui 
possédait  quelque  chose. 

Quand  ceux-ci  arrivèrent,  ils  furent  introduits  devant  le  roi.  En 
les  voyant,  il  rugit  contre  eux  comme  un  loup  qui  veut  dévorer  sa 
proie,  leur  adressa  de  violentes  paroles  et  les  chassa  de  sa  présence. 
Il  fit  emprisonner  et  jeter  dans  les  fers  le  vénérable   Georges. 

Après  qu'ils  eurent  passé  là  un  certain  temps,  il  donna  cet 
ordre  aux  évêques  :  «  Choisissez-vous  parmi  vous  celui  qui 
est  digne,  mettez-le  à  votre  tête  et  allez-vous-en.  »  Il  usait  ainsi 
de  miséricorde  envers  eux.  Ils  voulurent  tous  élire  David  do 
Dara.  On  dit  que  tout  cela  venait  de  ce  dernier.  C'était  un  homme 
âgé,  et  tous  disaient:  «  Si  c'est  un  autre  [qui  est  élu],  il  ne  se  sou- 

1.  I8.,  I,  23. 


88  CHRONIQUE 

mettra  pas  à  lui.  D'ailleurs,  il  ne  vivra  pas  longtemps  et  [Georges] 
lui  succédera.  »  David  n'ignorait  pas  ces  choses;  et  qu'il  Tait  voulu 
ou  non,  il  devint  patriarche.  Le  roi  lui  donna  des  diplômes  pour 
emprisonner,  frapper  et  faire  périr  quiconque,  à  leur  vue,  ne  se 
soumettrait  pas  à  lui.  Quant  <î  Georges,  il  resta  enchaîné  dans  la 
prison.  De  là  la  division  dans  TÉglise  et  le  peuple  de  Dieu. 

Les  opprobres  et  le  mépris  pesèrent  sur  les  moines  et  lesévêques, 
au  point  qu'aucun  d'eux  ne  pouvait  passer  par  les  rues  de  la  ville, 
à  cause  des  opprobres  et  du  mépris.  On  les  appelait  même  assas- 
sins et  [105J  sanguinaires.  On  allajusqu'ànepas  vouloir  participer 
au  sacrifice  offert  par  l'un  d'eux.  «  Tu  as  fait  mémoire  du  nom  de 
David  en  l'oflrant,  »  lui  disait-on. 

Voilà  la  mauvaise  semence  et  la  zizanie  que  le  mauvais  a  semées 
par  le  moyen  de  ses  disciples. 

Or,  le  vénérable  David  s'en  alla  avec  les  évèques  ses  partisans.  Il 
vint  à  Mossoul,  puis  à  Tagrit.  Au  lieu  de  lui  fîiire  une  réception 
patriarcale,  on  vint  au-devant  de  lui  avec  des  injures  et  des  oppro- 
bres. On  l'appelait  même  assassin  et  sanguinaire.  Mais  lui  ne  se 
fâchait  contre  personne;  il  ne  se  plaignait  pas,  mais  offrait  tout  à 
Dieu  en  le  prenant  à  témoin  qu'ils  le  calomniaient  en  ces  choses. 
((  Si,  disait-il,  j'ai  trempé  dans  l'affaire  de  Georges,  que  je  reçoive 
un  châtiment  exemplaire!  »  Bien  qu'il  fit  dans  les  églises  des 
déclarations  accompagnées  de  beaucoup  de  serments  et  d'anathèmes, 
personne  ne  le  crut,  car,  disait-on,  les  autres  n'ont  agi  que  sur  son 
conseil.  Ainsi  il  ne  fut  reçu  par  personne  à  cause  du  vénérable 
Georges.  Lui,  de  son  côté,  ne  se  vengea  sur  personne  de  cette 
injure;  il  ne  contraignit  personne  aie  nommer  [dans  l'office],  mais 
il  dit:  «  Que  celui  qui  veut  me  nommer  me  nomme;  quant  à  celui 
qui  ne  veut  pas  me  nommer,  je  n'ai  rien  à  voir  avec  lui.<J 

Par  là,  il  monfra  qu'on  le  calomniait  frauduleusement, puisque, 
ayant  entre  les  mains  un  édit  puissant,  il  ne  fît  souffrir  personne, 
même  lorsqu'il  recevaiten  face  les  injures  et  les  opprobres. 

On  en  était  venu  à  ce  point  que  parfois,  s'il  envoyait  dans 
une  ville  un  évéque  de  son  parti,  les  habitants  tombaient  dessus; 
s'il  arrivait  que  celui-ci  offrît  le  sacrifice,  ils  ne  recevaient  pas  la 
communion  de  sa  main,  mais  ils  le  méprisaient,  lui  et  son  sacrifice; 
s'il  arrivait  qu'il  se  trouvât  un  homme  intelligent  et  craignant 
Dieu  qui  les  avertît  et  leur  dit:  «  Le  châtiment  de  Dieu  viendra  sur 
vous  à  cause  de  cette  manière  de  faire,  ))  ils  le  traitaient  encore  plus 
mal  [106]  que  Tévêque.  Ils  allaient  d'église  en  église  en  disant: 
((  Nousnerecevons  pas  la  communion  des  mains  d'un  tel,  parce  qu'il 
nomme  David.  » 


DE   DENYS   DE    TELL-MAHRÉ  89 

L'habit  monastique  ou  épiscopal  était  surtout  devenu  mépri- 
sable à  leurs  yeux;  et  s*il  arrivait  qu'ils  trouvassent  un  moine  qui 
n*avait  jamais  vu  David  ni  Georges,  ils  le  tournaient  en  ridicule 
jusqu'à  ce  qy'il  les  eut  anathématisés  et  maudits  tous  les  deux. 
QuelqiVes-uns  finirent  par  ne  plus  nommer  ni  Tun  ni  l'autre. 

Cette  division  dura,  et  fit  des  ravages  dans  l'Église,  jusqu'à  la 
mort  du  vénérable  David. 

Voilà  quels  fruits  mauvais  produisirent  ces  mauvais  arbres.  — 
Attends  et  écoute  quel  fléau  vint  sur  nous  à  la  suite  de  ces  choses. 

Sachez,  mes  frères,  que  toutes  les  fois  que  TKglise  est  troublée, 
les  affaires  publiques  sont  aussi  troublées.  11  advint  que  celle-là 
fui  agitée  la  première  et  celles-ci  ensuite. 


L'an  1079(767-768),  fut  construite  la  forteresse  d'Arsamosate  ^ 
près  du  fleuve  Arsanias.  Or,  comme  les  maçons  et  les  ouvriers  ve- 
naient de  commencer  la  construction  qui  s'élevait  déjà  à  la  hiiu- 
tenr  d'une  taille  d'homme,  une  armée  romaine  vint  camper  sur  la 
rive  du  fleuve  opposée  à  la  forteresse,  mais  elle  ne  passa  point  le 
gué,  parce  que  c'était  le  saint  jour  du  dimanche,  et  qu'elle  n'avait 
point  reçu  Tordre  de  combattre.  Tandis  que  les  Romains  étaient 
campés  là,  offraient  le  sacrifice  et  mangeaient  le  pain,  la  popula- 
tion entière  de  la  forteresse,  abandonnant  tout,  prit  la  fuite  ;  les 
Romains  passèrent  donc,  prirent  tout  ce  qui  leur  convenait  et  brû- 
lèrent le  reste.  Ils  rasèrent  la  construction,  s'emparèrent  de  tout  ce 
qu'ils  trouvèrent  et  retournèrent  dans  leur  pays.  Les  Arabes  se 
réunirent  de  nouveau  avec  des  architectes  et  des  ouvriers,  et  recons- 
truisirent cette  forteresse. 

'Abbas  envoya  des  lettres  dans  toutes  les  villes  pour  ordonner 
aux  Arabes  de  la  Mésopotamie  de  descendre  tous,  grands  et  petits, 
à  Harran. 

Ils  se  réunirent  donc  et  descendirent,  en  abandonnant  leurs 
récoltes  sans  les  moissonner,  car  ils  étaient  pressés  de  gagner  des 
zoaz.  f  107]  Tout  le  peuple  afflua  etdescendit,  grandset  petits,  mais 

1.  Ce  nom  signifie  ville  d'Arsame.  Elle  fut  fondée,  selon  la  tradition,  au 
troisième  siècle  avant  notre  ère,  par  un  roi  de  l'Arménie  occidentale  nommé 
Arsame.  Les  Arméniens  du  moyen  âge  rappelaient  Asmousatt  elles  Grecs 
du  Bas-Empire  Asmosat.  Elle  était  située  sur  la  rive  gauche  du  Mourad- 
tchaï.  Saint-Martin,  Hist.  du  Bas-Empire,  t.  XII,  p.  266,  n.  4.  —  Cf. 
CELLAnius,  Notitia  or  bis  antiqui,  t  II,  p.  390. 


90  CHRONIQUE 

ils  ne  recueillirent  que  de  la  perte,  car  il  est  difficile  à  un  méchant 
de  devenir  bon. 

Ils  attendirent  longtemps,  jusqu'à  ce  que  leur  récolte  fût  perdue 
et  détruite;  il  assigna  environ  six  cents  hommes  d'en^e  eux  aux 
forteresses  et  renvoya  le  reste.  Ils  ne  remportèrent  chez  eux  que 
des  pertes. 

Cette  année,  mourut  Denys,  évéque  de  I.îarran,  auquel  suc- 
céda un  autre  Denys,  du  monastère  de  Zouqenin. 

Cette  année  aussi,  mourut  Etienne  de  Haboura,  qui  eut  pour 
successeur ^ 

L'an  1080  (768-769),  rêvéque  Zacharie  décéda  à  Édesse,  et 
1  cvùque  Jané'  à  Téla.— -  A  la  place  de  Zacharie  on  mit,  à  Edesse, 
Êlic,  du  monastère  de  Qartamin,  homme  sans  cœur  et  criminel, 
qui  ne  pensait  aucunement  à  Dieu.  11  fut  ordonné  non  parce  qu'il 
était  digne  de  l'épiscopat,  mais  parce  que  les  Édesséniens  étaient 
dignes  de  lui.  Cependant  il  ne  fut  pas  accepté,  et  on  ne  consentit 
pas  à  son  élection;  mais  la  chose  traîna  en  longueur  pour  des 
raisons  graves  qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'exposer,  et  Edesse  resta 
sans  évêque.  — A  Téla,  Jané  eut  pour  successeur  Sabinus. 

A  cette  époque  florissaient  Sergouna  de  Mardin,  le  patriarche 
David,  Mar  Abad'Amida,  Constantin  de  Samosate  et  Paul  de 
Tagrit. 

Il  y  avait  cette  année-là  une  grande  abondance  de  toutes  choses. 
Le  froment  se  vendait  trente  qephizé,  le  vin  quarante  spâdé^ 
l'huile  huit  litre  pour  un  zouz. 

La  région  abondait  en  vignes  et  en  champs  cultivés.  Le  bétail  y 
était  [nombreux]  comme  le  sable. 

Zaïd  vint  sévir  conti-e  les  usuriers*.  Ceux-ci  lui  donnèrent  un  zouz 
par  dinar;  il  prit  ce  tribut  et  s'en  aMi  sans  avoir  molesté  personne 
autre  [108]. 

Encore  cette  année-là,  des  pierres  tombèrent  du  ciel,  des  pierres 
noires  que  beaucoup  ont  vues  et  touchées  et  qui  sont  même  restées 
jusqu'aujourd'hui.  Comment  étaient-elles  montées  dans  les  nues? 
D'où  venaient-elles?  Dieu  seul  peut  le  savoir.  Dans  la  région 
où    elles   tombèrent  il  n'y    a    absolument  aucune  pierre  noire; 

1.  La  place  du  nom  est  en  blanc  dans  le  manuscrit. 

2.  Nous  adopton«i  la  lecturo  d'Assemani.  Voir  la  préface  du  texte  syriaque. 

3.  Le  mot  se  trouve  avec  un  olaph  prosthétique  dans  Josué  le  Styliie, 
éd.  Wright,  chap.  xciii.  Cf.  Bar  Bahloul,  col  233,  pénult.  ;  234,  4.  I^  lecture 
semble  être  cspddd  ou  .y)ddâ, 

4.  AssKMAM  [Bihl.  or,,  t.  II,  p.  114)  a  pris  le  mot  comme  uu  nom 
propre  (Zaïdus  ab  Sryt/ns  nummum  capitatim  exegit). 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHflÉ  91 

mais  sois  sur»  lecteur,  que  le  Seigneur  fait  tout  ce  qu*il  veut  au  ciel 
et  sur  la  terre. 

L'an  1081  (769-770),  il  y  eut  pour  gouverneur  à  Mossoul  un 
homme  méchant  et  cruel  du  nom  do  Mousa  Ibn  Mouç*ab.  C'est 
de  lui  que  le  prophète  a  prophétisé  quand  il  dir  :  «  Par  lui  je  rava- 
gerai la  terre  dans  sa  plénitude,  je  dévîistcrai  la  terre  habitée 
comme  un  désert.  »  Cet  homme  n'aurait  pu  trouver  son  semblable 
ni  parmi  les  rois  païens,  ni  parmi  les  mages,  ni  parmi  les  Mani- 
chéens. Il  jeta  la  terre  dans  une  tribulation  telle  que  depuis  que  le 
monde  est  créé  jusqu'à  ce  jour  elle  n'avait  pas  vu  de  tribulation 
semblable  à  celle  qu'il  lui  fit  voir. 

Si  quelqu'un  veut  l'appeler  Antéchrist,  et  ses  ministres  messagers 
du  fils  de  perdition,  il  ne  le  calomniera  pas,  mais  l'appellera  de 
son  vrai  nom. 

«  Quand  le  roi  est  inique,  tous  ses  ministres  sont  iniques*.  » 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  le  respectable  habit  monas- 
tique fut  méprisé,  lesévèques  et  les  moines  furent  accablés  d'op- 
probres. L'audace  se  portait  jusque  sur  le  saint  sacrifice.  Aussi  les 
moines  tremblaient-ils  de  sortir  dans  les  rues,  à  cause  des  insultes, 
surtout  de  la  part  du  peuple  de  Tagrit,  d'Arsidonie  et  de  Mossoul. 

C'est  pourquoi  ce  fléau  frappa  [les  habitants  de  ces  villes]  les 
premiers.  Il  s'avança  contre  eux  et  les  fit  passer  dans  des  contrées 
lointaines. 

Le  roi  ne  trouvait  pas  un  homme  selon  son  cœur  en  dehors  de 
celui-ci.  Il  est  écrit^  :  «  J'ai  trouvé  dans  lé  fils  d'ïsaï  un  homme 
selon  mon  coeur.  »  'Abdallah  Ibn  Mohammed  trouva  dans  Mousa 
un  homme  selon  son  C(eur,  qui  accomplissait  tous  les  jours  l'ini- 
quité devant  lui. 

Quand  Mousa  devint  gouverneur  de  Mossoul,  il  rugit  [109] 
comme  un  lion  sur  sa  proie  en  disant:  «  Maintenant  je  poursuivrai 
mes  ennemis  et  je  les  atteindrai  ;  je  ne  retournerai  pas  avant  de  les 
avoir  achevés,  de  les  avoir  frappés  de  telle  sorte  qu'ils  ne  puissent  se 
relever.  Ils  tomberont  sous  mes  pieds;  ils  crieront  et  personne  ne 
viendra  les  délivrer;  ils  appelleront  le  Seigneur  et  il  ne  leur  répon- 
dra point.  Je  les  broierai  comme  la  poussière  à  la  face  du  vent,  je 
les  foulerai  aux  pieds  comme  la  boue  des  places  publiques*.  »  Il 
persécuta,  en  effet,  la  région,  fit  périr  les  hommes  qui  se  trouvaient 


1.  Cf.  Is.,  xiv.  17. 

2.  Cf.  Pror,,  xxix,  12. 

3.  Cfr.  1  Sam.,  xvi. 

4.  P».  xviii,  38,  39,42.4.^. 


92  CHRONIQUE 

dans  l'univers;  il  les  frappa  et  ils  ne  purent  tenir  devant  lui;  ils 
tombèrent  sous  ses  pieds  et  il  les  foula  comme  le  limon  des  places 
publiques  des  villes;  il  les  réduisit  à  Tétat  delà  poussière  dans 
un  tourbillon.  Us  s'en  allaient  de  lieu  en  lieu  implorant  le  secours 
du  Seigneur,  qui  ne  les  arracha  pas  aux  mains  de  cet  homme, 
qui  ne  les  délivra  pas  de  leurs  angoisses.  Leurs  yeux  se  fermaient 
en  attendant  le  libérateur. 

Mousa  demanda  au  roi,  sous  prétexte  de  pacifier  la  contrée,  de 
lui  donner  la  permission  d'envoyer  rechercher  de  tous  côtés  le  peuple 
qui  s'était  enfui  de  Mossoul. 

Il  écrivit  dans  toute  la  région  que  personne  n'osât  s'opposer  à  lui 
ou  à  ses  lieutenants.  Il  envoya  un  homme  pour  chaque  groupe  de 
trois  villes  de  la  Mésopotamie,  car  il  avait  sous  ses  ordres  un 
peuple  nombreux. 

A  Amida,  Arzoun  et  Maipherkat,  vint  un  homme  aussi  méchant 
que  celui  qui  l'avait  envoyé,  du  nom  de  Adam  Ibn  Yézid,  homme 
avare  qui  ne  pensait  point  à  Dieu.  Le  peuple  mossulien,  qui  habi- 
tait dans  la  terre  de  Mésopotamie,  était  extrêmement  riche 
à  cette  époque,  car  il  profitait  de  tout  le  travail  des  habitants  de  la 
contrée  qu'il  dévorait  par  des  rachats  injustes  et  des  usures.  Tandis 
que  le  Seigneur  a  dit^  :  «  Tu  ne  prendras  point  d'intérêt  à  ton 
frère;  tu  ne  donneras  point  ton  argent  à  usure,  »  eux  faisaient  tout 
le  contraire  :  ils  prêtaient  à  usure,  donnaient  leur  argent  pour  des 
rachats*  et  à  des  taux  [exagérés];  ils  devinrent  maîtres  d'esclaves 
et  de  servantes;  ils  possédaient  les  biens  mobiliers,  les  vignes  et  les 
terres:  encore  un  peu,  et  ils  allaient  posséder  toute  la  terre  [IIOJ  qui 
parle  la  langue  des  fils  d'Aram,  et  toute  la  Mésopotamie  était  sur  le 
point  d'appartenir  aux  habitants  de  Narsanbad'.. 

Ils  siégeaient  dans  les  places  publiques  comme  des  dictateurs  et 
les  maîtres  du  pays  ;  ils  se  considéraient  comme  les  chefs  des 
églises  et  ils  les  administraient  eux-mêmes.»  Ils  ne  se  sont  pas  sou- 
venus qu'ils  étaient  des  nouveaux  venus,  des  étrangers  et  des 
pèlerins  dans  ce  pays*.  »  S'ils  ont  ruiné  leur  propre  pays,  comment 
auraient-ils  pu  faire  prospérer  celui  de  leurs  voisins? 

1.  Peut.,  XXIII,  19;  Léc,  xxv,  37. 

2.  C'est-à-dire,  d'après  le  contexte,  moyennant  un  contrat  aux  termes 
duquel  ou  devait  les  rembourser  en  nature,  avec  des  denrées  qu'on  leur 
cédait  à  un  prix  audessous  du  cours. 

3.  Ce  nom  se  reucontre  trois  fois  dans  la  Chronique  ecclésiastique  de  Bar 
Hébréus  (II,  177).  Voir  la  note  des  éditeurs.  —  On  peut  aussi  lire  Narsibadié^ 
au  lieu  de  Na/sanbadiâ. 

4.  Cf.  Hebr.,  XI,  13. 


DE   DENYS   DE    TELL-MAHRÉ  93 

La  parole  prophétique  a  été  accomplie  en  eux^  :  «  Ne  sois  pas 
jaloux  de  ceux  qui  font  mal,  ne  sois  point  envieux  de  ceux  qui 
commettent  l'iniquité;  car,  comme  le  foin,  ils  se  dessécheront  rapi- 
dement, comme  l'herbe  verte  ils  se  faneront  :  le  matin  elle  germe 
et  pousse,  et  le  soir  elle  est  fanée  et  desséchée.  »  En  vérité,  ils  de- 
vinrent orgueilleux  et  hautains  outre  mesure.  «  Mais  le  Seigneur 
renverse  la  maison  des  orgueilleux  *;  »  ils  ont  été  humiliés,  ils 
ont  été  arrachés,  ils  ont  péri  comme  une  ileur  sous  le  soleil. 

Quand  celui  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  vint  pour  entrer 
dans  ces  villes  et  les  occuper,  tous  s'enfuirent  devant  lui.  Tous  étant 
des  marchands  ou  des  grainetiers  ne  possédant  pas  grand'chose, 
ils  cachèrent  leurs  effets,  emportèrent  leurs  enfants  sur  leurs 
épaules  et  prirent  la  fuite.  Il  y  avait  de  quoi  pleurer  sur  eux.  Ils 
erraient  à  travers  les  montagnes,  dénudés,  affamés,  tourmentés 
comme  un  fétu  de  paille  pendant  la  tempête. 

D'autres  étaient  entrés  dans  les  chambres  les  pi  us  reculées  et  res- 
taient enfermés,  comme  des  morts,  dans  des  pièces  secrètes  et 
obscures  ;  ils  eurent  des  ulcères  et  perdirent  l'aspect  humain,  ils 
avaient  l'apparence  des  morts  qui  sont  dans  les  tombeaux.  C'était 
l'été  :  ce  qui  aggrava  leurs  souffrances.  Ceux  qui  avaient  fui  mou- 
rurent de  faim  avec  leurs  enfants  dans  les  montagnes  et  dans  les 
cavernes,  tandis  qu'ils  erraient  d'une  montagne  à  Tautre.  Ceux 
qui  étaient  cachés  dans  les  maisons  périrent  par  la  fièvre,  la 
frayeur,  le  chagrin,  la  chaleur;  et  ceux  chez  lesquels  ils  étaient  ca- 
chés craignaient  encore  plus  qu'eux,  car,  partout  où  l'on  en  trouvait 
un,  [111]  on  accablait  le  receleur  de  cruelles  afflictions,  ainsi 
que  la  maison  où  il  était  trouvé.  Un  héraut  annonça  aussi  que  : 
«  Quiconque  cache  un  habitant  de  Mossoul  payera  telle  amende,  et 
tout  ce  qu'il  possède  sera  vendu.  » 

Dès  lors  on  eut  peur,  et  chacun  renvoya  celui  qu'il  avait  chez 
soi.  On  proclama  encore  :  «  Celui  qui  prendra  un  homme  de 
Mossoul  recevra  pour  sa  récompense  quarante  zouz.  »  Quand  le 
peuple  cruel  et  sans  Dieu  des  tondus,  des  misérables  Arabes, 
entendit  cela,  ce  fut  pour  eux  l'occasion  d'un  lucre.  Ils  épiaient 
l'endroit  où  quelqu'un  d'eux  était  caché,  et  s'il  venait  à  sortir, 
même  pendant  la  nuit,  ils  s'en  emparaient  sans  pitié  et  le  sollici- 
taient en  disant  :  ((  Donne-nous,  ou  nous  t'emmènerons  et  nous 
recevrons  la  récompense  de  quarante  zouz.  »  Kt  lx)n  gré,  mal  gré, 
ils  lui  extorquaient  [quelque  chose]  et  le  renvoyaient  ensuite;  et  il 


1.  Ps.  XXXVII,  1.  2. 

2.  Proc,  XV,  25. 


94  CHRONIQUE 

arrivait  qu'il  tombait  après  cela  de  nouveau  entre  les  mains 
d'autres  plus  méchants  que  les  premiers. 

Comme  c^était  un  homme  rusé  et  astucieux,  il  n'ignorait  pas  plus 
Fendroit  où  quelqu'un  d'entre  eux  avait  caché  quelque  chose  que 
si  la  chose  elle-même  lui  eût  crié:  «  Je  suis  ici.  j'appartiens  à  ud 
tel.  ))  Il  trouvait  tout,  et  tout  se  découvrait  à  lui,  comme  il  est  écrit 
du  fils  de  perdition,  aussi  promptement  que  si  lui-même  eût  caché 
ou  déposé  ces  objets. 

Quant  à  ceux  qui  avaient  pris  des  femmes  syriennes,  avaient 
engendré  des  enfants,  étaient  mêlés  avec  les  Syriens  et  n'étaient  pas 
connus  des  Araméens,  lui  les  découvrait  facilement.  Il  saisissait 
les  cheiks  du  vilLagc  dans  lequel  ils  habitaient,  et  faisait  pleuvoir 
sur  leur  corps  de  cruoUos  bastonnades,  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent 
fourni  des  cautions  ot  les  lui  eussent  livrés. 

Il  s'empara  ainsi  d*eux  tous  et  les  obligea  à  répondre  l'un  pour 
Tautre;  il  vendit  aussi  tout  ce  qu'ils  possédaient  et  s'en  attribua  le 
prix;  il  les  pressura  tous,  comme  fait  le  teinturier,  puis  il  les 
emmena  et  les  reconduisit  à  leur  pays.  [112]  Là,  il  les  enferma.  La 
famine  sévit  sur  eux  avec  diverses  maladies  et  des  épidémies,  de 
sorte  qu'un  petit  nombre  seulement  d'entre  eux  survécut.  Les 
riches  et  les  grands  qui  se  trouvaient  parmi  eux  vendirent  ce 
qu'ils  possédaient,  lui  en  livrèrent  le  prix  et  demeurèrent  dépouillés 
de  tout;  il  ne  resta  rien  à  aucun  d'entre  eux. 

Ce  scélérat  ayant  promis  par  serment  de  ne  prendre  à 
aucun  d'eux  un  zouz  ou  une  obole,  il  exigeait  d'eux  des  dinars 
d'or.  Il  y  en  avait  parmi  eux  qui,  même  en  vendant  tout  ce 
qu'ils  possédaient,  pouvaient  à  peine  former  la  somme  qu'il 
exigeait  d'eux. 

Du  signe  qui  apparut  dans  les  deux  en /orme  de  balai. 

L'an  1080  (708  709),  au  mois  de  yar  [mai],  un  signe  apparut 
en  forme  de  balai  au  \ord-Hlst.  Lorsqu'il  apparaissait  dans  ce  coin 
[du  ciel],  il  se  levait  obscur  comme  s'il  avait  balayé  la  poussière 
d'une  maison.  Au  matin,  on  le  voyait  qui  inclinait  sa  chevelure 
vers  la  terre. 

Il  marchait  peu  à  peu  en  avant,  jusqu'à  ce  qu'il  arrivât  dans 
l'axe  de  la  roue  qui  est  dans  le  ciel,  dans  laquelle  il  fut  absorbé 
et  disparut.  Sa  forme  étail  la  même  que  celle  tracée  plus  haut*. 

1.  Voir  ci-dessus,  page  03;  page  73  du  texte. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  95 

Ce  signe  éuit  parfaitement  et  convenablement  appelé  balai  : 
car,  de  même  qu'on  fait  entrer  la  pelle  et  le  balai  dans  la  maison 
pour  la  nettoyer  et  la  l)alayer,  de  même  il  balaya  le  monde  et  fît 
périr  tout  ce  qu'il  y  avait  dedans. 

D'abord,  en  cette  année-là,  périrent  tous  les  animaux  domes- 
tiques, surtout  le  petit  bétail. 

Une  neige  abondante  et  épaisse  couvrit  la  terre  et  y  resta  si 
longtemps  que  les  bêtes  furent  consumées  parla  faim.  11  y  eut  de 
nombreux  [113]  accidents,  et  il  arriva  çà  et  là  que  la  neige  en  tom- 
bant surprit  un  troupeau  avec  ses  bergers,  et  que  le  troupeau  périt 
avec  ses  pasteurs. 

Ensuite  le  vent  du  sud  et  de  Test,  accompagné  de  neige,  souffla 
avec  violence  pendant  trois  jours  et  trois  nuits  et  fît  périr  beaucoup 
de  personnes  et  d'animaux  domestiques,  surtout  le  petit  bétail. 
Un  grand  nombre  d'hommes  qu'il  surprit  en  route  tombèrent 
morts,  eux  et  leurs  ânes. 


Du  peuple  qui  monta  de  la    région    inférieure,    en    Van  1078 
(766-767),  et  s'appelait  Géant  dans  la  langue  priniitice. 


A  cette  époque,  le  roi  envoya  de  la  région  de  Perse  un  peuple 
qui  monta  s'établir  sur  la  frontière  des  Romains.  C'étaient  des 
hommes  sans  vêtements  et  sans  chaussures,  ainsi  que  leurs  femmes 
et  leurs  enfants,  car  ils  ne  savaient  rien  faire.  Ils  n'apprenaient 
rien  à  leurs  enfants  ;  leurs  femmes  mêmes  ne  savaient  pas  tra- 
vaillerjla  laine.  Tout  leur  art  consistait  à  se  cacher  jour  et  nuit  sur 
les  chemins  pour  tuer  et  dépouiller,  et  pour  couper  les  routes. 
Comme  ils  habitaient  dans  des  montagnes  inaccessibles,  per- 
sonne ne  pouvait  les  dompter.  Ils  poussèrent  l'audace  jusqu'à 
s'élever  contre  le  roi  et  à  couper  la  route  au  trésor  du  prince  des 
croyants. 

Parce  qu'ils  avaient  fait  cela,  et  aussi  parce  que  toute  la  contrée 
était  soulevée  par  eux,  le  roi  envoya  contre  eux  une  forte  armée. 
Il  les  dévasta,  les  pilla,  les  enchaîna;  il  les  rassembla  tous,  voulant 
les  faire  périr  par  le  glaive.  Déjà  il  avait  fait  crucifier  leurs  chefs, 
et  se  disposait  à  mettre  son  projet  à  exécution,  lorsque  des  hommes 
craignant  Dieu  lui  conseillèrent  de  les  envoyer  [114]  aux  frontières 
contre  les  ennemis,  afin  qu'ils  demeurassent  là  ou  qu'ils  fussent 
tués  par  les  Romains.   Il  mit  promptement  à  exécution  le  conseil 


J 


] 


96  CHRONIQUE 

qu'il  avait  reçu,  les  envoya  et  les  fit  monter  pour  habiter  dans  la 
région  agitée,  en  face  de  Qamah. 

Ils  étaient  environ  trois  cent  mille.  Mais  ils  s'enfuirent  et  se 
répandirent  sur  toute  la  région;  il  n'en  resta  là  qu'un  petit  nombre, 
et,  comme  le  pays  était  froid  et  qu'ils  étaient  nus,  la  plupart  mou- 
rurent au  premier  hiver  qui  les  saisit.  Mais  ceux  qui  restèrent  ne 
cessfèrent  pas  leurs  premiers  méfaits.  • 


De  la  reatauration  de  la  grande  église  d^Amida. 

A  cette  époque*,  les  habitants  d'Amida  firent  une  considérable  et 
merveilleuse  restauration  à  leur  grande  église,  qui  avait  été  bâtie 
par  l'empereur  fidèle  et  craignant  Dieu,  Héraclius*.  Depuis  sa 
première  construction,  cette  église  n'avait  pas  été  restaurée.  Comme 
elle  était  détériorée  et  sur  le  point  de  s'écrouler,  ils  s'occupèrent  de 
sa  restauration.  L'abbé  Mar  Aba,  évêque  de  la  ville,  l'honorable 
Mar  Georges,  visiteur,  et  Thomas  l'archidiacre  en  prirent  grand 
soin  et  y  firent  de  grandes  dépenses;  ils  changèrent  tout  ce  qui 
était  pourri  à  l'intérieur,  le  refirent  à  neuf,  et  rendirent  l'église 
aussi  brillante  qu'au  moment  de  sa  première  construction. 


De  Vordre  donné  par  le  roi  de  recenser  les  biens  des  églises 

et  des  monastères. 


Satan,  qui  en  tout  temps  déteste  ce  qui  est  bien,  ne  cessa  pas 
non  plus  alors  d'exciter  des  divisions  et  des  troubles  dans  les  églises 
et  les  monastères.  —  «  L'homme  prendra  parti  [115J  contre  son 
père,  la  fille  contre  sa  mère,  la  bru  contre  sa  belle-mère  ;  les  ennemis 
de  l'homme,  ce  sont  ses  familiers*.  » 

A  cette  époque  parut  un  édit  du  roi  ordonnant  de  saisir  les  supé- 
rieurs des  monastères  et  des  églises,  et  de  recenser  les  biens  de 
leurs  monastères,  de  leurs  églises  et  des  temples. 

Voici  la  cause  de  cet  édit  : 

SaUm,  qui  s'était  choisi  un  disciple  dans  le  saint  collège  des 


1.  AssEMANi  (Rilil.  or.,  II,  114)  rapporte  ce  fait  et  les  suivants    à  l'année 
1081  (770). 

2.  Cf.  ci-dessus,  p.  5, 

3.    MiCHKL,  VII,  6 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  97 

Apôtres,  Judas  Iscariote,  se  choisit  aussi  maintenant  un  homme  du 
saint  monastère  de  Mar  Mattaï\  dans  la  région  de  Mossoul,  qui 
s'appelait  Zo^ara. 

A  cause  d'une  querelle  qu'il  avait  eue  avec  le  supérieur  de  ce 
monastère,  il  imita  Judas,  son  maître,  qui  livra  Notre-Seigneur  à 
la  mort.  Il  ne  resta  pas  au-dessous  de  ce  traître.  Satan  lui  inspira 
non  seulement  de  faire  comme  lui,  mais  de  le  dépasser;  d'occa- 
sionner non  pas  un,  mais  plusieurs  meurtres;  de  perdre  non 
seulement  un,  mais  plusieurs  lieux  ;  il  ne  voulut  pas  démolir 
seulement  un,  mais  plusieurs  couvents. 

Celui-ci,  séparé  comme  un  loup  d'avec  les  brebis,  descendit 
auprès  de  Djaffar',  fils  du  roi,  et  lui  dit  :  «  Tout  l'or  de  la  famille 
de  Hiâam  et  de  la  famille  de  Marwan  se  trouve  dans  tel  monas- 
tère. ))  Et  il  ne  laissa  rien  de  ce  monastère  sans  le  lui  faire  con- 
naître. 

DjafiEar  envoya  au  monastère  des  serviteurs  cruels  qui  prirent 
out  ce  qu'il  y  avait  dedans,  et  même  tous  les  ornements  sacrés, 
qui  enchaînèrent  les  moines  dans  de  dures  entraves  et  les  condui- 
sirent près  de  leur  maître.  DjaSar  les  tortura  et  les  emprisonna 
cruellement,  en  leur  réclamant  ce  dont  lui  avait  parlé  ce  second 
Judas. 

C'est  à  cette  occasion  que  parut  l'édit  ordonnant  de  faire  dans 
toute  la  contrée  le  recensement  des  biens  des  monastères. 

Tandis  que  tout  le  monde  croyait  qu'on  allait  les  confisquer,  il 
arriva  à  Djafïar  ce  qui  était  arrivé  à  Balthazarqui,  lui  aussi,  profana 
les  vases  [116]  des  divins  mystères  et  voulut  s'en  servir  pour  lui  et 
ses  concubines \  Ici  non  plus,  Dieu  ne  détourna  pas  les  yeux  de  son 
Eglise  et  de  son  peuple:  il  envoya  à  Djaffar  l'esprit  malin  qui  le 
suffoquait.  Dja^ar  renvoya  alors  les  moines  qui  reprirent  leur  bien 
et  retournèrent  à  leur  monastère. 

Ainsi  se  termina  cette  affaire.  On  ne  fit  plus  ensuite  d'autre 
perquisition,  car  l'esprit  malin  fit  périr  Djaffar*. 


1.  Cf.  lotroducttOD,  p.  XXVI. 

2.  Abou  Djaffar  Mansour,  fils  de  Mohammed  et  frère  du  khalife  Al-Saffah, 
régnait  lui-même  à  cette  époque.  Deuys  semble  avoir  confondu  les  noms 
de  ces  princes.  11  a  mentionné  plus  haut  (p.  62i,  Tavènement  de  Mansour 
sous  le  nom  de  ^Abdallah  Ibn  Mohammed.  Voir  les  tables  chronologiques 
et  généalc^ques  de  l'Introduction . 

3.  Dan.,  v. 

4.  Abou  Djaftar  mourut  en  775. 


98  CHRONI 4VK 


De  la  prospérité  du  pays  et  des  maux  qu'elle  causa. 

Voulant  faire  connaître  les  angoisses  qu'a  supportées  la  con- 
trée, nous  ferons  d'abord  connaître  sa  prospérité,  et  nous  montre- 
rons d'où  et  jusqu'où  est  tombée  celle  qui  était  riche  et  glorieuse. 

En  ce  temps,  la  contrée  fut  très  prospère,  surtout  la  Mésopotamie 
et  la  région  septentrionale.  Elle  était  remarquable  par  les  céréales, 
les  vignes,  la  multitude  du  bétail.  Toute  la  terre  fut  remplie  de 
bandes  de  chevaux,  de  troupeaux  de  chèvres.  Les  hommes  possé- 
dèrent des  provisions  en  abondance.  De  sorte  que  le  vin  s'accu- 
mulait sur  le  vin  et  le  blé  sur  le  blé.  «  En  vérité,  Israël  a  été 
engraissé  et  il  a  regimbé.  Ils  n'ont  pas  dit:  Béni  soit  le  Seigneur 
qui  nous  a  enrichis  %  »  mais  ils  se  jetèrent  sur  les  biens  des  monas- 
tères et  des  églises  en  disant:  ((  De  quoi  l'Église  a-t-elle  besoin? 
Nous  en  avons  besoin,  nous  qui  payons  l'impôt  et  avons  des 
enfants.  »  Ils  avaient  en  effet  beaucoup  d'enfants;  ils  s'enrichirent 
considérablement  et  possédèrent  tous  des  biens;  ils  devinrent  alors 
hautains,  orgueilleux^  jaloux,  adultères,  fornicateurs,  ivrognes, 
voleurs,  faux  témoins,  de  sorte  qu*ils  allaient  tomber  dans  l'abîme 
de  tous  les  vices,  si  [Dieu]  ne  «  leur  avait  envoyé  Tange  vengeur 
qui  traça  au  milieu  d'eux  de  cruels  sillons*  ». 

Quand  un  homme  avait  un  procès  avec  son  voisin,  et  que  le 
juge  exigeait  de  lui  des  témoins,  [1 17]  ilallait  surla  place  publique, 
et  en  rencontrant  un  voisin,  il  lui  disait:  «  Un  tel,  veux-tu  témoi- 
gner en  ma  faveur?»  Celui-ci  répondait  promptement  et  disait: 
((  Je  le  jure  sur  la  parole  de  Dieu.  —   De  quoi  s'agit-il?»   Et  il 

faisait  les  serments  avant  de  connaître  l'affaire. 

* 

Que  méritait  un  tel  peuple,  sinon  ce  qui  arriva?  —  «  Le  châ- 
timent écrasera  si  fort  les  hommes  qu'ils  y  réfléchiront,  et  ils  ne 
méditeront  pas  sur  de  vaines  paroles.»  Et  ceci  :  «  Il  n'y  aura  plus 
de  délai  pour  mes  paroles*.  »  Les  habitants  d'un  village  entre  eux, 
ou  [ceux  d']un  village  avec  [ceux  d']un  autre  village,  se  faisaient 
continuellement  des  procès  au  sujet  des  limites  de  leurs  champs, 
et  les  malheureux  ne  savaient  pas  que  dans  peu  de  temps  le  fléau 
viendrait  sur  eux;  qu'ils  ne  posséderaient  plus  alors  ni  vignes,  ni 
maisons,  ni  champs,  mais  que  leurs  propriétés  seraient  dévastées 
sans  personne  qui  les  traverse  ou  les  habite. 

1.  Deut.^  XXXII,  15. 

2.  Pa.  Lxxviii,  48-49. 

3.  Cf.  Kjrod.,  V,  9.  —  Ezecii.,  xii,  8. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  99 

L'institution  monastique  même  sortit  en  dehors  de  toute  con- 
venance. Les  moines,  au  lieu  d*[observer  le  conseil]:  a  Prends  ta 
croix  et  suis- moi  \  »  acquirent  des  chevaux,  des  troupeaux  de 
bœufs,  des  troupes  de  chèvres  et  de  moutons;  ils  achetèrent  des 
champs,  chacun  personnellement  en  dehors  de  la  propriété  de  la 
communauté;  ils  sortirent  dehors  pour  acquérir  des  vignes  et  des 
maisons  dans  les  villages;  pour  monter  en  selle  comme  des 
payens,  pour  vivre  selon  leur  bon  plaisir,  sans  obéir  au  supérieur 
qui  leur  avait  été  imposé  par  Dieu. 

Ne  pense  pas,  6  sage,  que  c*est  parce  que  j'aime  à  accuser  les 
hommes  que  je  raconte  ces  choses;  mais  je  veux  montrer  la  bonté, 
la  miséricorde,  la  douceur,  la  longanimité  de  Dieu. 

Considère  et  comprends  après  cela  dans  quel  abîme  nous  sommes 
descendus  et  quelles  angoisses  nous  ont  atteints. 

Des  esclaves  qui  se  révoltèrent  à  ffarran^ 
ville  de  la  Mésopotamie. 

Acetteépoque,  de  nombreux  esclaves  s'entendirent  secrètement,  se 
réunirent  au  |118]  nombre  d'environ  cinq  cents  hommes  :Mèdes*, 
Sindhiens  et  Khazares,  prirent  les  armes  et  envahirent  au  milieu 
du  jour  la  ville  de  Harran.  Ils  dirigèrent  leurs  efforts  contre  le 
trésor  royal  et  passèrent  au  fil  de  l'épée  tout  ce  qu'ils  rencontrèrent 
devant  eux.  Ils  voulaient  envahir  le  trésor  et  prendre  ce  qu'il 
contenait.  *Abbas  en  apprenant  cela  fut  effrayé;  il  rassembla  une 
armée  considérable  et  vint  à  leur  rencontre.  Dans  le  combat 
qu'ils  engagèrent,  il  y  eut  beaucoup  d'hommes  tués  des  deux  côtés, 
mais  les  esclaves  eurent  enfin  peur  et  prirent  la  fuite.  Beaucoup 
d'entre  eux  furent  tués,  d*autres  furent  faits  prisonniers  et  le  reste 
s'enfuit.  'Abbas  saisit  aussi  leurs  maîtres  ;  il  en  frappa  et  fit  périr 
plusieurs. 

De  C expédition  du  roi  dans  la  région  septentrionale;  de  la 
reconstruction  de  Callinice;  de  Porigine  de  tous  les  maux  qui 
vinrent  sur  la  terre. 

Puisque  nous  avons  fait  connaître  la  richesse  et  la  fertilité  de  la 
contrée  et  tous  les  bienfaits,  nous  parlerons  aussi  du  peuple  cruel, 
et  de  Torigine  de  tous  les  maux. 

1.  Cf.  Luc,  IX,  23. 

2.  AssKMANi  (Bibl.  or.j  II,  114)  a  lu  :  Maures. 


100  CHRONIQUE 

Il  est  écrit  dans  le  prophète^  :  «  Voici  Assur:  il  est  la  verge  de 
ma  colère.  Le  bâton  qui  est  dans  ses  mains,  c'est  celui  de  mes 
coups.  Je  l'enverrai  sur  une  nation  trompeuse.  Je  lui  donnerai  des 
ordres  contre  un  peuple  de  vengeance,  afin  qu'il  pille,  butine,  fasse 
des  captifs,  et  le  foule  au  pied  comme  la  boue  des  places  publi- 
ques. »  Et  encore  *  :  «  Parce  qu'ils  ont  dit  :  Voici  que  les  grands 
sont  ensemble,  ils  sont  rois;  à  cause  de  cela  le  Seigneur  ne  mettra 
pas  sa  joie  dans  leurs  jeunes  hommes.  Il  n'aura  point  pitié  de  leurs 
orphelins,  ni  de  leurs  veuves.  Car  tous  sont  impies  et  méchants,  et 
toute  bouche  a  parlé  folie.  Et  il  ne  s'est  trouvé  personne,  dit-il,  qui 
remuât [119]  Taile,  ouvrit  la  bouche  et  fitentendre  le  moindre  cri 
en  leur  présence'.  Il  est  venu  à  Anath;  à  Makmas  il  a  déposé  ses 
bagages;  il  a  passé  le  passage  de  GabaS  vers  Beit  Baitan;  Rama  a 
été  frappée  de  stupeur  ;  Gabaath  de  Saul  a  pris  la  fuite*.  Il  a  levé 
sa  main  sur  les  montagnes  de  Sion  et  sur  les  collines  de  Jérusa- 
lem ^  »  Le  prophète  a  très  bien  dit  :  car  il  a  vu  d'un  œil  prophétique 
ce  maudit  serpent  qui  rAdait. 

Cette  année-là,  le  prince  quitta  l'endroitoù  il  demeurait  avec  tous 
ses  grands  et  vint  se  cantonner  dans  la  région  septentrionale  avec 
des  troupes  innombrables.  Il  vint  à  Mossoul.  Tous  les  habitants, 
grands  et  petits,  se  réunirent  et  se  plaignirent  à  lui  des  maux,  des 
déprédations,  des  tourments  et  du  ravage  que  leur  infligeait 
Mousa  Ibn  MouQ^ab.  Mais  comme  le  roi  se  complaisait  beaucoup 
plus  dans  la  dévastation  que  dans  la  paix,  il  les  chassa  de  sa 
présence,  et  fit  même  subir  des  châtiments  sévères  aux  principaux 
d*entre  eux.  Il  se  félicita  et  se  réjouit  d*avoir  trouvé  en  Mousa  un 
homme  selon  son  cœur  :  ((  J'ai  trouvé,  dit-il,  un  homme  selon  mon 
cœur,  qui  accomplira  toutes  mes  volontés  et  fera  tout  ce  que  je 
désire.  Dorénavant,  il  marchera  devant  moi  dans  l'iniquité  pen- 
dant  toute  ma  vie.  » 

Tandis  que  le  prince  s'apprêtait  à  entrer  en  Mésopotamie,  'Abbas, 
son  frère,  émir  de  la  Mésopotamie,  apprit  cela.  Il  savait  que  c'était 
un  homme  plus  ami  de  la  dévastatioa  que  de  la  paix.  Or,  la  région 
mésopolamienne  était  riche  en  vignes,  en  céréales,  et  elle  était  très 
peuplée  au  temps  de  ^Abbas,  car,  c'était  un  homme  miséricordieux 
et  pacifique.  Il  envoya  dire  promplement  en  tous  lieux:  «  Fuyez 
et    laissez  les  villages  sans  habitants  en   sa    présence.   »   Mais 

1.  ISAIB,  X,  5-6. 

2.  I8.,  X,  9;  IX,  17. 

3.  Is.,  X,  14. 

4.  I8.,  X,  28. 

5.  Is.,  X,  32. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  101 

les  paysans  ne  comprirent  point  et  ne  saisirent  point  ce  qu'on  leur 
disait;  ils  restèrent  tranquilles. 

Lorsque  le  prince  entra  [dans  le  pays],  il  vit  une  région  fertile  et 
abondante,  belle,  pleinede  biens,  [120]car  c'était  au  moisdeyar[mai] 
et  toutes  les  récoltes  étaient  encore  sur  la  terre.  Or,  quand  il  vit  et 
considéra  cette  région  fertile  et  très  peuplée,  il  n'agit  pas  comme 
il  convenait  à  l'égard  de  son  frère.  En  voyant  le  pays  prospère 
sous  le  gouvernement  de  ce  dernier,  au  lieu  de  l'en  remercier,  il 
rugit  contre  lui  comme  u^  lion  qui  veut  saisir  sa  proie,  et  quand 
celui-ci  vint  au-devant  de  lui  pour  le  recevoir  avec  pompe  comme 
il  convient  à  un  roi,  il  le  cbassade  sa  présence,  le  repoussa  comme 
un  vil  rejeton  et  ne  lui  permit  pas  même  de  se  présenter  devant  lui. 
«Où  est,  dit-il,  ce  désert  de  Mésopotamie  dont  tu  m'as  parlé?» 
Il  lui  retira  son  gouvernement,  lui  prit  tout  ce  qu'il  avait  et  usa 
envers  lui  de  tous  les  mauvais  traitements.  Après  avoir  fait  cela  à 
son  frère,  il  vint  à  Nisibe,  puis  à  Kepher-Touta  \  et  s'avança 
jusqu'à  Callinice'. 


De  la  reconstruction  de  Callinice. 

Cet  homme  avait  une  propension  à  suivre  les  magiciens  et  les 
devins.  Il  écoutait  et  faisait  tout  ce  qu'ils  lui  disaient.  Il  les 
consulta  donc  sur  les  temps  et  les  règnes.  Ceux-ci  ramassèrent  des 
paroles  sottes  et  insipides  qu'ils  lui  offrirent  et  lui  donnèrent, 
comme  c'est  d^ailleurs  la  coutume  des  démons  d'induire  en  erreur 
ceux  qui  les  écoutent.  Us  lui  dirent  :  «  Il  y  aura  un  roi  fort,  qui 
bâtira  une  ville  à  côté  de  Callinice  ;  il  ira  ensuite  à  Jérusalem  et  y 
bâtira  une  mosquée.  Il  doit  régner  quarante  ans.  »  —  Ce  misérable 
dit  :  «  C'est  moi  !»  —  Il  fît  venir  des  ouvriers  de  toute  la  Mésopota- 
mie; il  leur  ordonna  de  faire  des  briques,  et  aux  architectes  de 
bâtir  le  mur.  [121J 


De  la  fuite  des  Arméniens  du  territoire  des  Romains,  et  de  la 
défaite  que  les  Arabes  infligèrent  aux  Romains, 

Tandis  que  le  roi  était  à  Callinice,  les  Arméniens  sortirent  du 
territoire  des   Romains.  Ils  vinrent  demander  au  gouverneur  qui 

1.  Ville  de  la  Mésopotamie,  située  près  de  Mardin. 

2.  Cf.  Wbil,  Gêsch.  der  Chaliphen,  II,  57. 


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102  CHRONIQUE 

était  alors  préposé  aux  forteresses  de  l'intérieur  de  venir  au- 
devant  d'eux.  Ils  voulaient  rentrer  en  Mésopotamie.  Ils  étaient  de 
ceux  qui  avaient  pénétré  avec  Kouâan' .  Ils  prirent  donc  leurs  familles 
et  s'en  allèrent,  et  les  Arabes  de  leur  côté  vinrent  au-devant  d'eux. 
Le  gouverneur  de  Qamah,  en  apprenant  ces  choses,  organisa  une 
armée,  se  mit  à  leur  poursuite,  et  les  rejoignit  avec  leurs  familles 
tandis  qu'ils  campaient  dans  une  plaine. 

Or,  les  Arméniens  sont  fourbes  dès  l'origine  et  vivent  toujours 
de  fourberie.  Quelques-uns  d'entre  eux  s'échappèrent  et  firent 
savoir  aux  Arabes  où  ils  étaient  campés  :  car  ils  n'étaient  pas  très 
éloignés. 

Tandis  que  les  Romains  eux-mêmes  campaient  et  dormaient 
sans  précaution,  les  Arabes  les  joignirent  à  la  seconde  veille  de  la 
nuit  et  tombèrent  sur  eux  à  l'improviste.  Ils  les  passèrent  au  fil  de 
l'épée  et  en  prirent  un  grand  nombre.  Ils  firent  conduire  à  Calli- 
nice,  près  du  roi,  ceux  qui  étaient  captifs  et  les  têtes  de  ceux  qui 
avaient  été  tués.  Ils  espéraient  obtenir  de  celui-ci  un  présent  en 
même  temps  que  de  la  renommée  et  de  la  gloire.  Mais  au  lieu  de 
leur  donner  un  présent,  il  les  reçut  au  contraire  très  mal.  On  dit 
même  qu'il  confisqua  leurs  biens. 

Du  recenseur  que  le  roi  envoya  dans  le  pays. 

Quand  le  roi  vit  la  contrée  bien  peuplée,  il  voulut  faire  le  ta^dil, 
[122]  non  pas  parce  qu'il  se  réjouissait  de  voir  la  contrée  fertile  et 
prospère,  mais  pour  inscrire  beaucoup  d'hommes  comme  soumis  à 
la  capitation,  etpour  accroître  le  tribut  et  les  tribulations  de  ce 
pays.  Il  fit  venir  des  hommes  méchants  et  astucieux  qu'il  établit 
gouverneurs,  et  les  envoya  dans  le  pays  inscrire  tous  les  hommes 
pour  le  tribut  de  capitation. 

Du  çauphi*  et  du  décimateur  qu'il  enooya  aussi  dans  le  pays. 

Le  prince  établit  ensuite  des  hommes  cruels  pourleçauphi  et  la 
dîme. 

1.  Cf.  ci-dessus,  p.  57. 

2.  AssKMANi  a  traduit  ce  mot  par  Sopbène  :  «  praefectos  in  Sophenem 
misit;  »  (Dibl.  or.,  II,  114).  Le  contexte  ne  permet  pas  cette  interprdtation. 

iLitf  I  produit,  reoenu,  est  un   terme   de  commerce  :  produit  net,  c« 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  103 

Le  gouverneur  préposé  au  çauphi  était  un  mage,  homme  sans 
Dieu  et  sans  miséricorde.  Il  parcourut  toutes  les  villes  de  la  Méso- 
potamie. Il  recensa  les  places  publiques  et  tous  les  lieux  dans 
lesquels  on  vendait  quelque  chose  ainsi  que  les  boutiques  du 
marché.  Toule  boutique  de  la  place  publique  qui  ne  se  trouvait  pas 
comprise  dans  le  ta*dil,  fut  confisquée  comme  appartenant  au 
roi  ;  tout  moulin  pareillement. 

Il  mesurait  au  cordeau  les  places  publiques  d'une  porte  de  la 
ville  à  Tautre,  de  l'orient  à  l'occident  et  du  nord  au  sud,  et  en 
dehors  de  la  place  publique,  il  mesurait  quarante  coudées  de  côté 
et  d'autre  et  il  occupait  soit  les  maisons,  soit  les  boutiques  qui  se 
trouvaient  dans  ces  quarante  coudées  et  les  recensait.  Il  inscrivait 
au  çauphi,  comme  appartenant  au  roi,  tout  endroit  qui  n'avait 
point  été  inscrit  dans  le  ta^dil,  soit  jardin,  soit  moulin,  soit 
champ  cultivable. 

Il  recensa  même  le  mur  de  la  ville  dans  toute  son  étendue  avec 
ses  tours,  et  il  inscrivit  également  quarante  coudées  autour,  tout  le 
long  de  la  ville. 

Ainsi  fit-il  dans  toutes  les  villes  de  la  Mésopotamie  et  de  la  région 
occidentale,  car  il  parcourut  la  Mésopotamie,  l'Occident  et  même 
l'Arménie  I  V«. 

D'antres  personnes  reçurent  ces  lieux  de  lui  à  ferme^  et  lui- 
même  descendit  à  Harran. 

Il  n'y  avait  plus  que  vol  et  rapine.  Celui  qui  s'en  allait  était 
pris;  celui  qui  venait  était  pris  de  même,  plumé  et  dépouillé  de 
tout  ce  qu*il  avait  avec  lui;  ils  s'emparaient  de  quiconque  avait 
quelque  chose,  soit  acheteur,  soit  vendeur,  [123]  et  lui  enlevaient 
son  bien.  Ils  sortaient  aussi  dans  les  champs  et  sur  les  routes  et 
saisissaient  tous  les  voyageurs. 


Du  décimateur. 

Le  roi  établit  aussi  un  autre  intendant  de  la  dlme  qu'il  envoya 
dévaster  la  contrée. 
Celui-ci  vint,  entra  dans  les  villes  et  pénétra  dans  les  boutiques. 

qa'on  retire  d'une  chose  vendue  tous  frais  faits  et  toutes  charges  déduites.— 

ii    '|K  C9  qui  a  été  confisqué, eX  delà  :  le  domaine  du  prince.  Dozv,  Suppl. 

aux  Diet.  arab.,  I,  838.  —  Il  s'agissait,  comme  on  le  voit  par  la  suite,  d'un 
droit  de  patente  perçu  sur  les  commerçants  et  caiculè  sans  doute  d'après 
leurs  bénéfices. 


104  CHRONIQUE 

Il  inscrivait  ce  qu'il  trouvait  dedans.  S'il  y  en  avait  pour  cent  zouz 
il  en  inscrivait  deux  cents,  et  il  prenait  une  dlme  de  cinq  zouz  pour 
cent,  et  quand  il  pouvait  de  dix.  Ils  occupaient  aussi  les  routes  et 
Is  dépouillaient  quiconque  venait,  passait  ou  allait. 

Les  misérables  qui  étaient  dans  les  villes  sortaient  et  se  répan- 
daient la  nuit  sur  les  routes.  Ils  entraient  et  se  dissimulaient  dans 
les  vignes  situées  sur  le  passage  de  la  grande  route,  et  saisissaient 
violemment  les  pauvres  marchands  qui  passaient,  de  même  que 
ceux  qui  entraient  pour  chercher  de  la  garance. 

Ils  leur  disaient  :  ((  Donne-nous  tant,  ou  nous  te  conduirons  à 
l'émir.  »  Et  ils  leur  extorquaient  ainsi  autant  qu'ils  voulaient.  Ils 
prenaient  également  les  pauvres  gens  qui  étaient  venus  pour  cher- 
cher de  la  garance  ;  ils  leur  enlevaient  tout  ce  qu'ils  avaient  avec 
eux,  et  quand  ceux-ci  les  suppliaient  de  leur  permettre  d'arracher 
[cette  plante],  ils  leur  disaient  :  ((  Allez  et  arrachez  moyennant  un 
zouz  pendant  trois  jours  ou  quatre.  »  Chacun  comptait  avec  eux 
comme  s'ils  l'arrachaient  dans  son  propre  jardin.  Encore  avaient- 
ils  grand 'peine  à  sauver  une  partie  de  ce  qu'ils  avaient  arraché,  car 
après  avoir  échappé  à  celui-ci,  ils  étaient  saisis  par  un  second,  et 
quand  ils  étaient  délivrés  de  celui-ci,  par  un  troisième. 

Ceux  qui  avaient  évité  la  dîme  étaient  pris  par  le  çauphi,  et  ainsi 
en  tous  lieux  les  hommes  dépouillaient  les  pauvres.  Les  voleurs  eux- 
mêmes  se  faisaient  passer  pour  les  décimateurs  [124]  partout  où 
ils  rencontraient  de  pauvres  voyageurs,  et  ils  les  dépouillaient.  Dès 
lors  ils  n*eurent  plus  besoin  de  se  cacher  la  nuit  sur  les  routes, 
mais  ils  accomplirent  leurs  volontés  et  leurs  desseins  en  plein 
jour. 

Ils  inscrivirent  aussi  le  froment  que  les  hommes  possédaient,  et 
quand  quelqu'un  en  avait  cinquante  gribè,  ils  en  inscrivaient 
mille I  Ils  inscrivaient  ainsi  selon  leur  bon  plaisir;  mais  cette 
année-là,  rien  ne  fit  défaut. 


Dea  aiigmatiseurs  et  des  marques. 

Il  établit  un  autre  gouverneur  pour  stigmatiser  et  marquer  les 
hommes  au  haut  du  cou,  comme  des  esclaves.  ((  Et  quiconque,  dit 
le  prophète,  n*a  pas  reçu  le  signe  de  cette  bête  sur  son  front \...  » 
Mais  ici  ce  n'est  plus  seulement  sur  le  front  qu'ils  le  portaient, 
mais  sur  les  deux  mains,  sur  la  poitrine  et  même  sur  le  dos. 

1.  Cf.  Apoc,    XX,  4. 


DE  DENYS   DÉ  TELL-MAHRÉ  105 

Ce  gouverneur  vint  donc,  et  plus  que  tous  ceux  qui  l'avaient 
précédé,  il  fit  trembler  la  région,  à  son  arrivée.  Il  avait  ordre,  en 
effet,  de  marquer  les  habitants,  sur  les  mains,  d'un  signe  qui  ne 
s'effacerait  point  et  ne  quitterait  point  sa  place,  de  toute  la  vie  de 
rhomme  [qui  l'avait  reçu]. 

Quand  il  pénétra  dans  les  villes,  tous  les  hommes  furent  saisis 
de  frayeur  et  prirent  la  fuite  devant  lui.  Les  boutiques  furent 
fermées;  il  n'y  eut  plus  ni  achat  ni  vente  dans  les  marchés;  ni 
allant  ni  venant  dans  les  rues.  Ceux  qui  voulaient  entrer  [dans  la 
villej  s'arrêtèrent  par  crainte  du  mal;  ceux  qui  en  voulaient  sortir, 
s'arrêtèrent  également  parce  qu'on  ferma  les  portes  de  la  ville  et 
qu'on  ne  permit  plus  à  personne  d^en  sortir. 

Quand  il  eut  agi  ainsi  pendant  une  semaine,  [voyant  que]  per- 
sonne ne  paraissait  dans  la  rue,  que  personne  ne  venait  du  pays 
dans  la  ville,  les  intendants  de  l'impôt  de  capitation  envoyèrent 
auprès  de  celui  qui  avait  remplacé  *Abbas  dans  la  perception  de 
cet  impôt,  et  lui  firent  dire  :  «  Le  peuple  s'enfuit  devant  le  mar- 
queur, et  si  ce  dernier  ne  part  d'ici,  il  sera  impossible  de  lever 
l'impôt.  »  [125] 

Celui-ci,  en  entendant  ces  choses,  envoya  un  écrit  au  marqueur 
qui  descendit.  Les  hommes  jouirent  d'un  peu  de  repos  de  ce  côté, 
car  il  périt  en  route. 

De  l'exil. 

11  établit  aussi  un  autre  gouverneur  pour  faire  reconduire  chacun 
[de  ceux  qui  s'étaient  enfuis]  dans  son  pays,  à  la  maison  de  son 
père.  Celui-ci,  à  son  tour,  établit  d'autres  gouverneurs  qu'il 
envoya  dans  les  villes.  11  n'en  envoya  pas  un  pour  chaque  ville, 
mais  il  envoyait  le  gouverneur  d*une  ville  quelconque  dans  une 
autre,  de  sorte  que  les  gouverneurs  de  toutes  les  villes  de  la  Méso- 
potamie se  trouvaient  parfois  réunis  ensemble  dans  un  même  lieu, 
à  propos  de  l'exil. 

Dès  lors  il  n'y  eut  plus  de  salut  d'aucune  part;  mais  partout  le 
pillage,  la  méchanceté,  l'iniquité,  l'impiété,  toutes  les  actions  mau- 
vaises, les  calomnies,  les  injustices,  les  vengeances  des  hommes 
les  uns  contre  les  autres  :  non  seulement  des  étrangers,  mais  des 
familiers.  Le  frère  tendait  des  embûches  à  son  frère;  celui-ci 
livrait  celui-là. 

Il  établit  un  Persan  à  Marda  pour  y  ramener  les  fugitifs  et  y 
percevoir  le  tribut.  Là,  plus  qu'en  itout  autre  lieu,  la  population 


106  CHRONIQUE 

m 

s'était  enfuie,  et  la  région  entière  était  occupée  par  les  Arabes,  car 
les  Syriens  avaient  fui  devant  eux. 

Cet  homme  s'appelait  Kbalil  Ibn  Zâdân  \  lifit  subir  beaucoup  de 
maux  aux  Arabes.  On  ne  trouverait  pas  son  pareil,  ni  avant,  ni 
après  lui,  pour  son  animosi té  contre  les  Arabes.  Il  expédia  quelques 
émirs  dans  toutes  les  villes.  Si  on  apprenait  qu'un  homme,  ou  son 
père,  ou  son  grand-père  avait  été  à  Marda,  môme  quarante  ou 
cinquante  ans  auparavant,  on  l'arrachait  de  sa  maison,  [1 26]  de  son 
village,  de  son  pays,  et  on  le  reconduisait  dans  cette  ville.  Avec  cet 
homme  le  présent  n'était  point  accepté,  la  persuasion  était  sans 
effet;  bien  peu  échappaient.  De  la  sorte,  il  rassembla  dans  cette 
région  une  si  grande  multitude  qu'il  n'y  avait  pas  un  lieu,  pas  un 
village,  pas  une  maison  qui  ne  fût  remplie  et  ne  regorgeât  d'habi- 
tants. Il  fît  passer  les  Arabes  d'une  région  dans  une  autre  et  prit 
tout  ce  qu'ils  avaient.  Il  remplit  leurs  terres  et  leurs  maisons  de 
Syriens,  et  fit  semer  leurs  blés  par  ces  derniers.  Il  s'empara  de 
ceux  d'entre  eux  qui  étaient  riches  et  usa  sans  pitié  à  leur  égard 
de  tourments  et  de  supplices  de  tout  genre.  Il  faisait  venir  l'un 
d'entre  eux,  faisait  passer  le  rasoir  sur  ses  cheveux  et  sur  sa  barbe, 
lui  faisait  une  couronne  de  pâte,  la  lui  mettait  sur  la  tète  et  le 
faisait  exposer  au  soleil.  Il  lui  jetait  ensuite  de  l'huile  sur  la  tète 
de  manière  à  ce  qu'elle  coulât  peu  à  peu  sur  ses  yeux,  et  ainsi  sa 
tête  était  saisie  de  vives  douleurs.  Puis  il  le  serrait  dans  des  entraves, 
aux  cuisses,  aux  doigts,  aux  bras,  et  il  lui  mettait  sur  les  yeux  des 
noix  de  fer^  Il  usait  ainsi  sans  pitié  à  leur  égard  des  tourments, 
et  il  en  fit  périr  de  la  sorte  un  grand  nombre.  Les  autres  s'enfuirent 
et  passèrent  d'un  lieu  dans  un  autre. 

A  propos  des  autres  maux  qui  eurent  lieu  dans  toutes  les  villes, 
nous  appellerons  ici  le  grand  Joël,  qui  les  a  vus  d'avance.  Lui- 
même  vous  les  racontera*  :  «  Écoutez  ceci,  vieillards,  et  prêtez 
l'oreille,  vous  tous  habitants  de  la  terre.  Quelque  chose  de 
semblable  est-il  arrivé  de  votre  temps  ou  du  temps  de  vos  pères? 
Racontez-le  à  vos  enfants,  et  vos  enfants  à  leurs  enfants,  et  leurs 
enfants  à  une  autre  génération.  La  sauterelle  ailée  a  mangé  le  reste 
de  la  chenille,  le  bruchus  a  mangé  le  reste  de  la  sauterelle  ailée^  et 
la  nielle  a  mangé  le  reste  du  bruchus.  »  [127] 

Le  prophète  a  vu  le  temps  présent,  il  a  parlé  des  maux  qui 
devaient  venir  maintenant  sur  les  hommes.  Ses  paroles  reçurent 

2.  Cf.  ci-dessous,  p.  143. 

3.  JosL,  I,  2-4. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  107 

ainsi  en  réalité  leur  accomplissement.  Quiconque  avait  échappé  au 
çauphi  était  saisi  par  le  décimateur,  quiconque  avait  échappé  au 
décimateur  était  pris  par  celui  qui  recherchait  les  fugitifs,  qui- 
conque échappait  à  1  exil  était  saisi  par  les  brigands. 

Les  paysans  surtout  étaient  cruels  à  Tégard  de  ceux  qu'ils 
dépouillaient  en  toute  occasion  et  de  toute  façon.  Et  comme  les 
gouverneurs  chargés  des  fugitifs  qui  remplissaient  toute  la  contrée, 
craignaient  de  paraître  devant  Tautorité,  eux-mêmes,  ces  gouver- 
neurs iniques,  saisissaient,  dépouillaient  tous  ceux  qu'ils  voyaient, 
et  prenaient  leur  bien,  ou  encore  ils  les  conduisaient  et  les  livraient 
au  gouverneur  [chargé]  des  fugitifs  de  leur  région.  De  sorte  que 
personne  n'échappa  à  Tiin  des  maux  ;  car  chacun  était  pris  par  l'un 
ou  l'autre  [de  ces  gouverneurs]. 

Ceux-ci  ne  se  préoccupaient  pas  beaucoup  du  départ  des  exilés. 
Mais,  quand  ils  avaient  dépouillé  quelqu'un,  [nu]  comme  les 
doigts,  ils  s'éloignaient  de  lui  quelque  peu  afin  de  lui  permettre  de 
s'enfuir  pour  qu'il  n'allât  pas  avec  eux  et  ne  les  accusât  pas  d'avoir 
volé  son  bien.  Et  s'ils  le  saisissaient  de  nouveau,  ils  se  montraient 
encore  plus  cruels  à  son  égard  que  la  première  fois. 

Cette  calamité  sévissait  également  dans  toutes  les  régions  de  la 
Mésopotamie. 

Le  prince  défendit  aussi  que  quelqu'un,  soit  Arabe,  soit  Syrien, 
moissonnât. 

Il  défendit  de  moissonner  ou  de  battre  le  blé  avant  son  entrée 
en  Mésopotamie,  parce  qu'il  voulait  voir  par  lui-même  toute  la 
récolte.Or,  cette  année-là,  il  y  avait  partout  abondance  de  froment.  . 
Quand  il  fut  arrivé  et  eut  tout  examiné,  après  avoir  fait  subir 
toute  sorte  de  maux  à  *Abbas,  il  établit  d'autres  gouverneurs  pour 
percevoir  le  zaqàt,  c'efii-k-direle  sadaqat  al-mâl  \  et  les  envoya 
dans  ces  pays. 

Dès  que  [ces  gouverneurs]  eurent  reçu  cet  ordre,  ils  l'appli- 
quèrent rigoureusement,  sans  pitié.  Ils  entraient  dans  les  champs 
des  Arabes,  et  tout  ce  qu'ils  y  trouvaient,  soit  aux  Arabes,  soit  aux 
Syriens,  ils  l'inscrivaient.  [128]  Ils  n'inscrivaient  pas  les  pommes, 
les  meules,  les  gerbes  de  froment  et  d'orge  selon  la  réalité,  mais,  s'il 
y  en  avait  cent  s^ibê,  ils  en  inscrivaient  trois  cents.  Ainsi,  rien  de 
ce  qui  était  aux  Syriens  ou  aux  Arabes  dans  les  propriétés  de  ces 
derniers,  ne  fut  omis  dans  le  recensement  :  ni  jardin,  ni  champ 
ensemencé,  ni  bête  de  somme.  Ils  allaient  ensuite  à  la  ville  et 


1«  fjW  ÎÏJUd   îlS^^I  ""  Aumône  légale  ;  dime,  impôt  sur  le  reoenu» 


108  CHRONIQUE 

exigeaient  le  tribut  de  ces  choses.  Beaucoup  d'entre  les  Arabes, 
après  avoir  vendu  leur  froment,  leurs  champs,  leur  âne,  s'ils  en 
possédaient  un,  n'avaient  pas  encore  trouvé  la  somme  qu'on  leur 
demandait,  car  on  avait  inscrit  à  un  homme  tant  de  champs  pro- 
duisant une  récolte  de  tant  de  gribè;  on  lui  avait  inscrit  des  champs 
bien  remplis,  alors  qu'il  n'avait  pas  récolté  plus  de  cinq  gribè. 

Les  Arabes  subissaient  ainsi  des  épreuves  plus  cruelles  que 
celles  des  Svriens. 

Quant  à  ceux-ci,  l'émir  [préposé  àj  la  capitation  leur  ordonna 
de  se  réunir.  Il  prit  un  répondant  pour  chaque  village  et  les  laissa 
libres  d'aller  battre  leur  blé. 


Des  émirs  y  des  scribes,  des  banquiers,  des  chefs  de   district, 

des  préfets. 

Avant  de  passer  au  delà  de  Nisibe,  le  prince  ordonna  que  tout 
émir,  notaire,  changeur,  chef  de  district  ou  préfet,  qui  avait  été  en 
fonctions  du  temps  de  ^Abbas,  descendit  près  de  lui  avec  les  notables 
du  pays.  Y  aurait- il  eu  dans  un  village  vingt  préfets,  tous  auraient 
dû  descendre  avec  leurs  livres  [de  comptes].  Les  gouverneurs  qui 
avaient  été  accusés  descendirent  ainsi  près  de  lui  à  Nisibe.  Il  les 
enchaîna  et  les  emmena  avec  lui.  Les  notaires  et  les  changeurs  s'en 
allèrent  aussi  avec  lui.  Ils  restituèrent  et  furent  réduits  à  manger 
leur  propre  chair  sans  pouvoir  obtenir  leur  délivrance.  [129] 

Ils  restèrent  longtemps  en  cet  endroit,  mais  ils  ne  furent  point 
inquiétés,  car  ils  remontèrent  sans  sa  permission.  Ils  ne  furent  pas 
non  plus  inquiétés  après  son  départ. 

Après  avoir  fait  ces  choses  en  Mésopotamie,  il  s'attaqua  à 
Callinice. 

Isaie  dit  à  son  sujet*  :  <(  Il  a  déposé  ses  bagages  à  Makmas  ;  il  a 
passé  Beit  Baîtan;  Rama  a  été  saisie  de  frayeur,  et  Gabaath  de 
Saûl  a  pris  la  fuite.  » 

Celui-ci  s'attaqua  à  Callinice  et  passa 'dans  la  région  occidentale 
pour  aller  à  Jérusalem.  Il  l'agita,  la  renversa,  la  terrifia,  la  dévasta 
encore  plus  que  la  Mésopotamie.  Il  fit  selon  ce  que  Daniel  prophé- 
tisa de  l'Antéchrist  lui-même.  Il  convertit  le  temple  en  mosquée, 
car  le  peu  qui  restait  de  celui  de  Salomon  devint  une  mosquée  pour 
les  Arabes.  Il  prit  une  femme Il  répara  les  raines  de  Jéru- 
salem. Il  s'attaqua  aux  hommes,  prit  leur  bien  et  leur  bétail,  surtout 

1.  l8.,  X,  28. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  109 

les  baffles.  Il  n'en  laissa  volontairement  aucun  à  qui  que  ce  fût. 
Quand  il  eut  causé  là  toute  sorte  de  maux  comme  dans  la  Mésopo- 
tamie, il  revint  à  l'entrée  de  l'hiver  en  Mésopotamie  pour  y  séjourner 
et  continuer  sa  destruction. 

Avant  son  retour  d'Occident,  il  établit  pour  percevoir  la  capita- 
lion  un  Persan  nommé  Abou  *Oun\  et  d'autres  gouverneurs  pour 
percevoir  d'autres  impôts.  De  là  l'origine  des  maux.  De  même  que 
des  bétes  féroces  qui  s'attaquent  à  un  cadavre  chacune  par  un  côté, 
ainsi,  cinq  gouverneurs,  quelquefois  six  ou  sept,  et  même  jusqu'à 
dix,  entraient  le  même  jour  dans  un  village,  etchacun  d'eux  tiraillait 
de  son  côté  les  habitants  de  ce  village  qui  ne  parvenaient  à  s*échapper 
et  n'évitaient  la  mort  qu'au  moyen  de  dépenses  considérables.  Il 
arrivait  parfois  que,  [130]  quand  ces  premiers  étaient  partis, 
d'autres  venaient  en  cet  endroit,  et  alors  il  n'y  avait  plus  moyen 
d'éviter  leurs  exactions. 

Et  que  dirai-je  maintenant  sinon  la  parole  du  prophète*  :  ((  Je 
serai  pour  eux  comme  un  lion,  comme  un  ours,  comme  un  léopard 
sur  la  route  de  l'Assyrie.  Je  les  dévorerai  comme  un  lion.  La  bête 
sauvage  les  mettra  en  pièces.  » 

Si  quelqu'un  appelle  ceux-ci  bêtes  sauvages,  il  ne  les  calomnie 
pas,  car  ils  étaient  plus  méchants  que  les  oiseaux  de  proie  et  que 
les  bêtes  sauvages. 

Le  même  prophète  dit  encore  *:«  Le  vent  du  Seigneur  viendra  de 
l'Orient,  il  montera  du  désert,  il  desséchera  ses  fontaines  et  tarira 
ses  sources.  Lui-même  pillera  le  trésor  de  tous  ses  objets  précieux. 
Périsse  Samario  qui  a  exaspéré  son  Dieu!  »  —  Un  autre  pro- 
phète dit*  :  «  Réveillez- vous,  hommes  ivres;  pleurez,  hurlez,  vous 
tous  buveurs  de  vin,  car  le  vin  est  banni  de  votre  bouche,  parce 
qu'une  nation  forte  et  innombrable  est  montée  sur  mon  pays.  Ses 
dents  sont  comme  les  dents  d'un  lion  et  ses  molaires  comme  celles 
d'un  lionceau.  ))  Tu  vois  comment  les  prophètes  appellent  ce  peuple 
méchant  :  [ils  le  nomment]  bête  féroce.  «  Elle  a  fait  de  ma  vigne  un 
désert;  et  mon  figuier,  elle  l'a  renversé  et  étendu  par  terre:  ses 
rameaux  sont  devenus  blancs.'  » 

En  vérité  le  vin  a  passé  loin  de  ceux  qui  travaillent  la  vigne. 

Aussi  commencèrent-ils  à  fuir  de  village  en  village,  mais  ils 
n'étaient  pas  sauvés  de  la  sorte.  Dès  qu'ils  avaient  échappé  à  l'un. 


1.    û/^    y\ 

2.  Os.,  xm,  8. 

3.  08.9  ziii,  15  ;  XIV,  1. 

4.  Jeu.,  I,  5-6. 

5.  JOBL,  I,  7. 


110  CHRONIQUE 

un  autre  les  saisissait  et  les  dépouillait.  S'ils  échappaient  à  ces 
gouverneurs  scélérats,  les  chefs  du  village  dans  lequel  ils  se  réfu- 
giaient les  livraient,  et  remplissaient  eux-mêmes  l'office  des  voleurs 
et  des  brigands.  Celui  qui  s*y  distinguait  et  qui  était  désigné  comme 
chef  et  comme  guide,  celui-là  était  le  chef  d'une  caverne  de  brigands. 
Lorsque  des  malheureux  allaient  pour  se  cacher  dans  ce  village, 
il  leur  creusait  lui-même  une  fosse  de  toute  manière.  Tous  les  maux 
découlaient  de  lui,  [131]  et  sur  les  proches  etsur  les  éloignés,  et 
sur  ceux  de  la  maison  et  sur  ceux  du  dehors. 

Tous  les  chefs  de  village  se  conduisaient  ainsi.  —  «  Tes  grands 
sont  infidèles  et  compagnons  de  voleurs.  Tous  aiment  les  présents  et 
poursuivent  les  récompenses.  Us  ne  rendent  pas  justice  aux  orphe- 
lins, ils  n'ont  point  pitié  des  veuves\  »  Le  jugement  de  Dieu  n'était 
pas  placé  devant  leurs  yeux. 

Et  si  les  prophètes  attestent  les  choses  que  nous  avons  vues  et 
touchées  de  nos  mains,  qui  parmi  ceux  qui  aiment  Dieu  nous 
blâmera  de  les  avoir  consignées  dans  un  livre,  afin  qu'elles  soient 
connues  des  générations  qui  viendront  après  nous?  —  Il  est  écrit*: 
«  Interroge  ton  père  et  il  t'instruira,»  et*  :  «  Apprenez-le  à  vos  fils, 
et  les  fils  de  ceux-ci  à  une  autre  génération.  » 


De  ce  que  les  hommes  ne  mirent  à  violer  les  sépultures. 

Les  maux  se  multiplièrent,  l'un  poussant  l'autre,  l'aile  contre 
l'aile,  la  main  dans  la  main.  Un  cri  lamentable  s'élevait  de  toute 
part.  Personne  d'entre  les  vivants  ne  pensait  pouvoir  échappera 
cette  grande  calamité  qui  dépouilla  ceux  qui  jouissaient  de  la  vie 
corporelle  aussi  bien  que  ceux  qui  étaient  réduits  en  poussière. 
Ceux  qui  avaient  l'amour  du  vol  et  l'intention  de  piller  les  tom- 
beaux purent  maintenant  accomplir  leur  désir. 

Or,  comme  ce  vase  de  péché,  ce  fils  de  perdition,  cet  avocat  du 
diable,  celui  qui  s'élève  contre  tout  ce  qui  est  divin  et  respectable, 
celui  qui  tire  son  origine  et  sa  race  de  la  tribu  maudite  appartenant 
au  peuple  qui  voulut  lapider  Moïse,  Mousa  Ibn  Mouç*ab  n'était 
pas  encore  parti,  nous  éprouvâmes  à  cette  époque  un  accroissement 
de  maux,  parce  que  nous  avons  péché. 

Jusqu'alors,  à  l'exception  des  pauvres  de  la  région  inférieure  et 

1.  Is.,  I,  23-24. 

2.  Deut,,  XXXII»  7. 

3.  Joël,  i,  3. 


DE   DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  111 

de  la  foule  des  étrangers  qui  se  trouvaient  dans  ce  pays,  les  hommes 
n'avaient  pas  beaucoup  souffert.  Il  les  opprima,  les  ruina,  [132] 
les  fit  périr  en  cette  année.  Ils  prirent  leurs  enfants  à  leur  cou 
et  se  mirent  à  errer  de  village  en  village. 

En  cette  année,  nous  reçûmes  de  contrées  éloignées  la  nouvelle 
lamentable  que  dans  certains  lieux  les  hommes  avaient  violé  les 
tombeaux  et  en  avaient  retiré  de  Targent  et  de  l'or.  Il  ne  nous  sem- 
blait pas  croyable,  à  cause  de  Ténormité  de  la  chose,  que  les 
hommes  pussent  faire  cela  à  Tégard  des  morts,  et  bien  que  qui- 
conque venait  rapportât  le  fait,  disant  qu'ils  en  retiraient  de 
l'or,  nous  ne  voulions  pas  croire  que  cela  fût  vrai.  Mais  la  choçe 
ne  tarda  pas  à  être  manifeste  à  nos  yeux,  dans  nos  contrées,  sur 
nos  pères  et  nos  frères  qui  étaient  morts  auparavant.  Nous  rappor- 
terons ici  la  chose  en  son  temps,  telle  qu'elle  fut. 


De  Parc  de  Noire- Seigneur  qui  apparut  retourné^  et  de  la  verge 
blanche  qui  apparut  au  milieu  du  ciel,  dirigée  vers  la  courbure 
de  Varc,  à  la  manière  d'une  flèche. 

En  cette  année  encore,  au  mois  de  yar  [mai],  apparut  dans  le 
ciel  cet  arc  qui  se  voit  constamment  dans  les  nues.  Mais  sa  cour- 
bure était  tournée  en  bas  et  ses  extrémités  vers  le  haut,  et  il  ressem- 
blait à  un  arc  tendu  pour  le  combat  par  la  main  d'un  homme, 
manifestant  la  menace  et  la  colère  contre  les  habitants  de  la  terre. 

II  apparut  un  saint  jour  de  dimanche,  vers  les  trois  heures  du 
jour,  comme  l'ont  affirmé  des  vieillards  honorables  qui  l'ont  vu  les 
premiers.  Si  quelqu'un  ne  veut  pas  croire  cela,  qu'il  cherche  dans 
les  observations  antérieures,  et  il  trouvera  la  môme  chose.  Elles 
attestent,  en  effet,  les  choses  qui  eurent  lieu. 

Ensuite  apparut  comme  une  verge  blanche.  Elle  se  montra  dans 
la  partie  occidentale  [133]  du  ciel  et  s'avança  jusqu'à  ce  que  son 
sommet  touchât  le  milieu  du  ciel  à  l'Orient.  Sa  grosseur  était  celle 
d'une  corde.  Ce  signe  fut  aperçu  par  beaucoup  de  gens\  car  il  se 
leva  pendant  des  jours  nombreux.  Ou  disait  bien  des  choses  à  son 
sujet.  Les  uns  disaient  que  c'était  une  verge  de  colère,  les  autres 
que  c'était  un  des  nuages  qui  étaient  montés  dans  le  ciel  aupara- 
vant. Les  sages  et  les  hommes  craignant  Dieu,  en  voyant  ce  signe, 
fuient  remplis  d'une  grande  frayeur  :  car  ils  reconnurent  qu'il 

1.  Le  texte  porte,  évidemment  par  erreur  :  «  Ce  signe  ne  fut  pas  aperçu, 
car  il  se  leva...»* 


112  CHRONIQUE 

était  causé  par  Les  péchés  et  rempli  de  menaces  de  colère.  Les 
insensés  n*y  firent  point  attention.  «  Le  sa{;e  voit  au  loin  :  Tinsensé 
ne  voit  pas  même  à  ses  pieds  V  Les  yeux  du  sage  sont  à  sa  tète  : 
rinsensé  marche  dans  les  ténèbres  '.  » 

La  direction  de  cette  verge  allait  vers  le  milieu  de  Tare  tendu. 
Elle  en  montra  la  signification  et  ne  tarda  pas  à  faire  voir  ce  que 
Dieu  avait  voulu  indiquer  en  renvoyant.  Quelqu'un  dira  peut-être 
que  Dieu  n'a  ni  arc  ni  flèche?  Que  celui-là  écoute  ce  que  dit  le 
Psalmiste*  :  ((  Dieu  sera  exalté;  il  lancera  tout  à  coup  contre  eux 
des  flèches  ;  leurs  langues  perdront  leur  force  ;  quiconque  les  verra 
sera  saisi  de  crainte,  tous  les  hommes  seront  pris  de  frayeur.  »  11 
dit  encore'  :  «  Il  a  lancé  ses  flèches,  et  il  les  a  dispersés.  » 

Les  hommes  furent  dispersés  :  ils  devinrent  errants  en  tous 
lieux;  les  champs  furent  dévastés,  les  campagnes  furent  pillées;  le 
peuple  s'en  alla  de  pays  en  pays. 

D'un  autre  signe  qui  apparut  cette  même  année  du  côté  du  Nord. 

Un  autre  signe  apparut  du  côté  du  Nord.  Son  aspect  [134]  attes- 
tait la  menace  et  la  colère  du  Seigneur  contre  nous.  Il  apparut 
au  temps  de  la  moisson  et  occupait  toute  la  partie  septentrionale, 
depuis  l'extrémité  orientale  jusqu'à  l'extrémité  occidentale.  Tel 
était  son  aspect  :  une  verge  rouge,  une  verte,  une  noire  et  une 
jaune.  Il  montait  du  bas  en  haut  :  quand  une  verge  descendait 
l'autre  montait.  Quand  on  l'observait,  il  subissait  soixante-dix 
changements. 

Pour  les  sages,  c'étiiit  un  signe  de  menace.  On  a  dit  bien  des 
choses  à  son  sujet.  Les  uns  lui  donnaient  une  signification  de 
sang,  les  autres  une  autre.  Quant  à  moi,  je  dirai  :  «  Qui  connaît  les 
œuvres  du  Seigneur?  »  —  «  Je  donnerai  des  signés  dans  le  soleil  et 
des  prodiges  sur  la  terre*.  » 

De  la  manière  dont  fut  payé  Vimpôt  de  capitation^ 
et  de  V emprisonnement  dans  une  église. 

Comme  on  demandait  à  chacun  plus  qu'il  ne  pouvait  donner, 


1.  Cf.  JoB,  xxxiz,  29. 

2.  Ecclés.t  II,  14. 

3.  Ps.  Lxiv,  7-9. 

4.  Pa,  xviii,  15. 

5.  Act.  Apoat.y  II,  19. 


DK   DKNYS   DK   TELI-MAHRK  113 

Témir  prit  les  répondants  et  répartit  entre  eux  [les  sommes  deman- 
dées] autant  qu'il  put  à  chacun  également.  Ceux-ci  les  répartirent 
à  leur  tour  entre  leurs  villages. 

Comme  les  gouverneurs  établis  par  *Abbas  n'étaient  pas  encore 
destitués,  et  que  le  principe  de  tous  les  maux^  n'était  pas  encore 
venu,  ils  ne  commirent  pas  d'injustice,  ne  dépassèrent  pas  les 
limites  de  l'équité  et  demandèrent  dans  le  pays  la  somme  fixée. 

Comme  l'affaire  n'avait  pas  réussi*,  on  fit  une  nouvelle  répar- 
tition entre  les  répondants;  mais  cela  ne  suffit  pas  non  plus.  Et 
pourtant  ces  garants  pillèrent  les  pauvres,  les  orphelins,  les  veuves 
qui  étaient  dans  leurs  villages.  Ils  n'épargnèrent  point  les  orphelins 
et  n'eurent  point  pitié  des  veuves.  Ils  ne  firent  point  cela  par  ordre 
de  l'autorité,  mais  d'eux-mêmes.  ((  L'âne  sauvage  est  la  proie  du 
lion  dans  le  désert,  et  le  pauvre  celle  du  riche'.  »  De  même  pour 
ceux-ci.  [135]  La  plupart  d'entre  eux  étaient  pris  dans  cette  tem- 
pête et  ces  ténèbres  qui  couvraient  la  terre,  et  les  malheureux  ne 
savaient  pas  que  dans  peu  de  temps  ils  seraient  victimes  de  la 
fureur.  Ils  s'empressèrent  de  vendre  le  mobilier,  le  bétail,  les 
objets  des  pauvres  de  leur  village  ;  ils  remplirent  leurs  maisons, 
ils  devinrent  riches  comme  ils  le  désiraient,  car  on  leur  donnait 
pour  les  rachats  et  les  intérêts  sans  ménagement,  en  sorte  qu'ils 
étaient  sur  le  point  de  posséder,  selon  leur  désir,  les  enfants  des 
pauvres  comme  esclaves  et  comme  servantes.  Ils  ne  savaient  pas, 
les  malheureux,  que  la  fin  des  impies  c'est  la  ruine. 

Us  donnaient  en  froment,  pour  un  dinar  cinquante  gribè,  ou 
même  soixanU%  et  quelques-uns  soixante-dix.  A  quiconque  présen- 
tait un  zouz,  ils  souscrivaient  la  quantité  qu'il  voulait.  Ils  donnaient 
du  vin,  pour  un  dinar  cinquante  kailtè,  quelques-uns  soixante, 
soixante-dix  ou  même  quatre-vingts.  Au  marché,  le  froment  se 
vendait  trente  ou  trente-cinq  (jribè  pour  un  dinar,  et  monta  jusqu'à 
quarante;  le  vin  dans  les  mêmes  proportions;  un  agneau,  un  zouz; 
une  chèvre,  un  zouz;  une  vache,  cinq  zouz;  un  âne,  quatre  zouz; 
et  toutes  choses  étaient  bon  marché. 

Comme  l'affaire  languissait  et  ne  réussissait  pas,  l'émir  rassembla 
les  habitants  de  l'endroit.  Cet  émir  éUiit  un  homme  détestable, 
impie  et  inique.  Il  ne  se  laissait  flatter  par  personne,  non  plus  que 
les  satellites  qu'il  envoyait  dans  le  district.  II  rassembla  les  habi- 
tants de  l'endroit  et  les  renferma  tous  dans  une  grande  église. 


1.  Moasa  Ibn  Mouç^ab. 

2.  C'est-à-dire  :  la  somme  demandée  n'avait  pas  été  atteinte. 

3.  Errli.,  XIII,  23. 

8 


114  CHRONIQUE 


De  V emprisonnement  dans  V église. 

Quand  un  héraut  proclama  l'ordre  de  se  rassembler  dans  l'église, 
des  satellites  pleins  d'ardeur*  sortirent  et  enfermèrent  quiconque 
était  soupçonné  d'avoir  quelques  zouz. 

Que  dirai-je,  sinon  la  parole  du  prophète*?  «  ODieu  1  les  gentils 
sont  entrés  dans  ton  héritage.  Ils  ont  souillé  ton  saint  temple.  Ils  ont 
fait  [136]  de  ton  temple  saint  un  lieu  d'ordures'.  Ils  ont  livré  les 
cadavres  de  tes  serviteurs  aux  bètes,  les  cadavres  et  la  chair  des 
justes  au  déchirement  du  poignard  et  de  la  lance,  leurs  pieds  aux 
entraves,  leurs  mains  aux  suspensions,  leurs  doigts  aux  anneaux.» 

On  rassembla  tous  les  hommes  libres  et  même  les  femmes  dont 
les  maris  étaient  éloignés  ou  momentanément  absents  à  cause  de 
cette  persécution.  On  tira  celles-ci  de  leurs  maisons.  On  les  en- 
traîna, on  les  fit  descendre  dans  les  rues,  et  on  les  renferma  dans 
cette  église.  Des  femmes  qui  n'avaient  jamais  paru  sur  la  rue 
furent  contraintes  de  descendre  et  furent  placées  sans  pudeur  au 
milieu  des  hommes.  Ils  firent  de  môme  à  l'égard  des  femmes 
arabes. 

Tous  les  Arabes  indistinctement  furent  contraints  de  descendre. 
Si  quelqu'un  était  absent,  ils  emmenaient  ses  femmes  ou  ses  filles. 
Ils  s'emparaient  successivement  de  chaque  village.  Ou  bien  ils 
prenaient  une  caution  et  emmenaient  les  habitants;  ou  bien  ils  les 
tuaient,  soit  en  les  frappant,  soit  à  l'aide  des  entraves  aux  pieds  et 
aux  doigts. 

L'iniquité  audacieuse  s'éleva  et  s'assit  sur  le  siège  sublime  qui  est 
en  face  de  la  table  du  sanctuaire  divin.  Ils  poussèrent  l'audace 
jusqu'à  monter  sur  la  table  sainte,  pour  faire  leur  prière  qui  irrite 
le  Seigneur,  et  ils  foulaient  de  leurs  pieds  impurs  cette  auguste 
table.  Dans  le  sanctuaire  même,  ils  lavaient  les  souillures  de  leurs 
membres,  et  ils  y  commettaient  beaucoup  d'autres  impuretés.  Au 
milieu  de  l'église,  tout  ce  peuple,  hommes  et  femmes,  déposaient 
leurs  excréments,  sans  pudeur,  en  présence  les  uns  des  autres. 

Ils  restcTcnt  ainsi  trois  jours  et  trois  nuits  dans  cette  église.  Il 
s'éleva  du  milieu  d'elle  une  clameur  douloureuse,  et  au  lieu  de  la 
fumée  odoriférante  des  parfums  de  choix,  s'éleva  l'odeur  de  la  pu- 

1.  LittéralemeDt  :  «  respirant  le  feu.  » 

2.  Cf.  Pè.  Lxxix,  1-2. 

3.  Littéralement  :  «  des  latrines.  » 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  115 

tréfaction,   avec  la   clameur  douloureuse  de  ceux  qui  y  étaient 
enfermés. 

Poussés  par  la  nécessité,  ils  se  jetèrent  sur  les  biens  des  églises 
et  des  monastères,  de  sorte  que  même  les  églises  éloignées,  bien 
qu'on  n'y  sentît  point  Todeur  infecte,  eurent  à  souffrir  de  cette  pro- 
fanation [137]  dont  avait  été  victime  la  grande  église  de  la  ville, 
maîtresse  de  toutes  celles  de  la  contrée;  car  elles  furent  dépouillées 
par  les  habitants,  de  leurs  biens,  de  leur  mobilier,  de  leurs  vases 
sacrés  qui  furent  mis  en  gage  entre  les  mains  des  païens. 

«  Je  sortirai  de  ma  maison,  car  les  prêtres  ont  souillé  les  choses 
saintes  et  profané  la  loi  ' .  —  Qu'ai-je  besoin  de  la  multitude  de 
vos  victimes?  Je  suis  rassasié  des  holocaustes  des  béliers  et  de  la 
graisse  des  animaux  gras.  Le  sang  des  veaux,  des  agneaux  et  des 
boucs  :  je  n'en  veux  pas.  Lorsque  vous  êtes  venus  devant  ma  face, 
qui  a  demandé  ces  choses  de  vos  mains,  pour  que  vous  fouliez  aux 
pieds  mes  parvis?  Ne  continuez  pas  à  m'offrir  de  vains  sacrifices. 
L'encens  m'est  en  abomination.  A  la  néoménie  et  au  sabbat,  vous 
vous  rassemblerez.  Mais  je  ne  puis  supporter  l'iniquité  de  vos 
réunions.  Vos  néoménies  et  vos  fêtes  :  mon  âme  les  déteste.  Elles 
me  sont  devenues  à  charge.  Lorsque  vous  étendrez  les  mains,  je 
détournerai  mes  yeux  de  vous  ;  et  si  vous  multipliez  les  prières,  je 
ne  vous  écouterai  pas.  Vos  mains  sont  pleines  de  sang*.  ))  En 
voyant  avec  les  yeux  de  lesprit  la  malice  de  nos  nombreux 
péchés,  le  prophète  a  dit  ces  choses,  a  Maintenant  il  n'y  aura  plus 
de  délai  pour  mes  paroles,  dit  le  Seigneur.  J'ai  dit,  et  je  fais*.  » 

Le  gouverneur  usait  envers  eux  de  toute  sorte  de  supplices  et  de 
tourments  ;  il  opprimait,  selon  son  bon  plaisir,  Arabes  et  Syriens, 
marchands  et  boutiquiers.  C'est  pourquoi  il  n'y  avait  plus  en  ces 
jours  sur  le  marché,  ni  vendeur  ni  acheteur  ;  sur  les  routes,  ni 
allant  ni  venant,  parce  que  les  portes  de  la  ville  étaient  fermées  ^ 

Quand  les  hommes  qui  craignent  Dieu  virent  toutes  les  souillures 
que  commettaient  ces  impudiques  au  milieu  du  saint  temple,  ils 
s'adonnèrent  à  une  profonde  douleur,  crièrent  vers  le  Seigneur  et 
dirent:  «  Pourquoi,  Seigneur,  nous  as-tuainsi  oubliés  et  ta  colère  s'est- 
elle  appesantie  sur  le  troupeau  de  ta  bergerie?  Souviens-toi,  Seigneur, 
[138J  de  ton  Église  que  tu  as  rachetée  au  prix  du  sang  précieux  de 
ton  Fils  unique,  que  tu  as  sauvée  par  ta  passion  vivifiante.  Tes 

1.  SopH.,  m.  4. 

2.  I8.,  I,  11-15. 

3.  EzECH..  XII,  28. 

4.  Traduction  douteuse,  du  moius  d'après  la  ponctuation  qui  est  celle 
du  ms. 


116  CHRONIQUE 

ennemis  se  sont  enorgueillis  au  milieu  de  ton  Église.  Ils  ont  abattu 
à  coups  de  hache^  comme  le  bois  d'une  forêt,  ses  portes  et  ses  mon- 
tants, et  ils  ont  souillé  sur  la  terre  le  tabernacle  de  ton  nom  en 
disant  :  Nous  les  détruirons  tous  ensemble  sur  la  terre  ;  nous  ferons 
disparaître  de  la  terre  toutes  les  fêtes  de  Dieu.  Jusqu'à  quand,  6 
Dieu,  seras-tu  maudit  par  tes  ennemis,  et  ton  nom  sera-t-il  }»our 
toujours  un  objet  de  haine?  Pourquoi  as-tu  retiré  ta  main  droite 

m 

du  milieu  de  ton  Eglise^?  Pourquoi,  Seigneur,  ta  fureur  s'est-elle 
enflammée  contre  ton  peuple?  [pourquoi]  as-tu  répudié  ton  héri- 
tage? [pourquoi]  nous  as-lu  livrés  aux  mains  des  Gentils?  [pour- 
quoi] ceux  qui  nous  haïssent  dominent-ils  sur  nous?  [pourquoi] 
nos  ennemis  nous  oppriment-ils  et  servons-nous  sous  leur  puis- 
sance'? »  Et  le  Seigneur  de  son  côté  leur  dit:  «  Parce  que  bien  des 
fois  je  vous  ai  délivrés,  et  vous  m'avez  exaspéré  par  vos  œuvres*.  » 

Lorsqu'ils  eurent  opprimé  tout  le  monde  la  somme  totale  fut 
réunie,  après  que  les  paysans  eurent  emprunté  dans  le  voisinage, 
de  ceux  même  qui  pouvaient  prêter  même  un  dinar,  car  ils  ne 
consentaient  point  à  sortir  pour  aller  se  faire  payer  dans  les 
villages.  Ainsi  le  gouverneur  dépouilla  le  pays,  puis  il  se  rendit 
auprès  de  Témir  des  croyants,  à  Nisibe 

C'est  à  son  retour  d'Occident  qu'il  avait  sévi  de  nouveau  contre 
toutes  les  églises  des  villes.  Celle  d'Édesse  eut  à  souffrir  plus  que 
toutes  les  autres  et  perdit  ses  biens. 

Pour  nous,  nous  dirons  avec  le  prophète  *  :  «  Et  par  tout  cela  la 
fureur  du  Seigneur  n'a  pas  été  détournée  de  nous,  mais  il  a  de 
nouveau  étendu  sa  main.  » 

De  rimposteur  qui  parut  dans  la  Mésopotamie^ 
en  Pan  1081  (769-770). 

Nous  nous  sommes  proposé  de  tout  raconter  et  d'en  laisser  le 
souvenir  à  ceux  qui  viendront  après  nous  dans  le  monde,  [139) 
afin  qu'en  ayant  le  souvenir  du  poids  qui  a  accablé  leurs  devan- 
ciers, ils  prennent  garde  à  eux  et  n'en  soient  opprimés. 

((  L'insensé  est  frappé  et  le  sage  se  corrige'.  »  —  Qu'ils  observent 
donc  les  maux  qui  ont  fondu  sur  leurs  ancêtreset  qu'ils  s'en  éloignent, 
car  chaque  jour  amène  avec  lui  son  mal.  Notre-Seigueur  a  donné 

1.  Cf.  Ps,  Lxxix,  1,  3-7,  9,  10. 

2.  Cf.  P.*».  cvi,  40-42. 

3.  Cf.  Ps,  cvi,  43. 

4.  Cf.  Is.,  y,  25. 

5.  Cf.  Proc,  XIX,  25. 


DE    DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  117 

ce  précepte  à  ses  Apôtres*  :  «Gardez-vous  des  faux  prophètes  qui 
viennent  à  vous  sous  des  peaux  de  brebis.  Ils  en  séduiront  beaucoup, 
dit-il,  et  même  les  élus  si  c'était  possible.  »  Et  encore*  :  «  Veillez  à 
ce  que  personne  ne  vous  trompe.  Beaucoup  viendront  en  mon  nom. 
Si  quelqu'un  vous  dit  :  Voici  que  le  Christ  est  ici,  ou  :  Il  est  là;  n'y 
allez  point  Beaucoup  viendront  pour  [vous]  tromper.  Si  on  vous 
dit  :  11  est  dans  le  désert  ;  ne  sortez  pas.  S'ils  vous  disent  :  Il  est  dans 
la  chambre;  n'entrez  pas.  »  Le  Christ  lui-même  nous  a  dévoilé 
toutes  ces  fraudes,  les  prophètes  nous  ont  prophétisé,  les  Apôtres 
nous  ont  crié  dans  les  oreilles,  comme  une  trompette,  la  venue  de 
rimposteur  et  des  faux  prophètes  qui  doivent  le  précéder.  Nous 
n'avons  écouté  ni  les  prophètes,  ni  Notre-Seigneur,  ni  les  Apôtres, 
mais  nous  avons  clos  nos  yeux,  nous  avons  fermé  nos  oreilles, 
nous  avons  enfoui  notre  cœur  dans  la  fosse  de  l'erreur,  pour  ne  pas 
voir  de  nos  yeux,  ni  entendre  de  nos  oreilles,  ni  comprendre  dans 
notre  intelligence  les  paroles  de  la  sainte  Écriture.  Nous  les  avons 
oubliées  et  nous  avons  recherché  notre  bon  plaisir. 

Celui  que  Daniel  appelle  signe  de  destruction,  messie  de  men- 
songe, apôtre  du  fils  de  perdition,  nous  l'avons  vu.  Nous  avons 
touché  de  nos  mains  l'Antéchrist.  Nous  avons  palpé  celui  dont  il 
est  écrit  «  qu'il  viendra  à  la  fin  des  temps  ».  Un  de  ses  envoyés 
s'est  manifesté  de  nos  jours,  et  tout  ce  qu'il  fera  lui-même  quand  il 
viendra,  son  disciple  nous  l'a  fait  connaître  de  fait,  et  non  plus  en 
paroles. 

Or,  à  tout  endroit  dangereux  et  redoutable  où  il  y  a  danger  de 
périr,  les  sages  placent  un  certain  signe  afin  que  ceux  qui  viennent 
et  qui  ne  savent  pas,  en  voyant  ce  signe,  [140]  comprennent  dans 
leur  intelligence  l'avertissement  qu'il  proclame.  Il  leur  apprend  ce 
qui  s'est  passé  antérieurement  dans  cet  endroit.  Et  nous  main- 
tenant, nous  plaçons  ici  les  choses  qui  sont  arrivées  dans  le  temps 
présent  afin  que,  s'il  y  a  lieu,  vous  vous  gardiez  vous-mêmes  de 
ce  cruel  qui  couvre  de  miel  son  fiel  amer. 

En  ce  temps  donc,  survint  un  homme  de  la  région  de  Tagrit,  du 
village  de  Beit  Rama.  Étant  resté  sans  père  ni  mère,  à  l'âge  adulte, 
il  eut  le  désir  d'embrasser  la  vie  chaste  du  monachisme.  Il  partit 
et  s'en  alla  au  saint  monastère  de  Mar  Mattaï,  dans  la  région  de 
Mossoul.  Après  qu'il  y  eut  passé  deux  ou  trois  ans,  le  Malin 
l'excita  à  retourner  à  son  premier  vomissement'.  Comme  il  n'avait 


1.  Matth.,  vil,  15;  xxiv,  24 

2.  Mattii.,  XXIV,  23,  26. 

3.  Cf.  Proo.^  XXVI,  11. 


118  CHRONIQUE 

pas  encore  dissipé  ce  qui  lui  revenait  de  ses  parents,  ainsi  que 
Judas,  il  le  séduisit  par  l'amour  des  pauvres,  des  étrangers,  des 
malheureux,  des  affligés^  et  par  beaucoup  d'autres  choses.  Mais  au 
lieu  de  ses  belles  promesses,  il  finit  par  lui  procurer,  comme  à 
celui-ci,  la  strangulation. 

Étant  donc  retourné  à  sa  maison,  au  lieu  de  s'occuper  des  œuvres 
du  monachisme,  du  soin  des  pauvres  et  des  affligés,  il  imita  les 
jeunes  gens  de  son  âge,  et  tout  ce  qu'ils  faisaient,  il  le  faisait  avec 
eux.  Au  lieu  de  distribuer  son  bien  aux  pauvres,  il  le  dissipa  dans 
la  luxure,  vivant  avec  prodigalité  au  milieu  des  débauches.  A 
la  fin,  il  tourna  au  paganisme  et  apostasia.  Quand  il  eut  dissipé 
toute  sa  fortune  en  vivant  ainsi  prodigalement,  quand  il  eut  tout 
consacré  à  ses  débauches  et  qu'il  fut  ruiné,  il  revint  à  lui-mèmeet 
se  dit:  «  Malheureux  que  je  suis  I  Qu'ai-je  fait  de  moi-même  !  »  et 
il  partit  pour  aller  au  désert  de  Singara*  près  d'un  illustre  solitaire 
qui  se  trouvait  là.  Celui-ci  l'ayant  admis  près  de  lui,  il  s'adonna 
aux  plus  grands  et  plus  durs  labeurs.  1 141]  Il  appliqua  son  corps 
au  jeûne  et  à  de  nombreuses  prières.  Bien  qu'il  se  fût  déjà  livré  à 
ces  œuvres  l'espace  d'environ  cinq  ans,  au  point  que  sa  chair  était 
émaciée,  qu'il  était  devenu  comme  un  Éthiopien  et  que  tout  son 
visage  était  changé  par  l'ardeur  du  soleil,  alors  même  le  démon  ne 
cessa  de  le  tourmenter.  Il  commença  à  se  montrer  à  lui  sous  l'aspect 
d'anges  qui  exaltaient  ses  labeurs  et  lui  faisaient  connaître  les  choses 
futures.  Saint  Mar  Zo*ara  en  entendant  cela,  lui  dit:  «  Mon  fils, 
prends  garde  aux  ruses  du  séducteur.  Toutes  ces  choses  viennent 
du  démon.  »  Le  vénérable  Zo*ara  était  en  effet  à  cette  époque  le 
supérieur  des  moines  de  cet  endroit.  Le  vénérable  lui  disait  cons- 
tamment de  ne  pas  faire  attention  à  ces  choses,  de  les  mépriser 
toutes,  parce  que  toutes  venaient  du  Mauvais.  Le  moine  cepen- 
dant ne  récouta  point,  mais  il  s'y  laissa  prendre,  et  entraîna 
des  hommes  à  sa  suite.  Il  disait  :  «  Ceci  et  cela  aura  lieu.  Un  tel 
fera  telle  chose.  Aujourd'hui,  les  hommes  de  tel  endroit  vien- 
dront me  trouver.  »  C'est  un  fait  connu  des  sages  qu'il  n'est  pas 
difficile  au  démon,  lorsqu'il  a  suggéré  à  quelqu'un  de  faire  une 
chose  que  celui-ci  fera  réellement,  de  manifester  extérieurement 
son  dessein  sur  cet  homme.  H  ne  dit  pas  des  choses  qui  n'arrivent 
pas,  mais  des  choses  qui  arrivent  par  son  conseil.  Il  est  appelé 
trompeur  parce  qu'il  fait  connaître  les  choses  secrètes.  Il  est  écrit 
que  le  trompeur  manifeste  les  secrets.  N'est-il  pas  vrai  que  si  un 
homme  est  déjà  en  route,  et  si  un  envoyé  rapide  vient,  et  qu'il  dise  : 

1.  Cf.  ci-dessus  p.  88,  n.  1. 


DE   DENYS    DE   TEI.L-MAHRÉ  119 

<(  Un  tel  viendra  aujourd'hui  à  tel  endroit,  »  il  ne  manifeste  pas 
des  choses  futures,  mais  des  choses  qui  s'accomplissent  actuelle- 
ment? Ainsi  ce  malheureux  fut  induit  en  erreur,  fut  trompé  et 
entraîné  dans  l'iniquité  par  les  visions  diaboliques.  Un  peuple 
nombreux  commença  à  errer  à  sa  suite,  car  il  tomba  dans  l'erreur 
et  la  démence. 

En  apprenant  ces  choses,  et  en  voyant  qu'il  méprisait  les  conseils 
qu'on  lui  donnait,  qu'il  se  mettait  môme  à  dénigrer  les  religieux  en 
disant  :  (c  Ils  sont  jaloux  de  moi,  »  [142]  le  bienheureux  Mar  Zo^ara 
le  saisit  et  le  frappa,  le  chassa  de  là  et  lui  défendit,  sous  peine 
d'anathème,  d'habiter  dans  toute  la  région  de  Mossoul.  Il  sortit 
donc  de  ce  pays  et  vint  en  Mésopotamie,  dans  la  région  de  Dara. 

11  y  avait  dans  cette  région  de  Dara  un  grand  et  important  village 
renfermant  une  nombreuse  population.  Les  habitants  de  ce  village 
étaient  des  hommes  simples,  des  travailleurs  plus  laborieux  que 
tous  ceux  des  environs.  Ils  étaient  fidèles  plus  que  tous  ceux  de 
leur  contrée;  ils  étaient  très  attachés  aux  moines  et  honoraient  leurs 
prêtres  comme  des  anges.  Comme  ces  gens  étaient  éloignés  de  toute 
perfidie  mondaine  et  s'occupaient  uniquement  de  leur  travail,  le 
démon  dirigea  son  artisan  vers  un  tel  peuple.  Quand  il  entra  dans 
ce  village  et  qu'ils  le  virent  couvert  d'un  vêtement  pauvre,  le  corps 
desséché  et  noirci,  ils  le  reçurent  comme  un  ange.  Il  se  mit  à  leur 
dire  qu'il  était  envoyé  par  Dieu  pour  leur  annoncer  que  leur  village 
était  sur  le  point  d'être  renversé  et  enseveli  sous  la  terre,  que  la  terre 
le  recouvrirait  et  qu'il  ne  serait  plus  jamais  habité.  Les  habitants 
le  reçurent  dans  leur  simplicité,  et  écoutèrent  dans  l'innocence  de 
leur  cœur  tout  ce  qu'il  leur  dit.  Le  nom  de  ce  village  était  Hani, 
dans  le  Tour  'Abdin.  Il  leur  disait  constamment  :  «  Faites  pénitence, 
priez,  jeûnez,  avant  que  la  terre  n'ouvre  sa  bouche  et  ne  vous 
engloutisse.  Car  la  mesure  de  vos  péchés  est  comble,  votre  iniquité 
est  plus  grande  que  celle  de  Sodome  ou  de  Gomorrhe,  vous  n'avez 
plus  qu'à  attendre  le  jugement  de  Dieu,  sans  miséricorde.  »  Ce 
peuple  simple,  en  entendant  [cela]  et  en  voyant  le  miel  dans  lequel 
était  mélangé  le  poison,  ne  reconnut  point,  à  cause  delà  douceur  du 
miel,  l'amertume  du  venin  mortel.  Ils  n'écoutèrent  ni  Notre-Sei- 
gneur,  ni  les  prophètes,  ni  les  Apôtres,  ni  leurs  évoques.  A  cause  de 
ces  paroles  :  «  Jeûnez  et  priez,  »  ils  ne  reconnurent  pas  [143]  la  ruse 
du  Malin.  A  quiconque  leur  disait  :  «  Craignez  Dieu,  cet  homme  est 
un  imposteur,  «ils  répondaient  :  a  Que  dit-il  de  mal?  Il  ne  dit  autre 
chose  que:  Jeûnez  et  priez.  »  Ils  ne  voulurent  écouter  personne, 
mais  ils  errèrent  à  sa  suite  et  entraînèrent  dans  l'erreur  toute  la 
contrée.  Ils  s'adonnèrent  aux  lamentations  et  aux  larmes,  ils  aban- 


120  CHRONIQUE 

donnèrent  leur  travail  et  laissèrent  leurs  champs  et  leurs  vignes 
incultes  pour  s'appliquer  à  la  prière. 

Bientôt  ils  commencèrent  à  dire  de  cet  homme  qu'il  faisait  toute 
sorte  de  prodiges  comme  Notre-Seigneur.  Ses  envoyés,  c'est-à-dire 
les  démons,  allèrent  répandre  sa  renommée  dans  toute  la  Méso- 
potamie. La  contrée  septentrionale  fut  troublée,  de  même  que  le 
Sud  avec  l'Orient  et  l'Occident.  Tout  le  monde  se  trompait  complè 
tement  à  son  sujet.  Lorsqu'une  caravane  venait  de  quelque  côté  et 
en  rencontrait  une  autre  qui  s'en  retournait  d'auprès  de  lui,  ceux 
qui  venaient  demandaient  à  ceux  qui  s'en  allaient  :  «  Comment 
avez-vous  trouvé  cet  homme?  »  Ceux-ci  disaient  :  «  On  ne  connaît 
rien  de  comparable  dans  tout  Tu  ni  vers  à  ce  que  fait  cet  homme.  » 
Ils  montraient  leurs  membres  et  disaient:  «  Celui-ci  était  paralysé, 
celui-là  avait  le  bras  desséché,  celui-ci  était  lépreux,   celui-ci 
aveugle,  et  maintenant,  comme  vous  voyez,  nous  sommes  tous  sans 
infirmité  ni  maladie.  Voyez  nos  yeux  ouverts,  nos  mains  souples, 
nos  pieds  guéris.  Ne  vous  refusez  pas  à  nous  [croire],  mais  soyez 
affermis  dans  votre  foi,  et  allez  près  de  lui.  Tout  ce  que  vous 
demanderez  vous  l'obtiendrez  de  lui.  »  Et  ainsi,  ils  continuaient 
leur  route  et  s'en  allaient  près  de  lui.  [Les  démons]  allaient  ainsi 
au-devant  de  toutes  les  caravanes  qui  venaient  vers  lui  et  attes- 
taient :  «  Nous  l'avons  vu  de  nos  propres  yeux.   Il  chasse  les 
démons;  il  ouvre  les  yeux  des  aveugles,  fait  entendre  les  sourds  et 
marcher  les  paralytiques.    »   A  d'autres    ils   disaient  :  «  Nous 
l'avons  vu,  nous,  ressusciter  un  mort,  et  il  a  fait  toutes  sortes  de 
prodiges  en  notre  présence.  »  [144] 

Sois  sûr,  lecteur  ou  auditeur,  que  ceux  qui  apparaissaient  aux 
hommes  se  rendant  en  cet  endroit,  qui  se  rencontraient  avec  eux  en 
grand  nombre  sur  leurs  ânes,  leurs  mulets,  leurs  chevaux,  et  qui 
montraient  leurs  membres  guéris  par  lui,  n'étaient  pas  des  hommes, 
mais  bien  des  démons.  Sachons  aussi,  d'après  cela,  que  jamais  on 
ne  vit  un  homme  qui  eût  recouvré  la  santé  auprès  de  lui. 

[Les  démons]  apparaissaient  à  d'autres  et  leur  disaient  :  «  Nous 
sommes  des  anges.  Nous  sommes  enchaînés  par  la  prière  de  Mar 
Marouta, —  car  ils  l'appelaient  Marouta,  —  s'il  nous  laisse  faire, 
et  nous  amènerons  le  grillon  et  la  sauterelle.  »  A  d'autres  ils 
apparaissaient  et  disaient:  «  Les  dragons^  viendront  sur  la  terre 
et  ne  laisseront  personne  vivant,  si  Mar  Marouta  nous  laisse 
faire.  » 
Les  démons  rebelles  ne  cessaient  de  faire  entendre  de  semblables 

1.  Littéralement:  «  Les  serpents  ailés.  » 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  121 

propos  dans  toute  la  Mésopotamie.  Et  dès  lors  il  n'y  eut  plus 
d'interruption  sur  les  routes  qui  conduisaient  à  cet  endroit. 

Comprends,  ô  sage,  que  lorsque  le  fils  de  perdition  viendra,  il 
n'agira  pas  de  suite  par  lui  même,  mais  ses  ministres  iront  ainsi 
publier  sa  renommée  par  toute  la  terre;  ils  se  montreront  corpo- 
rellement  à  chacun  et  crieront:  «  Un  tel  était  paralysé,  un  tel 
aveugle,  un  tel  lépreux,  et  celui-ci  les  a  guéris.  « 

Ils  se  faisaient  eux-mêmes  morts,  paralytiques,  lépreux,  aveugles 
et  infirmes  de  toute  façon  et  venaient  près  de  lui.  Dès  qu'il  com- 
mandait à  un  paralytique  de  marcher,  il  marchait,  et  celui  qui 
était  comme  réellement  paralysé  se  mettait  à  marcher.  Les  mal- 
heureux qui  avaient  abandonné  les  Livres  saints  et  allaient  à  sa 
suite  ne  savaient  pas  que  ceux-ci  étaient  des  démons,  et  qu'aucun 
des  hommes  qui  vinrent  le  trouver  ne  fut  jamais  guéri  par  lui  ;  à 
moins  qu'il  ne  fût  frappé  par  le  Malin,  et  alors,  lorsque  le  démon 
\e  quittait,  il  paraissait  guéri. 

Ils  disaient  :  «  Parce  que  tu  n'as  pas  la  foi,  tu  n'es  pas  guéri. 
Nous  avons  vu  ces  choses  et  nous  les  attestons.  Chacun  de  ceux  que 
nous  avons  [145]  vus  revenir  d'auprès  de  lui,  à  qui  l'on  deman- 
dait :  Es-tu  guéri?  disait:  Je  suis  guéri.  » 

Il  ne  disait  jamais  rien  de  plus  que:  »  Si  tu  as  la  foi,  dans 
quarante  jours  tu  seras  guéri.  »  Et  sous  cette  condition  d'attendre 
la  guérison  pendant  quarante  jours,  il  les  renvoyait. 

Ainsi  tous  les  pays  se  mettaient  en  mouvement  et  venaient  vers 
lui.  On  lui  apportait  des  billets,  avec  de  Tor,  de  l'argent,  des  objets 
précieux.  Il  faisait  des  aumônes,  de  longues  prières,  puis  se  levait 
et  aspergeait  le  peuple  de  cendre,  en  disant:  {<  Que  Dieu  soit 
apaisé!  »  Il  se  tenait  sur  un  siège  élevé  comme  un  évêque,  bien 
qu'il  eût  seulement  reçu  l'ordre  du  diaconat.  11  est  prescrit  par  les 
canons  apostoliques  que  le  prêtre  ne  soit  bénit  que  par  son  confrère 
prêtre  ou  par  l'évêque,  et  qu'il  ne  reçoive  la  bénédiction  que  de 
ceux  ci.  Cet  audacieux,  non  seulement  bénissait,  mais  il  faisait 
même  le  signe  de  la  croix  et  imposait  la  main  sur  la  tête  des  prê- 
tres. Il  faisait  aussi  l'huile  delà  prière',  lors  môme  que  plusieurs 
prêtres  se  trouvaient  réunis  près  de  lui,  et  la  leur  donnait.  Il  faisait 
l'huile  de  cette  manière  :  il  récitait  dessus  une  prière,  puis  il  cra- 
chait dedans  et  la  consacrait  par  son  crachat. 

Un  évêque  ou  un  moine  ne  pouvait  aller  là,  ni  dire  quelque  chose, 
sans  s'exposer  à  être  tué  par  les  habitants  de  ce  village  qui  disaient  : 

1.  Oleum  quo  Syri  mooophysitae  inflrmos  et  catechumetios  infantesque 
acte  bapiismum  uugunt.  »  T/ies.  syr,,  coi.  2240. 


122  CHRONIQUE 

((  Vous  êtes  jaloux  de  lui.  )>  Saint  Mar  Cyriaque,  évéque  de 
l'endroit,  voyant  que  son  troupeau  était  détenu  captif  parle  Malin, 
qu'ils  n'écoutaient  point  ses  paroles  et  voulaient  même  le  mettre  à 
mort,  se  rendit  près  du  vénérable  patriarche  David  et  lui  fit 
connaître  tout  cela. 

Le  vénérable  David,  [**6]  en  apprenant  ces  choses,  fit  enlever  le 
séducteur  et  l'enferma  dans  la  prison  de  Qarran.  Cela  ne  mit  pas 
fin  à  ses  impostures,  car  beaucoup  de  gens  venaient  le  trouver 
dans  la  prison  et  cet  impie  faisait  de  l'huile  et  la  leur  donnait 
après  ravoir  consacrée  par  ses  crachats. 

Nous  omettons  plusieurs  faits  et  nous  passons  à  d'autres  choses, 
car  nous  voulons  faire  connaître  les  années  de  calamité  que  le 
pays  a  souffertes. 


De  la  première  année  de  calamité  qui  fui  Van  1084  {7  7  2-7  73)* 
Et  d* abord  des  scribes,  des  gouverneurs  y  des  changeurs • 

Quand  le  roi  revint  de  la  région  de  Jérusalem,  il  fit  saisir  ^Abbas, 
le  dépouilla  de  tout  ce  qu'il  avait  et  mit  à  sa  place  Mousa  Ibn 
Mouç'ab,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Il  livra  à  ce  dernier  les 
gouverneurs,  les  scribes,  les  changeurs  qui  avaient  été  en  fonctions 
du  temps  de  *Abbas,  pour  qu'il  leur  fît  rendre  compte  :  puis  il 
descendit  à  Bagdad. 

Ce  tyran,  ayant  reçu  cet  ordre,  fit  amener  quiconque  avait  été 
gouverneur,  scribe  ou  changeur  du  temps  de  *Abbas.  Comme  il 
n'était  pas  encore  parti  de  Mossoul,  il  les  fit  descendre  à  Balad*  et 
les  fit  emprisonner  dans  cette  ville  avec  un  gros  boulet  de  fer.  Or, 
il  ne  leur  fit  point  rendre  compte  et  ne  fit  point  d'enquête  dans  le 
pays  pour  savoir  combien  ils  avaient  pris.  Mais  cet  homme  rusé 
dans  le  mal  fit  venir  près  de  lui,  de  chacune  des  villes,  des  hommes 
traîtres  et  avares  qui  n'avaient  point  Dieu  devant  les  yeux,  des 
hommes  tels  que  le  fils  de  perdition  s'en  choisira,  des  calomnia- 
teurs  semblables  à  lui.  11  les  honorait  en  paroles  et  en  œuvres  et  leur 
promettait  de  grandes  choses,  comme  Satan  en  promet  à  ceux  qui 
marchent  [147]  à  sa  suite  et  auxquels  il  procure,  après  tout,  une 
fin  déplorable  et  l'enfer.  Par  ses  paroles  il  les  trompait  tous,  et 
ils  lui  faisaient  connaître  qui  était  de  leur  ville  :  soit  notaire,  soit 
gouverneur,  soit  changeur,  ce  qu'il  possédait  et  ce  qu'il  ne  possé- 
dait pas,  quelles  étaient  ses  richesses,  ses  maisons,  ses  propriétés. 

1.  Balad,  sur  le  Tigre,  à  environ  32  kilomètres  au  sud  de  Mossoul. 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  123 

Il  fut  ainsi  renseigné  sur  chacun  et  éclairé  sur  leurs  biens.  Les 
traîtres  n'obtinrent  pas  de  lui  une  brillante  récompense,  mais  Dieu 
les  livra  entre  les  mains  de  Timpie  qu'ils  chérissaient,  et  celui-ci 
les  maltraita  plus  que  personne  autre. 

Ce  tyran  tint  donc  les  fonctionnaires  qui  avaient  été  sous  les 
ordres  de  *Abbas  enfermés  pendant  cinq  ou  six  mois,  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  élé  renseigné  sur  leurs  actions  par  ces  impies  qu'il  avait 
choisis.  Lorsqu'il  ne  reçut  plus  de  dénonciation  d'aucun  pa,ys,  il 
les  fit  sortir  un  à  un,  et  selon  ce  qu'il  avait  appris  des  calomnia- 
teurs, il  taxait  sans  pitié  chacun  d'eux  pour  une  somme  d'or  qu'ils 
devaient  lui  donner;  les  uns  :  deux  mille  [dinars],  les  autres  quatre, 
les  autres  dix,  les  autres  quinze,  les  autres  vingt,  les  autres  trente, 
les  autres  quarante.  Il  les  taxait  ainsi  non  parce  qu'ils  étaient 
débiteurs  [de  ces  sommes],  mais  pour  satisfaire  son  avarice  et  sa 
rage.  Il  torturait  les  pieds  et  les  mains  de  chacun  d'eux,  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  reçu  la  somme  pour  laquelle  il  avait  taxé  cet  individu. 
Et  quand  celui-ci  avait  consenti,  il  le  renvoyait  enchaîné  à  sa  ville 
avec  un  cavalier  et  des  répondants,  pour  en  rapporter  cette  somme. 

Il  ordonna  ensuite  uux  censeurs  d'aller  inscrire  tout  ce  qui  leur 
restait. 

Cet  homme  pervers,  voyant  que  le  roi  l'exaltait  et  ajoutait  encore 
aux  honneurs  dont  il  l'avait  précédemment  comblé,  et  sachant  que 
ce  roi  se  complaisait  plus  dans  la  destruction  que  dans  la  paix, 
rugit  comme  un  lion  [148]  en  présence  de  sa  proie.  Il  commença  à 
pressurer  la  contrée,  comme  autrefois  Pharaon  les  enfants  d'Israël. 
Il  ordonna  d'abord  aux  censeurs  de  recenser  leurs  pays.  Ces  cen- 
seurs apprirent  près  de  lui  à  être  avares,  et  lui-même  ne  donna  pas 
l'ordre  de  faire  le  recensement  par  un  sentiment  de  bienveillance, 
mais  par  avarice,  et  pour  se  faire  une  réputation  par  un  nouveau 
ta'dil.  Cela  est  manifeste  d'après  ce  qui  arriva  ensuite,  c'est-à- 
dire  que  celui  qui  se  trouvait  imposé  davantage  devait  payer  selon 
le  nouveau  recensement,  celui  qui  se  trouvait  moins  imposé  devait 
payer  selon  l'ancien.  Les  censeurs  eux-mêmes  demandaient  ouver- 
tement, sans  pudeur  et  sans  crainte,  des  présents  et  des  dons. 

Ils  recensèrent  ainsi  le  pays  et  ne  laissèrent  rien  autre  chose 
que  les  nombreuses  ruines  causées  par  leur  brigandage  et  leur 
avarice. 

Des  stigmatineuni  et  des  marques. 

Il  envoya  aussi  avec  les  censeurs  des  stigmatiseurs  et  des 
marques  pour  que,  sur  l'ordre  des  premiers,  ceux-ci  marqus^ssent 


124  CHRONIQUE 

sur  quiconque  serait  pris  le  nom  de  sa  ville  et  de  son  village,  afin 
qu'il  fût  ensuite  reconduit  à  son  village  et  à  son  pays.  Ils  s'appli* 
quèrent  moins  à  cela  qu'à  satisfaire  leur  avarice.  Non  seulement 
ils  imprimaient  ces  marques,  mais  ils  surajoutèrent  d*eux-mèmes 
beaucoup  d'autres  choses.  Le  stigmatiseur  saisissait  tout  d'abord 
les  notables  d'un  endroit,  et  leur  disait  :  ((  Que  chacun  conduise 
les  siens  à  la  ville  et  que  personne  ne  sorte  ;  vous  êtes  respon- 
sables. »  Quand  ces  notables  avaient  conduit  tous  ceux  de  leur 
village,  [le  stigmatiseur]  les  marquait.  Sur  la  main  droite  il  ins- 
crivait le  nom  de  la  ville  et  sur  la  gauche  :  «  Mésopotamie.  »  Il 
suspendait  au  cou  de  chacun  deux  médailles  dont  Tune  portait  le 
nom  de  la  ville  et  l'autre  celui  du  district.  Il  percevait  dès  le  prin- 
cipe un  zouz  pour  chaque  groupe  de  trois  hommes.  [149]  Il  ins- 
crivait aussi  le  nom  de  l'individu,  sa  ressemblance,  son  portrait, 
de  quel  village  et  de  quel  district  il  était.  Cela  troubla  fortement 
les  gens,  car  on  s'empara  de  beaucoup  d'étrangers,  et  quel  que 
fût  le  lieu  qu'ils  indiquassent,  on  les  marquait  du  nom  de  l'endroit 
où  parfois  ils  n'étaient  jamais  entrés.  Et  si  ce  recensement  eût 
été  achevé,  il  eût  causé  plus  de  mal  que  tous  les  précédents. 

Le  marqueur,  voyant  que  son  œuvre  n'était  pas  complète,  sortit 
dans  le  pays  et  s'empara  de  tous  les  allants  et  venants.  IPpar- 
courut  la  région  plus  de  vingt  fois  et  ne  s'arrêta  que  quand  il 
eût  pris  tous  les  habitants  et  que  personne  ne  lui  eut  échappé. 

Et  alors,  comme  disent  le  prophète  Daniel  et  l'apôtre  Jean*  : 
<(  Tous  les  hommes  reçurent  le  signe  de  cette  bête  sur  leurs  mains, 
sur  leur  poitrine  et  leur  dos.  » 


Des  décimateurs. 

Il  envoya  d'autres  gouverneurs  pour  la  dîme,  et  ceux-ci  trou- 
blèrent de  nouveau  la  contrée.  Étant  entrés  dans  les  villes,  ils 
passaient  dans  une  boutique  pour  voir  ce  qui  s'y  trouvait.  Quand 
un  homme  pauvre  avait  pour  cent  zouz  [de  marchandises],  ils  en 
inscrivaient  cinq  cents;  s'il  en  avait  pour  mille,  ils  en  inscrivaient 
cinq  mille.  Ils  passèrent  dans  les  maisons  des  Syriens  et  des 
Arabes,  et  partout  où  il  y  avait  du  froment,  de  l'orge,  ou  d'autres 
choses  de  même  nature,  ils  les  consignèrent.  Sans  même  regarder, 
ils  inscrivaient  :  tant  de  milliers  pour  un  tell  Ils  exigeaient  un 
griba  par  dix  gribè.  On  était  d'accord  avec  eux  à  Bagdad. 

1.  Cf.  Apœ.,  XIX,  20. 


DE  PENYS  DE    TELL-MAHRÉ  125 

Si  cela  eût  continué,  la  contrée  eût  été  ruinée»  car  souvent 
[150]  ils  inscrivaient  dix  mille  grihè  à  quelqu*un  qui  n*en  possé- 
dait pas  vingt;  car  ces  calomniateurs  iniques  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut  avaient  été  leurs  maîtres  dans  le  mal. 

Mousa  lui-même  les  faisait  appeler  constamment,  et  ils  descen- 
daient près  de  lui  pour  le  renseigner  sur  ce  qu'il  y  avait  dans  la 
ville  de  chacun  d'eux.  Dès  lors,  les  hommes  comblaient  le  décima- 
teur  de  leur  ville  de  présents  et  d'honneurs  afin  de  lui  fermer  la 
bouche. 

A  cause  de  cette  manière  de  faire  des  décimateurs,  et  aussi  à 
cause  des  délateurs,  les  pauvres  furent  complètement  ruinés  et 
encore  à  peine  purent-ils  détourner  ce  fléau. 

Dès  lors,  ils  sortirent  sur  les  routes  et  les  passages,  et  ils 
dépouillèrent  quiconque  allait  ou  venait.  Ils  se  plaçaient  en 
embuscade  la  nuit  sur  les  routes,  comme  des  voleurs,  et  prenaient 
le  bien  des  hommes  qui  fuyaient  pour  éviter  la  dîme  ou  le  çauphi. 
u  Nous  sommes,  disaient-ils,  les  décimateurs.  » 

Comme  un  mal  incalculable  commençait  à  ravager  tout  le  pays, 
et  qu'il  n'y  avait  plus  ni  allant  ni  venant  sur  les  routes,  les 
hommes  descendirent  se  plaindre  à  Mousa.  Celui-ci  défendit  de 
saisir  quelqu'un  en  dehors  de  la  place  publique;  mais  à  peine 
cessèrent-ils  alors  leurs  méfaits. 

Du  çauphi. 

Toute  pousse  qui  croit  après  ses  voisines  est  moins  bonne  que 
les  premières.  Or,  ces  rejetons  s'élevaient  d'une  racine  mauvaise  et 
amère,  d'une  racine  de  colère.  C'est  pourquoi  il  est  écrit  :  «  Leurs 
plantations  viennent  d'un  mauvais  plant.  »  Et  encore  :  »  La  racine 
de  tous  les  maux,  c'est  l'avarice  \  —  L'avare  n'est  jamais  rassa- 
sié». »  S'il  possédait  tout  l'univers,  il  désirerait  encore  posséder  ce 
qu'il  ne  voit  pas.  De  même  que  l'enfer  et  le  démon  [151]  ne  sont 
jamais  rassasiés,  ainsi  ce  fils  de  l'enfer  et  du  démon  n'était  pas 
rassasié  de  tous  les  hommes,  de  leurs  vignes,  de  leur  bétail,  de  leurs 
champs.  Ils  travaillaient  pour  lui,  et  cela  ne  lui  suffisait  pas.  Il 
exerça  son  avarice  sur  les  routes,  les  montagnes,  les  eaux  qui  coulent 
dans  les  fleuves,  et  jusque  sur  les  morts.  Il  remua  de  leur  place  et 
dispersa,  comme  le  fumier  à  la  face  de  la  terre,  les  ossements  de  ceux 
qui  reposaient  dans  les  tombeaux  depuis  deux  ou  trois  mille  ans. 

1.  /  riVn.,  Tî.  10. 

2.  Cf.  EccL,  V,  y. 


126  CHRONIQUE 

V 

Malheur  à  toi,  Seôll  de  même  que  tu  n'es  pas  rassasié  des 
cadavres  que  chaque  jour  tu  recueilles  dans  ton  sein,  de  même 
ceux  que  tu  as  engendrés  et  qui  sont  tiens  ne  sont  jamais  rassasiés, 
jusqu'à  ce  que  la  mort  ferme  leur  palais  glouton. 

Quand  ceux  qui  avaient  été  préposés  au  çauphi  arrivèrent,  ils 
occupèrent  les  places  publiques  et  les  rues,  et  arrêtèrent  tous  les 
passants.  Ils  s'emparèrent  aussi  des  rivières,  [occupèrent]  les  gués' 
pour  empêcher  de  passer,  et  [interdirent]  aux  pêcheurs  de  pêcher 
du  poisson.  Us  mesurèrent  au  cordeau  les  places  publiques  du 
nord  au  sud  et  de  l'orient  à  l'occident  :  quarante  coudées  d'un  côté 
et  quarante  coudées  de  l'autre  côté.  Ils  envahirent  beaucoup  de 
maisons,  de  boutiques,  de  cours;  ils  confisquèrent  toute  boutique 
qu'ils  ne  trouvèrent  point  inscrite  dans  l'ancien  recensement  et 
contraignirent  les  habitants  à  évacuer  leurs  demeures. 

Et  après  que  ce  principe  de  tous  les  maux  eut  ainsi  beaucoup 
fait  souffrir  les  uns  et  les  autres,  la  calamité  cessa  à  peine.  Ils 
mesurèrent  le  mur  de  la  ville  et  s'emparèrent  des  tours  et  de  son 
circuit,  afin  de  satisfaire  en  toute  manière  leur  cupidité  et  leur 
avarice.  Ils  envoyèrent  un  héraut  annoncer  :  «  Que  quiconque  veut 
louer  une  boutique  ou  une  tour  aille  trouver  l'émir  du  çauphi.  » 
Ils  causèrent  beaucoup  de  dommages  aux  propriétaires  de  celles-ci, 
et  à  peine  revint-il  à  un  homme  quelque  chose  [152]  de  son  bien. 
Ils  s'emparèrent,  en  outre,  de  tous  les  entrepôts  où  se  faisait  le 
commerce  extérieur  avec  le  pays. 

Comme  beaucoup  de  gens  vivaient  de  la  pêche  du  poisson  des 
rivières  et  en  vendaient  pour  payer  le  tribut  odieux  qui  leur  était 
imposé,  un  héraut  fut  envoyé  [pour  annoncer]  :  «  Que  quiconque 
pécherait  du  poisson  dans  la  rivière,  ou  placerait  dedans  des  en- 
gins (?)  ou  des  nasses  (?)  sans  la  permission  du  çauphi,  serait  puni 
de  mort.  ))  Les  hommes  furent  ainsi  empêchés  de  pêcher.  Et  si  on 
parvenait  à  saisir  un  homme  qui  introduisît  du  poisson  ou  qui 
jetât  le  filet,  ils  le  frappaient  de  coups  jusqu'à  le  faire  mourir  et 
prenaient  son  bien.  Ils  exigeaient  de  celui  qui  voulait  pêcher  la 
moitié  de  ce  qu'il  pourrait  prendre.  Alors  que  la  pêche  était  ainsi 
partout  prohibée,  des  envoyés  vinrent  pour  exiger  des  pécheurs 
l'impôt  dont  ils  étaient  frappés.  Ceux-ci  l'imputèrent  aux  cam- 
pagnes situées  sur  le  fleuve.  La  même  chose  eut  lieu  sur  toutes 
les  rivières.  On  savait  où  et  combien  chacun  prenait,  car  ils  occu- 
paient les  barques  des  passages  \  et  on  prélevait  la  moitié  du 
produit. 

i 

1.  Peut  être  faudrait-il  traduire  :  passeurs. 


DE  DENYS  DE   TELL-MAHRÉ  127 

Dès  lors  ce  fut  l'angoisse  pour  tous  et  de  tous  côtés.  Quiconque 
échappait  à  Ja  dime  était  pris  par  le  gauphi,  et  parfois  tous  les  deux 
saisissaient  un  homme  en  même  temps  que  ceux  qui  recherchaient 
les  fugitifs  et  ne  laissaient  de  repos  à  personne. 


De  ceux  qui  recherchaient  les  fugitifs  et  du  mal  quUls  faisaient, 

« 

Cette  racinede  persécution^  produisit  un  rejeton  dans  lequel,  plus 
que  dans  tous  les  précédents,  se  trouvait  un  poison  mortel  et 
pernicieux. 

Il  établit  sur  toute  la  Mésopotamie  un  gouverneur  chargé  de  faire 
reconduire  chacun  à  son  pays.  Quand  celui-ci  reçut  cet  ordre,  il  se 
diâposa  à  causer  tous  les  maux.  [153]  Il  se  choisit  des  hommes 
impies  qu'on  peut  appeler  sans  les  calomnier  bêtes  féroces  et  oiseaux 
de  proie.  Il  les  choisit  et  les  envoya  dans  les  villes.  Il  statua  aussi 
combien  d'or  chacun  lui  rapporterait  de  chaque  ville.  Il  établissait 
beaucoup  de  gouverneurs  qu'il  envoyait  dans  les  villes  de  la  Mésopo- 
tamie. Il  en  faisait  un  pour  chaque  ville  et  les  envoyait  dans  toutes 
les  villes,  de  sorte  que  dans  un  seul  jour  ou  une  seule  semaine  dix 
gouverneurs  entraient  dans  la  même  ville  à  propos  de  l'exiP. 

Us  s*attaquaient  aux  hommes  comme  des  bêtes  féroces,  les  déchi- 
raient sans  pitiéy  vendaient  tout  ce  qu'ils  possédaient  ou  le  gardaient 
pour  leur  récompense. 

Ils  les  faisaient  entrer  et  les  enfermaient  dans  les  maisons  jusqu'à 
ce  qu'ils  périssent  de  faim.  Beaucoup  mouraient  de  faim,  de  froid 
et  des  coups  dont  ils  les  accablaient  afin  de  leur  faire  donner  dos 
zouz;  car  tout  ce  que  possédaient  ces  pauvres  gens  ne  suffisait  pas 
pour  assouvir  la  cupidité  de  cet  oiseau  de  proie  qui  s'était  abattu 
sur  eux.  Us  ne  se  contentaient  pas  de  cela,  mais  ils  s'attaquaient 
même  aux  habitants  du  pays,  alléguant  comme  prétexte  :  u  Quel- 
qu'un des  nôtres  est  chez  vous.  » 

Leurs  exactions  et  leurs  dépenses  s'élevaient  au  delà  de  ce 
qu'ils  percevaient  pour  la  capitation  et  l'impôt.  Quand  quelqu'un 
entrait  dans  un  village  ou  dans  une  campagne,  il  y  trouvait  plus  de 

1.  Mousa. 

2.  NoQs  traduisons  littéralement  cette  tautologie  dont  le  sens  qui  a*est  pas 
très  clair  parait  ôtre  celui-ci  :  A  chaque  gouTerueur  était  attribuée  une 
ville  qu'il  devait  repeupler  en  y  ramenant  ceux  qui  s'étaient  enfuis.  Pour 
cela,  il  parcourait  toutes  les  autres  villes,  afin  de  rechercher  les  fugitifs,  et 
tous  ce  prétexte  commettait  toutes  sortes  d'exactions,  non  seulement  sur  les 
fogitifs,  mais  même  sur  les  habitants  du  pays. 


128  CHRONIQUE 

quatre  ou  cinq  gouverneurs.  Si  un  homme  s'enfuyait  d'un  village 
pour  aller  dans  un  autre, aBn  d'échapper,  quelle  que  fût  la  route 
par  laquelle  il  s'en  allât,  il  tombait  entre  les  mains  soitde  celui  qui 
recherchait  les  captifs»  soit  de  ceux  préposés  à  la  capitation,  soit  des 
voleurs,  car  dès  lors  ceux-ci  pillaient  ouvertement  et  non  plus 
seulement  la  nuit.  Et  s'il  échappait  à  ceux-ci,  les  paysans  eux- 
mêmes  [154]  lui  faisaient  subir  tous  les  maux,  sans  craindre  Dieu. 

C'est  maintenant  qu'il  faut  dire  avec  le  prophète  Moïse  ^  :  «  Un  feu 
s'est  allumé  par  ma  fureur,  et  il  brûlera  en  bas  jusqu'aux*enfers. 
Il  dévorera  la  terre  et  ses  produits,  et  il  brûlera  les  fondements  des 
montagnes.  J'assemblerai  sur  eux  des  maux.  J'exciterai  contre  eux 
les  dents  des  bètes  férocesainsi  que  le  venin  des  serpents  qui  rampent 
sur  la  poussière.  Au  dehors  le  glaive  les  ravagera  :  et  au  dedans 
l'épouvante.  »  Crois-tu  que  le  prophète  parle  des  bètes  féroces  et 
des  serpents  qui  appartiennent  à  la  race  des  animaux  ou  des  vola- 
tiles? Non;  mais  il  appelle  ainsi  ceux  qui  n'ont  d'humain  que 
l'apparence,  puisque  toute  la  malice  de  l'aspic,  de  la  béte  sauvage 
et  de  l'oiseau  de  proie  se  trouve  dans  leurs  habitudes.  En  sorte  que 
le  philosophe  dit  :  «  Je  vois  l'homme,  mais  je  ne  vois  pas  l'huma- 
nité. ))  Il  voyait  en  effet  l'image  d'un  homme.  En  ne  voyant  pas  la 
conduite  d'un  homme,  mais  bien  celle  d'une  bote  sauvage  et  d'un 
oiseau  de  proie,  le  prophète  surajoute  encore  et  dit  :  «  le  venin  des 
serpents.)) 

Sache,  6  homme  judicieux,  que  toutes  ces  choses  se  trouvaient 
en  eux,  principalement  une  fureur  qu'on  ne  pouvait  calmer,  mais 
qui  était  comme  le  feu.  Us  n'avaient  point  de  pitié,  mais  ils  étaient 
comme  des  loups  dévorants  blessés  par  un  trait. 

Les  gouverneurs  de  la  contrée  étaient  de  ces  chiens  muets,  qui 
ne  peuvent  aboyer  et  se  font  les  complices  des  voleurs.  Ils  leur 
donnaient  la  main  pour  tous  les  maux  et  toutes  les  iniquités,  et  si 
un  pauvre  dont  le  bien  avait  été  volé  venait  se  plaindre  à  eux.  il 
n'obtenaitaucun  soulagement,  car  ils  étaient  assourdis  par  l'avarice, 
et  incapables  de  rectitude, parce  qu'ils  étaient  sortis  des  voies  de  la 
justice.  Ils  s'ingéniaient  à  saisir  tout  ce  qu'ils  rencontraient  et 
ravissaient  le  bien  des  pauvres  qu'ils  pillaient.  [155] 

Nous  ferons  aussi  connaître  les  maux  qui  accablèrent  les  Arabes  • 
car  personne  n'échappa  à  la  calamité  qui  survint  à  cette  époque,  à 
cause  de  nos  nombreux  péchés. 

1.  Deut.,  xxxii,  ii2-''24. 


DK   DENYS   DE   TKLF.-MAHRK  129 

Du  gottcerneur  prépocé  au  sadâqat  al-niâl  des  Arabes, 

Toutes  les  habitudes  d'un  loup  rapace  sont  pleines  de  fureur: 
de  même,  toutes  les  tendances  et  toutes  les  démarches  de  celui-ci 
étaient  pleines  d'oppression  et  de  fureur. 

Il  établit  donc  un  gouverneur  pour  le  sadâqat  al-mâl  des  Arabes. 
Celui-ci  fit  de  leurs  personnes  et  de  leurs  propriétés  un  recense- 
ment analogue  à  celui  qu'on  avait  fait  pour  les  Syriens.  Il  inscrivit 
leurs  champs,  leur  bétail,  les  produits  de  toute  nature  appartenant 
à  chacun  d'eux.  Si  quelqu'un  possédait  un  jardin  de  légumes,  de 
lin,  ou  môme  de  pois  chiches,  on  l'inscrivait. 

Comme  rien  de  toi  ne  se  trouvait  dans  leurs  lois  ou  dans  les 
constitutions  de  leurs  premiers  rois,  cette  chose  leur  parut  mépri- 
sable et  ils  ne  s'en  préoccupèrent  pas. 

Quand  il  eut  achevé  d'inscrire  tout  leur  bien,  il  s'arrêta,  compta, 
et  fixa  le  montant  de  l'impôt.  Il  estima  lacre  à  vingt-quatre 
zouz.  11  fixa  la  dîme  à  percevoir  des  chèvres,  des  moutons,  des 
bœufs  et  des  autres  produits  au  taux  élevé  qui  lui  plut.  De  même 
pour  le  blé.  Il  ne  leur  laissa  rii^n  sans  le  recenser  :  ni  les  abeilles, 
ni  les  pigeons,  ni  les  poules.  Et  s'il  se  trouvait  dans  les  terres  d'un 
Arabe  un  champ  ensemencé  de  pois  chiches,  ils  l'inscrivaient 
comme  un  champ  de  froment  ou  d'orge,  ou  comme  jardin. 

Quand  ils  eurent  réglé  l'impôt,  et  taxé  chacun  selon  son  bien, 
alors  arrivèrent  des  gens  de  'Aqoula  et  de  Boçra,  plus  méchants  que 
la  vipère,  des  gens  violents,  impies,  sans  miséricorde,  qui  ne 
craignaient  point  le  jugement  de  Dieu,  qui  ne  respectaient  point 
les  vieillards,  [156]  n'avaient  point  pi  lié  des  veuves  et  dépouillaienl 
les  orphelins.  De  telles  gens  vinrent  percevoir Timpôt.  Dès  lors  on  ne 
voyait  plus  qu'arrestation  et  emprisonnement  d'hommes  honorables 
et  de  vieillards.  Ils  les  accablaient  de  coups  et  de  tourments  de  tous 
genres.  Ils  suspendaient  à  une  corde,  par  un  bras,  des  hommes 
lourds  et  corpulents,  jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  près  de  mourir. 

En  théorie,  ils  devaient  prendre  le  dixième;  mais  [de  fait]  quand 
les  Arabes  vendaient  tout  ce  qu'ils  possédaient,  ils  ne  parvenaient 
pas  à  réunir  ce  qu'on  leur  demandait.  Ils  essayaient  de  leur  per- 
suader de  prendre  suivant  la  loi  établie  par  Mohammed,  leur  chef  et 
législateur,  et  par  les  premiers  rois,  c'est- à-dire  de  prendre  à  chacun 
selon  ce  qu'il  possédait,  du  blé  à  celui  qui  avait  du  blé,  du  bétail  à 
celui  qui  avait  du  bétail.  Mais  ils  n'y  consentaient  point  et  leur 
disaient:  «  Allez- vous-en.  Vendez  votre  bien  comme  vous  l'en- 
tendrez, et  donnez-nous  de  Tor.  » 

9 


130  CHRONIQUK 

En  vérité  ici  le  méchant  fut  puni  par  le  méchant.  Il  y  a  une 
parole  profane  qui  dit  que  les  maléfices  sont  vaincus  par  les  malé- 
fices, et  les  drogues^  par  d*autres  drogues  qui  sont  plus  amères  et 
plus  violentes  que  les  aspics. 

Ces  Arabes  pénétraient,  comme  lever  dans  le  bois,  au  milieu  de 
ces  malheureux  paysans,  et  prenaient  leurs  terres»  leurs  maisons, 
leurs  semences  et  leur  bétail,  de  sorte  qu'ils  étaient  sur  le  point  de  les 
prendre  eux-mêmes  ainsi  que  leurs  enfants,  comme  esclaves;  en  tout 
ce  qu'ils  possédaient,  ces  paysans  travaillaient  pour  eux  comme 
des  esclaves.  Ils  ne  trouvaient  aucune  sécurité  près  du  serpent 
tortueux,  c'est-à-dire  près  de  Mousa  Ibn  Mouç*ab,  qui  mit  en  œuvre 
toutes  ses  ruses  pour  les  perdre. 

On  n'entendait  parler  de  tous  côtés  que  de  coups  et  de  cruels 
supplices,  [157]  et  parfois,  de  plus,  les  Arabes  firent  périr  les 
paysans  qui  habitaient  dans  leurs  terres,  car  ils  les  imposaient  et 
les  forçaient  à  payer  avec  eux,  jusqu'à  ce  qu'ils  les  eussent  ruinés  et 
qu'ils  se  fussent  emparés  de  tout  ce  qu'ils  possédaient.  Ils  s'en- 
fuirent de  leurs  demeures.  Comme  c*était  le  début  de  la  calamité 
et  le  commencement  de  la  dévastation,  et  qu'il  y  avait  encore  des 
ressources  suffisantes,  ils  ne  furent  pas  absolument  réduits  à  périr; 
mais  ces  gouverneurs  pervers  ne  se  rassasiaient  pas  non  plus.  Ils 
estimèrent  un  acre  à  vingt-quatre  zouz;  trente  bœufs  pour  une  génisse 
de  choix,  et  chaque  génisse  à  douze  zouz;  quarante  bœufs  pour 
une  vache,  et  chaque  vache  à  vingt-quatre  zouz,  alors  qu'au  marché 
elle  n'en  valait  pas  quatre  ;  ils  taxèrent  chaque  ruche  d  abeilles  à 
un  zouz. 

Leur  malice  ne  s'en  tint  pas  là  et  ne  cessa  pas  pour  cela.  Ils 
taxèrent  tous  les  autres  revenus,  un  à  un,  selon  leur  gré. 

Comme  ils  traitaient  les  habitants  sans  pitié  et  sans  respect  pour 
les  vieillards  et  les  hommes  honorables  qui  étaient  parmi  eux, 
quelques-uns  descendirent  près  de  Mousa  pour  se  plaindre  et  les 
accuser.  Celui-ci  leur  fit  remise  de  douze  mille  [dinars].  Mais 
comme  il  est  écrit  :  «  Le  méchant  ne  peut  devenir  bon*;  et  si 
par  hasard  il  devient  bon,  c'est  parce  qu'il  s'oublie,  *  ainsi  celui-ci 
s'oublia,  en  faisant  le  bien;  mais  il  rentra  en  lui-même  et  leur 
réclama  de  nouveau  ces  douze  mille  [dinars].  C'est  chose  difficile, 
en  effet,  que  le  fiel  devienne  doux,  et  que  les  épines  produisent  des 
dattes. 

Et  parce  que  toute  cette  sordide  fureur  qui  fondit  sur  les  hommes 

1.  Litt.  :  Les  tbériaques. 

2.  Cf.  J?cc^.,  1,15. 


DE   DENYS    DE   TELL-MAHRf:  131 

dans  la  perception  de  la  capîtation  a  duré  longtemps,  que  per- 
sonne, mes  frères,  ne  blâme  Técrivain  s'il  passe  sous  silence  le 
récit  de  la  plupart  des  maux  qui  s'abattirent  sur  nous;  [158]  car, 
si  tous  les  hommes  devenaient  chroniqueurs,  si  tout  le  bois  était 
changé  en  calâmes,  et  tout  le  vin  en  encre,  ils  resteraient  encore  en 
deçà  de  la  fin  des  maux  qui  accablèrent  la  région,  et  ne  suffiraient 
pas  pour  écrire  et  raconter  ce  qui  arriva  dans  la  contrée. 

Nous  passons  donc  maintenant  à  d'autres  choses,  afin  d'en  laisser 
quelque  souvenir  à  ceux  qui  viendront  après  nous  dans  le  monde. 


De  ce  signe  qui  s^était  montré  précédemment  dans  la  région 
du  Nord  et  apparut  de  nouveau  en  cette  année. 

Dieu  parla  autrefois  par  ses  prophètes  à  la  nation  rebelle;  à  la 
fin  il  a  parlé  par  son  Fils  chéri  à  tous  les  enfants  d'Adam  ^  ;  et 
maintenant  à  nous,  enfants  de  colère,  qui  ayant  les  paroles  des 
prophètes,  les  promesses  que  le  Sauveur  a  faites  à  son  Église,  les 
avertissements  des  Apôtres,  avons  endurci  nos  cœurs,  clos  nos 
yeux,  fermé  nos  oreilles,  pour  ne  point  voir  de  nos  yeux,  ni  entendre 
de  nos  oreilles,  ni  comprendre  dans  nos  cœurs  les  paroles  vivi- 
fiantes de  noire  Sauveur,  afin  de  nous  convertir  de  notre  malice  et 
de  vivre,  il  nous  a  montré  dans  le  ciel  des  signes  qui  manifestaient 
ses  menaces  contre  le  peuple  incrédule  qui  les  voyait.  Il  attestait 
aux  hommes  prudents  la  grandeur  de  notre  malice  et  la  colère  de 
sa  justice  qui  nous  menaçait. 

Le  signe  qui  était  apparu  l'année  précédente  dans  la  région 
.septentrionale  apparut  de  nouveau  cette  année,  au  mois  de  Haziran 
[juin],  un  vendredi  ;  car,  pendant  les  trois  années  consécutives  où  il 
se  montra,  il  apparut  un  vendredi.  11  s'étendait  depuis  l'Orient 
jusqu'à  l'Occident.  Lorsqu'on  se  mettait  à  l'observer,  il  prenait 
divers  aspects;  quand  un  rayoù  rouge  disparaissait  il  s'en  levait 
un  vert,  [159]  quand  le  vert  disparaissait  le  jaune  se  levait,  quand 
celui-ci  disparaissait,  le  noir  se  levait. 

Il  signifiait  que  la  terre  n'aurait  pas  qu'une  calamité  à  supporter, 
mais  qu'elles  se  succéderaient  les  unes  aux  autres,  comme  il  nous 
arriva  réellement. 

L'aspect  de  ce  signe  était  tel  qu'il  a  été  indiqué  plus  haut'. 


1.  Cf.  Hebr.,  i,  1,  2. 

2.  Cf.  page  112. 


133  CHRONIQUK 


De  la  perception  de  V impôt  de  capitation  en  cette  première 

année  de  calamité. 


<(  O  mon  peuple,  entre  dans  tes  chambres,  ferme  tes  portes  sur 
toi  et  sur  tes  enfants,  et  reste  tranquille  jusqu'à  ce  que  mon  indi- 
gnation soit  passée \  »  Le  même  prophète  dit  encore':  «  Ne  crains 
pas  Assur,  6  mon  peuple,  lorsqu'il  te  frappera  de  son  bâton  ;  car 
encore  un  peu,  et  ma  fureur  sera  achevée.  »  Et,  en  considi'rant 
d'un  œil  prophétique  ce  temps  malheureux,  la  ruine  du  peuple, 
des  prêtres,  du  temple  saint,  et  la  disparition  de  la  joie  parmi  les 
hommes,  un  autre  prophète  s'écrie  et  dit*  :  «  Révélez- vous  de  sacs, 
tressaillez  et  lamentez-vous,  ministres  de  l'autel;  entrez,  couchez 
sur  les  sacs,  ministres  de  mon  Dieu;  car  le  sacrifice  et  la  libation 
ont  disparu  de  la  maison  de  votre  Dieu.  Sanctifiez  le  jeûne,  appslez 
l'assemblée;  que  les  anciens  et  que  tous  les  habitxints  de  la  terre  se 
réunissent  dans  la  maison  du  Seigneur  votre  Dieu;  criez  vers  lui 
et  dites  :  Ah,  ah,  jour  !  Car  le  jour  du  Seigneur  est  proche  et  la 
dévastation  de  Dieu  viendra.  » 

Voici  que  devant  nos  yeux  les  mets  ont  disparu  de  la  maison 
de  notre  Dieu,  ainsi  que  la  joie  et  l'allégresse.  La  joie  et  l'allé- 
gresse ont  disparu  d'entre  les  hommes;  les  dimanches  et  les  fêtes 
ont  cessé;  le  sacrifice  et  la  libation  n'ont  plus  lieu  sur  le  saint 
autel;  nos  fêtes  ont  été  changées  en  deuil,  notre  joie  en  tristesse, 
notre  allégresse  en  angoisse  «  En  ce  jour,  dit  Isaïe',  le  Seigneur 
humiliera  les  plus  nobles  des  filles  de  Sion  [160]  et  le  Seigneur 
mettra  leurs  formes  à  découvert.  »  Au  jour  indiqué,  le  Seigneur 
enlèvera  la  gloire  des  filles  de  la  sainte  Église,  et  aux  femmes 
nobles  leurs  vêtements,  leurs  ornements,  leurs  couronnes,  les  dia- 
dèmes de  leurs  cheveux,  les  parures  de  leurs  fronts,  les  ornements 
de  leurs  visages,  leurs  pendants  d'oreilles,  leurs  colliers,  leurs  bra- 
celets de  toute  sorte,  leurs  soieries,  leurs  tuniques, leurs  voiles,  leurs 
vêtements  fins,  leur  pourpre,  leurs  robes,  leurs  étoffes  violettes  et 
écarlates  et  toute  la  parure  de  leurs  ornements.  Et  elles  auront  du 
vinaigre  au  lieu  d'un  parfum  suave,  au  lieu  de  ceinture  des  chaînes, 
au  lieu  d'une  chevelure  frisée  lacal vitie,  au  lieu  d'étoffes  violettes  la 


1.  Is.,  XXVI,  20. 
g.  Cf.  I8.,  X,  24-23. 

3.  JoKL,  I,  13-15. 

4.  Cf.  le.,  m,  17-24. 


DE   DKNYS  DE  TELL-MAHRÉ  133 

bareei  des  haillons.  Elles  circuleront  avec  leurs  filles  de  village  en 
village,  de  maison  en  maison,  affamées,  dépouillées,  languissantes. 

Venons-en  maintenant  à  l'époque  [indiquée]  et  montrons  ce  qui 
s'est  passé. 

D*abord  survint  un  gouverneur  pour  percevoir  la  capitation.  Il 
proclama  la  paix  et  dit  :  «  Restez  en  paix  et  ne  craignez  point.  Je 
viens  percevoir  le  nouveau  cens  et  je  ne  prendrai  pas  un  district 
pour  an  autre,  ni  un  village  pour  un  autre,  ni  un  homme  pour  un 
autre.  »  Ils  pensèrent  que  la  vérité  était  sur  sa  langue.  Ils  le 
crurent  et  ils  restèrent.  «  Ses  paroles  sont  plus  douces  que  le  miel 
et  ce  sont  des  dards  * .  » 

Or,  il  prit  la  capitation  et  la  fit  percevoir  de  chacun  dans  son  ^ 
village.  Il  leur  envoya  de  nombreux  gouverneurs,  et  établit  dans 
chaque  village  deux  ou  trois  préfets  qui  établirent  à  leur  tour  un 
intendant  par  dix  hommes,  et  deux  chefs  de  district  pour  chaque 
district,  avec  plusieurs  auxiliaires.  Ainsi  ils  sortirent  comme  des 
loups  dévorants  qui  tombent  sur  un  troupeau  de  moutons.  Les 
routes  étaient  pleines  de  courriers  qui  allaient  et  venaient,  rapides 
comme  Téclair.  De  sorte  que  s*il  y  avait  1 161]  dans  un  village  dix  ou 
vingt  exacteurs,  ou  bien  il  fallait  leur  donner  ce  qu'ils  deman- 
daient, ou  bien  ils  éventraient  les  sacsetprenaientce  qu'ils  voulaient: 
et  il  n'y  avait  personne  pour  leur  en  demander  compte.  Ils  pillèrent 
et  dépouillèrent  les  veuves  et  les  orphelins.  Ils  emmenèrent  tout  le 
bétail  et  le  vendirent.  Les  paysans  eux-mêmes  maltraitèrent  les 
pauvres  qui  se  trouvaient  parmi  eux. 

On  paya  le  premier  tiers'  :  et  il  n'était  pas  encore  soldé  com- 
plètement lorsque  arriva  un  autre  gouverneur  qui  congédia  le  pre- 
mier et  demanda  le  second  tiers.  Mais  celui  qui  avait  exifi:^  et 
fait  payer  le  premier  tiers,  demandait  audacieusement  et  sans 
pudeur  à  être  indemnisé  de  ses  dépenses.  Il  perçut  ainsi  et  s'en 
alla  «  comme  le  vent  qui  va  et  ne  revient  pas'  »,  alors  qu'on 
croyait  à  son  retour.  Si  quelqu'un  dit  que  dans  [la  perception  de] 
ce  premier  tiers,  les  envoyés  perçurent  un  autre  tiers  [par  leurs 
exactions],  il  ne  se  trompe  pas;  sans  parler  du  brigandage  du  gou- 
verneur, des  chefs  de  district  et  des  préfets. 


1.  Cf.  Ps.  LV,  21. 

2.  La  perception  de  l'impôt  était,  àcequllsemble,  répartie  en  trois  termes. 

3.  Cf.  ÉzKcH.,  I,  li. 


134  CHRONIQUE 


Du  second  gouverneur. 

Celui-ci  fut  un  homme  rusé  et  astucieux,  rapace,  avare,  compa- 
gnon des  voleurs,  de  sorte  que  manifestement  et  sans  pudeur, 
il  était  avide  de  prendre  le  bien  des  gens.  Quand  quelqu'un  venait 
le  trouver  pour  obtenir  justice,  il  s'attribuait  et  prenait  tout  ce 
qu*il  faisait  rendre  au  voleur.  Ses  paroles  étaient  alléchantes 
comme  le  miel,  et  à  la  fin  elles  étaient  pires  que  Tabsinthe  et  le 
fiel.  Il  se  choisit  pour  courir  devant  lui,  des  hommes  qui  avaient 
^  banni  la  crainte  de  Dieu  de  devant  leurs  yeux,  et  les  envoya 
comme  des  loups,  dans  le  pays.  [162] 

Il  prescrivit  aux  préfets  de  percevoir  d*abord  la  part  de  Témir 
quand  ils  feraient  la  perception.  Quand  les  chefs  de  district  et  les 
gouverneurs  entraient  dans  un  village,  ils  saisissaient  le  préfet  de 
Tendroit  et  lui  faisaient  apporter  tout  ce  qu*il  avait  perçu.  Ils 
perçaient  le  sac  et  en  prenaient  ce  qu'ils  voulaient  en  disant  : 
«  Ceci  est  la  part  de  Témir.  »  Ils  frappaient  sans  pitié  des  hommes 
honorables  et  des  vieillards  aux  cheveux  blancs.  On  n'entendait 
plus  dès  lors  de  tous  côtés  qu'un  cri  lamentable. 

Il  prêtait  aussi  la  main  à  tous  les  gouverneurs  chargés  de 
rechercher  les  fugitifs  :  car  il  était  complice  de  leur  brigandage.  11 
les  envoya  jusqu'aux  frontières  extrêmes  et  les  chargea  [de  per- 
cevoir] un  triple  ou  un  quadruple  droit  de  capitation.  11  s'ingénia 
à  faire  subir  au  peuple  de  Dieu  toutes  sortes  de  maux  cruels. 

Les  grands  de  la  ville  eux-mêmes  lui  donnaient  la  main,  parce 
qu'il  leur  promettait  de  grandes  choses.  Partout  il  exigeait  le  tribut 
pour  lui-même  et  non  pour  le  trésor  royal. 

Les  maux  se  multiplièrent  sur  la  contrée  :  l'exil,  les  exacteurs 
qui  réclamaient  ce  qui  était  dû  par  un  homme  mort  depuis  vingt 
ans,  et  prenaient  sans  miséricorde  plusieurs  fois  le  même  impôt; 
bien  des  maux  encore,  [tels  que]  les  taxes  exagérées,  et  d'autres 
qu'il  est  impossible  d'éuumérer  à  cause  de  leur  grande  multitude. 

Cet  homme  était  enclin  au  mal.  On  n'avait  pas  encore  perçu  le 
premier  et  le  second  tiers,  quand  ce  pervers  fît  faire  un  état  de 
la  totalité  du  pays  des  Arabes  et  des  Syriens.  Personne  n'en  eut 
connaissance,  excepté  quelques-uns  de  ceux  qui  étaient  aussi 
pervers  que  lui,  et  qui  participaient  à  ses  rapines.  Il  écrivit  dans 
ce  livre  :  «  Nous  nous  contentons  dans  notre  bonne  volonté  décent 
vingt  mille  [dinars].  Nous  n'admettons  ni  privilège,  ni  absence,  ni 
réclamation  (?)  »  Il  écrivit  aussi  dans  ce  même  livre  [163]  le  nom 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  135 

et  le  bien  de  chaque  chef  de  village,  et  il  envoya  le  livre  au  prin- 
cipe de  tous  les  maux,  à  Ibn  Mouç'ab.  Je  suppose  que  tout  ce  mal 
provenait  de  ce  principe  :  car  tous  les  gouverneurs  qu'il  avait 
établis  faisaient  la  même  chose. 

Le  gouverneur  reçut  un  ordre  lui  prescrivant  de  descendre, 
avec  les  notables  du  pays,  près  de  Mousa.  Il  rassembla  donc 
les  notables  et  les  envoya  près  de  celui-ci.  11  conclut  en  même 
temps  un  pacte  avec  ceux  de  la  ville  qui  descendaient,  leur  promet- 
tant de  belles  choses  pour  qu'ils  fissent  son  éloge  en  présence  de 
Mousa,  quand  ils  seraient  descendus.  11  leur  donna  même  les  frais 
du  voyage.  Mais  ce  dessein  n'échappa  pas  aux  habitants  de  la  cam- 
pagne et  dès  lors  ils  devinrent  mutuellement  adversaires  et  enne- 
mis. Et  ainsi  pendant  toute  la  route,  ils  se  disputèrent  entre  eux; 
car  les  habitants  de  la  ville  l'aimaient  et  ceux  de  la  campagne  en 
demandaient  un  autre.  A  la  fin,  le  parti  des  paysans  l'emporta  sur 
celui  des  citadins,  surtout  quand  ceux-ci  eurent  appris  le  mal  qui 
les  menaçait  par  cet  état  de  la  fortune  qu'il  avait  dressé  et  envoyé 
à  Ibn  Mouç^ab.  Ils  cessèrent  de  le  demander  et  en  amenèrent  un 
autre  qui  fit  avec  eux  une  convention  pour  soixante-dix  mille 
[dinars]  et  se  mit  en  route. 


Du  troisième  gouverneur. 

Celui-ci  fut  le  complément  de  la  trinité  de  colère.  Il  fut  plus 
mauvais  que  ses  compagnons  :  car  il  était  poussé  sur  une  racine 
mauvaise  où  il  avait  puisé  la  force  et  l'habileté  pour  tous  les  maux. 
£t  s'il  n'ajouta  point  aux  maux  causés  par  ses  prédécesseurs,  il  ne 
les  diminua  en  rien,  il  fut,  comme  ses  compagnons,  voleur  et 
associé  de  voleurs.  Il  fit  subir  aux  pauvres  toute  sorte  de  maux 
et  de  calamités.  [164]  Il  s'empara  de  leur  bien  et  fit  vendre  tout  ce 
qu'ils  possédaient.  Il  répandit  l'injustice  sur  beaucoup  de  gens. 
Car  ils  s'emparaient  d*un  pauvre  et  le  faisaient  périr  par  divers 
supplices.  Quand  ils  savaient  qu'il  ne  pouvait  rien  donner  parce 
qu'il  ne  possédait  rien,  cesgouverneursqui  étaient  des  juges  iniques, 
lui  disaient  :  «  Sors  sur  la  place  publique,  observe  quelqu'un  que 
tu  saches  posséder  quelque  chose  et  dis  :  J'ai  déposé  mon  bien  chez 
cet  homme,  ou  encore  :  Il  est  mon  débiteur.  »  Et  ce  malheureux, 
opprimé  à  droite  et  à  gauche,  par  devant  et  par  derrière,  en  haut  et 
en  bas,  était  poussé  par  la  crainte  de  Dieu  à  ne  pas  porter  un  témoi- 
gnage inique  contre  cet  homme,  et  il  était  empêché  de  s'en  abstenir 
par  les  supplices  que  lui  infligeaient  ces  juges  impies.  Et  alors  il 


136  CHRONIQUE 

prenait  Dieu  à  témoin  qu*il  était  contraint  de  faire  ces  choses,  et  que 
ce  n'était  pas  de  sa  propre  volonté  qu'il  était  conduit  à  porter  un 
témoignage  inique  contre  ceux  qu'il  n'avait  jamais  vus  ou  qu'il 
ne  connaissait  pas.  Et  que  dire  à  ce  sujet,  si  ce  n  est  qu'il  préférait 
le  mal  au  bien  et  le  mensonge  aux  paroles  de  justice;  et  qu'en  vérité 
ces  juges  aimaient  ceux  qui  tiennent  des  discours  mensongers,  que 
les  langues  trompeuses  leur  étaient  plus  agréables  que  celles  qui 
disent  la  vérité,  que  tous  prononçaient  l'injustice,  que  leurs  mains 
trempaient  dans  toutes  les  œuvres  iniques?  S'il  se  trouvait  uu 
homme  qui  ne  connaissait  pas  et  ne  pratiquait  pas  Timpiété,  ils  lui 
enseignaient  toute  sorte  de  voies  détestables. 

Cet  impie  alla  dans  toutes  les  villes  montrant  bien  qu'il  avait 
pris  racine  sur  Mousa.  Il  réunit  toutes  les  chèvres,  les  moutons, 
les  bœufs,  tout  le  bien  des  pauvres  gens.  Il  vendait  deux 
chèvres  pleines  pour  un  zouz,  deux  ou  trois  brebis  pour  un  zouz, 
cinq  boucs  pour  un  zouz,  un  âne  pour  deux  zouz,  un  bœuf  de 
labour  pour  trois  zouz,  une  vache  [165]  forte  et  prête  à  mettre  bas 
pour  trois  ou  quatre  zouz.  Le  froment  s'étiolait  et  périssait  dans  les 
champs  à  cause  de  la  sécheresse  dont  nous  parlerons.  Les  hommes 
se  tendaient  mutuellement  des  embûches.  Toutes  les  langues  étaient 
remplies  de  fausseté,  tous  marchaient  dans  le  mensonge. 

Jérémie  contemplait  ces  choses  d'un  œil  prophétique  lorsqu'il 
disait^  .  a  Que  rhonime  se  garde  de  son  voisin,  qu'il  ne  se  fie 
aucunement  à  son  frère,  car  tout  frère  cherche  à  supplanter  [son 
frère],  tout  ami  marche  dans  la  fraude.  L'homme  trompe  son  pro- 
chain ;  ils  ne  disent  point  la  vérité,  ils  ont  dressé  leur  langue  à  dire 
le  mensonge,  et  pour  cela  ils  sont  surexcités  et  fatigués,  m 

Parce  qu'ils  étaient  réunis  pour  la  fraude  et  y  persistaient,  à 
cause  de  leur  iniquité,  ils  ne  connurent  point  le  Seigneur.  Tous 
étaient  fourbes,  tous  étaient  pleins  de  perversité;  tous  couraient 
dans  le  mal;  il  n'y  avait  personne  qui  fit  le  bien.  Ils  enterré  tous 
ensemble.  Ils  ont  été  répudiés,  car  leurs  chefs  allaient  de  malice 
en  malice  et  couraient  d'iniquité  en  iniquité.  Ils  dépouillaient  et 
pillaient  les  pauvres  qui  étaient  parmi  eux  comme  des  agneaux  tom- 
bés au  milieu  des  loups;  ils  leur  firent  subir  toute  sorte  de  maux 
et  vendirent  leur  bien  qui  suffit  à  peine  pour  payer  la  capitaiion, 
sans  parler  des  autres  caliimiiés  qu'ils  eurent  à  souffrir  :  [de  la  part] 
de  ceux  qui  recherchaient  les  exilés,  de  ceux  qui  enlevaient  le 
K^tail  ',  [des  préposés]  à  la  dîme,  au  çauphi,  au  ta'dil.  Quiconque 

1.  JÉR.,  IX,  4-5. 

^'  JaJ  «4  ^^  Jo^l  yt»  ^^<^^s  où  l*on  attache  les  bestiaux,  étabUt.  Ce  s6oa 


DE  DENYS   DE  TEl.L-MAHRÉ  137 

se  trouvait  plus  imposé  par  le  nouveau  taMil  devait  payer  selon  le 
nouveau;  celui  qui  se  trouvait  moins  imposé  devait  payer  selon 
l'ancien.  De  sorte  que  de  tous  côtés  c'était  loppression  et  l'amertume. 


De  la  concention  *  de  celle  année» 

Nous  irons  de  maux  en  maux.  Celui  qui  échappera  à  Tun  sera 
saisi  [166]  par  un  autre  pire  que  le  premier.  Les  exacteurs,  persua- 
dés que  personne  ne  leur  en  demanderait  compte,  taillaient  et  impo- 
saient  les  gens  sans  pitié  ni  miséricorde.  Les  chefs  des  villages 
étaient  eux-mêmes  compagnons  des  voleurs  et  pires  que  ceux-ci. 

Ils  avaient  recueilli  les  soixante-dix  mille  [dinars]*,  mais  ils 
exigèrent  sans  pitié  trois  fois  autant.  Ils  disaient  :  «  Tel  village  est 
ruiné  et  ne  peut  être  imposé,  »  et  ils  demandaient  de  nouveau  ce 
qu'ils  avaient  tiré  de  ce  village,  et  le  dévoraient  de  concert  avec  les 
chefs. 

Quand  ils  sortirent  pour  percevoir  le  tribut,  après  avoir  statué 
ce  qui  incombait  à  chacun,  tous  les  pauvres  furent  livrés  au 
pillage.  Ils  prirent  le  bien  des  riches  qui  se  trouvait  dans  leurs 
campagaes,  et  il  ne  resta  rien  à  aucun  d'entre  eux.  S'il  se  trouvait 
que  quelqu'un  possédant  du  béiail  était  d'un  autre  village,  ils  ne 
lui  laissaient  rien,  prenaient  et  vendaient  tout. 

Ils  se  jetèrent  aussi  sur  les  passants.  1  Is  saisissaient  quiconque  al- 
lait ou  venait,  prenaient  son  bétail  et  son  bien  et  le  vendaient.  Sept 
brigands  sortaient  ensemble  et  formaient  une  troupe  à  Tinstar  de 
l'émir.  Ils  prenaient  ouvertement  le  bien  de  tous  ceux  qu'ils  ren- 
contraient, en  disant  :  «  N'ous  exigeons  ta  contribution.  »  —  Dès 
lors  on  n'entendait  plus  de  toute  part  que  le  cri  des  lamentations. 
Si  quelqu'un  s'enfuyait  du  village,  ils  ledépouillaientsur  la  roule.  S'il 
échappait  sans  être  dépouillé  sur  la  route,  le  village  memeoù  ilcou- 
raitchercher  un  refuge  remplissait  àson  égard  l'office  des  brigands, 
des  assassins,  des  détrousseurs  de  chemins.  Si  quelqu'un  sortait 
dans  le  désert,  les  voleurs  arrivaient  à  sa  rencontre  comme  des 
lions;  s'il  circulait  dans  le  pays  habité,  il  en  trouvait  d'autres 
semblables  à  des  loups.  S'il  entrait  dans  un  village,  les  paysans  le 
mordaient  comme  des  serpents;  s'il  allait  près  des  notables  pour 
trouver  du  secours,  [167]  ils  remplissaient  vis-à-vis  de  lui  l'office  de 

parait  iadiqiiô  par  ce  qu*on  dit  plus  bas  de  reiilèvemeot  du  bétail.  C(r, 
p.  194. 

1.  C'est-à-dire  :  la  fixation  de  l'impôt. 

2.  Cf.  ci-dessus,  p.  lo5. 


138  CHRONIQUE 

scorpions,  et  le  dépouillaient.  Le  préfet  *  le  traitait  trois  fois  plus 
mal  que  le  gouverneur  ou  le  voleur,  il  exigeait  trois  fois  plus 
qu'il  ne  devait.  On  disait  à  Tautorité'  :  «  Cet  homme  doit  tant,  » 
et  on  le  frappait  à  mort  en  disant  :  «  Paie.  »  Et  personne  ne 
demandait  compte  au  préfet  de  son  brigandage. 

De  misérables  gens  d'entre  les  Arabes  et  les  Syriens  sortaient 
dans  les  environs  de  la  ville,  sur  les  routes  ou  dans  les  moulins, 
et  s'emparaient  des  pauvres.  Ils  leur  disaient  :  «  Venez,  voici  que 
l'émir  vous  demande.  Venez  payer  votre  contribution.  »  Et  ils 
dépouillaient  et  dévalisaient  complètement  tout  le  monde.  Chacun 
s'enfuyait  des  environs  de  la  ville  comme  d'une  fosse  pleine  de 
serpents. 

Les  pauvres  eurent  encore  à  souffrir  d'une  autre  calamité. 
Quand  étaient  venus  les  marqueurs,  ils  s'étaient  enfuis  et  avaient 
cherché  un  refuge  près  des  préfets  et  des  chefs  de  district,  et  comme 
ils  craignaient  les  exacteurs  et  ceux  qui  recherchaient  les 
exilés,  ils  leur  demandèrent  à  se  mettre  sous  leur  protection.  Or, 
quand  eut  lieu  la  répartition,  les  préfets  les  imposèrent  et  remplirent 
à  leur  égard  l'office  des  exacteurs  et  de  ceux  qui  recherchaient  les 
exilés.  Quelqu'un  qui  n'était  jamais  entré  dans  le  village  était  taxé 
pour  trente  ou  quarante  [dinars]. 

A  Édesse,  plus  que  dans  toute  autre  ville,  les  notables  eurent  à 
souffrir  de  cette  répartition.  On  avait  établi  sur  eux  un  homme  cruel 
nommé  Razin.  Quand  il  avait  pris  et  jugé  un  pauvre  qu'il  savait  ne 
rien  posséder,  il  le  faisait  accompagner  de  deux  gardes  et  lui  disait: 
«  Sors  sur  la  place  publique,  cherche  quelqu'un  et  dis-lui  :  Réponds 
pour  moi  ;  puis  prends  la  fuite.  »  Celui-ci  consentait  à  cela,  des- 
cendaitsur  la  place  et  abordait  quelqu'un.  Alors  [les  gardes]  le  lais- 
saients'enfuirets'emparaientderhomme;  et[168]  sansque  celui-ci 
eûtditun  mot,  ils  l'entraînaientetleconduisaient  àTémir.  «  Tu  as 
répondu  pour  celui-là,  disaient-ils,  donne  ce  qu'il  doit.  »  L'autre 

1.  Ce  mot  parait  désigner  en  divers  passages  les  cheiks  des  villages,  mais 
il  semble  qu'il  s'agit  ici  du  collecteur  local  des  impôts. 

2 .  C'est-à-dire,  à  ce  qu'il  semble,  au  chef  de  l'escouade  de  soldats  mise  & 
la  disposition  du  collecteur  d'impôts  comme  cela  se  pratique  encore'  actuel- 
lement en  Turquie.  J'ai  été  témoin,  en  189;!,  de  faits  de  ce  genre  k  Gifné, 
en  Palestine.  Un  paysan  qui  faisait  difficulté  de  solder  la  somme  qu'on  exi- 
geait de  lui  fut  saisi  sur  l'ordre  du  fermier  des  impôts  par  trois  soldats.  L'un 
le  tenait  par  la  barbe,  l'autre  par  les  pieds  et  le  troisième  le  frappait  violem- 
ment sur  le  dos,  jusqu'à  ce  que  le  malheureux  se  décidât  à  aller  emprunter 
à  un  taux  exorbitant,  chez  un  juif  du  voisinage,  la  somme  demandée,  qui 
dépassait  de  beaucoup,  m'assurait  une  personne  digne  de  foi,  la  totalité  de 
sa  récolte  très  médiocre  en  cette  année. 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  139 

jurait  :  a  Je  n*ai  pas  répondu  pour  lui  ;  je  ne  le  connais  pas  même.  » 
Mais  ils  lui  mettaient  des  entraves  aux  pieds  au  point  que  ses 
jambes  étaient  brisées,  et  ne  le  lâchaient  pas  avant  qu'il  eût  apporté 
la  somme  fixée. 

«  11  arrivera  en  ce  jour  du  sacrifice  du  Seigneur  que  je  visiterai  les 
princes,  les  Bis  des  rois»  et  tous  ceux  qui  se  couvrent  de  vêtements 
étrangers.  Je  visiterai  en  ce  jour-là  tous  les  pillards  et  les  voleurs 
qui  remplissaient  leurs  celliers  de  rapine  et  de  fraude  \  »  Voilà  ce 
que  nous  a  appris  le  prophète  Sophonie  qui  parle  «  du  jour  du 
sacrifice  du  Seigneur  ».  Quel  est  le  jour  du  sacrifice  du  Seigneur» 
sinon  celui  de  la  sainte  Passion  de  notre  Sauveur,  époque  à  laquelle 
toutes  les  années  de  calamité  nous  accablaient  de  maux,  au  point 
que  les  fêles  étaient  converties  en  deuil?  Et  quels  princes,  quels  fils 
de  rois,  quels  voleurs,  quels  pillards  remplissaient  leurs  maisons 
par  la  fraude  et  le  pillage  des  pauvres,  des  orphelins  et  des  veuves 
plus  que  les  Édesséniens?  Maintenant  les  choses  écrites  ont  été  ac- 
complies. Leur  sagesse  et  leur  intelligence  a  péri  ;  ils  ont  recherché 
une  seule  chose  avec  leur  sagesse  et  ne  l'ont  pjis  trouvée.  «  Je  per- 
drai la  sagesse*  des  sages  et  je  ferai  disparaître  leur  prudence  '. 
Alors  leur  bien  sera  livré  à  la  déprédation,  et  leurs  demeures  à  la 
destruction.  Ils  bâtiront  des  maisons  et  ne  les  habiteront  point;  ils 
planteront  des  vignes  et  ne  boiront  pas  de  vin.  Le  jour  du  Seigneur 
est  proche,  il  s'avance  rapidement.  Jour  amer  et  cruel,  jour  de 
colère,  de  lamentation,  d'angoisse,  de  calamité,  de  ruine,  de  ténè- 
bres, d'obscurité,  sur  les  villes  fortes  et  les  retraites  élevées.  Les 
hommes  seront  opprimés  et  ils  marcheront  comme  des  aveugles, 
car  ils  ont  péché  contre  le  Seigneur  *.  f  169]  —  Cela  leur  arrivera  à 
cause  de  leur  orgueil  *.  »  Tout  cela  est  arrivé  ;  rien  n'a  été  atténué. 
Le  monde  entier  ne  suffirait  pas  à  écrire  les  nombreux  maux  que 
les  pauvres  ont  eu  à  supporter.  Leurs  exactions  ne  connaissaient 
ni  commencement  ni  fin,  et  ils  n'étaient  point  rassasiés  du  butin 
qu'ils  avaient  pillé. 

Sur  son  ordre,  tout  le  peuple  fut  rassemblé  et  enfermé  dans  une 
église  de  la  ville. 


1.  SOPHON.,  I,  8,  9. 

?.  I^  texte  porte  :  «  sottise  »  mais  par  transposition  fautire  du  eao.  Cf.  la 

rotace  du  texte  syriaoue. 


1.  SOPHON.,  I,   8,  9. 

?.  I^e  texte  porte  :  «  ,_ 
protace  du  texte  syriaque. 

3.  Cf.  la.,  XXIX,  14  ;  /  Cor.^  i,  19. 

4.  SoPHON.,  I,  13.  15, 17. 

5.  SoPHON.,  II,  10. 


140  CHRONIQUE 

De  V emprisonnement  dans  une  égliêe  qui  eut  lieu  en  cette  année. 

((  Jérusalem  a  commis  le  péché,  c'est  pourquoi  elle  a  été  trans- 
formée; tous  ceux  qui  Thonoraient  l'ont  méprisée,  parce  qu'ils  ont 
▼u  son  ignominie;  elle  a  gémi  et  tourné  ses  regards  en  arrière. 
L'oppresseur  a  étendu  la  main  sur  tous  ses  objets  précieux;  elle  a 
vu  les  nations  entrer  dans  ton  sanctuaire,  alors  que  tu  avais  prescrit 
qu'elles  n'entrassent  pas  dans  rassemblée.  Le  Seigneur  a  oublié  son 
sanctuaire,  il  a  répudié  son  autel,  il  a  livré  aux  mains  de  l'ennemi 
les  murs  de  ses  tours.  Celui-ci  a  élevé  la  voix  dans  la  maison  du 
Seigneur  comme  en  un  jour  de  fête  ;  il  a  arraché  sa  tente,  comme 
un  jardin  ;  il  a  détruit  ses  solennités.  Le  Seigneur  a  fait  disparaître 
de  Sion  ses  fêtes  et  ses  dimanches  (sic)  ;  il  a  répudié  dans  l'ardeur 
de  sa  colère  le  roi  et  les  prêtres  \  » 

Qu'il  vienne  maintenant,  le  prophète  Jérémie,  et  qu'il  considère 
de  ses  yeux  toutes  les  choses  qu'il  a  prophétisées  :  elles  ont  reçu 
de  fait  leur  accomplissement. 

Quand  l'inique  gouverneur*  leur  ordonna  de  se  rassembler  et 
décréta  que  quiconque  cacherait  un  homme  serait  puni  de  mort, 
des  satellites  sortirent  pour  réunir  tout  le  peuple  de  la  ville. 
Ils  firent  des  perquisitions  dans  les  maisons  et  contraignirent  tout 
le  monde  d  entrer  dans  Téglise  :  riches  et  pauvres.  Si  le  maître  de 
la  maison  étaitabseut.  ils  faisaient  descendre  sa  famille.  S'ils  Irou- 
vaientun  homme  caché,  ils  le  tuaient  en  le  frappant  [170]  ainsi  que 
le  maitre  de  la  maison  dans  laquelle  il  était  caché,  et  ils  vendaient 
tout  ce  qu'il  possédait.  Ainsi  ils  furent  tous  enfermés,  Arabes  et 
Syriens,  depuis  le  plus  petit  jusqu'au  plus  grand.  Ces  impies  mon- 
tèrent et  siégèrent  au  milieu  du  sanctuaire.  Ils  s'emparèrent  de 
quiconque  avait  la  réputation  de  posséder  une  obole  et  la  lui 
enlevèrent.  [Ces  malheureux]  obéraient  même  leur  bien  et  celui  de 
leurs  femmes,  pour  payer  ce  qu'ils  ne  devaient  pas;  car  on  leur 
disait  :  «  Tu  dois  payer  pour  tel  village.  » 

L'iniquité  a  levé  la  tète  parce  que  la  vérité  a  péri.  Le  mensonge 
s'étale  au  grand  jour  parce  que  la  justice  n'est  plus.  Il  fit  donc  subir 
aux  hommes  tous  les  maux.  Il  vendit  tout  ce  qu'ils  possédaient  et 
s'en  attribua  le  prix.  Ils  souillèrent  l'intérieur  de  l'église,  parce  que 
tous,  hommes  et  femmes,  y  déposèrent  leurs  excréments,  car  ils  y 
restèrent  trois  jours  et  trois  nuits.  Ils  la  dévastèrent,  et  il  s'éleva 

1.  Thron.,  i.  8,10;  ii,  7,6. 

2.  Razin. 


DE   DKNYS    DE   TELL-MAHRK  141 

d'elle  une  odeur  de  putréfaction  au  lieu  du  parfum  agréable.  C'est 
ici  que  lesgentih  sont  entrés  dans  Théritage  de  Dieu,  qu'ils  ont 
souillé  le  templesîiint,qu*ils  ont  converti  en  latrines  l'église  saiule\ 

Les  marchands  et  ceux  qui  avaient  fourni  la  somme  totale 
demandèrent  aux  paysans  de  leur  écrire  une  reconnaissance;  mais 
aucun  ny  consentit.  Les  premiers  se  plaignirent  vivement  au  gou- 
verneur inique  qui  dit  aux  paysans  :  «  Écrivez-leur,  si  vous  voulez.  » 
Et  ainsi  ceux  qui  voulurent  bien  écrivirent,  et  ceux  qui  ne  voulurent 
pas  n'écrivirent  pas.  D'ailleurs,  ce  qui  fut  écrit  ne  servit  à  rien, 
car  il  parut  un  édit  et  un  héraut  publia  :  «  Que  personne  n'ait  à 
payer,  que  personne  n*ait  à  réclamer  une  dette  ancienne  ou 
récente.  » 

Alors  les  marchands  et  les  habitanfs  de  la  ville  qui  avaient  été 
traités  injustement  descendirent  près  de  Mousa  Ibn  Mouç'ab  pour 
se  plaindre  de  Tinjustico  dont  ils  avaient  été  victimes.  Mais  ils 
étaient  à^ns  l'erreur  et  l'aberration  de  l'esprit  :  car  ils  demandaient 
justice  à  un  homme  inique,  et  ils  pensaient  que  tout  cela  ne  venait 
pas  de  celui-ci.  Non  seulement  il  neleur  rendit  pas  leur  bien,  [171 J 
mais  il  s'emporta  contre  le  gouverneur  parce  qu'il  n'avait  pas 
demandé  trois  fois  plus. 

Ibn  Mouc'ab  descendit  près  du  roi  à  Bagdad. Tout  le  peuple  de  la 
région  de  Mossoul  et  de  la  Mésopotamie  se  réunit  pour  descendre 
à  sa  suite  près  du  roi.  Ils  étaient  là  des  milliers  et  des  myriades, 
qui  se  lamentèrent  et  déplorèrent  devant  le  prince,  pendant  plus 
de  cinq  ou  six  mois,  l'injustice  dont  ils  avaient  été  victimes  de  la 
part d  Ibn  Mouç^ab.  Personne  ne  trouva  de  secours,  mais  ils  furent 
pris  du  mal  des  entrailles  et  de  diverses  maladies,  et  il  n'en  re- 
monta pas  la  moitié.  Ils  revinrent  de  là  sans  avoir  fait  autre  chose 
que  du  mal  à  eux-mêmes  et  à  leurs  contrées.  ((  Quand  le  roi  est 
inique,  tous  ses  ministres  sont  iniques*.  )> 


Des  dioers  supplices  que  les  hommes  eurent  à  subir  à  cette  époque. 

Ce  n'est  pas  une  folie  que  de  placer  cela  dans  ce  récit  lamentable. 
Peut-être  ceux  qui  viendront  après  nous,  en  voyant  notre  châli  ment, 
craindront-ils  le  Seigneur?  Il  est  écrit:  ((  L*insensé  est  puni  et  le 
sage  se  corrige*.  —  Voici  que  je  nourrirai  ce  peuple  d'absinthe,  et 

l.Cf.  Ps.  LXXIX,  1 

2.  Cf.  Proo.,  x.\ix,  U. 

3.  Cf.  Prœ,,  XIX,  *5. 


142  CHRONIQUE 

je  lui  donnerai  à  boire  des  eauxamères  ;  je  les  disperserai  au  milieu 
de  nations  qu'ils  ne  connaissaient  point  \  •  —  En  vérité  ((  il  a  placé 
la  tribulation  sur  nos  épaules  *  »  par  le  moyen  des  bâtons  avec  les- 
quels ils  frappaient  des  coups  nombreux  et  mortels.  —  Il  a  fait 
monter  un  homme  sur  notre  tète'.  Les  hommes  cruels  ont  exercé 
leur  cruauté  sur  notre  dos>  ils  ont  prolongé  leur  iniquités  Les 
Assyriens  sont  venus  sur  nous  portant  dans  leurs  mains  la  verge  de 
colère  et  des  lances  solides  avec  lesquelles  ils  donnent  les  coups  du 
Seigneur  ^  Les  prophètes  ont  annoncé  ces  choses  d'avance,  et  nous, 
nous  en  avons  vu  la  réalisation  sous  nos  yeux,  nous  Tavoiis touchée 
de  nos  mains,  sentie  sur  notre  corps.  Maintenant  nous  n^en  avons 
plus  Taudition,  mais  bien  la  sensation.  [172j 

D*abord  ils  se  fabriquaient  des  bois  larges  de  quatre  doigts  et 
plats  des  deux  côtés,  puis  ils  étendaient  un  homme  le  visage 
contre  terre,  et  ils  se  plaçaient  un  sur  sa  tête,  un  autre  sur  ses  pieds, 
tandis  qu'un  troisième  frappait  sans  pitié  sur  ses  cuisses,  comme 
sur  une  peau.  Et  alors  fut  accomplie  [cette  prophétie]:  «  Ils  ont 
placé  la  tribulation  sur  nos  épaules,  »  et  celle-ci  :  a  Tu  as  fait  monter 
des  hommes  sur  notre  tèteV  » 

En  second  lieu,  ils  apportaient  deux  bâtons,  les  serraient  d*un 
bout  avec  des  fers,  et  les  appliquaient  aux  cuisses  d'un  individu,  un 
par  dessus  et  Tautre  par-dessous,  puis  un  homme  robuste  se 
plaçait  à  l'autre  extrémité,  jusqu'à  ce  que  les  cuisses  fussent 
brisées.  Et  ainsi  fut  accomplie  [cette  parole]  :  «  Il  a  placé  mes 
pieds  dans  des  entraves'.  » 

En  troisième  lieu,  ils  les  suspendaient  par  les  bras,  jusqu'à  ce 
que  leurs  membres  se  disloquassent,  et  môme  les  femmes  par  leurs 
mamelles,  jusqu'à  ce  qu'elles  s'arrachassent. 

En  quatrième  lieu,  ils  les  dépouillaient  de  leurs  vêtements,  les 
chargeaient  de  pierres  et  les  plongeaient  ainsi  dans  la  neige  et  dans 
la  glace.  Ils  versaient  aussi  sur  eux  de  l'eau  froide  jusqu'à  ce  qu'ils 
devinssent  inertes  et  tombassent  la  face  contre  terre. 

Cinquièmement,  ils  prenaient  cinq  bois,  ils  les  fendaient  tous 
par  un  bout,  faisaient  entrer  dans  cette  fente  les  doigts  de  quel- 
qu'un,  et  serraient  l'autre  bout  jusqu'à  ce  que  les  deux  parties 

1.   JÉRÉM.,  IX,  15,16. 

2.  Pa.  Lxvi,  10. 

3.  Cf.  P8.  LXVI,  11. 

4.  Cf.  Ps.  cxxviii,  3. 

D.  \jI t  18.,  X,  D. 

6.  P«.  LXXVI,  10,  11. 

7.  Cf.  JoB,  xxxj,  27. 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  143 

fussent  réanies  et  les  doigts  brisés.  Ils  prenaient  aussi  deux 
planches  qu'ils  liatient  ensemble  par  un  bout  et  les  plaç<Lient  une 
sous  les  reins,  l'autre  sur  le  ventre,  puis  un  homme  se  tenait 
sur  l'autre  bout  jusqu'à  ce  que  les  côtes  fussent  brisées  et  les 
entrailles  sur  le  point  de  sortir. 

Ils  fabriquaient  des  entraves  pour  les  bras  et  pour  chaque 
membre.  Ils  aiguisaient  des  roseaux  et  les  faisaient  entrer  sous  les 
ongles.  Ils  faisaient  des  sortes  de  boulettes  qu'ils  plaçaient  dans  la 
cavité  oculaire  [173]  jusqu'à  ce  que  les  yeux  fussent  sur  le  point  de 
sortir.  Ils  les  faisaient  se  tenir  pieds  nus  et  sans  vêtement  dans  la 
neige  et  dans  l'eau  jusqu'à  ce  qu'ils  devinssent  pâles  comme  des 
morts.  Ils  tournoyaient  de  gros  bâtons  et  les  frappaient  sans  pitié 
tandis  qu'ils  étaient  étendus  à  terre.  Pour  eux,  les  fouets  étaient 
inutiles,  et  la  prison  n'était  pas  nécessaire. 

«  Des  princes  ont  été  suspendus  par  les  mains,  »  dit  le  prophète\ 
Qu'il  vienne  et  qu'il  voie  ici  les  princes  suspendus.  Et  non 
seulement  cela,  mais  suspendus  entre  ciel  et  terre,  tandis  que  les  uns 
les  frappent  à  coups  de  gros  bâtous,  et  les  autres  leur  mettent  des 
entraves  aux  pieds. 

Us  n'attendaient  pas  qu'ils  aient  fini  d'infliger  un  supplice  pour 
passer  à  un  autre.  Et  ((  ils  grinçaient  des  dents  et  battaient  des 
mains*.  ))  Ils  voulaient  accumuler  à  la  fois  tous  les  genres  de  supplices 
sur  leurs  corps.  Ils  les  jetaient  nus  dans  la  neige;  ils  rassemblaient  de 
grosses  pierres  qu'ils  plaçaient  sur  leur  dos  jusqu'à  ce  que  leurs 
entrailles  crevassent,  que  leurs  côtes  et  leur  épine  dorsale  fussent 
brisées.  Ils  chauffaient  le  bain  au  point  de  le  rendre  brûlant  comme 
le  feu,  ils  le  remplissaient  de  fumée  et  les  y  enfermaient  nus; 
puis  ils  amenaient  des  chats  qu'ils  jetaient  au  milieu  d'eux,  et 
comme  ces  chats  se  brûlaient,  ils  se  jetaient  sur  eux  et  les  déchi- 
raient avec  leurs  ongles.  Ils  les  enfermaient  dans  des  chambres 
obscures  où  ne  pénétrait  jamais  un  seul  rayon  de  lumière. 

11  est  écrit  dans  l'Écriture':  «J'amènerai  sur  toi,  même  les 
fléaux  qui  ne  sont  pas  indiqués  dans  ce  livre.  » 

Ils  accablaient  les  pauvres  gens  de  tous  ces  tourments  et 
de  tous  ces  supplices,  à  l'occasion  de  l'impôt. 

Si  cette  calamité  n'avait  été  universelle,  comprenant,  mêlés 
ensemble,  des  chrétiens  et  des  païens,  des  juifs  [174]  et  des  sama- 
ritains, des  adorateurs  du  feu  et  du  soleil,  des  mages  et  des  musul- 

1.  Thren,,  v,  12. 

8.  Cf.  Thren.,  ii,  17,  15. 

3.  Deut,,  xxvxii,  61. 


1-14  CHRONIQL'K 

mans,  des  sabéens  et  des  manichéens,  les  dieux  et  les  déesses  ne  se 
seraient  ils  pas  glorifiés  de  cette  persécution  amère?  Mais  Taflaire 
n'avait  rien  à  voir  avec  la  foi,  et  ne  touchait  pas  plus  celui  qui 
adore  au  levant  que  celui  qui  adore  au  couchîint.  Le  nom  de  l'ado- 
ration du  Sud^  disparut  avec  celui  de  [l'adoration]  du  Nord*.  Si  les 
chrétiens  avaient  éié  seuls  l'objet  de  cette  persécution,  je  pourrais, 
à  bon  droit,  glorifier  les  martyres  de  notre  époque  plus  que  tous 
les  martyres  précédents  :  car  la  mort  rapide  par  le  glaive  est  plus 
douce  que  les  tourments  prolongés  qui  ne  finissent  pas.  —  «  Je  n'ai 
jamais  vu,  dit  saint  Basile,  quelqu'un  conduit  en  prison  ou  au 
supplice  à  cause  de  sa   pauvreté.  »  Qu'il  vienne  maintenant  et 
qu'il  en  voie  dos  milliers  et  des  myrades  :   Arabes  et  Syriens, 
coupables  et  innocents,  pauvres  et  riches,  tous  indistinctement. 
Un  calice  d'amertume  et  une  nourriture  de  colère  étaient  préparés 
pour  tous  les  hommes  également;  pour  les  grands  et  les  petits, 
pour  les  riches  et  les  pauvres,  comme  dit  le  prophète'.  Le  riche 
mangeait  continuellement  l'amertume,  parce  qu'ils  prenaient  injus- 
tement ce  qu'il  possédait  et  que  ses  os  étaient  brisés  par  les  coups; 
le  pauvre,  parce  qu'ils  exigeaient  de  lui  ce  qu'il  ne  possédait  pas, 
qu'il  ne  pouvait  emprunter  et  que  p:;rsonne  ne  le  faisait  travailler 
dans  Sun  champ  ou  sa  vigne.  C'est  pourquoi  ils  man;çèrent  Tabsiuthe 
et  burent  des  eaux  amèros.  «  Il  leur  donna  l'absinthe  pour  nourri- 
ture*. )) 

Que  personne  ne  pense,  mes  frères,  que  j'ai  exiigéré  ici,  mais 
qu'on  sache  que  tous  les  calâmes  et  tout  le  papier  de  Tunivers  ne 
suffiraient  pas  pour  écrire  les  maux  qui  de  notre  temps  ont  accablé 
les  hommes.  Qu'on  ne  nous  blâme  pas  non  plus  de  les  avoir  dimi- 
nués, car  nous  sommes  incapables  de  penser  à  tout,  et  ces  cala- 
mités ne  sont  pas  arrivées  dans  une  seule  ville.  [175] 

De  la  sécheresse  et  de  la  famine  qui  eurent  lieu  en  cette  année; 
et  de  rinoasion  du  peuple  méridional  et  oriental  dans  la  contrée 
du  Nord. 

Les  prophètes  nous  crient  comme  des  trompes,  et  proclament 
continuellement  à  nos  oreilles,  comme  des  trompettes  :  que  nous 
nous  convertissions  au  Seigneur  et  que  nous  le  recherchions.  Et 

1.  L'islamisme. 
t.  Le  cbrislianisrae. 

3.  Cf.  Ji^R.,  XXV,  15. 

4.  Cf.  JÉRÉM.,  XX,  15. 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  145 

nous,  comme  des  pierres,  nous  avons  endurci  notre  cœur,  nous 
avons  clos  nos  yeux  et  fermé  nos  oreilles  pour  ne  pas  marcher 
dans  les  voies  du  Seigneur,  mais  selon  notre  gré.  Chacun  de  nous 
aime  ce  qui  lui  plaît  et  non  ce  qui  est  agréable  au  Seigneur.  —  Il 
est  écrit  dans  le  prophète^  :  «  Ainsi,  dit  le  Seigneur,  parce  que  ma 
maison  est  déserte  tandis  que  chacun  de  vous  court  à  la  sienne,  à 
cause  de  vous,  les  cieux  ont  été  empêchés  de  donner  la  rosée  et  la 
terre  de  donner  ses  fruits.  J'ai  appelé  la  ruine  sur  la  terre,  sur  les 
montagnes,  sur  le  froment,  sur  le  vin,  sur  Thuile,  sur  tout  ce  que 
produit  la  terre,  sur  les  hommes,  sur  les  animaux,  sur  tout  le 
travail  de  vos  mains.  Vous  considérez  l'abondance,  et  vous  intro- 
duirez peu  de  chose  dans  votre  maison  :  J'ai  soufflé  dessus. — Vous 
sèmerez  et  vous  ne  moissonnerez  point'.  » 

Toutes  ces  choses  sont  arrivées  de  notre  temps. 

La  pluie  qui  avait  coutume  de  tomber  en  hiver  a  été  retenue  au 
ciel,  et  il  n'y  a  point  eu  d'humidité.  Aucune  semence  ne  germa  et 
ce  qui  germa  se  dessécha  :  surtout  dans  la  contrée  méridionale  et 
orientale,  et  dans  tout  le  désert.  Il  n'y  eut  que  peu  de  chose  dans 
les  vallées  des  montagnes. 

Et  ainsi  toutes  les  confessions  sortaient  en  procession  pour  faire 
des  Rogations  ;  et  toute  langue,  toute  nation  criait  [vers  DieuJ,  d'un 
même  accord,  dans  cette  grande  affliction.  Les  hommes,  voyant  que 
la  pluie  ne  tombait  pas,  devinrent  sans  pitié  et  ne  voulurent  plus 
faire  sortir  leur  blé,  pas  même  pour  le  vendre.  C'est  pourquoi  l'ache- 
teur commença  à  venir  le  chercher.  De  là  les  pauvres  tombèrent 
dans  une  immense  misère.  [176]  Aussi  ceux  qui  avaient  accumulé 
du  blé  depuis  longtemps  se  réjouirent-ils  et  tressaillirent-ils  d'allé- 
gresse, ceux  contre  lesquels  le  prophète  s'indigne  quand  il  dit*  : 
«  Écoutez,  vous  qui  méprisez  le  pauvre  et  faites  défaillir  le  malheu- 
reux de  la  terre,  disant:  Quand  le  mois  sera  passé  nous  vendrons 
notre  froment,  quand  le  sabbat  sera  passé  nous  ouvrirons  les  gre- 
niers, nous  diminuerons  les  mesures,  nous  augmenterons  les  prix, 
nous  vendrons  aux  pauvres  et  aux  malheureux  les  rebuts  du  blé. 
Le  Seigneur,  la  Force  de  Jacob,  a  juré  :  Non  certes,  je  n'oublierai 
jamais  toutes  leurs  œuvres  ;  je  convertirai  leurs  fêtes  en  deuil  et  tous 
leurs  cantiques  en  lamentations.  » 

Ceux  donc  qui  possédaient  du  froment,  sachant  que  le  ciel  était 
fermé,  serrèrent  leurs  mains  et  ne  vendirent  point  de  blé  ;  ils  atten- 

1.  Aor.És,  I.  9,  10,  IL 

2.  MicH..  VI,  15. 

3.  Amos,  vm,  4-7,  10. 

10 


146  CHRONIQUE 

dirent  que  les  hommes  fussent  malheureux  et  opprimés.  L'autorité 
ordonna  que  tout  peuple  et  toute  nation  sortit  en  procession  pour 
faire  des  Rogations.  Peut-ôtre,  se  disait-on,  le  Seigneur  voudra-t  il 
être  clément  envers  nous  et  nous  ouvrir  la  porte  de  ses  misé- 
ricordes. Ainsi  donc,  les  chrétiens  sortirent  ayant  leurs  évêques  à 
leur  tète,  les  Juifs  avec  leurs  trompettes,  et  les  Arabes  pareillement. 

Or,  il  plut  au  Seigneur  d'avoir  pitié  de  nous.  Il  y  eut  de  la  pluie 
et  de  la  récolte  en  certains  lieux.  Comme  dit  le  prophète  Auios*  : 
«  Je  vous  ai  refusé  la  pluie  lorsqu'il  restait  encore  trois  mois 
jusqu'à  la  moisson;  j'ai  fait  aussi  pleuvoir  sur  unecité  et  pas  surune 
autre  ;  la  pluie  descendra  sur  une  partie,  et  l'autre  partie  sur  la- 
quelle elle  ne  descendra  pas  se  desséchera.  Deux,  trois  villes  se 
réuniront  en  une  seule  ville.  » 

A  Mossoul,ce  fléau  sévit  et  toute  la  récolte  se  dessécha;  il  en  fut 
de  même  à  rOrient  et  au  Midi,  et,  comme  de  plus  ces  contrées 
avaient  été  désolées  par  la  méchanceté  d'Ibn  Mouç'ab,  les  habi- 
tants les  abandonnèrent  et  se  répandirent  dans  cette  région  septen- 
trionale. Les  Taglibites,  les  Ma'déens  montèrent  tous  avec  leurs 
troupeaux,  leurs  chameaux,  leurs  familles,  et  tout  leur  bien;  ils 
remplirent  la  région  et  la  dévastèrent  tellement  qu'il  ne  resta  plus 
rien  [177]  pour  la  pâture  des  bêtes.  La  terre  était  comme  si  on  l'avait 
balayée  avec  un  balai.  A  cause  de  cela,  tout  le  bétail  de  la  région 
septentrionale  périt  dans  l'hiver  suivant.  Les  campagnes  et  les 
villes  étaient  ravagées.  Entre  autres,  dans  la  province  de  Mossoul  : 
Beit  Garmai,  Ilaza,  Marga,  Konisapor*,  Dasen^  Qoqâ*,  Salah, 
et  plusieurs  autres  lieux  que  les  habitants  des  campagnes  abandon- 
nèrent pour  monter  dans  les  pays  du  Nord,  de  sorte  que  là  les 
hommes  n'avaient  pas  la  place  de  se  promener  dans  les  villes  ni 
dans  les  campagnes  et  que  la  famine  était  sur  le  point  d'arriver  à 
cause  de  leur  grand  nombre. 

Ainsi  fut  accompli  sur  eux  ce  qui  est  écrit  :  «  J'enverrai  après 
eux  la  famine,  la  captivité  et  la  peste  '.  »  Toutes  ces  choses  vinrent 
avec  eux  et  après  eux.  Nous  raconterons  en  son  temps  la  calamité 
qui  les  atteignit  par  la  maladie,  la  captivité  et  la  peste  qui  vint 
sur  eux. 


1.  Amos,  IV,  7-8. 

2.  Cf.    Hoffmann,  Ausidge  aus  syrischen  Akten  persicher  Mârtyref\ 
p.  189.  —  Bibt.  or.,  III,  739. 

S.  AssBMANi  a  lu  le  nom  avec  un  rià  et  transcrit  Reaan  (Bîbl,  or.,  II,  114). 
Sur  Dasin  ou  Dasen,  cf.  Hoffmann,  Ausiuge,  etc.,  p.  202  sqq. 

4.  Ville  différente  de  Koka,  près  de  Séleucie.  Cf.  BibL  or,.  II,  114. 

5.  JEU.,  xxix,  17. 


DE  DENYS   DB   TELL-MAHRÉ  147 

L'an  1084  (772-773),  moururent  saint  Paul,  évêque  de  Tagrit, 
Zeinan*  de  Kerroa  et  Jonas  de  Beit  Nouhadra.  —  A  cause  de  leur 
mécontentement  contre  David,  ces  villes  ne  voulurent  pas  recevoir 
d'autres  évèques  de  sa  part.  Elles  restèrent  ainsi  sans  évêque  en 
attendant  la  sortie  de  prison  de  Georges. 

Cette  année-là,  le  roi  ordonna  de  faire  un  mur  autour  de  ^Aqoula. 

Ce  fameux  scélérat  tomba  dans  l'avarice.  «  Or,  l'amour  de  l'ar- 
gent est  la  racine  de  tous  les  maux*.  »  II  ne  lui  sufBsait  pas  des 
hommes,  des  vignes,  des  terres,  des  animaux,  des  bestiaux,  des 
montagnes  pour  se  procurer  de  l'or  et  de  l'argent,  mais  il  usait 
constamment  d'artifices  vis-à-vis  de  tout  le  monde,  surtout  pour 
empêcher  qu'il  ne  sortit  un  zouz  de  chez  lui.  [178]  Quand  il  ordonna 
la  construction  du  mur  de  *Aqoula,il  usa  de  ruse  avec  les  habitants 
de  la  ville  ;  il  expédia  des  hommes  chargés  de  mesurer  la  maison  de 
chacun  d'eux:  sa  longueur,  sa  largeur,  sa  hauteur,  et  d'envoyer  le 
maître  de  cette  maison  bâtir  une  pareille  longueur,  largeur  et 
hauteur  du  mur  :  toute  la  dépense  devait  incomber  au  propriétaire 
de  la  maison.  Il  fit  ainsi  entourer  toute  la  ville  de  ^Aqoula  d'un 
mur  élevé  et  solide,  sans  dépenser  une  obole. 


De  la  profanation  des  tombeaux  que  commirent  les  hommes  en 
déterrant  et  jetant  les  ossements  qu'ils  renfermaient  à  la  face 
de  la  terre. 


Les  maux  se  multiplièrent,  ils  se  poussaient  l'un  l'autre,  l'aile 
contre  l'aile,  la  main  dans  la  main.  La  tribulation  s*aggrava  outre 
mesure  sur  tous  les  hommes.  On  vendait  tout  ce  qu'ils  possédaient, 
on  leur  en  prenait  le  prix,  et  ils  ne  savaient  que  faire,  car  on  les 
persécutait  pour  les  obliger  à  rapporter  et  à  livrer  des  biens  que  ni 
leurs  pères  ni  eux-mêmes  n'avaient  jamais  possédés. 

Cette  oppression  s'étendit  sur  toute  race  ;  elle  atteignit  même  les 
animaux,  les  oiseaux,  les  poissons  de  la  mer.  A  cause  de  Tiniquité 
de  leurs  princes,  les  hommes  devinrent  si  audacieux  qu'ils  en 
arrivèrent  à  une  grande  et  terrible  impiété. 

Us  sejetèrent  sur  les  tombeaux  où  des  morts  gisaient  depuis  long- 
temps; ils  les  retournèrent,  remuèrent,  retirèrent  leurs  ossements 
de  leur  place  et  les  répandirent  comme  le  fumier  à  la  surface  de 
la  terre. 

1.  11  faut  probablement  lire  Zachée.  Cf.  ci-dessus,  p.  60. 

2.  I  TlMOTH.,  VI,  10. 


148  CHRONIQUE 

Tout  ce  que  nous  avions  appris  de  loin  à  ce  sujet,  est  arrivé  chez 
nous  ;  nous  constatons  maintenant  de  nos  yeux  et  non  par  ouï- 
dire  que  les  hommes  dispersent  à  la  face  de  la  terre  les  ossemeflts 
de  ceux  qui  dorment  et  reposent  dans  les  tombeaux  depuis  les  temps 
antérieurs  à  la  venue  du  Christ,  et  qu'ils  s'empressent  d'en  retirer 
de  l'or  et  de  l'argent.  [179]  Ils  renversaient  ainsi  des  sépulcres 
dont  quelques-uns  renfermaient  plus  de  cinq  cents  cadavres,  et  ils 
en  jetaient  les  ossements  au  dehors.  En  maints  endroits,  il  y  avait  des 
tombeaux  anciens  au-dessus  desquels  le  sol  était  nivelé  et  qu'on  ne 
connaissait  pas.  Satan  les  leur  indiqua.  Et  ainsi  ils  creusèrent; 
ils  retirèrent  et  dispersèrent  les  ossements  qui  s'y  trouvaient.  Or, 
des  vieillards  nés  dans  le  pays  disaient  avec  serment  :  «  Nous 
n'avons  jamais  entendu  dire  par  nos  pères,  et  nous  n'avons  jamais 
su  qu'il  y  avait  des  tombeaux  en  ces  endroits.  » 

Ceci  donnait  à  comprendre  aux  sages  que  Satan  dirigeait  ces 
hommes  et  les  leur  faisait  trouver.  Ce  môme  Satan,  afin  de  les 
pousser  tous  dans  cette  impiété,  répandait  de  tous  côtés  la  nouvelle 
que  tel  village  avait  trouvé  de  l'or  et  de  l'argent  pour  une  somme 
de  tant  de  milliers  [de  zouz],  tel  individu  tant  de  bijoux. 

Les  sages  n'ignorent  pas  que  dans  un  sépulcre  où  il  y  a  un 
millier  d'hommes.  Il  a  dû  entrer  avec  quelques-uns  d'entre  eux,  à 
cause  de  la  grande  mortalité  ou  par  l'inattention  des  ensevelisseurs, 
des  bracelets  ou  des  boucles  d'oreilles,  ou  des  monnaies  dans  les 
ceintures.  Parmi  un  millier  il  peut  s'en  trouver  plus  ou  moins.  Kt  il 
arriva  aussi  qu'on  trouva  un  bracelet  en  cuivre  et  que  Satan  le  fit 
passer  pour  de  l'or,  et  non  pas  pour  petit,  mais  pour  grand  et  mer- 
veilleux, et  il  proclamait  cela  dans  la  contrée;  s'il  était  de  fer,  il  le 
faisait  passer  pour  de  l'argent,  afin  d'exciter  tout  le  monde  à  ren- 
verser les  tombeaux. 

Et  par  toutes  ces  calamités  que  supportèrent  les  hommes,  les 
bètes  des  champs,  les  oiseaux  du  ciel,  les  poissons  de  la  mer,  les 
arbres  et  tout  ce  qui  est  sur  la  terre,  et  même  ceux  qui  étaient  sous 
la  terre,  «  la  colère  du  Seigneur  ne  fut  pas  détournée,  mais  il 
étendit  de  nouveau  sa  main*  I  » 

En  cette  même  année,  on  se  révolta  contre  le  patrice  [180]  delà 
Grande-Arménie  et  on  le  tua  par  le  glaive.  On  dit  que  cet  homme 
avait  plus  de  cent  mille  esclaves.  On  prit  aussi  tout  son  bien  que 
Ton  fit  conduire  au  roi. 

1.  Is.,  IX,  21. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  149 


Des  maux  qui  se  multiplièrent  sur  la  terre  par  suite  des  faux 
témoignages;  du  mensonge;  des  débiteurs  et  des  créanciers; 
des  délations^  et  de  la  miséricorde  de  Dieu  qui  supporte  avec 
patience  nos  provocations. 

Il  ne  faut  pas  omettre  les  choses  que  nous  plaçons  dans  ce  triste 
chapitre,  car  ceux  qui  viendront  après  nous,  en  voyant  les  nom- 
breux écueils  sur  lesquels  nous  sommes  tombés,  et  quelles  afilic 
lions  nous  avons  supportées  à  cause  de  notre  malice,  s*en  éloi- 
gneront peut-être,  et  n'iront  pas  comme  nous  en  dehors  des  chemins 
et  des  sentiers  battus  ;  et  les  bêtes  féroces  ne  les  environneront 
pas,  comme  il  nous  est  arrivé  à  nous-mêmes. 

Ce  n'est  pas  parce  que  Dieu  avait  besoin  de  la  miséricorde 
d'Abraham,  qu'il  lui  révéla  les  crimes  que  les  Sodomites  commet- 
taient sur  les  voyageurs  étrangers  ;  mais  pour  montrer  à  ses  enfants 
les  choses  mauvaises  qui  l'irritent  et  attirent  sa  colère  sur  ceux  qui 
les  font.  Il  est  écrit  dans  le  livre  de  la  Loi^  :  «  Cacherai-je  à  mon 
serviteur  Abraham  ce  que  j'ai  l'intention  de  faire?  »  Et  encore  : 
((  Parce  que  je  sais  qu'il  commandera  à  ses  enfants  et  aux  enfants 
de  ses  enfants  de  marcher  après  lui  dans  les  voies  du  Seigneur,  et 
de  faire  le  jugement  et  la  justice.  La  clameur  de  Sodome  et  de 
Goraorrhe  est  montée  devant  moi  ;  leurs  péchés  se  sont  beaucoup 
aggravés.  »  Est-ce  que  Dieu  a  fait  connaître  leurs  péchés  à  Abraham 
pour  faire  miséricorde  à  Sodome?  C'était  pour  qu'il  les  fit  con- 
naître à  ses  enfants  en  leur  disant:  «  Éloignez- vous  de  ces  choses.  )) 

David  dit  de  même  à  son  fils'  :  «  Connais  le  Dieu  [181]  de  tes 
pères;  sers-le;  car  si  tu  Tabandonnes,  il  t'abandonnera  tout  à  fait.  » 
C'est  ce  qui  nous  est  arrivé.  Lorsque  nous  sommes  sortis  de  la 
voie  de  la  justice,  personne  ne  l'a  senti  ;  mais  lorsque  Dieu  a  retiré 
sa  main  de  nous,  toutes  les  créatures  l'ont  senti  avec  nous  :  les 
animaux,  les  bêtes,  les  poissons  de  la  mer,  les  oiseaux  du  ciel  ; 
même  les  morts  dans  leurs  tombeaux,  môme  les  pierres  et  le  bois 
ont  souffert  avec  nous. 

Il  est  écrit*  :  «  Aime  le  Seigneur  ton  Dieu  de  tout  ton  cœur,  de 
toute  ton  âme,  et  ton  prochain  comme  toi-même,  m  Ayant  ces  deux 
commandements  qui  renferment  la  loi  et  les  prophètes*,  et  toute  la 

1.  Gen.^  XVIII,  17-îiîO. 

2.  Cf.  /C^ron.,  XXVIII.  9. 

3.  Cf.  Matth.,  XXII,  37,  39. 

4.  Cf.  Matth.,  XXII,  40. 


150  CHRONIQUE 

vigueur  de  la  Nouvelle  Alliance,  nous  avons  fait  le  contraire  dans 
toute  notre  conduite. 

Et  encore'  :  «  Tu  ne  tueras  point.  Tu  ne  voleras  point.  Tune 
feras  point  de  faux  témoignages.  Honore  ton  père  et  ta  mère.  Tu 
ne  convoiteras  pas  ce  qui  est  à  ton  voisin.  Tu  ne  donneras  point 
tjn  argent  à  usure.  Tu  ne  prendras  pas  le  présent  qui  aveugle  les 
yeux  des  sages.  Tu  n'étendras  pas  ta  main  avec  le  coupable  pour 
lui  servir  de  faux  témoin.  Tu  ne  frauderas  pas  le  jugement  du 
pauvre.  Tu  ne  seras  pas  adultère.  »  Or,  toutes  ces  choses  nous 
ne  les  avons  pas  seulement  apprises  par  ouï- dire,  mais  nous  les 
avons  nous-mêmes  pleinement  commises.  C'est  pourquoi  les 
hommes  ne  doivent  pas  accuser  le  Seigneur  à  cause  des  cala- 
mités qui  sont  venues  sur  nous.  Sachons  qu'il  ne  nous  a  pas 
même  traités  selon  nos  péchés,  et  exaltons  ses  miséricordes  sans 
mesure  et  sans  limite,  qui  supportent  patiemment  nos  injures  et 
les  iniquités  que  nos  mains  ont  opérées,  à  cause  desquelles  la 
colère  viendra  sur  les  enfants  désobéissants. 

Fut-il  un  péché  dans  le  monde  qui  ne  se  commette  chez 
nous?  La  lutte  fratricide  de  Caïn*,  la  voici  chez  nous.  La  sodomie 
est  chez  nous  tout  entière.  Le  mensonge,  l'inimitié,  le  murmure 
des  Israélites,  la  tyrannie  :  les  voilà  au  milieu  de  nous.  Les  rapines, 
le  pillage,  les  meurtres,  les  faux  témoignages,  tous  les  maux  delà 
maison  de  Julien  :  les  voilà  avec  nous. 

Nous  voulons  rapporter  toutes  ces  choses  [182]  une  à  une,  afin 
que  nos  enfants,  comprenant  notre  châtiment,  ne  fassent  pas 
comme  nous  avons  fait,  de  peur  que  cette  verge  amère  ne  les 
atteigne  aussi. 


D*ahord  des  faux  témoignages  qui  eurent  lieu  parmi  nous. 

Il  est  écrit*  :  «  Les  œuvres  des  hommes  ne  sont  pas  passées  par 
ma  bouche.  »  Et  encore*  :  «  Quiconque  calomniait  son  prochain  en 
secret,  je  le  faisais  périr.  » 

Notre  but,  ô  frères,  n'est  pas  de  vous  exposer  les  indignités  des 
actions  des  hommes,  ou  leurs  calomnies,  mais  nous  voulons  vous 
montrer  quelles  furent  les  causes  de  cette  calamité,  afin  que  vous 

1.  Cf.  Ex.,  x.\,  12-17;  Deut.,  v,  16-21. 

2.  Cf.  Gen.,  iv. 

3.  Ps.  xvu,  4. 

4.  Ps.  c,  5. 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  151 

VOUS  en  écartiez  :  «  car  la  foi  a  disparu  de  la  terre  et  rhomme 
parle  à  son  prochain  avec  des  lèvres  trompeuses  \  )) 

Quand  un  homme  avait  un  procès  avec  son  voisin,  il  allait  dans 
la  place  publique  et  appelait  quelqu'un  :  «  Hé,  maître  un  tell 
témoignes-tu  en  ma  faveur?  »  Celui-ci,  lui  laissant  à  peine  achever 
sa  parole,  répondait  brusquement  et  disait  :  «  Par  la  parole  de 
Dieu,  je  suis  d'accord  avec  toi.  —  De  quoi  s'agit-il?  »  Et  il  avait 
juré  avant  de  connaître  la  question. 

Ce  n'étaient  pas  seulement  les  païens  qui  faisaient  cela,  mais 
aussi  les  chrétiens  et  des  hommes  âgés.  En  toute  cause,  quelle 
qu*elle  fût,  si  quelqu'un  voulait,  pour  un  zouz,  il  achetait  des  faux 
témoins  autant  qu'il  en  désirait.  Ils  ne  plaçaient  point  le  jugement 
de  Dieu  devant  leurs  yeux,  mais  en  un  instant  ils  faisaient  dispa- 
raître le  pauvre  de  la  tefte. 


Des  débiteurs  et  des  créanciers  ;  du  mensonge, 

«  Voici  que  tous  vous  avez  parlé  injustement,  et  vos  mains  son 
souillées  d'injustice.  La  malice  remplit  leur  bouche.  Sous  sa  langue 
sont  la  fourberie  et  la  ruse  :  l'iniquité  et  la  fraude  V  )) 

((  Ne  donne  point  ton  argent  à  usure,  et  ne  prends  pas  d'intérêt 
[183]  à  ton  prochain.  Si  tu  prêtes  de  l'argent  parmi  mon  peuple  au 
pauvre  qui  est  avec  toi,  tu  ne  seras  point  un  créancier  pour  lui  et 
tu  ne  lui  prendras  point  d'intérêt  ^  » 

Et  David  dit*  :  «  ...celui  qui  n'a  pas  donné  son  argent  à  usure;  qui 
fait  un  serment  à  son  prochain  et  ne  le  trompe  pas.  » 

Toutes  ces  choses  n'existent  plus  chez  nous. 

Les  hommes  des  campagnes,opprimés  par  des  exactions  cruelles, 
venaient  dans  les  villes  et  apportaient  des  présents  à  ceux  qui 
prêtaient  à  usure.  Ceux-ci,  en  les  voyant,  leur  disaient  :  «  Sois  le 
bienvenu  i>  et  avec  des  paroles  bienveillantes  ils  ajoutaient  :  ((  Je  te 
donnerai  tout  ce  dont  tu  as  besoin.  N'aie  pas  de  souci  ;  tant  que 
je  vivrai,  je  te  donnerai;  tu  n'auras  besoin  de  personne.  Je  ne 
te  demande  pas  de  témoin,  ni  de  caution,  ni  de  gage  :  je  ne 
demande  ni  intérêt  ni  rachat*.  Prends,  et  quand  la  récolte  seraren- 

1.  Ps.  XII,  2-3. 

2.  Ps.  Lviii,  2;  X,  7. 

3.  Cf.  Léc,^  XXV,  37. 

4.  P8.  XV,  5.  4. 

5.  C'est-à-dire,  d'après  le  contexte,  une  promesse  de  rembourser  en 
nature . 


152  CHRONIQUE 

irée,  tu  me  rapporteras  mon  bien  ou  tu  me  donneras  du  froment  ou 
du  vin»  au  cours  de  cette  époque.  Va  maintenant,  et  reviens  dans 
quelques  jours.  »  Cet  affligé  ayant  entendu  ces  paroles  consolantes 
s'en  retournait  en  grande  liesse  à  sa  maison  et  se  réjouissait,  car  il 
ignorait  que  Satan  ne  permettrait  pas  à  Tautre  d'accomplir  ce  qui 
était  sorti  de  sa  bouche  :  «  Ses  paroles  sont  plus  douces  que  le  miel , 
et  elles  sont  des  dards^  :  à  leur  suite  sont  des  fiels  amers.  » 

Ce  malheureux,  confiant  dans  les  paroles  consolantes  par  les- 
quelles l'usurier  l'avait  rassuré,  n'était  plus  tourmenté  pour  courir 
ramasser  de  l'argent  pour  l'impôt  de  capitation.  ïl  demeurait  tran- 
quille dans  sa  maison  jusqu'à  l'arrivée  des  exacteurs.  Dès  que 
ceux-ci  le  surprenaient,  il  leur  disait  :-((  Attendez  moi  un  peu,  je 
vais  vous  l'apporter,  »  et  il  s'en  allait  en  hâte  chez  celui  qui  lui 
avait  fait  espérer  qu'il  lelui  donnerait.  «  Veuille,  seigneur,  lui  disait- 
il,  me  donner  ce  que  je  te  demande,  afin  qu'ils  ne  frappent  pas  du 
fouet.  »  Celui-ci  lui  répondait  :  «  Attends-moi  un  peu,  »  et,  ou  bien 
il  le  laissait  et  s'en  allait,  ou  bien  il  se  moquait  de  lui  en  paroles, 
[184]  en  lui  disant:  «  Va  aujourd'hui,  et  reviens  demain  matin.Pour 
le  moment  je  n'ai  pas  suffisamment  pour  toi.  »  Il  agissait  de  la  sorte 
avec  lui  pendant  plusieurs  jours;  et  quand  celui-ci  en  était  affligé 
jusqu'à  la  mort,  après  qu'il  avait  fait  intervenir  de  nombreux  inter- 
cesseurs, l'autre  se  contentait  de  lui  dire  :  «  Je  ne  te  donne  pas 
parce  que  je  n'ai  pas  de  quoi  te  donner,  »  ou  bien  il  lui  disait: 
«  J'exige  de  toi  un  écrit.  »  —  «  Je  le  fais,  »  disait-il  ;  et  quand  l'écrit 
était  fait,  il  le  renvoyait  encore  avec  des  paroles  et  lui  disait:  «  Va 
ce  soir,  et  reviens  demain  matin.  » 

Et  quand  ceux-ci  revenaient  de  bon  matin,  il  leur  disait:  «  Je  ne 
vous  donne  pas,  si  vous  ne  me  donnez  un  gage.  »  Quand  ils  lui 
avaient  donné  le  gage,  il  ajoutait:  «  Combien  me  donnez-vous 
d'intérêt  pour  cet  argent?  Et  pour  le  rachat,  combien  me  donnerez- 
vous  de  blé?  car  je  ne  le  prends  pas  au  prix  courant.  » 

A  cause  de  leur  embarras,  ils  lui  en  accordaient  autant  que  sa 
bouche  demandait*.  Ils  lui  donnaient  aussi  un  écrit;  et  il  h'ur 
demandait  ensuite  des  cautions.  Et  ainsi,  démentant  toutes  les 
paroles  qu'il  leur  avait  données  au  commencement,  il  leur  prenait 
des  gages,  ils  lui  donnaient  un  écrit  et  souscrivaient  des  intérêts,  il 
exigeait  un  rachat  et  demandait  des  cautions. 

A  peine  les  avait-il  secourus  en  leur  donnant,  que  non  seulement 
ils  embrassaient  ses  mains,   mais  ils  léchaient  la  plante  de  ses 

1.  Cf.  P^.  Lv,  22. 

2.  Littéralemeni  :  Autant  qu'il  ouvrait  sa  bouche  et  demandait. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  153 

pieds,  en  disant:  «  Si  d'ici  tant  de  jours  nous  ne  te  rapportons  pas 
ton  bien,  nous  sommes  débiteurs  de  tout  ce  qui  est  noté  dans  cet 
écrit.  » 

El  alors  ils  s'en  allaient  promptement,  vendaient  leur  bien,  et 
rassemblaient  leur  argent;  mais,  quand  ils  le  prenaient  et  allaient 
pour  payer  et  se  libérer  dignement,  Satan,  cet  ennemi  de  tout 
bien,  venait  et  commençait  à  les  attaquer  violemment  par  ses 
suggestions  :  m  Comment  donnes-tu  cet  argent  maintenant?  On 
viendra  le  demander  et  tu  n'auras  rien  à  donner,  puisque  tu 
as  vendu  tout  ton  bien.  Celui-là  n'en  manque  pas,  il  ne  peut  te 
faire  du  mal  ;  d'ailleurs  ton  gage  [185]  reste  auprès  de  lui,  et  si 
tu  le  reprends  lu  devras  le  placer  chez  un  autre,  il  vaut  donc  mieux 
qu'il  reste  chez  lui.  » 

Tels  étaient  les  conseils  pernicieux  que  conseillait  le  diable  aux 
débiteurs,  de  peur  qu'ils  ne  tinssent  leur  parole,  qu'ils  n'inspi- 
rassent confiance  au  créancier,  et  qu'ensuite  celui-ci  ne  les  sou- 
lageât. Il  les  portait  à  lui  rendre  les  mensonges  dont  il  s'était 
servi  vis-à-vis  d'eux. 

Ces  conseils  iniques  venaient  également  de  la  conseillère,  fille 
de  celle  d'Adam  ;  et  alors  s'accomplit  dans  le  temps  présent  [la 
parole  du  prophète]  :  t  Des  femmes  ont  dominé  sur  nous*.  »  Ce 
sont  elles  qui  gouvernaient  les  hommes.  Elles  conseillaient  : 
«  Fais  telle  ou  telle  chose,  »  et  le  mari  disait:  «  Tu  m'as  bien 
conseillé;  »  car  ces  hommes  ne  considéraient  pas  les  promesses  et 
les  serments  faits  au  nom  de  Dieu,  ni  ce  qui  leur  arriverait,  c'est-à- 
dire  que  quand  ils  demanderaient  de  nouveau  on  ne  leur  donne- 
rait plus;  mais  le  conseil  de  Satan  et  de  leurs  femmes  leur  plaisait 
avant  tout- 

Il  arrivait  même  que  quand  l'un  d'entre  eux  tenait  son  argent 
dans  sa  main,  et  que  le  créancier  le  pressait  [en  disant]  :  «  Kends- 
moi  mon  bien,  »  parce  que  Satan  était  dans  son  cœur  il  refusait 
énergiquement  [en  disant]  :  «  Je  n'ai  rien  »  On  l'emprisonnait, 
on  le  frappait  du  fouet,  et  il  ne  rendait  pas!  C'est  à  de  telles  gens 
que  s'adresse  le  Psalmiste  quand  il  dit*  :  <  L'impie  emprunte  et  ne 
rend  pas.  d 

Au  lieu  que  l'emprunteur  ailleàla  porte  du  préteur,  celui-ci  vient 
lui-même  à  la  porte  de  son  débiteur  et  le  supplie  ;  et  s'il  arrive  que 
la  moitié  de  la  créance  soit  payée,  il  s'estime  très  heureux. 

Ainsi,  chez  tout  homme,  le  mensonge  dominait  complètement. 

1.  Ip.,  III.  12. 

2.  Pa.xxxvii,  21. 


154  CHRONIQUE 


De  la  délation;  de  V  oppression;  du  pillage  réciproque 

et  des  faux  témoignages. 

Quand  les  habitants  du  pays  venaient  solder  le  tribut,  ils  for- 
maient [186]  des  attroupements  comme  ceux  de  Caîpbe.  Ils  cir- 
culaient dans  les  villes  et  s'informaient  du  lieu  où  se  trouvait  un 
homme  possédant  quelque  chose  en  réserve  :  soit  du  blé,  soit  du 
vin,  soit  des  objets  mobiliers.  Puis  ils  allaient  trouver  l'émir  et  lai 
disaient  :  «  Un  tel  doit  payer  une  part  de  notre  tribut.  Il  possède 
telle  chose,  chez  un  tel,  et  depuis  tant  d'années  il  n'a  pas  payé  le  tri- 
but. »  L'émir  donnait  alors  cet  ordre:  «  Allez,  vendez  son  bien.  » 

Si  cet  homme  ou  si  quelque  autre  personne  voulait  s'opposer  à 
eux,  le  gouverneur  demandait  [aux  premiers]  :  «  Avez-vous  des  té- 
moins contre  lui?  »  Il  en  venait  alors  d'entre  ceux  de  leur  village 
qui  témoignaient  contre  lui,  bien  qu'ils  ne  l'eussent  jamais  vu. 
Et  ainsi,  tandis  qu'il  se  lamentait,  ils  faisaient  vendre  tout  ce  qu'il 
possédait  et  ne  lui  permettaient  pas  même  d'approcher  de  son  bien. 
Les  uns  lui  disaient  :  «  Tu  nous  as  répondu  pour  un  tel;  »  les  autres 
disaient  :  «  Tu  as  dans  notre  village  une  vigne,  ou  un  jardin,  ou 
un  champ  d'oliviers,  et  depuis  tant  d'années  tu  n'as  pas  payé  ton 
tribut,  »  et  bien  que  celui-ci  jurât  :  «  Je  ne  suis  jamais  entré  dans 
votre  village  ;  je  n'ai  pas  de  jardin  chez  vous,  »  les  autres  cependant 
ne  le  relâchaient  pas  avant  d'avoir  fait  vendre  tout  ce  qu'il  possé- 
dait. Le  gouverneur  lui-même  les  dirigeait  dans  cette  voie. 

Pour  cette  raison,  les  hommes  craignaient  de  paraître  dans  les 
rues,  mais  ils  n'échappaient  pas  ainsi  à  ces  scélérats;  car  ceux-ci 
les  recherchaient,  et  quand  l'un  d'eux  avait  surpris  quelqu'un,  il 
lui  disait  :  «  Donne-moi  tant,  ou  je  te  conduis  à  l'émir.  » 

De  la  sorte,  cette  affaire  était  devenue  un  commerce  très  lucratif 
pour  beaucoup  d'hommes  de  la  ville.  Aussi  remplirent-ils  leurs 
maisons  de  rapine  et  de  fraude. 

C'est  à  leur  sujet  que  le  prophète  Michée  dit,  lui  qui  reprenait 
les  rois  en  face^  :  «  Le  saint  a  disparu  de  la  terre,  et  il  n'y  a  pas  un 
juste  parmi  les  hommes;  tous  tendent  des  pièges;  l'homme  fait 
une  chasse  à  mort  à  son  frère.  Leurs  mains  sont  préparées  pour 
[187]  le  mal  et  ils  ne  font  pas  le  bien.  Le  prince  demande  :  Donne; 
le  juge  dit  :  Apporte  des  présents;  le  grand  expose  ses  désirs.  Ils 
ont  rejeté  leur  bonne  nature  comme  un  morceau  d'étoffe  rongé  par 

1.  MicH.,  VII,  2-3. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  155 

la  teigne.  »  Et  encore*  :  «  Ne  vous  fiez  pointa  vos  proches,  ne 
vous  confiez  point  en  vos  amis.  » 

Et  David  dit'  :  «  Us  ont  aiguisé  leur  langue  comme  un  glaive,  leur 
discours  comme  un  trait,  pour  le  lancer  en  cachette  contre  Tinno- 
cent;  ils  le  lancent  furtivement  et  ils  ne  sont  pas  vus;  ils  ont  formé 
des  projets,  ils  ont  caché  leurs  embûches,  estimant  que  le  Seigneur 
ne  voit  pas  !  »  Il  dit  encore  d'eux*  :  «  Ils  reviendront  au  soir»  ils 
aboieront  comme  des  chiens  et  parcourront  la  ville.  —  Ils  ont  pré- 
féré les  malédictions  aux  bénédictions.  Ils  ont  revêtu  les  malédic- 
tions comme  une  armure.  Elles  ont  pénétré  chez  eux  comme  de 
Teau,  dans  leurs  os  comme  de  Thuile.  » 

Or,  ces  rapines  et  ces  pillages  étaient  commis  dans  la  ville  par 
ces  chiens  enragés,  paysans  et  citadins.  Leurs  bouches  étaient 
ouvertes  comme  des  sépulcres  infects.  De  sorte  que  quand  un  de 
ces  pauvres  qu'ils  avaient  saisi  leur  avait  échappé,  d'autres  le 
prenaient  aussitôt,  et  après  ceux-ci,  d'autres  encore. 

Isaïe  a  dit  d  eux*  :  «  Comment  la  cité  fidèle  est-elle  devenue  une 
prostituée?  Elle  fut  pleine  de  jugement  et  de  justice  :  et  mainte- 
nant [elle  est  pleine]  de  meurtriers.  Ton  argent  a  été  méprisé,  tes 
aubergistes  ont  mélangé  l'eau,  tes  princes  sont  infidèles,  tous  sont 
des  compagnons  de  voleurs.  » 

Et  il  dit  de  nouveau*  :  «  Des  railleurs  domineront  sur  eux;  dans 
le  peuple,  l'homme  tombera  sur  l'homme,  chacun  sur  son  voisin  ; 
les  jeunes  gens  se  soulèveront  contre  les  vieillards,  les  plébéiens 
contre  les  nobles.  »  —  «  Ses  grands  sont  au  milieu  d'elle  comme 
des  lions  rugissants,  et  ses  juges  comme  des  loups  du  soir,  ses  pro- 
phètes sont  des  libertins  •.  »  —  «Malheur  à  ceux  qui  songent  à 
l'iniquité,  qui  font  le  mal  sur  leur  lit,  et  se  lèvent  de  bon  matin  pour 
faire  ce  qu'ils  ont  médité.  Ils  élèvent  les  mains  vers  le  Seigneur, 
et  ils  convoitent  des  champs  et  des  maisons  qu'ils  prennent 
de  force!  [188]  et  ils  oppriment  les  hommesM  »)  Michée  a  dit 
ces  choses  à  propos  de  ces  pillards  et  de  ces  scélérats,  et  il  ajoute  ■  : 
M  Ses  riches  sont  pleins  d'iniquité,  ses  habitants  disent  des  men- 
songes, leur  langue  est  frauduleuse  dans  leur  bouche.  Moi,  j'ai 


1.  Micfi.  VII,  5. 

2.  P«.  LXiv,  3-7. 

3.  P8.  Lix,  6;  cix,  17. 

4.  Is.,  I.  21-23. 

5.  Is..  m,  4,  5. 

6.  SopH.,  ui,  3-5. 

7.  MicH.,  Il,  1,  2. 

8.  MiCH.,  VI,  12-15. 


156  CHRONIQUE 

commencé  à  te  frapper  et  je  te  ruinerai  à  cause  de  tes  péchés.  Tu 
mangeras  et  tu  ne  seras  pas  rassasié,  et  la  dyssenterie  sera  au 
milieu  de  toi.  Tu  saisiras  et  ne  délivreras  pas;  et  ce  que  tu  auras 
délivré,  je  le  livrerai  au  glaive.  Tu  sèmeras  et  ne  moissonneras 
pas.  Tu  presseras  l'olive  et  tu  ne  t'oindras  pas  d'huile.Tu  presseras 
le  vin  et  tu  n'en  boiras  pas.  » 

Quelle  est  celle  d'entre  ces  choses  qui  ne  nous  est  pas  survenue? 
Où  sont  Thuile,  le  blé  et  le  vin,  dont  vivent  les  travailleurs? 

Mais  les  pillards  eux-mêmes  furent  atteints  par  le  fléau  plus 
cruellement  que  n'importe  qui. 

La  première  année,  les  pauvres  de  la  région  inférieure  et  les 
étrangers  périrent,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut;  la 
seconde,  ceux  qui  habitaient  au-dessus  des  premiers  ;  la  troisième, 
ceux  qui  étaient  au-dessus  de  ceux-ci  ;  la  quatrième  eniin,  ces 
hommes  rapaces  et  pillards  périrent  eux-mêmes  et  il  ne  leur  resta 
rien,  soit  de  leur  bien,  soit  de  ce  qu'ils  avaient  pillé  et  rassemblé. 

Ces  choses,  d'autres  semblables  et  de  pires  encore  que  celles 
prédites  par  les  prophètes,  furent  opérées  et  accomplies  par  les 
hommes  les  uns  à  l'égard  des  autres. 

Les  campagnards  surtout  les  multiplièrent. 

Les  citadins  et  les  marchands  commencèrent  à  mal  faire,  car  ils 
s'empressèrent  d'achoter  le  bien  des  campagnards:  leurs  vignes, 
leurs  champs,  tout  leur  travail;  mais  ils  n'en  jouirent  pas  long- 
temps, car  les  paysans  se  tournèrent  contre  eux.  et  si  l'un  de  ces 
citadins  avait  dans  quelqu'un  de  leurs  villages  du  vin  ou  du  fro- 
ment, ils  l'emportaient  pour  le  vendre  ou  le  manger. 

Or,  le  gouverneur  prêtait  la  main  à  tous  ces  méfaits  et  ne  punis- 
sait personne. 

Quant  aux  marchands,  les  paysans  ne  se  contentaient  pas  de  les 
piller  et  de  prendre  leur  bien.  Ils  les  saisissaient  et  les  conduisaient 
au  gouverneur  en  disant:  «  Tout  [le  fruit  de]  notre  travail  a  été 
enlevé  par  cet  homme,  ordonne-lui  de  payer  [189]  pour  le  village.  » 
Et  le  gouverneur  l'opprimait  jusqu'à  ce  qu'il  le  fît  disparaître  de 
sur  la  terre,  et  il  prenait  tout  ce  qu'il  possédait,  aussi  bien  ce  qu'il 
avait  pillé  que  ce  qu'il  n'avait  pas  pillé. 

Les  riches  s'enfuyaient  devant  les  paysans  comme  un  troupeau 
devant  les  loups,  et  ils  se  cachaient,  abandonnant  les  vignes  et 
tout  ce  qu'ils  leur  avaient  pris. 

Il  arrivait  aussi  parfois  que  des  hommes  allaient  loyalement 
acheter  du  vin  au  pressoir  [des  paysans].  Ceux-ci  allaient  alors 
porter  plainte  à  l'émir.  Si  le  vin  se  trouvait  encore  dans  leur 
village,  le  gouverneur  faisait  mettre  les  scellés  dessus;  s'il  était 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  157 

déjà  introduit  dans  la  ville,  il  s'en  emparait.  Ainsi,  et  le  vin  et  son 
prix  étaient  perdus. 

Quand  bien  même  nous  multiplierions  le  récit  des  maux  qui 
sont  arrivés  ou  que  les  hommes  se  sont  fait  mutuellement,  nous 
resterions  toujours  en  deçà  de  la  totalité;  car  il  est  impossible  à 
quelqu'un  de  les  écrire  à  cause  de  leur  grand  nombre.  Mais  ce  peu 
suffit  aux  sages. 

Disons  à  ce  sujet,  avec  le  prophète  Jérémie*  :  «  Mon  peuple  est 
devenu  insensé,  il  ne  méconnaît  pas,  dit  le  Seigneur.  Ce  sont  des 
enfants  stupides,  il  n'y  en  a  point  de  sages  ;  car  ils  sont  habiles  pour 
le  mal  et  ils  ignorent  le  bien.  J'ai  regardé  la  lerre  :  c'est  le  tohu- 
bohu.  En  vérité,  tous  ont  brisé  le  joug  et  coupé  les  liens.  A  cause 
de  cela  le  lion  les  brisera,  les  loups  du  soir  les  déchireront,  le 
léopard  se  mettra  en  embuscade  sur  leurs  villages  et  quiconque  en 
sortira  sera  broyé  ;  car  leurs  fautes  se  sont  aggravées,  leurs  péchés 
se  sont  multipliés.  Ils  ont  exhibé  leur  malice  comme  les  Sodo- 
mites  '.  )) 


De  la  deuxième  année  de  calamité,  qui  fut  Van  1085  (774-775), 

Comme  nous  avons  écrit  et  fait  connaître  plus  haut  les  calamités 
cruelles,  [190]  les  rapines  commises  sans  pitié  par  les  adminis- 
trateurs établis  dans  le  pays  pour  le  ^adàqat  al  mal  des  Arabes, 
le  çauphi,  la  dime,  l'exil  et  beaucoup  d'autres  causes  que  nous 
avons  indiquées  ci-dessus,  il  n'est  pas  nécessaire  de  répéter  ici  aux 
hommes  prudents,  car  ils  le  comprennent,  que  cette  année  ajouta 
avec  beaucoup  d'intensité  ses  malheurs  à  tous  ceux  de  la  précé- 
dente et  de  la  suivante;  et  cela  non  seulement  du  côté  de  la  terre 
et  des  hommes,  mais  du  côté  du  ciel  et  du  Seigneur. 

L'intendant  du  çauphi  demandait  impitoyablement  deux  pour 
un;  les  décimateurs  se  précipitaient  sur  les  passagers  comm(3  des 
chiens  ennigés  et  dépouillaient  sans  pitié  les  allants  et  venants; 
ceux  qui  recherchaient  les  fugitifs,  plus  avides  que  les  vautours 
qui  guettent  la  chute  des  cadavres,  attendaient  ardemment  que  les 
hommes  tombassent  entre  leurs  mains.  Ils  tiraillaient  les  pauvres 
comme  des  vautours  autour  d'un  cadavre. 

Que  dirai  je  du  renversement  des  sépulcres,  sinon  ce  que  disait 
Jérémie  qui  nous  a  prédit  la  violation  des  tombeaux  et  la  dispersion 

1.  Jerem.,  IV,  22,23;  v,  5,  6. 
i.  Cf.  Is.,  m,  9. 


158  CHRONIQUE 

des  ossements  comme  le  fumier  à  la  face  de  la  terre,  sans  qu'il  y 
ait  quelqu'un  pour  les  recueillir? 

Il  est  écrit ^  :  «  En  ce  temps-là,  dit  le  Seigneur,  on  jettera  les  os 
des  rois  de  Juda,  et  les  os  de  leurs  princes  elles  os  de  leurs  prêtres, 
et  les  os  des  prophètes,  et  les  os  des  habitants  de  Jérusalem, 
hors  de  leurs  sépulcres.  On  les  exposera  au  soleil,  à  la  lune  et  à 
toute  la  milice  céleste  qu'ils  ont  aimés  et  servis,  auxquels  ils  se 
sont  attachés,  qu'ils  ont  consultés  et  adorés.  On  ne  les  recueillera 
pas,  on  ne  les  ensevelira  pas,  mais  ils  seront  comme  un  fumier  à  la 
face  de  la  terre.  » 

Ces  choses  ont  eu  lieu  de  notre  temps,  et  nous  les  avons  signalées 
plus  haut.  Cependant  cette  année  dépassa  en  fait  de  maux  toutes 
celles  qui  l'ont  précédée  ou  suivie,  surtout  par  la  violation  des  tom- 
beaux. Et  Jéréniie  dit  aussi  de  [191]  ceux  qui  vivent  en  ce  temps  '  : 
((  Ils  choisiront  la  mort  plutôt  que  la  vie,  tous  ceux  qui  sont  restés 
de  cette  race  méchante,  dans  tous  les  lieux  où  je  les  ai  dispersés.  » 
Et  de  nouveau  Jérémie  dit*  :  «  Les  cadavres  de  ce  peuple  seront  en 
pâture  aux  bêtes  de  la  terre,  aux  oiseaux  du  ciel  et,  il  n'y  aura 
personne  qui  les  chasse.  Et  je  ferai  cesser,  dans  les  villes  de  Juda 
et  dans  les  places  de  Jérusalem,  la  voix  de  la  joie  et  de  l'allégresse, 
la  voix  du  fiancé  et  la  voix  de  la  fiancée,  parce  que  toute  la  terre 
sera  désolée.  »  Toutes  ces  choses  ont  reçu  leur  accomplissement. 
Les  cadavres  des  hommes  furent  jetés  en  pâture  aux  bêtes  du 
désert  et  aux  oiseaux  du  ciel;  car  [le  prophète]  assimile  ce  peuple 
sans  Dieu  aux  animaux  et  aux  oiseaux  immondes. 

Le  bruit  de  la  joie  du  fiancé  et  de  la  fiancée  a  cessé,  car  ceux 
mêmes  qui  étaient  mariés  ont  rejeté  leurs  femmes  et  leur  ont  fait 
le  libelle  de  répudiation  à  cause  de  la  multitude  des  calamités.  «  A 
cause  de  la  multitude  des  iniquités,  l'afleclion  de  plusieurs  se 
refroidira*,  w 

Il  n'est  pas  nécessaire  que  nous  racontions  ces  choses  à  nou- 
veau. Nous  passerons  dessus  d'un  pas  rapide;  nous  nous  tour- 
nerons vers  l'accroissement  des  maux  que  cette  année  a  surajoutés 
aux  autres  [et  nous  parlerons]  de  l'hiver  rude,  du  froid  rigoureux, 
du  défaut  de  pâturage,  de  la  diminution  du  fourrage(?)  pour  les 
animaux  domestiques,  de  la  mortalité  de  tout  le  bétail,  de  la  famine, 
des  maladies  cruelles,  de  la  peste  qui  consumait  les  hommes  et  les 


1.  JÉRÉM.,  VIII,  1,  2. 

2.  Ibid.,  3. 

3.  JÉRéM.,  vil.  33,  34. 

4.  Matth.,  XXIV,  12. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  159 

bètes  comme  des  sauterelles;  dé*  la  violence  que  les  habitants  des 
villages  exerçaient  les  uns  sur  les  autres,  du  pillage  des  hommes, 
des  meurtres  commis  à  cause  du  manque  de  pain,  de  Tintereeption 
des  routes,  de  la  nécessité  où  furent  les  chrétiens  de  manger  de  la 
viande  pendant  les  jours  de  jeûne,  et  même  des  cadavres,  par 
défaut  de  pain. 

Telles  sont  les  choses  dont  je  parlerai,  que  je  raconterai,  que 
j'écrirai  pour  ceux  qui  viendront  après  nous.  [192] 


Uahord  de  V hiver  rigoureux;  de  la  mortalité  du  bétail,  des 
animaux  et  des  oiseaux ,  et  des  cents  dolents  qui  eurent  lieu  en 
cet  hiver. 

Il  est  écrit*  :  «  Je  transformerai  vos  étés  en  hiver.  »  Cela  en 
réalité  est  arrivé  dans  le  monde  cette  année-là. 

Cette  année-là,  la  récolte  du  vin  fut  abondante  parce  que  Dieu 
voulait  faire  respirer  le  pauvre  et  mettre  un  frein  à  l'avarice  de 
ces  juges  dont  la  bouche  était  béante.  De  môme  que  des  sépulcres 
ouverts  qui  ne  sont  pas  rassasiés  des  cadavres  qu'on  leur  porte 
chaque  jour,  les  gouverneurs  de  la  province,  en  ce  temps-là, 
n'étaient  pas  rassasiés  des  récoltes  que  toute  la  contrée  leur  por- 
tait. Or,  Dieu  donna  de  son  riche  trésor  des  récoltes  abondantes 
pour  fermer  leurs  bouches  sordides  et  procurer  du  soulagement  aux 
pauvres  gens,  en  attendant  que  vienne  pour  eux  le  jour  de  la  ven- 
geance, que  leurs  péchés  soient  à  leur  comble  et  que  la  mesure 
de  leurs  iniquités  soit  remplie. 

Mais  l'hiver  commença  dès  le  mois  de  Tesri  I^^  (octobre),  et  unç 
neige  abondante  surprit  les  vignes  avec  leurs  raisins.  Elle  resta 
longtemps.  Les  ouvriers  entraient  dans  les  vignes  pour  ramasser 
les  raisins  tandis  que  la  neige  les  recouvrait.  A  cause  de  la  rigueur 
du  grand  froid  qui  sévissait,  leurs  grains  tombaient  tous  à  terre 
et  se  perdaient  dans  la  neige.  Le  froid  et  la  neige  se  prolon- 
gèrent, car  la  pluie  ordinaire  ne  tomba  pas  depuis  Te§ri  I*"^  (oc- 
tobre) jusqu'au  commencement  de  Haziran  (juin).  Pendant  tout 
ce  temps  c'était  un  jour  de  la  neige,  un  autre  des  vents  à  fendre  les 
montagnes,  avec  de  la  gelée  et  un  froid  rigoureux. 

Dieu  voulut  ainsi  en  cette  année  exercer  sa  fureur  sur  la  contrée, 
de  toutes  parts,  du  ciel,  de  la  terre,  des  quatre  vents  des  cieux  :  du 

1.  Cf.  Zach.,  XIV,  6  (îj. 


160  CHRONIQUE 

ciel,  par  la  neige  et  les  fortes  gelées;  fl93]  de  la  terre,  en  dessous 
par  un  froid  à  fendre  les  rochers,  et  à  la  surface  par  les  grands 
maux  que  les  hommes  se  firent  les  uns  aux  autres  et  qu'on  ne  peut 
énumérer  à  cause  de  leur  multitude. 


De  la  destruction  du  bétail  et  des  animaux,  qui  survint  en 
cette  année;  du  manque  de  fourrage  pour  la  nourriture  des 
animaux. 

Il  y  eut  une  grande  sécheresse,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  et  les  tribus  des  Taglibites  et  des  MaMéens  s'assemblèrent 
avec  leurs  troupeaux,  leurs  chameaux,  leurs  familles  et  envahirent 
la  région  septentrionale. 

Ils  envahirent  également  la  contrée  du  sud  et  la  dévastèrent.  Ils 
achetèrent  tous  les  grains  et  les  firent  descendre  dans  la  région 
inférieure.  Tous  les  pâturages  de  l'extérieur  furent  occupés,  et  la 
terre  fut  balayée  comme  avec  un  balai.  La  litière  et  la  nourriture 
étaient  en  petite  quantité.  Comme  il  n'y  avait  pas  de  pâturages  au 
dehors,  et  peu  de  récoltes  seulement  à  l'intérieur,  tout  le  bétail  des 
pâturages  et  des  étables  périt  :  les  moutons,  les  chèvres,  le  gros 
bétail. 

Quand  un  propriétaire  faisait  sortir  ses  animaux  pour  les  con- 
duire au  pâturage,  ils  ne  trouvaient  pas  à  manger,  car  il  n'y  avait 
autre  chose  que  la  poussière  :  pas  même  une  feuille  dans  les  arbres 
qui  n'eût  été  consumée  par  la  chaleur.  Les  animaux  qui  vivent 
dehors  avaient  mangé  ce  que  l'on  ramasse  pour  ceux  qui  vivent 
dans  les  étables  ;  et  ensuite  ils  périrent  les  uns  et  les  autres,  car  l'hi- 
ver se  prolongea  longtemps  et  le  froid  fut  rigoureux.  Au  dehors 
[régnait]  le  froid  :  au  dedans  la  famine.  C'est  pourquoi  tout  le 
bétail  de  la  région  septentrionale  périt  :  les  troupeaux,  les  bœufs, 
les  chevaux,  les  ânes  De  sorte  que  les  campagnes  étaient  infec- 
tées de  leurs  cadavres  en  putréfaction,  au  point  de  répandre  une 
odeur  fétide  plus  que  des  tombeaux.  [194J 

Du  vent  violent  qui  eut  lieu  en  cette  année. 

De  plus,  il  y  eut  un  vent  violent  et  véhément,  tel  qu'on  n'avait 
jamais  vu  son  pareil  de  notre  temps  ou  du  temps  de  nos  pères.  Il 
fit  périr  beaucoup  de  gens.  Le  menu  bétail,  les  gros  animaux,  les 
volatiles  furent  détruits  par  ce  vent.  II  déracina  beaucoup  de 


DE   DENYS    DK   TELL-MAHRK  161 

seraeuccs;  il  souleva  la  poussière  de  la  terre  en  tourbillons  sem- 
blables à  ceux  produits  par  la  neige. 

Il  sévit  deux  jours  de  suite,  entre  Noël  et  TÉpiphanie,  et  ensuite 
le  treize  de  Sebat  (février),  premier  dimanche  de  carême,  et  le 
lundi  suivant.  Comme  la  terre  était  soulevée  par  la  gelée  et  qu'il 
n'y  avait  point  d'humidité,  toutes  les  semences  furent  déracinées 
dans  les  terrains  sablonneux  et  dans  les  terres  maigres,  et  elles  se 
desséchèrent.  Les  ténèbres  et  Tobscurité  furent  causées  par  les 
nuages  de  poussière.  Tous  les  volatiles  périrent,  surtout  les  pigeons. 
On  ne  sait  ce  qui  leur  arriva  :  ni  s'ils  s'avancèrent,  poussés  par  le 
vent,  ni  s'ils  tombèrent  dans  le  désert  et  périrent  de  froid.  Toujours 
est-il  qu'ils  périrent  ainsi  que  les  oiseaux  de  passage  \  et  un  très 
petit  nombre  d'entre  eux  seulement  résistii.  Les  animaux  domes- 
tiques, aussi  bien  que  les  animaux  sauvages,  périrent. 

« 

De  la  grêle  qui  tomba  cette  année-là, 

• 

Il  tomba  aussi  cette  année-là  une  grêle  telle  qu'on  n'en  a  jamais 
vu  de  nos  jours.  Elle  était  grosse  comme  des  cailloux  et  il  y  en 
avait  de  toute  forme.  Elle  avait  des  arêtes  (?)  au  nombre  de  deux, 
trois  ou  quatre,  aiguës  comme  un  glaive.  Elle  brisa  les  arbres  et 
les  vignes,  et  elle  déracina  les  semailles.  Toutes  les  tuiles  qui  cou- 
vraient les  maisons  furent  brisées.  [195]  Cette  grêle  causa  de  nom- 
breux ravages  à  cause  des  grands  cyclones  qui  eurent  lieu  en 
même  temps. 

Le  vent  qui  poussait  la  neige  en  nua^':es  enlevait  les  eaux  tom- 
bées sur  la  terre  et  les  faisait  monter  contre  celles  qui  descendaient 
du  ciel,  en  sorte  qu'il  semblait  à  ceux  qui  les  voyaient  que  la 
terre  elle-même  les  élevait  et  les  projetait  directement  à  la  face 
des  cieux. 


Du.  retour  dans  la  contrée  de  Mousa  Ibn  Mouç^ab;  des  gouver- 
neurs qu'il  établit  y  et  des  maux  que  les  hommes  eurent  à  souffrir 
de  leur  part. 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  lorsque  l'année  de  ce  per- 
vers, qui  éuiit  l'année  précédente,  fut  achevée  tous  les  [habitants] 
des  contrées  de  la  Mésopotamie  et  de  Mossoul  s'assemblèrent  et 

1.  Traduciion  douteuse.  Voir  la  préface  du  texte  syriaque. 

11 


l 


162  CHRONIQUE 

descendirent^  pour  se  plaindre  des  maux  qu'il  leur  infligeait. 
Mais  ils  se  trompèrent  en  pensant  que  la  justice  résidait  auprès 
d*un  homme  inique  et  ami  des  voleurs. 

Au  lieu  de  trouver  le  bien  qu'ils  espéraient,  ils  ne  firent  qu'ex- 
citer sur  eux  sa  malice.  Non  seulement  il  ne  les  écouta  pas,  mais 
il  réunit  toutes  les  pétitions  que  les  pauvres  gens  lui  avaient  fait 
parvenir  pour  se  plaindre  de  leurs  maux,  et  il  les  remit  à  Mousa.  Il 
le  combla  d'honneurs  et  lui  donna  le  pas  sur  tous  ses  grands.  Il  lui 
prescrivit  d'établir  des  gouverneurs  choisis  parmi  eux  mêmes; 
cha«(ue  ville  devait  ellc-môme  en  fournir  un. 

Quand  il  eut  reçu  cet  ordre,  il  revint  en  fureur,  rugissant 
comme  un  lion  sur  sa  proie.  De  même  qu'une  bête  sauvage  ajoute 
à  ses  premiers  méfaits  lorsqu'elle  parvient  à  s'échapper  du  piège 
où  elle  était  tombée,  ainsi  cet  homme  redoubla  de  malice  lorsque 
le  roi  l'eut  soutenu  par  sa  parole. 

Dieu  lui-môme  lui  tendit  fa  main,  comme  dit  Jérémie"  :  «  Prends 
de  ma  main  ce  calice  de  vin  de  fureur,  et  tu  en  feras  boire  [196]  à 
toutes  les  nations  vers  lesquelles  je  t'enverrai.  Elles  boiront,  elles 
seront  troublées  et  tomberont  en  défaillance  en  présence  du  glaive  que 
j'enverrai  parmi  elles.  Et  je  pris  le  calice  de  la  main  du  Seigneur, 
et  j'en  fis  boire  à  toutes  les  nations  vers  lesquelles  le  Seigneur  m'a 
envoyé.  »  —  Il  dit  encore*^  :  «  Buvez,  enivrez-vous,  chancelez  et 
tombez;  vous  ne  vous  relèverez  pas  à  la  face  du  glaive  que  j'en- 
verrai parmi  vous.  »  —  Et  il  dit  de  nouveau*  :  «  Vous  serez 
exempts  de  châtiment?  Vous  n'en  serez  pas  exempts.  Car  j'appelle 
le  glaive  sur  tous  les  habiuints  de  la  terre,  dit  le  Seigneur.  D'en 
haut  le  Seigneur  rugira;  et  du  lieu  de  sa  sainteté  il  fera  entendre 
sa  voix  et  rugira  contre  sa  demeure.  Le  cri  de  celui  qui  foule  :  aïe, 
aïe,  retentira  contre  tous  les  habitants  de  la  terre.  Le  bruit  en  est 
parvenu  jusqu'aux  extrémités  de  la  terre,  car  le  Seigneur  entre  en. 
jugement  avec  tous  les  habitants  de  la  terre.  » 

En  vérité,  le  Seigneur  est  entré  en  jugement  avec  tous  les  habi- 
tants de  la  terre,  en  cette  année;  car  il  n'y  eut  aucun  peuple,  aucun 
royaume  qui  fût  en  paix,  mais  tous  pareillement  furent  saisis  par 
la  calamité,  tous  burent  le  calice  de  la  main  du  Seigneur  1 

Les  Perses  furent  excités  et  se  soulevèrent  parce  qu'on  ne  leur 
donnait  rien;  les  Arabes  furent  écrasés  par  les  exactions;  les  Juifs^ 


1.  Près  du  khalife.  Cf.  ci-dessus,  page  141. 

ÎU.   JÉR.,   XXV,  15-17. 

3.  Jkh.,  XXV,  27. 

4.  Ji-:ii.,xxv,  29-31. 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  163 

les  Chrétiens  et  avec  eux  les  Égyptiens,  les  Arméniens,  les  Sin- 
dhiens  et  tous  lespeuples  furent  accablés  d'un  lourd  impôt. 

Ceci  montre  déjà  qu'ils  ont  bu  à  ce  calice.  —  «  Tu  as  fait  voir  à 
ton  peuple  des  choses  dures;  tu  leur  as  fait  boire  un  vin  troublé\  )) 

Le  territoire  des  Romains  ne  fut  pas  exempt  de  cette  cruelle 
affliction.  Mais,  comme  ceux  de  nos  nations,  leurs  chefs  tombèrent 
également  dans  Ta  varice;  car  la  potion  d'un  môme  calice  est  [pré- 
parée] pour  tous  les  peuples.  —  «  J'ai  rassasié  le  misérable  de  pré- 
férence à  l'homme  noble*.  » 

Habacuc  a  ditencore*  :  «  Bois,  toi  aussi,  [197]  ettombeen  défail- 
lance. Le  calice  de  la  droite  du  Seigneur  t'environnera;  l'opprobre 
cachera  ta  gloire.  Car  l'iniquité  du  Liban  te  couvrira:  le  ravage 
des  animaux  t'épouvantera,  à  cause  du  sang  de  Thomme,  de  l'ini- 
quité du  pays,  de  la  ville,  et  de  tous  ses  habitants.  »  Le  prophète 
montre  que  le  premier  calice  que  la  terre  et  ses  habitants  burent 
l'année  précédente  venait  des  mains  du  Seigneur,  quand  il  enseigne 
et  dit:  <(  Le  calice  de  la  droite  du  Seigneur  te  couvrira;  et  l'op- 
probre effacera  ta  gloire.  » 

a  Voici  que  je  place  dans  Sion  un  écueil,  une  pierre  d'achoppe- 
ment :  quiconque  tombera  sur  elle  sera  brisé;  et  celui  sur  qui  elle 
tombera  sera  écrasé*. —  »  Cela  se  réalisadans  Mousa.  Ceux  qui  le 
recevaient  attiraient  sur  eux  la  colère,  et  ceux  qui  ne  le  recevaient 
pas,  le  glaive.  De  tous  côtés  [surgissaient]  les  maux. 

Il  revint,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  et  le  Seigneur  posa 
des  écueils  à  tous  les  peuples  par  son  intermédiaire,  et  il  les  accabla 
par  le  froid,  la  gelée,  la  neige,  la  glace,  en  sorte  qu'ils  ne  pouvaient 
sortir  pour  fuir  en  sa  présence,  à  cause  do  la  grande  violence  du 
froid.  Si  l'un  d'eux  parvenait  à  s'enfuir,  il  revenait  promptement, 
sans  que  personne  courût  après  lui,  et  avec  autant  d'empressement 
que  celui  qui  l'instant  d'auparavant  était  en  prison,  et  s'en  va  à  sa 
demeure. 

Le  prophète  ne  nous  a  pas  dissimulé  cela,  mais  il  dit^  :  «  Si  tu 

places  ton  refuge  en  haut,  je  te  ferai  descendre  de  là;  si  tu  le  places 
en  bas,  même  dans  les  enfers,  je  te  ferai  monter  de  là,  et  je  te 
livrerai  entre  les  mains  de  ceux  qui  recherchent  ta  vie.  ))  Et 
encore  :  «  Il  le  foulera  aux  pieds  comme  la  boue  des  places  publi- 


1.  P«.  LX,  3. 

8.  Habac,  11,15. 

3.  Habac,  II,  16. 

4.  Cf.  la.,  VIII,  14;  xxviii,  16. 

5.  Cf.  Abd.,  4;  JéR.,  xxzviii,  16;  Amos,  ix.  2. 


164  CHRONIQUE 

ques,  comme  le  fumier  à  la  face  de  la  terre,  et  il  n'y  aura  personne 
pour  le  délivrer.  » 

Le  Seigneuna  prophétisé  ce  qui  devait  nous  arriver.  Quand  ce 
[Mousa]  revint,  il  rugit  comme  un  lion  sur  sa  proie.  Il  chercha 
et  trouva  des  hommes  violents  et  sans  pitié,  qu'il  établit  gouver- 
neurs [198J  dans  leurs  propres  villes.  Cela  surtout  fut  nuisible 
pour  les  pauvres  gens,  car  ils  ne  pouvaient  pas  tromper  [le  gouver- 
neur] qui  était  originaire  de  Tendroit  et  pour  qui  rien  n'étaitcaché. 
Ceux-ci,  à  leur  tour,  choisirent  les  notables  de  la  ville  et  de  la  con- 
trée et  se  les  associèrent.  Dès  lors  ils  se  livrèrent  ouvertement  au 
brigandage  :  eux  et  le  gouverneur;  et  personne  ne  leur  en  deman- 
dait compte. 

Les  pauvres  furent  profondément  affligés,  leurs  mains  faiblirent, 
leur  cœur  défaillit,  leurs  reins  furent  brisés  en  apprenant  l'arrivée 
de  ce  scélérat,  et  leur  espoir  s'évanouit.  «  Parce  que  la  frayeur 
qu'ils  redoutaient  leur  est  arrivée,  ce  qu'ils  appréhendaient  leur 
est  arrivé.  N'onl-ils  pas  dissimulé?  X'ont-ils  pas  gardé  le  silence? 
Ne  sont-ils  pas  restés  dans  le  repos?  Cependant  l'indignation  est 
venue,  »  comme  dit  Job\ 

Il  les  établit  donc  gouverneurs:  un  pour  chaque  village.  Avec 
cet  homme,  il  y  en  avait  beaucoup  d'autres.  Leurs  exactions  sur- 
passaient l'impôt  de  capitation  qu'ils  percevaient  :  car  c'étaient 
des  voleurs,  des  brigands,  des  détrousseurs  de  grands  chemins. 
Il  choisit  ces  hommes-là  pour  les  établir  juges  I  —  H  est  écrit': 
«  Quand  les  rois  sont  iniques,  tous  leurs  ministres  sont  iniques.» 

Ainsi  donc  ils  commettaient  leurs  exactions  sur  les  pauvres  gens 
avec  une  grande  violence,  des  coups  et  des  châtiments  cruels.  Ils 
recevaient  pour  récompense  plus  de  la  moitié  de  ce  qu'ils  avaient 
extorqué,  et  ensuite  ils  revenaient  de  nouveau  prendre  un  certain 
nombre  de  zouz,  pour  leur  peine.  Ils  les  forçaient  à  vendre  leur 
bien  pour  en  faire  leur  proie.  Ils  le  vendaient,  et  ceux-ci  le  pre- 
naient pour  leur  récompense.  Ils  remplirent  ainsi  leurs  maisons 
du  bien  des  orphelins  et  des  veuves,  et  vendirent  leurs  chèvres, 
leurs  bœufs  et  tout  ce  qu'ils  possédaient.  Parfois  l'un  d'entre 
eux  se  rendait  dans  un  lieu  qui  ne  possédait  rien.  Il  commençait 
par  exiger  sa  récompense,  et  ensuite  il  opprimait  les  habitants 
et  vendait  leur  bien.  Aurait-on  trouvé  un  homme  plus  criminel? 
Les  chefs  de  district  [199]  et  les  préfets  étaient  complices  de  cette 
impiété.    C'étaient  eux  surtout  qui  pratiquaient  le   brigandage. 

1.  JoD,  m,  24-25. 

2.  Pror,,  XXIX,  12. 


DE  DENYS   DE   TELL-MAHRK  165 

«  Tes  princes  sont  infidèles  et  compagnons  de  voleurs  \))  Ils  exi- 
geaient de  ces  malheureux  avec  duret<^  un  ou  deux  tiers';  ils  ne 
connaissaient  ni  commencement  ni  (in.  Ils  ne  faisaient  point 
savoir  ce  qu'ils  enlevaient  ;  on  ignorait  ce  qu'ils  arrachaient  ou 
ce  qu'ils  abandonnaient.  Ils  agissaient  comme  des  voleurs,  des 
brigands,  des  détrousseurs  de  grands  chemins.  Ils  s'emparaient 
des  notables  et  des  hommes  libres  du  pays  et  vendaient  leur  bé- 
tail avec  tout  ce  qu'ils  possédaient:  ils  les  faisaient  périr  et  les  fai- 
saient disparaître  de  la  face  de  la  terre.  Il  ne  leur  suffisait  pas  de 
prendre  tout  ce  qu'ils  possédaient,  ils  exigeaient  même  d'eux  ce 
qu'ils  ne  possédaient  pas. 

Il  établit  des  intendants  pour  les  nombreux  impôts  du  ^addqat 
almâl  des  Arabes,  et  ceux-ci  les  réclamèrent  plusieurs  fois.  Ils 
firent  payer  les  tributs  anciens  (?).  A  quiconque  était  imposé 
pour  dix  zouz,  ils  en  demandèrent  trente  et  parfois  quarante.  Ils 
créaient  de  leur  propre  chef  des  contributions  extérieures  (?)  qu'ils 
imposaient  au  pays,  en  dehors  des  villes,  sur  les  passants  et  sur 
les  routes.  Il  arriva  qu'ils  en  frappaient  les  étrangers  établis  dans 
le  pays  et  qu'ils  les  réclamaient  des  néophytes  musulmans  aussi 
bien  que  des  chrétiens;  car  ils  ne  se  préoccupaient  pas  de  l'intérêt 
de  l'islamisme,  mais  bien  de  satisfaire  leur  cupidité  et  leur  avarice, 
lis  fixaient  et  imposaient  sans  pitié  les  taxes  au  pays  et  aux 
champs  des  Arabes,  sans  connaître  Tiniportance  des  récoltes. 

Tels  étaient  le  fondement  et  la  base  des  maux.  Les  gouverneurs 
y  ajoutèrent  ensuite,  et  les  chefs  de  district  pareillement,  enfin  les 
courriers  et  les  préfets  les  aggravèrent  de  nouveau.  Et  ainsi,  en  eux 
tous,  dominaient  sans  pitié  le  brigandage,  la  fraude  et  l'injustice. 

Le  prophète  Isaïe  parle  de  ces  gens  quand  il  dit*:  «  Malheur 
à  moi!  les  prévaricateurs  ont  prévariqué;  les  prévaricateurs  ont 
prévariqué  de  la  prévarication:  La  crainte,  la  fosse,  le  lacet  sont 
pour  toi,  [200|  ô  habitant  de  la  terre  I  Quiconque  fuira  à  la  voix  de  la 
crainte,  tombera  dans  la  fosse,  et  quiconque  remontera  du  milieu 
de  la  fosse  sera  saisi  par  le  lacet.  Les  cataractes  du  ciel  se  sont 
ouvertes  et  les  fondements  de  la  terre  sont  ébranlés.  Par  le  déchi- 
rement sera  déchirée  la  terre;  par  l'ébranlement  sera  ébranlée  la 
terre;  parle  chancellement  chancellera  la  terre  comme  [un  homme] 
ivre;  elle  sera  enlevée  comme  une  tente.  Son  iniquité  l'accablera, 
et  elle  tombera,  et  elle  ne  se  relèvera  plus,  m 


1.  Is ,  1.  2:^. 

2.  Deux  termes  de  l'impôt.  Cf.  ci-des<us,  page  133. 

3.  Is.,  XXIV,  16-2ÎO. 


166  CHRONIQUE 

Ils  pratiquèrent  Tiniquité  sans  pudeur.  La  terre  fut  agitée  et 
ébranlée,  et  les  hommes  s'en  allèrent  de  village  en  village,  d*un 
lieu  dans  le  lieu  voisin.  Leur  iniquité  s'aggrava,  «  et  la  terre  fut 
dévastée,  et  sa  face  fut  dénudée,  et  la  loi  a  péri  ;  car  Tesclave  est 
devenu  comme  son  maître,  le  prêtre  est  comme  le  peuple,  celui  qui 
emprunte  est  plus  dur  que  celui  qui  prête,  le  débiteur  plus  [dur] 
que  le  créancier^  ». 

Isaïe  dit  aussi  à  leur  propos':  a  Voici  que  le  Seigneur  dévastera 
la  terre,  et  il  la  mettra  à  nu;  il  affligera  sa  face  et  il  dispersera  ses 
habitants,  et  [comme]  sera  le  peuple,  ainsi  [sera]  le  prêtre;  [comme] 
l'esclavo,  ainsi  son  maître;  [comme]  la  servante,  ainsi  sa  maîtresse; 
[comme]  le  préteur,  ainsi  celui  qui  emprunte;  [comme]  l'acheteur, 
ainsi  le  vendeur;  [comme]  le  débiteur,  ainsi  le  créancier.  Parla 
dévastation  sera  dévastée  la  terre,  par  le  pillage  elle  sera  pillée, 
car  le  Seigneur  a  parlé.  L'univers  a  pleuré,  s'est  dissous,  s'est 
affaibli.  La  terre  est  devenue  semblable  à  ses  habitants.  La  loi  est 
devenue  vaine,  les  préceptes  bons  ont  été  changés  en  préceptes 
mauvais,  les  prescriptions  de  la  justice  éternelle  ont  été  trans- 
formées» en  iniquité,  en  impiété,  en  brigandage.  Satan  a  dit  aux 
démons  :  a  Ahl  voici  que  mon  œil  les  voit.»  Il  a  dit  à  ses  mi- 
nistres: «  Poursuivez-le  et  saisissez- le.  » 

Personne  ne  se  révoltera,  personne  n'échappera  à  l'impiété 
petite  ou  grande.  Il  a  tendu  son  filet  et  tous  les  enfants  d'Adam  se 
sont  pris  dedans.  Sa  main  est  comme  un  nid  dans  lequel  sont 
rassemblés  tous  les  peuples.  Personne,  ni  évêque,  ni  prêtre,  ni  juge, 
n'est  exempt  de  péché,  ou  de  calomnie,  ou  de  rapine,  ou  de  [201] 
dénonciation,  ou  d'injure,  ou  de  malédiction,  ou  de  haine,  ou  de 
murmure,  ou  de  brigandage,  ou  d'adultère,  ou  de  violation  des 
sépultures.  Toutes  les  semences  du  diable  sont  maintenant  semées 
dans  tous  les  hommes.  Chacun  s'efforce  de  mal  faire  selon  son 
rang  et  son  pouvoir. 

En  voyant  ces  choses,  le  prophète  a  dit':  «  A  cause  de  cela  la 
terre  siégera  dans  le  deuil,  et  ses  habitants  seront  coupables.  La 
moisson  s'est  lamentée,  la  vigne  a  langui.  Ceux  qui  se  réjouis- 
saient de  cœur  ont  sangloté.  La  joie  et  les  cymbales  ont  cessé;  le 
bruit  de  ceux  qui  se  livraient  à  l'allégresse  s  est  calmé,  le  son 
joyeux  de  la  harpe  est  devenu  muet.  Ils  ne  boiront  pas  le  vin  au 
milieu  des  chants.  Toute  liqueur  est  devenue  amère  pour  ceux  qui 

1.  Cf.  Is.,  .\xiv,  2. 

2.  Is.,  XXIV,  1-5. 

3.  Is.,  XXIV,  6-11. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  167 

la  boivent.  Le  village  a  été  pillé;  tous  les  celliers  ont  été  fermés. 
Il  y  aura  une  clameur  sur  la  place  publique  au  sujet  du  vin.  » 

La  joie  a  passé,  la  danse  a  cessé  :  au  lieu  d'elles  ce  sont  la  déso- 
lation, la  misère,  les  amertumes. 

Ces  choses  ne  sont  pas  venues  jusqu'à  nous  par  la  renommée, 
mais  nous  les  voyons  devant  nos  yeux. 

Les  hommes  se  firent  mutuellement  tous  les  maux.  Ils  osèrent 
s'attaquer  aux  moines,  aux  reclus,  aux  stylites;  ils  en  firent  des- 
cendre plusieurs  de  leurs  colonnes,  ils  en  firent  sortir  de  leurs  cel- 
lules de  réclusion.  Les  moinesqui  vivaient  chastement  et  saintement 
dans  les  pieuses  congrégations  des  monastères  eurent  principale- 
ment à  soufîrir  l'oppression,  la  persécution,  les  coups  violents,  à 
propos  des  exactions  de  ces  juges.  Que  celui  qui  lit  sache  et  com- 
prenne que  jamais  on  n'a  vu  dans  le  monde  persécution  plus  vio- 
lente que  celle  de  cette  année.  Si  elle  n'avait  èUS  mêlée,  de  sorte  que 
tous  les  peuples  furent  opprimés  et  eurent  à  en  souffrir  plus  que  de 
toutes  les  précédentes,  j'aurais  à  glorifier  les  martyres  d'aujourd'hui. 
Si  quelqu'un  possédait  quelque  chose  et  voulait  fuir,  i)  était 
emprisonné  comme  dans  des  liens,  jusqu'à  C(»  qu'il  fût  dépouillé  de 
tout  et  qu'il  ne  lui  restât  plus  rien.  Dès  qu'il  était  spolié  de  tout,  il 
pouvait  s'enfuir,  mais  tant  qu'il  avait  quelque  chose  [202]  il  ne  le 
pouvait.  S'il  prenait  la  fuite,  la  route  elle-même  le  dépouillait.  S'il 
arrivait  qu'il  déposât  quelque  chose  dans  la  terre,  l'endroit  même 
le  dénonçait  :  «  Voici  le  bien  d'un  tel;  venez,  prenez  le.  »  S'il 
confiait  son  dépôt  à  quelqu'un,  celui-ci  se  faisait  son  spoliateur  et 
lui  prenait  son  bien  au  lieu  des  voleurs  et  des  brigands. 

A  ce  propos  le  prophète  Abdias  dit':  «  Si  tu  t'élèves  comme  l'aigle, 
et  si  tu  poses  ton  nid  parmi  les  astres,  je- t'en  ferai  descendre,  dit  le 
Seigneur.  »  Et  il  dit  encore*:  «  Comment  ont-ils  fouillé  Ésau,  et 
fureté  dans  les  choses  qu'il  avait  cachées?  »  —  Il  fallait  voir  com- 
ment ce  qui  avait  été  caché  par  quelqu'un  était  promptement  mis 
au  jour. 

Osée  dit  aussi  ^:  ((  A  cause  de  la  grandeur  de  l'iniquité,  la 
démence  a  prévalu  ;  »  et  encore*  :  «  La  démence  est  dans  la  maison 
de  Dieu,  m  La  démence  s'est  multipliée  parmi  tous  les  hommes  avec 
l'iniquité,  le  mensonge,  les  acceptions  de  personne. 

«  Mon  peuple  m'a  méprisé  et  ne  m'a  pas  connu.  Ce  sont  des  fils 


1.  Abd.,  4. 

2.  /hifi.,  6. 

3.  OsÉB,  IX,  7. 

4.  Ibid.,  8. 


168  CHRONIQUE 

insensés,  intelligents  pour  le  mal  et  ignorant  le  bien.  J'ai  considéré 
la  terre:  et  c'était  \e  tohu-bohu,  »  dit  saint  Jérémie*.  Toute  la 
terre  fut  un  véritable  tohu-bohu  ;  les  t«mèbres  du  péché  et  de  l'ini- 
quité ont  couvert  sa  face. 

Tout  le  bétail  de  lacontrée  fut  vendu.  Les  marchands  de  bestiaux 
devinrent  plus  nombreux  que  les  étoiles  du  ciel,  comme  nous  dit  le 
prophète  Nahum*.  [On  vendait]  deux  ou  trois  chèvres  pleines  pour 
un  zouz.  autant  de  brebis  ou  un  bœuf  pour  un  zouz,un  âne  pour  un 
zouz,  un  mulet  pour  dix  zouz.  Tout  ce  qui  restait  de  IVpizoo- 
tie  s'en  allait  au  vent.  Leurs  objets  précieux  et  magnifiques  qui 
avaient  été  pillés  par  les  juges,  étaient  aussi  vendus  pour  rien.  Un 
objet  qui  valait  vingt  ou  trente  zouz,  s'en  allait  pour  deux  ou  trois. 

Quand  la  contrée  fut  ainsi  anéantie,  on  était  à  l'approche  des 
saints  jours  du  carême,  et  on  entrait  dans  les  semaines  appelées 
((  de  joie»  [203]  et  que  nous  n'appellerons  pas,  nous,  «  de  joie  » 
mais  d'amertume,  de  tristesse,  d'angoisse  ;  car  alors  la  calamité  fut 
plus  grande  que  dans  tout  le  reste  de  l'année. 

Le  fléau  se  prolongea  ainsi  pendant  tout  le  saint  carême  jus- 
qu'après le  dimanche  «  nouveau*  ».  Il  n'y  eut  ni  fête  ni  dimanche: 
on  ne  fit  point  les  prières  qu'on  avait  coutume  de  faire  pendant  les 
jours  du  carême  et  des  Rameaux,  même  les  dimanches.  Les  chré- 
tiens arrachèrent  tous  les  ustensiles  (?)  *  de  fer  ou  de  bois  de  leurs  mai- 
sons et  les  vendirent;  ils  en  arrachèrent  les  portes  et  les  vendirent, 
attendant  un  temps  meilleur  ;  enfin  ils  arrachèrent  même  les 
solives  de  leurs  maisons  et  les  vendirent,  puis  ils  abandonnèrent 
les  ruines  de  leurs  demeures  et  s'en  allèrent  dénudés,  errant  de 
village  en  village,  d'un  lieu  dans  un  autre.  C'est  ici  qu'il  faut  dire 
avec  le  prophète  Jérémie*  :is  Le  peuple  a  mangé  de  l'absinthe,  il  a 
bu  des  eaux  araères  ;  ils  ont  été  dispersés  parmi  des  nations  incon- 
nues à  eux  et  à  leurs  pères.  Le  glaive  a  été  envoyé  à  leur  suite  jus- 
qu'à ce  qu'ils  fussent  consumés.  »  Isaïe  dit  aussi  :  *  «  Ils  seront 
comme  des  daims  en  fuite,  comme  un  troupeau  de  chèvres  qui  n'ont 
personne  pour  les  rassembler.  Chacun  retournera  vers  son  peuple, 
et  l'homme  s'enfuira  vers  son  pays.  »  Et  encore':  «  Leurs  maisons 
seront  remplies   de  gémissements;  les  démons  y  bondiront;    les 

1.    JKI1>,  IV»  M>v~<wû  • 

2.  Nahum,  m,  16. 

3.  l'remier  dimanche  après  Pâques,  dans  le  rite  syrien. 

4.  11  faut  peut-<''lre  lire  réhcuta,  au  lieu  de  réqcata  que  porte  le  msc. 

5.  JÊK.,  IX,  15-16. 

6.  I8.,  xiii.  14. 

7.  /6t^.,  21-2i. 


DE  DENYS    DE   TEI.L-MAHRÉ  169 

autruches  s*y  installeront.  Les  sirènes  chanteront  dans  leurs  pa- 
lais, elles  chacals  dans  leurs  édifices  voluptueux.  )) 

Nous  ne  devons  pas  seulement  dire  que  «  le  sacrifice  et  la  liba- 
tion sont  bannis  de  la  maison  du  Seigneur^  »  mais  que  les  livres 
liturgiques  (?)  des  églises  ont  été  arrachés  et  vendus,  que  le  reste  a 
été  brûlé  dans  le  feu,  que  leurs  vases  sacrés  ont  été  détruits.  Les 
vignes  ont  été  dévastées  ;  la  vendange  a  pleuré'.  Les  champs  ont 
produit  des  épines  et  des  ronces  ;  les  figuiers  se  sont  desséchés  ; 
les  oliviers  furent  détruits;  les  grenadiers,  les  dattiers,  les  pom- 
miers, et  tous  les  arbres  ont  péri.  C'est  pourquoi  la  joie  a  disparu 
de  parmi  les  hommes  ;  les  travailleurs  se  sont  enfuis  et  leurs  mai- 
sons sont  devenues  la  demeure  des  bètes  sauvages.  [204J 


De  la  calamité  qu  eurent  à  subir  les  habitants  des  campagnes  par 
suite  de  la  déprédation,  et  des  maux  causés  par  le  /ait  des 
paysans  eux-mêmes. 


Nous  n'avons  pas  voulu  non  plus  laisser  cela  en  dehors  de  ce 
récit  lamentable  plein  d'angoisse  et  de  cruelle  douleur. 

Déjà  j'ai  dit  plus  haut  que  l'établissement  de  gouverneurs   origi- 
naires du  pays  fut  plus  nuisible  que  tous  les  maux  antérieurs  et 
postérieurs.  Comme  si  sa  propre  rapacité  ne  suffisait  pas,  [chaque 
gouverneur]  se  choisitcommeauxiliaires  les  gens  les  plus  vils  et  les 
I         plus  misérables  qui  ne  laissèrent  pas  m*îme  un  clou  dans  la  mu- 
j         raille  sans  l'enlever,  car  ils  étaient  rapaces  comme  les  loups  du 
soir.  Ils  ne  possédaient  rien,  et  là  ils  acquirent  des  richesses  par 
,         leur  brigandage  avec  la  complicité  de  leur  gouverneur.  Ceux  qui 
I         jusqu'alors  avaient  été  assassins,  détrousseurs  dechemins,  ivrognes, 
1         impudiijues,  tendeurs  d'embûches  pendant  la  nuit,  crocheteurs  de 
maisons,  sont  aujourd'hui  juges!  —  Voyez,  mes  frères,  l'œuvre  des 
péchés,  et  entre  les  mains  de  qui  ils  jettent  ceux  qui  les  commettent. 
Ainsi  qu'il  est  dit  :  Le  méchant  sera  vengé  par  le  méchant.    — 
Voici  entre  les  mains  de  qui  nos  péchés  nous  ont  jetés,  et  ce  que 
furent  pour  nous  ces  exacteurs  avares  et  impitoyables. 

En  percevant  Timpôt  de  capitalion  et  beaucoup  d'autres,  ils 
en  exigeaient  plusieurs  fois  le  montant.  Ils  vendaient  tout  ce  que 
possédaient  les  hommes  et  ils  en  prenaient  [le  prix].  Non  seulement 


1.  Joël,  1,9. 

2.  Cf.  Is.,  XXIV,  7. 


170  CHRONIQUE 

ils  exigeaient  dans  un  lieu  l'impôt  qui  était  dû,  mais  plusieurs 
fois  le  même  impôt.  Il  n'y  avait  ni  commencement,  ni  milieu,  ni 
fin  fà  leurs  exactions].  Ils  tombaient  et  se  jetaient  sur  les  pays  en 
disant  :  ((  La  part  de  tel  village  est  de  tant;  il  reste  tant  de  milliers 
[de  dinars  à  payer].  »  Et  ils  allaient  Timposer  de  nouveau.  Quand 
par  la  violence  ils  avaient  obtenu  la  somme,  ils  recommençaient  à 
l'exiger.  Personne  n'osait  prendre  la  parole,  car  lout  le  monde 
craignait  d'être  surtaxé  par  le  juge.  Ils  s'emparaient  des  notables 
et  les  pressuraient  [205]  sans  pitié  :  au  point  qu'ils  en  firent  périr 
et  en  détruisirent  plusieurs. 

Les  paysans  eux-mêmes  donnèrent  la  main  aux  malfaiteurs.  Ils 
s'attaquaient  aux  hommes,  enlevaient  et  vendaient  tout  ce  qu'ils 
possédaient.  Ils  disaient,  en  mentant  :  «  Tu  as  dans  notre  pays 
une  vigne,  ou  un  jardin,  un  bois,  un  champ  d'oliviers,  »  ou  :  «  Tu 
as  répondu  pour  quoiqu'un,  »  ou  :  «  Tu  es  soumis  chez  nous  à  la 
cipitation,  et  voici  tant  d'années  que  tu  n'as  pas  payé  le  tribut. 
Paie  maintenant  que  nous  ^sommes  gênés.  » 

Pour  de  tels  ou  de  semblables  motifs,  les  paysans  saisissaient 
les  hommes  pauvres  et  les  pillaient.  Le  juge  lui-même  leur  appie- 
nait  à  agir  ainsi,  il  leur  prêtait  la  main  et  ne  leur  demandait  pas 
compte  de  ce  qu'ils  faisaient.  Ils  tombaient  sur  un  passant,  s'en 
emparaient,  suscitaient  contre  lui  de  faux  témoins  [qui  disaient]: 
((  Celui-ci  est  solidaire  de  notre  tribut.  »  Il  affirmait  avec  serment  : 
((  Jamais  je  n'ai  vu  ces  hommes,  ni  eux  ne  m'ont  vu.  »  Ceux-ci 
disaient  :  «  Il  est  solidaire  de  notre  tribut.  »  Et  il  se  trouvait  parmi 
eux  des  faux  témoins  qu'ils  produisaient  contre  lui.  Ainsi  ils  veu- 
daient  son  bétail,  son  bien  et  tout  ce  qu'il  possédait.  Ils  circulaient 
dans  les  villes  comme  des  chiens  qui  flairent  par  terre  les  traces 
de  leurs  maîtres,  des  animaux  ou  des  troupeaux.  Ils  s'informaient 
de  ceux  qui  avaient  quelque  dépôt  :  soit  du  froment,  soit  du  fer' 
soit  toute  autre  marchandise,  et  ils  s'en  emparaient.  11  fallait  les 
voir  circuler  dans  les  villes,  par  troupes,  épiant  un  homme  et 
disant  :  (»  Un  tel  est  des  nôtres.  »  Celui  qui  échappait  à  l'un  était 
saisi  par  d'autres,  qui  le  conduisaient  chez  d'autres  encore.  S'il 
arrivait  qu'il  eût  caché  quelque  chose,  soit  dans  la  terre,  soit  chez 
quelqu'un,  l'endroit  même  le  criait,  comme  une  femme  enceinte 
saisie  par  les  douleurs  de  l'enfantement.  C'est  dans  ces  circons- 
tances ou  dans  des  circonstances  semblables  ou  dans  des  circons- 
tances analogues  que  les  hommes  passèrent  les  saints  jours  du 
carême. 

Venons-en  maintenant  aux  autres  maux  que  les  [206]  villageois 
se  firent  entre  eux. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  171 

«  Ils  iront  de  violence  en  violence \  »  Et  nous,  nous  irons  de 
maux  en  maux.  «  Car  les  excréments  [succèdent]  aux  excréments, 
et  le  vomissement  au  vomissement  *.  —  Et  après  une  nouvelle, 
viendra  une  autre  nouvelle  '.  » 


De  Famertume  que  les  hommes  éprouvèrent  par  suite  de  la  con- 
vention; et  du  pillage  que  les  villageois  exercèrent  les  uns 
contre  les  autres^ 

Puisque  «  le  Seigneur  causa  la  destruction  et  le  retranchement 
sur  toute  la  terre*  »,  on  put  voir  ici  la  destruction  de  toute  chose. 
Et  la  colère  du  Seigneur  ne  s'éloigna  pas  encore  de  nous,  parce 
que  nous  n'avons  pas  cessé  de  conimoUre  de  nombreux  péchés; 
mais  de  jour  en  jour  nous  ajoutons  à  nos  fautes,  comme  un  homme 
qui  s'est  imposé  une  charge  considéra))le  et  qui,  au  lieu  de  l'alléger, 
y  ajoute  au  contraire.  Le  Seigneur  s'est  quelque  peu  indigné  :  et 
nous,  nous  avons  continué  à  mal  faire.  A  propos  de  cela,  Jérémie 
crie  vers  nous  en  disant*  :  «  Ainsi  dit  le  Seigneur  :  quand  môme 
Moïse  et  Samuel  se  tiendraient  devant  moi,  mon  ame  ne  pencherait 
pas  vers  ce  peuple.  Chasse-les  de  devant  ma  face.  Qu'ils  s'en 
aillent.  Et  s'ils  te  disent:  Où  irons-nous?  Dis-leur:  Ainsi  dit  le 
Seigneur:  A  la  mort  celui  qui  [est  destiné]  à  la  mort,  au  glaive 
celui  qui  [est  destiné]  au  glaive,  à  la  famine  celui  qui  [est  destiné] 
à  la  famine,  à  la  captivité  celui  qui  [est  destiné]  à  la  captivité. 
J'enverrai  sur  eux  quatre  fléaux,  dit  le  Seigneur  :  le  glaive  pour 
tuer,  les  chiens  pour  déchirer,  les  oiseaux  du  ciel  et  les  bêtes  de 
la  terre  pour  dévorer  et  détruire.  »  Maintenant  le  Seigneur  nous 
a  chassés  de  sa  présence;  et  ni  Toblation,  ni  IVxpialion,  ni  les 
hommes  justes  qui  sont  parmi  nous,  n'ont  pu  réconcilier  le  Sei- 
gneur avec  nous.  Mais  il  a  dévasté  la  contrée.  Les  hommes  sor- 
tirent de  leurs  maisons,  des  chiens  tombèrent  sur  eux  pour  les 
déchirer,  des  oiseaux  pour  les  dévorer  sans  pitié.  Et  même  [ces 
gens]  étaient  pires  que  les  chiens  et  les  oiseaux,  car  ceux-ci, 
[2071  quand  ils  ont  mangé  et  sont  rassasiés,  cessent  de  déchirer. 
En  dehors  de  cela,  [l'animal]  ne  dévore  pas,  ne  broie  pas,  ne  piétine 
pas  ce  qui  reste.  Ces  bêtes  rapaces  au  contraire  ont  dévoré  :  elles  se 

1.  Pb.  lxxxiv,  7. 

t.  I8.,  XWIII,  10. 

3.  Jér.,  li,  46. 

4.  Is.,  X.  23. 

5.  JEU..  XV,  1-4.' 


172  CHRONIQUE 

sont  rassasiées,  et  ont  emporté  dans  leurs  demeures  ce  qui  restait. 

Ce  n'est  pas  assez  de  tous  les  maux  que  nous  avons  racontés. 

Il  faut  encore  y  ajouter  ceux-ci.  Lorsque  l'impôt  de  capitation  était 

déjà  presque  entièrement  soldé,  un  homme  cruel  nommé* , 

celui-là  m^me  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  fut  envoyé  dans 
le  pays.  Il  vint  à  Amida,  à  Arzoun  et  à  Maipherkat.  A  Amida, 
parmi  les  gens  du  pays  se  trouvaient  des  hommes  méprisables  et 
avares  qui Arzoun,  à  Maipherkat 


[Le  texte  a^t  trop  mutilé  en  ce pa.^.^at/e,  pour  qu'il  soit  possible  de  le  res- 
tituer acer.  certitude  et  d'en  donner  une  traduction  littérale.  Le  sens  cepen- 
dant ftaralt  suffisamment  :  Cet  indicidu  commit  dans  ces  cilles,  et  surtout 
à  Amida,  arec  la  complicité  du  goueerneur  et  des  gens  du  pays^  toute 
sorte  d'iniquités.  Il  exigea  trois  fois  plu.^  qu'il  n'était  dû  pour  Vimp(tt;  les 
paurreK,  It-s  étrangers,  et  princijm.lement  les  marchands  ^furent  les  cictimes 
de  ses  exactions.] 


. . .  .[208]  Quand  les  pauvres  virent  que  ce  brigandage  manifeste 
ne  cessait  pas,  que  [ces  exacteurs]  n'avaient  ni  honte,  ni  crainte  de 
Dieu,  que  ce  principe  de  tous  les  maux  no  leur  'demandait  pas 
compte  des  méfaits  qi^'ils  commettaient  perpétuellement  dans  la 
contrée,  ils  se  révoltèrent.  «  Nous  avons  donné,  disaient-ils,  pour 
nous  et  pour  nos  voisins  ;  nous  avons  payé  notre  impôt  et  celui 
qui  n'était  pas  dû  par  nous.  Quand  donc  seront-ils  rassasiés  de  notre 
chair?  Nous  ne  donnerons  plus  rien,  Ciir  nous  ne  savons  où  prendre 
de  quoi  leur  donner.  )) 

Quand  le  gouverneur  entendit  cela,  il  frappa  des  mains,  grinça 
des  dents  et,  comme  un  lion,  devint  avide  de  sang.  Il  rassembla 
contre  eux  tous  les  brigands  et  les  assassins  de  la  ville.  Il  envoya 
son  lieutenant,  et  avec  lui  des  hommes  criminels  et  sanguinaires, 
les  notables  du  pays,  des  paysans  scélérats  et  sans  pitié.  Celui-ci 
réunit  parmi  les  campagnards  une  troupe  nombreuse  armée  de 
lances  et  de  frondes  et  s'avança  contre  eux.  Les  paysans  de  leur 
côté  firent  beaucoup  de  mal  à  tous  les  assassins  et  à  tous  les 
voleurs  qui  se  trouvaient  parmi  eux,  et  ils  firent  subir  à  leurs 
frères  des  maux  tels  que  la  langue  est  impuissante  à  les  narrer. 

Or,  le  lieu  qui  s'était  révolté  se  trouvait  dans  les  montagnes  et 
dans  la  région  septentrionale.  Il  s'appelait  Toutis.  Le  peuple  était 
composé  de  Syriens  et  d'Ourtéens  qui  se  partageaient  la  région, 
c'est-à-dire  l'Arménie  1V«.  Il  y  avait  dans  cette  région  un  endroit 

1.  Razin.  Cf.  ci-dessus,  p.  138,  el  ci-dessous,  p.  175. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  173 

qui  fournissait  du  plorab,  de  Targent  et  d'autres  minerais  de  fer. 
A  cause  de  la  grande  calamité  qui  s'était  emparée  de  toute  la  terre, 
des  hommes  se  rassemblèrent  en  si  grand  nombre  dans  ce  lieu  où 
il  y  avait  du  plomb,  que  l'endroit  devint  un  vaste  camp  et  que  le 
roi  y  établit  même  un  gouverneur.  De  tous  lieux  les  hommes  se 
réunirent  en  cet  endroit  et  y  creusèrent  des  fosses  grandes  et  pro- 
fondes pour  chercher  le  plomb.  [209] 

Or,  l'armée  des  paysans  se  dirigea  vers  le  lieu  que  nous  avons 
désigné.  Ils  voulaient  leur  imposer  la  contribution.  Mais  les  gou- 
verneurs persans  ne  voulurent  pas  y  consentir.  «  La  plupart 
d'entre  eux,  disaient-ils,  sont  de  votre  pays;  ils  paient  le  tribut  et 
l'impôt.  »  Ceux-ci  ne  se  laissèrent  pas  convaincre;  ils  se  dispo- 
sèrent à  se  battre  avec  acharnement  et  à  piller  tout  ce  qui  appar- 
tenait aux  autres.  Les  Perses  donnèrent  l'ordre  à  ceux  qui  habi- 
taient le  camp  de  se  préparer  à  les  combattre  et  à  les  empêcher 
d'entrer  près  d'eux,  s'ils  ne  voulaient  pas  être  massacrés. 

Quand  ceux  qui  n'étaient  pas  du  camp  fondirent  sur  eux  et  com- 
mencèrent à  les  tuer,  tous  ceux  qui  travaillaient  le  plomb  prirent 
la  fuite  en  présence  du  glaive.  Comme  on  était  encore  en  hiver, 
il  y  avait  dans  cette  région  une  neige  épaisse  ;  la  glace  s'était 
même  fixée  sur  l'orifice  des  fosses,  et  les  excavations  qui  étaient 
remplies  d'eau  à  cause  des  neiges  ne  se  reconnaissaient  pas.  Beau- 
coup d'hommes  tombèrent  en  fuyant  dans  ces  fossés  et  la  plupart 
d'entre  eux  furent  suffoqués  et  périrent  ensevelis  sous  la  glace  au 
fond  de  ces  excavations.  Ils  en  tuèrent  aussi  beaucoup  par  le 
glaive;  ils  ne  leur  firent  point  grâce  et  les  dépouillèrent.  Ils 
pillèrent  tout  le  camp. 

Que  le  prophète  Jérémie  vienne  donc  en  personne  et  qu'il  dise  à 
ce  propos*  :  «  Tous  nos  ennemis  ont  ouvert  leur  bouche  contre  nous. 
Nous  sommes  dans  la  crainte,  l'effroi,  la  fosse  et  la  ruine.  Mes 
yeux  ont  laissé  couler  des  ruisseaux  d'eau  à  cause  du  brisement 
de  la  fîlle  de  mon  peuple.  Mes  ennemis,  sans  motif,  m'ont  pris  à  la 
chasse.  Ma  vie  est  tombée  dans  la  fosse.  Ils  ont  jeté  sur  moi  des 
pierres.  Les  eaux  ont  débordé  au-dessus  de  ma  tête.  »  Qu'il  ajoute 
encore  ce  qui  fut  dit  par  un  autre'  :  «  Celui  qui  fuira  à  la  voix  de 
l'effroi  tombera  dans  la  fosse;  celui  qui  s'échappera  de  la  fosse 
tombera  sous  le  glaive;  celui  qui  évitera  le  glaive  tombera  dans  la 
captivité.  ))  Rien  de  tout  cela  n'a  manqué  ici.  [210]  Les  chrétiens 
n'eurent  pas  même  pitié  de  leurs  compagnons  q  ui  avaient  été  suffoqués 

1.  Thren.^  m.  49-54. 
t.  lâ.,  XXIV,  18. 


174  CHRONIQUE 

OU  tués,  et  ne  les  retirèrent  pas  pour  les  enSevelir.  Si  par  hasard  ils 
en  reliraient  un,  c'était  pour  le  dépouiller  de  ses  vêtements,  et  ils 
l'abandonnaient  nu  à  rorifice  de  la  fosse. 

Quant  aux  maux  qu'ils  firent  dans  cette  contrée,  il  conviendrait 
de  n'en  point  parler,  d'abord  parce  que  peut-être  personne  ne 
nous  croira,  à  cause  de  leur  malice;  ensuite  de  peur  que  les  païens 
n'en  aient  connaissance  et  ne  disent  que  les  chrétiens  ne  craignent 
point  Dieu,  puisque  leurs  œuvres  sont  pires  que  celles  des  mages. 
Cependant,  afin  de  faire  connaître  quelles  sont  les  causes  qui  ont 
amené  sur  nous  cotte  calamité,  pour  que  ceux  qui  verront  nos 
œuvres  prennent  garde  à  eux,  et  aussi  afin  de  montrer  les  miséri- 
cordes de  Dieu  qui  supporte  avec  patience  nos  provocations  et  la 
multitude  de  nos  malices,  nous  en  dirons  quelque  chose. 

Ils  s'avancèrent  donc  sur  eux,  et  à  cause  de  la  neige  abondante 
qui  se  trouvait  sur  la  terre,  ils  ne  purent  s'enfuir.  Et  s'il  arrivait 
qu'ils  s'enfuissent,  les  autres  allaient  sur  leurs  traces,  les  trou- 
vaient et  les  jetaient  dans  la  neige,  eux,  leurs  biens,  leurs 
femmes,  leurs  enfants.  Ceux-ci  tremblaient  et  devenaient  pâles 
comme  le  sel,  à  cause  de  la  rigueur  du  froid.  Et  au  lieu  d'avoir 
pitié  d'eux,  ils  dépouillaient  les  hommes,  les  femmes,  les  enfants, 
et  les  laissaient  nus,  sans  vêtement  ni  chaussures.  Ils  leur  enle- 
vaient même  leurs  caleçons  et  ne  craignaient  pas  de  découvrir  la 
nature.  Ils  commettaient  même  sans  honte  des  impudicités  sur 
leurs  femmes  et  leurs  filles,  en  présence  les  uns  des  autres.  Le 
scélérat  qui  était  à  leur  tête  statua  que  tout  ce  qu'un  homme  saisi- 
rait appartiendrait  à  cet  homme.  En  sorte  que  lui-même  et  ces 
brigands  qui  *s'étaient  adjoints  à  lui  et  étaient  venus  avec  lui, 
purent  satisfaire  et  accomplir  leur  convoitise  et  leur  rage. 

Les  paysans  et  leurs  chefs  étaient  plus  durs  que  les  [211]  païens 
et  n'eurent  pas  la  moindre  pitié  pour  leurs  frères.  Ils  firent  subir 
leur  malice  à  ceux  qui  étaient  respectables  aux  yeux  de  tous.  Ces 
détrousseurs  de  grands  chemins  détruisirent  tous  les  objets  à 
l'usage  des  hommes;  ils  consumèrent  par  le  feu  ceux  qui  étaient 
en  bois,  brisèrent  ceux  de  terre,  prirent  pour  eux-mêmes  ceux 
d'airain  ou  de  fer.  Ils  ne  laissèrent  ni  lit,  ni  porte,  ni  vase, 
ni  bassin,  sans  le  détruire  par  le  feu.  Ils  brisèrent  les  amphores, 
les  outres,  les  marmites,  les  cruches.  Ils  burent  du  vin  qui 
s'y  trouvait  autant  qu'ils  purent,  et  répandirent  le  reste  à  la 
surface  de  la  terre.  S'il  arrivait  qu'un  récipient  fût  enfoncé  dans 
le  sol  et  qu'ils  ne  pussent  le  briser,  l'un  deux,  saisissant  sa 
lance,  en  perforait  le  fond,  et  le  vin  s'écoulait  au  sein  de  la  terre. 
Ils  firent  de  même  pour  le  miel  :  ils  en  mangèrent  tant  qu'ils 


DE    DENYS   DE   TELI -MAHRÉ  175 

purent  et  répandirent  le  reste  sur  la  terre.  Ils  brisèrent  les  ruches 
des  abeilles  et  les  plongèrent  dans  l'eau,  de  sorte  qu'elles  périrent 
toutes.  Us  eurent  Taudace  de  faire  cela  par  le  conseil  de  Satan  qui 
leur  traça  la  voie  pour  en  venir  à  être  pires  que  les  païens  qui  se 
trouvaient  parmi  eux.  Ils  osèrent  manger  de  la  viande  et  du  fro- 
mage pendant  les  saints  jours  du  carême  et  firent  beaucoup 
d'autres  actions  pernicieuses.  En  sorte  que  quand  le  bruit  do  ce 
qu'ils  avaient  fait  à  leurs  frères  arriva  jusqu'à  nous,  nous  fûmes 
plongés  dans  une  grande  douleur,  dans  les  pleurs  et  dans  une  pro- 
fonde angoisse,  et  nous  nous  étonnâmes  en  voyant  jusqu'à  quel 
point  le  Mauvais  séduit  les  hommes. 

Ils  osèrent  même  s'attaquer  à  l'église  qu'ils  dépouillèrent;  ils 
enlevèrent  ses  livres  et  tous  les  objets  du  culte  sacré.  Comme  ils 
avaient  renfermé  leurs  femmes  dans  les  églises,  les  païens  y 
entraient  eux-mêmes  et  usaient  d'elles  au  milieu  des  temples.  C'est 
ici  qu'il  fautpleureravec  Jérémieet  dire*  :  [212]  «  Sion, — c'est-à- 
dire  la  sainte  Église,  —  a  perdu  sa  beauté.  Ses  prêtres  sont  humi 
liés,  et  elle-même  est  plongée  dans  ramertume.  L'ennemi  s'est 
levé,  l'oppresseur  a  porté  la  main  sur  toutes  ses  choses  précieuses. 
Elle  a  vu  entrer  dans  ton  sanctuaire  les  Gentils  que  tu  avais  défendu 
de  laisser  entrer  dans  ton  assemblée.  »  Et  encore  *  :  «  Ils  ont 
humilié  les  femmes  de  Sion.  )) 

Ces  calamités  eurent  lieu  dans  cette  région.  Ils  emmenèrent  les 
hommes  enchaînés  comme  des  assassins,  rassemblèrent  tout  leur 
bétail  et  le  conduisirent  avec  eux.  Ils  parcoururent  ainsi  de  nom- 
breux villages,  chassant  les  paysans,  pillant  et  entraînant  les 
habitants. 

Razin  passa  à  Arzoun  et  à  Maipherkat,  et  quand  il  vit  le  bri- 
gandage dès  gouverneurs  de  ces  villes,  il  les  condamna  à  de  grands 
tourments  et  à  de  violents  supplices;  au  point  qu'ils  furent  ron- 
gés de  vermine  et  moururent'.  Il  brisa  leurs  mains  et  leurs  pieds 
dans  des  entraves,  et  il  enleva  tout  ce  qu'ils  avaient  pillé. 

Dieu  les  livra  aux  mains  de  ce  cruel  scélérat,  et  toutes  les  souil- 
lures qu'ils  avaient  commises  retombèrent  sur  eux-mêmes.  On 
disait  d'eux  qu'ils  s'emparaient  dans  les  rues  des  jeunes  imberbes 
elles  souillaient.  Les  scribes  et  les  changeurs  impies,  qui  étaient 
chrétiens,  faisaient  prendre  et  amener  des  jeunes  filles  qu'ils 
souillaient,  aussi  bien  les  filles  du  peuple  que  les  filles  des  no- 


1.  Thren,,  i,  6,  4,  9,  10. 

2.  Thren.,  v,  2. 

3.  Cf.  Aet.,  xir,  23. 


176  CHRONIQUE 

tables.  En  vérité,  ils  n'avaient  point  de  honte,  et  ne  connaissaient 
point  de  réserve,  ceux  qui  osèrent  s*attiiquer  aux  fiancées  du  Christ. 
Dieu  les  livra  aux  mains  d'un  plus  méchant  qu'eux-mêmes.  «  Le 
méchant  tire  vengeance  du  méchant,  et  le  Seigneur  d'eux  deux.  » 
Celui  ci  donc,  ayant  vu  leurs  œuvres  mauvaises,  les  fit  venir, 
leur  perça  les  narines  et  leur  mit  un  frein,  comme  aux  chameaux; 
il  [213]  leur  fit  un  trou  au  front,  y  suspendit  des  tablettes'  et  leur 

fit  attacher  des  chîdnes  par  lesquelles  on  les  tirait.  Celui il 

le  livrait  au  valet  pour  qu'il  le  tournât  en  dérision  sur  la  place 
publique.  Il  les  jeta  ensuite  en  prison.  Il  ne  leur  donnait  du  pain 
que  pour  leur  conserver  la  vie.  Il  s'élevait  de  toute  part  de  la  mai- 
son dans  laquelle  ils  étaient  enfermés  une  odeur  de  putréfaction  pire 
que  celle  d'un  tombeau.  J'ai  noté  quelques-unes  de  ces  choses  afin 
qu'en  les  voyant  les  chefs  placent  Dieu  en  face  de  leur  conscience, 
qu'ils  n'agissent  pas  selon  leur  gré  et  contrairement  à  l'honnêteté; 
et  aussi  afin  qu'ils  sachent  qu'il  y  a  une  loi,  même  pour  celui  qui 
fait  la  loi,  et  qu'ils  comprennent  que  le  prince  qui  se  conduit  d'une 
manière  déréglée  perd  promptement  et  rapidement  le  titre  de 
prince,  qui  fait  sa  gloire,  et  reçoit  en  échange  celui  de  tyran,  qui 
est  plein  d'insanités;  ce  qui  est  le  commencement  de  la  démence. 


De  la  famine  qui  sévit  sur  les  hommes;  de  la  cruelle  maladie 
et  de  la  grande  peste  gui  survinrent  en  cette  année. 

Il  est  écrit  dans  le  prophète*  :  «  Voici  que  je  nourrirai  ce  peuple 
d'absinthe,  et  je  lui  ferai  boire  des  eaux  amères  ;  et  je  le  disper- 
serai parmi  des  nations  qu'il  n'a  point  connues.  J'enverrai  après 
eux  la  faim,  la  peste,  la  captivité  et  le  glaive.  » 

Toutes  les  choses  prédites  par  le  prophète  arrivèrent;  et  non  pas 
moindres,  mais  bien  plutôt  pires.  Il  y  eut  une  grande  affliction 
dans  les  pays  du  Sud,  à  cause  de  la  sécheresse  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut.  Toute  la  contrée  méridionale  et  orientale  fut  sou- 
levée par  la  cruauté  et  la  persécution  de  Mousa  Ibn  Mouç*ab. 
Leurs  habitants  envahirent  la  Mésopotamie.  Les  villages  et  les 
villes,  les  maisons  et  les  champs  en  furent  remplis:  au  point  qu'on 
ne  pouvait  circuler  ou  se  fixer  quelque  part  à  cause  d'eux.  Cela 
aggrava  l'affliction  qui  pesait  sur  [214]  les  pauvres  et  les  ouvriers 
de  la  Mésopotamie,  car  personne  ne  leur  donnait  de  salaire,  personne 

1.  En  guise  de  jougs. 

2.  JÉRÉM.,  IX,  15, 16;  cf.  xxiii,15;xxiv,  10. 


DE   DExNYS   DE   TELL-MAHRÉ  177 

n'employait  un  seul  d'entre  eux.  Si  quelqu'un  offrait  de  travailler 
au  prix  de  sa  seule  nourriture,  il  s'en  trouvait  parmi  eux,  autant 
qu'on  voulait,  qui  consentaient  à  travailler,  alors  même  qu'on  ne 
leur  donnait  pas  le  pain  suffisant.  Ils  circulaient  autour  des  mai- 
sons, hommes  et  femmes,  enfants  et  vieillards,  tout  le  jour  sans 
cesser  ;  quand  ils  apercevaient  quelque  part  une  porte  ouverte, 
trente  ou  quarante  d'entre  eux  s'y  précipitaient  à  la  fois.  Au 
commencement,  tout  le  monde  leur  faisait  l'aumône.  Mais  quand 
la  foule  de  ces  pauvres,  de  ces  étrangers,  de  ces  affamés,  se 
fut  accrue  outre  mesure,  on  cessa  de  leur  donner  ;  car  les 
habitants  craignaient  de  manquer  eux-mêmes  et  de  devenir 
plus  malheureux  que  ceux-ci,  et  de  plus,  le  gouverneur,  par  la 
fraude  et  le  vol,  avait  enlevé  tout  le  froment  des  propriétaires  et 
l'avait  fait  vendre.  Les  pauvres  eux-mêmes  ne  furent  pas  exempts 
de  péché.  Parmi  eux,  des  jeunes  gens  valides  se  firent  des  vête- 
ments comme  pour  des  lépreux,  des  infirmes,  des  aveugles,  et 
avec  une  audace  sans  pudeur,  ils  circulaient  courbés  comme  des 
infirmes  et  ils  se  jetaient  sur  celui  qui  ne  leur  donnait  pas  et  le 
frappaient  à  mort.  Un  individu  ne  s'éloignait  pas  d'une  porte  avant 
d'avoir  obtenu  ce  qu'il  demandait.  A  cause  de  leurs  imprécations, 
les  hommes  avaient  peur  d'ouvrir  leurs  portes.  Les  scélérats  qui 
agissaient  de  la  sorte  descendaient  ensuite  au  marché  vendre  le 
pain  qu'ils  avaient  mendié  et  s'acheter  de  la  viande  et  du  vin.  De 
sorte  que  les  hommes,  voyant  cela,  cessèrent  de  nouveau  de 
secourir  les  pauvres  ;  mais  ils  tombèrent  dans  une  grande 
affliction,  car  les  scélérats  dépourvus  d'humanité  qui  faisaient  ces 
choses  et  considéraient  cela  comme  un  métier,  [21 5J  attaquèrent 
les  maisons,  les  moulins  et  tous  les  endroits.  Les  habitants  des 
diverses  contrées  de  la  Mésopotamie  se  réunirent  et  gagnèrent  les 
villes  à  cause  de  la  famine.  Tout  leur  bien  était  vendu  et  personne 
ne  voulait  leur  prêter.  Ils  mangèrent  de  la  viande  et  du  laitage 
pendant  tout  le  carême.  A  cause  du  vil  prix  du  bétail,  partout  on 
leur  donnait  de  la  viande  tant  qu'ils  voulaient.  En  certains  lieux 
cette  famine  s'aggrava  sur  les  indigènes,  à  cause  de  la  multitude 
des  étrangers,  au  point  qu'ils  s'attaquèrent  aux  cadavres  des 
morts. 

Les  étrangers  qui  avaient  abandonné  leur  pays  à  cause  de  la 
famine,  pour  ne  pas  y  périr,  étaient  précédés,  accompagnés  et 
suivis,  partout  oii  ils  allaient  et  venaient,  du  glaive  et  de  la 
peste. 

Ils  mangèrent  l'amertume,  ils  burent  le  fiel,  ils  furent  dispersés 
au  milieu  des  nations  qu'ils  ne  connaissaient  point.  [Dieu]  envoya 

12 


178  CHRONIQUE 

après  eux  le  glaive,  la  captivité,  la  famine  et  la  peste,  jusqu'à  ce 
qu'ils  fussent  consumés*. 

Ils  furent  plongés  dans  cette*  affliction  tout  le  temps  de  Thi ver. 
Quand  les  jours  un  peu  plus  chauds  arrivèrent  et  qu'on  eommeuça 
à  apercevoir  de  l'herbe,  ils  se  précipitèrent  sur  la  verdure  *  des 
champs  et  s'en  rassasièrent  à  la  manière  des  bêtes.  Ils  en  re- 
cueillaient qu'ils  apportaient  au  marché  et  qu'ils  vendaient  pour 
s'acheter  du  pain.  Leur  couleur  était  celle  de  l'herbe  verte.  Ils 
n'en  étîiient  point  rassasiés,  comme  le  sont  les  bestiaux. 

En  eux  fut  accompli  ce  que  dit  le  prophète':  «  Tu  mangeras  et 
n'en  seras  point  rassasié  ;  car  lu  dyssenterie  sera  au  milieu  de  toi.  » 
Il  en  fut  ainsi  maintenant.  Ceux-ci  mangeaient  et  n'étaient  point 
rassasiés.  Us  tombèrent  tous  dans  la  maladie  des  entrailles  ;  les 
portiques,  les  marchés,  le  devant  des  boutiques,  les  tours,  les  édi- 
fices, tous  les  lieux  étaient  remplis  par  eux. 

Ensuite  plusieurs  maladies  diverses  s'emparèrent  d'eux:  [216] 
les  ulcères,  les  pustules,  le  mal  du  ventre,  le  mal  des  yeux,  la  fièvre, 
sans  parler  d\iutre.s  maladies  comme  les  dartres  et  la  rougeole*  et 
plusieurs  autres  qu'on  ne  connaît  pas.  Les  hémorrhoïdes  et  l'hydro- 
pisie  furent  très  fréquentes. 

Nous  entendîmes  dire  qu'il  y  avait  à  Mossoul  une  maladie 
dans  laquelle  la  tète  de  ceux  qui  en  étaient  atteints  se  tuméfiait, 
puis  ils  tombaient  promplement  et  mouraient,  au  point  qu'on  ne 
suffisait  pas  à  les  ensevelir.  Nous  regardions  cela  comme  une  fable; 
mais  la  chose  ne  tarda  pas  à  arriver  chez  nous.  Ce  mal  se  répandit 
peu  à  peu  dans  les  villes  de  la  région  inférieure  et  arriva  jusqu'à 
nous.  Voici  comment  la  chose  se  passait.  11  s'emparait  d'abord  du 
sommet  de  la  tête,  puis  il  progressait  peu  à  peu  et  descendait  jus- 
qu'au cœur  qu'il  saisissait.  Alors  l'esprit  était  troublé;  l'éclat  des 
yeux  disparaissait,  l'individu  perdait  connaissance  et  demeurait 
immobile  comme  un  mort.  Il  restait  ainsi  de  longs  jours  privé  de 
toute  connaissance  humaine.  Si  l'homme  qui  était  frappé  de  ce  mal 

1.    Cf.   JÉKKM.,  XXIV,  10. 

S.  Le  mot  signifie  propreniont  U'gumcs  ;  mais  il  semble  qu'on  doive  lui 
donner  ici  uu  sens  plus  large. 

3.  MicH.,  VI,  14. 

4.  Ces  deux  expressions  rendent  approximativement  le  texte.  Le  mot 
(armsa  (  =  Oipjio;  )  signifie  lupin,  et  le  mol  ijardin  signifie  léoftar^  (ou 
tjrainst  ei  particulièrement  f/rains  de  grenade).  Il  s'agit  donc  en  premier  lieu 
d'une  maladie  qui  tachetait  la  peau;  peut-être  les  dartres  ou  la  variole. 
Quant  au  nom  de  la  seconde  maladie,  le  ms.  porte  Oar  samô  qu'il  faudrait 
peut-être  orriger  eu  bur  80uina<ju,  livi.  le  Jits  de  la  rougeur,  c'est-à-dire 
la  rougeole. 


DE   DENYS    DE   TELL-MAHRÉ  179 

ne  faisait  pas  son  testament  dès  le  premier  ou  le  second  jour,  il  ne 
lui  était  plus  possible  ensuite  de  le  faire.  S'il  arrivait  qu'après 
quelque  temps  il  retrouvât  ses  sens  et  l'usage  de  la  parole,  il  s'é- 
veillait comme  d'un  profond  sommeil,  ne  sachant  pas  même  s'il 
avait  été  malade,  et,  si  la  faiblesse  de  son  corps  le  lui  permettait,  il 
se  levait. 

Cernai  s'emparait  du  même  individu  plus  de  cinq  ou  six  fois.  Il 
y  en  avait  qui  succombaient  dès  la  première  ou  la  seconde  attaque, 
mais  il  y  en  avait  aussi  qui  frappés  plus  de  cinq  fois  étaient  en- 
core repris  par  le  mal.  Sur  beaucoup  de  ceux  qui  étaient  atteints, 
il  poussait  des  bubons  blancs  qui  se  desséchaient  après  un  jour  où 
deux,  puis  des  rougeurs  qui  disparaissaient  aussi,  et  alors  appa- 
raissaient des  taches  livides.  Et  quand  on  avait  supporté  toute  cette 
infirmité  [217]  pendant  longtemps  et  qu'on  se  croyait  sur  le  point  de 
recouvrer  la  santé,  on  était  pris  par  le  ventre.  Celui  qui  échappait  à 
ce  mal  était  saisi  par  les  pustules  et  les  dartres(?) .  On  trouvait  quatre 
ou  cinq  individus  qui  gisaient  dans  un  même  lieu,  ayant  chacun  une 
maladie  différente:  car  la  maladie  de  Tun  ne  ressemblait  pas  à  celle 
des  autres.  On  en  trouvait  qui  souffraient  des  pustules,  du  ventre, 
des  bubons,  des  hémorrhoïdes,  de  ce  mal  qui  trouble  le  cœur  : 
toutes  ces  maladies  se  trouvaient  à  la  fois  sur  le  même  individu.  Et 
après  avoir  souffert  tout  cela  il  tombait  mort;  car  la  faim  et  la  soif 
le  torturaient  plus  vivement  que  ces  maladies.  Ils  gisaient  dans  les 
portiques,  les  édifices,  les  églises,  les  tours,  les  marchés  :  ils  étaient 
étendus  sur  le  fumier,  accablés  de  diverses  maladies.  D'autres, 
poussés  par  la  faim,  circulaient  dans  les  villes.  Ils  se  tenaient  près 
d'une  porte  jusqu'à  dix,  vingt  ou  trente  à  la  fois,  affligés  les  uns  de 
pustules,  les   autres  d'ulcères,  les  uns  souffrant  du  ventre,  les 
autres  d'autres  maladies.  Et  tandis  que  ces  calamités  tombaient  sur 
leurs  corps,  la  cruelle  afQiction  de  la  faim  et  de  la  soif  les  obligeait 
à  se  traîner  sur  les  mains  et  les  pieds  pour  demander  du  pain  de 
tous  côtés,  alors  que  ceux  mêmes  qui  étaient  disposés  à  faire  l'au- 
mône ne  suffisaient  pas  à  donner  à  ceux  qui  venaient  à  leurs  portes. 
A  cause  de  la  multitude  de  ceux  qui  allaient  dans  les  maisons,  ceux 
qui  gisaient  dans  les  rues  étaient  opprimés  par  la  faim  et  la  soif. 
«  Ils  seront  jetés  sur  les  rues  de  Jérusalem  par  le  glaive,  la  famine 
et  la  peste,  et  il  n'y  aura  personne  pour  les  ensevelir,  eux,  leurs 
femmes  et  leurs  enfants.  [218]  Je  répandrai  sur  eux  leur  propre 
malice.  Si  tu  sors  dans  les  champs,  voici  des  tués  par  le  glaive  ; 
si  tu  entres  dans  le  village,  voici  des  exténués  de  faim\  » 

1.  Jkrém.,  XIV,  16, 13. 


180  CHRONIQUE 

Celte  maladie  s'abattit  sur  les  villes,  et  les  habitants  commen- 
cèrent à  succomber  comme  des  sauterelles.  On  redoutait  d'y  entrer 
par  crainte  tant  de  Tautorilé  que  des  maladies  et  de  la  peste.  Ils 
se  jetèrent  sur  les  hommes,  attaquèrent  les  roules  et  détroussèrent 
les  passants.  Us  se  jetaient  sur  eux,  les  pillaient,  les  dépouillaient, 
les  tuaient,  non  pas  tant  pour  courir  après  l'or  ou  l'argent  que  pour 
avoir  du  pain  ;  de  sorte  que  beaucoup  d'hommes  furent  tués  parce 
que  l'un  d'eux  portait  et  conduisait  aux  siens  de  la  farine  ou  du 
froment.  Pour  un  gephûa  ou  cinq'....,  ils  versaient  sans  pitié  le 
sang  d'un  homme. 

Des  contrées  entières  osèrent  envahir  et  piller  d'autres  contrées, 
couper  les  routes  et  dévaliser  les  passants.  La  couleur  de  ces  gens, 
quand  ils  abandonnaient  leur  pays,  était  comme  celle  de  l'herbe 
verte.  Ils  allaient  vendre  le  fruit  de  leur  travail  pour  s'acheter  du 
pain;  ils  en  mangeaient  sans  mesure  et  bientôt  tombaient  aux  portes 
de  la  mort.  Parfois,  tandis  que  l'un  d'entre  eux  tenait  le  pain  dans 
sa  main  et  mangeait,  il  devenait  noir  comme  un  sac,  se  repliait  en 
arrière,  tombait  et  rendait  l'âme.  Cela  arriva  à  beaucoup  d'entre  eux. 
Ils  commencèrent  à  mourir  en  si  grand  nombre  que  les  hommes  ne 
pouvaient  suffire  à  les  ensevelir  pendant  tout  le  jour. 

Dieu  n'abandonna  pas  les  pauvres.  Sa  bonté  et  sa  miséricorde 
s'étendit  sur  eux.  Ils  furent  saisis  et  tombèrent  les  premiers  dans 
cette  maladie,  au  point  que  les  rues  et  tous  les  lieux  en  étaient  infec- 
tés. Ainsi  à  ce  moment  où  les  hommes  possédaient  encore  quelque 
chose,  [219]  chacun  prenait  soin  d'eux  selon  ses  moyens.  Ceux 
d'enlre  eux  qui  mouraient  étaient  ensevelis  avec  grand  honneur. 
Les  habitimts  apportaient  des  cercueils  et  des  linceuls  dont  ils  les 
revêtaient  ;  ils  les  accompagnaient  et  les  déposaient  dans  leurs 
propres  tombeaux,  au  milieu  des  offices  et  des  psaumes,  comme  il 
convient  à  des  chrétiens.  Ils  rassemblèrent  aussi  ceux  qui  étaient 
frappés  et  gisaient  dans  les  rues,  accablés  par  la  maladie,  la  faim 
et  la  soif;  ils  les  firent  entrer  dans  un  grand  édifice,  où  ilsétablirent 
quelqu'un  pour  prendre  soin  d'eux.  Chacun  selon  sa  force  les 
prenait  et  les  transportait.  Mais  quand  la  calamité  envahit  le  pays, 
tous  furent  également  dans  le  besoin.  Ceux  qui  avaient  été  riches 
étaient  devenus  des  mendiants.  «  Ceux  qui  se  nourrissaient  déli- 
cieusement sont  maintenant  étendus  dans  les  rues  ;  ceux  qui  ont 
grandi  dans  la  pourpre  dorment  maintenant  sur  les  immon- 
dices*.» 

1.  Le  nom  de  la  mesure  est  omis  dans  le  msc. 
'^,   Thren.,  iv,  5. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  181 

Le  même  prophète  Jérémie  ajoute'  :  «  Leur  face  est  devenue 
plus  noire  que  des  charbons;  ils  n'ont  pas  été  reconnus  sur  les 
places  publiques;  leur  peau  s'est  attachée  à  leurs  os,  elle  s'est 
desséchée  et  est  devenue  comme  du  bois.  Plus  heureux  ceux  qui 
ont  été  tués  par  le  glaive  que  ceux  qui  sont  morts  de  faim;  parce 
qu'ils  ont  été  consumés,  comme  ceux  qui  ont  été  frappés  et  sont 
étendus  dans  les  champs.  )) 

Ainsi  en  était-il  de  ceux  qui  furent  atteints  par  ces  maladies;  car 
ils  furent  enlevés  des  rues  et  ensevelis.  Le  fléau  s'empara  des  sei- 
gneurs des  villes,  et  ils  tombèrent  tous  à  la  fois,  grands  et  petits, 
enfants  et  vieillards,  jeunes  gens  et  jeunes  filles.  De  sorte  que  si 
vous  entriez  dans  vingt  maisons,  à  peine  trouviez-vous  un  homme 
qui  pût  donner  de  l'eau  à  son  voisin.  Tous  gisaient  comme  morts, 
incapables  de  discerner  le  bien  du  mal. 

De  même  qu'on  a  dit  plus  haut  qu'il  n'y  avait  pas  une  maison  dans 
laquelle  il  n'y  eût  des  morts,  de  mêni^ici  on  peut  dire  qu'il  n'y  avait 
pas  de  maison,  [220]  pas  même  une  seule,  dans  laquelle  il  n'y 
eut  des  malades.  Et  on  peut  ajouter  avec  Jérémie*  :  «  La  langue 
de  Tenfant  à  la  mamelle  s'est  attachée  à  son  palais  par  la  soif;  les 
petits  enfants  ont  demandé  du  pain,  et  il  n'y  avait  personne  pour 
le  rompre  et  le  leur  donner.  » 

En  effet,  s'il  restait  dans  une  maison  une  ou  deux  personnes  qui 
ne  fussent  pas  frappées  de  maladie,  elles  gisaient  étendues  par  la 
faim  qui  les  faisait  souffrir  plus  que  ceux  qui  étaient  malades;  car 
il  n'y  avait  personne  pour  leur  faire  et  leur  cuire  du  pain.  Ceux 
qui  gisaient  étendus  par  les  diverses  maladies,  souffraient^  eux 
aussi,  de  la  faim  et  de  la  soif;  car  les  gens  étaient  trop  affaiblis  pour 
pouvoir  se  lever  et  donner  de  l'eau  aux  autre?. 

Le  fléau  s'aggrava  et  la  peste  commença  à  sévir  parmi  eux  :  de 
sorte  qu'on  enterrait  en  un  seul  jour  deux  ou  trois  personnes  de  la 
mérae  maison.  On  emportait  à  la  fois  dans  un  même  cercueil  la 
mère  et  sa  fîUe,  le  père  et  son  fils,  ou  les  deux  frères  ensemble. 
Deux  frères  étaient  enterrés  en  même  temps,  l'un  d'un  côté  de  la 
ville,  l'autre  de  l'autre  côté;  on  apportait  leurs  cercueils,  on  les 
réunissait  ensemble,  on  les  conduisait  au  tombeau  et  on  les  plaçait 
Tun  sur  l'autre;  et  souvent,  au  même  moment,  il  arrivfiit  que  leurs 
parents  rendaient  le  dernier  soupir. 

Le  mal  s'appesantit  sur  les  notables  et  les  chefs  de  famille. 
Tous  les  prêtres  de  l'église  d'Amida  succombèrent  dans  cette  peste. 

1.  T/iren.,  i\\  8,  9 

2.  T/tren.j  iv,  4. 


182  CHRONIQUE 

Le  fléau  commença  à  se  répandre  peu  à  peu  et  à  sortir  des  ville 
pour  envahir  leurs  environs.  Il  tomba  sur  les  campagnes;  et  comme 
il  avait  fait  dans  les  villes,  ainsi  fit-il  à  Textérieur. 

Ici  fut  accomplie  la  parole  d*Isa!e*  :  «  Tu  as  bu  de  la  main  du 
Seigneur  le  calice  de  sa  colère  ;  tu  as  bu  et  épuisé  le  calice  du 
tremblement.  De  tous  les  fils  que  tu  as  mis  au  monde  il  n*en  est  pas 
qui  te  soutienne;  de  tous  les  fils  qu'elle  a  élevés  il  n'en  est  pas  qui 
prenne  sa  main.  Deux  maux  sont  tombés  sur  toi  :  qui  s'attristera 
sur  toi?  Le  pillage  et  la  destruction,  la  faim  et  le  glaive  :  qui  te 
consolera?  Tes  fils  [221]  ont  été  jetés  par  terre.  Ils  dorment  dans 
tous  les  carrefours,  semblables  à  la  bette  fanée,  pleins  de  l'indi- 
gnation du  Seigneur  et  de  la  réprimande  de  ton  Dieu.  » 

La  couleur  de  tous  les  hommes  qui  échappèrent  à  cette  maladie 
était,  en  effet,  celle  de  la  bette  fanée  parla  gelée.  Ils  étaient  tous 
chauves,  de  sorte  que  le  moine  et  le  prêtre  ne  se  distinguaient  que 
par  leurs  vêtements.  On  ne  pouvait  distinguer  un  prêtre  d'un 
séculier:  car  ils  étaient  également  rasés.  La  vue  et  l'ouïe  s'afiFaibli- 
rent  et  ne  reprirent  leur  force  que  longtemps  après.  Tant  que  l'été 
dura,  cette  maladie  s'aggrava. 

Quand  arriva  l'époque  de  la  moisson  dans  le  Beit*Arabayê,  tout 
le  peuple  de  la  contrée  septentrionale,  même  les  étrangers,  s'as- 
sembla pour  descendre  moissonner,  au  seul  prix  de  leur  pain. 
Les  femmes  et  les  serviteurs  descendirent  aussi.  C'est  l'habitude 
chez  ce  peuple  du  Nord  que  les  jeunes  gens  descendent  moissonner  ; 
mais  à  cette  époque,  les  vieillards  et  les  serviteurs,  les  femmes  et 
les  enfants  descendirent,  à  cause  de  la  grande  calamité  qui  pesait 
alors  sur  eux. 

Lors  donc  qu'ils  furent  descendus  et  eurent  mangé  du  pain  à 
satiété,  tous  tombèrent  dans  diverses  maladies.  En  sorte  que  les 
routes  et  les  chemins,  les  hauteurs  et  les  bas  fonds  en  étaient 
remplis;  à  la  ville,  à  la  campagne,  partout,  ils  tombaient  comme  la 
sauterelle. 

Ils  n'avaient  d'autre  salaire  que  le  pain  nécessaire  à  chacun 
d'eux.  Beaucoup,  dit-on,  s'en  allaient  dans  les  champs,  et  dès  qu'ils 
avaient  mangé  et  étaient  rassasiés,  ils  tombaient  morts.  De  sorte 
qu'il  en  sortait  vingt  et  en  rentrait  cinq.  Quand  les  propriétaires 
de  la  moisson  apprirent  cela,  ils  ne  laissèrent  plus  entrer  dans  leurs 
champs  que  ceux  qui  avaient  bonne  mine  et  étaient  valides.  Ils 
leur  donnaient  pour  salaire  cinq  oboles  par  jour,  ou  tout  au  plus[222] 
dix.  Ainsi,  les  hommes  firent  moissonner  leur  moisson  qui  était 

l,  l8.,  Li,  17-20. 


DE   DENYS   DE   TEl.L-MAHRK  183 

abondante,  sans  pitié  pour  les  forces  de  ces  malheureux;  et  ils  ne 
leur  donnaient  pas  même  du  pain  sec  à  satiété,  non  pas  à  cause  de 
la  disette,  mais  parce  qu'ils  avaient  niauvais  vouloir. 

Nous  ferons  aussi  connaître  les  maux  causés  par  les  hommes,  et 
la  violation  des  sépultures  et  [la  spoliation]  des  défunts. 


De  la  violation  des  tombeaux  et  de  la  spoliation  des  défunts. 

Le  prophète  Jérémie  nous  aprédit  le  renversement  des  tombeaux. 
Il  a  parlé  de  la  dispersion  de  leurs  ossements  comme  le  fumier  à 
la  face  de  la  terre,  sans  personne  pour  les  recueillir.  «  En  ce  temps- 
là,  dit  le  Seigneur,  on  jettera  les  os  des  rois  de  Juda,  et  les  os  de 
ses  princes,  et  les  os  de  ses  prêtres,  et  les  os  des  prophètes,  et  les  os 
des  habitants  de  Jérusalem  hors  de  leurs  sépulcres;  on  les  exposera 
au  soleil,  à  la  lune,  à  toute  la  milice  céleste,  qu'ils  ont 
aimés,  servis,  suivis,  recherchés  et  adorés.  Ils  ne  seront  point 
recueillis  ni  ensevelis  ;  comme  un  fumier,  ils  seront  sur  la  face 
de  la  terre  \  » 

Satan  s'est  attaqué  vivement  à  nous,  à  cause  de  nos  péchés,  qui 
sont  plus  nombreux  que  les  siècles,  les  temps  et  les  non;ibres 
nombreux,  et  qui  ont  fait  que  nous  avons  subi  cela. 

Ils  retournèrent  les  hommes  et  jetèrent  sans  pitié  leurs  ossements 
hors  des  tombeaux.  Comme  un  homme  tire  une  pierre  de  la  maison 
et  la  jette  dehors:  ainsi  liraient-ils  et  jetaient-ils  leurs  ossements 
hors  de  leurs  tombeaux.  Ils  ne  se  préoccupaient  point  de  les  remettre 
en  place  quand  ils  avaient  satisfait  sur  eux  leur  rage  et  leur  ava- 
rice. S'il  se  trouvait  des  hommes  vertueux  et  craignant  Dieu  pour 
les  blâmer  à  cause  de  cette  malice,  de  cette  iniquité,  [223]  de  cette 
impiété,  ils  disaient:  «  Quel  mal  faisons-nous?  »  ou  bien:  «  Où 
prendre  pour  donner  [l'impôt]  ?  »  Lorsqu'on  leur  demandait  : 
«  Trouvez-vous  quelque  chose  ?  n  ils  répondaient  aussitôt,  d'accord 
avec  les  paroles  de  Satan  leur  père  et  leur  chef  :  «  Nous  trouvons.  » 
Et  quand  on  en  interrogeait  un  :  «  Toi-même,  qu'as-tu  trouvé?  »  il 
disait  :  «  Moi,  je  n'ai  encore  rien  trouvé;  mais  un  tel  a  trouvé  tant 
et  t^int  de  pendants  d*oreilIes,  de  ceintures,  de  colliers  d  or  ;  et  dans 
tel  village  on  a  retiré  tant  d'or  ou  d'argent.  »  Satan  leur  apprenait 
à  dire  ces  paroles  futiles,  pour  leur  honte.  Kt  quand  on  interro- 
geait celui  que  l'on  prétendait  avoir  fait  une  découverte,  sa  trouvaille 


184  CHRONIQUE 

était  ou  un  pendant  d'oreille  en  cuivre  ou  une  ceinture  de  fer. 
Telles  étaient  leurs  découvertes;  mais  Satan,  au  moyen  de  ses 
ouvriers,  les  proclamait  des  merveilles  par  milliers  et  par  myriades, 
afin  que  tout  le  monde  s'associât  à  lui  dans  cette  impiété.  Il  leur 
donna  pour  récompense  le  feu  de  Tenfer. 

Comme  les  générations  fidèles  des  temps  passés  lui  avaient 
résisté  et  qu'il  n'avait  pu  exercer  ses  desseins  sur  elles  pendant  leur 
vie,  ses  ministres  le  satisfirent  et  accomplirent  maintenant  ses 
désirs  en  dispersant  leurs  ossements.  L'ennemi  de  tout  bien  se 
joua  de  nous  et  de  nos  ancêtres:  de  ceux-ci,  parce  que  leurs 
ossements  furent  dispersés;  de  nous,  parce  que  nous  accomplîmes 
nous-mêmes  cette  œuvre. 

De  même  que  ceux-là  avaient  succombé  à  divers  fléaux  :  de 
même  diverses  maladies  tombèrent  sur  les  hommes,  et  la  parole 
de  l'Écriture  disant  que  quand  les  tombeaux  sont  ouverts,  de  nom- 
breuses pestes  envahissent  les  villes,  s'accomplit. 

Par  suite  de  la  grande  liberté  que  les  hommes  avaient  prise  de 
violer  les  sépulcres,  ils  en  vinrent  à  spolier  même  les  morts  que 
l'on  ensevelissait  actuellement.  Au  point  que  quand  les  ensevelis- 
seurs  enterraient  un  mort  et  retournaient  [224]  chercher  son  voisin, 
lorsqu'ils  revenaient,  le  premier  était  déjà  dépouillé.  Ils  retournaient 
de  même  les  fosses  des  Arabes  et  des  Juifs.  Quand  ils  avaient 
spolié  un  mort,il  l'enterraient  de  nouveau  pour  qu'on  ne  s'en  aperçût 
pas,  ou  ils  l'abandonnaient  nu,  étendu  sur  sa  face,  et  s'en  allaient. 
Aussi,  dès  que  les  gens  s'aperçurent  de  cela,  soit  parce  qu'ils  sur- 
prirent quelques-uns  des  violateurs  de  sépultures,  soit  parce  qu'ils 
trouvèrent  les  objets  des  défunts  chez  eux,  ils  ne  laissèrent  plus  le 
mort  qui  venait  d'être  enseveli  sans  gardien,  ni  jour  ni  nuit, 
jusqu'à  ce  qu*il  tombât  en  putréfaction.  Us  couvraient  de  chaux, 
jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  dévorés  par  la  teigne,  les  vêlements  précieux 
dans  lesquels  il  était  enveloppé,  et  les  imbibaient  d'huile  de  cèdre. 
Pour  ce  motif,  il  y  avait  de  nombreux  veilleurs  au  milieu  des 
cimetières  des  Syriens,  des  Arabes  et  des  Juifs  ;  car  ils  n'abandon- 
naient pas  un  mort  sans  gardien  avant  qu'il  tombât  en  pourriture 
et  en  putréfaction.  Ces  scélérats  et  ces  voleurs  n'épargnaient  pas 
même  un  pauvre  qui  avait  été  enseveli  avec  une  chemise  usée  ou 
un  lambeau  de  vêtement. 

Nous  trouvons  mention  dans  le  prophète  de  la  violation  des 
sépultures,  mais  non  pas  de  la  spoliation  des  morts.  Mais  nous 
autres,  nous  avons  surpassé  par  nos  impiétés  et  nos  iniquités  tous 
les  maux  mentionnés  et  non  mentionnés  dans  les  Écritures.  Con- 
fessons donc  la  bonté  incommensurable  et  incompréhensible  du 


DE   DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  185 

Seigneur  vis-à-vis  de  ses  enfants  égarés,  qui  supporte  nos  provoca- 
tions et  la  grandeur  de  notre  malice. 


De  la  destruction   causée   par   la  peste,    et  des  hèles  féroces 

qui  sortirent  ensuite. 

Après  que  nous  fûmes  tombés  dans  toute  cette  impiété  et  dans 
toutes  les  iniquités  détestables  :  dans  le  mensonge,  dans  la  rapine, 
dans  le  pillage  mutuel,  dans  la  calomnie,  dans  la  médisance  [225]  et 
le  brigandage,  dans  l'adultère,  dans  le  vol,  dans  lefaux  témoignage, 
dans  l'assassinat,  dans  les  dénonciations  réciproques ,  les  maux  com- 
mencèrent à  nous  environner  de  toutes  parts.  Nous  n'avons  pas  fait 
pénitence  et  nous  ne  nous  sommes  pas  tournés  vers  le  Seigneur, 
niais  nous  avons  remué  de  leur  plîice  les  morts  qui  dormaient;  alors, 
le  Seigneur  se  tourna  vers  nos  œuvres.  Dieu  nous  abandonna  et 
tous  les  maux  se  réunirent  contre  nous,  comme  dit  le  prophète^  : 
«  J'assemblerai  sur  eux  tous  les  maux  ;  je  les  livrerai  en  proie  à  mes 
traits;  ils  périront  de  faim,  ils  seront  livrés  à  l'esprit  du  mal.  Je  les 
livrerai  à  l'oiseau  de  proie,  et  j'exciterai  contre  eux  la  bôie  féroce. 
Le  glaive  les  ravagera  au  dehors;  au  dedans,  la  frayeur.  »  — 
Isaïe  a  dit  aussi*  :  «  Il  sera  en  môme  temps  abandonné  aux  oiseaux 
des  montagnes  et  aux  bêtes  de  la  terre  :  et  les  oiseaux  se  rassem- 
bleront autour  de  lui,  et  les  bètes  de  la  terre  s'irriteront  contre 
lui.  >)  —  llabacuc  a  dit':  «  Tu  seras  rassasié  de  mépris  au  lieu  de 
gloire.  Bois,  toi  aussi,  et  sois  assoupi.  Le  calice  de  la  droite  du 
Seigneur  t'environnera  et  le  mépris  couvrira  ta  gloire;  car  l'iniquité 
du  Liban  te  couvrira,  et  le  ravage  des  animaux  t'étourdira  à 
cause  du  sang  de  l'homme  et  du  ravage  de  la  contrée,  de  la  ville  et 
de  ses  habitants.  »  —  Saint  Jérémie  dit  encore*  :  «  Chasse-les  de 
ma  présence,  et  qu'ils  s'en  aillent.  Que  s'ils  te  disent  :  Où  irons- 
nous?  tu  leur  diras:  Voici  ce  que  dit  le  Seigneur  :  A  la  mort  celui 
qui  [est  destiné]  à  la  mort;  au  glaive  celui  qui  [est  destiné]  au 
glaive;  à  la  famine  celui  qui  [est  destiné]  à  la  famine;  à  la 
captivité  celui  qui  [est  destiné]  à  la  captivité.  J'enverrai  sur  eux,  dit 
le  Seigneur,  quatre  fléaux:  le  glaive  pour  tuer,  les  chiens  pour 
déchirer,  les  oiseaux  du  ciel  et  les  botes  de  la  terre  pour  dévorer  et 
mettre  en  pièces;  et  je  les  livrerai  au  tremblement.  »  Et  de  nouveau 

1.  Oeui,,  XXXII,  23-33. 
t.  Ig.,  xviii,  6. 

3.  Hab.,  Il,  16, 17. 

4.  JÉR,,  XV,  1-4. 


186  CHRONIQUE 

il  dit*  :  «  Si  tu  sors  dans  les  champs,  voici  des  tués  par  le  glaive; 
si  tu  entres  dans  le  village,  voici  des  morts  de  faim.  » 

Lorsque  les  maux  se  furent  multipliés  à  cause  du  gouverneur,  de 
la  disette,  de  la  famine,  de  la  peste,  des  diverses  maladies  [226]  qui 
fondirent  sur  les  hommes,  ceux-ci  abandonnèrent  leurs  maisons 
et  allèrent  se  fixer  dans  les  montagnes  et  les  vallées.  Là,  ils  péris- 
saient comme  la  sauterelle,  de  la  faim,  de  la  peste,  du  froid,  et  ils 
étaient  dévorés  par  les  oiseaux  et  les  animaux,  sans  personne  pour 
les  ensevelir. 

Cette  peste  s'appesantit  su  ries  contrées  inférieures  et  désola  toute 
cette  région.  De  sorte  que  des  cours  où  il  y  avait  eu  quarante  ou 
cinquante  personnes  restèrent  sans  un  seul  habitant.  A  Mossoul,  on 
sortait  de  la  ville  plus  de  mille  cercueils  par  jour.  Dans  la  région 
de  Nisibe,  plusieurs  villages  qui  étaient  devenus  importants  furent 
totalement  ruinés.  Tous  les  grands  d<^  la  contrée  moururent.  Cette 
peste  fit  surtout  périr  les  prêtres  des  villes  et  des  campagnes.  Dans 
Je  monastère  de  Qartamin,  quatre-vingt-quinze  hommes  périrent  de 
cette  peste,  surtout  les  notables;  dans  le  monastère  de  MarÇaliba*, 
tous  les  supérieurs  moururent.  Les  champs,  les  villages,  les 
grandes  cours  des  villes  restèrent  déserts. 

Après  cette  peste  [on  vit]  certains  animaux,  eflFrayants  et 
terribles,  qui  n'avaient  peur  de  rien.  Ils  ne  s'enfuyaient  pas  devant 
les  hommes  et  n'avaient  pas  peur  d'eux;  ils  en  firent  périr  un  grand 
nombre.  Ils  ressemblaient  quelque  peu  à  des  loups,  mais  ils  en 
différaient  en  ce  que  leur  museau  était  petit  et  long;  ils  avaient  de 
grandes  oreilles  comme  les  chevaux.  Le  poil  qui  était  sur  leur 
épine  dorsale  ressemblait  à  des  soies  de  porc;  il  était  long  et 
redressé  en  haut.  Ces  animaux  firent  de  grands  ravages  parmi  les 
hommes  dans  le  Tour  *Abdin.  On  disait  qu'ils  avaient  dévoré  dans 
un  certain  village  plus  de  cent  personnes,  et  dans  beaucoup  d'autres, 
vingt,  quarante,  cinquante.  [227]  Les  hommes  ne  pouvaient 
rien  contre  eux,  et  ils  n'avaient  point  peur.  Si  par  hasard  quelques 
hommes  en  poursuivaient  un,  ils  ne  l'effrayaient  aucunement  et 
l'animal  ne  s'enfuyait  point  devant  eux,  mais  il  se  retournaitcontre 
ceux-ci  qui  lâchaient  leurs  armes;  il  sautait  sur  eux  et  les  mettait 
en  pièces.  Ils  entraient  dans  les  maisons  et  les  cours,  enlevaient  les 
enfants'  et  sortaient  sans  que  personne  leur  résistât.  Ils  montaient 

1.  Jén.,  XIV.  18. 

2.  Ou  couvent  de  la  Croix.  Il  y  a  plusieurs  mona.stôres  de  ce  nom.  L'un 
d'eux,  —  probablement  celui  dont  il  est  ici  que^^iion,  —  se  trouvait  près  de 
Hah.  dans  le  Tour  *Abdin.  Cf.  Bar  Hiaiit.,  (.hmn.  ercles.,  II,  522;  I,56î*,  u. 

'.i.  Dans  le  sens  du  laiin  /mer. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  '  187 

la  nuit  sur  les  terrasses,  enlevaient  les  enfants  de  leur  litet  descen. 
daient  sans  que  personne  pût  s'y  opposer.  Les  chiens  eux-mêmes 
n'aboyaient  point  contre  eux.  De  sorte  que,  pour  ce  motif,  la  contrée 
subit  une  épreuve  amère  et  plus  dure  que  toutes  celles  qu'elle  avait 
supportées.  Deux  ou  trois  hommes  ne  pouvaient  circuler  ensemble. 
On  ne  voyait  plus  de  bétail  dans  le  pays,  car  tout  avait  été  dévoré. 
Quand,  en  effet,  l'un  de  ces  animaux  envahissait  un  troupeau  de 
chèvres  ou  de  moulons,  il  en  enlevait  plusieurs. 

Et  que  dire  à  propos  de  ce  cruel  fléau,  si  ce  n'est  qu'il  nous  fut 
envoyé  par  Dieu?  Car  il  est  manifeste  pour  tout  le  monde  qu'ils 
avaient  reçu  de  Dieu  cette  force,  puisque  ni  les  chiens,  ni  les 
hommes  ne  pouvaient  nuire  à  un  seul  d'entre  eux. 

Il  a  dit  :  m  J'assemblerai  sur  eux  tous  les  niaux\  »  Voici  les 
châtiments  impitoyables  du  tribut,  de  la  fuite  d'un  lieu  dans  un 
autre.  Voici  encore  la  famine,  la  peste,  les  diverses  maladies. 
Voici  la  rapine,  le  pillage  que  se  font  mutuellement  des  pays 
voisins.  Non  seulement  tout  le  bétail  a  péri  cette  année,  mais  voici 
les  oiseaux  de  proie  qui,  partout,  dévorent  les  cadavres  des  hommes 
qui  gisent  sans  sépulture.  Et  avec  tout  cela,  voici  encore  les  botes 
féroces  ! 

Ces  animaux  passèrent  dans  l'Arzanène  et  firent  de  grands  ra- 
vages dans  chaque  village,  [228]  ainsi  que  dans  la  contrée  de  Mai- 
pherkat,  et  sur  le  mont  Çahia.  A  Amida,  ils  causèrent  quelques 
dommages. 

«  Et  par  tout  cela  la  colère  du  Seigneur  n'a  pas  été  détournée  de 
nous;  mais  il  a  de  nouveau  étendu  sa  main*.  »  Cependant,  s'il  n'a 
pas  écarté  sa  verge,  c'est  que  nous  ne  nous  sommes  pas  écartés 
nous-mêmes  de  nos  œuvres  détestables,  mais  nous  y  avons  ajouté, 
et  nous  les  avons  plusieurs  fois  doublées.  De  sorte  que  nos  méfaits 
se  sont  succédé  sans  interruption,  et  le  Seigneur  a  de  nouveau 
étendu  sa  main  pour  nous  corriger. 

[//  manque  ici  un  ou  plusieurs  feuillets  dans  le  manuscrit.] 

Ils  s'emparaient  aussi  des  Arabes  et  des  Syriens  à  propos  des 
héritages  etles  vexaient  cruellement  et  amèrement.  Ils  n'admettaient 
point  la  parenté  selon  ce  qui  est  écrit  dans  la  loi  des  rois  ;  ni  qu'on 
établit  d'héritiers,  excepté  le  fils  [qui  pouvait  faire  héritier]  son 
père,  le  père  son  fils,  loncle  son  neveu,  et  le  neveu  son  oncle. 

1.  D€ut.,  .\xxii,  23. 
%.  Is.,  V,  25. 


188  CHRONIQUE 

On  échappait  avec  difficulté  à  ces  bétes  féroces.  Le  prophète 
Joël  dit,  en  efïet^  :  «  Ses  dents  sont  comme  les  dents  d'un  lion,  et  ses 
molaires  comme  les  molaires  d'un  lionceau.  Il  a  réduit  ma  vigne 
en  un  désert;  il  a  arraché  mon  figuier,  Ta  jeté  par  terre,  Ta  décor- 
tiqué, et  ses  rameaux  sont  devenus  blancs.  » 

Ici,  il  arriva  que  ce  que il  enleva,  et  ce  qui  resta  fut 

extorqué  par  Témir  préposé  aux  héritages.  Il  dépouilla  les  hommes, 
et  leurs  rejetons  blanchirent  dénués  de  tout. 


Sixièmement  :  de  la  mort  de  Vémir  d^Amida;  du  livre  qui  aoait 
été  rédigé  ;  du  soulagement  qui  en  résulta  pour  les  notable»  du 
pays  qui  étaient  emprisonnés. 

Le  temps  nous  fait  défaut  pour  raconter  les  maux  qui  survinrent 
à  Amida  en  cette  année,  car  elle  souffrit  alors  de  cette  calamité 
plus  que  toutes  les  autres  villes.  [229]  Mais  comme  latribulation 
n'est  encore  qu'au  début  et  n'a  pas  pris  fin,  je  parlerai  du  commen- 
cement de  ce  fléau. 

Nous  amènerons  saint  Isaïe,  —  car  il  a  vu  d'avance  ces  maux 
et  il  est  plus  éloquent  que  nous, —  et  avec  lui  son  collègue  Jéréipie, 
afin  que  «  le  discours  soit  confirmé  par  la  bouche  de  deux 
témoins*». 

((  La  ville  a  été  remplie  de  clameurs,  la  cité  fortifiée  a  été  rem- 
plie de  cris.  Ceux  des  tiens  qui  ont  été  tués  ne  sont  pas  tués  par  le 
glaive,  ni  morts  au  combat.  Tous  tes  princes  ont  fui  ensemble  ce 
fléau,  et  ils  ont  été  enchaînés.  Ceux  qui  s'êuient  rassemblés  au 
milieu  de  toi  ont  été  garrottés,  le  reste  s'est  enfui  au  loin.  A  cause 
de  cela  j'ai  dit:  Laissez-moi  pleurer  amèrement  la  dévastation 
de  la  fille  de  mon  peuple;  car  c'est  un  jour  de  pleurs,  de  clameurs, 
de  piétinement,  de  lamentation.  Et  le  Seigneur  des  armées  [vous] 
invitera  en  ce  jour-là  à  pleurer,  à  gémir,  à  raser  [vos]  cheveux,  à 
revêtir  le  sac'.  »  Survienne  encore  le  prophète  Jérémie  [dont  les 
paroles  mieux  que  celles  d'aucun  autre]  expriment  la  douleur  et  la 
lamentation.  «  Je  succombe  à  ma  douleur,  mon  cœur  est  triste  en 
moi-même.  Voici  la  voix  de  la  fille  de  mon  peuple  qui  s'élève  d'une 
terre  lointaine.  Je  suis  contristé  à  cause  du  brisement  de  la  fille  de 
mon  peuple,  et  la  stupeur  s'est  emparée  de  moi,  car  la  guérison  de 

1.  Joël,  i,  6.  7. 

2.  Oeut..  xix,  15. 
'S,  Is.,  XXII,  2-5,  1*3 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRÉ  189 

la  fille  de  mon  peuple  n'est  pas  parfaite.  Qui  donnera  à  ma  tôte 
do  Teau  et  à  mes  yeux  une  fontaine  de  larmes,  et  je  pleurerai  jour 
et  nuit  sur  le  brisement  de  la  fille  de  mon  peuple?  Qui  me  laissera 
dans  le  désert,  dans  une  cabane  de  voyageur,  et  j'abandonnerai 
mon  peuple,  et  je  me  retirerai  d'eux,  car  tous  sont  adultères,  et 
une  assemblée  de  menteurs?  Ils  ont  lancé  leurs  langues  comme 
avec  un  arc;  ils  se  sont  fortifiés  sur  la  terre  par  le  mensonge  et 
non  par  la  fidélité,  parce  qu'ils  ont  passé  d'un  mal  à  un  autre  mal 
et  qu'ils  n'ont  pas  connu  le  Seigneur'.  » 

Ces  maux  et  de  pires  encore  se  multiplièrent  en  cette  année  à 
Amida,  ville  de  laMésopotamie,[230]parlefait  de  cet  émir  indigne 
et  despote  qui  y  était  venu. 

Or,  il  arriva  qu'un  gouverneur,  originaire  de  Callinice  et  nommé 
Mabdoui,  s'y  rendit.  C'était  un  homme  impie,  avare,  qui  ne  se 

préoccupait  point  de  Dieu  dans  ses  actions.  Ainsi ce  Mabdoui 

dans 


[ici  commence  le  cerso  du  feuillet  qui  se  trouce  avtucllcinent  le  dernier 
dans  le  manuscrit,  et  qui  parait  lui  acoir  serci  de  coucerture.  Beaucoup  de 
mots  se  troucent  ainsi  en  partie  ejfacùs  et  le  texte  n'ql/'ro  plus  de  sens 
suiei.  On  reconnaît  cependant  que  l'auteur  parlait  des  maux  que  cet  indioidu 
Ht  souffrir  aux  hommes,  principalement  aux  paueres,  aux  ceuees  et  aux 
orphelins,  dans  la  cille  et  la  région  d' Amida,  sur  le  mont  Aisouma  [cf.  ci- 
dessus,  p.  60,  n.  h),  et  à  Samosate,  Selon  son  usage,  Denys  reproduit  ici 
de  longues  citations  des  prophètes.] 


[Il  manque  ici  un  ou  plusieurs  feuillets  dans  le  manuscrit 


les  hommes  ne  pouvaientpas  passer  ni  approcher  des  envi  • 

rons  de  cette  maison,  à  cause  de  la  forte  odeur  de  putréfaction  qui 
en  sortait  et  se  répandait  très  loin.  Si  quelqu'un  était  contraint 
d'aller  jusque-là,  parce  que  quelqu'un  des  siens  s'y  trouvait,  il 
était  incommodé  par  cette  odeur  pendant  un  jour  ou  deux. 

Ici  nous  devons  dire  avec  le  prophète  Isaïe*  :  «  De  même  qu'on 
rassemble  les  œufs  abandonnés,  ils  ont  rassemblé  tout  le  pays;  et 
il  ne  s'est  trouvé  personne  qui  remuât  l'aile,  qui  ouvrît  la  bouche 


1    JÉR.,  VIII,  18,  21,22;  ix,  1-3. 
2.  Is.,  X,  14. 


190  CHRONIQl'K 

OU  qui  murmurât.  »  Les  Arabes  et  les  Syriens,  [231]  les  grands  et 
les  petits,  les  maîtres  du  pays  et  les  étrangers  furent  rassemblés 
sans  qu'il  y  eût  quelqu'un  pour  remuer  l'aile,  ouvrir  la  bouche  et 
parler. 

Que  le  prophète  David  vienne  donc  aussi,  qu'il  voie  le  temple 
saint  souillé  et  devenu  un  lieu  d'ordures,  comme  le  temple  de 
Baal  détruit  par  Gédéon\  et  qu'il  dise*  :  «  0  Dieu!  les  Gentils 
sont  entrés  dans  ton  héritage;  ils  ont  souillé  ton  saint  temple.  Ils 
ont  fait  de  ton  église  sainte  un  lieu  d'ordures,  et  il  s'élève  du 
milieu  d'elle  une  odeur  de  putréfaction,  ku  lieu  du  parfum 
agréable.  » 

Isaïe  a  dit'  :  ((  A  cause  de  cela  la  terre  sera  dans  la  désolation  et 
tous  ses  habitants  seront  coupables.  La  terre  a  pleuré,  et  elle  est 
demeurée  dans  le  deuil;  l'univers  a  pleuré  et  s'est  dissous  ;  car 
toutes  les  tables  ont  été  remplies  de  vomissements  et  d'excré- 
ments, sans  laisser  de  vide.  »  Le  prophète  leur  a  dit,  parlant  au 
nom  du  Seigneur*  :  a  Je  leur  ai  dit  :  Voici  mon  repos  :  soula- 
gez ceux  qui  sont  fatigués;  et  tel  est  mon  apaisement.  Et  ils  n'ont 
pas  voulu  écouter.  —  Et  telle  fut  la  parole  du  Seigneur  vers  eux  : 
Excréments  sur  excréments  et  excréments  sur  excréments  ;  vomis- 
sement sur  vomissement  et  vomissement  sur  vomissement.  » 

On  pouvait  voir  ici  leurs  excréments  et  leurs  vomissements, 
leurs  tables  de  toutes  parts  couvertes  d'excréments. 

Quelles  larmes,  quelle  douleur  peuvent  suffire  lorsqu'on  voit 
des  hommes  nobles  et  délicats  prendre  leur  pain  dans  leurs  mains 
pour  manger  et,  devant  eux,  le  fumier  accumulé  sur  le  fumier; 
alors  que  d'autres  auparavant  étaient  sortis  à  cause  de  la  répu- 
gnance de  cet  endroitl 

A  propos  de  ces  choses  le  prophète  Joël  dit  et  s'écrie*  :  w  Prêtres, 
ceignez-vous  et  pleurez;  hurlez,  ministres  de  l'autel;  entrez,  cou- 
chez-vous dans  les  sacs,  ministres  de  mon  Dieu;  »  non  (f  parce 
que  la  libation  et  le  sacrifice  ont  disparu,  »  mais  parce  que 
réglise  fut  rejetée  et  abandonnée  par  le  Seigneur  aux  mains  des 
étrangers  !  [232j 

Alors  que  tous  les  hommes  étaient  plongés  dans  cette  grande 
affliction,  cet  impie  prit  le  livre  écrit  au  commencement  de 
l'année,  sous  forme  de  ta'dil.  Quiconque  n'y  était  pas  inscrit  ou 

1.  Cf.  Jud.,  VI.  32. 

2.  Ps.  LXXIX,  1. 

3.  Is.,  XXIV,  6,  4;  xxviii,  8. 

4.  Ib.,  xxviii,  12,  13. 

5.  Joël,  \,V.. 


DE   DENYS   DE   TELL-MAHRK  191 

n*était  pas  marqué  sur  les  mains,  fut  fr<ippé  d*une  amende  de 
quaranle-huil  zouz,  qui  était  portée  h  soixante,  ou  de  trente-cinq, 
ou  de  vingt-cinq  ou  de  quinze.  11  en  fit  ainsi  sortir  beaucoup;  mais 
les  pauvres  et  les  indigents  restèrent  en  prison  et  eurent  à  souffrir 
de  la  faim  et  de  cette  odeur  de  putréfaction. 

11  saisit  les  notables  à  la  place  de  leurs  enfants,  de  leurs  frères, 
de  leurs  parents  qui  n'étaient  pas  inscrits  sur  ce  livre  détaillé,  et  il 
les  frappa  d'amendes.  Il  s'empara  aussi  de  ceux  qui  étaient  inscrits, 
et  leur  causa  des  dommages  considérables.  Il  choisit  des  hommes 
débauchés  et  ivrognes  et  se  les  associa.  Ceux-ci  dénonçaient  petits 
et  grands;  ils  les  recherchaient  et  les  lui  amenaient.  De  la  sorte 
personne  n'échappa  sans  qu'il  l'eut  obligé  à  payer,  soit  pour  lui- 
même,  soit  pour  ses  parents,  ou  sans  qu'il  lui  eût  cherché  que- 
relle. 

11  s'empara  de  nouveau  des  habiuints  de  la  contrée  et  les  força  à 
traiter  avec  lui  ;  et  à  ce  sujet  il  y  eut  beaucoup  de  contestations. 

11  frappa  leurs  chefs  jusqu'à  les  faire  mourir;  il  dépouilla  et  pilla 
chacun  selon  son  bon  plaisir,  sans  que  personne  le  blàmat  ou  lui 
demandât  :  «  Que  fais-tu?  »  La  fidélité  ou  la  véracité  ne  se  trouvait 
chez  aucun  d'eux.  Ils  saisirent,  en  effet,  les  habitants  de  la  ville  et 
firent  un  traité  avec  eux  relativement  à  leurs  enfants  et  à  leurs 
parents  moyennant  deux  mille  [dinars].  Quand  ils  les  eurent  reçus, 
ils  ne  cessèrent  pas  de  mal  faire,  mais  ils  leur  infligèrent  des  amendes, 
lis  leur  suscitaient  des  difHcultés  de  tout  genre.  Ils  sortaient  sur 
les  routes  et  les  chemins,  et  quand  ils  s'emparaient  des  usuriers  (?) 
ou  de  ceux  qui  ne  l'étaient  pas,  ils  les  dépouillaient  également  et 
leur  enlevaient  tout  ce  qu'ils  avaient.  [233] 

Dieu,  dans  sa  miséricorde,  fit  que  cette  calamité  eût  lieu  au  mois 
de  yar  [mai]  ;  dès  lors  les  hommes  se  cachaient  dans  les  montagnes, 
comme  des  colombes  dans  les  anfractuosités.  Il  n'y  eut  plus  sur  les 
routes  ni  allant  ni  venant,  car  cette  persécution  s'étendait  en  tous 
lieux.  Les  hommes  périssaient  de  faim  et  craignaient  d'entrer  dans 
unevilleouun  village.  Si  parfois  quelques-uns  d'entre  eux  avaient 
quelque  chose  à  vendre  pour  s'acheter  du  pain,  ils  amenaient  avec 
eux  leurs  femmes,  et  dès  qu'ils  approchaient  de  la  ville,  ils  en- 
voyaient celles-ci  dans  la  cité,  tandis  qu'eux-mêmes  restaient 
cachés  dans  les  moissons,  mourant  de  faim,  attendant  [le  retour  de] 
celles  qu'ils  avaient  envoyées,  les  uns  deux  jours,  les  autres  trois, 
les  autres  quatre,  ou  même  d'un  dimanche  à  l'autre;  ils  se  tenaient 
dissimulés,  comme  des  colombes,  dans  les  tombeaux  et  les  récoltes, 
torturés  par  la  faim;  et  parfois  quand  [la  femme]  revenait,  c'était 
en  vain  qu'elle  avait  fait  son  acquisition.  C'est  maintenant  que 


192  CHRONIQUE 

nous  pouvons  dire  :  «  Au  dehors  siégera  le  glaive  et  la  famine,  el 
à  rintérieur  la  crainte  ^  » 

Cette  fureur  s'appesantit  aussi  sur  les  habitants  de  Téla,  d'Édesse, 
de  IJarran.  —  Le  prophète  dit,  en  effet'  :  «  C'est  la  malédiction 
qui  sort  sur  la  face  de  toute  la  terre.  » 

Quand  ce  fléau  cruel  arriva  sur  les  habitants  de  Nisibe,  voyant 
qu'on  les  taxait  sans  miséricorde,  qu'on  s'emparait  de  tout  allant 
ou  venant,  qu'on  se  jetait  sans  pitié  sur  les  campagnes,  les  notables 
du  pays  s'assemblèrent  et  descendirent  trouver  Mousa.  Ils  essayèrent 
de  lui  persuader  de  faire  une  convention  avec  eux,  mais  il  ne  le 
voulut  pas.  Ils  lui  demandèrent  de  racheter  les  contributions  exté- 
rieures que  leur  avaient  infligées  ses  envoyés,  et  qu'au  moins  ces 
chiens  rapaccs  ne  pussent  entrer  dans  leur  pays.  Il  ne  leur  accorda 
pas  cela;  mais  il  s'empara  d'eux,^  [234]  les  jeta  en  prison,  à 
Mossoul,  et  les  fît  charger  de  chaînes.  Il  jura  sur  sa  personne  que 
tant  qu'il  tiendrait  le  pouvoir  ils  ne  sortiraient  pas  de  là.  Beau- 
coup de  gens  intercédèrent  pour  eux,  mais  il  ne  les  écouta  point. 
Ils  restèrent  en  prison  jusqu'à  ce  que  le  Seigneur  les  délivrât  et 
que  ce  tyran  reçût  le  châtiment  qui  lui  était  dû. 

Il  est  temps  maintenant  de  nous  détourner  de  cette  calamité 
pour  nous  tourner  vers  un  autre  fléau. 

• 

Dixièmement  :  des  émirs  préposés  à  la  dîme,  et  des  émirs 

préposés  au  çauphi. 

Je  parlerai  du  serpent  qui  naquit  de  cette  vipère,  et  des  fruits 
détestables  qu'elle  répandit  sur  nous. 

Ceux  que  cette  vipère  envoyait  dans  le  pays  étaient  plus  mau- 
vais que  le  serpent.  Ils  vinrent,  entrèrent  dans  la  ville  et  firent 
recenser  sans  pitié  tout  ce  qui  appartenait  aux  habitants.  Si  un 
homme  n'avait  ni  froment  ni  orge,  mais  en  achetait  au  marché 
pour  manger,  ils  lui  en  inscrivaient  mille  gribè,  à  un  autre  deux 
mille,  à  un  autre  cinq,  à  un  autre  dix,  et  jusqu'à  quarante  ou  cin- 
quante mille  gribè.  Sans  entrer  dans  la  maison  de  chacun  pour 
voir  ce  qu'il  y  avait,  ils  inscrivaient  ce  que  le  diable  leur  suggérait. 
Ils  firent  de  même  à  l'égard  des  boutiquiers,  des  grainetiers,  des 
marchands  d'huile,  des  négociants  de  toute  sorte  qui  étaient  dans 
le  bazar.  Ils  les  [taxaient]  sans  pitié  et  leur  réclamaient  l'impôt.  De 

1.  Cf.  Deut.,  XXXII,  25. 

2.  Zaciiar.,  V,  3. 


DE  DENYS   DE  TELL-MAHRÉ  193 

sorte  que  si  Tun  d'eux  vendait  tout  ce  qu'il  y  avait  dans  sa  bou- 
tique, il  n'obtenait  pas  plus  de  la  moitié  de  ce  qu'on  lui  demandait. 
Et,  tandis  que  les  hommes  subissaient  cette  grande  oppression  à 
cause  de  l'impôt,  du  décimateur,  de  la  capitation,  le  çauphi  faisait 
de  son  côté  autant  de  mal  qu'il  pouvait,  saisissant  et  pillant  tous 
ceux  qui  entraient  ou  sortaient.  [235] 

C'est  ici  que  nous  pouvons  dire  :  «  Tout  ce  qu'a  laissé  la  saute- 
relle ailée,  le  bruchus  l'a  mangé,  et  tout  ce  qui  a  échappé  à  celui-ci, 
la  nielle  Ta  dévoré  ^))  Ainsi  tout  ce  que  la  capitation  a  laissé, 
l'usurier  (?)  l'a  enlevé,  tout  ce  que  l'usurier  (?)  a  laissé  a  été  pris  par 
le  décimateur,  et  tout  ce  qui  a  échappé  à  celui-ci  a  été  pris  par  le 
çauphi.  —  «  Quiconque  échappera  à  la  voix  de  la  frayeur  tombera 
dans  la  fosse,  et  quiconque  remontera  de  la  fosse  tombera  dans  le 
Blet,  et  quiconque  se  délivrera  du  filet  sera  dévoré  par  la  bête 
féroce'.  » 


Du  second  émir  préposé  aux  étables*. 

Quand  Khalil  Ibn  Zadân,  l'émir  des  étables  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut  S  mourut,  Abou  *Oun  '  prit  sa  place.  Les  gouverneurs 
établis  par  Ibn  Mousa  s'opposèrent  aux  siens  et  les  chassèrent  de  la 
ville.  Alors  vint  un  Persan  envoyé  par  le  roi,  homme  violent,  dur, 
sanguinaire,  qui  troubla  tout  le  pays.  Tous  les  Arabes  de  la  contrée 
eurent  à  souffrir  de  sa  part,  car  il  se  mit  à  faire  ce  que  les  Persans 
n'avaient  pas  coutume  de  faire. 

L'usage  des  Persans  à  l'origine  était  d'emprisonner  longtemps 
sans  miséricorde.  Celui-ci  se  mit  à  tuer  en  frappant,  et  même  à 
crucifier.  Une  grande  calamité  s'empara  des  Syriens,  partout  où  il 
alla,  tant  à  cause  du  logement  des  bêtes  de  somme  que  des  dé- 
penses causées  par  sa  troupe;  car  ils  logeaient  chez  les  habitants  et 
toute  leur  nourriture  ainsi  que  celle  de  leurs  bêtes  de  somme  était 
aux  frais  de  ceux-ci. 

Le  prophète  a  dit*:  t  Tous  viennent  au  butin.  »  Avant  d'aller 
imposer  une  ville,  il  envoyait  en  avant  un  courrier  préparer  un 
endroit  et  y  remiser  les  bêtes  de  somme.  Cet  envoyé  arrivait  à  la 

1.  JOBL,  X,  4. 

2.  l8.,xxiv,  18. 

3.  Cf.  ci-dessus,  p.  136. 

4.  Cf.  page  106. 

5.  Probablement  le  môme  persounage  déjà  mentionné  plus  haut,  p.  109. 

6.  HAB.f  I,  9. 

13 


l 


194  CHRONIQUE 

ville  vingt  jours  d'avance  et  commettait  toute  sorte  de  maux  el  de 
déprédations.  [236]  Il  sortait  [avec  ses  soldats]  sur  les  routes  et  les 
campagnes,  et  ils  saisissaient  les  mulets  et  les  chevaux,  emmenaient 
même  les  colons  et  les  enfermaient  dans  des  maisons  ou  des  cours. 
Ils  relâchaient  quiconque  leur  donnait  deux  zouz  par  mulet  ou  par 
cheval,  et  s'emparaient  de  son  voisin.  Ils  allaient  aussi  sur  les 
routes  et  dans  les  khans,  au  dehors  de  la  ville,  pour  s'emparer  des 
ânes  des  pauvres.  Ils  leur  prenaient  un  zouz  par  âne  et  les  relâ- 
chaient. Ils  sortaient  aussi  dans  la  contrée  et  exigeaient  des 
hommes  qu'ils  amenassent  leurs  bêtes  de  somme.  Quand  ils  les 
avaient  amenées,  ils  se  mettaient  à  leur  demander  des  zouz  :  deux 
zouz  par  mulet,  un  zouz  par  âne.  Ils  emmenaient  les  bêtes  de 
somme  de  tous  ceux  qui  ne  les  leur  donnaient  pas.  Ils  emmenèrent 
de  la  sorte  beaucoup  de  bêtes  de  somme,  prises  dans  le  pays,  sur 
les  routes,  au  marché,  et  ils  les  enfermèrent  dans  des  cours.  Les 
hommes  avaient  ainsi  beaucoup  à  souffrir  à  cause  de  leurs  dépenses 

et  de  celles  de  leurs  bêtes  de  somme,  et  lorsque nombreux, 

lui-même  arrivait.  On  prenait  aussi  les  bêles  de  somme  des 
marchands  et  des  passants.  On  saisit  ainsi  beaucoup  d'animaux 
appartenant  aux  pauvres,  pendant  des  jours  et  des  mois  nombreux, 
et  on  no  les  relâcha  point  avant  qu'ils  eussent  vendu  tout  ce  qu'ils 
possédaient  pour  subvenir  à  leurs  dépenses.  On  ne  voulut  leur 
laisser  ni  leur  donner  quoi  que  ce  soit. —  L'Écriture  dit*  :  «  Ils  sont 
plus  empressés  que  les  loups  du  soir;  ils  voleront  comme  un  aigle 
affamé  vers  sa  nourriture;  »  et  encore':  «  Tous  viennent  au  butin.  » 

Disons  aussi  quelque  chose  au  sujet  de  cet  homme  lui-môme. 

Quand  on  entendait  parler  de  lui  dans  la  contrée,  la  frayeur  et  le 
tremblement  s'emparaient  de  tout  le  monde.  Il  commença  à  frapper 
sans  pitié,  à  tuer  et  même  à  crucifier.  Dans  chaque  ville  où  il 
entrait,  il  faisait  crucifier  deux,  trois  ou  cinq  personnes,  et  les 
hommes  tremblaient  en  sa  présence.  [237]  Ils  disaient  qu'il  ne 
faisait  périr  que  [les  voleurs],  les  assassins,  les  détrousseurs  de  grands 

chemins;  or,  nous  avons  appris pour  la  plupart,  mais  aussi 

des  Messaliens  qu'on  appelle  zélateurs,   mendiants  et   ey/TTa».'. 


1.  Hab.,  I,  8. 

2.  Ibid.,  9. 

3.  «  Haeretici  isti  saeciilo.iv,  in  Mesopotamia  exorti,  et  inde  per  Syriam 
dilatait,  toti  in  oratioaes  intenti  cetera  negligebant,  et,  abjectis,  propter  fal- 
sam  evangelii  interpretationem.  bonis  fortuuae,  otlosi  errabant  per  vicos  et 
plaieas,  viris  promiscue  cum  muUeribus  dormientibus.  »  lia  editores  Chron. 
eccles.  Bar  Hkdraei,  I,  col.  573,  n.  2,  ex  s.  Ëpipbanio  (Haeres.  lxxx)  et 
Theodorelo  (Hacret,  fab.  iv,ll). 


DE  DENYS  DE  TELL-MAHRÉ  195 

Il  traversa  toutes  les  villes  de  la  région  inférieure  de  la  Mésopo- 
tamie, frappant,  tuant,  crueiliant,  et  parvint  à  Amida. 

II  y  resta  longtemps  et  y  fit  crucifier  quatre  hommes  ;  puis  il 
passa  à  Maipherkat,  et  de  là  il  revint  à  Amida  où  il  se  fixa.  Et 
lorsque 


[Le  reste  manque  dans  le  manuscrit.] 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES 


Aaron  l'Interprète,  9. 

Aba,  év.  d'Amida,  58, 60, 61,70, 

85,  86,  90,  96. 
*Abbas  (=  'Ali),  8,  9,  39,  40. 
*Abbas.  frère  de  Yézid  III,  30. 
^Abbas,  émir  de  Mésopotamie, 

70, 72, 74,  80-82,  89,  99,  100, 

105,  107, 108,  113, 122,  123. 
*Abbas,  générai,  14. 
*Abd  al-Aziz,  30. 
*  Abdallah  (I")  Ibn  Mohammed 

(=:Al-Saffah),55,  62,  97. 
^Abdallah  (II)  Ibn  Mohammed 

(=  Al-Mansour),  55,  58,  62, 

75,  67,  97,  99. 
'Abdallah  (III)  (= Al-Ma'moim\ 

XV.  —  V.  Ma'moun. 
•Abdallah  al-Batal,  25. 
•Abdallah  Ibn*Ali,62. 
'Abdallah  Ibn  Merwan,  45. 
'Abdallah  Ibn  Tahir,  xvi-xix. 
'Abdallah  Ibn  Zobaïri,  9. 
[Ibn]  'Abdallah.  —V.  Djarrah. 
'Abd  el-Malik,  9,  10,  18,  30. 
Abdias,  167. 
Aboubeckr,  5,  6. 
Abou  Djaffar,  97. 
Aboulabbas  al-Saffah,  55.  —  V. 

'Abdallah  I"  Ibn  Mohammed. 
Aboulwalid,  8. 


Abou  MousIim,  62. 
Abou  'Oun,  109,  193. 
Abourin,  18. 
Abraham,  xxxiii,  1, 149. 
Abraham,   an ti patriarche,    xi, 

XII,  XIV,  XVI,  XVII,  XX,  XXIÎ. 

Adabin,  6. 

Adam,  131,  153, 166. 

Adam  Ibn  Yézid,  92. 

Afrique,  75. 

'Aïn  al-Djarr,  'Aïn  Gara,  40. 

Ainswoxth,  60. 

AiSouma,  60, 189. 

'Aki,  46,  57. 

'AxpoUoc,  25. 

Alains,  21,  72. 

Alep,  X,  7,  23,  59. 

Alexandre,  xxx,  1,  22,  84. 

Alexandrie,  xviii,  xxiv,  58,  84. 

'Ali,  XVI,  XVII. 

'Ali,  8.  —  V.  'Abbas. 

[Ibn]'Ali.V.  Saleh  et 'Abdallah. 

Amanus  (mt),  12. 

Amida,  x,  xxx,  4,  5,  1,  11,  14, 
18-20,  29,  41,  48-50,  58,  60, 
61,65,70,72,74,82,85,86, 

90,  92,  96,  172,  181,  187-189, 

194,  195. 
Amos,  52,  67, 146. 
'Ananites,  xx. 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES 


197 


Ânastase  II,  empereur,  11. 

Anastase  l'Éthiopien,  65,  66. 

Anastase,  moine,  xxx. 

Anath,  100. 

Ancienne  (égl.)  d'Édesse,  9,  23. 

Ani,  74. 

Anikia  (couv.  de),  xxiii. 

Anne,  24. 

Antéchrist,  108,  117. 

Anti-Liban,  40. 

Aniioche,  xiv,  xvi,  xviii,  xxiii, 

XXIV,  XXXIV,  3,  8-12j  21,  41, 

58,  59,  70,  83,  84. 
Antonin,  19. 
Antonin  le  Rhéteur,  xix. 
Anzeta,  56.  —  V.  Hanazit. 
Anzitène,  49. 
•Aouph,  48,  49. 
'Aph§in,  XXIV. 
Aphtonius  (couv.  de  Bar),  ix, 

XII. 

Apsimare  (Tibère-),  11. 
*Aqoula,  *Aqouléens,  4,  44,  55, 

72,  129,  147. 
[Beit]  *Arabayé,  182. 
Arabes,  4,  etc. 
Arade,  7. 
Aradzani,  12. 

Aram,  Araméens,  10,  92,  94. 
[Beit]  Aramoyé,  26. 
Arbèie,  45. 
Ardebil,  23. 
Arménie,    Arméniens,    xxxiv, 

6, 7,  23,  39,  51 ,  54  56,  75, 77, 

80,89,101,  102,163. 
Arménie  (Grande-),  74,  148. 
Arménie  1V«,  56,  103, 172. 
Arsacides,  74. 
[Beit]  Ar§am,  xxxi. 


Arsame,  Arsamosate,  89. 
Arsanias  (fl.),  12,  89. 
Arsidonie,  91. 
Ârtabas,  24,  25. 
Arzanène,  58,  85,  187. 
Arzoun,  49,  92, 172,  175. 
As,  6. 

[Ibn]  Asa*ad,72. 
Asie,  1,  3,  7. 
Asie-Mineure,  36. 
Asmosat,  Aâmou§at,  89. 
Assemani,  ix-xi,  xx,  xxix,xxxii, 

XXXIV,  3,  4,  7-11,  17,  18,  23, 

24,  27,  28,  30,  57-60,  64,  72, 

90,  96,  99,  102, 146. 
Assur,  Assyrie,  Assyriens,  1,  2, 

8,  43,  74,  79,  100,  109,  132, 

141. 
Athanase  I®',  patr.,  3,  4,  7. 
Athanase  II,  patr.,  10. 
Athanase  III,  patr.,  21,  41. 
Athanase  Sandalaja,  41,  58,  59. 
Athanase  (couv.  de  Mar),  61, 85. 
[Ibn  al-]Athir,  6. 
*Atliq,  27,  28. 
Al-Aaiz  (* Abdallah),  30. 

Baal,  190. 

Baalbeck,  xxv,  40. 

Ba*altan,  60. 

Babylone,  xx,  27, 

Bagdad,   xiv,   xvii,   xx,   xxiii, 

XXIV,  xxvii,  44,  87, 122,  124, 

141. 
[Beit]  Baïtan,  100,  108. 
Balad,  xxiii,  4,  122. 
[Beit]  Bala§,  23,  24. 
Balat,  49. 
Balik,  IX,  28. 


; 


L 


198 


DENYS  DE   TELL-MAHRÉ 


Balissus,  23. 
Balthazar,  97. 
Bar  Bahloul,  90. 
Barbalissus,  23. 
.Bar  Hébréus,  ix,  x,  xiii,  xvi, 

XXI,    XXIV,   XXVII-XXIX,  XXXIV, 

3,  4,711,21,  22,24,28,31, 
41.  44,  58-60,  72,  92,  186. 

Baronius,  4,  7. 

Barraya.  —  V.  Goubba. 

Basan,  75. 

Basile  (st),  144. 

Basile,  maphrian,  xii,  xv. 

Basile  (=  Lazare),  xx. 

BaëmourikSy  xxiii. 

[Al-]Batal(*Abdallah).25. 

Batna-Saroug,  7,  9.  V.  Saroug. 

Bedjan,  xxvi. 

Behnam  (Mar),  xxvi. 

Beit  *Arabayé;  —  Aramoyé;  — 
Arsam  ;  —  Baitan  ;  —  Bala§  ; 
—  Garmai  ;  —  Kéwila  ;  — 
Ma'ada;  —  Nouhadra;  —  Qi- 
douna  ;  —  Rama  ;  —  Sammar  ; 
Tahoumê;  —  Zabé.  —  V.  le 
deuxième  vocable. 

Belahdori,  6. 

Bélier.  63. 

Beni-Hasem,  39. 

Bernsteîn,  30. 

Besmé  —  V.  Tell-Besm6. 

Béthanie,  16. 

Bezold,  XXX. 

Biniaie,  xxiii. 

Bir  Koum,  xxin. 

Bithvnie,  36. 

Bizona  (couv.  de),  xiii. 

[Ibn]  Boctari,  49. 

Boçra,  129. 


Boraïka,  46,  49,  55. 
Bsammyrites,  xxiii. 
Budge,  XXX. 

Byamitea^  Byrmades,  xxiii. 
Byzance,  4.  V.  Constantinople. 

Çabib.  —  V.  Çalih. 

Çabya  (mt),  49,  56,  187. 

Caïn,  150. 

Caïphe,  154. 

Çaliba  (couv.  de  Mar),  186. 

Çalih  Ibn  Çabih,  55. 

Callinice,  ix,  xii-xvii,  xxviii,  24, 

28.58,60,61,64,70,82,99, 

101, 108, 189. 
Camp  des  Perses,  xviii. 
Cappadoce,  4,  13,  24,  36,  67. 
Cardos  (mts),  71. 
Caspiennes  (Portes),  21. 
Castrum/erreum,  24. 
Caucase,  21,23. 
Cedrenus,  6. 
Cellarius,  89. 

Césarée  de  Cappadoce,  24,  77. 
Césarée  de  Palestine,  6. 
Cbalcédoine,  43. 
Chaldéens,  45. 
Chypre,  7. 
Cilicie,  xxvii,  36. 
Circésium,  xv,  23,  60. 
Çofa,  9. 
Coluc,  18. 
Constant  II,  8,  9. 
Constantin  P',  xxx,  xxxi,  xxxin, 

1. 
Constantin  (Héraclius-),  8. 
Constantin  (=  Constant  II), 

8,9. 
Constantin  III  Pogonat,  9, 11. 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES 


199 


Constantin  IV  Copronyme,  24, 

25,  28,  55,  56. 
Constantin,  général,  24. 
Constantin,  év.  d*Ëdesse,  18, 41. 

Constantin,  év.  de  Samosate,  41, 

58,  60,  61,  70,  90. 
Constantinople,xxvn,  12,24,84* 
Cosme,  év.  d'Amida,  18, 19,  41. 
Covaic,  X. 

Croix  (couv.  de  la),  186. 
Cureton,  xxxi. 

Cyriaque,  patr.  d'Antioche,  xi. 
Cyriaque,  év.  d'Amida,  4,  5. 
Cyriaque,  év.  de  Dara  (?),  122. 
Cyriaque,  év.  d'Édesse,  7  9. 
Cyriaque,  év.  du  Tour  *Abdin, 

60, 122  {?). 
Cyrrhus,  xi,  xiv,  xvii. 
Cyrus,  30. 

[Bar]  Dadai.  —  V.  Jean. 

Dahaq,  42. 

Daiçan,  29. 

Dakoum.  —  V.  Tell-Dakoum. 

Damas,  xvi,  xxin,  xxiv,  40,  41. 

Daniel,  prophète,  108,  117,  124. 

Daniel,  év.  d'Édesse,  9. 

Daniel,  moine,  xxiii. 

Daniel,  juif,  xx. 

Dara,  xv,  xxvni,  xxix,  6,  18, 
20,  55,  58,  60, 70,  87-90,  120, 
122, 147. 

Dasen,  146. 

David,  psalmiste,  149, 151, 155, 
190. 

David,  maphrian,  xxvii. 

David,  év.  de  Dara,  antipatriar- 
che, 58,60,68,87-90, 122,147, 

David,  juif,  xx. 


Denha  I*',  patr.,  xv. 

Denys  de  Tell-Mahré,  ix,  x,  etc. 

Denys  (!«>•),  év.  de  Harran,  58, 

60,  86.  90. 
Denys  (II),  év.  de  Harran,  90. 
Deyrik,  58. 
Derbend,  21. 

Diarbekir,  7.  —  V.  Amida. 
DjaflFar,  97. 

Djarrah  Ibn  *  Abdallah,  22. 
Djézireh,  6. 
Djor  (Porte  de),  21. 
Dovin,  6. 
Dozy,  45,  103. 
Duchesne,  1. 
Duval,3,  6-8,  11,  18,29. 

Édesse,  x,  xviii,  xix,  1, 3,  4,6-9, 
11,14,15,18,  29,  30,41,49, 
58,60,61,64-66.72,90,  116, 
138,  192. 

Édesse  (montagne  d'),  6i. 

Egypte,  Égyptiens,  xvii-xix, 
xxni-xxvi,  8,  26,  43,  52,  75, 
84. 

Elias,  patr.  d'Antioche,  11,  14, 
Is.  21. 

Elias,  év.  d'Édesse,  90. 

Elias,  év.  de  Singar,  60. 

Éiie,  prophète,  19. 

Elisée,  21. 

Éioul,  village,  47. 

Émèse,  41,  60. 

Kphèse,  XXXI,  1. 

Erzeroum,  82.  —  V.  Qaliqala. 

Ésaù,  167. 

Esdras,  49. 

Etienne,  fils  de  Paul,  48,  49,  55. 

Etienne,  év.  de  Ilaboura,  60, 90. 


200 


DENYS    DE   TELL-MAHRÉ 


Euphrate,  xv,  4,  7,  12,  23,  24, 
26,  28,  40.  44,  45,  59,  60,  74. 
Eusèbe,  XXX,  1. 
Eusebona  (couv.  d'),  xvi. 
Eutal,  Eutélius,  xxx,  86. 
Eutbonius,  xii. 
Eutychius,  xxiii. 
Eù^rJ'cai,  194. 
Eve,  00. 
Ezéchias,  75. 

Gaba,  100. 

Gabaath  deSaul,  100,  108. 

Gabita,  6. 

Gabriel;  év.  d'Édesse,  11. 

Galatie,  36. 

[•Aïn]  Gara,  40. 

Gamach,  74. 

[Beil]  Garraaï,  146. 

Garperd,  74. 

Géants,  95. 

Gédéon,  190. 

Geizer,  xxxi. 

Georges,  patr.d'Antioche,  59-61, 

64,  68,  70.  83-89,  147. 
Georges,  chorév.  d'Amida,  xxx. 
Georges,  préfet,4 . 
Georges,  moi  ne,  96. 
Gifné,  138. 
Girah,  22. 
Goeje  (de),  6. 

Goubba-Barraya,  xi,  xiv,  xvi. 
Gomorrhe,  119, 149.  i 

Graffin,  xxxiv.  | 

Grégoire,  patr.  d'Antioche,  x.       \ 
Grégoire,  49.  I 

Grégoire  de  Naziance  (si),  xix. 
Guidi,  xxx,  XXXII,  xxxiv,  24, 60. 
Gutscbmid,  xxxi. 


Habacuc,  45,  163, 185. 

Habib,  général,  8. 

Habib,  év.  d'Édesse,  11,  14-16, 
18. 

Habib  (couv.  de  Mar),  58,  85. 

Habil  (couv.  de  Mar).  15. 

Haboura  (11.),  xv,  60. 

Haboura,  60,  61,  63,  90. 

Hadjadj,  30. 

Hagar,  10. 

H  ah,  186. 

Haïbari,  42. 

llallier,  xxxiv. 

H  ara,  49. 

Harab,  84. 

Harbaz,  86. 

Harew,  84. 

Hanazif,  49,  56. 

Hani,  24. 

Hani,  86,  119. 

Harourites,  27,  42,  46. 

Harran,  4,  14,  18.30,41,42,49, 
55,  58-60,  68,  69,  86,  87,  89, 
90,  99,  103, 122, 192. 

llasem,  39. 

Hassan  Ibn  Qa'ataba,  72. 

Hassen,  8. 

Hasya,  Hassieh,  xv. 

Haza,  146. 

Hazro,  48. 

Héli,71. 

Héliopolis,  XXV. 

Héraclée,  x. 

Héraclius,  4-6,  8,  96. 

Hérat,  84. 

Hesmi  (couv.),  50. 

Hiérapolis,  7. 

Hini,  86. 

Hins-Maslainah,  ix. 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES 


201 


Hirla  Naamensis,  4. 

Hisam,  18, 22-24,  27-30, 32, 39, 

40,  75,  97. 
Hoffmann,  ix,  58, 60,  146,  147. 
Homs,  XVI. 
Hossain,  8. 
[Ibn]  Houbeïra,  45. 
Huns,  21. 

Ibérie,  Ibériens,  21,  49. 

Ibn [Les  noms  commençant 

par  Ibn  sont  placés  sous  le 
vocable  qui  suit  ce  mot]. 

Ibrahim,  30,  40. 

Inde,  75. 

Iraq  *Arabi,  24. 

Isaac,  patr.  d'Antioche,  58,  59. 

Isaac  de  Ninive,  xxvi. 

Isaî  (Jessé),  91. 

Isaîe,  40, 108, 132, 155, 166, 168, 
182,  185,  188-190. 

Israël,  Israélites,  26,  27, 123. 

Izala(mt),  42. 

Jacob,  145. 

Jacques,  patr.  d'Alex.,  xvni. 

Jacques  d'Édesse,  x,  1,  4,  7,  9. 

Jacques  le  Juif,  4. 

Jané,  év.  de  Téla,  90. 

Jean  (st),  apôtre,  124. 

Jean  I*»",  patr.  d'AntiochC;  7. 

Jean  II,  patr.  d'Antioche,41, 58. 

JeanIII,patr.d'Antioche,xxviH. 

Jean,  év.  des  Arabes,  4,  7. 

Jean  d'Asie,  xxxi,  xxxii,  1,  3,  7. 

Jean,  év.  de  Callinice,  61,  64, 

70,  83-85. 
Jean,év.  de  Dara,  xxviii,  xxix. 
Jean-Baptiste  (égl.  de  St-),  7. 


Jean  Bar  Apbtonius,  ix,  xii. 

Jean  Bar  Dadaï,  47-49,  55, 56. 

Jean,  moine,  xv. 

Jean,  moine,  60. 

Jérémie,  xxv,  31,  32,  39,  56, 

136,  140,  157,  158,  162.  168, 

171.  173,  175,  181,183,185, 

188. 
Jérusalem,  4,  31,  32,  100,  101, 

108,122,140.158,179,  183. 
Job,  76.  164. 
Joël,  44,  106,  188,  190. 
Jonas,  4. 
Jonas,  év.   de  Beit-Nouhadra, 

60.  147. 
Joseph,  xxv. 

Joseph,  patr.  d'Alexandrie,  xxiv. 
Josèphe  (Flavius),  xxx. 
Josué  le  Stylite,  xxxi,  49,  90. 
Juda,  158.  183- 
Judas  Iscariote,  58,  97, 118. 
Jules  Africain,  xxx. 
Julien  I®',  patr.  d'Antioche,  x,  3. 
Julien  II,  patr.  d'Antioche,  10, 

11. 
Julien,  150. 

Justin  II,  XXXI,  xxxii,  1. 
Justinien  I«^  1. 
Justinien  (=  Justin  II),  3, 11. 
Justinien  II,  11. 
Justinien  IV  (inconnu),  3. 

Kaisoum,  x-xii,  xxiii. 

Kepher  Touta,  xv,  101. 

Kermé,  60,  147. 

[Beit]  Kéwila,  71. 

Khalil  Ibn  Zadan,  106,  193. 

Kharpert,  74. 

Khazares,  21,  23,  72.  99. 


202 


DENYS    DE   TELL-MAHRK 


Khoraçan,  43,  62,  84. 
Koka,  146. 
KoniSapor,  146. 
Kosroès  11^  3. 
Koufa,  44. 
Koufites,  72. 
Kouâan,  56,  57, 102. 
Kousanites,  72. 

Land,  xxxii,  7,  26,  60. 

Langlois,  23. 

Lazare,  16. 

Lazare  (couv.  de  Mar),  50. 

Lazare   Bar   Sabhtha,   év.   de 

Bagdad,  xx,  xxi,  xxxiii. 
Lazare,  périodeute,  xxx. 
Lazare,  juge,  xxiii. 
Lazare,  esclave,  xxii. 
Lebeau,  10. 
Lée,  xxxiv. 

Léon  (ÏIÏ),  12-14,  24,  25,  28. 
Léonce,  11. 
Lequien,  xxiii. 
Liban,  Isf,  40,  163,  185. 
Lycaonie,  36. 
Lysinie,  36. 
[Beit]  Ma'ada,  49,  50. 
Mabdoul,  189. 
Maboug,  7,  43,  59. 
MaMéens.  146.  160. 
Maipherkat,  41,  46-49,  55,  58, 

59.92,172,175,187,195. 
Makmas,  100,  108. 
McVmoun  (al-),  xv,  xvii,  xx-xxiv, 

xxvii. 
Manichéens,  68-70. 
Mansour  (al-),  55, 97.—  V.  *Abd- 

allah. 
Maraq,  28,  29. 


Marga,  30,  60, 146. 
Marda.  — V.  Mardin. 
Mardas,  18. 
Mardin,  xi,  26,  58,  60,  70,  90, 

101,  105,  106. 
Marie  (couv.  de  Ste-)»  xxix. 
Marouta,  120. 
Mars  (planète),  63. 
Martin  (P.),  xxxii,  xxxiv. 
Marwan.  —  V.  Merwan. 
Masé  (n.i,  62. 

MaSka  (Bar  ).  —  V.  Sévère. 
Masius,  62. 

Maslamah,  11-14,  21,  23,  34. 
Masrita  (Tell-),  42. 
Mattaï  (couv.  de  Mar),  xii,  xxvi, 

97.  117. 
Matthieu  (st),  xxvi. 
Matthieu,  év.  d'Alep,  7. 
Maures,  75,  99. 
Maurice,  3. 
Maurice,  3,  4. 

Maupocpopot,  43. 
Maurus  (mt),  12. 
Mèdes,  Médie,  72,  75,  99. 
Méditerranée,  xviii. 
Mélèce,  patr.,  84. 
Mélik  Ibn  Sébib,  25. 
Mélik  Ibn  Touf,  80. 
Mélitène,  12,  25, 55,  67,  80. 
Mère  de  Dieu  (égl.  de  la),  43. 
Mère  de  Dieu  (couv.  de  la),  64. 
Merwan  I»"*,  9. 

Merwan  (il)  Ibn  Mohammed, 
23,  39-42.  45.  56,  75,  97. 

[Ibn]  Merwan.  —  V.  ^Abdallah. 

Mésopotamie,  x-xii,  xiv,  xviii, 
XXVI,  XXIX,  6,  8,  15,  26,  28. 
30,  40-42,  46,  56,  58,  61-64. 


TABLE   DES   NOMS    PROPRES 


203 


67,  68,  70,  80,  82-84,  87,  89, 

92,  98-103, 107-109, 116,  119- 
121,  124,  127,  141,  161,  176, 
177,  189,  194. 

Messaliens,  194. 

MessouadU  45. 
Michée,  67,  154,  155. 
Michel  le  Grand,  23. 
Mikaël,  patr.  d^Âlex.,  58. 
Migas  (=  Miles),  50. 
Miles  (couv.  de  Mar),  50. 
Mo'awia  I®^,  7,  8. 
Mo*awia  II,  9. 
Mohammed,  4,  39, 129. 
Mohammed  Ibn  Tahir,  xvi-xix. 
Moïse,  26,  30,  52, 110, 128, 171. 

MoSSOUly  XV,  XXIII,  XXVI,  XXVII, 

28,40,45.55,60,72,88,  91- 

93,  97,  100,  117,  119,  122, 
141,  146,  161,  178,  186,192. 

[Ibn]  Mouç'ab.  —  V.  Mousa. 
Mourad-tchaï,  12,  74,  89. 
Mousa  Ibn  Mouç'ab,  91, 92, 100, 

110,  113,  122,  125,  127,  130. 

135.  136,  141,  146,  161-164, 

176,  192,  193. 
Moutaçiim  [al-],  xxvii. 
Moyse,  év.  de  Nisîbe,  xxix. 

Naham,  44,  168. 
Narsès,  général,  3. 
Narsanbad,  Narsibadié,  92. 
Nasr,  24. 

Nectaire,  patr.,  84. 
Néocésarée,  24. 
Nil,  xviii,  XXVI. 
Ninive,  xxvi,  1,  62. 
Ninus,  1. 
Nirba-Barzi,  30. 


Nisibe,  xv,  xix,  xxvii,  xxix,  11, 
28,  45,  72. 101, 108,  116.  186, 
192. 

No*aim  Ibn  Thabit,  40. 

Noé,  71. 

Noeldeke,  49,  84. 

Nonus,  archidiacre,  xix. 

[Beil]  Nouhadra,  60, 147. 

Nubie,  xxvii. 

Nubiens,  75. 

•Omar  (h^^),  6,  7,  10, 18. 

*Omar(II),  13,  14.17. 

Ophni,  71. 

Opsicium,  24. 

Osée,  167. 

'Otman,  khalife,  7,  8. 

*Otman,  émir,  xv. 

Ourtéens,  49,  51,54,57,  172. 

'OubeidalUh  Ibn  Boctari,  49. 

'Gubeidallah  Ibn  as-Sari,  xvn. 

Palestine,  4,  36, 138. 

Paphiagonie,  24. 

PaSpasat,  village,  47. 

Paul  (st),  apôtre,  70. 

Paul,  év.  de  Tagrit,  60, 90, 147. 

Paul,  arménien,  48,  55. 

Payne  Sraith,  xxxi,  61. 

Pelozonium,  24,  25. 

Perse,  75. 

Phalkat,  26. 

Pharaon.  123. 

Philiponos,  xix. 

Philippique,  empereur,  11. 

Philoxène,  év.  de  Bagdad,  xx. 

Philoxène,  év.  de  Nisibe,  xix, 

XX,  XXVII. 

Phinées,  71. 

Phis,  village,  46,  47. 


204 


DENYS  DE  TELL-MAHRÉ 


Phocas,  empereur,  3-5. 

Phrygie,  25. 

Pierre,  patr.  d*Anlioche,  3. 

Pilier  (monastère  du),  xiii. 

Pockoke,  XXIII. 

Pont,  24. 

Portes  Caspiennes,  21. 

Porte  de  Fer,  21. 

Porte  des  Turcs,  21,  22,  39. 

Procope,  hist.,7,  8. 

Procope,  général,  8. 

Putiphar,  xxv. 

[Ibn]  Qa*ataba.  —  V.  Hassan. 

Qaliqala,  80,  82. 

Qaliu,,  général,  28. 

Qaiouq,  18. 

Qamah,  74,  75, 96,  102. 

Qarqaphta  (couv.  de),  61,  84. 

Qartamin  (couv.  de),  xi,  41,  58, 

61,  90,  186. 
Qatara  (couv.  de),  49. 
Qen-Nésré  (couv .  de) ,  ix-xiii,  x  v, 

xxviii,  59,  60. 
[Boit]  Qidouna,  64. 
Qoqâ,  146. 
Qoré,  village,  30. 
Qoré  Ibn  Thabit,  46. 
Qoulab,  village,  46,  47. 
Qoubé  (couv.  de),  50. 

Rabsacès,  75. 
Radad,  80. 
[Er-]Rakkah,  ix,  28. 
Rama,  100, 108. 
[Beit]  Rama.  117. 
Razin,  138,  140, 172.  175. 
Renaudot,  xviii,  xxiv,  58. 
ReSmat  (couv.  de),  50. 


Rhodes,  xxv. 
Ri§an,  61. 
Ri§*aîn,  xx. 
Ritter,  x. 
Roboam,  57. 
Romains,  4,  etc. 
Rome,  84. 
Rouge  (mer),  36. 

Sabas,  év.  d'Amida,  41. 
[Bar]  Sabhtha,  20.  — V.  Lazare. 
Sabinus,  év.  de  Téla,  90. 
Sachau,  12. 
Sacy  (de),  xvii, 
[Al-]Saflfah.  —  V.  •Abdallah. 
Sagistan,  84. 
Saint-Martin,  xxxiv,  6,  21,  56, 

57,  71,  74,  82,  86,  89. 
Salah,  146. 
Saleh  Ibn  •Ali,  55. 
Salem,  55. 
Salomon,  108. 

Salqat  jfl.)»  81. 

[Beit]  Sammar,  26. 

Samarie,  109. 

Samosate,  x,  41,  58.  60,  61,70, 

90,  189. 
Samuel,  30, 171. 
Sandalaja.  —  V.  Athanase. 
Sanin,  Sanoun  (couv.),  50. 
Saqsaqi,  42. 
[Ibn  as-jSari,  xvii. 
Saroug,  xxviii,  7,  9,  10,  70. 
Saturne  (planète),  63. 
Saùl,  100,  108. 
Scété,  xxix. 
Scythes,  90. 
[Ibn]  Sébib,  25. 
Séleucie-Ctésiphon,  26, 146, 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES 


205 


Sénad,  72. 
Sennacbérib,  75. 
Sergius,  général,  74. 
Sergouna,  év.  de  Mardin,  58, 
60,  70,  90. 

Sergouna,  év.   de  Tell-Besmé, 
85. 

Sévère  le  Grand,  patr.  d'Antio- 

che,  XVIII. 
Sévère  Bar  Maâka,  patr.,  9,  10. 
Sévère  (I«r)^  ^y.  d'Amida,  41. 
Sévère  (II),  év.  d'Amida,  41,  58, 

70,  85. 
Sévère,  év.  d'Édesse,  3,  7. 
Siegfried,  xxxi. 
Siffin,  9. 

Sigara,  Singara,  28,  60, 118. 
Silas  (couv.  de  Mar),  xxviii,  10, 

11. 

Siméon  (st)  le  Stylite,  xvi. 
Siméon ,    anti patriarche ,     xvi , 
xvii,  XX vu. 

Siméon  de  Beit-Ar5am,  xxxi. 
Siméon,  év.  d'Édesse,  7,  64-66. 
Siméon,  év.  de  Harran,  4,  14, 
18,  41. 

Sindh,  Sindhiens,  72,  75,  99. 

Sion(=  Jérusalem),  56, 100, 132, 
163. 

XxtpToc,  29. 

Socrate,  hist.,  xxxi,  1. 
Sodome,  19,  71,  119,149. 
Soliman,  1,  13,40. 
Soliman  Ibn  Hisam,  24. 
Sophène.  26,  74,  102. 
Sophonie,  139. 
Souda,  47. 
Suniiœj  4. 
Synada,  25. 


Syrie,  x,  xii,xv,xvi,  xxiii,  xxvii, 
8,  14,  51,  54,  77,  80. 

Taalabenses  (=Taglibites),  4. 

Taglibites,  146,  160. 

Tagrit,  xii,  xv,  xxi,  xxin,  xxvi, 

xxvii,  8,  60,  88,  90,  117,  147. 
[Ibn]  Tahir.  —  V.  ^Abdallah  et 

Mohammed. 
[Beit]  Tahoumé,  71. 
Tanis,  xvni,  xix. 
Tarmel,  20. 
Tarmil-Raba,  20. 
Taurus  (mt),  49. 
Téla,  11,18,49,90,192. 
Téléda,  xv. 
Tell-Be§mé,  58,  85. 
Tell-Dakoum,  19,  72,  86. 
Tell-Mahré,  ix,  xlii. 
Tell-Maârila,  42. 
Tell  el-Menahir,  xlii. 
Térek,  21. 

Thabit  Ibn  No*aïm,  40. 
[Ibn]  Thabit  (No'aïm),  40. 
[Ibn]  Thabit  (Qoré),  46. 
Théodore,  patr.  d'Antioche,  8, 9. 
Théodore,  év.  de  Cailinice,  xiv. 
Théodore,  év.  d'Édesse,  xix. 
Théodore,  év.  de  Kaisoum,  xii. 
Théodore,  fils  de  Merwan,  4. 
Théodore,  frère  d'Héraclius,  6. 
Théodore  le  Reddounien,  7. 
Théodose,  13. 
Théodose  le  Jeune,  xxx,  1. 
Théodose,  fils  de  Maurice,  3. 
Théodote,  é  v.  d'Amida,  11,14,18. 
Théophanes,  3,  5,  6,  8-10,  18, 

23-25,  29,  43,  55,  72,  74. 
Théophylacte,  3. 


206 


DENYS   DK   TELL-MAHRÉ 


Thilaticomum,  19. 
Thomas,  maphrian,  xxvii. 
Thomas,  év.  d'Amida,  5,  7, 11. 
Thomas  d'Héraclée,  x. 
Thomas,  archidiacre,  96. 
Thomas  le  Stylite,  11,  18. 
Thomas  (égl.  de  Mar),  59. 
Tibériade,  xx. 
Tibère-César,  3. 
Tibère-Apsimare,  11. 
Tiflis,  21. 
Tigre,  xxiii,  28.  29,  51,  60.  71, 

72,82,  122. 
Ti§pa.  49. 

Timothée,  patr.  d'Alex.,  84. 
Timothée,  év.  d'Édesse,  58,  60, 

61,  64. 
[Ibn]  Touf  (Mélik),  80. 
TouDou, 13. 

Tour'Abdin,  60,  72,  119. 186. 
Toutis.  172. 
Tripoli  de  Syrie,  8. 
Tuch,  62. 

Tullberg,  xxix,  xxxi,  xxxiii. 
Turcs,  21-23,  39,  72. 
Turquie,  138. 
Tyane,  13. 
Tzour  (Porte  de),  21. 

Valentin,  patrice,  6. 
[Ibn]  Wahab,  67. 
Walid  (1^0, 10,  11. 
Walid(II),  30,39,40. 
Weil,  XV,  XXIV,  XXVII,  22,  25, 
30,  40,  42,  45,  62,  101. 


Wright,  X,  XIX,  xx,  xxvik-xxxii, 

1,  3,  11,  28,  49. 
Wûstenfeld,  xvii,  xxiv. 

Yâdh,  6. 

Yakoul,  6,  28,  42,  45. 

Yiikoub,  42. 

Yaqoub  (couv.  de  Mar),  xiii,  xx. 

Yézid  Ibn  Mo*awia,  8. 

Yézid  (!«'•),  9. 

Yézid  (II),  17,  18. 

Yézid  (III),  30.  40.  41. 

[Ibn]  Yézid  (Adam),  92. 

Zab,  45,  60. 

[Beit]  Zabé,  45. 

Zacharie,  év.  d'Édesse,  66,  90. 

Zachée,  év.  de  Kerma,  60.  147. 

Zachée  (couv.   de  Mar).  xiv, 

XXVIII. 

[Ibn]  Zadan.  —  V.  Khalil. 

Zaïd,  90. 

Zaïd  (forteresse  de),  74. 

Zaita.  Zeita,  23. 

Zeinan,  év.  de  Kerma,  147. 

Zeitoun,  23. 

Zo*ara(Mar),  118,  119. 

Zo*ara  (église  de  Mar).  7. 

Zo*ara,  moine,  97. 

Zobaïri,  9. 

Zohaïr,  28. 

Zouqenin  (couv.  de),  x,  xxx,  7, 

41.  54,  58,  65.  85,  86,  90. 
Zozime,  23. 


CHAL0N-8UR-8A0NB,  IMP.  FRANÇAISE  lîT  ORIENTALE  DE  L.  MARCEAU. 


CHRONIQUE 


DE 


DÈNYS  DE  TELL  MAHRÉ 


QUATRIÈME    PARTIE 


PUBLIEE  ET  TRADUITE  PAR 

J..B.    CHABOT 


TEXTE    SYRIAQUE 


PARIS 

LIBRAIRIE  EMILE  BOUILLON,  ÉDITEUR 

6*7,   RUE  DE  RICHELIEU,   AD  PREMIER 

1895 


PREFACE. 


Dans  rintroduction  que  nous  avons  mise  en  tète  de 
notre  traduction  française  de  cet  ouvrage  nous  avons 
parlé  de  la  vie  et  des  œuvres  de  Denys  de  Tell  Mahré, 
et  nous  avons  donné  une  description  sommaire  du  ma- 
nuscrit GLXII  de  la  bibliothèque  Vaticane,  d'après  lequel 
nous  publions  le  texte  de  cet  auleur. 

Il  nous  reste,  pour  compléter  notre  travail,  à  faire 
ici  quelques  observations  de  détail  qui  concernent  plus 
particulièrement  le  texte  syriaque  de  la  Chronique. 


I 


Le  ras.,  avons-nous  dit,  se  compose  présentement 
de  17/1  feuillets.  La  quatrième  section  de  la  Chronique, 
précédée  de  la  préface  mise  par  Denys  en  tête  de  la 
partie  originale  de  son  œuvre,  commence  au  verso  du 
fol.  isâ  et  occupe  la  fin  du  codex (^). 

Mais  le  volume  présente  plusieurs  défectuosités.  La 
foliation  actuelle ,  que  nous  reproduisons  en  marge  de 
notre  édition,  est  moderne  et  ne  correspond  nulle- 
ment à  Tétat  primitif  du  ms.  Celui-ci  était  composé  de 
cahiers  de  huit  et  de  dix  feuillets.  Cette  divergence  ne 


(») 


Jasquau  fol.  isa,  le  manuscrit  est  un  palimpseste  copte,  ce  qui 
rend  ]a  lecture  des  premières  parties  de  notre  Chronique  assez  difficile. 


A 
mraiveaiK  jiATiosiAfci. 


permet  pas  de  déterminer  avec  certitude  combien  de 
pages  ont  disparu.  Les  cahiers  sont  numérotés  au  pre- 
mier feuiliet.  ^ 

Au  fol.  i3â  commence  le  cahier  16  [a«].  Le  ms. 
peut  donc  avoir  perdu,  dans  la  partie  qui  précède,  jus- 
qu'à dix-huit  feuillets.  Le  cahier  16  a  huit  feuillets 
seulement  et  paraît  complet.  Le  texte  du  moins  n'in- 
dique pas  de  lacune. 

Le  fol.  1/10  est  marqué  ^  [^9] y  ce  qui  donne  à 
entendre  que  deux  cahiers  entiers  []L  et  «mu],  soit  de 
3a  à  lio  pages,  ont  disparu.  Jai  omis  de  noter  cette 
lacune  dans  le  texte  [p.  ^].  Elle  avait  d'abord  échappé 
à  mon  attention,  le  fol.  189  terminant  régulièrement 
un  chapitre  et  le  fol.  i/io  en  commençant  un  autre. 

Le  foL  i5o  a  est  marqué  Jb  [21];  mais  c'est  là  une 
erreur  due  à  la  simple  transposition  d'un  cahier.  La 
signature^  [20] se  retrouve  au  fol.  160.  J'ai  rétabli  le 
texte  dans  son  ordre  naturel.  Il  était  d'ailleurs  indiqué 
en  dehors  de  la  pagination,  par  la  citation  biblique 
terminant  le  fol.  iSg,  dernier  du  cahier  âi,  qui  se 
trouve  brusquement  coupée  au  milieu  d'une  phrase  et 
continue  au  fol.  170,  premier  du  cahier  «£kd  [ââ].  Cf. 
pp.  o^niD,  w-i-o,  *aoi. 

Le  cahier  «£kd ,  actuellement  le  dernier  du  ms. ,  ne 
comprend  plus  que  cinq  feuillets  [170-17/1],  encore 
n  est-il  pas  certain  que  les  trois  derniers  lui  appar- 
tiennent. Les  fol.  170  et  171  étaient  bien  les  deux 
premiers  de  ce  cahier;  mais  les  trois  autres  appartenaient 
peut-être  au  cahier  suivant.  Denys  a  annoncé  qu'il  par- 
lerait de  trois  années  de  calamités.  Le  récit  des  mal- 


m 


heurs  de  ia  première  et  de  la  deuxième  année  occupe , 
pour  chacune ,  environ  dix  feuillets.  [Cf.  pp.  o:»jd  ,  ^a^]. 
Il  est  à  croire  que  le  cahier  «^o  ne  suffisait  pas  pour  la 
narration  de  la  fin  des  calamités  de  la  deuxième  et  de 
toutes  celles  de  la  troisième  année  [1086  des  Grecs], 
à  laquelle  sarrètait  la  Chronique.  Une  phrase  de  la 
page  ^i  [1. 1-3]  donne  à  entendre  que  le  récit  se  rap-r 
porte  à  cette  dernière  année.  11  est  certain  en  tous  cas  que 
le  fol.  17Û  doit  se  lire  avant  les  fol.  172-178.  L'énumé- 
ration  des  titres  de  chapitres  [)J^A.t  li^UA.,  p.  i^j»),  17; 
et  |4-«a^t  Jl  ">>■•  ,  p.  «i^f,  7]  ne  peut  laisser  aucun 
doute  à  cet  égard.  Nous  avons  donc  cru  devoir  rétablir 
Tordre  primitif  dans  notre  édition  (^). 

Mais  en  aucun  endroit  nous  ne  nous  sommes  permis 
de  transposer  le  texte  pour  rétablir  l'ordre  chronologique 
comme  la  fait  Assemani  dans  son  analyse (^). 

II 

Wnght  écrivait  il  y  a  une  dizaine  d  années  qu  on  ne 
pourrait  apprécier  comme  il  convient  le  mérite  de  Denys 
qu'après  la  publication  de  sa  Chronique  ^^K 

^'^  Je  pense  qa*ii  y  a  encore  au  fol.  167  a ^  une  l^re  transposition 
due  à  une  erreur  de  copiste  qui  a  probablement  introduit  dans  ie  texte 
deux  notes  marginales  en  intervertissant  leur  ordre  respectif.  Notre  édi- 
tion [p.  wf,  1.  i5-9o]  suit  exactement  le  texte,  mais  il  semble  quil 

serait  plus  naturel  de  lire,  I.   i5  :  »i»Hf  ^f  a^oi  M^Uf  olwt 

^0  «»|o.  ^AÎh,  et  de  reporter  les  mots  .md^UL  ^t  MJtoo  à  la  ligne  19 
après  |f«»  l^^ot,  ou  mieux  encore  à  la  ligne  90  après  ||f^. 

(*^  Voir  rintroduction  qui  pré^de  notre  traduction  française ,  p.  xxxiv. 

'^^^  Syrtac  Literature,  \'*  édition.  Eneyclop.  BriUmn.,  XXII,  SAS. 


ceux  surtout  dans  lesquels  plusieurs  des  lettres  dont 
nous  venons  de  parler  sont  groupées  ensemble,  ne  saurait 
être  absolument  garantie.  Nous  signalerons  en  particulier 
les  suivants  : 

JUifo&bid  [lL9  7,  i3,  19]  peut  aussi  se  lire  JU«ic£^3 
et  JLio^^kd  ou  JL^icûkd.  —  J^.*:^.»  [^  a]  pourrait  ma- 
tériellement n'être  autre  chose  que  radjectif  indéfini 
).  Le  contexte  toutefois  exige  un  nom  propre.  — 
[<ma,  â/i]  doit  évidemment  être  corrigé  en  v^*. 
[Cf.^  16,  ao;  )ftdO  28].  — Le  nom  de  l'évêque  de  Téla 
yo*  [jUD  10,  17]  pourrait  se  lire  ^^^  (chez  notre  auteur 
pour  Mi^oj).  J'ai  préféré,  après  Âssémani,  la  première 
lecture  qui  n  est  pas  insolite.  (Cf.  BibL  or.,  I,  Û67).  — 
yâi  [yi^Ao  q4]  et  ^1  [t%^  ilx]  désignent  probablement 
le  même  personnage,  et  il  faut  adopter  Tune  ou  l'autre 
leçon  pour  les  deux  passages,  «^di  doit  être  préféré,  car 
la  lecture  ^1  est  incertaine,  d'après  Tétiit  du  ms.  en 
cet  endroit. 

L'écriture  au  verso  du  fol.  i56  est  en  grande  partie 
effacée.  Nous  avons  reproduit  [  pp.  li  -  oi]  ce  qu'on  en 
peut  lire  et  nous  avons  restitué  de  notre  mieux,  d'après 
leurs  vestiges,  un  certain  nombre  de  mots.  Ces  resti- 
tutions sont  placées  entre  deux  traits  verticaux,  1 1 . 
Quant  au  verso  du  fol.  17/1,  actuellement  le  dernier 
du  manuscrit,  il  est  presque  entièrement  illisible.  Nous 
avons  dd  nous  borner  à  en  résumer  le  sens  d'après  ce 
qu'on  en  peut  déchiffrer  ["^i]. 

Puisque  je  parle  de  l'état  matériel  du  manuscrit,  je 
ferai  encore  observer  qu'il  n'a  point  les  alinéas  que  j'ai 
cru  utile  d'introduire  dans  le  texte. 


Vil 


Gomme  Ta vait  déjà  fait  remarquer  TuUberg,  les  points 
diacritiques  et  les  signes  de  ponctuation  ont  été,  pour 
la  plupart,  ajoutés  postérieurement  et  d'une  manière 
irrégulière.  A  mesure  qu'on  avance,  ces  signes  de- 
viennent déplus  en  plus  rares,  et,  vers  la  fin  du  volume, 
on  n'en  rencontre  presque  plus  aucun.  Nous  n'avons 
pas  cru  devoir  en  tenir  compte  habituellement,  et  nous 
avons  ponctué  le  teite  d'après  le  sens  de  la  phrase. 

L'usage  du  ribbui  n'est  pas  moins  inconstant  que  celui 
du  point  diacritique.  Nous  l'avons  partout  ajouté  sur 
les  noms  de  nombre,  lorsqu'il  ne  s'y  trouvait  pas. 

Nous  avons  voulu  toutefois  donner  un  spécimen  de 
la  ponctuation  du  manuscrit.  Jusqu'à  la  page  o,  1.  la, 
notre  texte  reproduit  exactement  tous  les  signes  qui  se 
trouvent  dans  ce  dernier. 

Le  quadruple  point  final  [♦]  ne  sert  pas  seulement, 
dans  le  manuscrit  original,  à  marquer  la  fin  des  phrases, 
mais  aussi  à  mettre  en  évidence  les  noms  propres  (voir 
les  exemples  que  nous  avons  conservés,  pp.  qlo  i-3; 
ohd  âi-a/i)  et  les  passages  bibliques  dont  il  marque 
parfois  le  commencement  et  la  fin. 

Le  ms.,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  insinué,  porte  un  certain 
nombre  de  corrections  postérieures.  Les  unes  sont  dans 
le  texte  même.  Elles  paraissent  être  de  la  main  d'Assé- 
mani.  L'addition  du  o  final  après  la  3®  pers.  masc.  plur. 
du  parfait  (cf.  ci-après,  p.  x)  en  constitue  la  majeure 
partie.  Je  les  ai  toutes  introduites  dans  mon  texte  en  les 
plaçant  entre  crochets,  et  je  les  ai  conservées  alpins  même 
qu'elles  ne  semblaient  pas  justifiées,  comme  par  exemple  : 


B. 


--!-»•(    VIII    )•« 

On  trouve  aussi,  ajoutées  à  la  «marge,  un  certain 
nombre  d additions,  qui  paraissent  être  de  la  main  du 
copiste  lui-même.  Ce  sont  le  plus  souvent  des  mots  omis 
dans  le  texte  et  que  nous  avons  insérés  à  leurs  places 
respectives  en  les  plaçant  entre  parenthèses  (). 

Ënfm  nous  avons  dd  quelquefois,  pour  compléter  le 
sens,  ajouter  de  nous-même  certains  motsW  que  nous 
avons  placés  entre  doubles  crochets  [()]  pour  les  dis- 
tinguer des  corrections  d'Assémani  [],  et  des  additions 
marginales  (). 


IV 


Sans  vouloir  transformer  cette  préface  en  un  commen- 
taire philologique,  je  me  crois  cependant  obligé  de 
donner  quelques  explications  sur  certains  mots  et  de 
signaler  quelques-unes  des  nombreuses  fautes  de  co- 
piste et  des  non  moins  nombreuses  anomalies  dont  j'ai 
parlé  plus  haut. 

On  peut  faire  remarquer  tout  d'abord  que  l'auteur 
n'observe  pas  une  orthographe  constante  pour  les  mêmes 
mots.  Ainsi  il  écrit  indifféremment  «^|  [y»«o  aa]  et 
^^1  [aA>  6);.tt..jïul|[aA>/i]et.mjL|[jL»i6];  iUw^ 
[l  i]  et  UL-^fo»  [o  lo];  ^^Ti  [U!LO  16,  ao]  et  ^^^^^^^^ 
[«^  10];  JLttTod  et  JLro^  [[]  ^^'  ^^1^  IIo-^jd  et 
llo.^  [^^  3,  16];  1;^  [^  23]  et  )^)li  [h  5]; 
)wi-^  et);--^  [.^  1,  i/i];  HJb  et  )w>  [^^^^  5,  6]; 


^*)  Le  titre  a  également  été  ajouté  par  nous.  Dans  le  manuscrit  le 
texte  de  ia  préface  fiiit  suite  h  la  troisième  partie  de  la  Chronique  sans 
aucune  interruption. 


jvirtxin  et  JL^dIoo  [id  5,  7  ]  ;'^«£»f oao^^md)  et  «moWMuoaa) 
[^  7,  i3];»Uaô][|ît'99]  et  uoei^ad  [o  9];  )La.iw 
[^  i3]  etjla^fo^  [jbo  1];  l2i^  et  iJbSfe.,  plur. 
et  ^^«âi^  [01  10,  11];  lu^l  [^li^  1]  et  h   >»v 


-  ? 


[j^kjD  i5],  et  peut-être  );m|  [jl»  18],  piur.- Jliç 
et  JLi«.oo|  [f^9  8];  etc. 

Dans  les  noms  ^transcrits  du  grec,  l'emploi  du  o  et 
du  *•  est  aussi  très  inconstant,  comme  d'ailleurs  chez 
tousTlesT auteurs.  On  trouve  indifféremment  les  formes 
JJÇifim?») ,  idoi^AftAd)  et  plus  souvent  Jl9inm>ff»)  ;  .mniN^ , 
■mn^iVf»  ["^^9  â]  et  >ffKiniVg>  [im.^  1 1],  etc. 

Il  faut  attribuer  à  des  fautes  de  copiste  des  leçons 
telles  que  :  J^^^aL  [t  19]  pour  J^^^aI);  JL 
[ou»  âo]  pour  JLidofi;  *»o»adoo»  [«^m^  i3]  pour 
^eio^doo*;  "^^  [-*^  23]  pour  JU;  odi^^  [cia«  5] 
pour«oo;^Ld;  ^t^i^  [*^  ?]  P^^^  \f^r^f^9  ^/rtvnm 
[)Ld  6]  pour  ^Nom;  |J(<mm»j  [f^  7]  pour  i^»|lMll^;  etc. 
De  même,  «m^^ao  [oj  8]  pour  «fiâ^.,00  (voir  la  note, 
traduct.,p.  5o),'^^[*ao  19,^^*  gjpour '^^,  y^^) 
[m  16]  pour  J^»^),  s'expliquent  facilement  par  la  con- 
fusion des  lettres  s^,^  et^.  Par  une  confusion  ana- 
logue, au  lieu  de  :  K««^[<^9  20]  le  manuscrit  porte 
JKC^.  La  leçon  ?—l)  [*  2 1]  pour  j-jl)  vient  aussi  pro- 
bablement d'une  faute  du  copiste;  son  texte  devait 
porter  ^L).  —  De  même  (L^  [«i  21]  paraît  une  faute 
pour  ^^Wiâo.  Cependant  on  trouve  encore  ^Xi^v»  [A«  6], 
qui  prêtait  moins  à  la  confusion. 

Je  ne  sais  s'il  faut  ranger  dans  la  môme  catégorie  les 
formes  telles  que  &.*LJLJ^^^  [c»  16]  pour  K«|K«J^m. 
Peut-être  faut-il  y  voir  une  simple  transposition  de  la 


lettre  ),  analogue  à  celle  du  o  qui  esl  constante  dans 
certains  mots,  comme  ho^û^  [h  a,  "^^  sA,  ^i  19, 
33;  etc.]  pour  |^a^;  |l^a^  [X^i»  33]  pour  iLâ^; 
l^o)  [^'fittj»  10]  pour  IjCh^;  Ko^  [f^^^  ^^]  pouf 
CL^oo;  li^oo  [«£kd9  13]  pour  Ho^&i»;  etc. 

J'ai  cru  reconnaître  une  transposition  semblable  dans 
le  mot  )J^j>ol  [o^tO  3o]  qui  aurait  été  ainsi  écrit  pour 
iLoDi;  mais  il  est  très  possible  quil  y  ait  là  simplement 
une  faute  du  copiste  pour  l^^oi  (cf.  â^t  ai),  «jai^tf 
[ciK  U],  pour  «^i^d^  n  est  pas  absolument  insolite. 

On  trouve  aussi  le  ••  transposé  presque  constamment 
dans  lloi^^aooi  [tt  3/1  etc.],  pour  )U,i,^  ^oi;  et  on  a 

Notre  auteur  affectionne,  en  général,  la  suppression 
des  lettres  quiescentes.  Ainsi  on  trouve  : 

o^L)  []Li5,o»ûi6]de  préférence  à  o«S^L|;  1)^1) 
[^i  33]  de  préférence  à  L;m)1|;  jXéJBoi\  [oA  5]  pour 


yx^iùiU;  di^LI  [^^Aid  5]  pour  oi^fL).  Dans  les  noms, 
il  préfère  ^ioi  [hi  1]  à  ^uoL;  Jxim»  [s^  1]  à  Jb 
|L^  [.^^jD  33]  à  lU^;  pi^A  [^i  iti]  à  piLift;  ) 
[o^y»  ^9]  ^  IwâLjLJ.  On  trouve  aussi  y|  [pi  3]  pour  ^|. 
hu^  [c^  16]  pour  Jlii^JLd;  ^Jld  [o.  1]  pour  f||d,  etc. 

On  peut  encore  observer  que  l'emploi  de  la  forme 
Pe^al,  quand  elle  répond  au  sens  passif,  est  préféré  à 
celui  des  formes  Ethpeel  ou  Ethpaal;  par  exemple  : 
l^M  [Jiro  13]  de  préférence  à  ^^ooL),  JK^f^.*.  [jL»  19, 
«£»  8,  s^o  17]  de  préférence  à  JS^d^J^u^f;  etc. 

L'absence  du  o  et  du  •*  quiescents  est  constante  aux 
3°^*  pers.  masc.  et  fém.  plur.  du  parfait.  Cette  manière 
d'écrire  est  d'ailleurs  fréquente  chez  tous  les  écrivains 


antérieurs  à  Jacques  d'Ëdesse,  et  le  texte  de  notre  auteur 
montre  que  les  règles  tracées  par  ce  grammairien  n'ont 
pas  été  reçues  de  sitôt,  même  parmi  les  Jacobites.  On 
trouve  donc^JD ,  c»J^j>,  |u»,^^iid,  etc.,  pour  o^^  ou 
C^^,  odKû  ou  J^k^ ,  Qâofid  ou  yâou»,  etc.  Cette  même 
suppression  a  Heu  à  Timpératif.  Ainsi  on  rencontre 
ooJto  [%JD  17]  pour  odoKû.  Les  lettres  quiescentes, 
le  o  surtout,  ont  été  très  souvent  ajoutées  sur  le  ms. 
par  une  main  postérieure,  comme  je  Tai  indiqué. 

Par  une  étrange  bizarrerie,  la  Supers,  masc.  sing.  du 
parfait  présente  précisément  la  forme  du  pluriel.  Notre 
auteur  écrit  â^J»,  o^,  etc.,  pour'^uD,  2^,  etc.  Cette 

particularité  orthographique,  qui  avait  déjà  été  remar- 
quée dans  la  Chronique  de  Jomé le  StyUte^^\  ddit  s'expliquer 
par  la  contraction  du  pronom  personnel  00»  avec  la 
'    forme  verbale;  ainsi  â^J»  est  pourM'^uD,  o^  pour 

cei  «^  (Cf.  R.  DuvAL,  Gram.  syr.,  p.  390,  365). 

La  suppression  du  o  a  aussi  lieu  constamment  à 
l'imparfait  de  tous  les  verbes  V-waw.  On  trouve  ainsi 
^oc^lU  [^^  17;  jbjD  1/1]  pour  ^oi^ojL»;  ^Ui^  [^^^"^  ^] 
pour  ^fOMNi;  ^JSaQj[Ji£o  7]  pour  ^loâoj;  ^Qaaaj[Ji^  â] 
pour  ^oàoooj;  ^0.^^*-^  [o(^  10]  pour  ^o^qaj,  etc.  Ces 
anomalies  engendrent  parfois  quelque  confusion  :  ainsi, 
dans  le  dernier  cas,  sans  l'emploi  du^  devant  le  ré- 


**^  Comme  ia  Chronique  de  Josuë  a  été  précisément  conservée  dans 
la  troisième  partie  de  la  Chronique  de  Denys  de  Tell  Maliré,  et  que  son 
texte  n'existe  dans  aucun  autre  ms.  que  celui  dont  nous  nous  servons 
pour  la  présente  publication ,  on  peut  toujours  se  demander  si  ces  formes 
appartiennent  bien  h  Josué ,  on  si  elles  ne  sont  pas  plutôt  le  fait  de 
Denys  ou  du  copiste  qui  a  transcrit  les  œuvres  de  ce  dernier. 


•!•*(    XII    )•«—  — ~-. 

ginie,  on  aurait  pu  croire  qu'on  avait  affaire  à  l'im- 
parfait du  verbe  J^^,  qui  se  construit  de  préférence 
avec  ''^. 

Cette  étrange  orthographe  est  même  appliquée  à 
rimpératif.  Ainsi,  on  a  ^dL  [«^tt^  18]  pour  ^odoL; 

^OàOi  [«^>A^    18,  2&]  pour  >^0)- 

11  en  est  de  même  du  «*  dans  les  verbes  de  cette  caté- 
gorie. On  trouve  ^am^j  [^^  18;  01  9]  pour  ^ottbiAj; 
^1  [oMiD  ^4]  pour  ^^>«A.|;  ^>>nmJS^  [d^jD  19]  pour 
^^*vi..flplJtoD.  Je  ne  crois  pas  qu'il  faille  voir  une  suppres- 
sion analogue  dans  les  formes  telles  que  ^^âa*.  et 
i:">^^  [^^uD  9,  i3,  lyjpour  ^^,^>^>  et^^,.,Nii ,  ;.^ 
[ui  6]  pour  w^,  suppression  qui  donnerait  au  par- 
ticipe passif  *la  forme  de  l'actif;  mais  il  faut  plutôt  y 
reconnaître  une  confusion  dans  l'emploi  de  ces  deux 
participes. 

De  même  qu'à  la  3^  pers.  féin.  plur.  du  parfait,  le  « 
final  est  ordinairement  supprimé,  et  ceci  est  particuliè- 
rement choquant,  dans  le  suffixe  fém.  sing.  de  la  9*  pers. 
«Ad,  qui  ne  se  dislingue  plus  alors  du  masc.  ^.  On  trouve 
ainsi  «*d  [^i  9]  pour  w^a-d;  «^^^^^-m  [^9  â3]  pour 
y^^y.^;  ^  [^9  2*i]  pour  «*r2^,  etc. 

D'ailleurs  notre  auteur  ne  semble  pas  avoir  apporté 
beaucoup  de  soin  dans  l'emploi  des  suffixes.  On  trouve 
assez  fréquemment  le  masculin  pour  le  féminin  et  réci- 
proquement (^).  Ainsi  on  a  ^ooC^  [1  \n  i>  11,  .m  x»  7, 
ad9  17]  pour  ^oi^;  ^o^A^  [odf  18]  pour  ^oo^;  ^oo»d 

^'^  Le  uoui  pi-opre  du  fleuve  X^^>a?  est  considën^  par  notre  auteur, 
contrairement  ë  l'usage,  comme  un  féminin  [u,  7,  etc.]. 


--♦-••(    XIII    )>ti' 

[Uo  17]  pour  ôiâ^j^jL,  elc. 

Ces  eiteniples  étaient  même  un  peu  plus  nombreux 
que  ceux  que  l'on  trouvera;  car  les  ayant  considérés, 
dans  les  premières  pages,  comme  des  fautes  de  copiste, 
je  les  ai  quelquefois  corrigés;  mais  ils  se  sont  présentés 
ensuite  en  si  grand  nombre  que  j'ai  dû  finir  par  y  recon- 
naître une  des  nombreuses  bizarreries  de  l'orthographe 
de  Denys. 

Au  sujet  des  suHixes  je  ferai  encore  remarquer  la 
façon  anormale  dont  ils  sont  joints  au  nom  ou  au  verbe. 
Ainsi  le  texte  porte:  o^i^  [t  ^^]  P^^^  ^^H^;  «^oioiâ^ 
[«2^  17]  pour  ^oici,i^i;  ««oio^^  [o^  i3,  18,  «^  10] 
pour  «*o»a«J^..i^;  0M09)  [  [>  B]  pour  oiouof);  *«ô«of«)  [«^  1 9 
o^,  ^9  1  o]  pour  ««ooM^I,  et  par  suite  o»of«)  [«^^9]  de 
préférence  à   «»o»ouf«);  ô^>^^  [%^b  21]  pour 


^o»lf««»  [«^^d^  1]  pour  ^oom?|m.  On  trouve  même  ^oil;;^ 
[«A09  10];  l'auteur  aurait-il  voulu  écrire  ^bo^^? 

Voici  encore  des  contractions  qui  se  rencontrent  chez 
notre  auteur  :  ^«1^;;^  [y»«o  28]  pour  ^  »»  "^v  '^-^9 
|;.^po  [^^  10]  pour  )t^)  -5A>.  —  Il  faut  probable- 
ment en  reconnaître  une  dans  le  mot  ).  \>ft>»  [o^  12] 
que  j'ai  traduit  par  «t  baptistère  tî  ,  parce  que  j'avais  cru 
y  voir,  d'après  le  contexte,  une  leçon  fautive  pour  ^.^i^ 
|«âo^;  mais  le  nom  de  lieu  )«^^  ^.^i^  se  retrouvant  plus 
loin  [oM  2/1],  il  faut  maintenir  la  leçon  du  manuscrit 
et  traduire  Beit  Maada.  Cette  contraction  l.j^'tt.d  pour 
Ifk^  Jt^.^  représente  la  forme  arabe  que  Ion  retrouv(» 
également  dans  IffoioL»  [^j»  1]  et  Iftoo^od  [jbjD  ik] 


XIV 


pour  |f?oiaj  JS-i^.  Il  faut  également  reconnaître  une 
contraction  du  même  genre  dans  «tâOAdt  [c^o  s]  qui 
est  pour  ydOAd'^L,  forme  que  notre  auteur  emploie  de 
préférence  à  Jbamd^^JL.  —  o^^»  [}^  5]  parait  être 
pour  o»^£o. 

La  suppression  du  •*  dans  des  formes  telles  que  : 
^K«  [^i  s/i]  pour  ^JS^,  )«.tf|  [i^i  iq]  pour 
h .»  m) ,  ^L«a  [«M^»^  11]  pour  ^K*^,  semble  in- 
admissible et  parait  devoir  être  imputée  à  la  négligence 
du  scribe. 

Dans  bien  des  cas  l'assimilation  du  L  et  du  t  est  ex- 
primée dans  Torthographe  comme  elle  Tétait  dans  la 
prononciation.  Ainsi  on  a  :^^^^L  [«^*  16]  pour'^^fL; 

^^«iM«ij;  ^â^M*Jfr^  [<^^jp  17]  pour  ^â^M*^^^;  ^oo^A^ 
[io  17]  pour  ^oii-.?Aj;  <w!l  [JLo  19]  pour  (wtU;^??l 
[^-e  5]  pour^a^LI;  etc. 

On  trouve  aussi  dans  les  verbes  des  permutations 
entre  les  lettres  de  même  organe,  par  exemple  :  «.^^Kto 
[a«9  16]  pour  4.ài.LKfto,  q^nL^uo)  [im^  s/i,  ouj»  i3] 
pour  QS^^<^l9  et  quelques  autres.  —  oaa^jbI  [m:^  19] 
est  pour  fludJ^i^o). 

Ces  permutations  se  rencontrent  encore  dans  les 
noms,  surtout  entre  les  lettres  quiescentes ,  par  exemple  : 
lL»JLi  [o^  ai]  pour  JL*j;  ^iiiâ  [y^  lU]  pour  ^1^; 
{90*0  [a,  2i]  pour  luJLo,  etc.  On  en  rencontre  éga- 
lement entre  d'autres  consonnes,  comme  dans  :  l^^^ 
[d^jD  11]  pour  JL^«)^. 

D'après  cette  dernière  orthographe,  je  suis  porté  à 
croire  que  l;»^^^  [oiâo^  9 ,  1 3 ,  1 5  ;  itej»  3 ,  etc.]  n'est 


XV 


peut-être  pas,  comme  je  Tavais  cru,  pour  l^^^oia^», 
mais  pour  lu^^au»  (=>  ji^oa»)  qui  a  le  même  sens. 

Vu  la  propension  de  Fauteur  à  supprimer  les  lettres 
quiescentes,  l'addition  de  lettres  épenthétiques  a  lieu 
de  surprendre.  On  trouve  cependant  :  JliLlt  [jtfiu»  21] 
pour  JLdff ;  "^^..A^IL  [«««6  10:  ^  6]  à  côté  de^^^^^^^lL; 
«•«^  [^^  is]  pour  ««Ij;  lA^Jli  [^^  3;  ^  5]  pour 
llli,  etc.  Cette  dernière  leçon  serait  peut-être  à  ranger 
parmi  les  fautes  de  copiste.  On  rencontre  encore  JLrLdii 
[d^  1]  pour  l'\'\fi  etc. 

Je  pourrais  multiplier  ces  exemples  d'anomalies, 
d'erreurs  ou  de  particularités.  Il  me  suflSra  d'en  avoir 
signalé  quelques-uns.  Je  n'ai  point  eu  le  dessein  de 
donner  une  liste  complète  des  irrégularités  que  pré- 
sente le  texte  de  notre  auteur;  mais  j'ai  tenu  à  en  citer 
un  bon  nombre  dans  chaque  catégorie,  afin  que  le  lec- 
teur soit  bien  persuadé  que  les  formes  anormales  qu'il 
rencontrera  dans  ce  volume  ne  sont  point  dues  à  des 
erreurs  typographiques.  Elles  ont  d'ailleurs  été  signalées, 
pour  la  plupart,  dans  le  texte  même,  à  l'aide  d'un  asté- 
risque qui  indique  que  telle  est  bien  la  leçon  du  manu- 
scrit. 

Gomme  on  le  voit  par  un  simple  examen,  presque 
toutes  les  irrégularités  ont  pour  raison  fondamentale 
que  l'auteur  se  conformait  pour  l'orthographe  à  la  pro- 
nonciation beaucoup  plus  qu'aux  règles  de  la  gram- 
maire ou  de  l'étymologie.  Je  ne  pense  pas  qu'on  puisse 
en  rendre  compte  suffisamment  par  l'hypothèse  que 
notre  manuscrit  aurait  été  écrit  sous  la  dictée  par  un 
scribe  inexpérimenté. 


'  lt«(    XVI   )•«  — 


Une  autre  particularité  du  style  de  Denys  consiste 
dans  l'emploi  assez  fréquent  de  mots  arabes.  Il  était 
naturel  qu'il  conservât  en  syriaque  la  forme  des  noms 
propres,  comme -^,  jj^  [i  B];  ula-,^^-  [v^  6]; 
|Xi:kaj,|Mi  [o^^  7];  %dQE^,  ^^[h  1 1])  6^  d'autres  dont 
la  transcription  est  indiquée  dans  les  notes  de  notre 
traduction;  on  comprend  encore  qu'il  se  soit  servi  des 
termes  techniques  comme  :  )ba^,  JJs.  [s^  8,  etc.]; 
wâo«,  jj^[iAAx5,6,  i3;s^j0  22;)Lrud  3;^  1 5,  etc.]; 
)lâ^,jJL^  [o^AiD  û;  jla^  5,  7,  10,  etc.];'^ûc£Ss  •ô?^ 
JLIIaj.x^  [jla^  âa;  ou^  k,  7];  ^f,  »l^yi  [jLrud  Qi]; 
JI^;a>,  ^;^[<Hmx)i7;<i^f  i8];|U>, JU  [f^  18, etc.]; 
GÎMo,  aIU  [y»«  3]  etc.;  mais  à  côté  de  ces  mots  il  en 
emploie  d'autres  dont  l'usage  montre  la  grande  in- 
fluence que  l'arabe  avait  déjà  exercée  sur  la  langue 

vulgaire,  par  exemple  :  Im^o^,  JvI^  [^7^  ^  ^^  ^^'  ?]' 
.^,  ^L  [^  6,  8;  fc.  5  j;  JL^;;-.,  iiy;  [oî^  17];  ;oM, 
py6[l  îi,  ù;  fc.  11];  )?JL3,;t3^  [.^  i3],etc. 

Il  faut  encore,  semble-t-il,  rapprocher  de  l'arabe  le 
verbe  «aA^  (t cacher,  se  cachera [om  si;  JLjd  7;"^^  22; 
^«ftid  A;  ^^9  9,  etc.]  que  j'avais  d'abord  considéré 
comme  une  faute  pour  JL^.  Je  suis  porté  à  croire  que 
ce  n'est  pas  l'équivalent  normal  de  la  racine  (j*JUo,  mais 
bien  la  transcription  directe  du  verbe  ^^Sio  qui  entre 
autres  sens  a  celui  de  cr  fuir  dans  un  pays  éloigné  -n ,  signi- 
fication assez  voisine  de  a  se  cachera. 

Il   faut  probablement   aussi   chercher   une   origine 


-  >  H«(    XVII   )•«— 

arabe  au  mot  )J^.M^  qui  se  trouve  deux  fois  ainsi  dis- 
tinctement écrit  [)-o  17,  <^rô  5].  La  forme  syriaque 
à  laquelle  on  pourrait  songer  est  )k^,  que  Bar  Bah- 
loul  donne  comme  équivalent  de  Jj!^  ==  s  plur.  Jj^\  , 
cr  tribus  nomades  1);  mais  le  contexte  parait  s'opposer  à 
celte  restitution.  J'avais  cru  y  reconnaître  un  dérivé, 
correct  ou  incorrect,  de  la  racine  ^U^  «ravoir  besoin t), 
signifiant  a  les  choses  nécessaires  m ,  et  dans  le  cas  pré- 
sent [U^^jd^  )Km^]  (t  les  choses  nécessaires  aux  animaux, 
le  fourrage  n  ;  mais  on  devrait  alors  plutôt  trouver  )J^^». 
En  somme,  ce  n  est  peut -être  qu'une  faute  du  copiste 
pour  IJK^Lm»,  forme  insolite  que  l'auteur  aurait  pu  em- 
ployer dans  le  sens  de  crce  qui  fait  vivrez  les  animaux. 

Le  mot  i«»diM  [^^ni^  17,  o^miis  âs,  etc.]  ne  doit 
évidemment  pas  être  rattaché  à  la  racine  syriaque  ««^^ 
ff  fendre  t)  ,  mais  bien  à  l'arabe  ^^  cr  se  réconcilier,  faire 
la  paix,  régler  les  conditions  de  la  contribution  de 
guerre  *». 

Le  mot  Jli«A  [ouj»  i/i,  Jiko  7  ,  etc.]  que  nous  avons 
ordinairement  traduit  par  cr  acre  -n ,  et  quelquefois  sim- 
plement par  ff  champ  Tî,  n'est  encore  autre  chose  que 
l'arabe  ytSi,  mesure  de  superficie  qui  signifie  propre- 
ment (Tce  qu'une  paire  de  bœufs  peut  labourer  en  un 
jour  75. 

VI 

Encore  quelques  observations  de  détail,  et  nous  en 
aurons  fini  avec  cette  préface  déjà  trop  longue. 

Les  divers  noms  d'insectes  [p.  ^— w-^j]  et  de  ma- 
ladies [p.  «£»,  /Uf  —  a*f]  donnés  par  l'auteur,  mérite- 


raient  d'èlre  l'objet  d'une  attention  particulière.  Mal* 
heureusement  le  contexte  n  indique  guère  le  sens  précis 
qu'il  convient  de  leur  attribuer,  et  nous  croyons  inutile 
de  citer  ici  les  explications  que  le  lecteur  trouvera  faci- 
lement sous  chacun  de  ces  noms  dans  le  Thésaurus  de 
P.  Smith,  ou  mieux  encore  dans  l'édition  de  Bar  Bahloui 
de  R.  Duval.  Parmi  les  noms  de  maladies,  nous  avons 
essayé  d'expliquer  les  mots  JI^am^L  [ouf  a],  ^!;A  [^i  3 , 
)Uf  3]  et  Qâofidud  [a«9  â]  qui  est  peut-être  une  faute 
pour  JLoADOJBo  V»  (voir  trad.,  p.  178,  n.  h). 

Il  en  est  de  même  des  divers  noms  d'impôts,  la  plu- 
part empruntés  à  l'arabe,  et  dont  on  pourrait  peut-être 
déterminer  le  sens  plus  précis  en  les  comparant  aux 
données  des  auteurs  musulmans.  Parmi  ces  noms,  il  en 
est  un  qui  nous  a  particulièrement  embarrassé  et  que 
nous  avons  traduit  diversement,  selon  le  contexte.  C'est 
le  mot  l^jxm^  qu'Assémani  avait  pris  pour  un  nom 
propre  [iud  us,  voir  trad.,  p.  90,  n.  A],  et  qui  ne  paraît 
pas  toujours  employé  avec  la  même  valeur  [crkmj»  ih\ 
Wû^  i&,  16;  2^i  ââ;  oS^9  &,  etc.].  Je  suis  persuadé 
qu'il  doit  se  rattacher  à  la  racine  arabe  kJuw . 

Je  ne  sais  trop  dans  quelle  série  d'anomalies  il  con- 
viendrait de  placer  le  mot  k^\k^^  [.^^^  ^  ^]  ^^^  ^  ^^^ 
corrigé  postérieurement  sur  le  manuscrit  en  )A^|J^^^ . 
On  ne  voit  même  pas  bien  le  sens  de  cette  dernière 
forme.  C'est  peut-être  simplement  un  adverbe  dérivé  de 
L«^  ou  de  !«-•,  (c  récemment 7)  ou  cr joyeusement t)  (?) 

Le  mot  ^t;a«Adt  [?r^  i&]  ne  semble  pas  moins 
étrange.  J'ai  songé  h  le  décomposer  en  |;d  M^:id|,  et  à 
traduire  (ries  mouches  du  déserta;  mais  en  réfléchissant 


XIX 


aux  nombreux  emprunts  faits  par  Dcnys  à  ia  Bible, 
je  crois  qu'il  faut  y  reconnaître  une  allusion  ou  un 
emprunt  au  livre  I  des  Rois,  v,  3  {Vulg.y  III,  iv,  â3) 
oii  le  texte  hébreu  porte  o^o^axonaïa.  Ce  passage  a 
dailleurs  lui-même  beaucoup  exercé  la  sagacité  des 
commentateurs.  De  toutes  leurs  opinions,  il  semble 
qu  on  doive  préférer  celle  qui  veut  y  voir  le  désignation 
des  er  oiseaux  de  passage  v ,  par  opposition  aux  oiseaux 
domestiques,  ou  tout  au  moins,  des  oiseaux  qui  vivent 
dans  une  certaine  liberté,  comme  les  pigeons,  par  oppo- 
sition aux  volatiles  nourris  dans  les  basses-cours. 

iLooi  [^  6]  semble  être  une  faute  du  copiste  pour 
ILodj  [cf.  Ui  3].  —  Le  mot  ^o>» iSs.jp  [^^  so]  qui 
n'offre  pas  de  sens,  me  parait  être  une  altération  d'un 
dérivé  quelconque  de  la  racine  ««â^^,  et  désigne  proba- 
blement les  livres  liturgiques  [cf.  JLt  ao]. 

La  forme  V^oa*  [JLd  5,9]  parait  singulière.  Si  elle 
ne  se  rencontrait  plusieurs  fois,  on  pourrait  songer  à  y 
voir  une  faute  du  copiste  pour  UaoA*.  Il  faut  sans  doute 
la  rattacher  à  l'arabe  Jjiâ. 

La  lecture  du  mot  ^ooNao^*?  [oi^ii^  ââ]  est  douteuse; 
d'après  le  manuscrit  on  pourrait  aussi  lire  ^ooM^ii^?.  — 
Mais  par  contre,  celle  de  )l>»  oy  niv»  [«ju»  7,  yi*vix>  1 1  ; 
cf.  *î^  3.]  qui  se  rencontre  ici,  je  crois,  pour  la  pre- 
mière fois,  est  absolument  certaine.  Il  en  est  de  même 
de  liuti^  [oik  a,  etc.];  celte  leçon  est  constante  dans 
le  ms. ,  et  c'est  par  inadvertance  qu'il  m'est  arrivé  une 
fois  ou  deux  d'imprimer  luti^. 

Le  texte  biblique  auquel  le  passage  de  notre  auteur 
17-18,  fait  allusion  (Is.,  xxix,  lû;  cf.  I  CoB.y  1, 


19)  porte  bien liw^oAxDcr sages T^;  mais  dans  notre  ms., 
par  suite  de  la  transposition  du  o  (voir  les  exemples 
cités  plus  haut),  on  lit  liLd^iîrd,  forme  qui,  si  elle  était 
admise,  signifierait  plutôt  cr insensés tî* 

J'ai  traduit  le  verbe  w*a.,  dont  l'usage  est  assez  fré- 
quent chez  notre  auteur  [^^^  6,  ^^^i  7,  Jbi  10,  etc.], 
par  «r  rassembler.  Tî  Le  plus  souvent  j'aurais  pu  lui  con- 
server le  sens  «d'être  opprimée,  mais  dans  un  passage 
[•A^f  7]  il  ne  paraît  pas  susceptible  d'un  sens  autre  que 
celui  de  «r réunir,  rassemblent,  sens  qui  s'adapte  bien  à 
tous  les  cas  de  son  emploi.  Ce  sens  explique  d'ailleui's  la 
formation  du  mot  |w*a.  ct  troupeau  t. 

Le  mot  Ji'is.v»  qui  sert  à  désigner  les  empereure  aussi 
bien  que  les  khalifes,  a  été  littéralement  traduit  par 
crroiTï,  mais  le  lecteur  ne  saurait  se  méprendre  sur  les 
divers  sens  qu'il  convient  de  donner  à  ce  mot,  selon 
le  cas. 

Je  rappellerai  enfin  que,  pour  l'intelligence  d'un  cer- 
tain nombre  de  passages,  il  faut  se  souvenir  que  Denys 
se  sert  du  mot  JLL^  pour  désigner  les  Omiades  et  leurs 
partisans,  par  opposition  à  JL^^d  qui  désigne  les  Âlfbas- 
sides. 

Nous  n'avons  point  la  prétention  de  croire  que  notre 
travail  soit  exempt  de  tout  reproche;  mais,  en  raison 
même  des  diQicultés  que  nous  avons  exposées  plus  haut, 
nous  pensons  pouvoir  compter  sur  la  bienveillance  de 
nos  lecteurs  pour  excuser  les  fautes  qui  ont  pu  échapper 
à  notre  attention. 

J.-B.  Chabot. 


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5,  1  »A*)  .8  f^  .iS^iMiA 

19  OA»  .lut  :La^    [-«AûJ 

3«^.93,i5,ii«aA.«M»d}  w»  «M^^j 

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93,  17,  i3,  5  ^  .3  M*  .l«o2fte 

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16  o%0A  .i3  «M»  .5  ,4»  .17,  19,  8 

10,7  fdoA  -U&i^f^  :|Louo 
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10   I  nlmÉDh  9   :^A«»0« 

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11,  9  «A»  .i3  «^  .i3,  8  %.  .31 

i5  Ja  .6  ^  .7  1^ 

i3  ^lA  «kw?  : 

91   «^    .i3   *AJ   .«7f  VA  : 
.91,    90,    17,    19,    8    fj    .39 

9    ^    .93,    91,    16,    13,    8    «AA 

93,  18,  10  L  -w^  :i«2wo« 

9,  6  01  •Lroe*.  :lt^ 

j6  ikA  .96  wÉfl»  .IftoiQXdf  SI  :^a« 

9l(T).^ 

16  «a«   .91,  16  L  -(^) 
1    f     .^5)  ilA^i^M-    Toi   ! 

3,  9  t  .«aijy  ii»i«j>«>ft* 
&  «  .3&  ^  -(î)  1^?  iâ^^^ao  :t^ 

7     y^     .l4,    11,    10^    .(,Â)     tfJL 

.8, 7,  4  ^  .^~)  1:;;^,  l±i^  :^l. 


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16  ooD  -J|a*fM  :  fom^ 

i7«A)aD.io«^    .|^u»  :«a«* 

7  OJ  .Jwr  5' 

19  fd  .1a(|^  v2 

17  oM  JtotJ  :|w 
5  lAA  .Jwf  :Adu» 

t5  mA  .13  o«  .i4  0»  .JJ^jUfto  :yw 
«a«»  .3  OJ  .31  oao  .33  ortD  .3  i^k 

93   wÉfl»  .8  A«»  .9  Oi»  .93  «^  .19 

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^^t    <éH>V     «JL^JBD    |n»t^O   jlft^"»   ^^^OJtdO    «â     ijlnilfi^ii'^ 

loei  km    m     »t»o  U   l  ^  h*  ton  ■»  ^o  :^^llA«^^t  ^^U  <d|  10 

Vt  y    «  «A-^l  ,|^^.aL|   U  Ifoi— do  «o^  ^Jt^i^^ftpo  I  oeoi  Foi.  174  6. 
^«.^..^-^t  ^q-jI  J^o  HU  yid^  ooL  1^^  .|t^  .«oiàâ^  15 

.^I^S^  ^?l^^ik.  '.^oïli*!  ^^fti.o  ^o»Il:>  ^^fti.  ^ootftt^  oJ^o  20 

|^^^9o|  ^^fth.    000»    ^>fl9l»    :^l    ^i}   \ij^   yOO»J^5h.  ^«^0 


Ut 


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AUÙ 


A-h 


^  «jfcj^^E^  |ooi  À»lt  ^f^â^ 


'■****\       ^MMf      )••**'" 

J^iAd  L«*o«d  UuêêJO  ^.iO  «Aâ^O  iiiM£»  lLa*0l  «Afti^fe^   «â 


5 


f 


L«.âk  «o«-a^  >liiM£»  ^NfiioN  mmok^^ 


VJoJ  ♦Jhftann^  JLftAf  <9iVM  omm  JLdA  JL*9  «c^itto  %JL 

^^jiubJ^io  ••J^i)  lUJld  oU  ^^1^^  "^6^}  :JL&a|  ooi 

J^^i-d^bP    i^2S^    •JL^i)   UdJLd    JK^^AwO   J^^  «ÔMfQMk.   %OOf^ 

•  •  •  •  ^ 

11    >o     >1  o-^ii^^toLl  IIoKa  ^oo^^}  ^^^  •'^ykdL  l^ljo 

10  ^t  ^f  %JLâj  OOI  ^LoS^  w^  «^1  «IfLI  «i^  ^  |J6^|Lo 


^^wi  ^1  JiOoio  •<»  1  Ton  j>\ft^  0^2  yo  • 

leo*  A.J  j    ■    ..  U^l  jbfto?  ^^1  .|tL|  >;^  ^  ^J^a^lL 
^  >  *^  "^V  y^  If-A^o  ItjU  ««Od  Ua\  ^lL»&âo 
•*lUf  ^^ik.  lUf  jLkO  ^^01.00^00  /^^lo  ^ooMf»i:>  >o 

30  :  JLoflo  oJAoLl  JbôU>t  '«U^dIo  %m|o«  JLaj  «âaii.Jbo  ^2ko»  ^^k. 
Ji  o  m  *%  oLOiid  oVfiV  ;]L^iV»  uiov^ov»  ciSk*|o  Ot^ifo 
*.oaM  l^^aotfo  JUiDOJ  C^L)}  "^^  ^  :«*o&^}  >>o»fHiiVio^ 
Jl    il    v>  ^  |J(ua.^^.a^o.o  |J^2kmjo  .»)  ILy^  Loo»?  "^^  |l| 


^,  ^^.^  ILIt  lioi^o  Dtt.  Ibo^  -rid  :|}ei  ihoj^ 

3  ^o«ââo  oMj^f  Jiio» wù  Jbudoi  I  FoL  17&  h. 


^^  9  UhJS»  ]K$l  ••U.jT  \U^  Mf  A.I  U«it  %|I  *  lia»»] 

%c;  V   .t  Lj^^ILm  IJ^x.,^  ,^1»  :|fti»ffo  l^^J^ii^^  JUaLMd^  10 


[//  manque  ici  un  ou pbaieurs  feuillet»  dans  le  manuscrit.] 


15 


oôi  |K-*-3  94.11^  >^S^A-*  o|  ^Vâ&iJ  JUbUid  000»  ^iiM*lav»  |  Fol.  179a. 
fooi  ^f)  .001  IKibd  ^  |ooi  «AAjf  |La«)iA}  JLjii»  JLé*9  ^ 
y  11^  looi  JJ^  yl  ^}  ^  .11^  JLa^V^  A|  ^1 

lod  lôoi  %^L  oS^  fooi  h.U  ^  "^^  **Mi  |K^^2i^  is^^} 

U    *^     *lt  %ji  JiVi^l  j  >  '^M i  )fllW  u»Jbl^  ^  looi  J(w|  Jbiêi 
•.jL^to-oo  jLil^  OAiaLI  ^i^o  ooooA  «mJS^o  ift^  )»*«-»} 


"^s^  UâQl   :  JâoUl^oji.  "^jftji.  Do  Ibw)  ^oioA.)  JLà.î 

«i-d    :^UO    W^    **0^»   «Oaià^   0C*0  *.^2^0»    |J^4à*2^   h>mU^OyJ» 

J^  .  \v>t|  ILa  *.)i^w»  ^^:^L)  JLi»^}  .|U>  "^  ;i^U 

•oWfl»L|o  1)1^09  JilO»  ^  **lf^>*d|  ow  <^^JSa,  ^oo^  •i^^J^ 

•n  Oi  V    1  n  mo^V  JLdi^fo  *.owfl»|L|  |««id|Ii^  o;^J^A.|r 

10  L;^;  ô»;^L  "'^^  l^fti^d  ;.^;.mL|  «^oa^jL  '.L;.^!  iiei^i^ 

luj»   •ItQ.dto  JLa^^^o  JL«»^tto  |Kad}  Jltoa«}  ""^^  .yâÛX 

oooit U^i]  JLaui  «a|  ILli  o»Ii^^  *JLatt}  U'^'^Vo 

15  ^^^  .lJK^ja.^.^9  JL^fl  ^  wm:^  ^l^r  ôit^  i:sjd  loi  .«i^i^ 

jS.a2^u»  Ut  ^^ik.  .y^«^|  |o^>oLo  Lu&dLI  wao^  L;^t  ôi;^L 
1  ''^^  JLSb^o  Jbaaa^ld  Kooo  :  ]il^n  i^ 

1^.^!  ^m    I   •  s.  o^-^o  •IlL^}  ^Q-j|  IJ^A.aa^o  *.^;^^ 


♦%JS^J»  '^'?^  f«^|o  •Uoki  Ha^  A|o  *.^iAVftA^}  J^^Jid 
Il  ^  I    -  Ul   loi^'^Ji   ^  ^ftei  II  oei  Ài.  ^^id  «im  o»^1 

:|KJL^  ^^  IKJL^  [e]L^L|  ^2^  ^It  U:i.|  .IJL::^  5 

^JLofVA:>  ^^i^  oN^lf  UjL  JL;.^  A«»o|o 


[//  manque  ici  un  ou  plusieurs  feuilieU  dans  le  numuscrit.  ] 


:|UL;^^  w^-£|  "^^  *,L^fo  flftN.o  JLJf^  ^.'^■tv  a|  ws    Foi.  17^1  n. 

^>'>Oii   |)  «— d  »Ai>h  'V  ^00  A»|  >>iO  ^obS^  000»  ^inniiiVK> 
Imqpmi^  «A*^^t  Jlto  i^|  *.«Aj|t  oii-flad  Ck«Vi»  laM^  ooci 

Itfo  Jua^  JL»|o  JL»1I  |u:>  ^  ;.2&^  eia.Lw!  *.JLa^r  10 

pool  ^«%^^  ii^Jld  ^^o»  a|  ♦oit;^  JL»|  ^^  o|  JL»| 

U»!}  a^  <^i  ^o»o  I  •  !  .'"^^la^  JLau  ;.«^  «^|  «iLoL^^ 
^^1  JLd9oi  ♦  ô>  •  ^fi m  io^MO  oMAO  chmaA  >|>.ofi9iV    «*LLo 


♦  0001  ^>0»*^Mt  ^J^O»  HD   uOdfO^id  Loo»!  |JSii»09  ^^o 

^^ik.  JL^Kjlj}  II»!  ^  001  9o:^f  ••^}  fi^l  ''^^  20 

^  ^-^^?  "^gko  :|}oi  I^OAd  *.ôo  ^001}  ^;^| 


0^9  )*♦— 

"^  ^  ^  ^^ ,  OU  ■'^  IKît  >  ^  ^^;-A.o  .llf«^^}  JLiofioûaao 
'•^ImnSl^I  ))  ^«mfaA  M»d  JL;.^  Là^  JIiaA^o  ooA^t  «^"^^^ 

U    91  'Ti  '>  ^  ff>t.  ^ftj  .^ooft^  ^^o|   «*?Ji^  |£Jiud  ^ooC^âi' 
Ua.  LoiuiMO  .-^J  )a2^«*.)  )<.«^o  .IJ^Jud  M»o2^   ^qI^A^^nM 

10  .i^iU  \U  >  »Vo  |9a^?  1;^  1*^^)  ^oAd^.AJt  :«^l  ^t 

JL^t  ^  :<i  nVtl  ILom»;  )Ljl»o  **.om*^  j  ^l:i^;  JL^a^? 
«^  o  gi  >o  w^l  ^«--c  ^  ^1  «Adjf  :Utef|  l>iin  a|  ^f 

:JL  >v  y»  w^l  ^oIm  "^91  ^otl^b^  foAAlo  Ji^^  JLâÀ^fo 

a^%.c(^L  ^o  :JLdw»  «:bJl^  foi  ••|;.3f^  ^obI  ^t  :;^| 
Il    VI    ^i?  )JS  îî  *  ^  \f-^>^  ?^  «Usiâ  ^3^;^  .'I^ViD 


UlrilllltBIl    «ATlO^lLt. 


a|  oooi  i^»  1  fto»  ♦JLaoyiD  yJ^^AJ»  ^Ih  ^^^o  o»wa^  ^^ii} 
a|o  *♦  |y    "^    o  »#VSi  m  v>t  ^ooft^^^t  ^oo^uo  ou  «a|o  %ltoo    & 

«»j^»]bte  ^»    x>  ^ooC^  ooo»  ^  >;  a  flfi  y»  :oiâa^  000»  ^âftAfl»^ 
''^^  ^ooMt  U^^l  «Jiiw^wâd  ^00^  00e»  ^«^^o  lU^Êù}  10 

I  I  ^  m V  ^01  ooei  ^>mi>  U  «a|  «A  «l^a^  U}   e>^  000» 
I^MM^Vi»  lL<»uo  oM^  JboAfl»}  ii'^iinivlV  ^iNait  iao^ 

IKJL^  ^otsafck  ^JU»  Ul  .^JU^-aj^l    U  iJM^t  j>Noib  ^^fti.  I  Fol.  171  a. 

♦  yJ^Judt  li^omo  ^^^^  ;j^^,maoo  -.^T  )f 


|J^.db^o^  Kijâ^aùod  ltf«»t  JLioJLaao  JLdo^Mii^o  IL&h^^ 


5 


%»ol''ooo»  ^««2^)J(s«A.M  «a|  «â  r^^Aao  ]l^iâ  JLau»)  ^o  \\^ 
U-^usf  |U>  ooi?  |«A»  ^eio  :«»a^  }9fio  ^J^i.M'^a^t 
?  Q-^alLlf  ^f  JUo  .^LMÉ^aa^ot  o;.^|o  ^oooio  ^eiodl 

o^n  JLxL^a  U^^o  )^JD;0^  ^^fo  ^^1  ^^  Ul  «'^t^ 

JL>Olt  0>.  «Û^MkM  JLIifli^  ^Jld  ]h^^  ]k»^^^i^^»o  .*m..Aa| 


^MMlltfbi^Mi 


Lool?  «A'i^o)  :^«^aLA.It  «i»o»ââi^  '^ih 

«*O0»  ^.aN^oi  .00»  JJf;.^  )J^  o;  V  o)  JL^^^Jt 

jLâ:s.)lo  |L^;.^f1^  ^dOiMVft  «iAd  ^oS^  |o0»  îui^ùo  U^^mo 

1?}  0>   I  lO  OfUi»?  4-00   ♦  JblOM^  Iv^^   ^Od^  ^OM   >ooii^ 


15  %^ocH    a  "I    <K  ^  oi  i  *  r>%  ^oo»d  ^:^  U( 


li^OAd  «*o»âL:^A  eiJ^^i:^  aJ^teA.0  JL.o»  «majLLI 
HfotVo^  A|  Udoi  :oJ^^«.to  Jb^il*^  lilcûod  ^ocii^  ^i^o»} 


jailli  >  KiiN.   Ud|o  .UixAMot  ^oo^'^id»  ^^ft^.  000» 

il  »  "»j  ^  m  *.|low«u»  ^  â^  :^fH^-  ^oii^  0001 
1aj!1l>  000»  ^wa^  )i(«^iîud  ^^«1  «d)  ^f  )ârt*j  ^0001  ^oif»t 


J  «.^  *.^  <A«^  JLaui  Utoi)  |^:u»t  ^!  JLdoAoi  ^^ik. 

.0  :  ^oo»Aào«^}  lîfod  ^^ik.  <a|o  Uâo»  ^oofli^^ 
i^^^o  hooM?  i^S^tet  l^«^  ^oaaj  :JL;^  ^]  oô»  U^iid  10 

sic 

M^  OiJ^ibo  ^1  o&a«*9t  JLdQA.^  |ld^-  ""^a^o  ItO^A^O 
llo  ^OAidfij  Uo  :^b^  ^SSBP  >oo»d  d^JL.o  ^peiiJK^o  d^fjo 

yoo^  0001  |j>n9iv»  Udoi  :;.i2^  Jiwo  ]k^m^  ^^^  i^l  «aAj 

oo«*  ^>  m  -  U  «.^  >^oo>iV  "fc  A  ^  ;.i2^  ^oo»^^;;^  I  ^w^o  Fol.  170  b. 


U.i  ^  1LaJi|  00e»  ^^^«j^âfete  ^  «a|  «â  .^ooo  |J^j:^o  \^ab 


I    n  "Si  m^  )io  y».  ■%  ♦^o»^}  o»Ljbo  JL;.^t  o»Â^of  ^i^teo 
a-i^^N^t  jaià'i^  \fobat  ^oomo^  |ooi  Uâo»:  J«J^^^  «^^adt 

ylioitoa  )oo»  IJb^fete  Udo»  :lo0»  Um*   IKiA.?  ^} 
10  fH  N>  i vi^    v-MkA.  JLr>)SV   J(^mO^  h«^f  |fitea«  ^  o^^^  ^ 

oj^^mj  ^t  i^^  *«i?r«*^  ^ooilj^  ^j^^mj  JL«d^  jl^aS^ 


20  \^  n  y  'MOO  oooi  ^^1?  Jlftoo  r^ooOiM  11  fiais  [oo0»J  ^JàSUf 

^dbi^hjo  ^«ttfiii.  ^oââkJ}  Uâ^l  JoJJ^iAftPO  [oJI^Aj 


'  *  •■!    y5    j»*-!-*— 


•JL^o»-^  o»  r\  -  mjiaji^  )?&^}  oaiis^  «A^t?  **1><»^M  JL^'I 

]j  JL«J^t  ^oC^  lioLd  â|o  .Ifr.^  yjii*^;âo  JLi^»^^  ^t 
•ilj^it  I  m  o  i^.^|o  J^•J^A|o  :oi)k^9?  isaâ  JL;.fto} 


^i 


«d)  «^  -^oS^  |ooi  «dl#  dt^MM*  t*«|  ^oeodo  ««•  «irii^  *.JLftili3 


t-»tteo  j  ônm'%  ^«^o  ^>Miot  ^^cj^  iaoL  ^)  oiuLd 
U  '^  lOiV  ^Q-j)  ^^do|o  :JLo»i  ^o  JiiAdo  iio»9aâ  ^ 

^^e«.-:^9)  '^fe^  J-g^?  ^T^®'  "^S^  ^  >?*^^  '?^  '^^ 
JO  le»  I  m  '^  I  «1»;;^  ooonf  ^o»  *«^oebd  llnnoiffi-^  ooo»  ^oa. 

Uo  *.^eioJU»  h  -o  ft   ^  JEÎ^  û^a-  :{^|o  JL^i)  JL&j  Od 
15  :  U  9i  o  uN  r  ^  iO  ^  Id;^  U^^j»  ooo»  ^^"^^  «Im.n  i*«| 


i  )•«— 


^po  %U   0»>n    m  1^  ^  )J^  I  .T^V  ^d^ft^?  IjêjIi^  '^^i 
y  >   ^  <t>o  *«i  •  I  ^  I  ">  ^^fek.  ^bbfiu  o^iAO  .JlfLoâoo  Jlfei?ad   .5 

:oeoi  ^  »  m  ■■  Il  «i-o  .oiLoajI  ^  "^aoj  "^^Mo  I^qoum  m»  10 

«  «*j|^  oppt  ^pf^M    Ijûqu»  o|  IJUftJ»  f^ 
Jlf;^^|  |lo?L|  ^  .m.*9a^  ^oskjuo  ^^lâXif  |Lo9L|  ^l 

:  |oo>  ^^|o  o^f^l^  kaJS^  oS^  Joo»  «^ji^  «^t  ^oi-uo 
otift  ^  >  ^  JK^^J-^  f-d  .JGLsLflA»  ^  |oâ^  ««^o>i  Uâo»  Udl 


»^ooi  i  v>  ^o«^o  JLoÔa,  I  oooi  ^^lAOf  JL»^  *.lioi  JliMOAd  FuL  s5i>  £. 


.io  foi?  ^JXAUeo  '.loo»  '^A»  IJL^  I 
^  '«idid  ««•  ^  |ooi  v^^  ^oi-uo  ««•  «JiMo  :Jidot  f*^M^ 

Ilo  «fi  <i   )>  >■  "»  JLdJld  ^ocS^  ^oi  :JL:^t  l?Of^  i^id  «ôi 

|ooi  "^ox-âo  JLcMi  a\  U-Ad  «»!  «â   :|K*^  |ooi  )«A.  *.|ooi 

tO  11  '^  ioi  "^o  lo-^uBoid  oooi  ^«A  Uaeio  «^i^oi  ^  u*^  0$^ 

^»Vfi  I  yno  :ULdJLd  ^uo^o  rJLooAdo  1^90200  fLf^o 

Jlf^-^ol  ^  0001  ^  >   nt    ofc»o  II;;.*»)  >jl9>'S>Mav>  Jlfoifoiid 

•  •  • 

^  ^ooft.x.aoo  I  ^>*Ji    ^ooOftoo  Jl{^bâ«» 
.oijjj^ol  «-DO  «i9^fc>»>v>  JLfei9aa 
»f  Ijl^ILJ^  i<^of  a\  ^oo»2^  foei  ;  "^yto  t^oo^;^^ 
^oiJ^  yfi  y  ^  ip  ••^oo»:s^9o  ^OMf«|  ^^  ^^flif  :l^o^?^ 

20  ILa.*.^  ^o  •^o»*:k.9ra^  ^l\^  ^N*o»».  ^^^?  0001  ^f^a^ 
Aoii'a"»  ^*A.?  ^01  0001  ^r^   :|£^iî^  000»  ^Lh  ^o»t 

♦  JLoi)  ^po  Uftd  ^ 

il  gj  ^>o  LdU»  ^^  ^  ^a2^A9o|?  ôi.£»oa"»  ^oo9  ^  ^ooiJ 


yiM^  r  *  "^^  ^oo^JLa^o  u»-ioi  !  9f>  ■U>  ^ooS^  ^J^o  '.JlfLaJeo 


\ 


JLdJLd  V}  |J^A.|o  Dû^t  idjbo  Ij»;.^  i^JLdo  Ji^^a«*o  ji^»a 
yooi    »   •  »?  ^^■^^>T  •.'VjOJia-d  JL^JLo  iMf  Aa^  yl^  lU 

Ji^bM  *.yi^  w«oji^  [11]  VI  :^  Lod  JL^^JM»  ;o^  IJS^oa. 

fH   m    ,i}  Ji  inj  r»  ^;  tf»oV   «â  •.i»eiOi&»|   Uaoïo  «^«^  ^f^t 

fo^lf  ^   ■■    ■oio  .o».d  i^-Alko  *.JL:^  oôS^  |oei  l^ij  JUo«^  10 
%j  m  $\  ^i  eife^*^  ôC^  Lr-dlo  *«U^?  Heioj  "^^ffo   zlioci 
%)ooi  lod  li-^^ii^  IfetecL^  Udofto  :|JS^  «^1  lod  ^siâki^fetoo 

|oo»  «SL»   «^7  oc*   Jo    «looi   kO^mi    lk^*Mj\    |fe^t*  CÎ^   ^   «â 

looi  »  "^v   II  *«^^Ut  ooi-d  o|  JLao^  Uooa»  ooo  *.|;.a^ 
^t  «*.^|  fooi  ,u^O^£te   :toJ^Aftftoo  OMOei  |po»  ^L  Ifcteo* 

yfo   •fi^^-iO   OC^    «^JLâf    II    «AI  ^«^    Il    tiâ    '•USua^'»^    lit^lA. 

^^fek.  ^^?  Ipo»  <t-do(  «Ipoi  ja^uD   :Looi  Jldo^  l^^t  ILd^^iMi^ 

^  ;.-^^.  oi..^  v.i«»,^->  «-ot  ^lo  :^^L?K^t  i&»|o  **^t|  20 

IJU^^  ^OO^Uo      ^f  ^;*AJ|   •P^J&A.O  |ooi  «*Aoi  *.^iadl  iJÛOm  Fol.  l59  a. 

^?L  o|  Uocu  «^  ^o  :\iaém  JL^^ma.  ^ooO^  t-«*d  |ooi  j^Aj 

lioi  «a|o  :Ji  rfc  vKi  w>  o».d  i^oL  «A-â^o  «loo»  |aa«*  |oo»  looi 

•  •       • 

k«— ^o|  Jiioi  o».^  «—do  J  V  tfi  fi  i^oL  «aAjo  '.Iooi  1:^ 


^oofd  wdiJdLI  .iiiflAd  ^ob>b  ooo»  ^.fcr^Oii  oooi  ^«^»t 

^i*L|o  ^^.^>|t  Lâ^Xl^   |L|   ^OCl9J^i^O  ^OO0Û^O  ^OOmV»}^ 

10  9«.^L|o  -.IfU..^  .«K^lo  ••Huo  ^^|o  «IIiLmoo  Jldw  «»|o 

"^^^  0.^019  :)f|L  iJUtte  ^M.o  *; 
^ooi  S>  ^nbXjftfo  ^>i'>|v>o  :JLoQibb  ^\lfcoo  *• 


Ici  %B;  ">  ^oo»  jg^  ooi  «a|  ^t  1^^  llU*fcte  .JlviiNi 

20  PO0»  ^-«^1?  :  ILa^oi  «A^f^  Udei  -^^^  I^cmL  IL^-â^f  ""^S^ 
lioiio— a-â  yooi^'v  ^^^.A-Jo  .■■^.^ot  11^1  oooi  ■  i.V'iin  Jlo 

Uci    I    >>  >o«^-Ao  U^QpAO  )a.^.J»|  ^oo^uo  olbteLlo  :lj»;.d| 


♦  I    11    -  ^oo»2^  foei  ^^do-^o  l^iN  opi  U^l  «A  y«ido  JL>jt 
0o  l   VKi   ^  oC^  '«ULboo  JL^^  JLÎuo  1$^:^^  |J&^iîâ  ^^r^  '^ 

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>o;...^|iio  ••JLajL»  f»y^  ^*h^hê  Ht  |A.;^|o  :^oiLa«u^ 
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^ooM^a«i^  ho^  A|a  .ïj^^io  o|  U^  Ut  i^»JL:^vw 
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|}w»  ^^-O  ^^AJLZkdo  ^o»Vai"v  0001  ^t-^i^  U^^^  "^1^  9^ 

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«It  ^ô^  ,*)lv.n  9»  ^A>.^^  I9LI  ^  oM^  "^ik^  «^oioâ^tt 

^    W*^   ^^oi^ifO   JL*9aA  0001   ^nJUÛ  «AJ    «^    •J^&QA.O 


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10  I  y .iX  ^  looi  ^■i^^X»  «»|o  *..*oi  k^il^  ioei  A.I  id9  i^i^Lo 

^o  «— d|o  fi  Xi  I  »>l)o  IJLI^  ^oo^uoo  :JLà£ad  ^^o> 


«É^JS^t  :«^Jiio  Usu  t«9|  JLo^tJb'^^JLj  ^d  "^fei* 

La^t  ôia^L  "^fei.  ^1^  m^|9|  |I^  J&L  .|«oU  Ijo^^û^ 

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«jlqAj  A^i^  ^?  ^o  :  A^w^d  ^^Aj  «I^Aj  [)0^a^  ^?  ^ 


*.U-^^^>  Il  |K^»^^>^  Ifoi  iLo-A-J-j^t  JUuxcoâo  jLàj|  oJU  «Jdo 
^eii^t  JLà^i  00»  Ud|o  •»^N— y  |l  |o»^  ^ûo  Loo  II  ^oohA|o 

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IJL^^Q^  Iw^U  -.^  ooM  y^....L?  ^^  «^  :|â^)ai<uD| 

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^ooiN^V  ^oof  >N>i  QAioo  :|^o^  iriaoN  l^lt  «4^1 

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«»|o  :.«^^LoL  ^t  JL;jo£te  UiLJf  b^t  |j^.**d^  Ik^^jA^o 

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Jllwi^  o|  Jl^JI  J  *.jAA£Of  f^yio  J^•|  ^d^  ^Njiav>o  •lik.f  o| 
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JLaioio  t/Of-âo  P  ^1  ooo»  ^  >  I  ig>  JJo  mijÊùai  «Idjf  %^|  opo» 

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I  «î  mo  ^t  ^^gto  .JL^ld  y^lhé  IjQi^i^  Q^  ^  «Attuf  ^o 
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^ooi^  J^Afto»  JIq  •Jbk.tl  ««ft|  ^  ^1  t^>o|o  «AV^O  **^uÂt 

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|Ai^^i*fo)  yUX^fliLÂo  jLw^  mVo  I  ^i;^  ««oo  :ooei  ^^i^lf 

^  *UâLAftte  laiiii^gv  ooo»3^AiaL  :|;;i*uo  It^^o  |Lo^M:ado 

«•dO-i-d^fQ  |;.^K^  ^oi»  'i^  ^lo  ^1  ^  «^l^jld 
^oof^Jt^  ol^te  ixJDmo  .«âjoaui  ^ooo^f  oôi  |i^  ^  ^oi  20 

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JY^^n^i   ^SfiV  l&uDoL  «^o^^  l«;^oo  :^^lk  ^  ^^If 

^   %**OlQ-to«i.id  ^  UDI^^O  «Aflûd^  OOOI  yt^uM'Mk^  Jlf  U^*l 

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«^Itte  Jbo?t  ^  Jb^yb^^  |9a«»Jldt  oci  1^1?  i^t^oo  lokik^ 
y)t  :;^)  Dl  ••JL.âkj  ^JUo  ôf^i^md  D  «d|  «d  ♦«JS.id^  |i|o 

20  ^  1^    •    91    f  ^■•V  ■"»?  ^^i^lf  1^1»  y^i&A.|o  .«^A»!  ^L  ^ 
i|  ^^  ILdf  MN»)o  '.JLj»oA.t  [u»  MN»|  •*eio*A.o«iJo  :ooLo 

id|o  -.^^iiLO  *.);.d&i  JL9I  1^1  ^OKi  jiloi  «fik^  «iO  ^Sï^  U| 


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I  r»u  -f  ^^^  .^o^fL  y  *.^a^lL  Jbjbo  ^Aj|o  Hàof  ooLo 
^oïl^  ^^ft^  Uv  i  '-Ho^  i^l  loM  «^OM  .oi;.*t  ^^  ^oOJ 

o|  Jboj^  «-^  looi  Vf  "^^  :)toi  |J(UA9 

.•^001.^2^  a.^j>L  Jbij::^Q)  fWaii.  1,.^  ^o^i^  |l|  :jL.a» 

I   >   r   ^*i^  '«^oo^  o^omU  Ht  ^ôi^  JLuB»9ad  ad;i^L|o 


id)o  ^V    if  \JLift  vî  Vf  yoo»  I  •  »9  "^Aj  Jbimd  fida^9t 


id|  •*i^i.A.|  : UDo-û-a.^  id|  uo|  ^Iwo^l  ^  lu^  yi^  fe&^^m 


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«A&ll  jb^|«*iL  ^ool^  JLfi*.o  JL&fiA^  Jbk.9|  «Aoif  JLtl^ 

«^oou^  JLuuAd  ^^^ajBOf  JiT^ol  ^^o  ^^a^^t  0£a(^^^o 
Itoi  ^f^i-e?  tA^  i  a,  &te  «^t  ^foo^ll  ^^Ik  ^t  JUo  <^| 

^iliMJO  %%^a^to  Uul^  ILo?L|  ^oot^  ^i.«*A.  :llloi^t  ci^f 
IJ&OL^  «gÇv-t  ooi   :|Lo-*fL  i^^ii.'^av»  JLso^  ho^io  IIJ^Am 


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<*^  m  i  Jliei  Jii«.^a^  #d  ^?  ooi  «ô^o  ôoâ»  cîate^  IJ^l^ir» 
i-Ao  <^|o  .lu^Q^  JL»f|  t**«|  ^M»^  •*|^-di  |^^olL^  lÉ^diQ 
IZ^.^:^  '^  -.%^U  li.:^^  '^Alf  .fttel  lâ^^:^  ILo^f 
20  li^i  ji   *   "fc  ^^ftb.  «A-ttol  Jlioi  «d|o  jbuoo»  :jl9imov»  |JMft»«^ 


♦  Ijfeted  o^a:»«o  jLâi^to  t^  •*|]L^  Jiibji»»  |A.i«M^i» 

:«.-je|  Li^H  «dit  JbLâ^l  %|^|  o»^  ^.A^l  |oâ^  oci  a|o 

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\|£a^f  l^fAdo  l^a^tt»  ibbif  <àtt  l^il  M^U  :|oc*  K^  10 
^  Ifei  iJboAd  ô^  «AoL  K«*Jf  )9«^  ^^i^ 


Il  Ht  k^l  :)foi  IJK  ■  ■■-»  ôi^  |9H>  ^)  ^oL  JU^ 

Il  lt^kfto«At  |^S  ^ooi^do  •h-it  id|  wo^e  :Uo;pdo 


^  ^^  >  i  v»fefto  Ut  ^.^J^oi  .'Ift-^  JLaiIid  Q^^imf  |J(o?09 


U   ^    .lï  ôi:^  jL^fl  «dio  .JLd;^  l?ei  Jkfl  "^ 

•*oioK.-«»|q  ;)fo  %\  ci^  QXdf  ci^  i^Iq  .oiodw^lo 

15  ^«-10  y»  |ooi  J^J&^t  ««'oi  wo   :^aAjf  ^fifto  |ooi  «AiâL^o  V 
^  >i    >oio  :a.,^^t  jii  *i  i>  ^^^  ""^feAi^t  ^t^  <-2^?  U^JJ^ 


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15  &LA^t  I^^aZ^Q  iJ^ftÂBoL  1& 

l>  <i  I  nf    |J^i^^■iÉf  JIi^qIo  '.JL^ff  |lot>mM  ^^o  %|jujbk. 

JileifOâ  ^^Q  *.JbAd  ^^  %ci^    lAdbUDf  Uaoa»  ^^o  '«Ufo)} 


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«•Ôl  ;       >      '>    jLi^.07     gl  "S*    ^^1  ^fOJ  4»oLt  '«ll»^   1^    V 

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*J^2kA.  9m^  Itfad  MN»|o  «JiujBate  ILiLil  ^ooMf*Ji»  ^^lACMi^ 

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%^  >  ici  ^  JL»o9.^  ••^ooMi:>foi}  Uo«^  Itoo^f  iâ&tof 
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i]  "^fti.  ILdi  <^|  m  t  ^i  ^  .Aftj  Uo  ^QAXd&f  )lo  .^ob^  20 

"^i^  ^  ^^  ooi  y%  >  •»  id|o  :.*cNoi  ^idt»  ^^oi 
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I     a     V>»  ^IfO    :^|   U3&f   JL9I   JllO&i^   .JLftL*  UQjBfiidO 

20 


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^  fj^lf  ^«^oo  .|«dL  Vo  ^9tLo  «v^o^  looiL  iLvai^o    5 

"^fe^t  ^.«^o»  ^UL?  Jooo  :^aA.9  ^^^  ^T  <^l  *.JLi^ad)o 

^o^o»  'ddtlt  .^oî-ido  :^^o»  ^  ^^â^t  ^^o»  l^L«^o  :^ooa^ 

^^fta.^»o  oJLdf  ^f-^  li^fo  *«^od^t  llo  •oy>\  \toU>o  llodl 
^«...jdt  ^.A^d  ^  ^ioffo  ^.A^d  ^ho  ^^d  ♦^ooi^  oiA 

j(w|u-^^  •It^.JLd  JLiiLjI  Jjj>  Q^SâSbaj^o  o«.â^  :)LIskj  oii^l  15 

••  •   • 

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|^>  fl  >  Oàjll  |od  Jk^\  l^  ylo  lUQ^  y|o  .^0»2^  U*9aO 
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)-D  -.U^o^  Lo::^  o»::^.  ^^>-»t  nwi  %o^  ood  ^iJii^  ll| 
JUo9  o^:^  foja^  m  *J^  >  o  ifc  lib^  ^iiiVo9»  oi^t  :^^) 


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♦  JJSinVi^  ^  ny *>^iO  sJLabd  ff^]  ^pofikjo  zJLàftoid  ^oAAoMf 

•  Jiuf  t^l  ILcL^â^  ojd^o  .l^ofod  ^  w^  tlJ^ii^S^  oûû^f 

;A  ■%  m  h  ^  '^  «^i  ^oo^aDOA  ^ob^  |oçi  «m*J^Ao  «JLu^aoo 
Fol.  ifis  ^.  •M2^J^uB»|  u  *^  ft  m  n  I  •Po^JD  IatOIO  *«)LaA*}fo  Jbuf  Lom 

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b^  oooi  ^«ftiiM  V  ^jbbSq^  ^  4.M3  ^a>w  .^ 

^l^.^mhê}  I  •   I   r  I  "»  OOOI  ^^}  |}OI  )1^  ^OO  .ilMi^  ^^Ol 

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Ua^l  .li.!^)  «^  «^  Hil  "^50^  o|  %^iAf  «2k  ooi  o|}  *.b^ 

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«1^  «^1  :v»oÀ|  "^ii.  l^iSyiV  looi  «m^^  001  M^|  JLa^^ 

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La2K  ^al||bo  ^ooMf^l  *h^V  ^«^  ^mo^fi  ^an^  %< 


j  \»r>  |jL^9f  U*N>QV»  ^^01  Ici  .««oiot^  uing»  ^«-^  **ot^ 
o^-^oi  liii  ^  jIU  I^ooiJbbte^  ^oâojaj  11}  '.IbolL:^  U^ 
yo^^o^  oC^  ^ox^ftj  «d|o  '«^ob^  «mOM  ^Éâ9j^i^o  :  UaI o^ 

I    VI  V    •  ^i»  iOi  .ooei  ^L)  )o^\}  «*cit  ciL;^  |^3J^te  y^A 

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15  ^  ■  S>oi}  ^^La2^}  «^WA  Po  ^lAj^feteo  iA:^«»fete  «d|o  .J^ 

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<A^  *>^^»Vfc  cite  «àittA.o  «djSd  ^}  «iOo  .0^   rpki^ml 

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JLi>#f a  n  V  o»^  Ipoi  ^b^tlf  |poi^  ^|o  .IL^tl^p  UoJ^o 
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Jl|   -.looi  IjuL  11  Jl  •  I  Ti  ->t  iAMei  Al  ^  :|ooi  |)l1  Uai^} 

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looi  J&»1  Jba^t  )l»|o  .Ifoj  <^|  m  %oo0i  ^f^^AAM  ittuA  Vf  15 

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ILo-iJLâ}  JL90J  ^  ^oMi  «Afiu}  ^ôo  %IL«*9L  ^vtojlf 


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^1  i^o  ]if0i  Jlai^  .^o^  w>aM  U  :|i.^  )a^  li^  L< 

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«Mijlas  ^oo^o  *.o»»f  ^V^â^  «AttLfo  :Jbo»  |i.ido^  oi^ 
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|?a.^^^t  "^fi^M  «l^^^ol  ^ftAmfto  ^fNaioo  ^^J»o  ^oool 
Al  QJ^.^  .^Vi...»  (looi)  Lai^  iajI  )I  :oooi  ^ytt^  |w«^ 
^^fci.  i— «»$o|  ^  ^  fi  w>  ^atew  JLâ^to}  oi^t  «*oiâ^[k,(  JUo«ai^ 

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^1  9fAi(  |ô»^  J^{  Imj)  ^  oâ^ll  *• 


8 

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^b^  «^aL^  ^)D 


""^J^.^  lod  jUf9  «d  .Jl^i)  ^U  ôiibwjOj  Uâ4âo^  JLjUJbte  ^^ 

1^    Ô»-^^|    I^OI   ^^1  ÔlLo.»?    «Lf^lo   t^dll   Ô»dO    %iâAAdf 

L<oo)o  sbe^fts.  o^k'jUD  hoi  A|  JUdei  :oS^ 


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^o-^ei  «d)o  «ooo»  ^^L|  ^>  i"v>  Jt^ao  U^jb£^  JUo«;^o  :JUoa«»L 

^  Jli«.^o|  h^V  ^fo^f  ^x^d^t^^i^  ••U.oi  ^^df  ^ei 

UbiL^  Jiif.Ao  UâLf  Jbi&^o  iJbLf  isi^  o^  )ooi  Â^U  l«-^»^? 
^l|o  '«l^  JLât^^i^  |ooi  «Adfo /«iLofJolo  \f^o  iJ^ijfcDto 

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•  •  ^  •  •  • 

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A.|  JLwyff  JGS^&o  ^oc!S^  ^  ^o  •  ofoi}o  uxd}  j'i^&n"» 

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lillo^ttudo  I  "»i  »  ^  «0)0  |g<V  Mav>  lioifoâLd  JLdi^  ««^o^    5 

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|Jk-.fo|  [(Si^)]  3)  ^v-o^  Il  •£>  Ui^l^t  l>-^  -.^W^ 
U*iO  3|o  «ILoIm  ^  ooei  ^^tteo  ^«A.}  Uo^  «A|  U009  «d| 

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U    *^    ■)  «^oo»^  ^r4t»^  ^ooM^  C'^^  ^^oi^  oooi  ^«â^ 

l^t  ^^S^  ^  t^^  J^^  ?^  ^?  *^l  1^^  t^^l  ^^  :oda(^o 
-to  fpoi  l^iJDfeteo  %>>^«ww  "^t  |oei  êJ^»|  l*\*'i- 
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«d|o  %|K  >Éfi  a  %>  ^  uai^t  ^o»Loax^o  ^ooiLa^k«*.f  ^^^! 
15  ;|  vn  ^   af  Hifllo  UoM»t  Uiâk  ^x^  Af'^k-i  Ut  ^'^^ 

^  ^o^l  «j&^lo  ^)  '^ll  |o&^  ooi  lil  i^^f  <^|  Vf  ♦  ^) 
^ôi  |l«.-^o  I^ffi     -i    V    foi^U  «tf^^t  "^^  t^o^fl 

20  Id^^V  [<aj^r^  h  >ftV«o  .^L[^Ad  |j^.«dt  ) 

OOI9  :)ppi  i«oioJ6^)  oiJMuiL  Iêùclêl  f^t^}  ^^oo^  a)o  :JbûaHB^ 
)v    >rn    I  ^-^TL  ^ooo»«it  ooL  Ui^l  *d|o  «.lioiQbf  looM}  UlB 

U  ^O  aV    HlW^fo  lâttQ^lf    il^OrfV     «^    .«JtkAlAfjld    jldf09 


Ol^id    «iJa«    «d    JilO»    d|    k3loJ^JL|f  OOm)o  *.JL2d   iAj|   OOM 

id9  jv  ffi  •  fopi  \i}]  ^i^l^  %«^1|o  ^ovnjio  isi^  h^LÊL    5 
,yTfn  ■  w>  ^^i^  ^^\J^}  ^lL»No  jiftol^o  IfOOWD  ^  %JLiâ*t 


'•UoâQâo  ^  o«a-l)  ^i}  UcH  ILoff  1^^^^  Jl^^o 

llo    -^     7     ■»   ^oo»2^  ^o^^l  *.iueLo  ^oVÎmiO  Jbi^  4ujk  1  Fol.  lAo  a. 
l^iJDttet  -.JLii^tet  b>M?  oôi  lU^^^ft^.  Ipoi  J^éJD^  Jliu»!  «doL  20 

Il  >  -  ^^f  ho%^  ^«Vi^l  ;-d  JLâl^tet  UL»  «flu9  J^«*»o  :^90M 


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6. 


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^^rf^-âot  fJft^^d  ^  ;]LDUi»v^9>  «A^9a*^  ya^  |La*t^iftO  U«j^  I  Foi.  139  k 

fpôi  Ut  "^^  m   ;|lfi    I    ^    ,oi  "^^  loo»  Il  ^^t  )ùUA 
oooif  )Jt^   m   oo^  IL^Ip  %oooi  lofti^t  I  loo^  1"^  o|  im'^^*> 

JLaJîlf  ""^1^  ;|ln9in  m»9>|t  1^9^  ^oi  ooo»  ^oa.  *.;^|  15 

k^]  ^^V»ot  .«flod^oA  l>iNjk  ^  wD«â  ^*i»  ^i^oi  ^^^ 
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I  yom    .T    v»fi    vo  i  *  ^?  \v>o  L.*^*^^-^^  Uwl^  «AfOMoa»  SO 

i  ^^  .      ^ 


— «K  JIa  >«- 


.O  iJ^iiL  w^o  fl^Lo  ^ïLp  «^  y^jooL  a^3 
Ifoi  f»^}  ILwl  fJ^iA.  ^?  Ifca^  î-y  a|^f 

^Lt  :o»2^  >  n  y  .JL^^w  lUbe^  «^^^^  i^^u»  m  hJ^ 

5  <^  .«ot  :eôi  |;.a^oi^  ;.^|  ^J^•  «âp  «Jiioi  l<-a^  r^j  idfoi 

U^oi  M^t  :;^|  oô»o  .luo^^^t  :^l  ^t  ooi  •«aa.^^Um 


^wi   ^  wn  ■  wiiT   .{foi  iLaâd  OMM9  |o»o  ..«eiouMdt  ^o»tJi^ 

^  m  .^il  Al  JL-^,^  llll  ^^-do  .liu-l  ItJL^  JLio,^ 

.JU*  .«^  o^^lip  wXûftûJi.  :  Jbfoi  ^  «l^^ttid^  A^l  i^ 

9«^o  M^-»ot  WD9JL»  fJA  ^J^•)UkJD  .«oi^^:^»  t^fl  "^ 

y|p  ^»  m  fli  y»  y|o  *.«^  ^wo  ^o  .j^fL 

1  %^  ifi  *%  '^V  it  ^i^  Jp  .««oiaâaAAoL  II   :|J&^Ao»a»o 

luâ^^  ♦«^.Oi.^  ^ij»;Xo  Z^onîV^fKtV    Uo}  oôi  ^ 

^o«9o  'V:ii»  :oi^  ;^h  i^J^I  **lLuaji.  Ifite^^^ 


15 


20  ^  fp-o  p|  :lJ^i 


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U-d4*«  «l^^l  ^'^Ad  %«*«Ae  ltt{  ^^J^iiD  ^VS.4»o  «^^  i^iU 
^  iS.  €>  U-dofO  *U  oV   «ftBf  M^l  oid  oooi  ^ifli>m  J^•|i2kJD 

15  JLaa»  o»»  ^::^au  JLaà.  Lo^^p  US^d?  iJLoâ^L  oo  ^.1? 

Fol.  i38  b.  ILlio  )Imo9p  Uq^  Udeio  I  .oïd  ^Oflajo  ^l^Lo  ^#«d^ 

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|«_^  Looi  KVft  Ife»^  1^  Uo  «^   :|ooi  «^i:^  ^ooM^fO^t 


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(L^ko  iJS^d?  Jsoi  yAJ^  «^^T  ^^ei  ^  i«-i»  looi  Ji^^A 


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iftA^k  b^  '^'^Vl^  ILil^l  %»^»  "^«Aa.  Udo»o  ««^^  o^ 

^  ^?  ooi  •oltJ^A  oS^t  ^  |«J&*ao  1ju|  i«ji^  .opo^    3 
îi>    i    *>  *^oKi  m  m  g»!  Ill  mVo  «^|ft«9im  KmJo  ««cio^^JLI 

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01;  «viNtlo  opi  K-^ift-JO  .^aâM-A.  liiniN  b^  «*oiaja^uut  10 

•  |00l  UML^t  iâu^l  ffO^  **^^^  *il^  «ft|o  :«*Ol9oII  ««OIOm»* 
LoJ^  9*^  A.|i  .y  OO  JJKw>9  ILo^i.»  b^AAO  dftfiU  Udoio 
i^na  OQI  «â  %J^>]l^o|j^  |Aj*«JOf  Ô^f  Ud?090  |L«^  «II» 
\0     n  N>t  OÔI  luâ-^t  1.^1   ç^  Zym  ^J    II   ;0«^  jOEL^OBVll 

yi^  ^oo»^  Udf09  «AfiU  AwVj^iJ»  JUdoio  .lU  )oi  ••AwfoJ^A.I  15 
•J^•i— d9o9  o»   ">  o«..i»o  «•o>oo)l  -o  ..oiLd^  rajrtVino  :|9o:^f 

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looio  %M^J(^.*.|  ««oiodlt  Ji^o^  ^oifLlo  ^f  :^«tej^  ^i^oi  «^ 
[looi]  It^.^^  OIWMX^  Clld'^   JLdf  JL^«^o  .fJ»^^  ,^1  20 


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Jbwi.^  L^  «•o»>>4iV^jo  »o»>frtg|^»i  J^•)^«^xt  1«xo4A| 


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JbLdeio  .«««lOb^f  ^^e£wf  Ifeta^  féj^  :ooei  ^nftoffeio 
Il  ^^t-M  ^hê\  ^  %|loftO flirt t  Wâb^  IbûAJO  ^1^^ 


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.^Q-^iL  II  f^f^i  Ibox  «âk«  :JlaAM*ft|  ^ojI^  ^o&hI 

15  ôiOtA.  «*0iâ^lbi.  %^ooiLd^  ^  "^ijlit  o^  ^Mi  ^»^  llf»  yOio» 
li-^  ^Jdo  «i^-A  "^^a^  Ito^  lUl  ^t  ooi  :hoi  \i^  «i^^ 

^1  i(^^^  ^  ^^'fl^t^  *.Voftto  II  ;otâot 

I  •  >»  A  Iv-MAJÉ»  %JLe^  |;»aji.  ^P^ai:^  A^yofo'^'UW 
Jiioi:^  >ti^jioA  >fl»a^flftj)  |w»ttef  •••ioli  IfLlldt  ^oiMft 

A|o    :o>^^f  dMLi^OA  ««OlâM^   ^^AD  A|   »d 


AwIwAbo  *.|ooi  J^d^  \t^ùsL  ^ob^aidt  •*«»  *^6^oo 


IbÎB^  ^^^'^^^  J^'^^  ^  ^>  "^fi^oo  «U»* 

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15 

jkdoio  «liSa^iM  Itoit  t||  «^^^  Ito^t  :vaô|t  "^glo  .«»o»to|t 

Li>k*  iLh»  i*ijofeiot  :|Ki*«^ot  cnmjm*!  ^  if^  Iwfd  oA» 


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fLo  ^im\>  :%J&w»  kûo^â^t  <f^)  •**M«9fp 


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15  ô>N&  JS  .mV^U  h^  |]^  ^oo  «yit^nifc  *ib^fo  t^  Jii^toftoo 


*)l>a>^-  JLwt  «^^1  ol9J^i^  looio  •••••oiiolt  tfiuoooual 
.Jlfo«i«A   A.i^i^  Looi  JLw»6tet  *«|9LJla  oo  *•)«>«*  )^VA:>  looi 


JLâ^f  o»^^9i-»  |U»ro  l^fo  l»^  Iki  looi  :Ua»  I!^L 

Jooit  IL^t  ooi  ^^^.â-^f  ILJL^^  IJt^of  ya^  !^|o  ^%.À^L|    5 

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)PL.^  OV..A.O  Jl  ■  y»»  .f»  |aj^  a^âi.|^  :^J^ariO  )ooit  ILofo:^ 

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luBfttet  oôi  U.âbftad  litmJt^  «^«^  '•|<A*'  ;o«^  .^JLâôuftd 


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5  ^t  i<i^'«^  ♦oiiAi»  «aAjo  ^pciSâÉ»  ^Omo  %Jbi&to  ^b^^  «^b# 

lli..^  :ltj:  ^  M '^  r^\  iU^  i^ofo  * 

>^  m  *>■  .1  ^  KtW^  JLàito  ioM  ^^Ik.  Jidi^  OMftD  ^t 

10  i>»  1»  %%>  Nk  w^  oiN,,  "fc^  waUI  iLwij»  r'Vftj  Jia^ 

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•  yi^lfeh.  Vd  OV»U|o  ♦  Jittfl  Oii^f  |m^L  /Mrfid  ««wj  -MiK^ 

•  •  • 

15  ji  V   •ÎQ  JLdi  ,^»f-^  JLauao^t  U^^l  •ik^i  f^y^  IlioftstL 

Fol.  i37  6.  IfolL^  liûShiii^l    ^"IV    '*[^]  ^'^^  ^^-A'O  Jbi^  KiiL  I 

♦  U*ltP  ^iÛUJt   U^t^f  ^1   ^>|aJ^^  IfJLft  ^0N>0  |J^l^■illM■É 

♦  JLil  ciS^ad  idf  JLil  Itoi  ItoAd  ôi»  ^^t  Im 


oi  .JLfiUiA^  j^.)wl&iO  %i^cuo  ^ul^  JLiLtte  Iftki. 

♦  ,.-)o|t  y^l  ««««itolt  «mlftâO^  -.^ii^oi  iLuI^  ^  ^ooo? 

j.Ofc  •  jAi^  « tiiKifi  iiCvi>t  ^»»o»  ♦  ^k««aaj^f  iii^i^iww^ 
tt»|  h^  :ciiLll  "^ijp  «a*.  tA£^  yAo  .0001  ^«:k*jLto  aJLd  10 

I  Ludo  I^V  no  iLoâfi^^iA.  ^^  i.ax  wao  JJ^^Ai^iu»; 

LâLm  ^  |L«â»  Jlioi  L^o^g^  ^^âb*L|  Uddo  .oo^  IIZ^P 
I  UiouBûL^  ^^l  JLljL»  ^f^l  li;:^  ^f^l  Jkoi  ^p 

%Urfvnv  p  UoAJ  JLa«#  ^^ot  â^teA.}  :JLk*d  JLuf  oôi  «*w)L> 


[ ligne  en  blane  dans  le  mi.] 

^ VI  >  an  n  ^OGÎ^  ^ii^iifN>  :JL^^^  yàh^mo  l/^^o  «d&o  wa 

:<^  JLwt  ^â^  .JMo  O.J  J^tf:^  m  :hoi  ^  M 

P  |a^  U:^  ILdlt  U^l  :^J(a«»  JL»^  JL^we  «..^^o 

:  ILoiift^lO  0»2U||   ll^bj   Jb&^tt  '«OpOOLD  OOI  "^^âOJt  «»Aa.| 

10  M  '^Ik.o  ]La^^  JLo^  oi^  â^^QA.  *.A|  ^.:â^  idfci  A|  JUdoi 
jLa^  JLu*?  •*id9ei  ;%»oifii*>*  ^coSm  Wk£»  ooo  ^OO  tfOÛli. 

wa  «JUoMult  iVxiBei  ILv-^QJO  oi^  |ooi  ^f  l^âaato  .^Li*a* 
^  <^|o  :b^  looi  ^Boitte  It^l^  U^t  |La*ima|f  U^^ 

Fol.  i37  a.  ^     0  V«  «>-^  fcdi»JD  |  %%*^a..ib^  Iloi^  oi^  |ooi  ^f^?  ^ 

20  Jl  >  m  >■  *>  o».^  OO0»  |^>m9lir>  Jl^  ^on  > ^qj!  %>2^to  ^| 

>t  ^*t  ^-^«  .^tiy  Q^OA^O   ••^ 


JLm»  Ibi^tt  If^  J^^SM^fo  [oj^l  J^•lu^  :a*iA.  ^ooM^^A^t 


|la^9  ^ooC^  o^  «  À»ltâkiD  ^1  Ji^^  oo^    5 
À»l  :«*^^|Lu*d  ^f«o*o  «iJCi^  l^a*  Udoio  .yo^  Jii«M»| 


•looi  J^  "»■  v>  foCS^  ^^^^!!  |;;.de«^do  .A>i9fc^  i 


iii^l^mopo  f  IfOâu^t  iA^iA  «If^*^?  Iio^ifl»  ♦  «^1}  %*»! 
>a^  «ijowdt  M^f  ^  ^^L?  «ttd^oA  :%Ma^  ^o  «  ^^A'? 


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miK.^  r^^^t  tf^l*  "^^î  ^^  !^  rluAA.  U.fa» 
JL^fJj»  «AttjLI  «*uo  jijàâj  oiîKd  ^?  fooi  ♦  ♦  iââM^  ko»;» 
:|J1^  Ifeteo»  oi^  V^  Vm  M  01  .jL^Oài^of  iaxuaual 

10  «lUAi^ 


Foi.  f36  6.  ^^^K-*^  OMOÔO  A^uolft 


15  %L^W>I    ^  ^    in  »Mi|t  OMOÔ»3  ILJC^  19^  ^rf^  ^}  WD 

)^-jt  IK  i.  i%  »l  Iftikl  ju^  roooi  JLmi^  Ul^AA't  luoi 

20  lU  JVf  |La.âk.f  ^oC^  ad«  %«AajLI  li«-f  oiLmo  4Ao  ^ 
^aoli^JA»  U^"^  UoW}  ^»fi>  :JLk*i  ^^b^  ^^MuMJf  lAi^UfA 


5. 


|0  ♦  ^mmYkék}  iglfimiSf»!  Jbu^^A^oo  ♦  «*«lî#Jf 
♦  ♦  lod  I    Ot    ■>    ^   »  «»|  |lu.«2^t  Ml  ♦  lin 
i^4.j»fete  «»!  :i^^a  niVlt  Ifo^  ILe^QAM  Iw?  ip  iloi    5 

«»!  ^^t  "ft^r^fete  «  «^^-^1  ••«^^  U*«o  citoo^  |l|o  • 

■^  •  •  •       • 

: |Lf-M  t  ni ^  Kft<i^  Jiio»  »rooffciVAf  Jlftftmt»! 

^  V    >t  fooi  1^  t..M  .fooi  Lft^kto  lliJ^  3|f  oei 

lu  m  'Hjfto  Jl  ^  ^a^fetef  l^f  ^«A»  Mi^  Jll  ..«KÉiqc».  20 
^p|  jMk^>^  loMui»^  ;ouo9  Aid  Mi^l  ^}  o 

oei  toi    wy  »>tt  ooif  "^^  «L^^  «^^.^  «J.aJji.9  J«i  Uftfo 


-*>< 


^}     OO»     *^.->»W>    «»».,^V    ^Mi*     0^.97     «AiV        .^ 

I  %V^  |jLi*  «Jd  ^}  ^oa  .fAot  iLaojL»  ^ofiLio  JLaju»Q 
10  ^  oJ^w-d&te.^  L*;-iao  t-a^t  JUoa«  o^ooif  :;jp|o 

^^  •  •  •       ^^   ^^ 

«lir^nV  o)L»o  :oAJkO  IIT^gw  of«o  •JLdtM^f  JlaooAd  ^oot^ 

Fol.  1 30  a.  ga^JO  :  ««onoLo^Lt  ItâkiD  JLaOi  ^^  JLl^jhM  I 

20  IJL-i^LI   ;U  »  ^V    to-aaujp  JLshAjo  loauf  JL>«t  ««ôi  >fliV  ■»(> 

♦  U^MS^  "^llo  «aLIo  ^JSji.Io 


•        ^<     • 
^o  .JLdUI.^  JLây^lf  .m^ionii 


5 


larmataiK  «iTtoiAir. 


11?  ^>v  J  )p^  |9aji.f  :  ^1  A^^^ttf  yLd^.A^ 


f  Jj^f)  ot^  J^yk^^A|  %«iûal^  ^J^JLo  ifii^  J^aA. 

«^O   •'d&7|T  y^l^t^tl  ^  JLiJfeOtl  «ftOlOiBw)   l«^^  lioi  *^<ioo  ^ 

;jiiTO>,^i»o  I  "^  ii*N.  «•oibi&»|  liiA^   ^^o  .JLftoQoi?  J^<^:SV 
^ochNiINi  oJL^o  1  "^ao  'i^o^i  1'^  ^^  ^^Ajo  :  \^i  JU^d 

;.^a^  :l?f.--^  lUv'^  ■>  [o^tlp  %ou&wt  JL>t  |K^La..do 

V  «-DO  :  11(1  m  ^.^^  Pl^]  ILâJ:^^  i.«^  Joi  JL^wo  ,^>^ 


•    • 


V 


JLa&te  l^iAM^  jci^  *«lr^  ^Ka.p  isi^  J^aA. 

J  ai   g»|o  \U  »  ^^v  oifio  ôi^do^o  :)J[ii^  )1<nT«,> 
•iLulL^  ^ooî^  iAAjo  -.ôo^  ^I  «a;^o  «nd)  Ul  :^od^Y 

^o^fjl  «Sl^lj^o  eS^iAiM  ^^iAa.o  lOM^d  t^olo  ôiioA,  ;d0^o 

|J^aI«^f  |?aA.  ^pot^:^  ^|  wb^p  JLa2^te  *âA  «ô>d  «Ateo 
Fol.  i35  6.  ^t    n  %o  zll*^^  U-mIo  )h^  o  ^t  y^MjÂo  I  «U^fcuB»} 

15  1^7*^     >>o  JbuoL  JLa2^  t-?^t  ^t^^  «^ooftdt  llf$.âi^ 
^«•Loj;;.^  ^ei  iJl'^^Nv»?  1^^-^  "^S^  II^n^  IJ^^ikid 

♦  o^  I»  M  o|  ô»^7aA,p  •oS^.M*  ILdJld  oLo|o  ôi&»a^  ^  ««t^l 
wA^Llt  ^^j  1^  "^  loo*  V  )Lp  %Utoi|  JL:^  Jlici  ILIi 
«d|p  «JL^vâteto  ILw^JL^f  IKi^fM  ^c&d"^  m  :ÔM9aji. 


«d|o  :oiid9o|o  lloi  M  *%  riN'^no  %^l-«^  ««OIO*-»! 

oC^  ^  l;;.oooi  "^uojLo  k^j^iV  ^K  «a  r^*'^  v^  ^J^ 

•«#o*o«*ftoo»  d^  ^^A^t  JL^^^  oM^  «û«»|  «d)o  «WNi'Vfc    L^^ 

^^OfJLM  iJi^sl^o  IftSiilav»  JLdJb  ^po»d  "^^^    f^^ig 
>j  «.^  »U^i^  Ifeteo^  Ibftd  OMOiL  Udoio  .{««ml  J^yk^ 

lo  «h  ■»  fl>)  J^yk^  ^  o»aA)o  oitJ^to  JVoMf  ^^  *.lfiad^ 


>(  JLfl»  )•«- 


JLjWf  JL«d   il  91  O  ^ay  o  :  ooei  ^W^J^^kOà^  f9^^  ^^  ^^^ 


II 


Fol.  135  n.   )fO    fï    *>  JLdioi       )o»  «Ji^iM  ivK>^^  JLd^  <doL  W90  • 


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10 


15  : 


20 


'«JliLaJoo  Uiftao  JLajlo  JLdW*  ^oei9J^«o  9*Ar|o  .^1 

11}  UoA.  l^^on^J»  AmOoo  %JllL 
JLl^  .^1  (^Bi^  U*9amd  ^oo»d  A\  l^utkfo  bu»QA.p 

^    o^Mft3  iioi  JiiLoftoo  Jlioiiad 


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-^h-9^    «XD    )•*♦— 


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^    ■  V.OI  Jiw  ^lâu^Jbte  :l?|«^  JLa^woo  Hju^qa.}  ILo^^^ 


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Kswi^  Uo^o  ^hlit^  is^V^  yJKsJljo  :l^o|  ^ 


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20- 


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"^ik.    UJllt  ^tl   W^  OOIt  '•Uaoil    JLaj  ^   [o|iiaM   Oi^  Jld90| 

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3. 


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U^l  Ite  M  ^  ««AA^I  ot^  Kilo  :Jtwj  Uo  m:^L|  fom 

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Fol.  199  a.  J     I      >  ^pdO      -I   lUt^»  ^V    J0(k^  I  JLI|  yi^d^dlo 

M  :M  ei^  ftâcÊM.  U  U)  .|M  JUu  citJ^o  ^jL  <^|o 

10  l^^l  ILo^W^  "^fi^o^  :i^^l  «i^^  )^^^  ^^  IKlA»  ô^do 

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15  ♦ol^^ot 


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iiir»iHr.»ic   aATiOBAti. 


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l^uDt  "^t  l^i   IWà«^  IJOCb^U  -.^ffo  ^J!a^.>o  Jb^  KlA. 

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Iw^Jfttet  U^l  ^t  lioM  •••Mol  a|  j^i^^Ka.1  JbLdf  ^t  i^oo 
JLd9  Jttt^^  oïd  lod  :«*oi9o|  l^a^^âOd  ôo  ;.a!^t  oei  '«u^t 


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«Ai^if  ^ooio^o  lU^?  J  Ufo  .«i^tft^  J^*d|  ^^oi  ^oo^  oooi 

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IfiteLod  Udl  o  :|«k£Of  It^t  Ifeteo^  0001  ^oo»«^|  Ifetecu 
&^f  ^t  \J^j  )J^•^A  ^001  i^Q*»  JLàOAd  jooi  ^1  lu^t  )«.«» 
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A}o  «oiiKd  UM^  ^bteMo  ««ILl^t  JLû!^te  ^N< 


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10  :|l^  ^ooi^  oo^^  ^U  oiâajLf  o^t  ULi*  tiuf  «d|o  *.|jU^ 

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Ub*^  od  ^««fete  ♦jld^dt  )linii9i%n  ««oiiolf 

:JLMooi?t  JLa&to  Jbioi^mo.  JKsi*»  %|«ab^i1>oLo  iJbi^  JKoa. 
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•JLJL^t  I  '^\v>  «likjL  J(^«M  *.^ULo  ^iÉiA^U  iJbfl^L  JtuA. 

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I  '^\v>  .m  I  II  ^  I  j^  ma  A  «d|  J^«m  *«)J^aj^  o^  «^  ôido 

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ud  lioJU»  .«ajto  W«^  JKsi*M  ^'è&9|o  ^âi.A.lo  |Jbflûi.ji.L  JKua. 
M  lm»tJ>  |«NM  *«^ftJLlo  ^MiA.ifc lo  lJbflûbiji.1  JfioAdo 

U-dfo  f>i  VI  a  >  iAb£^  o^dA^o  *•  1*010^1  J^iiAiZ^o  oi^utvo 


JL^f  %AaA  looio  .JL^tJLd  IJK^Jild  y^S2p  .JLl^! 

•JLûl^te    oiJbkrfido  «.««aax  o^ojl?  Jliw«*)  ULi*  «lu^  &te:SA,o 
,^J^  i  >  ^  )eei^  JL^t  ^•AoA.o  jld«id  o^wi.  ^r^oi  ^  )o*o 

J^irfid   Ubfi    i^^A   fod  %iuDLo  ^J^^O    iJbflÛbiA.L    JtOA. 

15  ^oioAdtoy  ^  •tti^h^'^.xLI  '.âS^Lo  ^^A^jio  iJbttiiiAL  J^ia. 

««Aàaâ^oe^  J^Adf  JLA.o^k.o  Jli J^A  ^»e^  ;i^t  ^^  «^^^^ 

\iof\i  «*;^.to  j  •  il  ^  J(i«oo  %JKJLo  ^i&JkA.o  |Jba:kA.L  J^JA. 

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♦  JLfloiad  )linii9i%n  JLaoîoB  ^9ci|  ^«i^^fete  [x^f  )to»d 
»i  #  r^t  JLa&to  JLoâto  Jt^id^  «.lueLo  ^ijiôLo  iJbttMkL  JKoa. 

♦  o^^Ao  l^L  JiliA.  «^JL  «#oi(i9iS.  »m  Imio 


•  iL^f  lâ^&o  ;.toQE^  ^^A^  '.itsJLo  ^>iinn<iO  liâ^j^L  J^OAdo 

^^aa^o  ^Ifl  JLÏa.  <*b&o|o  :^Lqe^  *É>c»ritfS.  ■>  ^t  )?o» 

y^  o^d  ^cnfcgKinV»  JLQ!âe  ^^ft^.  *.^i(sJLo  iJbûLiLl   J^oa^o 

^^  I   ■>fl   ■    ««U^    I  ^iiiP       J^Mklo  %|f.«*0  ^i^JLo  iJbtt^A,!   J^ilA.  Fol.   laâ  a 

ffo  JLL^t  JldiJd  )oo*  %oS^Lo  ^'^Ap  |Jbfl£^.jtL  JK^aa. 

15 

iA>oooft9f  lâ^ào  ILoio»  ^^A^  *.iAâalo  ^J^jLO  )1mva.L  JK^Aa. 
Hj  ■■■  ^  a  ^  n>fi  n  >^o»o9fS.-  focio  .|«^i*o  ^1^1  JLjla.  <^b&o|t 

> U  >  ^  1  ^  rofi  n  oo*  Aa^ki^  *»JSÂp  ^i^JLo  UbioxAL  J(^jAdp 
i     '^  Nvi  ^Lp—:^  ]^0  \n  '.^sJLap  ^JK^p  |Jb»;ii.jLL  k^J^ 


JLflMQd    MoloiLlo  :|K#A^  IdWd  looio  .««oiioP 

)U  •%  ^^  Ll^  «.a;^  *.JbutoLo  ^i^oflo  iJbfi^L  J^f*. 

5  ♦«*oi90p  ^'^fti.o  liéJoooS     ;ofoiL|o 

odwolo  Hf  "^i^  lél^  «AAJ  %^L9U  ,^>aîtt  ■»o  |Jbûftui.L  Jt^x». 

^oo  Ici^Q^I^o  ll^to  ^ob^  OO»*  iLlJ^O  •lél^  ^  J&»)w&» 


lU.^  oi  lU  .aûal«  ,>a^»o  |l:fi^^L  JtoA. 


15  t^  m  iQ  ".opoi^t  Jl^^a*»  ^oci^^  «aaa,o  .^^o  ^ooia^^éP 


•  JLju^lf  Jbw;^  ^u»a«  JIjuh»  ^t^fete  U^f  ^f  JLjo»» 


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i     ft      ■tO-^D   %*<-M    Jtw^ib^  ^tk^tlp  ^fi^Lo   iJbMK^u^L    Jt^^A. 

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I  \n  nw   v>  Jt^^h.»»  *«UaoLo  ^l^Lo  iJbmShj^L  Jt^x». 
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JL^il  1^   1   lOf  fw^uo  Jii^ojo  :U^  Ifo»  I  U^lt  Jiitoia^  Fol.  i93  a. 

^^^JLd  oei  Iw^o^i^o  .««l^ît  )fi^  PO»  Jl^^âj^  JLfoLlf  :«jô| 

^oh  :JL;^t  )w^&^  )^e*o  Jl^^âj^  lioi  *.««oia««Ad) 
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^o-âM-jui  iaa\i  'U^  ^  Ip^M  -li^^^SK  Ifeteo*  IJUfeteo  10 
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^U^Jiio  m  •  '\nf^M>  «ftÉCiMjo  ^adjl  ^^^Arf  «idoLo  •  ^oaltsi^ 
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